1 il «js Bijvoegsel aan HET WEEKBLAD van 17 Juni 1905. Ecclesia abhorret a sanguine. L'Eglise abhorre au sang versé. Lorsque les nécessités de l'hygiène publique, contrai- gnent 1 honrtête homme a triturer les gadoues eucha- ristiques, a nettoyer les sentines de la chose catholique, il doit s attendre constamment aux plus délétères éma- nations. Cest ainsi que, sur le propos d'une citation faite dans un mien pamphlet, trés oublié déja, un sacristain-jour- naleux, s'est permis de me lancer aux talons (tel un vidangeur de Ploudanieldes ordures d'une platitude nonpareille. Pour avoir nommé estimable collègue le Marquis Malato de Corne, on me dit presque l'intime ami de ce talentueux écrivain; encore que nul ne sache a quel titre nous sommes collègues. Et puis, que signifie le vocable collègue En eet endroit, le glossaire d'Emile Littré atténuerait p.eut-être l'ignorance patente de l'individu que j'appellerais, par manière d^ politesse, honorable collègue s'il vachespagnolisait moins en usitant la langue francaise avec la faconde d'un te- nancier de maison louche. Au surplus, il semble que mon anonymat déplait aux bedauds du Journal Fort bien. Le jour oü signera l'auteur de Ce n'était que pour rire je publierai mon carnet d'identité. Entendu 1 Et maintenant que sont, élucidées les questions acces soires, abordons celle du régicide. Le Journal me demande ce que j'en pense EjsLêAeteoaeiat Ie contraire de ce qu'en pensait Ie Père Mariana qui n!e publia rien moins qu'un volume in-8° (De rege et regis institutione-Tolède, 1598) pour faire l'apologie la plus scandaleuse du régicide. Non, Messire Cafard, je ne suis pas de ceux qui ap- prouvent les Pazzi, assassinant les Médicis, pour com- plaire au pape Sixte IV, les Cola. ue Montani égorgeant Galeas Sforza, les Lorenzaccio, dont le glaive rougeoie par delah-Passé. IIfaut s'appelerEscobar pour écrireiPratique scion notre société; tr 6; Ex 4 n° 26). On peut tuer en trahiscn celui qui ne s'en défle en aucune manière ou être le P. Sanchez pour direon peut tuer par der rière, ou dans une embüche, un calomniateur qui nous poursuit en justice II faut ia mentalité sadique de l'auteur de ia Théologie MORALE pour recommander le meurtre d'un proscrit (Escobar tome IV p. 278.) Non, Messire Cafard, je ne fus des vötres, en aucun temps et e'est pourquoi je ne saurais ciamer assez haut tout le dégout, tout le mépris que les enseignements catholiques susciterit en moi. Ceux qui ne furent pas éduqués par les faussaires de l'histoire, savent que les doctrines des Jésuites ne se perdirent point en vaines paroles, dans les noirceurs de l'Oubli. lis n'ignorent pas combien est longue la liste des victimes qui tombèrent sous les coups de ces immondes chourineurs. lis se rappelent qu'en 1584 Guiiiaume de Nassau périt du poiguard de Balthazar Gérard qu'en 1589, Henri III, roi de France, fut assassiné par le moine Jacques Clément; qu'en 1593, Henri IV échappa au glaive de Barrière, pénitent du P. Varade; que ce même Henri IV, en 1594 fut blessé par Jean Chatel, défenseur des Jésuites. On leur a parlé de Maurice d'Orange, de la fameuse Conspiration des poudres ourdie par les Jé suites: Garnet, Oldecorn, Grunwell, Catesby et Tesmond qui projetèrent de faire sauter le Parlement de Londres, en 1605, avec la Reine et ses ministres. On leur a dit que ces doux pères furent pendus, ad majorem dei gloriam lis n'ignorent pas que Henri IV, malgré son goujatisme et ses bassesses, fut poignardé en 1610 par Ravaillac, exécuteur des hautes oeuvres jésuitiquesqu'en 1757, le putrilagineux Louis XV fut saigné par les soins du P Damiens; qu'en 1758, Joseph Ier, roi de Portugal, s'en fut, grace au couteau du P. Malagrida; qu'en 1773, le pape Clément XIV mourut empoisonné pour avoir sup- primé l'ordre des Jésuites... Je ne parlerai pas des autres crimes de la Sainte-Eglise, car un volume entier serait insufflsant pour faire résurgir les silhouettes sanglantes des victimes innombrables, de la S' Barthélemy, de l'ln- quisition.... pour signaler les massacres des Vaudois, des Albigeois, des Hussites... le massacre de tous ceux qui luttèrent pour la plus précieuse des libertés humaines: la liberté de penser. Et que Ton ne vienne pas me dire que les doctrines du Parti Noir ont change depuis ces temps lointains; quatre siècles de progrès, de lumière émancipatrice, n'ont point suffi pour attónuer leur sauvage violence. Lorsqu'en 1896, l'Eglise, sous le couvert du nationa lisme, de l'antisémitisme et d'autres éiiquettes non moins équivoques, trama son vaste complot coutre la Républi- que francaise, el le jota dans la mêlée toute la canaille de ses frocards en leur dormant pour mission de susciter la guerre civile. L'un d'eux, Jit Anatole France, le P. Didon, de l'ordre de Saint-Dominique, supérieur de l'école Albert- le-Grand, prononqa lors de la distribution des prix, que présidait le généralissime Jamont, un discours violent et scolastique dans lequel, avec 1'ardeur d'un saint Pierre martyr et la philosophic d'un saint Thomas d'Aquin, il invoquait la force contre des hommes coupables unique- ment d'avoir pensé d'une certaine manière, d'avoir eu une opinion, ce qui, selon la doctrine catholique, est a la vérité condamnable en matière de foi... II proclamait la subordination du pouvoir civil a l'autorité militaire, met- tant ainsi le bras séculier sous l'obéissance directe de la puissance spirituelle. Faut-il, disait ce moine éloquent, faut-il laisser aux mauvais libre-carrière Non certes Lorsque la persuasion a échoué, lorsque Tam our a été impuissant, il faut s'armer de la force coercitive, brandir le glaive, terroriser, sévir, frapper. L'emploi de la force en cette conjuncture n'est pas seulement licite et légitime, il est obligatoire. Alors régnèrent dans les villes les matraques et les bayados, une canne aristocratique déionca ie chapeau du président Loubet et le caporal üéroulédindon saisit par la bride le cheval du général Roget-la-Honte, lui criant: A TElysée, mon général, a l'Elysée! Pour cette esquisse, combien atténuée, du ta bleau des crimes innombrables de l'Eglise militante je crois devoir des excuses au lecteur: Si je me suis astreint a cette besogne rebutante e'est que je sais inégalable l'audace du Cafard. On m'aurait voulu discréditer comme libertaire et e'est pourquoi j'ai cru devoir rappeler a la raison, a la justice, a la réalité du monde sensible, des esprits que pourraient hypnotiser, les grondements des orgues poétiques, les vapeurs voluptueuses de Tencens qui se brüle, au pied des autels, sous la lumière cligno- tante des cierges, devant les platres malfaisants. Non, chers lecteurs, ce n'est pas Jean Sans Peur qui appelle sur les têtes royales, un glaive de mort, couronné des myrthes d'Harmodios. Ce que j'appelle de toute la force de mon ètre, e'est la haute lumière de la science, e'est la pure volupté des arts idéaux, afin qu'un jour se dresse dans les airs cette Tour sublime, d'oü tröneraia Vérité. Oui, je l'appelle de toute mon ame et je lui dis Vienne ton jour, déesse aux yeux si beaux. Dans un matin vermeil de Salamine Frappe nos coeurs en allés en lambeaux O Vérité Porteuse de flambeaux, Chasse la nuit, écrase la vermine Et dresse au ciel, fut-ce avec nos tombeaux, La claire Tour qui sur les flots domine JEAN SANS PEUR. u

HISTORISCHE KRANTEN

Het weekblad van Ijperen (1886-1906) | 1905 | | pagina 5