Jubilé de Me Joye Avocat a Furnes Zeer Belangrijk Bericht La Fédération des Avocats de Belgique se réunit chaque année dans une des villes du Pays. Cette année, elle avait choisi pour y tenir ses assises, Bruges, et Furnes pour y fêter l'avocat Joye, qui compte soixante an nées de vie professionnelle. Notre concitoyén obtint son diplome de Docteur en droit en 1873. La fête a eu lieu dimanche 25 juin, a 11 h. 3o. La Fédération des Avocats était représen- tée par une bonne centaine de membres. As sistaient a cette fête, les batonniers de Paris, de Rouen, de Liile, de bunkerque, de Lu xembourg, un délégué du barreau anglais, etc. Des discours lurent prononcés par Me de Grave, au nom du barreau de Furnes. D'au- tres par le Président du Tribunal de Furnes, M. de Necker par le Président de la Fédéra tion, Me de Falloise, du barreau de Liége par Me Pournin, batonnier de Paris; par Me Dieu- sy, ba onnier de Rouen par M* de Beaumont, batonnier de Lille. M® Joye répondit avec émotion. Un superoe bronze de Colin, Le Chemin parcouru allusion a la longue carrière de M* Joye, lui fut offert par ses confrères et ses anciens stagiaires. M' Joye étant un enfant d'Ypres, nous sommes heureux de pouvoir reproduire le beau discours qui tut prononcé par M® de Grave. Mesdames, Messieurs les Magistrals, M on cher et vértéré Confrère, Mc Joye, Mes chers Confrères, Messieurs, II y a dix ans, le barieau de Furnes, se réunit dans cette même salie d'audience, pour y lêter, dans une intime allégresse, la cinquan- taine prolessionnelle de notre éminent et vénéré doyen d'age. Nous étions alors loin de penser, que notre cher et digne confrère, qui assuma pour la circonstance, ie décanat de notre barreau, et qui, dans un discours d'une grande éléva- tion de pensée, présenta a notre jubilaire, nos iélicitations les plus cordiales et nos voeux les plus ardents, ne serait plus ici aujourd'hui, pour célébrer avec nous, l'événement extra ordinaire qu'il tntrevit avec cette certitude, qui lui fit aire a la fia de son allocution Les voeux trop impétueux de ceux qui fétent des anniversaire>, sont bitn souvent téméraires. Avec un jubilaire resté aussi jeune que vous, tous les s.uhaits sont permis. Le jour a'aujourd'hui, couronne une carrière brillante et pleine de mérites hinis coronat opus, por te le fronton Primitif de notre Hotel de Ville son pignon jumeau a voulu renchérir et porte Coronabor augendo Vous ajouterez, sans effort, une nou velle décade a vos jtunes soixante dtuze ans, et nous viendrons alors, vous renouveler nos félici- tations d'aujoura'hui, aussi sincères, aussi méritées. En nous reportant, par la pensée, a la fête d'il y a dix ans, aux sentiments qui nous animent en ce jour, se mêle le souvenir de notre confrère, Me Valcke père, que la mort a ravi trop tót a notre estime et a notre affec tion, et qui mieux que moi, aurait assumé, en cette solennilé, l'honorable devoir de cé'é brer en notre jubilaire, les éclatantes vertus professionnelles, dont il a donné l'exemple. II convenait de convier a la célébration de ce jubilé, qui constitue un événement sans précédent dans les fastes de notre barreau, tous les membres de notre grande familie judiciaire. Messieurs les Magistrats de ce siège, qui veulent ne pas oublier qu'ils furent nos con irères, sont venus ici, témoigner a notre doyen d'age, en quelle haute estime ils tiennent ses talents et sa science. Nous appiécions leur aimable geste, et nous nous permettons de leur adresser, l'expression de notre vive gra titude. Nos confrères de la Fédération des Avocats, ont tenu a apporter a celui, qui, pendant soixante ans, a étéun des dignitaires de notre profession, Thommage de leur admi ration. Notre barreau est sensible a la déli cate et confraternelle attention, qui leur a fait choisir en ig33, Bruges, pour y tenir leurs assises, et Furnes, pour y fêter celui, que le Président de la Fédération appelait déja, il y a dix ans, le grand exemple West Flamand. Nos remerciments vont encore et surtout, a nos confrères étrangers, aux représentants des barreaux francais, anglais et luxembour- geois, qui attestent par leur présence, que la réputation de notre jubilaire, a franchi nos frontières, et qui, en s'inclinant devant une vie comme la sienne, entendent rendre un juste tri ut a d'éminentes quali'és, qui jettent sur notre robe, un lustre incomparable. C'est en iS6g. a l'age précoce de 17 ans, que Me Joye acheva ses études au collége communal de la ville d'Ypres, son lieu de naissance. Au cours de ses humanités, il regut de la part d'excellents professeurs, a la science et au dévr ümrnt desquels il s'est toujours plu a rendre hommage, eet enseignement solide, qui fut la pierre angulaire de la magnifique carrièie qu'il a parcourue. Ses gcüts, les dispositions naturelles de son esprit, l'aiguillaient veis les sciences exactes, spécialement vers les mathématiques, qui étaiext sa branche de prédilection. Sa vocation première, l'appelait vers une car rière autre que le Droit, mais le dieu Mars, auquel il voulait se consacrer, avait encore a cette époque lointaine, des exigences se res- sentant des traditions du 1" Empire. Une légère myopie lui fit abandonner le dessein a'embrasser la carrière militaire, cü dans les armes spéciale s, il aurait sans doute servi son pays, avec une rare distinction. Au moment oü il dut faire taire d'hono rabies préférences personnelles, en sacrihant ses gouts aux dures exigences de l'époque, il songea sans dcute, que la carrière du barreau est celle qui se rapptoche le plus de l'état militaire, puisqu'a sa base, elle a une disci pline égaltment sévère, qu'elle comporte des luttes et des combats journaliers, qu'elle ne se comprend pas sans une certaine stralégie, qu'aussi bien elle exige de sa milice, que celle ci mette sa force au service du droit, en rendant fort ce qui est juste, et qu'au surplus, cette milice a le devoir de se montrer, en toutes circonstances, le champion infatigable du malheur, l'ennemi courageux et vigilant de l'arbitraire et de l'illégalité. Après avoir en 1873, conquis brillamment son diplome de docteur en droit, notre con- fière, après un court séjour dans sa ville natale, vint s'établir a Furnes, eü il fut nommé avoué le g avril 1878, et juge suppléant le 11 octobre de la même année. Depuis lors, sans répit, sans défaillance, M' Joye a mené une exister.ee prodigieuse- ment active, s'illustrant dans les durs labeurs de notre profession, et conservant, malgré le poids des années, cette verdeur et cette jeunesse étonnantes, qui forcent l'admiration. Malgré 'les soucis, malgré les déboires, malgré de grandes douleuis, qui accablèrent votre coeur de père, vous avez, mon cher et vénéré confi ère, courageusement et inlassa blement lutté. C'est votre plus beau titre de gloire. Votre vie est un rnagntfique exemple de ce que peut une volonté de fer, servie par une belle intelligence et une ardeur indomp- table au travail. Dans votre vie professionnelle, jamais vous ne considérez une affaire comme modeste ou de minime importance. A toutes, vous consacrez les ressources de votre vaste intel ligence, de votre science juridique, jamais prise en défaut, de votre redoutable dialee- tique, qui fait reculer les plus vaillants. Votre formation juridique se ressent de vos premières études de prédilection les mathématiques. Possédant a un haut degré, eet esprit géométrique dont parle Pascal, vous apportez dans l'exposé ou l'étude d'une affaire, un raisonnement de mathématicien, tirant la proposition actuelle de la proposition de tout a l'heure, montrant que celle ci contenait celle la, et alignant vos raisonnements, comme autant d'équations algébriques. L'on pourrait croire, que vos plaidoiries ne sont qu'un terne et lent acheminement vers des solutions froidement exactes, mais votre rhétorique est de la géométrie enflammée, et c'est ainsi que, ne visant pas en principe a l'éloquence, vous la rencontrez par surcroit, tant vous mettez de conviction raisonnante dans tous les actes de votre vie profession nelle. La science juridique de notre jubilaire, se double d'une connaissance approfondie des régies de la procédure. Malheur aux jeunes imprudents, qui osèrent parfois considérer ces régies, comme des arcanes vétustes et périmés, et qui cou rurent, les téméraires, se mesurer avec le vieux lutteur. M® Joye aurait pu, se fiant a son intelli gence et adoptant en cela les goüts d'une époque maintenant lointaine, mener une a—-a—a-BB 3 existence facile, faite d'insouciant dilettan tisme. II ne l'a pas voulu il a estimé que, dans la carrière qu'il s'était tracée, le travail était sa loi, que le labeur quotidien qu'il s'imposait, était le grand régulateur de son existence, que sans lui, rien de grand, tien de durable ne peut s'accomplir. Dans la vie si bien remplie qu'il a mer.ée, et qu'il mène encore tous les jours sous nos yeux, notre jubilaire s'accorde de tiès rares distractions. Admirateur passionné de la mer, c'est devant les fl its changeants de l'océan, qu'il se repose des fatigues et des soucis de sa laborieuse existence. Si la grandeur du spectacle, lui fait oublier les petitesses de ce monde, elle l'in- cité a se complaire dans ces rêveries pro- fondes et austères, que suscite chez les grands caractères, la vision de l'infini. Dans le cadre prestigieux de notre reroar- quable ville, la vie de M' Joye s'écoule entre le travail et l'étude, entre lts nobles spec tacles de la nature, et les beaux objets d'art dont il s'est entouré Collectionneur au geut sur, il a réuni dans sa vaste demeure, nombre de morceaux de choix, montrant par la, com- bien il appiécie ce que les hommes produisent de grand, de beau et de généreux. Par une rare faveur de la foitune, notre jubilaire a toujours été éloigr.é de la politique triomphante, et depuis longtemps assis dans le camp des vaincus, il y a porté sa dignité, son indépendance et son esprit de large tolérance. Jamais les puissances, qui cherchent a se saisir a leur proht,.dece qui forme la plus belle vertu de notre ordre, n'ont eu de prise sur lui, jamais il ne s'est incliné devant elles, jamais il n'a voulu servir autre chose que le droit, et cette magnifique indépendance est sans conteste, une des qualités les plus écla tantes que nous admirons en lui. En souvenir de ccs soixante années de vie p;ofessionnelle, vos Confrères et vos anciens Confrères du barreau de Furnes, Vous offrent, M® Joye, un bronze qui, sous une forme symbolique, rappelle votre longue carrière, au cours de laquelle, Vous aurez connu quatre gécérations. Nous y avons fait graver, cette pensée de Sénèque Vixi et vita si scias uti, longa est. Le chemirr parcouru, peut a vous même, paraitre court, mais a nous, il parait extrême- ment long, car votre carrière, féconde comme elle le lut, présente une somme de travail, pour laquelle il faudrait normalement, plu- sieurs existences singulièrement actives Daignez accepter ce souvenir, en hom mage de notre confraternelle estime, pour vos grandes vertus professionnelles, de notre admiration et de notre reconnaissance, pour les exemples que vous n'avez cessé de nous donner. Pendant les années que vous vivrez encore parmi nous, car votre verdeur ne faiblira pas de sitót, que eet objet vous rappelle la céré monie de ce jour, dans laquelle vous pouvez percevoir comme l'écho anticipé, de ce que sera la voix de la postérité. Lorsque pour vous sonnera enfin l'heure de l'éternel repos, lorsque cette énergique voix si ardente, qui aura retenti pendant un long urn ccvi spatium dar.s eet auaitoire, s'éteindra pour toujours, puisse ce bronze rappeler a vos enfants, a vos petits enfants, a vos arrière petits enfants, et a toute vo're familie par le sang, qu'en ce jour, notre grande familie judiciaire a voulu honorer en Vous, l'avocat plus qu'octogénaire, qui a jeté sur notre ordre, le triple éclat de sa science juridique, de son indomptable ardeur au travail, et de sa male indépendance. Furnes, le 25 juin ig33 De Oorlogsvrijwilligers, wonende te Yper of omstreken, zijn vriendelijk verzocht hun naam en adres te willen opgeven aan den Opstelraad van dit blad, ofwel in het Hotel Regina, ofwel nog op het kasteel de Couthove te Proven, met het doel dringend een afdee- ling van het Verbond te vermen. Baron d'Udekem d'Acoz, EereOndervoorzitter der Af deeling van Oost Vlaanderen.

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersch nieuws (1929-1971) | 1933 | | pagina 3