u
1
§1
!lli^
o
SOUSCRïPTÏÖN
COMMENT ON NE GAGNE PAS
a&.AN£
9",e ju mee.
Samedi 28 Mars 1874.
N° 8(30.
s
p 3
Le Journal paraille Mercredi et le Samedi. Les insertions coüleni 15 eeniimes In ligne.Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplcmenlaires commandos pour articles, Réclames ou Annonces, coütcnt 20 Ir. les 100 exemplaires.
C IB K M D X S I) K F H BB.
CLERGÉ PERSECUTE DE SUISSE.
Ifuitièmc Lisle.
M. et MmeCyriliè Boorie. 500
Total fr. l,SO»-GO
AVIS.
LA CRÜIX.
ENCYCLIQUE DU SAINT-PËRE PIE IX,
{Suite. Voir le Numéro précédent.)
Avécces lois projelées, on arrive a lier de
lourdes chaines et a paralyser la liberie in
violable- de l'Eglise, pour le salul des ames,
pour le gouvernement des fidéles. pour la
direction religieuse du peuple et mème du
clergé, pour faire progresser la vie chré-
tienne vers la perfection évangélique, dans
Padminislration el même la propriélé des
biens. On introduit la perversion dans Ia
discipline, on favorise l'apostasie; l'union et
la conjuration des sectes coutre les vérilables
dogmes chrétiens sont favprisées sous la
protection et la garde des lois.
En réalilé, tine grande tache Nous incom-
berait si Nous voulions menlionner la nature
et Ie nontbre des maux que Pon aura a crain-
dre aussitót que ces lois enireront en vi-
gucur; mais. cbers Fils et V'énérables Frcres,
el les ne peuvenl ni vous tromper, ui écbap-
pcr a voire sagesse. car (iresque toutes les
iouclions et tons les bénclices epclé.iiastiques,
en supposant qu'ils se soumeltraient aux
riouveaux droits (cc qui est loin d'etre), ne
devraient plus ullericurcment administrer
leurs dioceses pour lesquels ilsont un contp-
tesévére a reridre a Dieu, d'aprés les regle
ment salulaires de l'Eglise, mats ils «eraient
forcés d'exercer cette direction et de la rete-
nir sur l'avis et d'aprés le bon plaisirde
ceux qui sont a la tête de l'Etal.
Que peut-on altendre ensuile de ces pro
jets de loi qui portent pour litre: en conside
ration des commnnautés religieuses? Leur
funeste portee et leur sens hostile sont si évi
dents que personne ne peut méconnaitre
qu'ils ne soient médités et prepares pour la
perte et la ruine des ordres religieux. La
perle imminente des biens temporels est si
grande, finalement, qu'elle se distingue a
peine d'une miseen vente el d'un gasptl'age
publics. Le Gouvernement notamment niet-
tra ces biens sous sa dépendance aprés la
confirmation des lois, et s'attribuera le droit
el Ie pouvoir de les partager, de les loner et
de les rédnire par des impöls, au point que
le misérable iisufruit et Ie bénéfice qui resle-
ront seront considérés avec raison non com
me un honneur pour l'Eglise. mats comme
une derision et comme un ntanleau pour
couvrir 1'injustice.
Comme les lois que discute la Cbambre
des Députês du Rcicnsrath au'tricbien sont
concues dans ce sens et sont basées sur los
principes que Nous avons exppsees, vous
voyez clairenienl sans doule, cbers nl's et
Vénérables Fréres, les dangers actuels qui
inenacent le troupeau confié a voire vigilan
ce. L'unitè el la paix de l'Eglise sont nolam-
nient inlses en jeu, et Ton lend a lui ravir la
liberie que saint Thomas de Caniorbéry
appelait a bon droil fame de l'Eglise, sans
laquelle elle n'a aucune force contre ceux
qui eherchenl a posséder par héritage le
sanctuaire de Dieu.
Celte parole a été expliquée par nn autre
invincible défenseurde cetle mème liberté,
par saint Anselme, dans les tenues suivants:
Dieu n'aime rien lanl en ce monde que la
liberté de son Eglise. Que ceux-la qui veulent
moins servir l'Eglise que la dominer, se
considèrent sans aucun doute comme les
ennetnis de Dieu, Dieu vent que son Eponse
soit libre el non servante. C'est pourqtioi
Nous suscitons et Nous enflanimons votre
vigilance paslorale et le zèle dont vous ètes
animés pour la maison du Seigneur, afin que
vous vous eflbrciez d'écarler le danger qui
s'approehe. Prencz un grand courage pour
soulenir un combat digne de votre verlti. [I
est certain pour Nous que vous ne ferez ptis
moins iii en courage ni en force que ces ho-
norables Fréres qui aijleurs, parmi les plus
amères épretives, deventis, au milieu du
mépris et des persécutions, un spectacle,
supportent avec joie, póur la liberie de l'E
glise, non-seulemenl le rapt de leurs biens,
mais, métne dans les chaines, soutiennenl le
combat des douletirs.
Au reste, toute nolre espérance n'est pas
placée en nos propres forces, mais en Dieu.
II s'agit de la cause même de Dieu, qui, par
son infaillible parole, nous a vert il et nous
inslruil: Dans ce monde vous aurez des
persécutions; mais, ayez confiance, j'ui
vaincu Ie monde.
Nous done qui, en vertu do Notre charge
aposldiiqu'e, ou la grace de Dieu fortifie No
tre faibless'e, avons èié mis an posle tic gui
de dan's cetle guerre contre l'Eglise, si cruelle
el pleine de péripéties, Nous disons ei Nous
lotions ce que le saint de Cantorbérv jadis a
expfiiné dans les tenues suivants, qui con-
vieiiiient admirablcmcnl a noire temps et it
nos perils: Le combat que les ennemis de
Dieu conduisent contre nous est tin combat
entreeux et Dieu. Done, Nous ne desirous
dVux ricn autre que ce que ce Dieu éternel,
lorsqu'il s'est fait chair pour Elle, a laissé
a l'Eglise pour son legs éternel. Elevez vous
done avec Nous dans la foi et dans l'amour
du Christ pour la protection de l'Eglise, et
venez au secours des hommes avec rautoritè
el la sagesse qui vous sont départies; car au
cun bien ne saurait leur suflire lorsque l'E
glise de Dieu ne jouil pas de sa liberté.
Nous avons confiance en vous, d'autant
plu? qu'il s'agit dc la cause de Dieu. En cc
qui Nous conccrne, soyez certains que Nous
preferons dc bcaucoup souffrir la mort tem
porede que d'assumer les épreuves d'une
trisle servitude. Car Tissue de cette lulle a
pour la postérilé cel te signification: que
l'Eglise est élernelleineiit nflligée, que
Dieu Nous en preserve! ou elle se réjouit
éternellainent dans la liberté.
Mais comme vous devcz tendre vos efforts
a prévenir les dangers qui menacent, par
voire autorité, votre sagesse et votre zèle,
vous reconnailrez que rien ne sera plus op-
portun cl plus utile que d'exammer en com-
mun les nióyens propres a atteindre plus
sürement et plus cfficacement le but désiré.
Pendant qu'on attaque les droits de l'Eglise,
il est de voire devoir dc proléger les fidéles;
mais le mur dc defense sera d'autant plus sur
et la defense même d'autant plus puissanle
que vos efforts seront plus unanimes et plus
uins, et que les inestires commandées par la
situation seront éludiées et arrètées avec plus
de zéle. C'est potirquoi Nous vous exhortons
a vous rétinir le plus tót possible el a fixer,
aprés une dèlibération commune, une ligne
de conduite svireet approuvée par tous, qui
vous permette, conformément aux devoirs
que vos functions vous imposent, de com-
baltre d'un commtin accord les maux qui
menacent el de proléger avec énergie la
liberté de l'Eglise.
Nolre exhortation est nécessaire pour que
Nous ne paraissions pas avoir négligé Notre
devoir dans une question si importante; car
Nous sommes convaincu que, même sans
lr
tn
O
O
C2
2:
O O
o
cz
TI
G
"3 H
-
m
m
CAJ
—3
T3
53
2
O
c/3
O
a
m
m
53
P*
PoperinRlie- Ypres, S-l.'i^-^^O-SO, 10-88.2-13.3-05,9-20 Ypres-Popermyke, Ö-iih',9-07I2-OS.3-87,6 50,8-45,9 SO. Po-
peringlie-Bazebrouck, 7 13, 12 '23, 4-17, 7 13. ilazebrnuek P<»|>cringlie-Vpres, 8-35, 10 00, 4 10, 8-2».
'Ypres-ftott/éw, 7-50, 12-23', 0-48. Bottlers- Yptes, 9-25, 1-30, 7-50.
Kouiers-Wnt(/e«, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-30, (9-33. Lichterv.) Lichterv.- Thouroul, 4-28 m. Bruges-Routers, 8-25,
12-30, 5-13, 6-42. Lichter velde-'Courlrai, 5-28 m. Zedelghetn Thouroul, 12-00.
Ypres-Cowrlrai, 8-84,9-49,11-18,2-35(5-25.Courlrai-Ypres, 8-08,1 I-02,2-50,5-40.8-49.
pves-Thourout, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 5-80 du matin jusqu'a Langhemarck). Thouroul-Ypres, 9-00, 1-18, 7 45,
(le Samedi a 6-20 du maun de Langhemarck a Ypres).
Comines-NVarnêion-Le Toiiquet-Houplines-.-lrwCTïtöres, 0 00, 11-50, 3-35,: (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Iloupli-
nes-Le Tonquel-Warnêton-CoHMMes 7-40, 2-00, 4-48. (Ie Merer. 10-35 rn. 8 00 s.) Comines-Warnêton 8-40, m 9-30 s. (le
l.undi 6 30 s.) Warnêton-CowMies 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.)
Courlrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (IV.' 5-13), 6-55. (9-00 s. (Liclilerv.)— Bruges-Courlrai, 8-25, 12-30, 5-13, 6-42.
Bruges, Blank-enberglte, Beyst, (station) 7-30, 11 04, 2-50, 7-33. Heyst, Blankenberghe, Btuges, 5-45, 8,30 11-30, 5-30,
Blanfcenberghe, Bruges, 6-10 8-55, 12-06.
Ingelmunster Deynze Gaud, 15-15, 9-41, 2-1)1. -Ingelmunster-T^é'ï/w^ö, 4-50 2' cl., 7-15. Gand-Deynze-i/if/e/w&Mftster, 6-88,
11-20, 4-39. Deynze Inge/munster9-10 2ccl, 8-20 s.
Ingelmnnstcr-z! nseghem, 6-05, 12-10, 6-18. Apseghem -Ingelmunster7-42, 2-2t), 7-43.
Lichtervelde-Dixtrjude-Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. Dtinkvrke luirnes-Dixmudc et Liclitervelde6-55, 11-15,
3-45 5-10
Dixmude-Nieupotï, 9-35, 2-20, 8-40. Nieuport-Dmnwde, 7-40. 10-45, 12-00. 4-25.
Thourout-Osleiirfc, 4-50, 9-15, 1-50, 8-03. Ostende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaete Eedoo. 9-08, 1-25, 8 25. Kei:loo-6e/-ae<e, 8-38, 10 15,4-22.
Gand Terne azen, (station) .8-17, 12 15 7,23 (porie d Anversl 8-30, 12-40. 7 43.
Selzaete-Lotere/i, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 in.) Lokorén-Se/ruete, 6 00
Terneuzmi-Gtivd, 6-00, 10-30, 4 40.
1(1-23, 4 48. (le Mardi, 9,30.)
c o n. h. u i» o nr d isr o
COURTRAIBRUXELLES.
Courtrai dop. 6.40
Bruxelles arr. 9/20
10,55 12.33 3,45 6,38.
1,38 2/25 6,00 9,16.
Bruxelles dep.
Courlrai arr.
ju
BRUXELLUS, COUKTRAI.
5,22 8,28 12/21 5,35 6,47.
8,00 10,43 2,41 7,53 8,44.
cnjunTRAt, Ton rn ai lille.
Courlrai drift. 7.00 10,86 2,54 8,34 8,47.
Tournai arr. 7,81 11,47 3.48 6/29 9,41.
Lille ii 8.35 11,88 4,00 0,32 9,55.
COURTRUGAND.
Courlrai dep.
Gand arr.
6.42
8,01
12,31
1,32
3,47
5,03
6,40.
7,30.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dep. 6,49 exp. 12,39 3 '14 exp. 0,43
Gand arr. 7,34 1.34 4,19 7,88
Bruxelles 8,50 4,03 5/26 9,31
Lille dép.
Tournai arr.
Courlrai
Gand dép
Courlrai arr.
Bruxelles dép
Gml arr.
Bruges
LILLE, TOURNAI, COURT RAI.
5,20 8/28 11,05 2,82 5,20.
5.48 8,86 11.34 2,47 5,39.
6.37 9.47 12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAl.
5.38 9,39 1/28 4/24 7,21.
6,57 10,52 2,49 3,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8.14 11,83 3,12 -1
0,00 9 41 1 23 4/20 exp. 6,37.
7,18 10,34 2,38 8,11 7/22.
POUR LE
Mottlanl des listes précédenles, fr. 1,15060
PAROISSE 1)E ST-MARTIN' (YPRES).
Auonvme. 5—00
PAPOISSE DE ST-PIEME (YPRES).
PAROISSE ST-JACQL'ES (YPRES).
Auenyme. 1—00
PÓPERI.NGliE PAROISSE ST-BERTIN').
Mveuve V.an Honingbe,
llosalie
Atsonyme,
A. M.
WYTSCIIAETE.
M. Remi Blomme.
BAS-W'ARNKTON.
MBovine" curé.
PROYEN.
Angelus Van den Bussche,
Weduwe Pieter Van den Bussche,
PEOEGSTEERT.
M. Dassonneville, curé
M. Dejoncklieere, vicaire,
5-00
1—00
2—00
5—00
8—00
8—00
5—00
5-00
10-00
5—00
MM. les Ecclésiastiques de Varrondissement
rondrent bien receroir les soiiscriptionS.
Tonics au tres person nes d<- bonne rolonlé soul
ègalement considérées cqtnme parfiiitement aptes
li rccueülird receroir et u transmctlrc les off run-
des,
Oh les permit égalnncntau BUREAU Dl!
JOURNAL 1Y F PRES et du ME UW i RL AD.
Powr permettre vne, exucle coinptabilite:
Suite. Voir le N' précédent.
Bravo-! mes enfants. bravo, rlisait ie cajiilnine
francais, tpii piésitfaiDa l'opératiou; vons êtes les
dignes eOlants de la Fiance! et l'Emperriir sera
content de vous. II saiira qu'il peul cumpter sur
la Hotte comme sur l'armée.
Le- capitaine alors 'regagna son propre navire.
Au moment tut il aboidait. d'uue des éeoiitilles on
vit sortir tine forme humaine.
Ah! dit un marin, voila mail re Yvon qui se
réveille. Cresl tin pen tard.
C'était le contre-inaitre, en effet, que le tinta-
marre de cetle infernale canonnade n'avait pu
lirer du sommeil lélhargique de l'ivresse, mais
qui enfin, quand le vin eut épuisé sa force, sorti
de l'anéantisscment, arrivait sur le pont, rt. se
frottant les yeux, eflaré dans la stupeur de l'éton-
nement, regaidail autour de lui les débris d'ar-
nies, les troneons sanglants, les fragments de toute
espèce qui jonchaienl le planchet*. Puis, levant les
yeux, il apert/tl le capitaine qui, entouré de son
élat-major, donnait ses ordres eur le pont. mon-
trant du doigt la frégate ennemie, stirmonlée du
l'Ze donateur et son intermédiaire sont in-
slamment priés de remeUre simnltancment la
note de la souscription et l'arjent qu'eltecom-
porte.
Les personnes qui sentient e.mbarrasséespiiur
faireparvmir au cen tre de. L'cBUvre le montant de
leur souscriptionpeurent l'etivot/er en tnandals
sur la poste d Mle Douen d'Vpres.
2" Nous ne pourrons publier chaquc scmaine
que les souscriptions dunt la note el 1'argent se-
ront parvenus au centre, de l'fvuvre, chez M. Ie
Dogen d'Vpres, avant le Jeudi midi.
AUX CARDINAEX, ARCHEYÉQUES ET ÉYÉQUES
DE [.'EMPIRE d'aUTIUCIIE.
pavillon ti'icolore.
Mais on sVst done liattu! s'écria Yvon avec
un geste ii la fois d élonnemcnt et de désespoit'.
C.i men a tout Pair. répoodil un c.imarade,
et In n'y étais pas. comme dil l'autre. Et vrai il y
aurait b,en atissi de qnoi s'alter pendre de èli.igriu,
ear c'était le beau combat. L'A'ngiais s'est bien dé-
fendu. Mais le capitaine nous' avail dit: Mes
enfants, je coinple sur vous, complez sur moi!
En avant! et vive.l'Empepeiii Vne l'Euipeicur!
avous-notis répondii comme un lonnerre. Et alors,
liooiii, boom! line ganunnade a téveillerles morts!
Ühe fusillade du diable! pif, paf, v'lan, patutras!
puis l'abórdage! Et l'oIT.iire était faiie.
Et je dormais, moi. je dormais! miserable,
infame. mtirmuraiT Yvon les dents serrées. dans
un accès de'rage som de contre llti-même. Je ne
suis pas digne d'etre francais, d elre hommel Et
dans son délire fiii ieux, saisissant tin des pistolels
que le camarade portait a sa ceinlure, il l'arniii.
el placanl le canon sur sou front, il se fut fait
sauter la ccrveile, si l'autre ne l eut pas arrêlé. Le
coup parlil, mais la balie passa par-dcssusla tête
d'Yvon et alia se perdre clans la met'.
En ce moment même le capitaine arrivait prés'
du contre-maitre.
Qn'cst-ce done? demnnda-t-ïl au bruit de
1 explosion et voyant le matelot arrachcr au eonlre-
muitre le pistolet dont il 'selait armé.
Mo» coiumandant, répondii le matelot, e'est
le contre-maitre qui voulail faire une... tine^ol-
lise.
Un qrime aprcs line lAcheté, tlii sévèremenl
Ie capitaine.
A la vne du cap t ine. Yvoiqécrasé par la bonte,
se senlit chanctler. El les reproebes du ehefdont
maintes fois il avail éprouvé la bonté, ne frappè-
reut pas seulcment ses oreilles. mais rtlenlireut
jusqu'au fond de son cneur. De grosses larmes
jaiilirent soudain de ses yeux et. tombantagenoux,
il murmur,'t:
Mon commandant! man commandant! eYst
vrai. je suis i n misérable. le dernier des hummes,
jat mérite tons les elialimenls. Eailes de moi ee
que vuns voudrez, je lie m en plaindrai pas, faites-
tnoi fusillyr.
Et le malheureux sanglotait en se tordant les
mains. Les larmes inondaitnt ce rude visage qti'ón
avail vu plus d'une fois impassible malgré la
soufTranee de crnelles blessures. Puis dans ee cri
de désespoir i! y avait aussi l'accent du reptnlir.
Le capitaine en fut éniu. La joie d'ailieurs qu'il
éprotivail de sa victoire le disposait a la ciéineuce.
Aussi. avec un visage moins rude, il dit au contre-
i 9U,lild3CUDlU HpiUiHj t J (W JïiimuJ cji j'
maitre:
Belcvez-vous, YNon. Votts êtes bien cottpa-
ble, je lie voiia |>unir;ii point eependant, je vous
cruis assez pttni par la liunle comtne par le regret:
quelle belle occasriui vous avez manqtiee!
Comme le capitaine achevait ces mots, tin ma
telot. dont les mains et la figure élairnt noires de
poudre et de sang, la veste lailladiV de coups tie
sabre, s'avanea. I'ortiint eu signe d respect la
main ii son front notour duquel il avait noué un
moneboir it cause d'une blessure heuretisémenl
pen grave, II dil:
Vous m avez lait deniaiider. nion comman
dant?
Oui, matelot. N psl ce pas loi qtii .le premier
as santé sur ie pont de i'Angiais?
Ca se peul bien mon commandant.
Cela est, car tons tes camarudes l'affirment.
N est ce pas loi encore qui d'un coup de hache a
fendii la tête au lieutenant ennemi?
Oui, tnon commandant.
Et après avoir battu quatre on cinq autres
soldats et matelots qui tc barraient le passage, a
traversla fusillade, tu es grintpé pour faire tom-
ber le pavilion de I'Angiais?
La vcrilé, mon èomandant.
Et tu es blessé?
Ob! un rien. une égratignure, pas la peine
d'en purler, un simple coup de sabre! seulcment
j'ai mis ce chiffon dans la bagarre paree que le
sang me tombait sur les yeux.
Tu iras te faire panser, mon brave, et je te
promets une belle page au rapport. Mais tu mérites
qu la recompense ne se fasse pas attendee: tiens!
Et le capitaine, détaehant sa croix, la donna au
matelot radieux en disant: «Tu la garderas, je
n'en doute pas. el l'Etnpereur sera d'avis que j'ai
bien fait.
Puis, se touroant vers le contre-maitre qui re-
gartlail cette scène avee mie dotiloureuse emotion,
mais noil point d'ailletiis avec fpeil de l'envietix:
Voila voire p'uuition, lui dit-il.
Yvon, eotnine frappé au coéiir, palit, ses lèvres
blaneliireiil et, s'affaissant sur lui-même, il toni ba
sans cobnaissance. I.e eapitainé. jetant sur le mal
heureux un regard de pil ié. après s'être assure
que ce n'étail qu'un évanouissenient, le fit relever
en ordonnant qtl'on en pril soin.
Cetle fois, il est corrigé, dit-il.
Et, en effet, a dater de ce jour, non-seulement
le contre mailre ne s'enivra pius, mais il pril le vin
en telle aversion qu'il n'en puuvait goüter mème
mèlé aver de l'eau. La vue seule du liquide vermeil
lui st mblait insupportable, il en délournait les
yeux avec une sorle d'horreur.