JOURNAL D UNE SIEUR D'ÏPRES Octobre 1914 a Mai 1915
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2-2-29 Het Ypersche - 2e Bijvoegsel - La Hé ff ion cL'Ypres N° 43
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Suite
7 Avril Encore un triste jour pour nous 1 Pendant
que M. l'abbé Verste de est allé prendre trois orphelines entre
Saint Julien et Langemarck, je vais de mon coté avec le chauf
feur D. Roose en réfcueillir trois a Potyse, quatre a Hemel
rykje, quatre a Saint Jean J'étais a peine rentrée, pour donner
quelque rafraichissement a notre petite colonie, avant de l'expé-
dier a Wisques lez-Saint-Omer, que l'on commenga a bombarder
notre couvent. Plus de 25o soldats écossais s'y trouvaient.
Voyant le danger, je pris dans mes bras la plus petite de mes
chères protégées et leo fis remonter toutes en auto pour le
Saci é-Coeur oü elles purent prendre ltur repas plus a l'aise.
Je prévins en cours de route M. le commandant Young du dan
ger que couraient les soldats et blessés qui attendaient chez
nous leur pansemeni. le docteur Fox et le commandant
Young se rendirent immédiatenmnt au couvent oü je les rejoignis
après avoir remis mes petites aux bons soins des Sceurs de
l'höpital. Trois obus ont atteint leur but, tuant quatre soldats
sur le coup trois autres moururent quelques instants après
quarante-huit furent blessés, dont trente moururent dans la
quinzaine. Un des cuisiniers qui était occupé a la cour a décou-
per la viande, fut tellement saisi, qu'après avoir jeté son couteau
au loin, il s'enfuit, comme pris de folie, dans les caves des
Sceuts Noires oü il s'affaissa et ne reprit connaissance qu'une
heure après. Sceur Marthe qui s'enfuyait de chez les Sceurs
Noires, vit, en traversant la rue, la sèntinelle tomber inerte a
ses pieds. Une jeune fille de vingt ans entre effiayée et se réfu
gié derrière un des soldats, qui au même instant roule a ses
pieds, frappé a mort, tandis qu'elle reste indemne. M. le vicaire
Roose, qui célébrait la messe pour le repos de l'ame de Room
et de Van Hove, chez les Soeurs Noires, en était a l'offrande
quand le bombardement commenqa. La panique fut générale,
chacun s'enfuit deux, trois femmes, tombent en syncope. Le
prêtre seul peut continuer sa messe a voix basse, les chantres
aussi ayant cherché reiuge dans les caves. Un des fuyards qui
s'était mis a l'abri dans l'estaminet Het Truweeltje rue des
Chiens, fut enseveli sous les décombres. M. le Curé le trouva,
le dégagea et le fit transporter au Sacré Coeur cü il roourut
le même matia. Deux soldats qui préparaient le déjeuner pour
les officiers, furent tués dans la brasserie de M. Vermeulen.
Celui-ci eut une blessure légère a la tête je la pansai aussitöt.
Au Bukkerstraat un obus tomba sur la boulangerie
Castelein et lua l'ouvrier Adelin Houtekiet et blessa Philinaert.
La femme Castel in requt vingt-trois blessures, dont plusieurs
mortelles, et fut tiansportée au Sacré-Coeur oü elle mourut
le ler.demain. Tous ces événements se succédèrent en une heure
de temps. Ce soi.t de ces instants qu'il faut avoir vécu pour
se rendre compte de la frayeur et de l'anxiété qu'ils ré. an
dent. Cependant, M. le Curé, toujours si courageux, quoique
épuisé de fatigue, se rendit chez les Soeurs Noires pour y célé-
brer la sainte messe et procéder a l'enterrement d'Henri et de
Jeanne Dethoor. Les nouveaux blessés, une f is instaliés a
l'hópital, des ambulances conduisent nos orphelines a Wisques.
8 Avril. Le bombardement persiste. Quelques vieil*
lards partent pour Pontoise et les vieilles femmes pour Corbeil.
A la rue des Trèfles, une pauvre femme atteinte du typhus est
conduite au Sacré-Coeur laissant trois pe> its enfants aux soins
du malheureux mari le plus jeune était malade et n'avait que
cinq mois. Immédiatement, M. le Curé s'en chargeapour 20 fr.
par mois, une réfugiée soignera l'enfant.
9 Avril. Bon nombre de blessés viennent aujourd'hui
chercher des conseils ou des pansements auprès de M. le doc
teur Manning. Vers midi, j'arrive au couvent avec un bébé, que
j'avais trouvé dans son berceau, seul et pleurant. Pauvre petite
Un petit trousseau fut rassemblé pour elle et elle fut confiée a
la nourrice dont je pariais hier.
Des obus autrichiens nous sont arrivés aujourd'hui, dit-on.
On les rrconnait a leur sifflement étrange.
10 et 11 Avril. Nous sommes a Boesinghe. Un taul e
est venu explorer. Les Franqais, avec leur j5 l'ont abattu
tout en flammes.
12 Avril. Enterrement de Mme Castelein. Le corri
dor et le réfectoire du couvent sont pleins de femmes et d'enfants
pleurant de frayeur en attendant que les ambulances les condui-,
sent en lieu sur. Sceur Marie Berchmans tache de les tranquil
liser et leur sert de la soupe, des tartines et un morceau de
chocolat. Chaque mère regoit une ou deux boites de lait con-
densé. Vers 11 heures, les ambulances sont la. Les hommes ont
pris les devants, a pied. A la gare de Vlamertinghe,^ tout le<
monde se retrouvera.
13 Avril. Les taubes sont revenus hier après-midi*
M. Herman, notre Révérend Directeur, vient nous rendre une-
visite, qu'il n'ose pas prolonger, car quelques coups de canon,;
pourraient bien n'être que le prélude d'un nouveau bombarde-;
ment. Vers 9 heures du soir, le canon tonne violemment. Oh
dit que ce sont les nótres qui font la chasse aux aéroplanes.
(A suivre).
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