LA RÉGION D'YPRES HET YPERSCHE Bijvoegsel Supplément .laargang, N' 39. 15 JANUARI 1921 Année, 39. 15 JANVIER 1921 AUX Abonnés de l'Etranger Toas les abonnements finissaient au 31 décembre dernier; nous prions done tous nos fidèles lecteurs de France, d'Angleterre et ailleurs de nous envoyer le montant de l'abonnement pour t'année 1921 en an mandat-poste international payable a l'éditeur, C. DUM0RT1ER, 21, rue d'Ypres a Poperinghe. Fédération des Sinistrés de l'Arrondissement d'Ypres Reunion fflensueile du Dimanche 9 janvier 1921 La séance s'ouvre a 2 h., dans la salie Synaeve, aYpres. Au bureau MM. Butaye, président, Geu ten, vice-président, H. Vermeulen, secrétaire. MM. les représentants Colaert, Glorie et Vandromme et M. Esquelin, commissaire principal, ont tenu a assister a la réunion et prennent part aux discussions. Le Président informe l'assemblée que le gouver nement, en matière de reconstruction par l'État, loin de renoncer a Tart. 2bis, qui a soulevé déja tant de protestations, cherche au contraire a éten- dre de plus en plus la responsabilité du sinistré qui a été assez naif que de lui confier la reconstruc tion de sa ferme ou de sa maison. Ce sont les ar- chitectesofficielsqui font l'estimation de l'immeuble détruit, établissent le plan de la construction nou velle et le soumettent (ou ne le soumettent pas) a la signature, du propriétaire,—après quoi la construc tion s'érige. Or, si la reconstruction nouvelle est plus coüteuse que l'ancienne et c'est le cas 100 fois sur 100 c'est, d'après l'État, le sinistré qui est de mauvaise ioi (pas l'architecte, oh non et qui paiera a l'État la somme formant la différence. Ce sera pour la plupart d'entre eux la ruine. II faudrait cependant que l'État comprenne que, 99 fois sur cent, l'inté- ressé ne comprend rien aux écritures et aux plans qu'on lui envoie a signer sans lui fournir aucune explication verbale, et qu'il appose sa signature sur le plan en raison de la confiance qu'il a naturel- lement en les agents spécialement imposés par le gouvernement pour ce service délicat. II n'avait qu'a ne pas avoir confiance... Mais trés souvent les plans n'ont pas même été soumis au sinistré, et laconstruction nouvelle s'élève sans qu'on l'ait consulté en quoique ce soit. Ceci est plus grave encore, car Certainssinistrés(dit la circulaireofficïelle laissent aux bureaux des Hauts Commissaires Royaux ou des Gouverneurs le soin d'établir les plans des immeubles a reconstruire sans même vouloir les vérifier au point de vue de l'équi- valence. Si ces plans étaient reconnus plus tard représenter des immeubles plus beaux ou plus importants que ceux qui ont été détruits, les sinis- trés propriétaires pourraient arguer de leur bonne foi en déclarant qu'ils ont laissé agir en pleine confiance les services de l'État. Cette fagon de dégager leur responsabilité ne peut plus être admise. Ceci dépasse toutes les limites, dit le président. C est la ruine sans phrase de tous ceux pour les- quels l'État a fait de nouveaux immeubles. On veut leur endosser la responsabilité des extrava gances des architectes de Bruxelles. C'est un pro cédé déloyal. La leqon a en tirer c'est qu'il est grand temps pour tous les intéressés d'aller retirer les con- hats qu'ils ont consentis avec l'État. Af. Glorie s'élève avec véhémence contre cette nouvelle prétention de l'État. II n'a jamais été Partisan de la reconstruction par l'État, mais il faut enir la main a ce que celui-ci s'exécute avec loy- auté. Des folies ont été commises par l'État, des sommes folies ont été gaspillées par lui, mais nous faitP°UVOnS ac*mettre Gu'il revienne sur ce qui a été 1et que ce soient les sinistrés qui en patissent. Plusieurs membres de l'assemblée prennent la parole dans Ie même sens et citentdes cas typiques. Les Représentants s'engagent a intervenir en haut lieu pour rnettre fin a ce scandale et faire retirer ces instructions. M. Esquelin pense que cela ne se reproduira plus, et qu a l'avenir l'État ne recommencera plus de nouveaux travaux sans que le Tribunal n'ait au préalable fixe, comme base, la valeur 1914 des immeubles a restaurer. L ordre du jour est interrompu pour permettre a M. Hallaert, président du club d'Ypres, de présen ter au Tribunal des donnnages de guerre, repré- senté par M. Esquelin, ses souhaits de bienve- nue dans la ville d'Ypres. Le Tribunal, en s'instal- lant ainsi au centre.de l'arrondissement, rend un immense service a tous les justiciables, et ceux-ci lui en sont reconnaissants. Les remerefments vont a tous ceux qui fonfepartie du Tribunal, depuis le plus haut en grade jüfqu'a Ia plus modeste dactylo.» Le petit discours de M. Hallaert que nous regrettons de n'avoir pu transcrire au vol, est chaudement applaudi par l'assemblée. M. Colaert y ajoute quelques mots également, et M. Esquelin remercie a son tour en son nom et au notn de tout son per sonnel. Celui-ci ne demande qu'une chose et ne recherche qu'un but en finir au plus vite avec le règlement des dommages. Des appaudissements accueillent sa réponse. Un échange de vues se fait ensuite parmi les as sistants au sujet de la date plus ou moins approxi mative a laquelle le Tribunal de lre instance a son tour pourra venir se rapprocher de ses justiciables. On travaille a la Prison d'Ypres, et on pourrait assez rapidement y aménager les quelques cellules destinées a recevoir les détenus préventifs qui sont actuellement logés dans la pseudo-prison de Watou. Les délégués de touted les communes représentées de l'arrondissement aspirent après le moment oü les habitants n'auront plus a faire l'énorme voyage a Poperinghe chaque fois qu'ils auront a faire au Tribunal, au Greffe etaux Hypothèques. Messieurs les représentants, a nouveau, interviendront pour faire passer au plus tot le projet de loi déposé par M. le Ministre de la Justice tendant a transférer a Ypres le siège du Tribunal de lre instance et des Justice de Paix. Un arrêté-royal pourrait ultérieure- ment fixer Ia date de ce retour dès que les locaux seront prêts au chef-lieu. On revient ensuite a l'ordre du jour M. le Président Butaye rend compte de la sé ance des délégués de Ia Fédération Nationale des Sinistrés qui se sont réunis a Bruxelles le 12 dé cembre dernier. Ils ont demandé une audience au ministre, M. Vande Vyvere, en lui soumettant la liste des questions sur lesquelles ils désireraient avoir réponse. Cette audience aura lieu sous peu. M. Glorie, qui a accepté d'être l'un des Représen tants qui accompagneraient la députation, promet de faire en sorte que la date de cette audience ministérielle soit fixée sans retard. Puis M. le Président explique a l'assemblée en quoi consisterait une proposition d'indemnité for faitaire qui a vu jour a cette réunion de Bruxelles: Aujourd'hui, le sinistré est obligé de rem- ployer, a des prix forts, au moyen du coefficient qu'il reqoit, des meubles dont trés souvent il n'a pas un besoin immédiat. Pour parer a eet incon- vénient, il se contente de demander des allocations provisionnelles qui ont l'inconvénient de laisser en suspens l'établissement de son compte définitif et de doubler la besogne du Tribunal et du Greffe. Aujourd'hui la moitié au moins des jugements se bornent a rendre des décisions provisoires, ce qui retarde encore regrettablement la marche déja si lente des Tribunaux. Le controle des remplois a son tour prend le temps précieux des Commissai res de l'État, nécessite des fonctionnaires supplé- mentaires, et occasionnedesformalitésennuyeuses. Pour parqr a ces inconvénients et activer Ie prononcé de jugements définitifs, on proposerait au gouvernement de permettre aux sinistrés, qui le demanderaient, de recevoir de suite, a titre de remploi, le double de la valeur de 1914, sauf par eux a réemployer au fur et a mesure des besoins et des occasions favorables, et ils n'auraient plus a justifier du remploi. Bien entendu, ce ne se- rait applicable qu'en ce qui concerne le mobilier sujet a remploi et chaque sinistré resterait libre, de s'en tenir, s'il le préfère, au système actuel des allocations provisionnelles avec remploi dans un délai restreint. Au point de vue du sinistré qui choisirait l'in- demriité forfaitaire du double il y aurait les avantages suivants voir terminer en une fois et pour du bon son compte, acheter au moment fa vorable, n'avoir plus d'inquiétudes, et échapper aux formalités du cqntröle des remplois. Au point de vue du Trésor, l'avantage serait immense aussi. II ne serait plus obligé de payer, en argent comptant, immédiatement, des centaines de millions que les sinistrés seraient tenus de dé- penser au plus tot a l'achat de meubles aux hauts prix d'aujourd'hui. A payer le double, au lieu du triple et plus, il ferait une économie qui se chif- frerait par centaines de millions annuellement. Tout le système des Tribunaux fonctionnant plus rapidement, il verrait arriver beaucoup plus vite le licenciement de toute une coüteuse armée de fonc tionnaires. II coopérerait enfin a ne pas maintenir la cherté excessjve des meubles. On peut objecter que des sinistrés abuseraient en ne reinployant pas. Mais ce cas serait moins commun qu'on ne le pense a première vue, car les sinistrés au moins chez nous ne savent pas faire autrement que réemployer, puisqu'ils n'ont plus rien. Puis recevoir le double de la valeur de 1914, ce n'est pas même voir indemniser complète- ment, puisque les objets perdus par nous ont en moyenne plus que triplé de valeur. Les fonds non réemployés, en attendant le jour du réemploi, con stituent en réalité un prêt fait a l'État. Ce système enfin ne nécessiterait aucune in tervention du Parlement, et pourrait être introduit ne füt-ce que pour les pays.dévastés, et même en le limitant a des catégories de sinistrés par une simple circulaire ministérielle. Tel est dans ses grandes lignes une idéé que la Fédëration Nationale demande a tous les clubs de sinistrés de vouloir examiner et d'envoyer leur avis, afin que la question puisse être approfondie Aussitót une intéressante discussion surgit. M.M. Glorie, Geuten, Van Alleynnes qt Desimpel combattent l'idée de ce système d'indemnité forfai taire du double. Ils craignent que c'est ouvrir la porte a une mise en discussion nouvelle du droit des sinistrés, ce qu'il faut h tout prix éviter. Con- trairement a l'avis du Président, ils ne pensent pas en effet que les lois actuelles permettent ['ap plication de pareils forfaits. Cette objection est trés sérieuse et mérite un examen approfondi. II est entendü que les délégués locaux soumettront la proposition a leurs clubs respectifs et feront part des impressions recueillies a la prochaine réunion mensuelle de février. 'D'un autre cöté, certains membres examineront la ques tion de la légalité du système. Dans l'intervalle, il est a espérer que nous connaïtront mieux qu'au- jourd'hui les dispositions du nouveau ministère. La question est done retenue a l'étude, et on en reparlera a la prochaine réunion. La question suivante a l'ordre du jour est celle des murs mitoyens, que le Club d'Ypres désire voir discuter. A ce propos, le Président engage tous les clubs a faire davantage usage du droit qu'ils ont de lui faire rnettre a l'ordre du jour toute question qui les intéresse. II suffit pour cela de l'en prévenir en temps. M. Hallaert, président du Club d'Ypres, expose la question. Elle est de nature trés pratique, se pose journellement, et semble réclamer l'avis 'des juristes de la Fédération. Un sinistré qui désire rebatir peut-il faire usage, purement et simplement, des fondations d'un mur de séparation mitoyen en

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersche (1925-1929) | 1921 | | pagina 3