LA BALL!
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9me année. N" 809.
Mercredi 29 Avril 1874.
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J 1 J „I „,;ont sn ppniimps la li^ne.— ün numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les reclames, dans Ie corps du journal, se paie - o u>es
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 Ir. es exemp
ClIEMIiVS 19 K V E EC.
L
DEVOIR DES CATIIOLIQUES ENVERS
LA PRESSE.
Dnns une des derniéres séances dn congres
des Comités catholiqnes de France, M. le cha-
noine Schorderel. de Fribourg (Suisse), rap
porteur de la Commission de la presse sur
le devoir des caiholiques a l'égard de la
presse, s'est exprimé ainsi:
Pour prcciser d'une facon pratique les
devoirs des catholiqnes vis a-vis de la presse,
il fa ut connailre la situation qui lui est faile
a Fheure qn'il est dans le monde et le röle
qn'elle jone dans est te Intle acharnée de la
Revolution contre l'Eglise.
Pas une insulle n'est infiigée a l'Eglise
dans un coin qnelconque dn globe, inème le
plus isolé, qui ne relenlisse aussitöt daus le
monde entier.
Pas une calomnie ne s'affirme, pas un
scandale n'éclate dans l'un ou l'autre des Ité-
misphéres qui ne soit connu bientöl dans
Funivers.
Voos me direz peut-être: c'esl vrai, mais,
grace aussi a la Presse, pas une plate n'esl
faile a l'Eglise qn'elle nesoit aussilöl pansée
par une lendreel fra ternel le sympathie.
Mais, est ce que l'influence qu'exerce la
bonne presse pent nons consoler des ravages
de la presse révolutionnaire?
Parmi les moyens les plns actifs et les plus
puissants de perversion populaire qu'on ail
employés pour amener la désorganisalion
sociale dont nous sommes los témoins attris-
tés. la presse anli-chrétienne lienl sans con-
1 redit le premier rang. Ce sont les inanvais
journaux qui peuvenl revendiquer en pte-
miére ligrte eet te responsabililé eITrayante.
lis affluent de toutes paris, dans nos villes
et dans nos campagnes, iIs arriverit a bon
marclté et gratuiiement dans la chaumière
et dans Fa tel ier, chez Ie bourgeois et chez le
prolélaire, dans les estamineis, les cafés öu
les hotels; le ricltard dans !e silence, sur son
sopha. le conducteur de fiacre au milieu du
bruit de la rue, le négocioat dans son mnga-
sin, lisent les journaux, et quels journaux?
Dansles cabarets svrtout les mauvais jour
naux sont lus avec passion; avidement écou-
tés, ils s'imposent avec unc autorité incontes
table et ils régiementent souverainemenl
l'opinion. Qui dira jamais les malheurs qu'a
fails a la France le S'ècle dane cetlechaire
et fonctionnanl avec une eITrayante nclivilé,
la mauvaise presse ne recnle devanl aucnn
moven lorsqu'il s'agit d'empoisonner les
a mes.
Pour perveriir l'esprit, pile deprave le
coeur, elle aliére par des feuilletons licen-
cieux e! des romans immoraux rimprudent
qn'elle vent séduire. Elle sail oiïrir aux es-
prils cullivés les elegances litléraires. elle
coniinjl aussi le langnge de la Lantvrve ou
de I'd mi dn Peoplede Maral. pour se faire
comprendredes classes popnlaires. Elle se fa it
contre Jéstis-Christ ce que saint Paul a fait
pottr lui: Tout a tons.
Oni. ce qn'il v a do commnn dans la
preste mnlsaine. quelle que soit la forme,
c'esl la haine de Jésus-Christ et de son
Eglise.
II se fail par eel le presse infernale tin Ira-
vail de decomposition sociale qui nepeut
échapper aux olwrvaienrs meme les plus
distrails, et qui doit troubler la seenrité
des conservalenrs metric les pins confianis.
Les doctrines non-seulement les plus hos-
tiles a la religion, mais les plus dangereuses
pour la paix publique el pour lout ce qu'il
y a d'honnête et de légitime dans les intéréts
privés, ont leur tribune dans des journaux
trés répandtis et d'aulres publications a
grand snccés. Elles s'infillrent chaque jour
plus profondément dans les classes de la
sociélé ou leur action trouve le ntoins de re
sistance, et qui sont prédisposés a en pottsser
I'applicaiion a ses limites extrèmes.
Et dire que tout cela ne cause ni surprise,
ni graves inquietudes a bon nombre de Chre
tiens qui, refusant d'admellre ces theories
dégradarttes et infantes pour leur propre
compte, les subventionnent el. en accroissenl
la diffusion par leurs sonscriplions, leurs
annonces el leurs abonnements!
Les causes morales prodnisenl lenrs effels
aussi bien que les causes physiques. L'atmos-
phére 1 ntelleclttel ne peul se salurer d'étna-
nations délétères sans que les conditions de
la vie de l'ame en soient troublées.
Dót rit i re la vérité el Ia morale en théorie,
c'esl preparer le crime de la pratique. Les
hommes de 93, de 48 el de 70 ne pen vent
ét re rentis en horineur sans que les troubles
violents el toutes les calamités de ce lemps-
la soient en voie de retour.
Ne cherchons point ailleurs la cause de
eet étal permanent de trouble et de péril ou
se trouve l'Ettrope; elle est tout entièredans
1'insouciauce, le dédain, la haine dont la re
ligion de Jésus-Christ est devenue l'objel
parmi nous, et dans l'ardeur insensée avec
laquelle sont accueillies les fatisses et per-
verses doctrines qu'on prétend subsltluer it
1'Evangile.
Voila les fruits des manvaises publica
tions.
Or, si la mauvaise presse fait tant de rava
ges, si elle est l'une des causes efficienies,
pour tie pas dire la première, de l'incrédu-
lité, de la haine, des désaslres qui passent
sur le monde; est-ce que nous, caiholiques,
nous ne devons pas rêagir contre elles et
opposer nos sacrifices aux sacrifices que font
les suppöts de la Revolution pour soutenir
les mauvais journaux, ces chaires de pesti
lence?
Oui nous devons trouver, il le faul, dans
la charilé intelligente des catholiqnes. les
moyens de lutter, par les bonnes publica
tions, eoritre les publications malsaines.
Notre grand lort, c'esl de rte point le com-
prendre assez. Si nous voulons vaincre, il
faut combatlre a armes égales. Que peuvenl
les arbalètes de Moyen-Age contre les armes
modernes? Le mal, c'est que nous arrivons
lonjours trop lard. Nous 11ecotnprcnons la
valeur d'une invention que par les ravages
qu'elle fail dans notre camp!
En face de celte situation qui esl faite a
l'Eglise et a la société par la presse anti-chré-
tienne, notre devoir, a nous caiholiques, est
connu:
Notre grand devoir, le devoir general des
catholiqnes est de travailler énergiquement
el dans toutes les sphères de l'aclivilé hu-
maine, a la restauration du règne de Jésus-
Christ, Instaurare mm/ia in C/iristodans
les ames, dans les families el dans la société.
La presse, dans ce travail infernal qui se
fait de destruction du régne de Jésus-Christ
ayant exercé le premier röle, nons devons,
nous aussi, caiholiques, lui assignor un röle
principal, le premier peut-être, après la
priére, dans le travail surnaturel de la res
tauration du règne de Jésus-Christ sur la
lerre.
II est de noire devoir, d'abord, de com-
haltre la presse anli-catholiqne par tons les
moyens légitimes en notre pouvoir. Nous de
vons faire contre elle, sur l'aulel de la foi, le
serment d'Annibal contre Rome: Declarer a
la mauvaise presse une gnerre ouverle. a
mort, lout en plaignanl les hommes qui la
servent,
Le Vicaire de Jésus-Christ a dit a la pres
se comme autrefois Jésus-Christ auxapó-
tres: lieailez, enseignez la vérité, combat-
tez l'erreur.
La presse calholique a recu cette mission.
II n'est presque pas de journaux caiholi
ques qui n'aienl élé honorés d'un bref spé
cial de Pie IX, bénissant, encourageanl les
efforts dos hommes qui avaient mis leur vie
au service de l'Eglise par la presse.
Le 21 Mars 18133, la parole pontificale se
fit. entendre d'une manière générale. Pie IX,
placanl la presse sous la paiernelle surveil
lance des évêqnes, la meitait au rang de
leurs plus chères solliciludes:
Nous ne pouvons nous empèeher de rap-
peler ici les conseils par lesquels, il y a
quatre ans, nous excilions ardemmenl les
évéqnes de loul Funivers calholique a ne
rien négliger pour engager les hommes re-
marquables par le talent et la sa ine doctrine,
a publier des écrils propres a éclairer les
esprits el a dtssiper les lenébres des erretirs
en vogue. C'esl pourquoi, en vous efforcant
d'éloigner des fidéles commis a voire sollici-
lude Ie poison mortel des mauvais journaux,
veuillez aussi, nous vous le demandons avec
instance, poursuivrede toule votre bienveil-
lance et de loute voire prédilection les hotn-
mes qui, animés de l'esprit calholique et
versés dans les lettres et dans les sciences,
corisacrent leurs veilles a écrireet a publier
des livres et des journaux, pour que la doc
trine calholique soit propagée el dèfendue,
pour que les droits dignes de loute vénéra-
lioii de ce Saint-Siége et ses actes aient loute
leur force, pour que les opinions et les senti
ments contrnires a ce Saint-Siége el a son
autorité disparaissent, pour que l'obscurilé
des erretirs soil chassée et que les intelligen
ces soient inondées de la douce luinière de
la vérité.
Voir charilé et votre sollicitude épiscopa-
le devront done exciter l'ardeur de ces écri-
vains catholiqnes, animés d'un bon esprit,
afin qu'tls continuent de défendre la cause
de la vérité calholique avec un soin atlentif
et avec savoir.
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Poperinghe-Ypres, 8-18 7-23;9-30,l0-88,2-18,8-0S,9-20 Ypn•s-Poperinghe, 6-50,9-07,12-05,3-57,6 80,8-48,9-50.
peringlie-llazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghe-\ pres, 8-3;., 10-00, 4 10, 8-2,
- Po-
Y pies-Ho uiers, 7-30, 12-28, 6-48. Itoulers- Ypres, 9-28, 1-80, 7-90.
Bniaos-Kottiers, 8-29,
ltoulers-/.'/'H,«es, 8-48,11-34,1-13, (L. 8 86), 7-30, (0-59. Lichieiv,)_- Licluerv.- Thouiout, 4-23 m.
12-50, 5-13> 6-42. Lichtervelde-Courtrai, 5-25 m. ZHHghem IliouroiU12-00.
Ypres-CWlrai, 8-34,9-49,11-18,2 35,8-28.- Coiirlrai-Ypres, 8-08.11-02,2-50,5-40 8-49. nn ,K
Ypres-Thoaroul, 7 13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 8-50 du maim jusqu a Langhemarck). lliourout- 1-ptes, J-00, 1-18, 7
(le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Y'pres).
'Comines-Whrnètou - Le Touquet-Houplines-Armeróères, 0 00, 11-30, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 - Armenueres-ÏIoupl,;
nes Le Tuuquel-Warneten Comines 7 -40,2-00, 4-48. (le Merer. .10-38 ,n. 8 -00 s.) - Cummes- Warneton 8-40, m 9-30 s. (le
Lundi 6 30 s.) Warnêton-6'ow.wie.s 5-30, 11-10, (le Lundi 6-80 s.)
Courlrai Bruges, 8 05, 11-00, 12-35, (L. 3-18), 6-53. (9-01) s. (Lichterv.)- Bruges-CWfrot, 8-23,12-80 8-13 6-42
Bruges, Blankenlierglie, Hevst, (station) 7-30, 11 04, 2-90, 7-33. lleyst, Blankenberghe, Bruges, 5-43, 8,30 11-28, o-30,
Blankenberghe. Br uses. 6-10 8 88, 12-06. n f e na
lngelmunster Deynz e Gand, 3-13, 9-41, 2-18. I ngel munster-Degwze, 4 30 2" cl., 7-19. Gand De y n ze - lngelmunster6-58,
11-20, 4-39. Deynze lngelmunster, 9-10 2ccl, 8-20 s.
1 TnrtPivnii/nRipr i-vl. z-zb.
-Dixmude et Lichter velde, 6-55, 1115,
ngelmu nsler-Anseghem6-05, 12-10, 6-18. Anseghem-lngelmunster, 7-42, 2-20, 7-45.
Liclitervelde-Dixtr. jde Furnes et D anker ke, 0-30, 9-10, 1-35,7-54. Dunkerke-rurnes-L
3-45, 3-10.
Di xmude-AY'e wpor<, 9-88, 2-20, 8-40. Nieuport-D&rmttde, 7-40. 10-43, 12-00, 4-28.
Tltourout-Ostendc4-80, 9-15, 1-50, 8-05. Qslende-TliourotU, /-55, 10-10, 12 25, 6-15
Selzaete Èecloo, 9-08, 1-25 8-28. - Eadoo-Selzaeivr".verS) «-3o' 1^-40 7-43. - Ternenzon-Gand, 6 00, 10-30, 4 40.
Gand-Temeuzen, (station) 8-17, 12-15, 25. (porte d Anvers) .,,5.; i - Mardi 9 30.)
Selzaete-jLoterera, 9-04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 3-10 m.) Lokeren-Se/zaete, 6 00,10 23,
COURTRAI, BRUXELLES.
Courlrai dép.
Bruxelles arr.
6,40
9,20
10,33
1,35
C0UBTBA1, T0UBNA1L1LLE.
c o XI11 k s i' o rvr d ./V. c- i-: 1-1 -
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép. 5,22 8,28 12,21
Courlrai arr. 8,00 10,43 2,41
LILLE, TOURNAICOÜBTBAI.
12,33
2,25
3,45
0,06
0,38.
9,16.
5,33
7,33
6,47.
8,44.
Courlrai dép.
Tournai arr.
Lille
7.00
7,51
8.33
10,56
11,47
11,53
2,54
3,48
4,00
COÜBTRVIGAND.
Courlrai dép.
Gand arr.
0,42
s ,01
12,31
1,32
5,34
6,29
6,32
3,47
5,03
8,47.
9,41.
9,35.
6,40.
7,50.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
5,20
3,43
0,37
8,25
8,56
9.47
I 1,08
11,34
12,26
GAND, COURTRAI.
5,38
6,57
9,39
10,32
1,28
2,49
2,82
2,47
3,4-2
4,24
5,31
5,20.
3,39.
6,36.
7,21.
8,42.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges dép.
Gand arr.
Bruxelles
6.49 exp. 12,39
7,34 1,34
8.50 4,03
3'34 exp.
4,19
5,26
6,43
7,58
9,31
Bruxelles dep. 8,14
Gand arr. 0,00 9,41
Bruges 7,15 10,34
11,33
1 -23
2,38
3,12
4,26 exp.
5,11
6,37.
7,22.
«kaü/sm. maam
Suilt'. Voir le iV précédent.
C'est alors que l.éoni" I)arhui«, son éduealinn
termiaiée. icvint prés de sou père. Le rapilaiue
ayaiit perdu sa femme l'année préeédente, pria
ni:i nièrt' de se charger de la 111 tel le officialise tie
la jeune füle, que j'avais ainsi I occasion de rencon.
tier souvent. II s'cnsuivit une inliinité loute fra-
ternelle qui deviut bientöl one a vil re affeetion. Ce
changement ne pnnvait échapper ii la clairvoyance
de ma mere qui me queslionna; sincere avec elle.
je ne lui dissimulai pas mes sentiments pour Léo-
nie, dont je serais héureux, ajoutai je, de faire
ma femme.
Mais til sais que sa dol est mirice? Le père
n'a guère que sa retraite.
Qii'imporle! 01a fortune siiffit pour deux.
Lt Léonie possède a mon gré la plus helle dot
qu urie femme pnisse apporter a son mari, a savoir
toutes les qualités du roeue.
Je n'cri doule pas; aussi n'as-111 a craindre
de ma part aueune opposition a ce mariage.
N'aimé-je pas déja Léonie comme line fiIte? Je l'ai
sondée avec discretion el je connais ses sentiments.
Nous n'avons done plus qu'a faire la demande an
père qui, j'en suis certaine d'avance, donnera
joycusemcnt lt-s mains a cette union.
T.a possihilité H'un rcfus cn iffcl ne noti< venait
pas même a l'esprit. Ma mère se renffit clu z le ca-
pilaint- el lui demantla avec une pleine conffance la
main de Léonie: mais jugez de son étonnement en
enlendant la léporise:
Ma filie n'épousei-a jamais qu'tin militaire
comme moi. dit ie capitaiue avec cel accent liref,
ce ton ahsolu qu'il devail avoir dans Ic cornman-
dem'enl
Ma mère insisla. mais inulilement. Désolée, elle
revinl a la maison et. les larmes aux veux. me fit
part de cel étrange refus. Je courus aussilöl chez 1
le capilaine, et ii mon tour je priai, je suppliai,
plus d'une fois peesque a genoux. mais il se mon-
tra avec moi plus raide et plus inflexible encore.
Ma fiile n'épousera jamais qii'nn homnie
porlant l'epaulelte, un brave. Telle fut sou unique
réponse.
Mais si elle en aime nn aulre.
Tant pis! Mais elle connait mes principes, el
je la crois trop bonne fille pour penset- aulrement
que son père, et mal placer ses affections.
Oil! capitaine!
-Elle n'épousera jamais qti'un militaire.
C'est voire dernier mot?
Le premier et le deruier.
Kien.
Ma résolution étail prise. J'aimais trop sérieu-
sement la jeune fille pour que 'eet obstacle put
m'arrèler. En ipiiltant le capitaine, j'allai droit
au bureau de reérutement et je signai mon enga
gement pour l'un des régimenis alors en Afrique.
Quand je l'appris a ma mère. elle pleura, mais ne
se seutit pas le courage de me blamei-, car elle
m'avail vu après le premier refus preSqué löu de
douleur et de désespnir. Le lendemain matin, je
retournai chez le capitaine qui, a ma vue, ne put
réprimer 1111 mouvement d'humeur.
Comment! dfil-il avec brusquerie, c'est toi
encore. A quoi hon?J'ai dit non. el c'esl non 111
me counais. Inutile de reeommèncer la tirade
d'hier.
Aussi n'est ce point mon intention. Je viens
seulemenl vous faire mes adieux.
J iens, in pars? El uit (liable vas tu ainsi?
Eu Afr.que, capitaine, gagner mes epaulet
tes.
Hein! qu'est ce que tn dis? L'amonr t'a-t-il
tourné ia cervelle, et n'est-ce point plulöt a Clia-
renton qu'on va te condture.
Je vais en Afrique. Je suis un homme moi
aussi et capable a l'occasion de prendre une réso
lution, C'esl vrai que je m'arrangeais très-hien de
("existence telle que les rirconslances 111e l'avaient
faite et que j'aurais préféré n en point changer.
Mais j'aime voire fille: vous ne voulez pour gen-
dre qu'un soidat. Qu a cela ne lienne! M011 enga
gement est signé et je pars demain pour rejoin-
dre mon légiment. Je ne vous demande que trois
ou quatre ans avec l'épaulclle de sous-lieulenant.
Le capitaine me contemplait avec étoiinnemenl reconnaissance! J"etuis déja récmnpensé de
et presque avec admiration. !,e sourire rcvint sur
seslèvres; une visible emotion attendritson regard,
et il y avait comme une lai-mc dans ses yeux
quand il me pril la main el me dit avec tin accent
paternel:
Je l avais mal jugé, mon ami. Je te croyais
un poltrou comme lanl d'autrescl tn me prouves
au contraire que tu es un homme. Léonie t'attep-
dra. je l'en donne ma parole, elle t'attendra.' s'il le
faul dix ans. Tn peux des a présent la regarder
comme la fiancée. Seulemenl, lont en faisant la-
bas ce qu'il faut pour avancer, avise a n'être point
tué.
J'v taclierai. Mais, hah! on ne meurt pas a
mon age et avec tant dr bon beur cn espérance.
Léonie cnlra cn ce moment; son père pril sa
main qu'il mit dans la mienneen disant:
Ma fille, voila ton époux.
La pauvre enfant, qui igriorait encore a quelles
conditions le capitaine avait donnc sou consenle-
ment. sauta au con de son père en miirnnirant, la
(igure ravonnante:
Merci, père. merci. Moi. je savais bien que
votre coeur ne résislerait pas a nos larmes.
La joie de Léonie fut de courte drirée. Quand je
lui dis tont, quej'étais soidat, «jne j'ailais partir et
qu'avant peu je ferais le coup de feu avre les
Arabes, elle paiit; mais dans son sourire, dans ses
yeux voilés de larmes, qu'elle duuce expression de
sacrifice. Voila, me dit André, comment je
suis soldal, voila mon hisioire.
Qoi rcssemble assez h nn roman ou a une
comédie. Mais ii quand le denouement r'est-a-dire
la noce?
Quand il plaira au gouvernement, de mon
cöté j'ai fait de mon mieux.
Les camarades soul dc eet avis, et moi tont
le premier.
Tu me Aalles. Quoi qu'il en soit. au dire du
colonel, cela ne lardera guère, el je recevrai mon
brevet de lieutenant on jour ou l'autre.
Je l'espère. en attendant, parexemple, sois
prudent, c'esl-a-dire soismoins téméraire, et lache
de 11e point allrapper one balie qui te casserait
un bras 011 une jambe et même la têle, ee qui
serail pis, car alors. adieu Ie sentiment!
Pah! comme je le disais li inon heau-père,
on n'est pas tué a mon age el avec l'espoir d'un
si bel avenir. Puis, ajouta-l-il soiiriant avec l'air
du mvstère. j'ai sur moi un talisman.
Un talisman, el lequel7
André mit la main dans son uniforme et il cn
lira un petit médaillon en or qu'il ouvrit et dans
lequel je vis une bouclé de eheveux.
Avec cela, dit-il, 011 défie les balles des Bé-
douins.
A CONTINUER.