Notre Canal
Lettre ouverte a M. HOUTART
Encore le Canal
L'Uülité de Notre Canal
Ministre des Finances
Monsieur le Ministre,
Nous avons suivi, avec une grande satis
faction, le discours que vous avez prononcé
en séance de la Chambre des Représentants
en date du 29 tevrier dernier. Enfin, l'horizon
semble s éclaircir et la détresse que nous
avons connue depuis la guerre, ne vivra bien-
töt plus en notre esprit qu'a l'état de sou
venir.
C'est que, cette fois, votre déclaration est
bien nette et nous autorise a concevoir les
plus grands espoirs.
Nous la reproduisons afin que nos lecteurs
puissent en juger
fe dois ajouter que je compte terminer la
liquidation compléte des indemnisations
pour dommages de guerre avant la fin de
l'année [929, sans que je doive demander
des crélirs importants en 1929.
Lorsqu'on demande des crédits nouveaux
au budget extraordinaire, on oublie que ce
budget supporte encore cette charge des
dommages de guerre. Je répète qu'elle sera
définitivement liquidée l'an prochain et
alors nous pourrons consacrer toutes nos
ressources a des dépenses productives.
Dans une déclaration précédente, nous
relevons encore
Dés a présant, je mets a l'étude le bud-
get extraordinaire pour 1929 II se présen-
tera dans des conditions plus favorables
que celui pour 1928 parce que les répara-
tions des dommages de guerre sont en voie
de liquidation et que, de ce fait, les crédits
pour les travaux publics pourront être
plus importants.
C'est la, un langage clair et concis, et nous
avons une double raison d'avoir confiance.
D'abord, parce que notre canal constitue
une dépense productive et ensuite parce que
sa reconstruction nous est due en indemnisa-
tion par les dommages de guerre.
Ce canal, qui a servi de ligne de défense
aux armées alliées, qui a été sacrifié pour
endiguer le fiot des armées allemandes, ce
canal qui a aidé a sauver le pays doit être
restauré au même titre que furent restaurées
nos maisons, que furent nivelées nos terres.
II y a dix ans que nous attendons cette
restauration. Et puisque, Monsieur le Minis
tre, vous annoncez la liquidation des dom
mages de guerre avant la fin de l'année 1929,
il faudra que le budget de cette liquidation
prévoie la somme nécessaire a l'achèvement
des travaux de notre canal.
Dans les bureaux du Ministère des Travaux
Publics on vous dira, nous en sommes con-
vaincus, qu'il n'y a pas urgehce, ou que
cette voie d'eau n'est pas de grande utilité,
ou encore, on soulèvera une objection de
nature a vous décourager dans vos bonnes
dispositions envers nous-
Nous savons qu'il y règne un profond esprit
de malveillance a notre égard.
Poussez la curiosité, Monsieur le Ministre,
iusqu'a vous intéresser a l'élaboration du pro-
ief nous doutons fort que l'on vous sou-
Wette les plans définitifs, et cependant ils
existent
Nous avons cru utile de vous mettre en
garde contre le sabotage dont nous sommes
l°bjet, persuadés que vous ne vous y arrê-
terez pas et qu'il ne vous fera pas renoncer
^nous accorder le crédit nécessaire qui nous
Permettra de mener a bonne fin l'ceuvre de
^novation de notre ville vers laquelle tendent
toos nos efforts.
Lobjet de notre requête ne constitue pas
Une faveur, mais la revendication d'un dioit.
Après quatre années d'exil, il nous a fallu
Sacrifier dix autres années pour arriver a re-
COt)struire, tant bien que ma1, notre cité dé-
truite.
Pendant que nous nous attelions courageu-
sement a relever nos ruines, pendant que nous
luttons contre les pouvoirs. pour leur arra-
cher par bribes et morceaux les indemnités
nécessaires a reconstituer notre patrimoine
d'avant guerre, les beiges de l'intérieur qui
n'avaient connu de la guerre que les souffran-
ces morales, que le baume des marks avait
d'ailleurs fortement atténuées, se remettaient
a l'oeuvre dés l'armistice et, profitant de l'ère
de prospérité que vient de traverser le pays,
ils empilaient dans leurs coffres, une abon-
dante moisson d'or.
Ecoutez les pester contre les sinistrés, ces
pelés, ces galeux d'oü viennent tous les maux
de la Belgique.
Sinistré, pour eux, est synonyme de para
site, de rouspéteur de profiteur.... que
sais-je
Le sinistré fut le cafard de tous les minis
tres qui se sont succédés aux Affaires Econo
miques.
C'est encore la béte noire du Ministère des
Finances, du Ministère des Travaux Publics
c'est le cauchemar du contribuable.
Cependant, ce ne sont pas les sinistrés, que
je sache, qui ont demandé que l'on sacrifi it
leurs biens, dans l'intérêt général du pays.
Ce ne sont pas les sinistrés qui ont exigé
que l'on amoncelat ruines sur ruines dans
leur région, que l'on dévastat tout un coin de
la Flandre pour Ia défense de tous les beiges
en général.
Ils se sont soumis courageusement a cette
dure nécessité ils se sont résignés ce sacri
fice avec l'assurance de voir la Belgique
entière collaborer avec eux a la restauration
de leurs ruines.
Après dix ans de décevantes luttes, ils vont
arriver enfin a la fin de leur calvaire.
Et vous les aiderez, Monsieur le Ministre,
a en gravir la dernière étape, en leur accor
dant a titre de priorité sur tous les autres
travaux, le crédit nécessaire a la construction
de leur canal qui constituera pour eux, le
début d'une ère nouvelle de prospérité, le
couronnement de l'ceuvre a l'accomplissement
de laquelle ils ont déployé un courage, une
volonté, une ténacité et... une patience au-
dessus de tout éloge. BRUYERE.
Nous nous faisons un devoir d'insérer la leitre
suivante, qu'un de nos lecteurs adresse d la
Redaction de l' Ypersche
Ypres, le 19 mars 1928.
Monsieur le Rédacteur
du journal La Région d' Ypres
E/V.
Monsieur,
Je suis, avec intérêt, la campagne que vous
venez d'entreprendre pour l'obtention du
canal d'Ypres a l'Yser.
Peut être serait il utile que chacun de vos
lcct' urs, au courant de faits de nature a
démontrer l'urgence de ce travail, vous les
transmissent.
Je puis, pour ma part, vous signaler qu'une
grosse industrie, confiante dans les promesses
des précédents ministres, s'est installée sur
un terrain attenant a l'éternel futur canal,
et que ses affaires, par suite de la difficulté
des transports ne sont pas brillantes. II est
heureux pour son personnel, que les dirigeants
aient les reins trés solides.
D'autre part, un industriel, qui dans les
mèmes conditions, avait engagé un gros capi
tal dans une industrie, et, après y avoir
englouti tout son avoir, se trouve acculé a
la réalisation forcée de son bien immobilier
et de son matériel (voir les ventes notariales
annoncées dans 1' Ypersche ces derniers
mois).
II est bon, que l'on sache en haur lieu, que
l'irréalisation de promesses faites par les
pouvoirs, peut provoquer la ruine des naïfs,
qui bénévolement se laissent prendre k ces
appeaux trop souvent tendusdansun butélec-
toral afin que l'on renonce a ces moyens, que,
dans certains cas, on peut qualifier de cri-
minels.
Veuillez agréer, Monsieur, etc.
Un Commercant Yprois.
Voici quelques commentaires tirés de
Neptune concernant l'utilité des voies
d'eau
En France iu Le Rhone
2' La Seine
3° Le premier grand travail exécuté par
le gouvernement frangais dans le pays dévasté
a été la restauration des voies d'eau.
En Allemagne
En Belgique
Et dire qu'au Ministère des Travaux
Publics, on trouve des hauts fonctionnaires.
contestant et entravar.t la restauration de
notre canal Ce canal, cvéé par nos aieux; et'
qui depuis toujours a relié notre ville; au
réseau fluvial beige.
Aucun Yprois n'a protesté quand la Bel-,
gique s'en est servi pour sa défense. Pourquoi,
alors se permet on dans certaines sphères.de
contestex l'urgence de sa remise en état
Pourquoi g'.y plait on a prelonger le martyre.
de notre ville
Un Enfant d'Ypres.
Le Rhone, est un fleuve malheureux au point de vue
navigation. A certaines époques de l'année, sa profondeur
navigable n'est que de 60 cm. A première vue done, cette
voie d'eau ne semble pas devoir attirer l'attention des
pouvoirs au point de vue d'une mise en exploitation ration-
nelle et productive, d'autant plus que de magnifiques trains
circulent entre Lyon-Marseille et paraissent devoir suifire
aux nécessités du transport.
Cependant le gouvernement francais vient de rattacher
le Rhone au port de Marseille par un tunnel creusé dans la
montagne sur une distance de 7 km., tunnel assez large que
pour laisser passage a deux alleges de 11 mètres de large
chacune, ce qui donne au tunnel un diamétre d'au mcins
22.50 m. a 23 mètres. Ce dernier a coüté 1 milliard de
francs francais. N'est-ce pas la une preuve de la sollicitude
du gouvernement pour l'amélioration des voies d'eau inté-
rieures de son pays
La Seine est particulièrement intéressante au point de
vue des écluses, que nous avons d'ailleurs étudiées et dis-
cutées en détail.
Ces écluses sont magnifiques. Elles peuvent écluser a
la fois 4 bateaux de 400 tonnes avec remorque Aussi
n'est-il pasétonnant de voir circuler des bateaux de-1200 a
1500 tonnes sur un (leuve pourvu de tels travaux d'art. Rien
au reste n'est épargné pour toujours et d'avantage y perfec-
tionner et moderniser la circulation. Et pourtant deux puis-
sants railways circulent de chaque cóté de la Seine et
relient Paris au H&vre. Bref, on peut dire que le gouver
nement francais met a l'entretien et a l'amélioration de' ses
voies navigables un soinjaloux que n'arrêtent ni les consi
derations politiques ni les prétendus soucis d'économie,
mais qu'inspire seul le désir de perfectionner sans cesse. le
réseau des communications, sachant bien que le tralie
appelle le trafic et que le canal, dans une politique a aussi
larges vues, est le complément indispensable du chemin
de fer.
L'exemple du Rhin en est la meilleure preuve. Le
gouvernement allemand ne négligé rien pour l'améliöration
et l'entretien du fleuve des bateaux Kast de 2 a 3''mille
tonnes peuvent y circuleraisément, et il se fait ainsi que le
charbon allemand coüte, livré en Belgique, moitié moins en
frais de transport que le charbon provenant de tout prés de
nos usines, c'est-a-dire Liége, Charleroi, etc.
Ne citons que l'exemple des usines De Naeyer, de
Willebrouck, qui, avant la guerre déja ont dépensé deux
millions de francs pour se raccorder au canal et y installer
un mur de quai et ce a seule fin de pouvoir y recevoir des
bateaux rhénans de 1500 a 2000 tonnes. Les frets pratiques
par l'Allemagne étaient de moitié moins élevés que le prix
de transport du même charbon de Charleroi a Willebroeck.
De sérieusrs améliorations sont envisagées en ce qui
concerne la navigabilité de la Sambre. De Charleroi a la
fronti'ère francaise, la navigation est pen active et nejusti-
fierait pas de trés grosses dépenses. La Sambre, de Charleroi
a Namur, a un trafic quatre fois plus considérable, et c'est
la que l'effort va se faire. La Sambre est actuellement acces
sible aux bateaux de 280 tonnes en araont de Charleroi, et
a ceux de 340 tonnes en aval. Les travaux que l'on se
propose d'exccuter entre Man hiennes et Namur permet-
tront de faire circuler sur la Sambre des bateaux de 000
tonnes. Ses douze écluses actuelles, n'ayant que 47 mètres
de long, seronl démolies et remplacces par neuf écluses de
110 mètres, qui permettront d'écluser en une fois 1800
tonnes de bateaux avec un remorqueur.