1 i t ^aAN^- Samedi 18 Avril 1874. 9me année. N° 860. DEUX BRAVES qu'est-ce que la vraie liberté d'enseignement? z O s s Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Cn numéro du journal, prts an Bureau, 1o ce i' Les numéros supplémentaires commandos pour articles, Réclames ou Annonces, coutent 20 fr. les 10 exemp aires. CHEmimS I)E FEB. EXTRAITS DU DISCOURS J'ai sous les yeux, grace a notre pré- cieux collaborateur, M. Fayet, un tableau des plus instruclifs. II contient, region par region, la stalistiqiie des enfants qui rece- vaient en France, a la dale de 1789, l'in- struction secondaire gratuite. Le nombre monte a 40,G21 éléves, parmi lesquels, il est vrai, les ex ternes occupent la plus gran de place. Mais les boursiers complent pour 3,247. Tandis qu'en 1842, le total n'est plus que de o,767, dont un peu plus de la moitié se compose d'exterrnes, et ou les boursiers réunis de l'Etat, des déparlements et des communes n'alteignenl que le cbiffre de 2,774. Si l'on tienl compte ds l'accroisse- ment de la population, c'esl un déclin dans la proportion de 5 a 3. (Mouvement pro- longé.) L eloquence de ces chifïres est telle, qu'elle arrachait a un célèbre grand maitre de l'U- niversilé ce rernarquable aveu: Avant 1789, l'instruclion classique, plus rechercbée par le goüt et l'habitude des classes aisées, était en mème temps plus accessible aux classes moyennes el pau- vres. En effet, autrefois, dans les traditions et dans les moeurs, tout secondait l'instruc- tion classique, lout était préparé pour elle et la favorisait! le nombre des bourses et de secours de toute nature, la fréquen- lation gratuite d'une foule d'établissements et 1'extrême modicilé de prix dans lous les aulres. villemain (Rapport au Roi, 1843.) A PRENDRE POUR M0DÈLES. Un tableau plus curienx encore compléte et fortifie Ie précédent. C'est celui des colléges fondés auprèsde l'ancienne Université de Paris, avec la date de la fondalion, le nom du fondateur et les bourses afïeclées a cbacttn. Leur nombre était de 62 pour les laïques seuls. 950 bour ses étaient attachées a ces 62 colléges, dont la plupart avaient pour fondateurs des gens d'église; on y remarque 15 évèqaes ou archevêqttes et 7 cardinatix. La date de ces institutions remonte en general au quator- zième, au Ireiztéme et mème au douziéme siècle. Cel apereti protive trois choses: la premiè re, c'est la solidité de ces élablissements a travers des ages parlois très-agités; la secon de, c'est que dans ces temps si souvent ap- pelés barbares, Instruction publique ayait pris un magnifique essor (trés-bien, très- bien applaudissements); la troisième. que l'Eglise, répondant noblement plusieurs siécles d'avance aux sottes calomnies d'ob- scuranlisme, avail la plus belle part dans celte diiïusion des lumières, elle inaugurait la charilè de la science comme les autres. (Applaudissements prolongés.) J'oubliaisde dire que les fondateurs des colléges étaient aussi les donateurs de bourses qui en ou- vraient l'accés au pauvre. Le sujet était choisi par l'aulorité que désignait facte de fondalion: tanlól un membre de la familie, lanlól un dignitaire du clergé. Ces colléges se groupaient librement ati- tour de l'Université de Paris, libre et fiére elle-mème el reine de ce jeune peuple. Point de programme impose, point d'mgérence de l'Etat dans les études, point de monopole a aucun degré. Les doctrines étaient volonlai- rement soumises par UUtitversité elle-mème au jugemenl de l'Eglise. Leseul exeinple de persecution scolaire pendant de longs siécles fut soulïert par les jésuitcs. (Sourires. Un grand nombre des assistants se tournent vers les péres jésuites, présents a la séance.) A part la fameuse proscription de 1763, pre mières vèpres de la Revolution, ce bel en semble d'instilutions foncltonna régulière- ment jusqu'en 1789. Ici une reflexion assiége le cceur el les lèvres. Parfois des écrivains, dans un élan patrio- tique, comparent l'élat de la France pour l'instructiou, a celui d'autres contrées de l'Europe, et se plaignenl avec amertume de l'infériorité oü, suivant eux, nous languis- sons. lis paraissent croire qu'en accelerant le mouvement révolutionnaire, on regagnera le temps perdu et que la France est surprise en retard pour detneurer fidéle a sa foi. lis oublient que les nations ennoblies vivent sé- culairement sous un régime régulier et n'ont pas subi comme la nölre ces orages dévasta- teurs qui déraeinenl tout sur leur passage el ne laisseraienl aprés eux qu'un sol infècoud si ce sol, sous tant de ruines, ne demeurail chrètien. (Bravos. Applaudissements.) Une page de Buitnés m'a toujours frappé, messieurs, Ce phtlosophe, vrai génie du bon sens, se demande oü serait parvenue l'Euro pe chrélienne dans son essor scieiilifique el moral si le protestantisme n'ètait venu en- rayer le progrés. Je me demande aussi en voyant les élé- ments de vie et de grandeur sociale accuinu- les duns noire vieille France, le rang qu'elle aurait parmi les nations, si, par une réforme pacilique, les vices, les alius, les privileges avaient été detruils et qu'en mème temps les forces et les traditions saines, les liberies el les autels avaient eté protégés par le respect public, le progrés d'aujourd'hui grefie sur le progrés d'hier! Toute la science unie a toute la foi! Ah! messieurs, j'entends la réponse de vos coeurs. On ne dira jamais trop ce que coülent les catastrophes sociales, car on ne le satira jamais assez. On ne soura jamais assez ce que vaudrait pour les sociétés hu- maines un siècle, un seul,d'ordre ininterrom- pu, et de simple liberté laissée a la grande éducatrice de l'humanité, l'Eglise catholique romaine. (C'est vrai. Bravos. Vifs ap plaudissements.) Quand nous parions de liberté, messieurs, faul-il le dire, ce n'est point dans notre bou- che le sens du libéralisme. Pour nous la li berté, en principe absolu, c'est la facultéde se mouvoir sans entrave dans le bien. (Trés- bien. Vive adhésion.) Au point de vue qui nous occupe, c'est le renversement de l'usurpalion de l'Etat, et la restauratiön de deux autorités légilimes instituées par Dieu. Pour le libéralisme, la liberté c'est le con- flit des doctrines érigé en régie, et le droit de chacun d'en choisir une et de la propager. Pour lui, on le dirail, le droit de l'homme n'est pas de posséder la liberté, mais de la chercher. (C'est vrai. Trés-bien. Ap- pfaudissemenls.) Telle est la maxime caehée au fond de ses li vres et de ses discours, maxime aussi blaspbémaloire a la bonté di vine que désespérante pour l'humanité! II m'a été donné de surprendre ce désespoir chez un adepte de la libre-pensée. Au bout d'un entretien oü j'avais insislé sur la deri sion d'une pareille recherche pour la multi tude: Eh! sans doule! s'écria-t il avec dou- Icur, il serait heureux pour le genre huntain d'avoir un criterium de vérité! mais il ne l'a pas. (Sensation.) Penseur et siècle in forto nés? le criterium qui vous manque, vous le rejetez; il existe, et nous, calholiques, c'esl noire force, notre paix, nolre bonnetir de le recorinailre el de lui obéir. A Rome, au dessus des pouvoirs poütiques et des controverses de la philoso- pliie, siége un magistral de vérité. Les cietix l'appellent Pierre el les hommes Pie IX. Com ment potirrai-je parler d'enseignement sans me lourner vers le docteur infaillible que notre douloureux amour ne peutni sauver ni venger de l'outrage, et qui se venge des délaissetnents du monde, en ne cessant de l'éclairer. (Acclamation générale. Vive Pie IX. Applaudissements prolongés.) Rome! Pierre! Pie IX! quels noms! et com me on aime a les prononeer pendant les fétes de la Resurrection! elles nous disent que Jésus-Christ n'est jamais plus vivant que trois jours après qu'on l'enferme dans un sépulcre, sous un rocseellé. (Bravos et ap plaudissements.) LES PAQUES EN FRANCE. La grande solennilé de Paques, a été a Paris, une journée pleine de consolation pour la religion. On y a vu dans toutes les églises des lèyions d'hommes s'approcher de la Table Saiuie el édifier par leur profond re- recueillement. L'Eglise de Nolre-Dame sur- lout a offert un spectacle bien touchant. Pendant une heure el demie, quatre prètrës onl distribué le pain eucharistique a plus de 5,006 hommes de tout rang, de tout age et de toute condition. Ce spectacle si consolant a inspiré a Monsieur Laurentie, le rédacteur en chef de I 'Union dc Parisun article que nous croyons utile de communiquer a nos lecleurs. II renferme quelques vérilés, des reflexions bien jtisles, bien présentées et applicables en grande parlie a notre pays et a notre ville. II y a la d'excellentes lecons pour notre libéralismeanarchique: U2 Z z O £2 -< cc CO O CO <5 c: Q c- O CO w a: o o -c u O 3 3 -3 ir- r=5 ■—S C/a —5 P5 O cz •-4 O rn 53 2 O CO ©C O n rn z m CO -© 53 1 an f„ lr»o -inn DViimn nirps ISdl MUU3 'J i^wnin^o iu "S ,J,JU Po- Poperinghe-Ypres, 5-15,7-25,9-30,10-58,2-15,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-80,9-07,12-08,3-87,6-80,8-48,9-80. pe ring lie-Hazebrouck, 7 13, 12-28, 4-17^ 7-13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-38, 10 00, 4-10, 8-28. Ypres-Bowlers, 7-80, 12-28, 6-45. Roulers- Ypres, 9-28, 1-50, 7-80. Koulers-Zfrnjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv..Thourout, 4-25 m. Bruges-/le«/ers, 8-2o, 12-50,5-13,6-42.Lichtervelde-Ctarfrat, 5-25 m. Zedelghem 'I'hauroul, 12i00. Yores-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Courlrai-Ypres, 8-08,11-02,2-50,5-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 00, 6 20, (le Samedi a 5-80 du matin jusqn'a Langhemarck). 1 hourout- Ypres, J-00, 1-ia, /-4a, (le Samedi a 0-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warnêlon Le Touquet-Houplines-Ar«e»tóères, 6 00, 11-50, 3-38, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentieres-Höupli- nes-Le Touquei-Warnêton-Coimwes 7-40, 2-00, 4-48. (Ie Meter. 10-35 m. 8 00 s.) Comines- Warneton 8-v0, m J-3C s. (le Lundi 6 30 s.) Warnêton-Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.) Courtrai Bruges, 8-08, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CWlrai, 8-25,12-50, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Héyst, (station) 7-30, 11-04, 2-50, 7-35. Ileyst, Blankenberghe, Bulges, 5-45, 8,30 11-30, 5-30, Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 85. 12-06. lngelmunster Deynze-Gand, 5-18, 9-412-15. Ingelmunsler-Deywze, 4 50 2' cl., 7-18. Ga nil-Dey me-lngelmunster6-o8, 11-20, 4-39. Deynze lngelmunster, 9-10 2ccl, 8-20 s. Ingelmunster-AMsec/iewt, 6-05, 12-10, 6-15.\nseg\mm-lngelmunster7-42, 2-20, 7-48. Lichtervelde-Dixmude-Furnes et üunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. Dunkerke-Vurues-Dtxmude et Ltchtervetde0-jj, 11-15, 3-45, 5-10. Dixmude-Meaport, 9-58, 2-20, 8-40. Nieuport-£femwde, 7-40. 10-45, 12-00, 4 -25. Thourout-Ostewde, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Oslende-Thour out, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15. Selzaeie Eecloo 9-05 1-25, 8-25. Eecloo-Se/zafefe, 5-38, 10-15, 4-22. Gnnd Terneuzen, (station) 8-17, 12-15 7,25. (porie d'Ar.vers) 8-30 12-40 7-43.- ^neuzen-6 °J' 10"30' 1 Selzaele-LoAere»9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se/zaefe, 0 00, 10-25, 4 4.>. (Ie .leidt, J,30.) !OBHESI>Orrr)AWOE8 Courtrai dép. Bruxelles arr. COURTRAI, BRUXELLES. 0.40 10,88 12,33 3,45 0,38. 9,20 1,36 2,25 0,06 9,10. BRUXELLES, COURTRAI. Bruxelles dep. 8,22 Courtrai arr. 8,00 8,28 10,43 12,21 5,35 0,47. 2,41 7,53 8,44. COURTRAI, TOURNA!, LILLE. Courtrai dép. 7.00 10,56 2,84 5,34 8,47. Tournai arr. 7,81 11,47 3,48 0,29 9,41. Lille 8.33 11,58 4,00 6,32 9,35. COURTRAI, GAND. Courtrai dep. 6,42 12,31 3,47 6,40. Gand arr. 8,01 1,82 5,03 7,56. BRUGES, GANI), BRUXEUES. Bruges dép. 6,49 exp. 12.39 3'34 exp. 6,43 Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,88 Bruxelles 8,50 4,05 5,26 9,31 Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,20 8,25 11,08 2,82 5,20. 5,45 8,86 11,34 2,47 5,39. 6.37 9.47 12,26 3,42 6,36. GANDCOURTRAI. 5.38 9,39 1,28 4,24 7,21. 0,57 10,52 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruxelles dép. 8.14 Gand arr. 0,00 9,41 Bruges 7,15 10,34 11,53 3,12 I 23 4,26 exp. 6,37. 2,38 5,1 1 7,22. PR0N0NCÉ EN ASSEMBLEE GÉNÉRALE DES COMITÉS CATIIOLIQUES A P.AR1S, LE 7 AvRIL, Par M. de Belcastel, sur la question tCenseiynemetU. LE PASSÉ ET LE PRÉSENT. Suilt'. Voir It: N* précédent. II. Voici la seconde histoire. Les Frangais. tin autre jour, arriveren! a 1'improviste devanl tine petite ville qui. mal défendne par sa garnison d'ailleurs peu nombreuse, fix# emportée d'assaut, et les sol- dats vainqueurs se répandirent aussilOt dans la ville conquise, les tins par I'appal du htilin ou par I'ai'deur de pires convoitises, lesantres, les plus braves, pour le seul plaisir de voir. Un de cetix-ci avail pénétré hardiment daus tin grand bailment situé derrière le chateau et qui semblait desert. Après avoir erré de chambre en chambre, an risque de se perdre, il arrive dans une piece assez semblabte a un grenier, et, parmi des debris de nieubles, il apercoit alTaissée sur un banc une femme jeune et belle a demie-évanouie; ses vête- ments annoncaient l'aisance, la richesse mème, malgré le miserable gite ou l'égarement de la peur sans doule l'avait conduite. Le bruit que fit en entrant Ie militaire (sous officier dans un regiment d'élite) parut la tirer de son aballement; elle opvrit les yeux, et reconnais- saut l'uniforme d'un cunumi, elle tressaillit; puis, comme folie de terreur, d'une voix haletante, elle mtitmtira: Grace! monsieur le soldat, grace, au nom de votre mèrc!... si vous venez pour me tuer... Ne eraignez tien, mademoiselle; a Uieu ne plaise qucj'otiblie jamais ce qu'on doit a l'inno- cence et au malheur! Croyez que sous eet unifor me il y a un coettr: parlez-moi de confiance, comme it un frère, diles ce que je puis faire pour vous; et devant Dieu qui rn'entend, je vous le jure, s'il est quelque moyen de vous être utile, je ne demande pas inietix. La pauvre jeune lille, unpen rassurée par l'nc- cent de celte loyale parole, dit au Francais que son père, l'officier qui commandait le chateau, dans le sauve-qui-peut cause par la brusque attaque des Francais, entrainé sans doule par ses soldals, hélas! tué pent-êlre, n'avait pu vciller sur elle. Or, au lieu de fuir tout d'abord, ajouta-t-elle, dans Fignorance du danger, j'étais restée it prier dans ma chambre; mais aux cris des Francais qui se précipitaiênt en foule dans nos murs,hors de moi.j'ai couru au hasard,et enfin je suis arrivé ici, oil je n'atlendais plus que la mort quand... Je reraercie le ciel qui m'envoie un protecteur. Pas bien puissant,mademoiselle; mais dévoué et sincere. Ma vénérée mère m'a recommandé par dessus tout, avec Fhonneur des églises, le respect de la fciiimc cotnuie lu pilié pout rcufanl, et j at CAUSE DE LA DÉCADENTE. la dans le coettr encore ses bonnes paroles. Je vous défendrai fiit-ce au peril de ma vie. Le diffi cile est de retrouver monsieur volte père, s'il est vivant. vu que, sans doule a l lteure qri'il est, il court les champs. Nous y aviserons; en attendant je votis conduirai a la vivandière de la compagnie, une maitresse femme, une commère résolue qui a des moustaches de grenadier et une poigiie it l'arenant, et satira vous protéger au besoin. D'ail leurs le premier moment passé, la discipline re- prend tons ses droits. Les einporlés parmi nous, les malhonnétes geus, presque toujours les moins braves, son! le petit nombre. Venez. Le militaire, son fusil sur I épat»le, pril Ie bras de l'Espagnole, et la conduisit, non sans qnelques difficultés, li la brave vivandière, qu'i! pria de la garder jusqu'a ce qu'on cut des nouvelles du père. Soyez tranquille, mon camarade; c'est bien ce que vous avez fait la! et je vous promets d'etre un dragon, un hérisson, un porc-épic pour les élourneaux qui viendraient voltiger alenlour de la colombe. Ce serail dommage qti tl arrival malheur a celte enfant! Essuie tes yeux, ma belle; ici je l'en réponds, tu peux défier la griffe mème du diable, et s'il s'avise de montrer son masque a la fenêtre ou a la porte, je lui promets un coup de battoir (et elle étendait sa main) dont tl verra trente-six chandelles. Peu de jours après, notre sous-officier eut la satisfaction dc rendre la jeune fille it son père, qui s'étyit présenté aux avant-postes, afin d'avoir des nouvelles de son enfant. II n'est pas besoin de dire la joie du pauvre père et sa reconnaissance pour le sous-officier, recon naissance qu it s'elTorga de lui prouver par des politesses et des cadeaux poor lesquels la paix conclue sur ces entrefaites lui donna toute facilité. II était venu a Madrid a la suite du corps d'armée qui devait y tenir garnison. La il votilut que le couvert du sous-officier fut mis cbaque jour a sa table, en l'invitant a venir s'y asscoir toutes les fois «jue les exigences du service lui laisseraient cclte liberté. Le père dans sa gratitude ne s'en tint pas la, avec le consenlement desa fille, il olTrit au Francais la main de celle-ci, a la settle condition de quitter le service pour se fixeren Espague. La proposition était séduisante: une belle dot avec unc gentille femme, il v avait la de quoi lourner une jeune lète, et même une tète un pen bien mitre, comme dit le Bonhomme. Mais l'amour du pays, l'amour non moins vif de son état et le désir de l'épauleltejaisaient contre-poids. Le contre-poids l'emporta, non sans quelques hesitations, et le cocur pencha du cótéde la patrie, Certainement, disait le militaire a un cama rade, c'est une bonne occasion, one chance rare, et que je ne raltraperai probablement jamais si je la laisse échapper. La vie tranquille, le bonheur en familie, du loisir et dn repos, ce n'est point a dédaigner! Et si e'était de l'autre cólé des Tyré- Ce que Pu ris vient de voir dans ces derniers, jours, toute la France l'a vu; le peuple entier se rtées la chose déja serait feite. Mais il faut dire adieu pour toujours, en épousant, a la France, oft j'ai ma chère mère et mon brave père, dire adieu au drapeau, a notre aigte, qui estlecoqde tons ceux de la mème espèce; et devant lequel celui d'Autriche, celui de Prttsse, celui de liussie mème ont baltii de l'aile. II fandra devenir un étranger, un ennemi peut être pour les camarades; car j'ai dans l'idée, d'après la mine des Espa- gnols, qu'avant pen on jouera encore des eott- teaux. Et it l)ieu ne plaise que dans la querelle je ne suis pas du cólé oü sera la France! Dëcidément je garde mes sardines. Et, en effet, il déclina poliment la proposition de mar ia ge. Voila de beaux exemples assHrément! ces braves tontefois ne faisaient que leur devoir d'honnéte homme. Quoi de plus detestable quededéshonorcr la vicloire par la violence, et d'itisuller en misera ble aux pauvres ferames sans défense qu'il serait si glorienx de protéger? Soldats! n'oublions jamais ces belles paroles qtie Dit Gttesclin, le bon connétable, l'un de nos plus héroïques capitaines, ne se lassait pas de répéter a ses hommes d'armes: Qu'en quelques pays qti'ils fissent la guerre, les femrnes. les enfants ct le pau vre peuple n'étaienl point ieurs enneinis. FIN.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1