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Suite
i5 Avril Notre bon Cu>-é a porté hier le Saint-
Sacreinent a dix-huit malades ou blessés, qui se sont acquittés
ainsi du devoir pascal. C'était touchant de le voir passer ai si
en rochet et vélum, précédé de d< ux enfants de choeur portant
sonnette et flambeau. Mais combien plus encore la foi nous
montrait l'émouvant spectacle d'un Dieu infini, visitant ses
pauvres créatures dans leurs plus humbles léiuits pou satisfaire
son amour. Beaucoup de sol iats sont arrivés hier dans Ja
soirée. Les Allemands envoient torce obus le long du canal,
prés du Kruisstraat oü l'on portait les résidus de la ville
Croyaient ils que c'étaient des fortificatio. s Le matin, Michel
Ossieur, en maniant un obus non éclaté, l'a fait explos. r. 11 eut
les jambes enlevées et mourut peu d'instants après. Vers io h.
1/2, en allant visiter les typhoïques, M. le docteur Thomson et
moi, nous pümes voir un avion all mand qui lanqait des bom-
bes sur des soldats anglais. II fallut nous garer et plus d'une
bombe tomba prés de nous. Si l'on se fait a ce jeu lal
Cinq nouveaux cas de typhus. Deux autres entre Saint
Julien et Langemarck nous sont cités par un aumónier franpais.
17 Avril Hier, un aéroplane allemand a été descendu
entre Vlamertinghe, Dickebusch et Poperinghe. Encore un gros
pan de mur s'est effondté dans notre couvent. Un avion bochs
a été abattu prés de la porte de Dixmude. Un des aviateurs
était mort l'autre gravem-nt blessé. II y a beaucoup d'avions,
par le beau temps. Le docteur Fox, le docteur X... et moi, en
allant visiter les deux typhoïques qu'on nous a signalés hier,
nous fümes obligés de descendre de l'auto pour enjamber les
fils de fer tendus a un kilomètre autour de la ferme Hoflack.
Un caporal franqais demanda nos papiers. Seul, le docteur Fox
put en présenter, et comme ils étaient anglais, nous ne püm -s
pas passer. Heureusement, ap ès une dizaine de minutes
d'attente, je vis l'aumónier qui nous avait prié d'aller a la
recherche des malades et la défer.se fut levée immédiatement. La
ferme avait été incendiée deux jours auparavant par les Alle
mands et nous trouvames les malades dans la grange- Ils étaient
trois et furent conduits au Sacré-Coeur
4 heures. De minute en minute, le canon donne un coup
formidable. Un aéroplane jette trois bombes. 7 heures. Une
attaque violente commence et la triple artillerie bat son plein.
18 Avril. Le record des coups de canon est pour
auiourd'hui Pas moins de trente par minute er cela due
depuis 7 heures du matin. 1 heure. Les canonniers semblent
se relacher un peu II est temps Ce bruit asscurdissant fi lirait
par nous (aire psrdre la t.ête Les Allies ont er.levé cirq
tranchées vers Gheluvelt et on am éne cinq prisonniers. Mais
que de ruines Sur la route d'Elv.erdinghe, cü nous sommes
allés chercher deux typhoïqu.-s, ce n'est plus qu'un tas de
pierres, de Tnques, de verre. En face de l'église, i'auto dut
s'anèter et on dut continuer la route a pied. Pas ame qui vive
Tout étatt désert. [Jn grand chariot chargé de meubles et
a moitié démoli semblait attendre le moment de partir. Un
obus tombé derrière nous, nous envoyant quelques morceaux
de bois, de terre et de verre, vint nous tirer de notre conster
nation, et deux officiers, sortis je ne sais d'oü, profitèrent de
eet instant pour pre dre ma photographie au milieu du naage
de poussière dans lequel je me trouvais. Un second obus tomba
sur I'égiise au moment oü M. Armstrong se préparait a mettre
I'auto en marche pour retourner chez nous, et tandis que les
craquements de verres et l'éclatement de pierres se poursuivaient,
un gros morceau de fer vint s'abattre entre M. Armstrong et
moi, et cassa onze tuyaux de notre voiture, dont l'eau s'échappa
immédiatement. Plus moyen de rouler après cela.
Quatre officiers canadiens, en route vers Elverdinghe, se
ba'èrent de faire volt face et M. le docteur Fox les pria de
me reconduire au Sacré-Coeur, oü M. G.-W. Young s'empressa
d'envoyer une ambulance a la rescousse du véhicule endommagé.
19 Avril. L'attaque n'a été suspendue que vers 10
heures du soir. Ce matin, aptès le service célébré pour M.
Dethoor, au moment de transporter le corps au cimetière,
l'arrivée d'un shrapnel a obligé le cortège de retourner sur ses
pas. Au Bascule oü je me trouvais vers 9 heures avec le
docteur Fox, tous les habitants s'étaient sauvés dans les champs.
Au cimetière, croix, portraits, etc., volaient en éclats jusqu'au
Cattotjcs Sous une maison qui venait de s'écrouler, nous
trouvames deux morts et un blessé. Le cadavre d'une jeune fille
frappée dans sa fuite avait été ramassé par M. l'ingénieur
Vanderghote. Je la reconnus pour être la cousine de Julia Lenoir,
une de mes élèves elle devait avoir 22 ans. Notre tournée
chez les malades, ce jour-la, fut bien interrompue. C'était la
prenrère journée du deuxième grand bombardement, qui dura
quinze jours. Prés de la porte de Goernaere, les enfants jouaient
encore dans la rue et les oiseaux chantaient encore, mais au
premier obus les chants se turent, la gent ailée s'envola vers
des lieux plus sürs et tous les marmots, criants et tremblants,
coururent s'abriter avec leurs parents dans la casemate. Arrivés
chez le nommé Jules, surnommé De Kin, il nous fut impossible
de quitter la maison et nous nous réfugiames sous l'escalier.
Durant vingt minutes que nous y fümes, plus de soixante obus
se succédèrent, dont une douzaine n'éclatèrent pas deux
tomberent en face de l'endroit oü nous neus trouvions. sur la
nouvelle sacristie (A suïvre).
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