c^SUiNr
LE LIEUTENANT DARMOISE.
Mercredi i Avril 1874.
9me annce. N° 861.
c? l
t, g
fej -p
3
^QtANt
w s
-<
>-
2
O
ns
30
Le Journal parait le Mercredi et le Samedi.
Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.ün numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numëros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütcnt 20 fr. les 100 exemplaires.
II F W I S »E VE 11.
Courtrai dep. 6,40 10,88 12,33 3,48 6,38.
Bruxelles arr. 9,20 1,38 2,28 6,06 9,16.
ENCORE UN BREF DE PIE IX.
Le Monde publie le document suivant:
En réorganisant la propriété du journal
le Mondenons avons fait déposer aux pieds
du Souverain-Poniife une Adresse, pour lé-
moigner une fois de plus de notre filial et
lendre dévouement envers sa personne véné-
rée, el de nolre dociliié nbsoltie pour les en-
scignements qtti descendent de sa Chaire
Apostolique. En méme Irmps nons implo-
rions sa bénédietion ponr le suceésde notre
ceuvre. Le Sou vera in-Pon life a daigné nons
adresser le Bref suivant, qni est la plus pré-
cieuse réeompense de nos efforts, et tine ap
probation des doclrines que nous nous som
mes eonslamment efforcés de défendre:
PIE IX, PAPE,
Mes Trés Chers Fils, salut et bénédietion
apostolique.
Le journal dont votis avez pris la continua
tion, Mes Trés-Cbers Fils, fermement allaché,
comme il l'a lotijours été, a la véritable doc
trine, n'a pas rendu de faibles services, lout
a la fois a la sooiété religieuse et a la société
civile. C'est pourquoi il a plus d'une fois
mérité d'èlre recommandé par N'ous. Cepen-
dant rantagouisme ou plulöt la diversiiédes
opinions qui s'accroit chaque jour, crée
devanl lui des dangers inaccoutumés et des
diflicultés nouvelles. Presque toutesces opi
nions, en efTet, sont atteintes d'une erreur
plus ou moins grave, plus ou moins appa-
renle, souvent masquée par des tempéra-
ments divers et d'autant plus dangereuse
qu'elle se montre plus semblable a la vérité
et plus étroitement unie aux apparences de
la piété. C'est pourquoi, dans ces circon-
stances, Nous avons vu avec une grande joie
que vous preniez lesoin d'organiserce jour
nal, vous qui, ainsi que vos acles et vos
écrits publics le prouvent, avez coutume de
conformer constamment el docilement vos
opinions et voire doctrine a la volonlé et a
l'espril de celle Cbaire de vérilé qni ne con-
nait pas Terreur. El non-.settlement Nous
pensons que ctle oeuvre, entreprise au nom
d'une solide piélé, aura a cause de cela un
heureux succès, mais aussi a cause de l'ex-
aclitude et de la prudence avec lesqueljes
vous vous appliqncz a tirer loujours des
sources les plus pures el inconiestables une
connaissance exacte el sincèrë des fails d'otï
vous puissiez faire ressortir leur caractère
originel et la notion véritable des circonslan-
ces qui s'y rapporteni. L'exposé de ces fails
n'attirera pas a voire journal moins d'éloges
et d'autorilé que n'en ont mérité les autres
publications catholiques périodiques. Nous
voyons que vous aurez un chemin ardu a
suivre, soit paree qu'il est difficile, au milieu
de lant de récits ignorants, perfides, falsi-
fiés, qui sont journellement répandus, de
saisir le véritable, soit paree que la vérité
nue, noii-seulenient a coutume de déplaire a
ses ennemis, mais a ceux mémes qui, infec-
tés des erre-rs, déja condamnées, s'imagi-
nent qu'ils combattent pour elle, tandis qu'ils
l'attaquent. I'ersistez cependant sanscrainle
dans voire résolulion, vous souvenanl que
c'est la celle lumière de la vérité que Terreur
ne peul pas supporter longtemps, et soyez
assurés que vous n'apporlerez pas peu d'a-
vanlage a voire patrie et a vos conciloyens
si vous manifeslez celte lumière. Nous vous
soubaitons un tel fruit de vos travaux, et en
attendant, comme signe de la faveur divine
et conime gage de notre bieiivcillance pater-
nelle, Nous donnons avec tendrcsse a cbacun
de vous Notre Irés-cliers fils, Notre bénédie
tion apostolique.
Donnéa Rome, a Sainl-Pierre, le 10 Mars
1874.
De Nolre Pontifical la vingl-neuviéme an
née. PIE IX.
LA SCIENCE ET LA GENESE.
Peu de science éloigne de la foi; beaucoup
de science y raméne, a dit legrand Bacon.
Celte parole, dent feraienl bien de se souve
nir certains petits savants plus ou moins
prêhistoriijüesquoique frais émoulus de
nos universités, s'est vérifiée duja par bien
des lémoignages. En voici un que le Journal
de Bruxelles vient deremelire en lumière.
Peu de temps avant sa mort, Cuvier coinmu-
niquait a un plulosophe matériahsle ces
grandes el bonnes pensees qui figureronl
dans la prochaine édilion de ses oeuvres com
pletes:
Loin de croire que la Genése soit explica
ble au point de vue élroit et précis de notre
raison el de notre science, je rcoonnais
qu'elle est pleine de mysléres dont il nous
est impossible de nous rendre rationnelle-
menl compte selon les aspirations de nolre
curiosité souvent indiscréie. Je n'ai pas dit
que les faits de la Genése peuvent étre scien-
lifiquemenl detnonirés, car ma conscience
afiirme le contraire. J'ai constalé seuleinent,
avec une surprise bientöt accompagnée de
joie, que les evolutions successivcs de la
creation, telles que les expose le premier
livre du Penlaleuque, s'aecordenl merveil-
leusement avec les observations raisonnées
que nous avons été amenés a faire sur les
découverles géologiques, zoologiques el au-
1 tres de notre temps. Cette conclusion a pu
deplan e au fanatisme impie, mais elle s'est
implanlée fermement dans mon esprit.
Perniettez-moi de vous ledire, a vous,
mon cher savant etamainls collègues de
notre Compagnie, vous raisonnez irés-faible-
menl quand vous procédez de cette facon-ci:
La Bible raconle des choses incroyables,
ineoncevables, done nous ne pouvons les
admellre. Après ce syllogisme négatif,
vous conslruisez des bypothéses plus ou
moins ralionnelles que vous opposez au récit
biblique. Or, je vous le déclare forlement,
toutes vos hypolbéses, tous vos syslèmes de
creation, y compris celui que j'avais moi-
mémc forgé il y a treule ans, olTrenl des
invraisemblances plus ternbles que ies affir
mations de la Genese.
Ce langage du plus profond des savants
de ce siècle renferme en quelques mots plus
de bon sens que la collection des mémoires
de mainte académie. II résumé d'ailleurs les
dermers enseignemenls du uiaitre.
RAPPROCHEMENT.
Lorsque les organes du libéralisme ont jelé
leurs cris de cliacal autour de la tombe vé-
nérée de Mgr Labis, nous avons luit remar-
quer qu'en France, oü lant de revolutions
ont eu lieu, on a continué sous tons les régi
mes, et sous tous les gouvernements, a fa re
aux évèques l'bonneur de les inbumer dans
les cathédrales, conformémenl aux prescrip
tions canoniques.
Nous Iisoiis aujourd'bui ce qui suit dans
les journaux francais:
On a posé le 18 Mars, a l'églisede la Ma
deleine, a Paris, une plaque commemorative
de la mort de M. Tabbe Deguerry. Elle est a
droile en entrant, contre le soubassement de
la dcuxième colonne de la nef. On y lil
t'iiiscriplion suivanle:
Par une coincidence toute forluite, celle
plaque a été placée le jour anniversaire de
Tinsurreclion dont M. lecuré de la Madeleine
a élé victime.
Ainsi les dépouilles mortelles d'un prctre
ont pu étre inhumées dans une église en
plein Paris, sans soulever aucune reclama
tion.
Ne peut-on pas en conclure que les libé-
raux beiges sonl plus acharnés contrel'Eglise
que les radicaux francais? (Beige.)
LE RESPECT DE LA LOI.
Rien de plus fréquent dans la bouche des
libéraux que cel adage: II faut respecter la
loi.
De quelh-s doléances la gauche n'a-l-ellc
pas fail retenlir Thémicycle parlementaire a
propos de la redingote, du parapluie et du
cigare de M. Ie commissaire d'arrondisse-
ment de Ni velles, lors de son soi-disanl
mariage civil! M. le commissaire n'avait pas
respoclé la loi!
Nous voudrions bien sa voir sur quoi se
fonde le libéralisme pour prècher le respect
de la loi?
Pour le libéraI tout pouboir émane de la
nation-, Dien n'a rien a voir dans le gouver
nement des Élals.
Eb bien, si Dien n'a rien a voir dans le
gouvernement des États, la loi perd sa force
et n'a plus aucun droit au respect el a Tobéis-
sancc du sujet.
Du moment que Ton rejette Torigine divi
ne de Tautorilé, sur quoi fondera-t-on la
supériorité d'un homme sur un autre? D'oü
lui viendra lo pouvoir de lier la conscience?
U2
O
ca
O
C--< - (U
sO o
<3
<3 ca
u
ts£>
-n
•<i
y«
o
rn
2
-o
CA
CTJ
C/3
•H
53
C*3
H
O
G
H
•n
33
C/2
C*
O
m
2
SS
m
C/3
Po-
Poperinghe- Ypres, 8-15,7-214,9-30,10-88,2-13,5-05,9-20 Ypre*-Poperinghex 6-80,9-07,12-08,3-87,6 80,8-48,9-80.
peringlie-Hazebrouck, 7 13, 12-28, 4-17, 7 13. (iazebrouck Poporiiighe-Ypres, 8-38, 10 00, 4-10, 8-28.
Ypres-Kouters, 7-80, 12-28, 6-48. Routers-Ypres, 9-28, 1-80, 7-80.
RouIers-/^rMjes, 8-48,11-34,1-13, (L. 8 86), 7-36, (9-88. Lichleiv.) Lichterv.- Thourout, 4-28 m. Bruges-/{oit/ers, 8-28,
12-80, 8-13, 6-42. Lichtervelile-Courtrai, 8-28 m. Zedelgliem Tliourout, 12-00.
Ypres-Courlrai, 8-34.9-49,11-18.2-38,8-28. Courtrai Ypres, 8-08.11-02.2-86,8-40,8-49.
Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 0 20, (le Samedi a 8-80 du matin jusqna Langhcmarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-48,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langbemarck a Y pres).
Comines-Warnêton-Le Touquel-HoiipTines-Arwewtières, 6-00, 11-80, 3-38, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-lloupli-
nes Le To u q ti e l - W a rnêjo n - Co mines 7-40, 2-00, 4-48. (le Merer. 10-38 m. 8 00 s.) Coinines- Warnêlon 8 40, m. 9-30 s. (Ie
Lundi 6 30 s.) Warnêlon-Comines 8-30, 11-10, (le Lundi 6-80 s.)
Courtrai-lïréges, 8-08, 11-00, 12-38, (L. 8-18), 6-88. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-Courtrai, 8-28, 12-80, 8-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (station) 7-30, 11 04, 2-80, 7-38. Heyst, Blankenherghe, Btuges, 8-48, 8,30 11-30, 8-30,
Blankenberglie, Bruges, 6-10 8 88, 12-06.
lngelmunster Deynze-Gand, 8-18,9-41, 2-18. Ingelmunster-Z}ep»se, 4-80 2" cl., 7-18. Gand-Deynzc-/»f/e/wuMS(er, 6-88,
11-20, 4-39. Deynze lngelmunster, 9-10 2'el, 8-20 s.
IngelmunMer-.dwsep/iew, 6-08, 12-10, 6-18. Anseghem-lngelmunster, 7-42, 2-20, 7-48.
Liehtervelde-Dixii;ade-Furnes el Üunkerke, 6-30, 9-10, 1-38, 7-84. D««AerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelile, 6-88, 11-18,
3-48, 8-10.
Dixmude-Aieaport, 9-SS, 2-20, 8-40. Nieuport-Dixmude, 7-40. 10-48, 12-00, 4-28.
Thouroui-Oslewde, 4-80, 9-18, 1-80, 8-08. Ostende-Thourout, 7-88, 10-10, 12 28, 6-18,
Selzaete
Gand
Selzaete
:aete Eecloo, 9-08, 1-28, 8-23. Eecloo-Se/craete, 3-38, 10 18, 4-22.
\A Terneuzen, (station) 8-17, 12-18, 7,28. (porte d'Anvers) 3-30, 12-40. 7-48. Tern
■Me-Lokeren, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 8-10 m.) Lokeren Selzaete, 6 00,10-23,
'erneuzen Gand, ti 00, 10-30, 4 40.
4 45. (Ie Mardi, 9,30.)
COX*. X*l B8P
COURTRAI, BRUXBLIES.
COURTRAI, TOURNA!LII.LE.
Courtrai dep. 7.00 10,80 2,34 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,81 11.47 3,48 6,29 9.41.
Lille 8.35 11,55 4,00 6,32 9,55.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dep. 6,42 12,31 3,47 6,40.
Gand arr. 8,01 1,52 3,03 7,86.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12.39 3'34 cxp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,88
Bruxelles 8,80 4,05 5,26 9,31
ITXJA.ITC1IS.
BRUXEL1.BS, COURTRAI.
Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21 8,38 6,47.
Courtrai arr. 8,00 10,43 2,41 7,83 8,44.
LILLE, TOURNAI. COURTRAI.
Lille dép. 5,20 8,25 11,08 2,82 3,20.
Tournai arr. 5,48 8,86 11,34 2,47 5,39.
Courtrai 6,37 9.47 12,26 3,42 6,30.
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,87 10,32 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép. 8,14 11,53 3,12
Gand arr. 6,00 .9,41 1 23 4,26 exp. 6,37.
Bruges 7,18 10,34 2,38 5,11 7,22.
Entre lus miles vertiis du soldal, l'iine des p'us
belles, sinon la plus éclatante, c'est celte forte
vertu de I olxéissancpi, c est la discipline, le ciinent
des ar mees et saus laquelle eelles-ci. malgré le
courage individitel des chefs et des soldats, désor-
ganisées par Tinsubordinalion, piïrent. une proie
facile a I euneini <T sont condamnées lót ou tard a
tine inevitable défaite. II en est d'une armee comme
de res dards dont parle I apologue: réunis en
faiseeau, ils présenten) une resistance invincible;
inais qii'on les isole. et la main d un débile vieil-
Lird siiflii pour les briser l'un aprés l'aulre. La
discipline, si admirable quand surtoul elle n'est
point la soumission servile de la crainle, mais uu
sentiment genéreux qui prend sa source dans le
patriotisme, dans le dévouement, dans la religion,
la discipline ne saurait élre tenue en trop grande
estime; dans les sacrifices qu'elle impose el qui
vont parfois jusqu'a la plus sublime abnegation,
elle bonore autant el davanlage méme le soldal
que les plus brillants fails d'arntes. II ne faut done
pas dire coinme ce militaire que j'ai entendu:
<i llah, l'oflicier, c est un homme comme un
autre. L officier n'est point un homme comme
un autre, lorsqu'il commandc au nom du devoir:
c'est la patrie, c'est Uieu lui-mêmc qui parle par
sa bouche,
II importc (Tailleurs que Tubéissaneesoit rendue
facile par Texereice inodéré du comniandeinent et
que toiijours la lermelé s'y tempère par la bonté.
J'aimea dire qu'il en est ainsi d'ordihaire. Tin
défaut pourtant qui sexrenconlre qtielquefois chez
Tofiicier, el regrettable, paree qu'il fait du devoir
un fardeau presque intolerable, c'est tin certain
zèle indiscrel et formaliste qui s'appesanlit avec
excès sur le detail, exige dans I'observation de la
regie une exactitude mathématique, impossible,
et ne passant rien. n'excusant rien, s'exaspere et
sévit pour des vétilles sur lesqtielles la prudence
au contraire conseillerail de glisser.
C'était la ce qii'ou rrprocbail au lieutenant Dar-
moise, brave oflieier du teste, ayant de nobles
qualités, mais qu'appréciaient peu ses soldats a
cause de son coiiimaiideriienl roide et dm*, el de
sa inim11ie inexorable a laquelle n'écliappait point
la plus légere inadverlance. Un grain de pous-
sière sur le parement de l'habit, un bonton terni
par tin contact involontaire, tin pli malheureux,
un képi imperceptiblement penché, ou tel atitre
péché moins que véniel, éveillaient sa suceptibilité
et attiraienl au délinquant des reproches et des
punitions. Le plus füeheux, c'est que le lieutenant,
severe pour tous, avail encore deux poids et deux
mesures, et prompt a s'irriter, mais lent ii ou-
blier, faisait plus parliculièremenl senlir sou auto
rité a ceux qui, a lort ou a raison, pour un motif
ou pour un autre, avaienl eu le malheur de lui
déplairc. Pour ceux-lii il niullipliait les exigences
et ne leur laissait ni répit, ni trêve. Aussi l'un
d eux, certain jour, en se plaignant amèrement a
se« camarades. Tavait qualitié l'ointe-d'Aiguille
(on comprend pourquoi), el c'était le nom que
donnaienl entre eux au lieutenant llarmoise les
soldats desa compagnie d'infanlerie de marine en
garnison a Toulon pendant Tannée 1837.
Pacini les soldats qui u'agréaient que peu ou
point au lieutenant, on pouvait citer lont d'abord
Joseph Pen-in, consent de l'année, bon jeune
homme pourtant, soumis, honnéte, coiiragrux,
devoué, zélé dans l'accomplissement de ses de
voirs, mais qui, par trop de vivacité naturelle,
péchait qtielquefois dans ces pcliles choses que le
lieutenant estimait a Tégal des plus iniporlantes.
Puis encore, il avail le tort grave, aux yeux de
sou supérieur, d'etre chrétien, et chrélien prati-
quant. Imliu, par It* malheur de sou education,
des préjugés anti-religieiix, le lieutenant, qui
n'aimait pas les eagots, pour parler son langage,
élait de ces geus nombreux dans le monde
prompts a crier bien haut contre ('intolerance et
ne supportant pas volonliers chez les autres une
opinion, une croyance différente de la leur. Le
lieutenant, en homme de coeur, comme il était au
fond sous des dehors rudes, aurait du lout au
moins admirer Ie courage dont le conscril faisait
preuve par sa fidélité a remplir ses devoirs de
chrélirn en dépil des obstacles et des brocards. Et
certes on ne le ménageait pas dans la compagnie
oil il élait le seul qui osat braver le respect
A LA MKMOlltK VKNKItÉE
DEJ -C. DECIIEIIIIY,
CL'RÉ DE LA MADELEINE,
MORT POIJR LA FOI
ET LA JUSTICE
A LA PRISON DE I.A ROULETTE,
LE 24 MAI 1871.
humain. M.-itin et soir pleuviiient sur lui les quoli-
bets quand il s'ageuouillait pour faire sa pi icre;
les quolibets loujours les mémes, ineptes et gios-
sit-rs, les lazzis bétes, les plaisanteries idiotes qui
trainent depuis des sièeles dans les chambrées ct
aillcurs, ét n'eli font pas moins loujours l ire les
étourdis et les sots. Les nioqueries acharnées
pourtant n'intimidaient point Ie brave Jospb, qui
d'habitiide en faisait justice par le dédain en lts
laissant tomber a lei-re, mais au besoin savait les
relever avec autant d'esprit que de bon sens.
Certain jour, par exeniple, qu'tin de ses camarades
le brocardail ainsi a ontrance ponr l'avoir vu faire
a son réveil le signe de la croix, Perrin, le regar
dant fixement el croisant les bras, lui dit:
Autant de paroles que de sollises. vois-tu
bien, et si tu perniets qu a mon tour j'ouvre la
bouche, je vt-ux que tout le premier tu sois force
d'en convenir.
Moi, je t'en défie bien!
C'est ce que nous allons voir. Les camarades
jugeront; quoiqu'ils soient de Ion bord petil-élre,
je m'en rapporle a leur bonne foi. Voyons, mailre
bavard, d'abord une question et réponds-moi
recta.
J'y compte.
Tu viens de passer trois mois dans la familie
paree que tu avais eu la chance d'un congé, el je
t'ai entendu parler avec effusion de tes vieux pa
rents; tu as, nous disais-lu, un père excellent et
la meilleure des mères.
SES RESTES, PIEUSEMENT RECUEILLIS,
REPOSENT, SELON SES DÉSIRS,
DANS LA CRYPTE DE CETTE ÉGLISE.
Cert.es.
El lu les veneres, el lu les aimes.
Ca ne se demandé pas.
Tu It-s aimes de loul coeur et tu donnerais,
s'il Ic l'allait, la vie pour eux.
Ma vie el dix autres avec si je les avais.
Très-bien! Et tu ne manqties pas sürement
une occasion de leur prouver ton amitié cl de
declarer tes sentiments.
J'ai du plaisir a leur faire plaisir, et je m'en
voudrais de leur causer la moiudre peine.
A la bonne heure! Et le inatin,en te levant,
quand lu It-s revois pour la première fois, ou le
soir, en les quillaiit, nt- leur dis-lu rien?
Par excinple! je u'oublie ni le bunjour, ni le
bonsoir, sans compter que je serre avec affection
la main du père et que j'embiasse la mère plulöt
deux fois qu'tine.
Eli bien! mon cher, tu as tort, agir ainsi,
c'est ridicule, c'est absurde.
Voila qui est fort! exclama le camarade pen
dant que les autres écoutaient ébahis et n'en
croyaienl pas leurs oreilles en attendant de pareils
blasphèmes dans une telle bouche.
Laisse-moi achever! Oui, c'est ridicule, c'est
absurde, la conduite envers les parents, d'après
les principes que tu professes ici.
Comment cela.
A CON'TINUER.