Discours de Monsieur De 5aegher, Président
Discours de Monsieur le Comte
Pierre de Lichtervelde.
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Schepenen, om de lof betuigingen welke gij de
zusters komt toe te spreken, zij zullen voor
haar een beste prikkel zijn om zich meer en
meer in te spannen voor het verhelpen der
oudjes, hare lievelingen, welke aan hare
zorgen zijn toevertrouwd.
De prachtige medalje, de dankbare getui
genis van de Ypersche bevolking, welke
Jufvrouw uit uwe handen komt te ontvangen,
zal in de beste (kamer, onder aan het kruis,
opgehangen worden, en jaren en jaren later,
zullen de zusters, 1 ij het inkomen der nieuwe
postulanten, met trots en fierheid erop wijzen,
't Zal voor^de nieuwe de sterkste spoorslag
zijn om op de voetstappen te wandelen van
deze die zijn heengegaan.
Weest er van overtuigd, Heer Burge
meester, dat de zusters bij haar onverpoosd
werken, zoo bij dage als bij nachte, niet nala
ten zullen te bidden opdat onze lieve moeder
stad, welke onder den oorlog puin en stuk
geschoten werd, zou mogen groeien en
bloeien in eerbaarheid en deugdzaamheid en
herworden wat ze vroeger was, een der
schoonste parels van Vlaanderens rijke kroon.
Messieurs,
En ma qualité de Président de la Commis
sion d'Assistance Publique, qu'il me soit
permis de me faire l'interprète des sentiments
de la communauté des religieuses de l'hospice
Belle comme aussi de la Commission d'Assis
tance Publique, pour exprimer leur recon
naissance a Monsieur le Bourgmestre de la
ville d'Ypres, qui a bien voulu recevoir solen-
nellement a l'Hótel de Ville, les Révérendes
1 Supérieure et Soeurs dela susdite communauté
et donner ainsi a ces dernières un témoignage
public d'estime et de reconnaissance.
Je remercie également en leur nom Mon
sieur le Bourgmestre et les autres autorités
de la Ville pour l'honneur qu'ils ont tenu a
nous faire en participant aux festivités de ce
jour.
Nous avons malheureusement a regretter
l'absence de Monsieur l'abbé Vermaut, Doyen
de cette ville, appelé inopinément a Bruges
par un devoir de sa charge.
C'est une même circonstance qui nous
privé de la présence de Monsieur le Chanoine
De Laere, qui fut le doyen de la Ville d'Ypres
couchée au tombeau chaotique de ses ruines
désolées, mais aussi le doyen de la ville
d'Ypres ressuscitée plus belle, plus confiante
que jamais en ses destinées, et qui a voulu
perpétuer dans l'enceinte de ses murs mutilés
le souvenir reconnaissant de celui qui l'assista
héroïquement dans son agonie et fut après la
tourmente, l'un des pionniers admirables du
relèvement de la cité martyre.
Toutefois, il est une participation aux
solennités de ce jour, solennités ayant pour
objet la célébration du 65o' anniversaire de la
fondation de l'Hospice Belle, qui revêt une
signification toute particulière, c'est celle de
Messieurs les Comtes Pierre et Louis de
Lichtervelde.
Le premier Commissaire de l'arrondisse-
ment de Soignies. Le second, auteur bien
connu de deux ouvrages réputés, qui retracent
si admirablement les évènements politiques
et diplomatiques du règne de Léopold I et de
celui de son successeur, Léopold II.
Messieurs les Comtes Louis et Pierre de
Lichtervelde, dont le nom est aussi ancien
que glorieux, sont descendants de la noble
familie Yproise Belle par leur ancêtre Victor
de Lichtervelde, qui épousa Dime Christine
Belle et prit part a la défense de la Ville
d'Ypres, assiégée par les Gantois et les
Anglais en i383 sa bravoure lui valut le titre
de chevalier.
Au nom de la Commission d'Assistance
Publique, au nom de l'hospice Belle, je suis
heureux de pouvoir adresser k Messieurs les
Comtes de Lichtervelde ici présents, ainsi
qu'i tous les autres membres de cette illustre
familie, un hommage de respectueuse grati
tude, car ils sont les dignes descendants de
la noble Dame, dont la pensée généreuse,
snscitée par un idéal élevé de charité chré-
tienne, fit surgir eet asile pour la vieillesse
indigente et qui acquit ainsi, a travers les
siècles, un titre imprescriptible a la recon
naissance de la population Yproise.
Messieurs, il est tout naturel qu'en ce jour
solennel de commémoration historique> nos
pensées se reportent vers les origines de l'in-
stitution charitable jubilaire, que nous fêtons
aujourd'hui.
Qu'il me soit done permis de Vous rappeler
trés brièvement l'histoire de cette institution.
L'hospice Belle fut fondée en 1276 par la
noble Dame Christine de Guines, veuve de
Messire Salomon Belle, pour donner asile aux
vieilles femmes indigentes.
Dame Christine de Guines avec cinq dames
de la noblesse de ce temps, qu'elle s'adjoignit,
en forma la première communauté dirigeante.
L'hospice Belle fut placé par sa fondatrice,
savoir Pour le spirituel, sous l'autorité de
l'évêque de Thérouannes, du diocèse duquel
relevait alors la ville d'Ypres, et pour le tem-
porei sous l'autorité des échevins de la ville.
Ces derniers devaient a eet effet pourvoir a la
nomination de deux proviseurs ou administra
teurs a choisir le premier parmi la descen
dance des de Guines, le second parmi celle
des Belle.
L'établissement charitable, qui nous occupe,
avait done un caractère essentiellement privé
et possédait son patrimoine propre dont fit
partie, entre autres, la grande ferme a Voor-
mezeele, connue sous le nom de «Rellegoed».
Ce ne fut guère que sous le Premier Empire
ou encore plus exactement sous le Consulat,
que l'hospice Belle, comme tous les établis-
sements hospitaliers généralement quelcon-
ques, fut rattaché a l'organisme appelé jus-
qu'en ces derniers temps Hospices Civils
lorsque le génie créateur et centralisateur de
Napoléon I eut conqu l'organisation officielle
dela Bienfaisancè; si
II est curieux de constater que la période
de 65o années qur sesönt écoulées depuis la
fondation de l'hospice Belle, s'étend quasi
toute entière entre les deux évènements les
plus marquants de l'histoire de la ville
d'Ypres, a savoir D'une part le siège de la
Ville par les Garxtois et les Anglais en i383,
fait qui eut pour conséquence la destruction
partielle de la cité et sa ruine industrielle et
commerciale, et d'autre part la seconde
destruction de cette même cité, destruction
totale lors de la guerre mondiale de 1914.
Mais entre ces deux dates a jamais mémo-
rables, que de bouleversements monarchi-
ques, religieux, politiques et sociaux se sont
produits au cours des siècles luttes féodales
et communales, la réforme, les dominations
espagnole et autrichienne, la révolution fran-
qaise, l'empire, le régime hollandais et finale-
ment la Belgique indépendante de i83o, qui
avait atteint sa forme définitive, après un
passé magnifiquement beige, glorieux et dou
loureux tour k tour.
Messieurs, si l'établissement charitable
dont nous célébrons en ce jour la fondation,
a pu se maintenir au cours de plus de six
siècles, au milieu de tant de vicissitudes qui
ébranlent et ruinent les institutions humaines,
c'est qu'elle avait en elle une ame, c'est a dire
un principe de vie, assez fort pour braver le
temps et les évènements, et cette ame, ce
principe de vie, c'est la charité, cette charité
que seul peut engendrer et soutenir l'idéal
chrétien et qui est ici bas le reflet admirable
de l'amour éternel de Dieu
Oui, l'hospice Belle n'a pas eu seulement
son histoire profane, elle a eu aussi son
histoire morale, histoire inconnue celle-la,
histoire monotone dans son uniformité et
qu'un seul mot résumé Dévouement, encore
dévouement et toujours dévouement jusqu'au
sacrifice.
Et c'est Vous, religieuses humbles et igno-
rées, dont la longue lignée s'est perpétuée
travers les siècles jusqu'è ce jour, et c'est
Vous, soeurs de l'actuelle communauté des-
servante qui êtes et qui fütes les héroïnes de
cette histoire morale.
A Vous, chères Soeurs comme aussi a vos
devancières, la Commission d'Assistance
Publique adresse en ce jour solennel l'hom-
mage de sa gratitude et le tribut de son
admiration.
C'est comme gage de ces sentiments que
notre Commission a décidé de Vous offrir ce
missel qui porte une dédicace commémorative
de ces fêtes jubilaires.
Je prie la Révérende Supérieure de bien
vouloir s'approcher pour recevoir le présent
au nom de la Communauté
Pour terminer, je léve mon verre en l'hon
neur de la familie de Lichtervelde, je bois a
la prospérité de l'hospice Belle, je bois a la
santé des chères soeurs de la communauté
desservante et je lui dis du fond du coeur
Ad muitos annos
Madame la Supérieure,
Mes chères Soeurs,
Messieurs,
Au nom de la familie Belle, au nom de la
familie de Lichtervelde, qui a l'extinction des
Belle, leurs alliés et ancêtres, a continué pen
dant plusieurs siècles son patronage et sa
collaboration a votre illustre institution de
Bienfaisance, je Vous remercie de nous avoir,
par votre invitation, associés a la belle fête
d'aujourd'hui
Je Vous avoue que ce n'est pas sans émotion
que nous avons requ et accepté celle ci, heu
reux de renouer a cette occasion de vieux et
tendres liens
Jen'ai jamais tant regretté qu'aujourd'hui
de ne pas pouvoir m'exprimer élégamment en
Flamand, car j'aurais eu plus de plaisir
encore a Vous dire en cette belle langue, que,
quoique transplantés par le hasard des allian
ces vers un autre cöté du pays, nous ne pou-
vons pas oublier, qu'originaires des vastes
plaines du Franc de Bruges, les nötres vécu-
rent longtemps ici, dans cette ville et chatelle-
nie d'Ypres.
Tour a tour seigneurs de Staden, Roose-
beke, Poelcapelle, Caeskerke, Voormezeele.
Hooghe, Gheluwe, nous n'oublions pas
qu'Ypres, la grande Ypres d'autrefois était le
centre de leurs activités tantöt municipales,
dans le Magistrat local, tantót plus générales
dans les fonctions de Grands Baillis d'Ypres
ou de souverains baillis de Flandre.
S'il est humain que nous ne l'ayons pas
oublié, il eut élé humain aussi que Vous l'ayez
oublié.
Et cependant Vous ne l'avez pas fait en
nous invitant aujourd'hui.
Depuis la grande tourmente, qui dans cette
ville et les villages, que je viens de citer, n'a
pas laissé pierre sur pierre, il n'y a plus un
chateau, plus une maison, plus même un
tombeau qui puisse rappeler notre passage ici.
La tour de la cathédrale St-Martin, dont la
première pierre avait été posée le 2 Mai 1434
par précisément le fils d'une Belle, no: re
aieul la i6e génération par Victor de
Lichtervelde, chef dft Magistrat d'Ypres
après l'écroulement de l'ancienne tour l'année
précédente cette nouvelle tour s'est elle
même écroulée... mais Vous vous êtes sou-
venus tout de même.
Ce qui prouve, qu'a des coeurs bien nés, il
y a quelque chose de plus durable que les
monuments et les tombeaux c'est le souve
nir souvenir des bonnes actions et des
services rendus.
Mon frère Louis, qui représente ici avec
moi ma familie dans votre Ypres ressuscitée,
Vous a rappelé tout a l'heure, qu'il a eu le
triste honneur de fouler a maintes reprises, le
sol de 1'Ypres agonisante de la guerre secré-