annee CEHCLE CATIIOLKP DE COURTRAI, LABODREDR ET MATELOT. Le Journal paraitle Mercredi et le Samedi. Les insertions content 1b centimes la ligne.Les reclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, lb centimes. Les numéros supplémentaires commnndés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires. CHEMIIS 10 E V E 11. CONFÉRENCE DE II. VERSPEYEN. Salie comble. Tons les Ccrcles des envi rons, Ypres, Menin, Roulers, Mouscron, Dol- lignies, Harelbeke, Benaix, Avelgliem, Saint- Genois, elc., y sont représenlés. Le sujet qu'avait choisi Ie conférencier élail: de la Pr esse el de sun influence dans la sociélé contemporaine. M. Verspeyen a traité ce sujet intéressant avec tout le talent et loule la verve qu'on lui counait. Aussi des apptaudissemenls enthou- siasles, vingt fois répé.tés, ont interrompu celte brillante conférence. Yoici, d'après le Journal de Courtrai l'ordre des idees suivi par Porateur: Messieurs, C'esl le devoir des calholiques. et c'est aussi leur gloire, de n'ineliner leurs fronts baplisés quedevanl les puissances légitimes.; devant la force lorsqu'elle est au service du droii; devant le talent, lorsqn'il est l'a- póire du bien; devant Pari, lorsqu'il est /'expression du beau. Voila nos principes. Je vous convie a les appliquer a la pres.se, a cel le grande puis sance de la sociélé contemporaine. La pres.se esl une force; mais dans son ensemble, celte force est - el le au service du droit? El le est une arène pour le talent: la se rencontrent, comme dans un brillant tournoi, des banniéres variées; mais tons ces paladins de la plume ont-ils un dra peau que la justice et l'bonneur puissent avouer? Elle est un art: mais eet art a-t-il éclairé le goüt, purifié l'atmospbère intellectuelle, élevé les intelligences? Je ne le crois pas: et 'j'accuse la presse, qui a de si grandes pretentions, je Faccuse de nuire a la pratique du Bien, a la nolion du Vrai, au culte du Beau; je la dénonce comme une puissance usurpóe, e.xercant une influence excessive et malsaine, el je convie tons ceux qui pensent librement a secouer ce jong trop iacilement accepté'. Que cel te Ibèse nc vous étonne pas de la part d'un jmirnalisie: M. Verspeyen, determinant sa these, ne fait pas le procés a la presse envisagée com me moyen materiel de répandre la pensée: comme telle elle n'esl ni bonne ni mauvaise. II ne vienl pas jeter Panaihème a une des grandes d&ouvertes des derniers siècles'. II ne faul pas plus inaudire la presse qu'on ne maudit lelélégraphe, l'éclairage au gaz, la photograpliie, etc. La presse donl je par- le ici, est une puissance toujotirs en mouvement, une influence incessamment re- nouvelée un élément essemiel de 1'atmos- pbère intellectuelle et morale que nous som mes, bon gró mal gré, obligés de respirer tons les jours. C'esl de celte institution mal assise que je dis qu'elle est malsaine el qu'elle répand une influence empoisonnée. J'aborde ma these. I. Ln presse. dans sou ensemble, est une machine de guerre, une puissance de des truction èirigée principalement contre les fondement-s mêrnes des sociétés. Point de sociélé. dit l'orateur, sans auto rité; et, dans l'ordre civil comme dans l'or- dte rcligifcux, point d'antorité veritable si elle n'est empreinte du caraclère divin. Qu'est-ce que la presse, sinon une im mense machine de guerre dirigéc coutrc l'aulorité? M. Deionald disail: Un mauvais livro écril en francais est une declaration de guer re a I 'Europe, a plus lorle ïaison, un man- t vais journal esl une declaration de guerre a PEgliseet.a la Sociélé. C'esl Ie mauvais livre mulliplié lifiS I'ois, pour lous les lecteurs. Le journal est au volume ce que le chasse- pol est a la vieille arquebuse de nos pères. L'histoirc des révolulions conlumporaines est Phistoire de Pintluence de la presse; et les réstiItais de celte désaslreuse influence sont visibles dans les catastrophes du passé et dans les ruines du présent. L'orateur rencontre ici une objection: On a raison de se plaindre des énormi- tés et des scandalcs de cerlaine presse, mais c'est un ahus qui ne prouve pas contre l'in- slitution. L'immense majoritéde la presse ne se tienl-elle pas dans les bornes tracées par les convenances? N'est-elle pas tenue, par intérêt, a observer les régies essentielles? L'orateur répond qu'il y a erreur, illu sion évidente de nous figurer Ia presse révo- lutionnaire comme une exception ou comme n'attirant que la minorité de lecteurs. II n'y avail nnguérea Paris pas de journal plus lu que le Rappel. Mais qu'est-ce encore que cette presse prèlendümenl conservatrice dont vous van- lez la moderation et la vertil? C'esl la revendeuse de tons les sarcasmes Vóltairiens. Or, il n'y a pas de presse plus dangereusement révolutionnaire. Elle me le paincipe de lout ordre, enléve tout frein aux passions démuselées.el, en voulant atï'rauchir les hommes de leurs devoirs envers Dieu, elle les délie de leurs devoirs envers leurs semblables et envers eux-mémes. All! vous croyez qu'on s'arrêtera devant la borne de vos intéréts! Vous diles avec Renan: Dien n'esl qu'un vieux mot, un pen lonrd peul êlre! Et vous n'entendez pas le socialis me qui répond: La pro/u iélé esl un vieux molmoins lourd encoreP Une telle presse nc peut pas s'appelor conservatrice, mais révolutionnaire. Le plus grand des pélroleurs, c'est un journal bour geois: Le Siècle. C'est sur Ic journal isme motleré, liberal, que les ré vol u lion na i ces compieni puur accélérer leur ceuvre de des truction. L'orateur fait une citation de M. De Potter, fils, qui vient confirmer ses assertions. C'est ici le lieu, et c'est le devoir des catholiques de remercier nos premiers pas teers. Ce sont leurs avertissements réilérés qui nous ont signalé cctte presse. lis ont bien mérité des ames et de I'Eglise; ils ont iont fait pour sauver la Sociélé, si lant est que la Sociélé veuille êlre sauvée. Que notre obéissance soit Pexpression de noire gratitude! II reste les journaux qui ne séparent pas la loi divine des lois humaines et qui pensent que le meilleur moyen de défendre celles-ci est de toujours respecter celle-la. C'est la la presse vraiment conservatrice, c'esl la presse calholique. J'ai certaines rai- sons de n'en point penser trop de mal, et vous me permetlrez de n'en pas dire trop de bien. Elle aussi, elle est principalement une machine de guerre pour faire tombcr cer tains hommes et certaines choses. Et, sans doute, il y a des hommes et des choses qu'il est bon, qu'il est utile de renverser. Quand la justice s'appelle Bara et la royaulé Victor- Einmanuel, ils deviennent l'objectifde l'écri- vain consciencieux. Le conférencier cooclut que l'oeuvre du journalisme, prise dans son ensemble, est surtout une ceuvre de destruction; le journal se préle beaucoup mieux a renverser qu'a défendre. Voila pourquoi la taetique des journaux est essentieilement agressive. La |)lume du journaliste n'est pas faite pour parer les coups, mais pour les porter. Je crains que ma ihése ne heurte quelques illusions bien cliéres, mais je defends une conviction qui resplendit a mes yeux de ton ics les claries de l'óvidence. C'est une vérité dont la diffusion est d'une importance ca pi - tale. Peut-êire vais-je parailre plus paradoxal que jamais? II. Je soutiens, dit Porateur en commencant sa seconde partie, que la presse, ce prétendu foyer de lumiére, a, tout au contraire, con- tribué a obscurcir la notion du vrai et qu'elle a aceumulé des monlagnes de préjugés. Pour le prouver, M. Verspeyen fait voir I i- gnorance et la mauvaise foi des journa listes qui atlaquent la Vérité. La première qualité de Pesprit scientifi- que c'esl l'amour de l'élude, la connaissance approfondie de l'objel. donl on s'occupe. On rirail, et a bon droit, d'un chimiste, d'un médecin, d'un jurisconsulte, d'un théo- logien coniplétcment élranger aux études que son noin fait stipposer. Quels sont done les litres des journalistes a régenlcr la foule? Le plus souvent ils n'en onlaucuu. Et cependant ils disserlent, déci- dent, dogmalisenl sur tout; ils régenlent PEglise et l'Etat. En religion surtoul leur ignorance est sans égale. Que n'ont-ils pas écrit a propos de Pinfaillibilité du Souverain Ponlife? Et dernièremorH. a propos de la discussion sou- levée a l'Académie sur Jonas, XEloüe beige ne parlait elle pas de la baleine de CApoca lypse? Le plus souvent cette crasse ignorance se complique d'une dose énorme de mauvaise foi. Ces préteudus apótres de la lumiére refusent de voir. Vous connaissez Pouvrage si remarquable du Docteur Lefebvre sur Louise Lateau; c'est un chef-d'oeuvre de dis cussion, d'analyse et de controverse. Hé bien! les journaux libéraux Pont odieuse- ment travesti el denature; ils ont traité l'au- teur de charlatan fanatique, de médecin de sacristie!... El les vrais savants cc sont les rédacteurs de 1 'Eloile beige et du Journal de Liége. Un type bien connu, produit brut de celte influence de la presse, c'esl le péroreur do table d'höie. Belle fourchelte, bon buveuret surtout bel esprit! C'est de plus un homme nniversel, un pourfendcur d'abus d'un autre age; une encyclopédie vivante parlant de lout, art, littcrature, science, etc., avec une égale présomption. Mais son triomphe c'est Poperinghe-Ypres, 3-15,7-25^9-30,10-88,2-18,8-08,9-20 Ypres-Poperinghe, 6-80,9-07,12-08,3-37,6 30,8-43,9-30. Po- peringlie-llazebrouek, 7 13, 12-23, 4-17, 7-13. flazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-33, 10 -00, 4-10, 8-28. Ypres-Roulers, 7-80, 12-23, 6-43. Roulers- Ypres, 9-28, 1-30, 7-80. Kou Iers-RVui/ds, 8-43,11 -34,1-13, (L. 3 36), 7-30, (9-35. Lichierv.) Lichterv.-Tliouroul, 4-23 m. Bruges-Roulers, 8-25, 12-50, 3-13,6-42. 1 achtervelde-Courtrai, 5-25 m. Zedelgliem Tliouroul, 12-00. Ypres-Courtrai, 3-34.9-49,11-18.2-33,5-23. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40,8-49. Ypres-77(ourowt, 7 13, 12 06, 0 20, (le Samedi a 5-50 du nialin jusqua Langhemarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-45, (le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Coinines-Warnêton Le Touquel-Ilouplines-Mnreenffèras, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Houpli- nes-Le Touquet-Warnêion- Comines 7-40, 2-00, 4-48. (le Merer. 10-33 m. 8-00 s.) Comines -Warnêlon 8-40, m. 9-30 s. (le Lundi 6 30 s.) Warnêtori-Comines 3-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.) Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichlerv.)Bruges-Courtrai, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, ileyst, (station) 7-30, 11 04 2-30 7-35. Ileyst, Blankenberghe, Btuges, 5-48, 8,30 11-30, 5-30, Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 55., 12-06. Ingelmunster Deynze (land, 3-15, 9-41, 2-15. Ingelmunstcr-Drynze, 4-80 2* cl., 7-18. Gand-Deynze-Ingelmunster, 6-58, 11-20, 4-39. Deynze Ingelmunster, 9-10 2""cl, 8-20 s. Ingelmunster-dnseghem, 6-03, 12-10, 6-15. Anseghetn-Ingelvimster, 7-42, 2-20, 7-45. Lichtervelde-Dixmude Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-4. DitwAer/ce-Furnes-Dixmude et Liclitervelde6-55, 11-18, 3-43, 8-10. 2-20, 8-40. Nieuport-Dmnwde, 7-40. 10-43, 12-00, 4-28. 9-18, 1-50, 8-05. Ostende-Tliouroul, 7-58, 10-10, 12 28, 6-15. I)ixmude-Nieupoil9-55, Thou rout- Ostende, 4-80 Selzaete-Eecloo, 9-03, 1-23, 8-23. Eecloo-Selzaete, 5-38', 10-15,4-22. GanA-Terneuzen, (slation) 8-17, 12-15. 7,25. (porie d'Arivers) 8-30, 12-40. 7-43. Selzaetq-Lokeren, 9-04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren-Selzaete, 6-00, COB.B.ESFO COURTRAI, BRUXELLES. PST xy JXl. iv C Courtrai dep. Bruxelles arr. 6,40 9,20 10,55 1,35 12,33 2,23 3,45 6,06 6,38. 9,10. COURTRAI, TOURNAI, LILLE. Courtrai dép. 7.00 10,56 2,54 Tournai arr. 7,51 11,47 3,48 Lille 8.33 11,55 4,00 COURTRU, GAND. Courtrai dep. 6,42 12,31 Gand arr. 8,01 1,52 BRUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges dép. 6,49 exp. 12.39 3'34 exp. 6,43 Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,58 Bruxelles 8,50 4,03 5,26 9,31 8,34 6,29 6,32 3,47 5,03 8,47. 9,41. 9,55. 6,40. 7,50. Bruxelles dép. Courtrai arr. Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. Bruxelles dép. Gand arr. Bruges Terneuzcn-Gand, 6-00, 10-30, 4 40. 10-25, 4-45. (le Mardi, 9,30.) ES. BRUXELLES, COURTRAI. 5,22 8,28 12,21 5,33 6,47. 8,00 10,43 2,41 7,53 8,44. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,20 8,25 11,05 2,82 5,20. 5,45 8,56 11,34 2,47 5,39. 6.37 9.47 12,26 3,42 6,30. GAND, COURTRAI. 5.38 9,39 1,28 4,24 7,21. 6,87 10,52 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. 8,14 11,53 3,12 6,00 9,41 1 23 4,20 exp. 0,37. 7,13 10,34 2,38 8,11 7,22. Nourri dans lo sérail, j'cn connais los tlólours. Leduc (Dominique), le héros de eetle hisloire hahitait avec son père presque infbme, avrc sa vieille mère guère plus valide et sa jeune soeur. tine petile rhaumière a proximilé d'IL.., arron dissement de Lille. L'huiuhle champ donl le pro- duit nourrissait la familie s'étendail a l'enlour. Au dedans tout respirait une si doiiee paix. une si charmante simplirité, une 'propreté si exquise, qu'involontairement on se prenail a désirer d'ha- biter ce paradis. Le bonheur élail la en cffel. f.e père de Domini que n avail en pour l'y fixer qn'iine chose ii faire: aimer Dien, vivre en bon chrélien el en homuite homme. Pauvre des liiens He la lerre. mais riche par la moderation de ses désfrs, il metlait sa joie dans I affection d'une familie dévouée, dans la conduite de ses enfants, niodèles a son exemple de toules les vertus, dans la satisfaction du travail journaJier, dans le contentement surtoul d'une conscience dont les inqviïétudes ne lui avaient jamais cause la plus légere insomnie. Mais la Providence, pour les rendre plus dignes de la recompense en exallani leurs mérites, pré pare a ses élns pniTois de crnelles éprenves, com me elle ouvrait atix martyrs l'arène sanglante, ou déohainait contre eux les bètes féroces et les bour- reaux. Dominique atteignit ses vingt ans, l'époqtie fatale de la conscription. Le fits unique prit un mauvais numéro, et alors adieu loule féliciic dans la ehaumière. II fallait sc sëparer pour longlomps, pour (oujojiirs peut êlreUne circonslance par- liculière vimt encore ajouler au chagrin. I.a fcnille de roti le apprcnnil aux parents que leur fils. labuiireur jiisqu'alors, et qui de sa vie peut-être n'avait entrevu les agrès tl'un navire, élail incor- poré dans Ia marine. Mais Dominique, bravement resigiic. pwisque Dien le voulail ainsi, prit son parli de cello circunslance faclieuse comme du roste; il n-nfonca ses lannes pour ne pas faire trop ran Ier celles de ses parents, et, après avoir ree» ieur benediction, il parlit, le cceur déchiré saus doule, mais plein de force pourtant. paree qu'il await confinnce quo dans Paccoinplisse- uienl do sou devoir le secours do la Providoiice ne lui manqnerait pas. Un mois aprés il élail ii Tou lon. ol uiie:pi!i-eniièi-e let 1 re', que d'aulres suivirent regulièroinosl, vim dunner a ses parents consola tion el coinage. Domini ia-, lui, n inula pas ces lacln-s con sents qui, par leurs élernelles doléances, ajoulenl inii11lemen! a I'altliclion du pauvre père et tie la tendre mère. Bien moins encore suivil-il I'exemple tie ceux-ia plus nombreux pcut-êlre qui s'évor- tuent pour mettrq a contribution, sous un pré- texte ou suns-tin autre, une familie oil souvent on prèlèvesur le nécessaire les quelqnes pieces de monnaie écanomisées a l'intenlion d'un malade ou d'un convalescent el qui sont gaspillées par un gaillard des mieux portants dans des libations coupables. A nos liravos soldats, que j'aime si cor- dialcment, jje nc tairai pas en loyal ami la vérilé, H—B3—i «pioique pénibic: A plusieurs, a beaucoup pent- èlic, on rcprochc de lever trop aisémenl sur la bourse paiernelle, si pauvre qu'elle soil, Ic décime de guerre. Le tail est que le militaire, dans l'enuu'i des garnisons surloul, n'est pas lonjours discret dans les appels de fonds adressés aux parents, ni parfois ti-ès-sci-npulenx sur les moyens de faire Venn- l'eau ou plutót le vin au moulin. Ainsi ne faisait pas Dominique. II n'écrivait a ses pa ren Is que pour les rassurer: il n'avail besoin de ri i ndisail il, el se trouvaïl au mieux desa nouvelle posilion. A l'enlendre, les cordages eiaient surs eomine le plus sur escalier; les lia- macs., doux comme le mi-illeur lil de plume, ollraieut, glare au loulis, la plus agréuble balan- coi're. I.a nonrriuire, aboudanle el saine, faisuit lionneiir ii la cuisine du Gouvernement. Matelot enfin, n'avail qua se louer de ses chefs, lous bien- veillanrs, de ses camarades, lous excellenlss. «lu ue nous paries pas de la pipe, écrivait la mère; s'il te manque quel que argent pour le tabac, mande-le nous, on tachera de ten en- voyer. Ma pipe, répondait Ie matelot en songeant aux privations que vous vous étiez taut He fois imposées pour moi, je l'ai jeléc par Hcssus Ie bord el un reqtiin l'a gobée au passage! Vous riez, nies chers parents, a la bonne heure, et j'en suis bien aise... i> Ilclas! le pauvre garcon se trompail, sa lellre ne provoqua pas un éclat He rire, pas mème un sou- rire; dans la ehaumière lous ctaient dans les lar- mes. Par suilc d'une année mauvaise el derécolles perdu.es, la détresse arrivait a grands pas; déja mème il avail fallti vendre Géuiole. I'unique vache qui faisail loul le bélail de l'humble métairie. Mais on s'était bien gardé d'écrire ces tristes délails au matelot, de peur de l'afïligei-, et lui, par le mème motif, en pai-lanl de sa position, taisait avec soin le revers de la médaille. Mais Dominique n'était point aussi facile a abuser que ses bons et naïfs parents, et par les réticeuces mfimes il soupronna la vérité. Cependant le navire quitte Tptilon, faisant voile pour la Grèce; dans la traversée, il manque de sombrer, battu d'une tenipête épouvantable. II arrive, pour réparer ses avaries, 'a Athènes, ou Leduc tombe malade. Convalescent a peine, il se bate d'écrire a ses parents pour leur donner de ses nouvelles; mais de sa maladie coinme de la tempête il se garde bien de parler dans sa lettre: que deviendraient les units de sa mère? Le vaisseau léve l'ancre et se dirige vers la Pa lestine, voici le fils du laboureur a buit cents lieues de son village. Comme son coeur est oppres- sé quand il songe a l'énorine distance qui le sépa- ré de tons ceux qu'il aime! Pourtant c'est une grande joie pour lui de voir cette lerre de mira cles, cette lerre sainte, si chère ii tout chrélien. Quel bonheur n'a-l-il pas a raconter tous les dé tails He son voyage a ses pieux parents, en glis- sant peut-être dans la lettre quelqnes feuilles déro- bées aux arbres séculaii-es cPu j'ardin des öliviers. Elle arrive celte chère lellre apportée de si loin et si longtemps atlendue. Mais d'oü vient qu'elle semble plus lourde qu'a l'ordinaire? La familie s'éiunne, et la main tremblanle du père s'emprei- se a briser le cachet. La lettre ouverte, devinez ce qu'on trouve, en outre des feuilles bénies?... Un papier qui était un envoi d'argent. Le bon, l'ex- cellenl Ills! Calculant le déficit que son absence devait causer dans la ehaumière, il s'était promis de le combiera tont prix. Centime par centime, sa paye avail été soigneusement éconoinisée; non seulement Dominique avait brisé sa pipe, mais il se privail presque du nécessaire, de son vin, par exemple, qu'il vendait pour grossir sou trésor. Voila comment, dans l'espace de quiuze mois, il avait pu réaliser la somme relati-vement considera ble de 95 francs. Mais les privations ne coütaient rien au mai in, henreux de póuvoir se dirfe en pensant a sa familie: Comme ils vontêtre joyeux ia-bas!- Quelle surprise et quels transports! Conune cliactin doil ine bénir! Oh! les douees larmes qui coulent bien sitr en ce moment! Et le bon fils ne se troinpait pas. S'il eüt vu le sourire ineffable qui s'épanouissait sur les lèvres de sa mère et les re- gai tls li tiend ris et radieux de son vénérable père a cette preuve si louchante d'affection, Leduc aurait Irouvé plus légères encore les gênes qu'il s'impo- sait, et il les eüt savourées, pour ainsi dire, avec délices. Chaque année, la mème somme de 9o francs, amassée par les mêrnes moyens. arrivait a la ehau mière, oü pen ii peu elle rainena l'aisance en rele vant les courages. La vache put être remplacée,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1