DORNAL D UNE SffiUI D7PRES Octobre 1914 a Mai 1915
g 7 28 Het TTpersche - 2e Bijvoegsel - La Legion. L IT pres N° 16
YPRES
ÉVÉNEMENTS
NOTICE
Qeci n'est pas une oeuvre littéraire, c'est un journal, dans
I uft témoift a note, au jour le jour, des éeénements qui se sont
f Ife j'Octobre 1914 a Mai 1915, dans Ypres agonisante.
Ce journal n'a qu une pretention, celle de 1'exactitude. L'auteur
L», il a relate avec un soin minutieux ce qui s'est passé dans
rayon d'activite, et son journal apporlera une contribution
just a celui qui écrira Les derniers jours d' Ypres
Ie lecteur sera stupéfait d'apprendre ce que, dans cette grande
U de Ifi Charite, une frêle Religieuse a pu faire et eet étonne-
l s e changer a en admiration lorsquil refermera le live après
Rotten, le 4 Mars igi8.
Ypres était situé au S.O. de la Flandre Occidentale,
l'Yperlée et comptait i7.5oo habitants.
Ypres était renommée pour sa dentelle, sa toile, ses
jns et son beurre qui faisait l'objet d'un marché assez im-
[ant, chaque semaine il b'en vendait environ 20.000 kilogs.
Ypres On dit que la ville empruntait un nom d'un cer-
seigneur Hyperborus qui au temps des Romains vint
fixer avec 700 esclav-s, a l'endroit appelé aujourd'hui
.angemeersch II y construisit un chateau fort pour lui et
itoura de huttes qui servirent de demeure a ses esclaves,
is bientót il fut attaqué et vaincu par d'autres seigneurs voisins.
Au temps des communes, Ypres comptait parmi les plus
lortantes villes flamandes et rivalisait avec Gand et liruges.
[ville était alors beaucoup plus étendue qu'a présent et
nptait plus de 200.000 habitants dont la principale occupation
bistait dans la fabrication de drap rouge. Les draps d'Ypres
lient une renommée mondiale. Ses nombreux et riches monu-
iits, parmi lesquels les Halles et Téglise Saint-Martin occupent
première place, témoignaient de sa grandeur passée.
Les Halles comprenaient l'Hótel de Ville, la salie Pauwels,
salie des Echevins, le marché au beurre, le marché aux
times. C'était un des monuments les plus remarquabks de la
Igique. II datait du.xnP siècle. La fagrde avait i33 mètres
longue ur.
L La salie Pauwels et la salie des Echevins étaient célè ires
Ileurs peintures murales, nous présentant des tableaux relatifs
bprospérité des industries et métiers au Moyen age, ou a
is (aits de l'histoire d'Ypres, tels que Le retour des Yprois
irès la Croisade la visite de Marguerite de Constantinople a
•prison un Vendredi Saint saq visite a l'höpital civil une fête
ir Halles la peste a Ypres au xve siècle.
L'église Saint-Martin possédait, outre plusieurs tableaux
marquables, le tombeau de Jansénius, évèque d'Ypres et resté
stement célèbre comme auteur de l'hérésie appelée de son
ra Jansénisme.
Deux iêtes locales se célébraient annuellement a Ypres
He dite Thuyndag et la seconde nommée Kattefeest (fête du
Jt)> S'il faur en croire la tradition, cette dernière tirait son
ra d'une vieille et curieuse coutume, qui consistait a lancer
beffroi un chat, le Mercredi qui suivait la première semaine
Carême. La fête de Thuyndag remémorait la délivrance de
v'lle assiégée par les Anglais en i383, délivrance obtenue
r 1 intervention miraculeuse de N.-D. de Thuyne, patronne
la ville.
De i55g a 1801 Ypres fut le siège d'un évèché.
S Le 7 Octobre 19T4, fête de N.-D. des Victoires, vers
|L du matin, nous entendimes gronder le canon au hameau
Hooghe Un combat devait y être engagé. Dans lapiès-
ler vers 1 h. 1/2 des coups de canons furent entendus prés
la Porte de Lille la population de ce quartier s'enfuit vers
prand Place. Deux ou trois balles tombèrent chez les Sceurs
3lres et cLez M. Banckaert.
Nos élèves, au nombre de plus de 400» se préparaient a
7r ^ar>s leurs classes respectives, mais en un instant toutes
:chaPpèrent par la porte de l'école, en jetant des cris de
Lyeur.
Huit ou ntuf shrapnels furent lancés, puis tout rentra
e silence. Cependant peu d'instants après, on apercut
'qUes s°ldats allemands se dirigeant de la Grand'Place vers
P°Pe de Lille, d'oü ils revinrent bientót suivis de plusieurs
a,nes de cychstes. C'est ce même jour que M. Henri Van.
6 fut tué par une balie, qui traversa la fenètre de sa
maison, pendant qu'il s'y trouvait avec sa petite fille de 6 ans.
Les shrapnels étaient lancés sur la ville de l'endroit nommé
Steenen Haan chaussée de Comines un tomba rue du Canon,
mais sans causer de dégats un autre traversa une fenêtre au
premier étage de la maison n° 2, rue de Grimminck et fit un
énorme trou dans le mur de derrière un troisième tomba sur
l'église Saint-Pierre, mais ne fit que deux petits trous dans le
toit. II est étonnant que personne ne fut atteint par les petites
balles de plomb qui volèrent de tous cötés par l'explosion de
shrapnels Dans notre salie d'asile les enfants s'amusaient a
ramasser les ballettes.
Les Allemands passèrent la nuit dans la ville et dans les
environs. On évalue leur nombre a 20.000 environ. Ils avaient
avec eux beaucoup de munitions de guerre 1.200 mitrailleuses,
600 canons, 3o cuisines ambulantes, a ce qu'on dit. On disait
aussi que c'était le reste de l'armée du prince de Heisel qui
venait d'être battue a Verdun et qui comptait 70.000 hommes.
Ces pillards ont fait assez bien de dégats en ville et se sont
surtout attaqués aux magasins d'orfèvrerie, d'habillements et de
vivres.
Une vingtaine d'hommes avec un caporal et un sergent
logèrent avec une trentaine de chevaux dans le local de la
Congrégation des Jeunes Gens.
Us y laissèrent ces mots, écrits au tableau noir
Les Allemands craignent Dieu et hors Lui nulle chose au
monde L'Allemagne a jamais
Oü l'occasion était propice, comme a la rue des Aveugles,
il en fut tout autrement.
Le Samedi 10 Octobre un terrassier, nommé Joseph
Debrouwer, fut assailli par les Allemands et tué par une auto
mitrailleuse. L'avocat M. Butaye, caché derrière un arbre avait
assisté a ce spectacle.
Dès que les Allemands furent dans la ville, les cloches
des différentes églises furent réduites au silence. Ils avaient
demandé la ville pour trois jours. M. le Bourgmestre, les
échevins et quelques notables de la ville furent pris en otage.
La ville fut obligée de payer une somme de 70.000 francs
mais il n'y avait que 65.000 francs en caisse. Quelques éclai-
reurs et espions allemands restèrent aux environs de la ville.
Le Mardi l3 Octobre, une armée anglaise de 40.000
hommes entra dans la ville une partie y passa la nuit une
autre marcha au devant de Tennemi une troisième devait suivre
cette dernière le lendemain.
Les 14, 1516, 25o soldats anglais et 60 chevaux furei t
logés dans notre couvent. Depuis le 9 Octobre le canon n'avait
cessé de gronder du cóté de Bailleul. Le Samedi avant-midi
vers 11 h. un gran I nombre de soldats anglais durent quitter la
ville en toute bate et le canon tónna durant toute la journée
dans la direction S. O.'Le dimanche, il fut entendu davantage
dans le S. Entretemps de nombreux soldats franqais, parmi
lesquels 40 piêtres, attachés au service d'ambulance, étaient
arrivés au manége de la rue des Tuiles. A Tmtérieur de la ville
il y avait encore bon nombre de soldats anglais et franqais. De
Rouleis et des environs d'Ypres arrivèrent quantité de fugitifs.
Toutes les ambulances de la ville, notre école (Sceurs de Marie),
l'école communale des ftlles, la maison Meerseman furent bien
tót combles et présentèrent les scènes les plus navrantes. Cette
troupe d'hommes, de femmes, de vieillards et d'enfants, fatigues,
harassés, fuyant d'un lieu a un autre, en quote d'un abri, et le
regard anxieux, semblaient demander si, ici du moins, ils
puurraient anêter leur triste course. Oh Combien ils excitaient
notre pitié Mais aussi combien tiistement ils nous représen-
taient la désolation et la ruïne de notre pauvre pays, hier encore
si heureux, si prospère.
C'est le 22 Octobre, qu'on nous amena nos premiers bles-
sés, 3oo soldats anglais. Jusqu'au 5 Novembre, nous en eümes
parfois jusqu'a 5oo. 9 ambulances anglaises se succédèrent
jusqu'au 5 Novembre du 12 au 15 Décembre, ce furent des
francais qui nous arrivèrent, remplacés de nouveau par des
anglais. Chaque ambulance restait 24 heures. Je dois rendre
témoignage au dévouement des docteurs et infirmiers anglais,
qui pleins de bonté pour leurs blessés, se dévouaient jour et
nuit sans relache a panser les plaies, ne se décidant a prendre
quelque repos que quand le dernier avait regu les soins néces
saires. J'en ai vu rester a la table d'opération 18 heures consé-
cutives, se contentant de manger de temps a autre un morceau:
a la main. C'était la cuisine de l'école ménagère qui servait de
salie d'opération. Le premier soldat mort chez nous fut P„
Kinkead, 2274, Cay, Batt-Ray War-RegL Chelmsford Essex
England (died 22 Oct.). Le capitaine Lord Charles Fits Maurice,
ier dragon (died 3o Oct.) et le lieutenant A. D. Harding.
Choucestershire régiment .died on 3oth Oct. 1914), décédèrent
au moment du départ de la ge ambulance. (A suivre
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