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La Ligne de Chemin de Fer
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La reconstruction des Halles d'Ypres
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Nous lisons dans La Libre Belgique du Jeudi
19 Aoüt
LES PROMESSES DU
MINISTRE DES TRANSPORTS.
Depuis longtemps, on se plaint de la défectuo-
s té des communications par fer entre Roulers et
Ypres. A de multiples reprises, des démarches ont
ete faites auprés de l'administration supérieure
des chemins de fer et auprés du ministre des
Transports afin que remède füt porté a l'état de
choses actuel. Le croirait-on Mais c'est depuis
décembre 1936 que M. M. H. Jaspar, ministre des
Transports, promet d'examiner la question. Re-
lancé plusieurs fois par les parlementaires yprois,
dans des interpellations et la discussion du bud
get comme dans des lettres personnelles, le Mi
nistre a toujours trouvé un prétexte pour éluder
la question et s'est borné, chaque fois, a de vagues
promesses.
Tout récemment encore, les óéputés Allewaert
et Missiaen ont insisté auprés du Ministre pour
qu'il intervint enfin. M. M. H. Jaspar leur a ré-
pondu qu'il... partait en vacances et leur a pro-
mis une fois de plus de s'occuper de cette
harassante affaire quand il serait bien reposé.
Plaignons le pauvre Ministre d'etre affairé au
point de ne pouvoir s'occuper de la ligne Ypres-
Roulers.
Plaignons-le aussi s'il est vrai, comme on le
prétend parmi les intéressés, qu'il se laisse rou-
ler par l'un de ses attachés de cabinet qui s'ob-
stine, dit-on. a renvoyer cette affaire aux calen-
des grecques. Est-ce done que le Ministre règne
et ne gouverne pas
i
Nous avons regu la lettre suivante
Monsieur le Rédacteur de la Région d'Ypres,
A mon passage a Londres avec un groupe de
membres d'une association touristique, mon at
tention fut attirée par une énorme construction,
un hötel qui comprendra environ 2000 chambres
et qui se trouve a quelques pas de la gare de
St Pancras.
Bien que cette construction fut a peu prés
achevée, on y extrayait encore de la profondeur
des caves une terre argileuse bleuatre dans le
genre de celle que l'on trouve dans le sous-sol
d'Ypres.
J'en fis la remarque a un ingénieur de notre
groupe qui me confirma que le sous-sol de Lon
dres est de la même nature que celui d'Ypres et
qu'il comporte les mêmes particularités. II est en
somme la continuation de la couche dite Argile
Yprésienne.
Aussitót l'histoire des déboires rencontrés a
la crête de Hollebeke avec la même argile me
vint a l'espritAlors qu'a Londres des masto-
dontes pesant Dieu sait combien de milliers de
tonnes sont élevés sur cette argile, ici la tech
nique moderne se permettrait encore d'hésiter a
y refaire un pauvre petit canal. Est-ce vraiment
possible
Outre les travaux de terrassement dans eet
hótel nous avons pu revoir cette argile dans une
rue du centre oil l'on faisait des réfections a un
égout.
Je me suis permis. Monsieur le Rédacteur, de
vous adresser ces quelques lignes pour qu'elles
puissent rejoindre le volumineux dossier que
comporte la polémique engagée pour l'achève-
ment tant attendu du canal Ypres-Comines
Un ami du Canal.
Note d. 1. R. Est-il besoin de dire que la
rédaction de la Région d'Ypres est tout a fait
d'accord avec son honorable correspondant.
Le dernier bulletin du Touring Club de Bel
gique consacre a la reconstruction des Halles
d'Ypres un intéressant article, que nous repro-
du isons ci-après
Nous voudrions voir réunies en un faisceau lit
téraire toutes les pages laudatives consacrées par
les écrivains les plus divers a ce monument uni
que au monde.
De ce concert d'admiration, nous ne citerons ici
que ce qu'a dit Michelet, dans les pages admira-
bles de son Histoire de France oü il a mis toute
son ame. Parlant d'Ypres, la Pompéi de la Flan-
dre il dit que, devant cette prodigieuse Halle,
cette cathédrale du travail, tout bon travailleur
doit öter son chapeau
Cette désignation est une des plus flatteuses qui
aient été décernées au colosse yprois dans toute
la littérature moderne. C'est ce caractère mon
dial du monument, cette entité qui en fait, en
quelque sorte, le palais du travail, qui a pro-
bablement fait dire a l'artiste Broerman, lors du
Congrès de l'Art public, tenant une de ses assises
a Ypres, en 1910, que ce monument appartient a
l'humanité entière».
Après plus de sept siècles, on voit se renouveler
a Ypres l'impressionnante scène de la construc
tion des Halles, que l'artiste Ferdinand Pauwels
avait si magistralement traitée dans l'une de ses
fresques qui décoraient, ainsi que celles de Louis
Delbeke, les deux immenses salles de l'étage.
Malgré les lenteurs administratives et la divi
sion des travaux en diverses entreprises, le ma-
jestueux beffroi a déja pu être inauguré par le
roi et l'aile sud-ouest sera bientót terminée avec
sa colossale toiture de jadis, percée de cinq fe-
nêtres et couronnée d'une crête des plus élégantes.
Au cours de cette reconstruction, les passants
sont restés émerveillés, non sans raison, devant
ces poutres gigantesques de chêne, pesant cha-
cune plus de deux mille kilos, se demandant si
ce sont bien nos forêts beiges qui ont pu les pro-
duire. Certainement, elles proviennent du do-
maine de Beloeil, appartenant au prince de Ligne,
et il est permis de croire que ces superbes chênes
ne durent leur conservation, pendant la guerre,
qu'a ce fait qu'une princesse de Ligne avait
époqsé un due d'Arenberg.
Jamais on ne pourra reconstruire les Halles
d'Ypres, nous affirmart, pendant la guerre, un
architecte parisien, car il est douteux que, mê
me au Japon, on retrouve encore des chênes
aussi puissants que ceux qui arrivèrent de Nor-
vège, il y a sept siècles, après avoir flotté pendant
des mois sur la mer.
Les travaux de reconstruction de cette gigan-
tesque toiture que des auteurs ont comparée,
tantöt a la carcasse d'un squale antédiluvien,
tantót a la carène renversée d'un navire, ces
travaux, disons-nous, font honneur aux entre
preneurs yprois, MM. Mahieu frères.
Quand au rez-de-chaussée, les élégantes voütes
en magonnerie, supportées sur colonnes, seront
terminées, et que le pavement de la salie de
l'étage aura été établi, nous ne voyons nulle-
ment la nécessité de passer aussitót a l'exécution
des fresques devant rgmplacer l'ceuvre de Del
beke, ainsi qu'on se le propose de faire en haut
lieu, dit-on.
Ce qui importe, avant qu'il soit question de la
partie décorative, c'est que l'aile droite soit d'a-
bord entamée et que les plans de M. Jules Coo-
mans, l'éminent architecte-reconstructeur. regoi-
vent leur complet achèvement.
On ne pourrait traiter 'que d'excentriques ceux
qui voudraient laisser subsister l'aile Est en rui
nes, sous le prétexte inadmissible de permettre
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de voir a distance le chceur de l'église Saint-
Martin ou d'ofïrir a l'étranger le spectacle des
destructions allemandes.
Ce serait, d'une part, sacrifier un monument
civil du moyen age absolument unique en faveur
d'un édifice religieux, certainement fort beau,
mais dépassé en importance par maintes cathé-
drales et, d'autre part, pour laisser subsister
un vestige bien incomplet de la guerre, faire
ressembler ce monument au corps d'un manchot
dont le beffroi serait le tronc et l'aile terminée
un Bras.
Ce monument unique au monde par la sim-
plicité de son plan et la pureté de ses lignes,
qui en fait le chef-d'oeuvre de l'architecture ci
vile du moyen age, ne peut rester inachevé et
doit envers et contre tous, renaïtre de ses cendres
et réapparaitre, en un temps rappróché, dans sa
noble majesté d'autrefpis.
Entrepot général des draps d'Ypres, renom-
més en tous pays de chrétienneté et même par
dela les mers l'immense caravansérail du XIIT
siècle connut jadis le mouvement enfiévré des
affaires. .Les multiples exigences de la draperie
nécessitaient de nombreux locaux séparés, et les
keuresmentionnent même souvent des ate
liers dans la halle.
La Halle aux Draps était le siège. ou mieux
le palais de la grande draperie d'YpresOn
y trouvait réunis aux ateliers pour les tisserands,
les foulons et les teinturiers, ceux des draps
teints et des draps non teints, l'entrepót des
laines, le local oü. après vérification, des
preud'hommes plombaient les draps reconnus
loyaux Les larges hottes des cheminées qui
s'alignaient autrefois au rez-de-chaussée, n'ont
vraisemblablement pas servi au chauffage, mais
plutót a un usage industriel, trés probablement
la teinturerie. Enfin, dans les vastes salles des
Halles se tenaient les grandes foires privilégiées
d'Ypres, si renommées au moyen age.
La halle aux draps. le beffroi et la maison de
la ville (stedehuus), trois monuments qui n'en
formaient qu'un seul, composaient la trinité
monumentale dénommée les Halles d'Ypres
Le beffroi était le donjon et le stedehuus
la maison de la commune. Dans le belefroy
surmonté de son dragon symbolique, se trou
vait, au premier étage, la trésorerie oü l'on gar-
dait les chartes. l'argenterie et tous les trésors
de la ville le deuxième étage servait d'arsenal
au troisième étaient la cambre des clocken et
la maisonsolidement blindée des guetteurs
ou sonneurs. Enfin, sous les ailes du dragon, pro
tégé en quelque sorte par des aigles de cuivre
doré, formant couronnement du belefroyse
trouvaient les cloches communales la cloche
bande et privilégiée, la cloche annongant le
lever et le coucher du soleil, la cloche sonnant
les heures du travail et la cloche de retraite ou
du couvre-feu.
La maison de la ville se composait de nom
breux bureaux groupés autour de la cambre
des échevins Déja avant la fin du XIII" siècle,
les seigneurs de la loiy avaient leur siège.
C'est la que se passait toute la vie communale
ces seigneurs y rendaient la justice et adminis-
traient la communautéet ils y donnaient
aussi des fêtes et des diners quand ils recevaient
de nobles étrangers, des prélats, des dues, des
princes, des rois et les comtes de Flandre le jóut'
de leur joyeuse entrée.
Un tel monument, d'une importance architec
turale universellement reconnue, évocateur de
l'époque la plus glorieuse de l'histoire de la
Flandre, pourrait-il rester inachevé sous de fal-
lacieux prétextes C'est impossible.
Edm. Liégeois.
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