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D'UN OFFICIER DE DRAGONS
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Mercredi 22 Avril 1874. V^mOU17'"
9me année. N° 867.
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Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 1 ;i centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes.
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c h e m i ar b> B-: f e is.
L'EGLISE ET LE LIBÉRALISME.
L Eglise condtimne loutes les doctrines,
lous les systèmes opposes a la foi.
Divinement éclairée, TEglise ne saurait
faillir dans celte condamnation.
Le libéralisme moderne se Ironve an nom-
bre de ces doctrines si justeinenl réprouvées.
Nos libéraux Ie saven I; ma is, pour les
uns, I intérèt el ia corruption du cceur, pour
d atitres, un fol orgn il enté sur Tignorance
la plus profonde en fail de religion, lesem-
pèchent de reconnaitre Terreur et de rester
fidéles a leur baplémeense soumettant en
vrais enfants de TEglise a la condamnation
qui les atteint.
Mais pour justifier leur conduite insensée
ils font écrirc par des scribes atissi ignorants
et plus impies qu'eux, que TEglise condamne
la science, la raison el Ie progrés avec la
libre-pensée et Ie libéralisme qu'ils défen-
dent,.... pares gu'elle a besoin des lénèbres!
Ah! sans doute ils connaissent bien peu
I'Eglise ces lecteurs malheureusement trop
nombreux, qui ajoutent foi a ces accusations
de Torgueil et de Tignorance, et qui refusent
d obéir quand TEglise leur defend de coopé-
rer a Thérésie et au blasphéme en lisanl les
iriauvaises publications.
L'Eglise, disent et écrivent nos libéraux,
a besoin des ténébres; voila pourquoi elle
condamne la science.
Mais, qu'on jette les yeux aulour desoi,
qu'on interroge Ie passé, et si Ton est de
bonne foi, on se trouvera force de reconnai
tre que I'Eglise favorise la vraie science,
quelle veut lout se qui est utile, grand,
glorieus.
Ainsi, faites jaillir la Inmière, glorifiez
voire pays par les conquètes de voire génie,
étendez les bornes de l'esprit humain, elle
sera la première a vous féliciter de vos suc
ces, et toute 1'illustration dont elle pourra
disposer, elle s'empressera d'en embellir vos
triomphes. Toute Thistoire de la papauté est
QUI DEVINT ÉVÊQUE.
la pour établir ce fait; et nous n'en ftnirions
pas si nous voulious seulement ciler ici les
lémoignages que peul nous fonrnirun siècle
quelconque de I'ére chrétienne, a commencer
surtout au pontifical d'Alexandre II et de
Grégoire VII, jusqu'a nos jours.
Cet amour de TEglise pour la science, dit
un de ses defenseurs, se comprend facile-
menl: c'est qu'elle gagne loujours a ètre élu-
diée; loujours elle coinpla parrni sesadntira-
teurs les savants les plus profonds et les
génies les plus sublimes. Ceux qui la con
naissent savent qu'en elle tout est grandeur,
vérité, lumiére. Done, creusez, creusez en
core, et plus voire admiration pour elle sera
grande; plus vous pénètrerez dans son es
sence, et plus vous vous élèverez avec elle.
II est des sciences que TEglise redoute, la
prétendue science de quelques écrivains li
béraux, la demi-scienee, la science impie;
paree que celles-la voient mal, jugent mal
et écrivent sous leurs inspirations mesqui-
nes, séduites ou coupables, rien de bon ou
d'utile ne peut venir d'elles. Celles-la TEglise
les repousse paree que Thoinme s'amoindrit,
s'abaisse et s'asservii avec el les, au lieu de
s'élever, de s'agrandir et d'élre vérilable-
ment libre, la vraie liberté n'étanl pas en
dehors de fa vérité; elle les repousse a cause
de leurs systémes insensés, de leurs maximes
corruptrices, de leur mépris pour les de
voirs sociaux. C'est done au nom des lumié-
res, au nom de la vertu, au nom des mceurs
qu'elle se montre sévére.
L'Eglise, écrivent encore nos libéraux,
persecute tous ceux qui se fout les avocals de
la raison, du progrés et de la liberté.
Comme si Ton ne savait pas que, landis
que toutes les fausses religions et lous les
systémes anti-catholiques insullenl la raison
et la détruisent sous quelque rapport, I'Egli
se seule l'a toujours respectée et toujours
défendue!... Et, nous le disons encore, elle
est autanl l'amie du progrés que de la rai
son, non pas de ce progrés qui dirait volon-
tiers que le monde ne date que d'hier, qui
ne compte pour rien tout ce qui fut avant
lui, mème les vérilcs qui, nécessaires a
l'bomme. sont aussi, d'après quelques enne-
nnsde TEglise eux-mérnes, les seules garan
ties de Tordre et de la tranquillité des na
tions. Progresser ainsi, c'est reculer élrange-
ment, c'est laisser la lumiére, les verlus,
l'ordre, pour relourner dans les ténébres, le
désordre et lous les maux.
Mais ce qui est vraiment revoltant, c'est
d'entendre nos libéraux accuser TEglise d'è-
tre Tennemie de la liberie, eux qui applau-
dissent a la cruelle oppression que le pro-
teslanlisme libéral d'Allemagne et le libéra
lisme impie d'ltalie et de Suisse font peser
sur les consciences catholiques; eux qui
osent blamer, railier la fermelè des pontifes
qui vont en prison ou a l'exil plutót que
d'abandonner un mot, un iola a Thérésie et
a Timpiété toutes-puissantes.
Cessez done, illustres apólres de la liberté,
de vous indigner contre nos évèques, qui
repousserit avec tant d'énergie des actes et
des ordres qu'ils croienl conlraaires a la foi
dont ils sont les déposilaires; cessez de les
trailer de rebelles, paree qu'ils restent de-
bout tandis que lout devant eux est esclave
et va au-devant de loutes ces lachetés!Ils
ont le courage de la vraie liberté!... Nos
pontifes font leur devoir; ils remplissent une
mission que Dieu leur a donnée; au lieu de
les blamer, diles plulöt qu'il est heuréüx
qu'il y ail encore parrni tant de consciences
qui se vendent, parrni tant d'hommes qui
rtimpent, des catholiques pour faire voir au
monde que Thotmeur, la fidélité n'ont point
péri.
Pour nous, nous osons écrire ici, avec M.
de Cormenin, que loujours les hommes vrai
ment libres, vraiment indépendanls sont
dans TEglise. Quand tout fléchit, quand
tout se corrompt, le clergé seul resle indé-
pendant, paree que I'Eglise seule donne Tin-
dépendance. TEglise seule produil les carac-
léres qui savent résister.
(Franc de Bruges.)
ASSEMBLEE GENERALE DES COMITÉS
CATHOLIQUES DE FRANCE.
Réunis pour la troisiéme fois en assemblée
générale a Paris, les représentants des comi
tés catholiques de France ont commencé
leurs travaux le 7 Avril, par un admirable
discours de Monsieur Chesnelong, député
des Basses-Pyrenees, dont les paroles furent
réellcment, d'après le vceu que l'orateur ex-
prima en commencant, pour les nombreux
députés présents, un écho de l'amour qui les
anime pour I'Eglise et pour la France. Ne
pouvant reproduire ces accents d'une si
noble éloquence, nous nous contenterons de
communiquer les réflexions que ces assises
catholiques inspirèrent a M. Poujoulat, l'un
des rédacteurs de 1 'Union de Paris. Nous
croyons qu'il y a la pour les catholiques
beiges aussi bien que pour ceux de France,
et pour les libéraux de quelque nuance qu'ils
se disent, des véritésauxquelles on ne saurait
trop s'arrèter:
II n'y a de vivanl aujourd'hui que la force
révolulionnaire pour délruire et la force ca-
tholique pour conserver ou restaurer; entre
ces deux puissances il n'y a rien, on n'aper-
coit que de pales et impuissantes enlreprises.
Le juste milieu entre le bien et le mal a élé
essayé, et le monde a vu son écroulement
définitif. Les demi-vérités ne sont pas de
taille a lutler contre les grandes attaques
sataniques; il faut la vérité enliére, la vérité
avec loutes ses ressourceset toute sa puis
sance.
Le spectacle et les enseignements que nous
donne en ce moment TAssembléc générale
des Comités catholiques ne doivenl pas êlre
perdus. La est la foi aux grandes choses, i|
n'y en a plus ail leurs; la est l'enthousiasme,
ailleurs on ne le connait pas; l'enthousiasme
de ces catholiques n est que la vive impres
sion produite par Tapparition des beautés
éternelles, par Texpression du vrai, par les
accents de Tespérance.
L'ame mème des catholiques de nolre
pays palpilc dans ces discours et ces applan-
dissements; c'est la vraie France que l'on
voit et que Ton écoute; il n'y a pas a se mé-
prendre, la vraie France parle par la bouche
de ces enfants de TEglise, et non point par la
bouche de ces poliliquesqui s'acoquinent aux
fails accompüs et croienl sauver Tavenir en
redoublant de politesse envers Tiniquité. Ces
manifestations et ces hommages éclatent
comme une acclamation nationale, pendant
que le jardin du Vatican forme tout Thori-
zon de la souveraineté du Pape et que le
Chef de I'Eglise dépossédé, traqué, privé des
conditions essenlielles de son gouvernement
spirituel, dresse, sans le vouloir et sans
le chercher, le plus grand acte d'accusation
qui soit jamais tombé ,sur la lète de l'Eu-
rope.
L'Assemblée générale des Comités catho
liques nous inilie aux ccuvres sans nombre
par lesquelles nous devons nous relevcr; elle
fait passer sous nos ycux les résultals obtenus
par la puissence de Tassociation et les résul
tals qu'elle promet encore; elle est la consta-
lation d'un mouvement qui ne s'arrèlera
pas: elle est le parlement des espérances
francaises. Notre avenir sera ehrétien ou il
n'y aura plus pour nous d'uvenir: il ne nous
est pas permis depenserque notre pays ne
veuille pas remonter a sa vocation historique,
la ressaisir, se sauver et sauver le monde
ave lui. II faut des croyances pour refaire
un peuple; nous sommes en pleines croyan
ces, et la reconstruction nationale est done
au bout de ce chernin. Nous sommes en
train de faire justice de toutes les faussetés,
de toutes les révasseries socialcs el de toutes
les niaiseries.
La Révolulion est convaincue d'incapacilé
et d'impuissance, elle peul encore commeltre
des crimes paree qu'elle a pour alliées loutes
les scélératesses du cceur humain, mais elle
est condumnée comme doctrine que Ton
ptiisse discuter; elle a vidé son sac, el les
observaleurs ont pu s'étonner que le néant
ait fait tant de bruit. II n'cst pas besoin de
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Poperinghe-Ypres, 5-15,7-25,'9-30,10-58,2-15,3-05,9-20 YpresrPoperinghe, 6-50,9-07,12-05,3-57,6 50,8-45,9-50. Po-
peringlie-Hazebrouck7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghe- Ypres, 8-35, 10-00, 4-10, 8-25.
Ypres-Roiders, 7-50, 12-25, 6-45. -Kou Iers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
r.s~Bruges8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv.- Tltourout, 4-25 m. Bruges-Zfowfers, 8-25,
12-50, 5-13,6-42. Lichtervelde-CourtTUi, 5-25 m. Zedefghem Thoaroul, 12-00.
Ypres-CWtrai, 5-34.9-49.11-18.2-35,5-23. - Conrtrai-Ypres, 8-08,11 -02,2-86,5-40.8 49.
PJ'es'thourou t, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-30 du matin jusqu'a Langhemarck). Thou rout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-43,
(le Samedi a 0 20 du matin de Langbetnarck a Ypres).
Comioe.s-Warnèton -Le Tonquet-IIouplincs-^lmeratóeres, 6 00, 11-80, 3-35, Ces Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Houpli-
nes Le louquet-Warneton-Comnes 7-40, 2-Ü0, 4-45. (le Merer. 10-33 in. 8-00 s.) Comines- Warnèton 8-40, m. 9-30s. (le
Lunui 6 30 s.) Warnèton-Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.)
CourtraiBruges, 8-03, I 1-00, 12-33, (L. 3 15), 6-53. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-30, 5-13, 6-42
Bruges Blankenberghe, lleyst, (station) 7-30, 11 04, 2-30, 7-35. Heyst, Blankenberghe, Binges, 5-45, 8,30 11-30, 5-30,
Blankenperghe, Bruges, 6-10 8 35, 12-06.
lngelmunster Deynze Gand, 5-15, 9-41, 2-15. lngelmunster-Z)««W2re, 4 50 2" cl., 7 13. Ga nd - Dey nze- Inqel,munster6-58,
11-20, 4-39. Deynze lngelmunster, 9-10 2cel, 8-20 s.
lngelmunster-Anseghem, 6-05, 12-10, 6-13. Anseghem-lngelmunster, 7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixinade-Furnes et Dankerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-34. Dunkerke-Furnes-Dixmude et Lichtervelde 0-55, 11-15
3-45, 5-10.
Dismude-Nieupoit9 53, 2-20, 8-40. Nieuport-EfemMde, 7-40. 10-45, 12-00, 4-25.
i liourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-30, 8-03. Ostende-Thournul, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaete-Zsecfoo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Selzaete, 5-33, 10-15,4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15. 7,25. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-45. Torneuz.en Gand, 6 00, 10-30, 4 40.
Selzaete-LoAerew, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Seteaete, 6 00,10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
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COURTRAI, BRUXELLES.
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Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 0,06
BRUXELLES, COURTRAI.
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Lille 8.33 11,55 4,00 6,32 9,33.
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Gand arr.
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12,31
1,32
3,47
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Bruxelles dép.
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8,28 12.21 5,35 6.47
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8,25 11,08 2.82 8,20.
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8,86 11,34 2,47 5,39.
9,33.
Courtrai
0,37
9.47 12,20 3,42 0,36.
GANU, COURTRAI.
6,40.
Gand dép.
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9,39 1,28 4,24 7,21.
7,36.
Courtrai arr.
6,57
10,52 2,49 5,31 8,42.
BRUGES, GANI), BRUXELLES.
Bruges dep. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 0,43
Gand arr. 7,34 1,34 4,19 7,38
Bruxelles 8,50 4,03 5,26 9,31
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép. 8.14 11,83 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 123 4,26 exp. 6,37.
Bruges 7,15 10,34 2,38 3,11 7,22.
Si quelquesfois on voit le séminariste quiltcr Ia
soutane pour Funiforme, il n'est pas rare que le
militaire laisse le fusil pour le bréviaire. lepée
pour la h o u let te di| pasteur, el snspende en ex-
volo a l'aulel ses épaulelies mêmesd'orou dargent.
Et l'on sait qu entre les bons prêtres ceux-la pres-
que toujours sont les meillenrs.
Un de nos plus vénérables prélats, avant d'en-
trer dans les ordres, commandait comme officier
dans un régiment de dragons. Médiocrement ou
point du tout dévot, regardant de haut les bonnes
gens qu il voyait banter les cglises, il esümail lui
aussi la religion faitc seulement pour les femmes
et les enfants. Certain jour qu'il traversait avec
son regiment la ville de..., siége d'un évêehé, pro-
fitant d tine halte, il eut la fantaisie de donner un
coup d'oeil 'a la calhédrale, et sans facon il entra,
oublianl de prendre l'eaii bénile en dépit du bon
pauvre qui s'évertuait a lui teudre le goupillon.
E'était un dimanche el pendant I'office; une foule
nombreiisé de fidèles agenouillés et recueillis rem-
plissait la nef; l'officier, lui, ne songea guère ii les
imiter. Certes il n'eüt pas manqué d'envoyer a la
salie de police le soldut qui, passant devant son
chef, eut omis, mêine par inadvertance, le salut
de rigueur; lui-mêine d'ailleurs, vis-a vis des supé
rieurs, il donnait l'exemple el en presence du
major, du colonel, du général. il imprimait a sa
fiére contenance l'air du respect. Et néanmoins ii
I egard de celui qui s'appelle Ié Dieu des armées,
du suprème commandant qui de la splendeur des
cieux voit les baiaillons el les escadrons se cho
quant a travers le bruit et la fumée comme la
mêlee de quelques fonrmis, vis-a-vis du grand
Dieu, le général <jes généraux, notre officier
croyait de bel air de se poser avec une mine su
perbe et des allures, bravaehes. La lète haute, les
veux altiers, tout en frisant sa moustaches, il se
promenait dans les bas-cülés de Téglise restés
Jibres, comme il eüt fait a la parade. Iiavi de voir
les vieilles et surtout les jeunes devotes (sic) tour-
ner la lète, il faisait a plaisir soutier ses éperóns et
laissait trainer son grand sabre avec un affreux
lapage. Si le suisse, d'ordinaire moms enduiant,
et qui corrigeait vulontiers avec le manche de sa
hallebarde lesbainbius trop bruyants ou les carlins
malavisés que le diable poussait dans Téglise, si le
suisse le laissa faire, sans doule qu'il craignit un
plus grand scandale, ou peul-être il fut iutiuiidé
par le grand sabre et leslongues mousiaches. Quoi
qu'il en soit, le militaire continua tranquillement
sa peu paisible promenade, fit deux ou trois fois
le tour de Téglise, et sortil comme il étail ent ré,
c'est a dire saus aiieiin des signes pieux qui dis-
tinguent le chrélieil du Turc ou de l'inlidèle.
Ur, quelques années après, le mème officier tou
ché de la grace, ou, comme le maréchat Samt-
Arnaud, ramenéa la foi, ramené a Dieu par la
vote que parcourt d'ordinaire la faiblesse humaine:
la douleur, la méditation, la prière Tofficier
devenu un ehrétien fervent, se senlit bienlót appclc
ii mie vocation plus sublime. A leionneinent de
ses camarades, abaudonnant sa brilianle carrière
pour une autre plus glorieuse encore dans sou
apparente hiimililé, il entra au séininaire. Les
études nécessaires lerminées, devenu prélre, il se
votia avec tont Ie zèle d'une ardente charilé aux
devoirs de son ministère. Après de longues années,
ses vertus comme sa science le firent élever aux
I.E PÉRIL SOCIAL ET SON REM ÉDE.
honneurs de Tépiscopat. El cbose singuliere, sa
eathédrale fut précisémenl celle oil naguèreenlré
d'une fagon si peu édifiante il s'était permis cette
promenade cavalière que sa conscience, depuis
mieux éclairée, lui avail reprochée sévèremenl.
Aussi voulut-il faire amende honorable, el comme
la ('ante avait été publique, il jugea que la repara
tion devait l'être aussi
Le premier jour ou le venerable prélat officia
solennellement, il monta en chaire, et d'une voix
émue, il dit a I immense foule qui se pressait dans
Ia nef et dans Téglise:
•i II y a bien des années, mes frères, quelqu'un
de vous s'en rappelle peut-être, dans cette église
que remplit la majeslé du Dieu vivant, dans cette
pieuse basilique, pendant une de nos plusaugus-
tes cérémonies, alors que tons les fronts s'incli-
naient humblement devant les gloires du Très-
Haut, un militaire, un officier entra. Sans respect
pour le sancluaire et pour le Saint des saints
ravonnant sur l'autel, il fit scandale par sa conte
nance altière, l'insolence de ses attitudes, et Ie
fracas de ses promenades. I.es miséricordes du
Seigneur sont infinies. Cet insensé qu'il pouvait
punir d'un chamiment mérité, non-seulement il
l'épargna alors, mais il le prévint plus tard de ces
graces précieuscs qui rameuèrent l'eufant prodi-
gue a son père attendri. Les écailles tombèrent
des yeux de cet autre Paul, et comme ce grand
saint, d'abord simple apótre, il se vil appeléa
Thonnetir insigne de Tépiscopat. Or, l'offieier de
dragons, mes frères, c'est voire évêque indigne
qui, en montant pour la première fois dans cette
chaire, a regardé comme mi devoir de réparer,
aijtatit qu'il était en lui, le scandale donne, et qui
en demande hautement pardon ii Dien d'abord, et
a vous tous mes bien-aimés frères. II espère désor-
mais avec la grace du ciel ne plus vous donner que
des sujets d'édificalion.
On peut imaginer Tétonnement et Téniotion de
l'audiloire a celte allocution inaltendue du bon
évêque, qui, par ce trait louehant d'humilité, se
faisait si bien connailre a ses ouailles. Depuis, on
apprit a l'aimer pour ses autres vertus, pour son
inépuisable charité en particulier; plus d'un pauvre
a porté les souliers de Monseigneur, peut-étre
lui-même a son tour dans l'embarras pour se
chausser.