~t abouti dans la création d'un commandant-
°nchef Déja en 1914, nous trouvons le Gé-
enpij poch, désigné par le Général Joffre,
l'e r le représenter et coordonner les opéra-
P c Hps forces alliées. Leurs unités, arrivées
tions neö
brigades, en bataillons, sont jetees dans la
bataille, la oü le danger de rupture se dessine
le plus nettement grace a cette communauté
d'effort, on triomphe.
Pour la troisième bataille d'Ypres, en juillet
1917 nous trouvons lfc armée Frangaise,
coinmandée par le Général Anthoine, placée
sous les ordres du Maréchal Haig e'est la
deuxième étape vers l'unité du commande
ment.
En 1918, le commandement unique est un
fait accompli la coordination d'efforts
s'étend sur tout le front occidental pour toutes
les opérations, soit offensives, soit défensives.
Mais, si les besoins du moment ont fait
coopérer a la défense d'Ypres les armées
belgeset frangaises, c'était toujours a l'armée
britannique d'y jouer le róle prépondérant.
Nos deux cents cimetières, situés dans le
voisinage, en sont les témoins, fiers et silen-
cieux. Ypres signifiera a toujours pour l'armée
anglaise ce que signifie Verdun pour l'armée
frangaise.
Dans le cours de cette lutte héroïque est
néel'amitié intimement liée entre nos soldats
et vos habitan's. La violence continue de
l'épreüve, supportée en commun par vous et
par nous, n'a fait qu'approfondir ces senti
ments et s'est étendue au point qu'il n'existe
chez nous guère de familie qui n'ait fourni un
ou plusieurs combattants dans ce sccteur du
front.
Je me rappelle qu'au mois de mai 1918, la
pression ennemie a amené certaines rectifica
tions volontaires de la ligne aux endroits oü le
front n'avait pas été sérieusement atteint. Le
terrain gagné en 1917, vers Passchendaele,
est évacué. On propose mème de reporter la
ligne de défense a l'Ouest d'Ypres. Cette idéé
est écartée, paree que la cession de cette ville
'aurait soulevé au sein de toute la nation an
glaise une telle émotion, que la perte morale
aurait contrebalancé tout avantage d'ordre
tactique qu'aurait pu donner un repli. La dé
fense d'Fpres par les armées alliées continua,
l'offensive ennemie fut enrayée, arrétée et
trois mois plus tard on vit commencer l'offen
sive alliée qui ne s'arrêta qu'aux bords du
Rhin.
Que vous a valu cette défense, a vous, dont
nous lisons les noms sur ce monument Elle
vous a valu la pluie constante des obus enne-
mis pendant quatre longues années, quatre
ans de ruines, de misères, et finalement la
mort. Incapables pour la plupart de porter les
armes, vous avez dü soufirir en silence, sous
l'injustice monstrueuse qui déchaina ce fléau
sur vos foyers et sur vos families. Vous avez
quand même tenu ferme et jusqu'au bout,
selon les mots laconiques employés par le
Maréchal Foch en igi5 Pas de reeul, pas
derelève on fait ce qu'on peut Votre con
duite a évoqué l'admiration de tous les peu-
pits. Vous avez fait inscrire le nom d'Ypres
en lettres d'or a une des pages les plus glo-
tieuses de l'histo ire del'Empire britannique
v°us avez couronné votre cité d'une auréole
°u lexemple fourni par chacun de vous brille
c°mme une étoile.
Au nom du Gouvernement de Sa Majesté,
et des peuples de l'Empire britannique, je
fends hommage a votre mémoire, et je salue
;otre femeuse ville d'Ypres, Ypres martyrisée,
Pres saignant de mille blessures, Ypres
®oite, et ressuscitée
Discours du Général MANGEOT
Gouverneur de Dunkerque
Au nom du Gouvernement frangais je m'in-
tespectueusement devant tous les héros
Ific ^6S' Frangais qui par le sacri-
06 'eur vie tombèrent dans ce secteur
°nr la défense du sol sacré de la Patrie beige.
I ar 1 héroïsme de ses enfants, par le
stoïcisme dont elle fit preuvesous les bombar-
dements qui anéantirent l'oeuvre magnifique de
tant de siècles, Ypres restera dans l'histoire
sceur des ei*.és martyres sur lesquelles
s'acharna la fureur des barbares.
Quand nos enfants reliront l'histoire de ce
gigantesque duel, ou plus que des peuples
s'affrontèrent, des civilisations diftérentes, ils
placeront la victoire de l'Yser et d'Ypres de
1914 au rang de celle de la Marne. Car si la
bataille de la Marne arrêta net l'invasion
allemande et commenga a en faire refiuer les
vagues vers le nord, les victoires de l'Yser et
d'Ypres mirent le sceau a cette victoire en
fermant la dernière porte par oü ce flot pou-
vait encore se répandre dans nos plantureu-
ses campagnes.
La victoire que nous venons de rempor-
ter, disait alors le Général Foch, est peut-
être plus importante par ses effets que la vic
toire de la Marne
L'histoire confirm'era sans doute ce juge-
ment du généralissime des armées alliées
mais elle dira surtout que si dans le reeul de
la Marne le soldat allemand ne vit qu'un échec
passager, facilement réparable, échec'qui ne
lui enlevait rien de sa crovance absolue dans
la victoire11 perdit a Ypres cette illusion.
L'Allemagne sentit ici passer le vent de la
défaite, ses maitres comprirent que leur rève
grandiose s'écroulait, et ils le comprirent
d'autant plus que contre nos armées alliées ils
avaient engage leurs meilleures troupes.
Battu stratégiquement a la Marne, l'allemand
laissa sur l'Yser et devant Ypres son esprit
offensif, sa foi dans la victoire, e'est a dire
son moral.
On peut done dire sans crainte de se trorn-
per que le i5 novembre 1914, quand cessa la
première bataille d'Ypres, l'Allemagne était
vaincue, irrémé'diablement vaincue.
II n'entre pas dans nos intentions de retra-.
cer ici en détail les phases d'une bataille qui
dura quatre ans, d'autres sont plus qualifiés
que moi pour le faire. Mais qu'il me soit per
mis au pied d'un monument élevé a la mémoi
re de nos héros de rendre hommage a la
vaiilance et a l'émulation dans le sacrifice
dont firent preuve a l'envie Beiges, Anglais
et Frangais. Si ce coin de territoire qui
s'étend de Nieuport a la Lys a pu être sauvé
de la soürflure de l'envahisseur, si dans son
poste de commandement de La Panne sa
Majesté le Roi a pu assurer sur son propre
territoire le commandement de son armée et
du détachement d'armée de Belgique,c'est au
sacrifice nohlement consenti par tous qu'il le
doit.
A Ypres, quand le 4 novembre, la 7" Divi
sion anglaise tut relevée il ne lui restait plus
que 44 Officiers et 2336 hommes sur un effec-
tif de 400 Officiers et 12.000 hommes débar-
qués en France au début de la campagne.
Dans la mème bataille le ge Corps frangais
engage sans interruption du 23 octobre au i3
novembre n'avait plus que 11.000 Jusils a
mettre en ligne en fin de combat, alors qu'il
en comptait 27.000 au début de l'engagement,
16.000 tués, blessés ou disparus étaient la
rangon de la victoire.
De telles pertes se passent de commentai-
res. Mais Ypres ne restera pas settlement
célébré dans l'histoire pour avoir cloturé la
course a la Mer et consacré dcfinitivement la
ruine des rèves Impérialistes allemands, il lui
restait a concrétiser un autre formidable
attentat au droit des gens, une violation fla
grante des contrats signés entre les peuples.
A coté du chiffon de papier stipulant le res
pect de la neutralité beige, l'allemand a tenu
sur ce même territoire a- déchirer un autre
chiffon de papier signé par elle a La Haye le
22 juillet 1899. chiffon prescrivant l'utilisation
des gaz asphyxiants dans la guerre.
Le 22 Avril I.gi5, vers 17 heures un épais
nuage de vapeurs de chlore s'élève des tran-
chées allemandes, et poussé par un. vent du
Nord-Est, roule vers les tranchées alliées.
Surpris par !es effets meurtriers des gaz,
contre lesquels rien ne les prémunit, les dé-
fenseurs du secteur perdent momentanément
la tête, la panique se met dans les rangs, ils
fuient devant la vague meurtrière et se reti-
rent jusqu'a la rive Ouest du. canal oü ils se
retranchent.
Mais cette défaillance ne devait être qiïe
momentanée. Rapidement repris en maïri,
2 bataillons du 2e Zouaves fait face a cette
nouvelle attaque et endiguent l'avarce alle
mande. Le lendemain des contre attaqués
énergiquemtnt menées rétablissc-nt en partie
la situation. Nous avions cependant perdu la
cöte 60 au Sud d'Ypres et l'ensemble de la
ligne avait reculé de trois kilometres a l'Est
de la ville.
A ces combats acharnéssuccédaune longute
période reiativement calme.
Une deuxième bataille d'Ypres reprendra
en Juin 1917 menée presque uniquement pffr
l'armée anglaise en coopération avec l'armée
frangaise, elle prendra fin le 6 Novembre sur
un brillant suc.cès remporté sur les rives de
l'Yser par les Canadiens et l'Armée Beige de
l'Yser.
Plus de 3o.ooo prisonniers, un butin consi-
dérable et un gain de terrain inrportant étaient
le fruit de cette victoire.
Nous bordions la forêt d'Houthulst et nous
tenions toutes les crêtes qui dominent le sail
lant d'Ypres a l'Est.
Les vaillantes troupes alliées voyaient du
haut des cöteaux de Passchendaele se dérou-
ler jusqu'a l'infini, cette'plaine des Flandres
qu'ils n'avaient. pu comtempler depuis Octo
bre 1914.
Puis ce furent les opérations de 1918. Elles
débutent par les offensives allemandes du 9
au 27 Avril, offensives qui rapprochent a nou
veau 1'ennemi de votre héroïque cité.
Un moment on put craindre que la ville si
vaillamment défendue jusqu'alors ne tombat
aux mains de 1'ennemi, mais eet effort devait
être le dernier.
Ces combats ont épuisé leurs dernières
forces.
Les alliés assagis par l'adversité et puissam-
ment renforcés par l'entrée en ligne des
armées américaines vont passer a leur tour a
l'offensive.
L'unité de commandement e§t créée, une
seule volonté va présider aux opérations sur
tous les points.
Le 9 Septembre dans une conférence tenue
a Cassel le Général Foch décide de passer a
l'offensive dans les Flandres.
Les forces alliées seront placées sous le
commandement de sa Majesté le Roi des
Beiges et comprendront l'Armée beige ren-
forcée par le 7e Corps frangais a 3 Divisions, le
2e Corps de Cavalerie et la IIe Armée anglaise.
En arrière le 3qe Corps frangais formera la
réseive générale.
L'attaque se déclanche le 28 Septembre
entre Dixmude et le Sud d'Ypres, elle est
menée au Nord par 3 Groupements Beiges (9
Divisions beiges et la i3e Division frangai-'se)
au sud par 2 Corps d'armée anglais. f
Elle réussit pleihement. Dans la soiree de
ce jour les alliés ont dépassé largenuent le
'front atteint au prix de si durs combats en
19T7.
Ils occupent Zantvoorde, Becelaere, Zon-
nebeke, Poelcapelle et sont maitres de la
forêt d'Houthulst. I.es jours suivants la pro
gression -continue.
Le 1 Octobre les alliés ont dépassé la ligne
Dixmude, Staden, Moorslede, ils sont aux
abords de Ledeghem et Wervicq et tiennent
la rive gauche de la Lys a Comines et au sud.
Après un temps,d'arrêt nécessité par le ,réta-
blissement. des communications dans un pays
complètement dévasté, les opérations repren-
nent le 14. Octobre pour se continuer par de
nouveaux succès jusqu'a l'Armistice du xi
Novembre.
Quand il fut signé, l'armée des Flandres
avait recónquis la majeure partie de la Belgi-
que. Ypres inviolée au cours de la guerre,