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La situatiin de I'indiistrie textile
1 EISCHT ALTIJD EN OVERAL DE
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Nous extrayons de La Métropolt Vinteres
sant exposé ci dessous, consacré a la situation
critique dans laqutlle se débat l'industrie textile.
Nombre de considérations y enoncées s'appliquent
d'ailleurs également d d'autres industries.
Un cri d'alarme
Dans une des lettres ouvertes adressées aux
dirigeants de l'industrie Charbonniè.e par-
M. Jussiant, p ésident de la Chambre de com
merce d'Anvers, il était fait allusion a l'inter-
pellation de M. Ie Sénateur Leyniers sur la
situation critique de l'industrie Textile. M.
Jussiant écrivait que l'interpellateur avait fait
certaines déclarations importantes méritant
d'être livrées-aux méditations du pays entier.
Sans doute faisait il motamment allusion au
passage suivant du discours de M. Leyniers
Le niveau trop élevé du coüt de notre production
textile beige est un fait, un fait indéniable.
11 n'y a que la déflation qui puisse rétablir l'équilibre.
C'est encore un fait. II ressortit a la politique générale du
pays. La solution de ce problème formidable, mais essen-
tielle, vitale, appartient au Gouvernement. La déflation
par la voie de la restriction des dépenses nécessitées par
un train de vie qui dépasse nos forces, qui est bien
au dessus des possibilités de la Nation, la déflation par la
diminution des charges, l'allègement des budgets publics,
c'est la solution courageuse, seule digne, selon moi, d'un
pays comme la Relgique.
Je ne veux même pas penser, moins encore admettre,
qu'il existe une autre fa^on de résoudre le problème du coüt
trop élevé des frais de production.
Mais qu'on y prenne garde. La solution viendra, paree
qu'elle s'imposera. Si nous ne choisissons pas vaillamment
et de bon gré le premier chemin, le second nous sera imposé
par la force des choses, quand peut-être il sera trop tard.
Car, vous n'en doutez pas, Messieurs, la dévaluation de
notre monnaie serait la punition impitoyable, mais logique
et inévitable, de rotre manque de courage civique, tant
individuel que collectif.
En attendant que ces vérités, dures, mais qu'il faut
dire, soient entrées dans les esprits.se soient imposées avec
la force et l'évidence nécessaires aux hommes responsables
des destinées du pays, il ne faut pas que nos industries
émigrent, car si les métiers, les broches, les mécaniques
passent la frontière, les ouvriers, eux, restent, et il est
périlleux que trop d'usines soient livrées aux encans et que
les ateliers se ferment en trop grand nombre...
Ces quelqu°s ligaes expriment, en eftet. la
préoccupation qui étreint tous ceux qui s'in-
quiètent de l'avenir de nos industiies.
Notre prix de revient est trop életé. Nous
nous trouvors désarmés devant la concurren
ce internationale
Si, jusqu'en novembre dernier, on maintint
ene situation a peu prés stationnaire vis a vis
de l'année ig32, on nssiste depuis lors oans
les différents compartimenis de l'industrie tex
t;le a un reeul irqu'é'.ant des transac'iors et
irêue a un arrê' quasicomplet pour certaines
spécialités.
Certes, les rcstric'ions apporfées aux échan-
ges par des droits d'entrée excessifs et des
contingentements prohibitifs font de plus en
plus sentir leurs t flets uocifs sur le commerce
d'exportation. Mais le problème textile n'est
pas, d'une fafon générale, un problème exclu
sivement douanier. Le mal est plus profond
et plus grave La dépiéciation de la livre
sterling a rxercé sur le franc et l'économie
beiges une ii fluence dLutant plus forte que la
o-rise économique terd a s'accentuer sur le
Continent. Si la Grande Bretagne avait p-o
cédé a une expansion de son système moné
taire dans le mém» temps qu'elle dévaluait sa
monnaie, l'eflet n'» pas été pareil. Les prix
en Angleterre se seraient élevés en termes or,
de sorte qu'il nbxisterait pas la disparité de
prix qui nous réduit en ce moment a l'im
puissance.
Rien de semblable ne s'est produit. La dé
valuation n'a pas été accompagrée d'une
augmentation des billets en circulation Le
budget de l'Etat fut établi avec la livre a 120
comme s'il s'agissait de la livre a 175. Les
traitements, pensions et allocations de toute
nature qui se trouvaient déja réduits d'un tiers
en valeur-or furent encore diminués de
20 p. c. environ du fait des économies budgé
taires. II n'est done pas exagéré d'évaluer a
40 p. c environ la réduction que subirent en
Apgleterre les frais de transformation indus
trifelle.
Les droits d'entiée anglais suffisaient pour
interdire aux produits textiles l'entrée du
Royaume Uni. La dé valorisation du sterling
suffit, elle, pour handicaper sérieusement nos
exportations dans les pays et ils sont le
plus grand nombre qui achètent et paient
en livres. Les pays scandinaves, les colonies
et dominions anglais, le Prcche Orient, 1,'Amé
rique du Sud, etc., ont trouvé tout naturelle-
ment les prix beiges trop élevés pour les arti
cles fabriqués Outre-Manche ou chez eux.
Cependant, le cours de 120 francs pour la
livre sterling permettait encore de vivoter, de
se maintenir tant bien que mal, de lutter sur
le marché international - a armes inégales
moyennant des sacrifices souvent tièslourds
et en affrontant des risques anormaux pour
conserver le contact avec une clientèle tradi-
tionnelle. Les statistiques a eet égard ne disent
rien, puisqu'elles ne livient pas le secret des
pertes subies sur la valcur des exportations.
Or, depuis janvier, la livre sterling, accen-
tuant sa chute, s'est é'aulie aux environs de
uofrar.es. 3'ariêtera t elle a ce cours Une
baisse du dollar est encore possible, et l'on
peut prévoir que dans ce cas la livre suivrait...
Nous pourrions la voir en dessous de 100 fr.
Dès a présent, au cours de 110 francs, la
lutte n'est plus possible. L'accident morétaire
extérieur nous domine, nous écrase. L'indus
trie a bout de souffle ne peut attendre que
vienne le moment hypothétique cü les
lois économiques ayant pu jouer normalement,
le niveau des prix se soit quelque peu rétabli.
II n'y a de salut que dans la déflation. M. le
Ministre de l'Indusirie l'a d'ailleurs proclamé
a plusieurs reprises au Parlement, bon collè
gue du Travail et de la Prévoyance Sociale le
déclarait en ttrmes catégoriques a l'occasion
de l'interp?llation sur la question char-
bonnière.
Si le Gouvernement semble convaincu de
la récessité de la déflation, on a dans les
milieux industriels textiles l'imprcssion qu'il
n'est pas suffisumment pénétié du degré de gra
vité d'une situation qui commande impérieuse-
ment des solutions extrémement rapides et
efficaces.
En effet, le chömage augmente dans des
propoitions d'autant plus alarmantes que
nous nous trouvons a une époque oil, habi-
tuellement, se dissine une certaine reprise a
caractère saisonnier. Jamais la situation n'a
été aussi décevante dans les centres textiles
et notamm.nt a Gand, Courtrai el Renaix.
Ce qui se dit dans les assemblé's des greu-
pements patronaux textiles estsymp ömatique
de 1'état d'esprit des industriels et de leur
situation. On envisage séritusetnent l'arrét des
usines pendant une certaine période en signe de
détresse et de protestation. La raison de cttte
agitation se trouve dans le fait que depuis
trois mois on se rend compte que la lupture
d'équilibre produite par la devaluation pronon
cée de la livre est compléte, définitive, insur-
montable.
D'autre part, on constate en termes amers
que les déclarations goüvernementales les plus
solennelles ne sont suivies d'aucun acte e fficace.
Le Gouvernement proclame la nécessité de
la déflation, mais n'indique pas les voies et
moyens qu'il envisage pour sauver l'industrie,
pour éviter l'écroulement de la structure éco
nomique du pays.
Ce que les industriels apergoivent bien c'est
la charge énorme des impó'.s et des redevances so-
dales qui restent fixes en dépit d'une production
de plus en plus réduite et de la contraction con
tinue du chiffre d'affaires. Et ces impóts écra-
sants, on les augmente encore. Les taxes in
dustrielles sur moteurs, chaudières et per
sonntl occupé ne viennent elles pas d'ètre
augmentéf s de 60 p. c. en Flandre Oriëntale
A Alost, les additionnels communaux passent
de 60 a roo centimes. A Renaix, centre textile
particulièrement éprouvé, le budget passé de
9 a 16 millions, quatre millions ayant été vo
tés pour la construction d'une nouvelle école
Gare aux additionnels et aux taxes nou velles
qui seront mises a charge d'une industrie
txsangue Est ce la de la déflation
Et les salaires Ils sont fonction du coüt
de la vie. Celui ci est faussé par une politique
agricole égoïste, protectionniste a cent pour
cent. A Londres, le beui re coütait au l5 mars
liv. sterl. 3 li.o le cwt soit 7.66 frs le kgr. En
Belgique il se vendait aux environs de 20 frs
par la grace d'une protection douanière agré
mentée d'un contingentement supérieurement
organieé et complétée par une taxe de licence
de 8 francs environ. On vient même tout
récemment de contirgenter le saindoux. pro
duit de consommation essentiellement popu
laire.
S'imagine t-onenhaut lieu qu'il soit possible
de concilier une politique d'économie dirigée
p*ur l'agriculture et. le charbon, avec une
politique d'exportation Croit on que l'on
maintiendra impunément des prix ariificiels
pour des produits fondamentaux iels que les
denrées alimentaires et le charbon qui con
stituent en quelque sorte la matière première
d'une industrie essentiellement transforma
trice
L'industrie textile su nt d'ailleurs durement
les léactions provoquées a l'extérieur par la
politique aveuglement unilatérale du gouver
nement en matière agricole. Hier la Hollande
restreignit ié ieusement nos possibilités d'ex
portation pour toute la gamme des produits
textiles Aujourd'hui le Danemark ferme ses
portes a l'industrie de l'ameublement et du
tapis. Ainsi pour assurer un supplément de
protection a nos paysans dé a si protégés
on aboutit a jeter sur le pavé quelques cen-
taines d'ouvriers qui s'en vont grossir Ts
rangs des chömeurs a St-Nicolas Waes et
dans le Courtraisis...
Singulière fagon de ïéaliser la déflation,
n'est-il pas vrai
Aussi ne faut-il pas s'étonner si les indus
triels textiles rient au nez de ceux qui vien
nent leur parler de crise cyclique et de redres-
sement pour dtmain. Ils S' nt réalistes Ils
or t du reste sous les yeux, en permanence, le
meilleur, le p'us infaillible des baromètres
leur prix dc rcvier.t.
Ne sont ils pas fondés, eux qui tn sont arri
vés a prélever sur leur capital la part iécla-
mée par le fisc, a demander l'cffort de défla
tion indispensable, a exigcr que les réductions
massivts opé.ées depuis long temps dans leurs
er.treprises privécs soient appliquées dans la
même mesure aux budgets publics
Les Sociétés an on y mes textiles ont perdu plus
de t40 millions de francs en iq33, aio s que les
caisses du Boerenbond enregistrent une aug
mentation constante des dépots. L'industrie
textile ne demande pas encore le fé éfice de
mesures d'économie dirigée. Elle demande.
des armes pour se maintenir et se défendre sur
les voies du monde. Est ce trop
Elle demande que le Gouvernement résolve
immédiatement ce dilemne déflation ou infla
tion. L'êtalon-or n'est qu'un fétiche pour un pays
comme la Belgique s'il ne consent pas les durs
sacrifices nécessaires peur mériter d'y rester
fidele.
L'industrie textile beige réclime du Gouver
nement des mesures décisives qui combleront
l'écart provcqué par la chute persistante de la
livre sterling, monnaie en usage dans le mon
de entier, qui constitue le moyen a'échange
pour toutes les transactions commerciales.
Londres est, en effet, la plaque tournante du
commerce international. Notre franc n'est plus
adaptacette monnaie mondiale en tant que
moyen d'échange.
Cette situation qui s'impose brutalement a
nous doit être considéiée comme un véritable
problème de défense nationale mettant en jeu
le pain de nos travailleurs et tout l'avenir
économique du pays.
Eluder ce problème ou biaiser au moyen
d'artifices, de palliatifs, d'économies de sur
face, serait trahir le pays.
Roger DE STAERCKE,
Directeur de 1'Association des Groupements
Textiles de Belgique.