JOURNAL DUNE SIEURD'if PRES OcUbre 1914 a Mai 1915
Théo
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RENAULT
DENTISTE
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Gam iel VERFAILLIE
©HL DBSMBT
Maurice VERFAILLIE
Comptable - Org-*ntsateur
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v-
Suite
26 Avril. Ces derniers jours, on a évacué les habi
tants restés en vdle jusqu'ici. Le Rd Mr Roose est aussi parti
pour conduire sa mère a Poperinghe, avec l'intention de revenir,
mais on ne lui a pas permis de retourner. Le Palais de Justice,
ancienne résidence de Jansénius, seul monument historique qui
était rtsié debout, est bombardé L'ambulance des Friends-
Unit» a dü se transporter a Poperinghe, mais nous ne sommes
pas abandonnés cependant. Deux docteurs et trois assistants,
résident a l'auberge St-Augustin, entre Ypres et Vlamertinghe,
et viennent de temps a autre, s'assurer si nous n'avons pas
besoin de leurs secours.
U11 4 .20 a achevé l'école Saint Joseph et le Collége. En
plusieurs endroits, on trouve des cadavies, dont plusieurs doi
vent êire gisants depuis une qutnzatne de jours. Impossible de
reconnaitre pariois si ce sont des civils ou des soldats. Comme
il est déiendu aux civils de toucher aux corps des soldats morts,
force est alors de les laisser la, abandonnés dans la rue ou dans
une maison vide.
L'église Saint Jacques brüte. La tour doit avoir requ un
obus. Un tragment d'obus est retrouvé prés de l'église. M. le
Curé esc accouru avec Sceur M. Berchmans, Sceur Livine et
Jos. Cottenier. M. le Curé escalada le toit de la Providence»
pour couper le feu. L'image de N.-D. du Rosaire avait été
apportée a notre cou vent, et on a sauvé un grand nombre d'ob-
jets de la cure et de la Providence qu'on déposa dans la
maison en lace de M. le Dr Tyberghien, rue Saint Jacques.
27 Avril. Cette nuit, de nouveaux obus incendiaires
sont tombés sur l'église et sur la maison oü l'on avait porté les
objets sauvés Tout le travail d'hier a été inutile. Mais ces
épreuves n'arrêtent pas notre dévoué pasteur, et personne jamais,
ne pourra apprécier l'étendue de sa charité dont bien des faits
resteront iuconnus a ceux la même qui en furent l'objet, et qui,
fuyant le danger, cherchèrent ailleurs plus de sécurité. Les
malades, les blessés, les réfugiés, les enfants, les vieillards, les
prisonniers mêmes, les orphelins, les nourrissons, tous furent
aidés, secuurus par son inlassabie sollicitude. L'érection de la
crèche des orphelinats de Wizeraes pour gargons et de Wisquts
pour filles, avec plus de 100 enfants chacun, n'en représentent
qu'une part minime. Aussi c'est avec un sentiment de pro
fonde satisfaction que nous avons vu S. M. le roi Albert lui
décerner la croix de l'Ordre de Léopold, ainsi qu'a son ami et
collaborateur M. le Commandant G. W. Young. Nos meil-
leures félicitations pour cette distinction si vaillamment acquise.
Combien plus belle encore sera la récompense que le Roi
des rois réserve a ces généreux bienfaiteurs.
1" Mai. Le 29 avril, nous avons trouvé intact le corps
de Juliette Liégeois elle devait être une victime de l'incendie
du Tribunal. Elle avait encore sur elle un grand nombre ü'obli-
gations sauvées d'uue ïaison en flamme-
gisaient deux autres cadavrës qoe eert.
loin encore, celui i'un vieille temme me
tait un tablier bleu ans sa poche, il y
qu-lques pas 4e la
- ri connurent et plus
>nn ussable. Elle por-
vait un porte-monnaie
contenant 5 fr. et qu iques centimes; s >.n arreau a dentelle,
son unique ressource sans doute. était a s n cöté.
Comme il n'y a plus d'höpital er vtlj ni aux environs,;
M Cloostermans a préparé dans la casernt qui sert aussi de
gendarmerie, une salie pour >1 ssés. f. Lorrain et deux jours
après, Claeys y sont morts, aprës quelques neu es de souffrai.ces
Ceux qui laissent encore quelqu; espoir d- vie sont transportés
par l'ambulance des Quakers.
3 Mai, si je ne me trompe. De temps a autre, quelque
incident joyeux vient jeter un petit rayon dr solefl dans notre
pauvre existence actuelle. Après bien des recherches, sur les-
indications de M. le Curé, nous avions iéc uvert une p~tite
vieille, dans la cour d'une maison bombardée a demi écroulée
Elle n avait pas mangé depuis deux jours et pouvait a peine
marcher. Fandis que M<U; Cloostermans. secondée par deur,
gendarmes qui nous accompagnai nt, cor. i-mait ses recherches.
]e me mis en devoir de trainer la bonne femme par dessus L
tas de briques qui o «struaient le passage, jusqu'a la voiture
d ambulance. Miss Fyi, demoiselle écossaise, qui depuis le début
de la guerre se dévoue au soulagement d s blessés, nous l'avaif
amenée pour le transport de nos infirmes. Un brave canadien,
voyant mes efforts, sortit de sa cachette et m'offrit son secours.
Au sifflement qu'il fit entendre, un second soldat sortitensem
ble, ils auraient aisément portés la brave vieille mais celle c:
ne voulut rien entendre. Se mettant a pleurer, elle se laissa
choir en s'écriant, indignée Quoi de ma vie je n'ai donné
le bras a un homme et maintenant j'irais l'offrir a un soldat,
II fallut céder. Je fis signe aux soldats que je m'en tirerais seule.
bien que j'eusse aésiré expédier la 'besogne au plus vite, ca-
le bombardement devenait violent Arrivée a i'auto, rue de Lille,
la vieille refusa d'y monter elle devait auparavant acheter du
tabac pour 3 centimes Je lui remis 1 fr., lui disant qu'ellt
pourrait s'en procurer a Poperinghe autant qu'elle voudraif.
Enfin, elle se déctda a prendre place dans l'auto déja bondée
de chiens, de chats et de cages d'oiseaux que Miss Fyf avail
trouvés ga et la! Cette demoiselle est revenue a plusieurs reprt
seS nous offrir ses services mais les grands sauveuis de notre
population yproise sont et resteront avec notre bon Curé, les
membres du Friends-Unit Ceux ci poussèent la générostlc
jusqu'a choisir de préférence pour leurs charitables excursion:
les moments oü l'on bombardait le plus fort et oü un plus grand
nombre cherchait a tuir. Cela augmentait considérablement ie
danger couru par eux, malgré la vitesse d leurs voitures plus
petites qu'ils amenaient alors de préférence et qui conduisaieni:
lestement les fuyards jusqu'a la route de Vlamertinghe, oü les
grandes ambulances les recueillaient pour les conduire jusqu'a
Poperinghe. (A suivre).
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