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COMMENT ON NE GAGNE PAS
N" 850
Mcrcreui 2b Mars 1874.
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Le Journal parait le Mercredi et Ie Seinedi. Les insertions content lo centimes la ligne.Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, lo centimes.
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames on Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires.
€IIKMIi\§ 1» K F K BS.
ENCYCLIQUE DU SAINT PURE PIE IX,
Chers FiIs et Vénérahles Fréres, salut et
benediction apostolique.
A peine avions-Nous, dans Noire lettre du
24 Novembre de l'année derniére, annoncé
au monde calholique la grave persecution
qui a été inaugurée conire l'Egliseen Prusse
et dans la Suisse, qu'tine nouvelle inqniétude
Nous a été préparée par la nouvelle d'autres
iojtislices menacant l'Eglise, qui, sem-
blalile a son divin Epoux, peul exhaler a son
tour celte plaintc: Vousavez encore ajouté
a la douleur de mes blessures.Ces injustices
Nous inquiélent d'autant plus qu'elles sont
commises par le gouvernement du peuple
aulrichien, qui, aux plus grandes époques
des Elats chrétiens, a combatlu valeureuse-
ment pour la foi calholique dans la plus
étroite alliance avec ce Siége apostolique.
II est vrai que depuis quelques années dé-
ja on a publié dans cetle monarchie des dé-
crets qui sont en contradiction flagrante
avec les droits les plus sacrés de l'Eglise et
les traités solennellement conclus, et que,
conformément a Noire devoir, Nous avons
du condamner et déclarer invalides, dans
Notre allocution du 22 Juin 18G8 a Nos
Vénérables Fréres les cardinaux de la sainle
Eglise romaine. Ma is aujourd'hui on présen
te aux délibéralions et a l'approbation du
Reichsralh de nouvelles lois qui lendent ou-
vertement a mener l'Eglise calholique a l'as-
servissement le plus pernicieux, au hon plai-
sir du pouvoir séculier, conlrairement a la
divine disposition de Noire Seigneur Jésus-
Christ.
Car leCrcaleur et le Rédemplenr du genre
humain a londé l'Eglise. assuréinent conime
son royaume visible sur la lerre; il l'a dolée
LA CROIX.
non-seulement des dons surnalurels d'un en*
seignement infaillible pour la propagation
de la sainte doctrine, d'un saint sacerdoce
pour le service divin et la sanctification des
ames par le sacrifice ct les sacremenls, mais
il lui a donné encore un pouvoir propre et
plein, de rendre des lois, de jugcr et d'exer-
cer une salutaire contrainte dans toutos les
choses qui se rapporlent au bul véritable du
royaume de Dieu sur la lerre.
Mais comme ce pouvoir surnaturel dn
gouvernement ecclésiastique. basé sur la dis
position de Jéstis-Christ, est entiérement dis
tinct et indépendant de la domination sécu
liere, ce royaume de Dieu sur la lerre est le
royaume d'une société parfaite, qui se régie
et se gouverne d'aprcs ses propres lois et son
propre droit, parses propres chefs, qui veil-
lent pour rendre compte des ames, non pas
aux souverains séculiers, mais au prince des
pasleurs, a Jésus-Christ, qui a instilué les
pasteurs et les docteurs, lesquels, dans leur
charge spiriluelle, ne sont soumis a aucun
pouvoir séculier. De méme que les chefs sa
crés ont pour devoir de gouverncr, de mê-
me il est du devoir des fidéles, d'aprés l'a-
verlissement de l'Apólre, de leur obéiret de
se soumellre a etix, et c'est pourquoi les
peupies calholiques ont Ie droit sacré dene
pas ètre entravés par 1e pouvoir civil dans
ce devoir sacré, divin, de suivre la doctrine,
la discipline et les lois de l'Eglise.
Vous reconnnissez avec Nous, chers Fils et
Vénérables Fréres, combicn letcxledes lois
débattues aujourd'hui par le Reichsralh au
lrichien, renferme et manifeste une grave
violation de cetle divine Constitution de
l'Eglise, un renversement intolérahle des
droits du Siége apostolique, des saints canons
et de tout le peuple calholique.
En edel, en vertu de ces lois, l'Eglise du
Christ, dans presque tons ses rapports et ses
actes relatifs a la direction des fidéles, est
jugée et considérée comme complétement
subordonnée et assujettie au pouvoir supé
rieur de l'autorilé séculiére; et ceci est ex-
primé trés-ouvertement et pour ainsi dire
comme un principe dans l'exposé des motifs
qui explique la portée et le sens des lois pro-
posées. II y est aussi e.xpressément déclaré
que le gouvernement séculier, en vertu de
son pouvoir illimité, posséde le droit de faire
des lois sur les questions ecclésiastiques com
me sur les questions séculiéres, et de sur-
veilier et de dominer l'Eglise comme loules
les autres sociélés huinaines qui existent
dans le sein de l'empire.
Par la le gouvernement séculier s'arroge
le jugement el l'enseignement sur la consti
tution et les droits de l'Egise calholique,
aussi bien que sur sa haute direction supér
rieure, qu'il exerce par lui-méme en partie
par ses lois et par ses actes, en partie par
diverses personnes ecclésiastiques.
De la il suit que la volonté et la puissance
du gouvernement civil prennent la place du
pouvoir religieux qui a été établi par une
ordonnance divine pour la direction de l'E
glise et pour l'édification du corps du Christ.
Conire une telle usurpation du sanctuaire, le
grand Ambroise dit a bon droit: On pré-
lend que tout est permis a César et que lout
lui appartienl; je répouds: Ne va point l'ima-
giner cependant que tu possédes sur ce qui
est consacré a Dieu un droit imperial. Ne
l'exalle pas, mais sois soumis a Dieu; il est
écrit: Ce qui est de Dieu appartienl a Dieu,
ce qui est de César a César. A l'Empereur
appartieunent les palais, au prétre les égli-
ses.
Pour ce qui regarde en outre ces lois que
l'on a fait précéder d'un exposé des motifs,
elles sont en vérité de la niéine nature et du
méme caractére que les lois prussiennes. et
elles préparen! a l'Eglise calholique dans
l'empire d'Autriche les mémes malheurs,
quoiqu'elles paraissent offrir a première vue
une cerlaine modération quand on les com
pare aux lois prussiennes.
Nous ne voulons pas examiner en détail
chacun des articles de ces lois; mais Nous ne
pouvons d'aucune facon passer sous silence
la cruelle offense qui Nous est déja faite, a
Nous-méme et a ce Siége apostolique, par la
présentation de telles lois, comme a vous-
mèmes, bien-aimés Fils et dignes Fréres, et
aussi a tout le peuple calholique de eet em
pire.
Le Concordat qui a été conclu en l'année
1853 ent re Nous et l'illuslre Em peren r, et
qui a été confirmé par ce méme monarque
calholique par une promesse solennelle, et
promulgué dans lout l'empire comme loi de
l'empire, est maintenant présenté la Cham-
bre des Dépulés avec la declaration qu'il est
complétement sans vigueur et annulé sans
négociations prêa la bles avec cc Siége apos
tolique, bien plus, avec un mépris public de
N'os plus justes representations. Eat-on ja
mais osé faire publiquement une pa rei lie
chose, dans les temps ou la foi publique avail
encore quelque prix"? Mais maintenant, dans
cette triste époque, on l'enlreprend et on
l'achéve. Centre cette violation publique du
Concordat, Nous protestons de nouveau de-
vant vous, bien-aimés Fils et Vénérables
Fréres.
Nous réprouvons d'autant plus eet outrage
infligé a l'Eglise, que la cause et le prélexte
de la rupture du Concordat et des autres lois
qui s'y raltachaient ont été iiisid'ieiisement
appuyés sur la definition des enseigneinenls
de la loi, publiés et confirmés par le Concilc
cecuménique du Vatican; el l'on a appeléces
dogmes calholiques d'une manière impie,
des nouveautés et des changements des arti
cles de foi et de la constitution de l'Eglise.
il peut y avoir dans l'empire d'Autriche
quelques personnes qui rejeltent la foi ca
lholique pour ces indignes inventions; mais
son i I lust re monarque, avec toute la maison
impériale, la conserve et la confesse, l'im-
mense majorité du peuple la conserve et la
confesse, cl c'est a ce peuple que l'on don-
nera des lois appuyées sur de telles inven
tions!
Ainsi, sans nolre connaissance et notrc vo
lonté, on a déchiré la convention que Nous
avions conclue avec le noble Empereur, dans
l'intérèt du salut des ames et a l'avantagede
l'Etat. Une nouvelle forme de droit a été
prétextée, el on a altribué au gouvernement
civil une nouvelle puissance, afin qu'il put
mettre la main sur les choses ecclésiastiques
et qu'il put ordonner et arranger les affaires
de l'Eglise a son gré.
(La suile au prochain N°.)
M. DE BISMARK
II n'est pas sans intérèt de voir ce que
pense de M. deBismark la presse étrangére.
Un journal américain, le New- York-Herald,
publiait derniérement une correspondance
dc Berlin, pleinede très-curieux détails sur
le passé politique et sur la situation actueile
de M. de Bismark en Allemagne, et il faisait
suivre cette lettre de l'appréciation que l'on
va lire:
II y a, pour M. de Bismark, un danger
que signale a bon droit notre correspondant,
c'est qu'en declarant la guerre a l'Eglise, le
grand homme d'Etat n'ait entrepris une lache
au-dessus de ses forces. Nous ne serions pas
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Poperinghe-Ypres, 5-15,7-25,9-30,10-58,2-15,5-05f9-20 Ypres-Papering he6-50.9-07,12-05,3-57,6 50,8-45,9-50. t'o-
peringhe-llozebrouck, 7 13, 12 25, 4-17, 7 13. Hazebrouck P<>p<»ringlie- S pres, 8-35', 10 00, 4 10, 8-25.
Ypres-Houten, 7-50, 12-25, 6-45. Uuulers- Ypres, 9-25, 1-50, -7-50.
Roulers-ZZrizjes, 8-45,11-34.1-13, (L. 5 56), 7-30, (9-55. Lieliterv.) Lieliterv.- ThourvtU, 4-25 m. Bruges-Zfoufers, 8-25,
12-50, 5-13,6-42. Liclitervelde-Courtrai, 5-25 m. Zedelghem Thourout, 12-00.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Courlrai--Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40.8 49.
Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 du malin jusqu'a Langheniarck). Thourout-1 pres, 9-00, 1-18, 7 45,
(le Samedi a 6-20 du malin de Langliemarck a Ypres).
Comines-Wamelon Le Touquet-Houplines-ArwewZteffes, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-80 s.) Armeniières-Houpli-
nes Le Touquet-Warnêtcn-Cowines 7-40,2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8 00 s.)- Comines-Warnëlon 8-40, m 9-30s. (Ie
Lundi 6-30 s.) Warnêlon-Cowmes 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.)
Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lieliterv.)Bruges-Courlrai, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenhcrglie, Hevst, (slation) 7-30, 11 04, 2-50, 7-35. Ileyst, Blaukenberghe, Bruges, 5-45, 8,30 11-30, 5-30,
Blankenberglie. Bruges. 6-10 8-55. 12-06.
Ingelmunster Deynze Gand. 5-15, 9-412-15. Ingelmunster-ZVi/wie, 4 50 2* cl., 7-15. Gand-Deynze-higelmunsler, 6-58,
11-20, 4-39. Deynze higelmunsler, 9-10 T cl, 8-20 s.
I n ge I m o n s t e r - ,4 ?i «v//i e m6-05, 12-10, 6-15. .\osex\i(im-fngelmunster7-42, 2-20. 7-45.
Liehtervelde-Dixmede Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. D«/t/.e;7.t'-Furnes-l)ixmude et Lichtervelde, 6-55, 11-15,
3-45, 5-10.
Dixmude-TVtewporl, 9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-Z)m«w<ie, 7-40. 10-45, 12-00, 4-25.
Thourout-Ostendc, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Qsiende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaeie Eecloo. 9 05, 1-25, 8 25. Eeclo(>-,S'e/zaeh'5-35, 10 15, 4-22.
GandTerneazen, (station) 8-17, 12 15 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-44.
Selzaetti-Lukereu, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se/zoete, 6 00
Terneuzen-Gand, 6 00, 10-30, 4 40.
10-25, 4 44. (le Mardi, 9,30.)
C O El 11 EaPOWDAWC
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
6,40
9,20
10,55
1,35
12.33
2,25
COURTRAI, T0URNA1, I.II.LE.
Courtrai dép.
Tnurnai arr.
Lil le
7.00
7,51
8.35
10,56
11,47
11,55
2,44
3,48
4,00
C0URTRU, GAND.
Courtrai dép. 6.42 12,31
Gand arr. 8,01 1,52
3,45
6,06
5,34
6,29
6,32
3,47
5,03
6,38.
9,16.
8,47.
9,41.
9,55.
6,40.
7,50.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
lil s
BRUXELLES, COURTRAI.
5.22 8,28 12.21 5,35 6,47.
8,00 10,43 2,41 7,53 8,44.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Binges dép. 6,49 exp. 12.39 3'34 exp. 0,43
Gand arr. 7,34 1,5-4 4,19 7,58
Bruxelles 8,50 4,05 5,26 9,31
Lille dép.
Tnurnai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courlrai arr.
Bruxelles dép.
Gand arr.
Bruges
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,20 8.25 11,04 2,82 5,20.
5.45 8,46 11,34 2,47 5,39.
6.37 9.47 12,26 3,42 0,36.
GAND, COURTRAI.
5.38 9,39 1,28 4,24 7,21.
6,57 10,52 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,53 3,12
6,00 9.41 1 23 4,26 exp. 6,37.
7,15 10,34 2,38 5,11 7,22.
AUX CARDINAUX, ARCIIEVÊQIES ET ÉVÊQUES
DE [.'EMPIRE D'AUTRICHE.
Suite. Voir le N* précédent.
Merci, men matelot, bien faehé de te refu
ser, répondit Ie contre-maitre. mais en cc moment,
impossible. Le capitaine a dêfendu de mettre les
pitds a lerre, c'esl-a-dire de quitter ie canot, ne
fut ce qu'un instant, et surtout il a interdit la vi
site au cabaret.
II est sévère, le capitaine. Mais bah, pas de
règle sans exception! Ce sera d'ailleurs l'affaire de
quelques minutes.
Non, non, quanta cela, vois-lu, j'ai promis,
j'ai promis.
Mais, une idée. Voici qui arrangera lont et
nous permettra de boire a la santé d un chacun
sans manquer a la consigne. J'ai la mon mousse,
il va sauter a terre et courir cliez le père Hofc'l dire
qu'on nous expédie ici des verres et des bouteilles.
Mais, mais je ne sais pas si... peut-êlre
bien... je craindrais... objectait le contre-maitre,
hésitant et se défendant mollement, bien que sa
conscience lui reprochat ce subterfuge qui, s'il
respectait la lettre de la consigne, en oubliait cer-
tainement l'esprit. Pourlant si tu crois... mais
seulement une ou deux bouteilles.
L'autre n'avait point altendu la permission.
Déja le jeune pécheur, son aide, frappe a la porie
du cabaret, el peu d'instauls après il revenait ac-
compagnédu père Hoël, plianl sous le.poids d'un
large panier rempli de verres et de bouteilles.
C'est trop dit le contre-maitre inquiet, et
se détianl de sa propre faiblesse. Ja va is dit une
bouteille.
Veux-tu done que les camarades nous regar-
dent? On n'esl pas des égoïstes. Allons. les amis
allongez la main, chacun son verre. El d'abord,
une tournée a la sanié du commandant, quoique...
A lout seigneur tout honneur.
Nul ne se Gt prier; les verres se remplirenl et
Ton but a la santé proposée. Après celle-lii, on
porta celle des deux amis. Mais alors les martns
du canot, en hommes raisonnables, déposèrent
leurs verres et se refusèrent énergiquemprit a
toute invitation nouvelle. Stuls, le pêcheur et le
contre-maitre restèrenl la bouteille a la main vis-
a-vis l'un de l'autre, continuant de verser, trin-
quer et absorber tant et si longtemps, que le
pêcheur a la fin s'affaissa d'un cóté, landis que
son ami roulait ivre-mort de l'aulre. On jeta le
pêcheur dans sa barque et l'on releva le contre-
maitre; mais vainement essaya-t on de le replacer
sur son banc et de l'y mainlenir. Deux ou trois
fois il tomba a la renversc, et on dut le recoucher
inerte, anéanti, au fond du canot, Peu d'inslants
après, l'aspirant arriva.
Eh bien! et le conlre-mailre? demanda-t-il
en fronganl le sonrcil et le chrrchanl des yi-ux.
Ou le lui montra gisant sous son banc. II coin-
prit et iniinuura:
Le proverbe n'a pas tori, qui a hu... Incor
rigible ivrogne! II n'v a pas it compter sur eet
hoinme, je l'avais dit au capitaine.
En méme temps, il ordonna de nager rapide-
ment vers la frégale, que l'on ne tarda pas a
rejoindre. Yvon, complétement insensible el in
capable de s'aider liii-méine, dut être hissé a bord
au moyen du cric, absoltimenl comme un eolis.
Le capitaine. aiiquel l'aspirant.. après lui avoir
rendu eoinple de sa mission, avail appt is la nou
velle équipéedo conlre-mailre, ne pui s'enipêeher
ds miiriuurer avec un soupir:
Un si brave matelot, n'avoir pas plus de rai-
son! Tant de cceur et la tête si légère! Le malheu-
reux, il forcera a lui relircr ses galons. Car, en
dépit du courage et du dévouement, je ne puis
lolérer un tel scandale. Manquer ainsi aux pro
messes les plus solennelles, et dans un pareil
moment, ajouta le capilaine, qui. sa lougue vue a
la main, regardait atteniivemenl un point noir a
chaque instant grossissant a l'horizon.
C'est bien, jeune homme, dit-il ens 11 ite en
se tournant vers l'aspirant, allez a voire posle de
combat; l'Anglais nous arrive a toutes voiles,
toiii|iUinl, avt-c faidc de ses deux acolvles, ne
faire de nous qu'une bouchée. Nous venous bien.
Le léopard aura de bonnes griffes s'il nous entame
seulement.
Mais, commandant, que faire de cel liouimc?
uit le mettre?
Qu on le jette a fond de cale pour v euver
sa boisson, pendant que ses braves camarades
se feront écharper! Ah! je lui prépare un ré
veil...
Un quart d'heure a peine s'était écoulé. que la
frégale anglaise the black prince, le prince
noir, flaoqué de deux bricks ou cutters, arrivaita
demi portee, saluanl le navire francais de toulesa
bordée. Mais pas 1111 hou lel lie porta.
A voire tour. mes enfants, a voire tour,
cria le capitaine Dubern d une voix tounante, el
visez mieux. Feu! feu! et Vive l'Empereur!
Vive l'Empereur! répondit ('équipage tout
d une voix. En même temps les canons grondcrent,
el sur Ie pont ennemi on vit tomber des fragments
de voiles et d'agrès, des planches et des débris
pêle-mèle avec des hommes.
Feu de tribord maintenant, clama le capi
taine qui, par une habile manoeuvre, présenta ie
travers au Priiice-Noir quand il voulut riposler.
La canonnadc conlinua terrible, effroyable, et
bienlöt les deux navires disparurent, enveloppés
dans un nnage d'épaisse fumée. Les deux cutlers i
ET LA POLITIQUE RELIGIEUSE DE LA PRUSSE
JUGÉS PAR UN AMÉRICAIN.
voiilurent t-n profiler pour s'approcher de la fré-
gaie fiani-aise et loger sournuisement quelques
huulets dans sa coque; mais Ie capitaine, qui sur-
veillait les pelits bailments, par une manoeuvre
audacieuse, abandonnant un instant son princi
pal adversaire, arriva brusquement sur les deux
cutlers foudroyés a bout portant d'une double
décharge, qui coula l'un immédiatement ct laissa
l'autre désemparé et impuissant; puis le Jules-
César revint sur le Prince-Noir, contre lequel de
nouveau ses canons tonnèrent. Bientót on enten-
dil d'affreux craquemenls. et le grand mat du
navire ennemi, éclatant par la moitié, couvrit Ie
pont de ses débris.
A l'abordage, mes enfants, a l'abordage,
cria le capitaine, ils sont a nous! Yive la France!
ils sont a nous.
Et les grappins d'abordage ayant rivé de tons
les cölés la frégale anglaise a la nötre, nos intré-
pides matelots, la bache el le pistolet au poing,
lombant des baslingages et des haubans sur le
pont ennemi jonché de morls et demourants,
eurent bienlöt balayé les quelques braves qui se
défrndaient encore. Le capilaine, blessé glorieu-
senient sur son banc de quart et s'y voyant pres
que seu1, dut rendre son épce au lieutenant dn
Jules-César, pendant que le pavilion aux trois
couleurs remplacait sur son grand, mat la flamme
aux amies de l'Angleterre. A contineer.