JOURNAL D'UNE 8E0R B ïPRES Octobre 1914 a Mai 1915
0^0-28 Het i persehe - 2e Bijvoegsel - La Region d Y'pres N° 26
Suite
\g DÉCEMBRE. A part le bruit des canons, tout est
seZ tranquMe quelques obus et shrapnels dans la direction
f j'Ecole de Bienlaisance et de la Gare. Dieu merci pas de
Lveaux ou dlessés Ceux qui le peuvent. arrivent se faire
ik.gr. Trente-deux pansements sont faits avant l'arrivée du
incteur F°x- Je su's cordonnier ce soir, je raccommode les
'ulierS de M. le Vicaire Roose.
20 DÉCEMBRE. Quelques shrapnels seulement. Trois
lelies sont tuées. Un jeune homme blessé arrive se faire pan-
L- son bras enfle terriblement et pas de docteur ils viennent
1 sortirA vee un crochet je parviens a lui enlever un mor-
L d'écfat d'obus. Le pauvre gargon tombe en syncope il
Ljt beaucoup souffrir. Après une 1/2 h. il peut reprendre le
IgDiin de sa maison. II reviendra demain. - Plus tard, dans
I journée quelques shrapnels encore. Vers le soir le canon
Inde si fort et d'une fagon si continue qu'on ne peut plus
jstinguer le coup de départ et d'arrivée des obus. Les Allies
eUlent enlever un point fortifié aux Allemands, nous dit on. Ce
lême soir commence le bombardement de l'höpital du Sacré-
loeur, oü les Frangais venaient d'installer un service d'ambu-
|nce militaire. Les Quakers transportèrent dans les caves leurs
jessés et malades.
21 Décembre. Le matin, dans les premières heures,
Lquante obus tombèrent sur le Sacré-Coeur La belle cha-
[elie n'était déja plus qu'un monceau de ruines. Nombre de
iessés sont transportés a la Panne pour y être regus a l'höpi
tal de S. M. la Reine. Les dégats sont énormes et, ce qui pis
1st, plusieurs soldats frangais sont blessés et sept sont tués
insi que six civüs de l'ambulance des Quakers, parmi lesquels
taphaël Vander Ghote et son compagnon. M. le Vicaire Callens
it Gustave Delahaye sont aussi blessés légèrement. Tous les
aalades et les blessés sont portés dans les caves. II devient
vident que les Allemands visent de nouveau les hópitaux de la
Üroix Rouge.
22 Décembre. Nuit et jour semblables aux précé
lents. Quelques obus èt shrapnels. Les Friends vont trans-
lorter leur hópital a l'asile des aliénés, rue de Thourout. C'est
tldocteur Fox qui dirige eet établissement. On ne pourra y
aire un long séjour, car a peine les Sceurs y ont-elles tout
nettoyé et remis en ordre qu'elles sont obligées de revenir.
23 Décembre. Nuit calme. Quelques shrapnels durant
lil journée. Masselein du Potyse qui était venu a la \ille
icheter du pain, lut blessé mortellement prés de la gare.. II fut
lorté dans l'écurie de Legrand, oü il mourut. Un shrapnel
enfonce le toit chez le pharmacien Vandeplasse Samyn et chez
Vandelanoite.
24 Décembre. Pas moyen de fermer l'ceil cette nuit
es canons font trep grand tapage. Shrapnels dans la journée.
leaucoup de pansements a faire. La barbe d'Ed. Deleu est
iresque guérie. Visites aux malades dans la ville et aux envi-
ons. Le docteur, quoique protestant, nous piévient consciet-
peusement quand un malade est en danger de mort. C'est M,
»e Curé ou M. le Vicaire Roose qui leur administre alors les
Increments des mourants ou font prévenir. quand la distance
|st trop grande. Bruit furieux du canon dans la soiree, jusque
[ets 10 heures. Aujourd'hui, j'ai l'occasion de c'éployer mon
Pent corame coiffeur» en rasant la tonsure de M. le Vicaire
jPoose pour la fête de Noël. M. ïe Curé qui ne me trouve pas
fr°p maladroite, se présente comme second cliënt Done, un
pÊtier de plus, après ceux de charpentier, pompier, baibiei,
Wdonniet Que deviendrai-je encore
I 25 Décembre. Pendant la Messe célébrée par M. le
pré, vers 6 h. 1/2, le sifflement et l'explosion de shrapnels et
rUs recommence. L'église qui était pleine de monde se vide
en «n instant. Une femme est tuée rue de Bruges; plusieurs
Rtres personnes furent blessées. C'est toujours ainsi, deux
plcssés sont guéris, trois autres les remplacent. Cette musicjue
Pacabre reprend de temps a autre dans la journée,. mais plus
Jplemment vers midi: a deux reprises Sceur Marie s'enfurt dans
cave avec son assiette. Une recrudescence encore se mani
feste vers 5 h. 1/2 6 heures. Triste Noël Que l'Enfant de
Belhléem nous apporte la paix, Lui qui vint la porter a la terre
r Les Ranchées frangaises et allemandes du cote de Zillebeke
Ce S0"t distantes les unes des autres que de i5 mètres, dit on!
f.L 26 Décembre. - La nuit est assez calme, mars a la
■Kruisstraat il tombe plus de seize obus, puis c'est dans la
Ï6 de Menin et ensuite au centre de la ville. La maison Muylle,
d^ché aux vieux habits, entre autres, est abattue. Un soldat
"glais est blessé.
1. 27 Décembre. - Impossible de prendre quelque repos
Z!?erie Dangaise fait un b.uit infernal. Vers 7 heures da m,
I le hi uit devient affolant le sol tremble. Dans la matrnee,
je me rends avec un doet» ur des Quakers aux hameaux Het
Wieltje et de Brijke d't nous pouvons voir qu'on bom
barde la ville. En rentrant. nous apprenor s que des obus tom
bés, la cuisine de Geldhof, rue des Tuiles, en a eu un d'autres
sont tombés prés de Saint-Pierre, rue de Dixmude et tout prés
de la caserne. Le soir, nous fêtons le jour des Innocents.
Sceur Antoinette, la plus jeune, est nommée Supérieure. Nous
avons beaucoup de plaisir avec notre nouvelle Mèrë.
28 Décembre. Nuit passablement tranquille. Dans la
journée, quelques shrapnels et petits obus, surtout vers la rue1
de Menin. Un obus tombe juste derrière notre automobile. Si
notre chauffeur faisait voler sa machine Le soir ce sont
des éclairs continus
29 Décembre. Le vent a occasionné assez de dégats
pendant la nuit. Les canons tonnent moins fort, les explosions
sont moins nombreuses. Cependant quelques personnes de la
rue d'Elverdinghe sont blessées.
30 Décembre. Tout est tranquille. Les Allemands ont
reculé de i.5oo mètres. Quand pourra t-on les repousser jus-
qu'aux frontières Dieu seul le sait La forteresse de Zillebeke
a sauté nouvelle perte pour les Allemands. Une voiture
d'ambulance des Anglais conduit a Poperinghe et a Proven
M. le Curé, Soeur Livine et Soeur Marie Berchmans pour aller
y porter les vceux de bonne année au Révérend M. le Doyen
Debrouvvere, a la Supérieure des Soeurs Noires et a notre chère
Révérende Mère et a nos Soeurs.
31 Décembre. Dernier jour de l'an Quelques shrap
nels, mais peu tombent dans la ville. Plus tard dans la jour
née, vers la Kruisstraatet la Plaine d'Exercice, arrivent
encore quelques obus. Un homme est blessé. Le bombardement
dure jusque vers minuit, puis subitement tout redevient calme.
Ah si ce calme pouvait durer -
NOUVEL A IN 1915
ier Janvier. Premier vendredi de l'an Beaucoup
d'Yprois sont revenus. La petite église des Sceurs Noires est
trop petite pour contenir la foule et les portes de l'infirmerie
sont ouvertes pour fournir place aux assistants. Presque tous
s'approchent de la Sainte Table. Je suis improvisée agent de
police pour surveiller au fond de l'église. Le Kaiser» ne
nous enverra t-il pas d'étrennes Je le crains Les marmites et
les shrapnels qu'on lance n'arrivent pas jusqu'a la ville pour la
plupart. Ce n'est que l'après midi, vers 3 heures, au moment du
salut, que cinq ou six shrapnels viennent éclater au dessus de
nos tê:es avec un bruit formidable. On n'entend plus M. le Curé
qui prélude au ch tpelet. Les assistants, effrayés, ne saver.t s'il
faut fuir ou rester. Je m'étais portée prés du petit portail afin
de pouvoir quitter inapergue le cas échéant. Ce ne fut pas long.
Sceur Marie Berchmans vint me chercher pour panser trois
blessés. Entre temps le salut était achevé, lorsqu'un des palients
nous avertit que d'autres persooms dans la rue des Boude uis
avaient regu des blessures graves. M. le Cmé y court. II trouve
Emma D'Hondt, jeune fille de 21 ans, mourante. Elle avait été
a la Sainte Table le matin. M. le Curé lui donna la S m te
Onction et la fit conduire en charrette jusque chez nous, oü elle
expira quelques minutes plus tard, tenant en mains le cierge
béni et priant sans laisser échapper une plainte. Mort sainte et
édifiante. M'"' Cloostermans était ailée avertir les Friends pour
qu'on amenat les grands blessés. On-nrus apporta. Marie.
Dehollander, 17 ans. Une pettie balie de plomb lui avait tra
versé le corps juste au-dessous de l'omoplate droite. Au mêrre
instant Valentine Woets, 20 ans, entie en pleurant et criant:
elle avait le bras fracassé au dessus du coude par de petites
balles de plomb un petit morceau de fer y était logé. Melle
Cloostermans rentre les voitures d'ambulance du Friends Unit
sont parties d'un autre cóté de la ville, pour y chercher des
blessés. Elle court voir a un peste de secours frangais si on
peut nous apporter du secours. M. le Curé entre avec la mère
Dehollander: une plaie terrible au bas ventre. Le docteur -
major des Frangais arrive accompagné d'un vétérinaire. Ensem
ble ils pansent la patiente qui sera conduite avec sa' fille Marie
et Valentine Woets a l'hópital des Quakers, arrivés en ce mo
ment. Les deux majois frangais voulurent visiter la jeune
fille qui venait de mourir. Ils ne pouvaient croire qu'une bles
sure si légère eüt pu l'emporter. Je la déshabillai, mais aucune
nouvelle blessure ne fut trouvée. Ils supposèrent done que la
balie était entrée par le menton dans la gorge et que le sang
avait étouffé la pauvre enfant. Ces messieurs nous assurèrent
qu'ils étaient a notre service pour nous aider en toute occasion.
Après-midi terrible Le Kaiser continue de nous envoyer
des pralines pour étrennesl... A suivre.
A
otao