PEERDENMARKT "èaate toiture, elle a pris quelque chose d'un u vénitien qui étonne, avec ses longues facades percées de files ininterrompues d'ogi- ves fleurons; dans son désarroi sans recours, elle est singulière et charmante. Les tourelles symélriques, sveltes comme des minarets, posées aux angles extremes des murailles, ont échappé jusqu'ici a la stupidité des bombes et se dressent, encore plus hardies, depuis que les charpentes des toitures pointues ne les 'suivent plus dans l'air. Mais le beffroi cen tral, celui qui depuis le moyen age surveillait jesplaines, odieusement décapité aujourd'hui, crevé, fendu de haut en bas, résiste a peine encore quelques obus, et il s'abattra d'une ■seule masse a l'un de ses fiancs, trés haut, reste accroché le monumental cadran d'une i horloge détruite, dont l'aiguille dorée s'obsti- ne a marquer 4 heures 25, sans doute f .J'heure tragique oü ce géant des beffrois de .Flandre requt le coup de mort. Autour de la Grand'Place d'Ypres, oü ces splendeurs du passé nous avaient été si long- temps conservées intactes, plusieurs maisons, pour la plupait d'ancienne architecture fia- mande, ont été de même éventrées, sans hitilité comme sans excuse, et montrent a présent leurs entrailLs par de grands trous j bcants. Mais cela, les barbares ne l'ont pas faitexprès r.on, tout simplement elles étairnt jrtrop rapprqchées, ces maisons la, trop voisi- i .nes des points visés par eux la cathédrale et le vieux palais. On sait que partout, ici com- me a Louvain, a Arras, a Soissons, a Reims, i c'est sur les monuments qu'ils tirent avec le f plus de joie, c'est toujours et toujours sur ce qui est beauté, art ou souvenirs. Done, en dehors de sa place historique, la ville d' Ypres I n'a p«is énormément souffert. ...Ah si pour- i tantJ'oubliais l'höpital, la-bas, qui égale- inent a servi de cible d'ailleurs on connait aussi les préférences allemandes pour bombar der les asiles de blessés ou de malades, am bulances, postes de secours et voitures a creix rouge... Avoir commis ces destructions, avoir trans- formé en un champ de décombres cette tran- quille Belgique, qui était surtout un incompa rable musée, c'est un crime ignoble et bas, -chacun en tombe d'accord mais c'est en outre un chef d'oeuvre de la plus balourde sottise, de Cctte sottise que Schopenhauer luimême ne put se tenir de célébrer, pendant l'accès de franchise de ses derniers moments (1). Car enfin cela revient a signer et a para- pher sa propre ignominie, pour l'édification des neutres et des générations a venir. Les torturés, les pendus, les femmes et les enfanls fusillés ou mutilés, achèveront bientót de pourrir dans leurs pauvres fosses anonymes, et alors le monde ne s'en souviendra plus. Mais ces ruines par terre, ces innombrables ruines de musées Ou d'églises, quelles pièces a conviction accablantes, ft qui vont durer Après avoir fait tout cela, le nier est peut- être plus béte encore, le nier contre l'évidence même. avec un aplomb qui nous stupéfie, nous autres Franqais, ou bien essayer d'in- venter des prétextes, dont la niaiserie enfan- tine nous fait hausser les épaules «Peuple né pour le mensonge avait dit l'écrivain latin oui, et peuple qui ne dépouillera jamais ses tares originelles peuple qui a bien osé aussi, contre les plus irréfutables pièces ecrites, nier la préméditation de ses crimes et la traitrise de son attaque. Que d'absurde naïveté dans l'imposture, et quels sont les pauvres d'esprit qu'il s'imaginait tromper Sur les ruines désolées d'Ypres, la lumière haisse toujours, mais avec une telle lenteur aujourd'hui. C'est qu'on y voyait a peine plus clair a midi, par cette terne journée de mars '1 y a seulement a cette heure nn peu plus d imprécision et de tristesse sur les lointains, (1) En prévision de ma mort, je fais cette confession, je méprise la nation allemande, a cause de sa bêtise inhnie, et que je rougls de lui appartenir (Schopenhauer) et c'est ce qui donne a entendre que la nuit va venir. Us regardent instinctivement ces ruines, les milliers de soldats qui font alentour leur mé- lancolique promenade du soir mais en géné- ral ils s'en Jfiennent a distance, les laissant a leur isolement superbe. Cependant voici trois d'entre eux, des Franqais (des nouveau-venus probablement) qui s'approchent avec hésita- tion, puis s'avancent sous les arceaux de la cathédrale pantelante, l'air recueilli comme pour une visite a des tombes. Après qu'ils ont d'abord contemplé sans paroles, l'un d'eux soudain profère on devine a l'adresse de qui 1 cette injure qui est sans doute ce qu'il connait de plus insultant dans la langue de France, mot jmprévu pour moi, qui com mence par me faire sourire et qui, la minute suivante, m'apparait au contraire comme une trouvaille Oh les voyous II y man que ici l'intonation, que je suis impuissant a rendre, mais en vérité Ce compliment, ainsi prononcé, me semble quelque chose de nou veau, pour ajouter a tant d'autres épithètes pour Allemar.ds, toujours au-dessous de la note et d'ailleurs trop ressassées. Et il répète encore, le petit soldat indigné, en frappant du pied avec colère Oh les voyous Les voyous de voyous La nuit est enfin prés de tomber, la vraie nuit qui fera cesser ici toute apparence de vie. La foule des soldats peu a peu se retire, par des rues déja sombres que bien entendu l'on n'éclairera pas au loin, des s onneries de clairon les appellent a la soupe, dans des maisons ou dans des baraquements oü ils se coucheront sans sécurité, certains d'être ré- veillés d'un moment a 1'autre par les obus ou par les marmites au fracas d'orage. Pau vres braves enfants de France, roulés dans leurs manteaux bleuatres, impossible de pré- voir a quelle heure la mort leur sera lancée, de loin, a l'aveuglette, a travers l'obscurité brumeuse car la plus aimable fantaisie préside a ce bombardement tantöt c'est une pluie de feu qui n'en finit plus, tantót ce n'est qu'un obus isolé qui vient tuer comme par hasard. Et, en attendant la suite du grand dtame, ies ruines s'enveloppent de silence. Ca et la une petite lumière craintive s'allume, dans quelque maison encore habitée oü les vitres ont du papier collé pour maintenir les éclats des prochaines brisures, oü les soupi- raux des caves de refuge sont protégés par des sacs en terre le croirait on, des gens têtus, ou bien des gens trop pauvres, ou trop vieux, sont restés a Ypres, et d'autres même com- mencent a y revenir, avec une sorte de fata- iiste résignation. La cathédrale, le grand beffroi ne dessinent plus sur le ciel que leurs silhouettes, qui ont l'air d'avoir été figées dans des gestes a bras cassé, A mesure que la nuit vous enferme da- vantage sous l'épaisseur de ses nuages, on se rappelle mieux les ambiances funêbres au milieu dmquelles Ypres est maintenant per due, les profondes plaines dépeuplées et bien tót toutes noires, les chemins défoncés par ou l'on ne saurait fuir, les champs noyés ou feutrés de neige, les réseaux de tranchées oü nos soldats, hélas ont froid et souffrent, et si prés, a une portée de canon a peine, ces autres trous, plus féroces et plus sordides, oü vciiient ica iudéracinables sauvages, toujours prcts a bondir en masses cómpactes, avec des erts de f eau- Rouge, ou a ramper sournoise- ment poui verser du liquide enflammé sur les notres... ivlais, comme ilss'allongent, les crépuscules, depuis queiques jours Sans regarder l'heure, on devine qu'il est tard, et, d'y voir encore, cela apporte malgré tout un vague présage d'avrilon a le sentiment que le cauchemar de l'hiver touche a sa fin, que le soleil repa- raitra, le soleil de la délivrance, que des sou- fles plus doux vont, comme si de rien n'était, ramener des fleurs, des chants d'oiseaux, sur tant de désolations, sur tant de milliers de jeunes tombes. Et, autre indice de printemps, sur la place maintenant déserte, trois ou quatre petites filles se précipitent comme des folies, des toutes petites qui peuvent bien avoir six ans au plus évadées en courant d'une cave a dormir, elles se prennent par la main pour essayer de danser une ronde, com me un soir de mai, sur une vieille chanson de Flandre. Mais une autre, une grandette d'une dizaine d'années, vient les faire taire d'auto- rité, les grondant comme d'une inconvenance, et les chasse vers les souterrains au fond des- quels, après avoir dit une prière, d'humbles mamans vont les coucher. Indicible tristesse de cette ronde enfantine, qui s'était ébauchée la, solitaire, a la tombée d'une froide nuit de mars, sur une place que domine le fantóme d'un beffroi, dans une ville martyre, au milieu de lugubres* campagnes inondées, remplies de noir, d'embüches et de deuilPierre LOTI. STAD YPER JAARLIJK5CHE ENT JE* RUSK A.TÜX JST Op St Jansdag Donderdag 2i Juni 1926 ten 10 uur voormiddag, gegeven door de STAD YPER Prijskampen voor zware trekpeerden I. Prijskamp voor Ruinpeerden AVan drie jaar en daarbo ven le Prijs Gulden Eeremetaal en 30 Frank 2e id Zilveren id 25 id 3e id id id 20 id II. Prijskamp voor Merriepeerden A. Van drie jaar en daarboven le Prijs Gulden Eeremetaal en 40 Frank le Prijs Gulden Eeremetaal en 30 Frank 2° id Zilveren id 20 id 3e id id id 15 id 4e id id id 10 id C. Van achttien maanden le Prijs Gulden Eeremetaal en SO Frank 2e id Zilveren id 20 id 3e id id id 15 id 4e id id id 10 id D. Zuigers Merriën 1" Prijs Gulden Eeremetaal en 25 Frank 2e id Zilveren id 20 id 3e id id id 15 id 4e id id id 10 id De Peerdenmarkt zal om 8 uur beginnen. Alleen de te koop gestelde dieren kunnen aan den Prijskamp deelnemen. Inschrijving bij den heer Camiel Despeghet, Elverdinghe- straat, van 8 uur tot 10 uur. DE COMMISSIE. 4' id id id 15 id 5e id id id 10 id B. Van dertig maanden 1' Prijs Gulden Eerenvetaal en 30 Frank 2e id Zilveren id 25 id 3e id id id 15 id 4' id id id 10 id 5e id id id 10 id C. Van achttien maanden lc Prijs Gulden Eeremetaal en 30 Frank 2" id Zilveren id 25 id 3e id id id 15 id 4' id id id 10 id 5 id id id 10 id D. Zuigers Hengsten le Prijs Gulden Eeremetaal en 25 Frank 2° id Zilveren id 20 id 3' id id id 15 id 2e id Zilveren id 30 id 3' id id id 20 id 4' id id id 15 id 5e id id id 10 id 6e id id id 10 id B. Van dertig maanden

HISTORISCHE KRANTEN

Het Ypersche (1925-1929) | 1926 | | pagina 5