Enquêtes sur ia Flandre du Front L'0.rpt)éon des Travailleurs da Tourcoing 2 sonten courset donne tous lesrenseignements utiles a celles qui en font la demande. M. Geuten expose ensuite son projet de création d'un musée de la restauration des régions dévastées. La question des dommages de guerre touche sa fin et ce serait dommage que rien ne resterait de tout cela, car d'ici quelques annéeson ne se rendra plus compte de Teffort accompli. Pendant que quelques Yprois, réfugiés a Paris, formaient TAssocia- tion des Sinistrés de la Flandre Occidentale, M. Geuten et feu M. Ie Notaire Jules Ver meulen créaient en Belgique une ligue iden- tique pour la défense des droits des sinistrés. II reste encore quelques correspondances et documents qui témoignent de l'activité de ces organisations et de la lutte qu'elles eurent a soutenir. Après une première manifestation, tenue a Bruxelles, d'auttes furent organisées a Ypres. Certaines pancartes bien congues et caractéristiques subsistent encore. Tout cela réuni donnerait une idéé de ia lutte soutenue et qui, bien souvent, donnait gain de cause aux sinistrés. Ces choses ne peuvent s'oublier, elles doivent servir de legon et montrer a la postérité avec queile persévérance les Fla- niands ont travaillé et lutté pour le retour de ce qu'ils avaient perdu. D'un autre cöté, il y a aussi ce qui a été fait par l'Etat la recon struction des habitations, des monuments publics, la restauration des terres, le concours pour les plus belles fermes, etc. Des démar ches pourraient être faites auprès du ministère pour obtenir les photos, plans et autres objets ayant rapport a l'ceuvre grandiose de la restauration. Nul doute aussi que les particu- liers, qui pourraient encore détenir quelques objets se rapportant a cette oeuvre, ne les cèdent volontiers pour les réunir en un musée. Les délégués présents approuvent cette idéé et lors de la prochaine réunion on discu tera les moyens de la mettre a exécution et d'en préciser plus nettement l'objet. Avant de se séparer on décide encore de demander une entrevue avec VIla ministre des Finances pour lui exposer la situation des communes qui n'arrivent pas a obtenir le règlement de leurs dommages de guerre. Quel- ques-unes n'ont même pas encore d'hötel de ville. La prochaine assemblee est fixée au deuxième dimanche du mois de Novembre et les délé gués se séparent a 16 heurcs. Depuis quelque temps, «La Nation Beige publie une série d'articles au sujet du senti ment antibelge et révolutionnaire dans lequd a sombré le mouvement flamand, dévoyé par les manoeuvres de nos chefs activistes. II n'en- tre pas dans nos idéés d'entrer en ce moment dans une polémique quelconque a ce sujet. Mais la Nation Beige a donné le5 Sept. un ar ticle qui vise spécialementce mouvement dans notre ville et notre arrondissement, et a ce titre il est trés intéressant de connaitre ce que l'auteur, M. d'Ydewalle, dit a ce propos. Nos lecteurs sont a même d'y faire les petites cor rections nécessaires, mais ils noteront que l'idée générale en est bien juste. Clientèle Ypres Une ville qui se débarrasse de ses échal'audages et de ses palissades. Un chantier qui s'achève. II faut ne pas oublier cela pour comprendre la crise en Flandre du Sud. Nous sommes au coeur des régions dévastées. On dit Bruxelles qu'il y fait soviétique, révolu tionnaire, enfin que le frontisme y a littérale- me.it accaparé les campagneset lestient prêtes pour la jacquerie finale. Au fait, lire les feuilles nationalistes c'est bien la le but suprème, le mythe dont parlait Sorel. II n'est pas dit qu'on y aura recours et il ne s'agit pas de force pour la force. Mais c'est une éventu- alité prévue... et que beaucoup désirent. Et maintenant distinguons. Combien, au pays de West-Flandre, désirent le chambarde- ment général? Quelques ceataines tout au plus. Ce sont les vrais swarajistes du mouvement. Le restant vient, soit par persuasion, soit par panurgisme. Ces derniers sont incontestable- ment le plus gros contingent. A l'aurore de leur règne, les frontistes se sont dit qu'il faillait avant tout se faire une clientèle. C'était facile. En 1919, au pays de Furnes Dixmude-Ypres tout le monde demandait quelque chose. Les candidats frontistes demandaient tout. On fit un ministère des Régions Dévastées et tout le monde lui adressa des lettres, par l'intermé diaire d'hommes de confiance, et les candidats frontistes montrèrent aux mécontents une sym pathie illimitée. Par une aberration extraordinaire le minis tère répondit a tontes les lettres par des avis aux commissaires et Taction de M Van de Vijvere fut a eet égard d'une universalité détestable. Alors naquit une profession nouvel le. On tint bureau de réclamation et le mattre en ce genre fut et demeure M. Butaye, institu- teur a Watou, député frontiste, que jamais la Chambre n'entendit mais qui.au pays d'Ypres, estuneespèce de dieu local. M. Delille lui- même, au pays de Bruges, n'estqu'un météore. M. Butaye est un bouddha immobile. Toutle monde va chez lui J'en parle a des avocats sérieux du barreau d'Ypres. Us me disent «C'est trés simple. Dans Tesprit d'un rural vous n'effacerez jamais ce préjugé que le juge est payé par le plaideur le plus riche. Après un procés perdu tl va trouver le notable et lui demande d'écrire a Bruxelles. ou au pro cureur du Roi, ou a n'imDorte qui, pour faire reviser le jugement. Si les délais et l'arrêt confirmant sont passés le notable expliquera que c'est peine perdue. Mais allez-moi faire entendre cela a un plaideur paysan. C'est l'heure du député frontiste. Lui ilécrit a Bru xelles, a Gand, partout. Même s'il n'y a pas matière a cassation il demande encore la cas sation. Naturellement il nobtient rien, et se tournant vers Télecteur attendri par tant de zèle, il lui dit Voyez cette misère, ce gou vernement d'oppression. Vetez pour moi. Aux élections on s'étonne alors que le fron tisme en West Flandre ait une clientèle. Les oémocrates de droite et d'extrême gauche tachent d'en faire autant. Un sénateur catho lique, M. De Ponthieu, ancien sonneur de cloches a Menin, parcourt quatre jours sur sept tous les villages de son arrondissement, non pas pour recueilltr les plaintes mais potir demander de quoi on se plaint. II ïecueiile. II fait collection de plaintes. Dans ce milieu un propagandiste catholique me diticil'indem- nité des 42.000 fr. aux députés est la premiè re des revendications sociales. La supprimer serait la mort du régime. Je Ten crois facilement. Vlaamsche Huizen Le frontisme a aussi ses cadres. Une en quêteur socialiste en a été émerveillé. II exis te une infrastructure de cercles, de mutualités, de coopératives nationalistes epuis deux ans environ elle étend son réseau sur tout le plat pays et pénètre dans les villes 11 y a un syndicalisme frontiste. Et le tout se formule et se cristallise dans Tinstitution des Vlaamsche Huizen dont le drapeau jaune et noir est le digne pendant du drapeau rouge des Maisons du Peuple. Voilaqui impressionne les socialistes, éton- nés de voir cultiver ailleurs que chez eux le complexe d'infériorité sociale En fait j'ai bien 1'im Hcssioii qu'en sr- pl gmt ainsi sur le plan proléianen ic=> lionustes ont commis ane formidable maladresse. D'abord paree qu'ils ferment la porte d'avarv ce au frontisme bourgeois et il existe. Dans les régions dévastées des frontistes roulent en limousine etemploient des ouvriers syndiqués. C'est, en cas de giè^e, les mettre ipso facto au ban de la familie jaune et noire. Ensuite, et ici c'est bien plus grave, devant ces syndicats concurrents les syndicats chrétiens et socia listes se hérissent. Déja les rouges sont en recul dans la région oü le socialisme a atteint son maximum. Mais beaucoup de profession- nels du syndicalisme de droite auraient voté frontiste, ouvertement ou en sourdine, qui aujourd'hui s'élèvent lurieusement contre la maison d'en face. Celle-ci, cette Vlaamsch Huis, centre et cel luie de toute la révolution qui prétend s'ac- complir en Flandre, on la retrouve partout. Suivant Timportance du centre habité c'est un petit café, un grand, parfois un véritable insti- tut. Mais on n'a pas songé qu'en le dressant ainsi contre tout le monde il devenait trop éclatant d'abord il prend officiellement par ti contre le cercle catholique, au lieu que l'an- cienne tactique consistait a noyauter et em- poisonner les cadres existants. Et puis cette maison est trop visible. Les instructions de Tévêché sont formelles. II est interdit aux ecclésiastiques d'y mettre les pieds. Naturel lement plusieurs y vont tout de même Mais c'est déjk se mettre en guerre. Un frontiste d'aujourd'hui doit jeter le inasque. Ainsi le veut la discipline du parti, dictée par le dépu té Leundan. Mais ses affiliés en deviennent plus vulnérables. A ces grandes manières de parti organisé ie frontisme a peu a gagner mais beaucoup a perdre. La crise Vécole Enfin ce même caporalisme des Vlaamsch Huizen pose la trés grave question de l'en- seignement. Sur ce chapitre Tévêché est intrai- table. Trois instituteurs et professeurs d'en- seignement moyen d'Ypres ont été cassés pour avoir fait protession de nationalisme fl imand. Devant cette obstruction, M. Leuri- dan tergi verse. 11 promet les subsides aux éco- les libres a condition qu'on donne Tabsolution a ses maisons. A Dixmude le cas est typique. Cinq conseillers communaux sont libéraux. Cinq sont catholiques. L'unique frontiste fait manoeuvrer le balancier. Ce jeu permet le chantage auprès de Tautorité religieuse qui, dans ce vieux pays blanc, demeure !e dernier juge. Les libéraux, pris en bloc, n'y mettent pas toujours la bonne volouté désirable et, a droite, on leur jette l'anathème, mais comme beaucoup de families libérales vont a la messe dans ces bonnes villes, le curé ou le doven examine et trembleQuant a l'Etat il est inexistant. Aucune sanction contre les profes seurs d'école moyenne de l'Etat qui fréquen- tent les maisons frontistes. Les inspecteurs ne disent rien, ou bien leurs appels sont étouf- fésatemps par des députés. Crise d'autoiité. Aucune mesure dite d'apaisement n'apaise rien du tout On est sur le gril L'organi- sation du frontisme lui fait du tort. Un exposé de son programme lui en ferait plus encore. Aussi il ne Texpose pas. Et pourtant il fait des recrues. Nous tacherons de voir comment... Ch. d'YDEWALLE. êk YPRES Le Comité des Fêtes de Montmartre avait pleinement réussi dans ses démarches faites auprès du dévoué M. Derck, et obtenu le con cours de TOrphéon des Travailleurs de Tourcoing, afin de rehausser ses fêtes annuel- les Arrivés a 8 h. 45, en autobus, a 1'Hotel Ypriana de la Porte de Menin, les membies de cette société y furent regus aux sons d'une vibrante Marseillaise, exécutée par quelques musiciens dévoués de l'Harmonie Ypriana. Précédés de la musique et drapeau en tête, les Orphéonistes Tourquennois se rendirent aussitót en cortège a l'hötel de ville oü ils fu rent officiellement regus par M. le Bourgmes- tre Sooiy, qui leur souhaita une cordiale bien- venue et prononga Tallocudon suivante Monsieur ie Président, Monsieur le Directeur, Mesdames et Messieurs, A Toccasion des auditions musicales que voire artistique Chorale a bien voulu préparer, pour rehausser l'éclat et de la Grand'messe a la cathédrale, et de l'hommage de Tourcoing aux Morts d'Ypres, et d'une fète populaire a la Bascule, vous avezeui'amabilité de descen- dre a l'hötel de ville pour y saiuer l'Adminis traiion communale. Je suis confus de l'honneur que vous avez bien voulu neus faire j'y vois lapreuve d'une délicate attention et d'une réelle sympathie, et je m'empresse de vous en exprimer toute ma reconnaissance en vous souhaitant cordia- lement la bienvenue. Si la modeste renaissante ville d'Ypres jouit aujourd'hui de la sympathie de la grande ville industrielle de Tourcoing, c'est apparem- ment, paree qu'en bonne voisine elle ne lui a jamais fait aucune peine, même légère, et lui souhaiie bonheur et prospérité c'est paree qu'a la récente guerre, lorsque notre ennemi commun voulait passer par Y pres pour annexer la cöte maritime, notre ville a osé lui résister, au prix de son existence et de tout son avoir; c'est paree qu'Ypres a souffert le martyre, ayant été pendant 4 ans assiégée et attaquée, bombardée et asphyxiée, brisée et brülée c'est paree que notre ville a servi de bouclier protecteur et a préservé notamment une gran de partie de la France des horreurs de Tinva- sion; e est paree que Tennemi, refréné, arrêté, épuisé devant Ypres a dü enfin y prendre la fuite et c'est enfin paree que 36oo soldats frangais, qui ont vaillamment défendu la ville d'Ypres pour sauver la France, dorment ioi leur denier sommeil.

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersch nieuws (1929-1971) | 1931 | | pagina 2