L'Abbé Constantin
En souvenir (ie M. le Notaire LANNOY
Ancien Éciievin de Comines
aU Cercle Dramatique Yprois
Cette piece, qui a été interprêtée au Viei.
Y res Mercreii dernier par l'excellente
oupedu Cercle Dramatique Yprois, est l'une
fjesrneilleures du répertoire actuel. Le mérite
L auteurs, VIM. Crémieux et Decourcelle,
,est d'avoir su copier convenablement les
Lrsonnages si divers de l'intéressant original
fe roman L'Abbé Constantin de Ludovic
jouvent, même avant leur apparition en
Scène, ces personnages ont déja été esquissés
Lpidenrent et avec sureté en quelques ré-
flliques c'est le cas de l'Abbé Constantin,
jcJean Reynaud, et de Paul de Lavardens.
Quand ils se présentent ils sont connus, et la
jonfirmaticn est saisissante Les autres
sontcomposés aussi solidement, et leur atti
re nous impose d'emblée la notion exacte
Je tout leur être intérieur. - C'est l'attache
„ent et la foi chez Pauline, le scepticisme et
']a bonne humeur chez Bernard. Des poussées
je chicanerie tourmentent de Larnac chaque
'ois qu'il apergoit sa concitoyenne de même
iaDg, la Comtesse de Lavardens. De celle-ci,
la sollicitude et la naiveté maternelles expli-
juent le travers. Et tandis que, parses actes,
iladame Scott laisse entrevoir autant de cor-
ialité que de générosité, l'on pergoit les
ythmes de cceur qui trahissent la touchante
t romanesque sentimentalité de sa gentille
oeurette, Miss Bettina. La pièce donne
outcela, sans complication, et presque aussi
ien que le récit.
jQuel a été le but de l'auteur quand il a
crit son roman A-t il fait oeuvre de mora-
ste? Peut-être bien qu'il soit difficile de
lire apparaitre qu'une telle intention ait
aidé Halévy. L'ouvrage est toutefois moral
aree qu'il définit quelques modèles humains
aa cceur pur.
'Si l'écrivain s'est inspiré de personnages
a'il a connus, ce qui est probable vu la
récision des traits qui les caractérisent,
apeut-être pu limiter son champ d'obser-
ation a une étendue semblable a celle oü
fait passer Paction. Car il n'est pas rare de
encontrer encore de nos jours, dans les cam-
■agnes de France, au sein d'un même village,
ne société bourgeoise toute restreinte se
artageant, comme celle ci, grandeur d'ame,
ichesse de coeur, et simplicité.
Mais le mérite d'Halévy consiste surtout
ce qu'il a démontré, en créant ce chef-
'ffiuvre, qu'il n'est pas indispensable a un
crivain de talent, pour être goüté, d'affran-
lir l'art de la morale. C'est réconfortant I
faut dire toutefois que l'on ne retrouve pas
'ut a fait intact, dans la pièce de MM. Cré-
Nux et Decourcelle, le sens extrêmement
jélicat qui a guidé l'auteur de l'original.
pnmoins l'oeuvre est restée saine, et digne
être classée en tête des meilleurs spectacles.
I
F Les acteurs du Cercle Dramatique Yprois
®sont compo: tés tous en véritables artistes.
I?s la fin du premier acte, aussitót après la
ration des longs applaudissements qui en
pulignèrent le brillant succès, des murmures
"ammement flatteurs furent entendus en
1Vers endroits de la salie. Ces mouvements
fsst spontanés que discrets, laissaient déja
tttrevoir les manifestations enthousiastes qui
a'ent accompagner la fin des deuxième et
föisièrne actes.
Lie qui esj- remarquable a votre beau Cer-
e' nous disait a l'issue de la séance une
?rs°nne de trés bon goüt, c'est que même les
■^ondaires sont jcués avec toute la preci-
ient^U* slmPose S aucun acteur médiocre ne
nte ,C°ntrarier l'eftet merveilleux assure d vos
irl^rJtaiions Par les plus brillants de vos
rea!i 6 aPPréciation est plus qu'encoura-
:0n 1' et n°us nous plaisons a la porter a la
Usance de nos talentueux et trés dévoués
amateurs. L'empressement du public a louer
les places jusqu'a combler notre salie, leur
aura d'ailleurs fait comprendre que nos aima-
bles habitués se sont souvenus de leurs habi-
leté et qu'ils se proposent, sans aucun doute,
de continuer a s'en réserver le charme dans
Pavenir.
II nous i st agréable de pouvoir annoncer
dés maintenant, que notre Cercle interprêtera
le 12 Décembre prochain, au Vieil Ypres
la célèbre et trés impressionnante comédie-
dramatique S I M O N E de Brieux,
membre de l'Académie Frangaise.
le g Octobre IQ28.
Monsieur,
Comme votre Journal se fait volontiers le
porte-parole de ceux qui tiennent d ce que ne
s'oublient pas les services rendus a la Patrie,
je me permets de vous envoyer copie des lettres
que Monsieur Henri Lannoy, ancien Echevin de
la Ville de Comines, Chevalier de l'Ordre de
Léopold, a adressées a la Commandature sous
Voccupation allemande, en vous priant de bien
vouloir les faire paraitre, en méme temps que les
quelques commentaires que j'y ajoute.
Les funérailles de Monsieur Lannoy ont eu
lieu Samedi a Comines. II est regrettable que
sur sa tombe personne n'ait jugé nécessaire de
rappeler ses interventions prés de l'ennemi,
chaque fois que la chose était nécessaire. Mon
sieur Lannoy s'est occupé beaucoup, pendant et
après la guerre, des intéréts de ses concitoyens
depuis longtemps sa santé déclinait, et malgré
sa volontê de fer, son énergie incomparable, ses
forces finirent par le trahir, et ses admirateurs
d'autrefois l'avaient presque complètement aban-
donné, O politique, que tu fais done faire de
vilaines choses Seuls, ceux qui ont osé riposter
a l'ennemi, peuvent appréèier le mérite qu'il a eu
d écrire les lettres ci joihies. Je me fais un devoir
de vous' les remettre, moi qui l'ai connu a
l'oeuvre, et au nom de tous ceux qui n'ont pas
oublié, au nom des Comïnois chez qui 1'égoïsme
et la calomnie n''ont pas éto'uffé tout sentiment de
noblesse, je rends hommage d la "hardiesse et au
courage de Monsieur Lannoy.
Veuillez agréer, Monsieur, mes salutations
distinguées. H. R. D.
Copie de la lettre envoyée a Monsieur
Ie Commandant de Place de Comines
le 22 Décembre 1916.
Monsieur le Commandant de Place
Comines- Belgique,
Votre Commandature, par son avis du 19 cou
rant, n° 2393, porte a la connaissance de l'Admi
nistration communale l'ordre de l'Administration
militaire, disant
Pour chaque habitant, a ['exclusion des
enfants de moins d'un an, il est accordé une
quantité de 75 grammes, par semaine, de viande
traïche venant de l'effectif du pays, si la four
niture du C P. B. (Comité Hispano Américain)
en lard ou en viande Sraiche conservée pour les
civils, descend en dessous de 160 grammes par
semaine et que, dés que cette circonstance
arrive, la Commandature doit en être prévenue.»
Cet ordre émane de l'Intendance générale du
14 10 et du 28-11. 11 y a beau temps, Monsieur
le Commandant, que nous souffrons de privations
de viande fraiche, principalement les malades et
les vieillards, et malgré toutes nos réclamations
aux Commandatures qui vous ont précédé pour
obtenir ce que nous savions avoir le droit d'avoir,
surtout en faveur de nombreux ouvriers de nuit
dont la nourriture est insuffisante, c'est a peine si,
sur l'effectif de la commune et le hasard des che
vaux de l'armée tués par les bombes d'aéroplanes,
et que nous devons payer le grand prix, nous
arrivons a 11 grammes par habitant pour la viande
fraiche et pour le lard a 25 grammes. En effet,
pour la viande fraiche, nous n'avons regu aucun
gramme depuis le lr Décembre courant, et pour
le lard, il n'y a pas eu d'arrivage depuis le 25
Novembre dernier. Pour la viande fraiche, nous
comptons sur un nombre de 4.450 habitants, votre
Commandature se composant de 4 506 habitants,
y compris les enfants en dessous de un an.
Pour le lard, nous devons compter sur une
population de 6202 habitants, car nous ravitail-
lons aussi Ten Brielen (700 hab.) Corentje
(366 hab.), Houthem (191 hab.) et Bas-Warnêton
(450 hab.).
Vous voyez, Monsieur le Commandant, que
nous sommes loin de la quantité qui nous est due
et que votre Intendance générale nous reconnait
devoir donner ce que, cependant d'autres Com-
mandaturesonteu, notammentcelle deTen Brielen.
Malgré toutes nos sollicitations, nous n'avons
jamais rien regu de l'Intendance générale, en fait
de viande, ni depuis 6 mois, ni même antérieure-
ment.
Vous avez actuellement la preuve que les habi
tants de votre Commandature ont toujours été des
parias, et que leurs justes doléances n'ont jamais
été écoutées.
Que pourrai je encore ajouter pour vous faire
comprendre et vous prier de faire connaitre en
haut lieu que nous sommes depuis longtemps dans
des conditions, hélas, tristement exigées pour
obtenir satisfaction et même dans une proportion
plus forte que la quantité fixée par la dernière cir-
culaire-avis de l'Intendance générale Ne vous
semble-t-il pas qu'en raison de la privation subie
depuis si longtemps, une compensation pourrait
nous être accordée, et que, par votre influence,
ceux dont vous avez l'Administration, pourraient
obtenir une part plus forte que celle fixée. Nous
vous en demandons particulièrement pour les
malades et les vieillards
C'est dans cet espoir que l'Administration com
munale a l'honneur de vous formuler la présente
requête et vous prie d'agréer...
Pour la commune
(signé) LANNOY H.
Comines, le 3 Juillet 1916.
Monsieur le Commandant de Place,
L'Administration communale, soucieuse de la
santé et de la vie de ses ouvriers de nuit, dont le
nombre approche la centaine, vient solliciter de
votre bienveillance, que vous vouliez bien leur
fournir a chacun d'eux, un masque ou appareil
quelconque qui puisse les préserver, le cas
échéant, contre les gaz asphyxiants. Déja, dans
le courant de la semaine dernière, en revenant
d'Houthem, bon nombre d'entr'eux ont été incom-
modés par les émanations rencontrées après leur
travail.
Veuillez agréer, Monsieur le Commandant, la
nouvelle assurance de toule ma considération.
(signé) LANNOY H.
Comines, le 14 Aoüt 1916.
Monsieur le Commandant de Place,
A la date du 9 c', j'ai eu l'honneur de faire par -
venir a votre Commandature la lettre suivante
Monsieur le Commandant, j'ai l'honneur
d'attirer votre bienveillarite attention sur Ie
danger permanent dans lequel les ouvriers de
l'équipe de-la gare sont journellement exposés.
Vcici les déclarations des ouvriers confirmées
par le caporal qui les conduit Depuis quatre
jours, le travail s'effectue. sous un feu d'artillerie
a peu prés continuel, le long des lignes de che-
min de fer Comines Warneton, Pont Rouge et
Comines Houthem-Hol'ebeke, a proximité des
gares de Pont-Rouge et Holiebeke. Pour arriver
au lieu de travail, les ouvriers doivent s'y rendre
en rampant, et y réparer les voies désignées
ci dessus. Jusqu'ici, le travail a toujours été fait
malgré les difficultés et le danger. Mais commé
la situation s'aggrave tellement, j'ose espérer,
Monsieur le Commandant, que vous voudrez
bien intervenir pour y porter remède. En vous
remerciant d'avance de l'accueil que vous ferez a
la présente, veuillez agréer mes salutations res-
pectueuses. (signé) LANNOY- H.
Comines, le 9 Aoüt 1916.
Voici la réponse qui a été faite a cette lettre par
votre Commandature.
Ci l'original en retour. Les travaux doivent