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LE LIEUTENANT DARÏÖISE.
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Samedi 4 Avril 1874. VsSv£4/Q]JJ^- v
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9me année. N° 802.
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Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coülent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
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C H E M I M S 1) E V E Si.
UN AVEU S1GN1FICATIF.
Nous ne potivons laisser échapper unc
occasion de mettre a nu Ie fond du libéralis
me et d'accroilre ainsi I'horreur que ce
systéme politique doit inspirer a tous les
catholiques. II est assez rare d'ailleurs que
les libéraux avouent euxmêmes le but final
de leurs efforts. Tout en organisant partout
la servitude, ils ont sans cesse a la bouche
le mot de liberie, el, en dépit des fails, ce
mot conserve encore du prestige et réussit a
faire des dupes.
Recueillons done, pour I'inslruction de nos
lecteurs, un aveu significalif et officiel du
libéralisme helvélique qui, au dire de M. E.
de Laveleye, donne a la Belgique un ex-
emple bon a imiter. j>
On sail que pour conlinuer avec plus
d'efficacité la lulte qu'ils ont enlamée contre
FEglise calholique, les libéraux suisses ont
provoqué une révision de la Constitution
fédérale.
Or, voici comment, dans la proclamation
qui sert de preface a cette mesure, le Conseil
fédéral définit quelques-uns des principes
qu'on veut introduire dans la nouvelle Con
stitution de la Suisse:
Le devoir de l'Etat est de ne pas per-
mettre qu'une corporation religieuse quel-
conque, se prévalant d'une suprétnatie
qu'elle s'arroge elle-méme, oppose ses
dogmes et ses décrets parlictiIiers aux lois
de l'Etat, revendique des prérogatives et
prétende a l'autorilé. Un régime pareil
irait droit a l'anarchie, il rendrait impos-
sible I'organisation de la société d'aprés les
idees modernes.
Et ailleurs:
Dans les Etats rationnellement organi-
sés, loute communauté religieuse jonit
d'une liberie absolue, en tant qu'elle se
soumet a l'aulorité de l'Etat quicomprend
tout en soi, pénétrant et protégeant toutes
les relations de la vie sociale.
En dépit des hypocrisies calculées de l'ex-
pression, il est difficile de définir avec plus
d'audace le grand principe du libéralisme:
l'omnipotence de l'Etat.
L'Etat est la source de tons les droits: il
comprend tout en soi.
L'Eglise n'a de droits que ceux que l'Etat
lui confére.
La familie ne posséde d'indépendance que
celle que l'Etat lui accorde.
L'individu lui-méme n'est libre que dans
la sphere que lui trace la main toute-puis-
sante de l'Etat!
Nous n'avons pas besoin de dire combien
celle avilissanle théorie gouvemementale
répugne a la raison, a la conscience, aux
traditions chrétiennes.
Qu'il nous sufiise de conslaler qu'au point
de vue religieux, el le est le renversement de
tont ordre, puisqu'elle tend directement a
mettre Fceuvre mérne de Dieti sous le pou-
voir discrétionnaire de l'bomme.
En effel, la religion est d'origine divine,
car si clle ne l'étail pas, el le cesserait d'etre
la religion pour descendrc au rang d'une
imposture et d'une superstition. Qu'est-ce
done que la pretention de l'Etat de soumettre
les énseignemenls de l'Eglise a son controle,
de tolérer tel dogtne et de proscrire tel au
tre, qu'est-ce, disons-nous, sinon une usur
pation évidente et sacrilege de l'orgueil de
l'bomme contre le domatne propre de Dieu?
Et enfin, placer l'Eiat au-desstis de Dieu lui-
ntéme, qu'est-ce autre chose qu'une restau-
ration du plus abject paganisme, la statold-
Irte érigée en culte olfciel?
Voila cependanl oti en arrive, de son pro-
pre aveu, le libéralisme helvélique. Qu'on
s'élonne apiés cela de voir l'episcopat, le
clergé, les catholiques de Suisse protester
contre un pouvoir qui définit lui-ntéme ses
attributions avec une aussi incomparable
audace!...
li est vrai que les catholiques sculs pro
testent jusqu'a présent contre le despotisme
de l'Etat liberal. Les protestants s'assouplis-
sent facilement a cejoug et les loysonniens
sollicitenl l'honneur de le porter. N'est-ce
pas la preuve évidente que l'Eglise calholi
que seule a conscience de la superiorité de
son origine et de la divinité desa mission"?
Le protestantisme peut fort bien, en vertu
du principe même du libre examen, ajouler
ou retrancher a l'Evangile, selon les capri
ces de l'Etat; de méme M. Loyson pent mo
difier, selon les convenances gouvernemen-
tales, la petite religion pour i'invention de
laquelle il a recti un brevet du Grand-Conseil
de Gcnéve. L Eglise seule ne change rien,
ne retranche rien, n'ajoute rien, ne céde
rien parce qu'elle garde un dépot divin, im-
imiable comme Dieu iui-méme. C'est, au
point de vue apologélique, tine consideration
qui a sa valeur et qui doit avoir frappé déja
plus d'un esprit sérieux.
Ce conlrasle entre ie calholicisme et les
sectes hérétiques ou schismaliques, montre
aussi, une fois de plus, que l'Eglise n'est
pas seulemenl la gardienne do la verité, mais
qu'elle garde aussi la hberté. Elle prèche la
soumission a l'aulorité legitime, agissant
dans le cercle de ses attributions; mais elle
réserve ses droits et les nölres des que l'Etat
envuhil le dotnaiue religieux. Aux fronticres
de ce domaine, elle arréte l'Etat, comme au-
Irefois St-Ambroise arrctait Théodose au seuil
du sanctuaire. Et pour défendre ces fron-
liéres sacrées, Elle retrouve encore, aprés
dix huil siècles, des apótres et des confes-
seurs, el, s'tl le faut, Elle retrouvera des
martyrs. (Dien public.)
PR0GRËS! P11ILANTHR0PIE! PATRIOTISME!
Nous elisions, il y a huil jours, dans nos
appreciations sur ce qui se passe en France et
ailleurs, que l'Eglise ne veut pas du progrès
inscrit sur le drapeau commun a toutes les
écoles libérales.
Et pourquoi l'Eglise ne veut-elle point du
progrés libéral?
Parce que ce progrés n'a pas de base,
puisqti'il rejette on combat tout ce qui, dans
le sens rigoureux du mot, peut s'appeler
principe, toute vérité, toute moralité, et ainsi
conduit falalement les peuples a l'abime.
Or l'Eglise veut sativer les peuples.
(Jn progrès done qu'elle a fortement a
cceur, c'est celui de la vérité, c'est l'Evangile,
parce que c'est de lui que vient tout Ie resle.
Ccci, dit un auteur, est une question de
géographie.
Que vous dit la géographie des pays qui
ne sont pas ehréliens, ou qui cessent de
I'èlre el ubandonnent l'Eglise?
L'induslrie, les cbemins de fcr, le luxe,
les theatres ne remplacent pas ce que l'on
perd avec la foi.
Toutes ces cboses matérialisent, mais ne
nous donnenl pas une vérité de plus, une
vertu de plus; l'bomme n'en est pas amélio-
ré, il n'aime pas davantage le bien véritable,
le bien éternel, el pourlant c'est la le progrés.
Et n'est-ce pas a l'Eglise qu'on le doit, cc
progrès sans lequel l'homme ne sait plus
s'élever, n'a plus de vertus, cessemcmed étre
civilisé? N'est-ce pas elle qui le prèche encore
partout, malgré les oppositions les plus vio-
lentes? La vue du marly re, auquel s'exposent
peu nos ardents apótres du progrés libéral,
peut-elle aujourd'hui encore, arréter l'Eglise
quand elle voit la possibilité de faire connai-
tre aux nations le progrés véritable? Ce qui
se passé actuellement en Asie commc en
Europe, répond assez éloquemmenl et nous
dit que c'est l Eglise qui fait marcher le
monde dans la Iumière, tandis que libéra
lisme s'effurce de ramener les ténébres et les
mceurs sauvages, tout en répétantsansccsse,
comme tous les systèmes retrogrades, le mot
progrès!
A nos libéraux, qui. dans leur haineaveu-
gle nc voient dans Faction el l'enseignement
de l'Eglise qu'une affaire de négoce, a Ieurs
scribes qui semblent craindre que l'Eglise
n'arrctc i'élan do leur génie et ne l'empèche
de briller au loin parce qu'elle s'opposea
certains progrès ou refuse de se réconctlier
comme ils disent, avec les libortés modernes,
nous ferons une question:
Croyez-vous qu'un Sl-Augustin, un St-
Thontas, un Bossuet, un Fénelon et autres,
auraient été plus grands, si comme Voltaire,
Diderot et Ieurs èlèves d'aujourd'hoi, ils
n'avaient voulu d'aulres maitres que Ie libé
ralisme, d'aulre guide que l'orgueil, quel
que soit le nom qu'on lui donne?
Bien que l'Eglise écarté les erreurs, les
travers, l'immoralilé, elle laisse un champ
assez vaste devant le génie: faites connailre
Dieu, travaillez au bonheur des hommes,
délivrez le pays des erreurs qui le dépravent,
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Poperinghe-Ypres, 8-1S,'7-23,9-30,10-88,2-15,3-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-30,9-07,12-05,3-87,6 80,8-45,9-80. Po
pe ringhe-IIazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebronck Poperinghe-Ypres, 8-33, 10 00, 4-10, 8-23.
Ypres-Roulers, 7-50, 12-23, 6-48. Kouters- Ypres, 9-23, 1-80, 7-50.
Koulers-Z?n<<;es, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Liolilorv- Thourout, 4-25 m. Bruges-/fo«(ers, 8-25,
12-50, 5-13, 6-42. Lichtervelde-Courtrai, 5-25 m. Ze.<\e\ghem-Thouroal, 12-00.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18.,2-33,8-28. Courlrai-Ypres, 8-08.11 -02,2-86,5-40,8-49.
Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhemarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-45,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton Le Touquet-Houplines-ArmenO'ères, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Houpli-
nes-Le Tonquet-Warnêton-Comiwes 7 -40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8 00 s.) Comines- Warnêlon 8-40, m 9-30 s. (le
Lundi 6 30 s.) Warnêton-Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.)
Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-Coxrtrai, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (station) 7-30, 11-04, 2-50, 7-35. Heyst, Blankenberghe, Btuges, 5-45, 8,30 11-30, 5-30,
Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 55, 12-06.
lngelmunster-Deynze-Canrf, 5-15,9-41, 2-15. Ingelmunsler-/)et/?jze, 4-50 2'cl., 7-13. Gand-Deyme-Ingelmunster, 6-58,
11-20, 4-39. Deynze Inge/munster, 9-10 2ccl, 8-20 s.
lp.ge\munsler-Anseghem, 6-08, 12-10, 6-15. Ansegb em-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixn ude Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-38, 7-54. Dtzw/ierAe-Furnes-Dixmude el Lichtervelde, 6-55, 11 15,
3-45, 5-10.
Dixmude-AY'etzporf9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-öi.rOTMde, 7-40. 10-45, 12-00, 4-25.
Thourout-Osfe«de, 4-50, 9-13, 1-50, 8-03. Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-18.
Selzaete Eecloo, 9-08, 1-25, 8-25. Eecloo-Selzaete, 5-35, 10-15,4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15. 7,25. (porie d'Anvers) 8-30, 12-4'). 7- 43. tomenzen- (rand, 6 00, 10-30, 4 40.
Selzaete-Z/oA'erett, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 in.) Lokeren-Seteaete, 6 00, 10-23, 4 43. (le Mardt, 9,30.)
c O It It ESPOMDAWOES.
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 0.40 10,83 12,33 3,43 0,38.
Bruxelles arr. 9,20 1,38 2,23 6,06 9,16.
COURTRAI, T0URNA1, LILLE.
Bruxelles dép. 5,22 8,28
Courtrai arr. 8,00 10,43
rruxeli.es, courtrai.
12,21
2,41
5,35
7,33
6,47.
8,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
7.00 10,86 2,54 5,34 8,47.
7,51 11,47 3.48 6,29 9,41.
8.33 11,53 4,00 0,32 9,33.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
5,20 8,23
5,48 8,86
6,37 9.47
11,05 2,82 5,20.
11,34 2,47 5,39.
12,20 3,42 0,36.
COURTRAI, GAND.
GAND, COURTRAI.
Courtrai dép. 6,42 12,31
Gand arr. 8,01 1,82
DRUGES, GAND, BRUXELLES.
3,47
5,03
6,40.
7,56.
Bruges
Gand
dép. 0,49 exp. 12,39 3'34 cxp. 0,43
arr. 7.34 1,84 4,19 7,38
Bruxelles 8,50 4,03 3,20 9,31
Gand dép. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,57 10,32 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dep. 8,14 11,53 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 1 23 4,26 exp. 6,37.
Bruges 7,13 10,34 2,38 5,11 7,22.
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Suite. - Voir le N° précédent.
Ta conduite n'a pas le sens commun. Et, au
lieu de te montrer fiIs respectucux et affectueux,
de réjouir ton père et la mère par tcs paroles
d'amitié, tu ferais miéux de leur tournet- te dos,
soil- et matin, sans t ien dire.
Un jolt conseil.
1) cm pocher ieurs cadequx saus le moindrc
merci, de boire et manger a leur table, voire les
fnandist's servies ii ton intention, sans regardcr
les bonnes geus aiilremcnt que conime tu fais de
la muratllc, saus avoir I air de t apercevoir de leur
presence el paraitre le douter qu'ils existent!
Ah! ah! oil! vrainient! c'est scandaleux!
e est incroyable! s'écriatl-on de tous les cólés.
Mats tu es fou, reprit le cainarade avec viva-
cité, un pareil langage! Ou ne plaisante pas sur de
tels sujels.
Je nc plaisante pas, mon cher, et je suis trés
sérieux, au contraire; les conseils que je le donne,
en meplaganta ton point de vue...
Allons done!
Ces conseils te révoltent et avcc raison. Tu
les Irouves, conime tous les camaindes, comme
moi-mênie, entendez-vous, odicux, abominables;
ces conseils vous fout horreur. Quoi! Et vous
plaisatitcz, et vous ricanncz, et vous btasphémez
quaud moi, le malin ou le soir, je songe, en tils
respectut'iix, ii cc I'ère que nous avoirs la-haut, a
uotre bon Père a tons, qui sc contente de quelques
tnots de remercitncnl, d'une parole sortie du coeur
pont- tous les bienfails qui, la unit el Ie jour,
nous sont prodigués par sa main jamais lasse de
donnet'. Qu'on i ie de ma reconnaissance et qu'on
en fasse des gorges chaudes et des moqueiies,
e'est cola atissi qui est fort et trop fort! Qu'as-tu a
répondre?
Kien! aujourd'hui jc crois que j'ai lort.
C'cst mon avis, et aussi, je pense, celui des
camarades qui n'ont pas l'air de te donncr raison.
Non! non! bravo, Perrin, bravo! Tu lui as
rivé sou clou, commc on dit. Enfoncé cette fois le
cainarade et nous aussi. Alt! mais tu ne fais pas
menlir le proverbè: Qui s'y frotte s'y pique.
Lette petite scène valut h joseph quelques jours
de tranquillitéet Pon fit tréve aux plaisanteries.
Mais bienlöt la vieille et sotte habitude avec laquel-
le on semblait avoir rompu prit de nouveau le
dessus, et les mêines attaques recommeneèrenl.
Les esprits vulgaires, qui sont le grand nombre,
même parmi ceux qtt'on appelle les beaux esprits,
peuvenl étre un instant frappés par la iumière, en
entrevoyant soudain la vérité qui, pareille a l'é-
clair, les éblouit; mais, comme Silvio Pellico l'a
tres-bien rcmarqtté, distrails presque aussitöt, ils
délotirneut les yeux et regard ent ailleurs.
Le pauvre Joseph avail done bicn a souffrir de
ses camarades et du lieutenant qui le chagrinait
sans motif sérieux et mettait sa patience aux plus
rudes épreuves par mille pelites tracasserit-s et
taquineries. II se plaisail surlout a le gêner
duns I'accoibplisseinent de ses devoirs religieux,
sachunt que e'etait le frapper a I'endroit sensible.
Karement il étail possible au pauvre garcon d'en-
tendre la messe le Kiinariche. On suit que par une
vieille habitude, qui s'est enracinée en ties jours
inauvaiset contre laquelle on commence a réagir,
le Kimanche est a la caserne Ie jour choisi de pré-
férence pour les revues, les inspections, appropria
tions, etc. II en résulte qu'avec des chefs peu dis
poses a ia condesccndauce, It soldat n'a pus un
instant seuleinent a donncr au bon I) en dans a
matinee, souvent même la journée. Et Joseph,
grace au niauvais vouioir du lieutenant, jouissait
moins que personne de sa liberie a eet égard. S'il
ne se trouvail pas de service, I'olfieier, sous un
prétexleou sous un autre, manquuit rarementde
le consigner, et le pauvre soldat eomptait tnste-
ment entre les quatre murailles de sa chambre de
longues heures, pour lui,aii contraire, bten cour-
les et bien douces s'il les eut passées dans la
maison de Dieu. Donnons un exemple des facheux
procédés dont il était si souvent victime.
Un Samedi Saint,veille de Paques, le lieutenant,
qui, toute la semaine, avait épié Joseph avec les
yeux d'Argus sans pouvoir un instant lesurpren-
dre en défaut, apergut, a l'irispeclion du matin,
une boutonnière de son uniforme que Ic bouton,
par je ne sais quelle inadvertance, ne fermait pas.
Consigné pour deux jours, dit-il en nion-
trant du doigl le corps du délit.
Le soldat baissa la tête el une larme monilla sa
paupière en songeant que le leudemain, jour de
Püqties, jour de jubilation chrétienne, il n'assiste-
rait pas au saint sacrifice, li ne chanterait pas
ii l'aileluia. II ne pouvait s'y résigner; aussi, le
matin suivant, apercevuul de sa fcnêtre le lieute
nant qui se promenait dans la cour, il dcscendit ct
s'approcha respectueuseinent en homaie qui solli-
cite une précieuse faveur.
Que voulez vous? demauda avec sa brusque-
rie ordinaire ('officier, Nc vous at-jc j»s consigné?
Mon lieutenant, je nc i'oublte pas, mais j'ai
compté sur voire bonté!... J'aurais besoin dc
pouvoir m'absenler une demi heure... pour une
affaire importante, majeure.
Quelle affaire?
Mon lieutenant, une chose qui nc peut se re-
metlre, irès-iniporlante el trés-urgente.
Mais enfin de quoi s'agit-il?
Mon lieutenant, c'est aujourd'hui PJques,
le grand jour de Paques.
Je le sais de reste: depuis ce matin les oreil-
les me tintent des carillons, c'est h rendre sotird,
Eh bien! oui, c'est aujourd'hui Paques. Aprés?
Mon lieutenant, dit ie soldat, non sans un
effort, c'est que je voudrais bien ne pas manquer
la messe.
Que me chantes-tu Ia II s'agit bien de mes-
se a la caserne II faut laisser ces momeries aux
petiies filles et aux bonnes vicilles. Quant a toi,
soldat, éludie la théorie el astique ton fourniment,
cela vaudra mieux.
Mais, mon lieutenant.
Suffit, remontez a la chambre.
m
m
Mon lieutenant, je vous en prie en gi'Ace,
dit Joseph des lannes dans les yeux.
Remontez, répondit d'un ton plus sec Ic
lieutenant.
Un suldat s'approcha en ce moment une lettre
a la main.
Qu'est-ce? lui demanda-t-il.
Mon lieutenant, une lettre que le capitaine
vous prie de faire porter a la bastide de son beau-
frère.
Donne. Le lieutenant regarda autour de lui
et il vit lont le monde occupé. Alors, se tournant
vers Joseph
Vous allez porter cette lettre a son adresse.
D'ici ii la campagne du beau-frère i! n'y a pas plus
d'une denii-lieure de marche, et encore sans se
presser. II est onze heures, a midi vous devez étre
de retour.
J'y tachcrai. mop lieutenant.
Je ne vous donne qu'une heure, allez.
Joseph, qui avail son projet, partit sans répli-
quer. Comme le Grec aux pieds légers, il était boil
mareheur et même leste coureur. Aussi se dirigea-
t-ilen quiltant la caserne vers une églisepour en
tendre la niesse, sur, grace a ses jambes, de rat-
trapper le tempsil ne faut pas dire, le temps
perducar, en pareil jour, pouvait-il mieux 1'em-
ployer. Une messe basse commencait an moment
oil Joseph entrait dans I eglise. 11 1'enteudit tout
enlière etavec une fervour d'aulant plus gtande
qu'il avait craint de se voir privé de ce bonheur.
A CONTINUER.