S LA BALLE TAC3ÈE DE SANG. w|l Samedi 9 Mai 1874 9me année. N° 872. v m es m i .v s n bs f bs as. -< M mrstigE vvmmfjm 0 P z 25 s >- z Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exempiaires. A l'occasion de la persecution, Sa Saintelé le Pape Pie IX vient d'erivoyer le Bref soivant a Mgr Baudri, évèque auxiliaire de l'arche- véqne de Cologne: DEUX POIDS ET DEUX MESURES. II est forlement question, deptiis quelques jours, dans le public, d'un procés dans le- quel se trouve impliqué, d'une facon assez... désagréable, le vénérable supérieur d'un ordre irréligieux. II y a quelques années, mourait a Gand, un industriel, M. Van Ilecke, aprés avoir, par testament olograpbe, inslitué pour légataire universel, M. Van der Heyden, conseiller communal, major de la garde ci- vique, et Vénérable de la R.'. L.*. la Liber- lé, a l'Or.-. de Gand. Ce leslamenl a élé attaqué par les hériliers du sang dont qtielques-uns se trouvent dans une position de fortune assez modeste. Les experts en écriture, s'appuynnt sur les pieces de comparaison qui leur élaienl soutnises, conclurenl que l'écrii qui leur était représenlé n'élait pas l'ocuvre du prétendu testateur. Le bruit court au Palais que Pimport de la succession dont il s'agil au procés, s'éléve a une somme d'au moins trois cent mille francs. A la suite de ce rapport, le tribunal de Gand vient de rendre un jugemenl qui don- ne gain de cause aux hériliers. par lemonf qu'il n'esl point prouvé que le testament dont se préyaut le demandeur, éinane réelle- ment du sieur Van Ilecke. Nous n'avons pas besoin de dire la sensa tion produite par ce jugemenl, ni quels sont les rapprochements auxquels il donne lieu. Qu'il nous suflise d'interroger tous les lecteurs imparliaux et de leur demander quelle serait l'attitude de nos adversaires si pa rei lie sentence venait a étre rendue dans un procés oü serail impliqué le supérieur d'un couvent qtielconque? Ce serail, dans tous les journaux de la sectc, un concert d'inveclives etd'injures; le plaideur condamné serait traité de coquin, de captaleur, de faussaire; on l'appellerait le Révérend P'ere Jaumart et on 1'accuserait d'accaparer le patrimoine des families Esl ce vrai: OUI ou NON"? Tout récemment encore sans que ses calomniateurs possent s'appuyer ni sur un jugemenl, ni sur une preuve, ni sur une présompiion qtielconque un ecclésiastique des plus respectables. Mgr le vicaire-général Warblings, n'élait-il pas, dans les colonnes du Journal de Liége, l'objel d'impulations tellement outrageanles, tellemenl injurieu- ses, que le tribunal de Eiége lut-mème, quoique présidé par M. Frère Orban, fils, n'a pu faire autrement que d'infligera l'organe doctrinaire une condamnaiion en dommages intéréts?... Ei, dans vingl aulres causes, bien qu'il s'agisse de tesiamenls réguliers et aulben- tiques, ne voyons nous pas loules les dispo sitions pieuses et charilables, attaquées par la presse libérale avec la derniére violen ce?... Nous ne nous lancerons point, pour notre part, dans une pareille polémique qui suffi- rait aux journaux liberaux pour s'alimenter pendant une campagne électorale Jout en- tière. Nous abandonnops le Vénérable Frère I Vander Heyden au jugement de l'opinion publique. Tant mieux pour lui s'il par- vient a en atténuer les rigueurs!... Cette decision porte ce qui suit: Le G. Orient decide que non-seulement les [ncD (les Loges) onl le droit, mais Ie devoir de surveiller les actes de la vie publique de ceux de leurs membres qu'elles ont fait enlrer dans les fonclions politiqnes; lede- voir de demander des explications, lors- qu'il parait qu'un ou plusieursde ces actcs ne tehdcnl pas a éclairer la société du flam- beau de la vérité; le devoir d'accepter ces ex plications avec bienveillance, quandelles sonl salisfaisantes, de réprimandnr si el les j> laissent a désirer et même de relraneher du corps mac.', les membres qui ont man- qué scieinmenl ou volontairemont aux de- voirs que leur qualilé de mac.*, leur iin- pose, surlout dans leur vie publique. C'est la théorie du fibre examen mise en pratique. II serait assez cnrieux d'apprendre que M. Anspacb, vénérable lui-mème, ait été répri- mandé en loge par M. Frère pour ne pas avoir voulu dire avec celui-ci que.M. Malou est un voleur. INDÉPENDANCE LIBÉRALE. Les libératix posent volontiers en hommes indépendants et ils reprochent aux catholi- ques de ne pas avoir d'opinions a eux, d'etre des instruments. Les électeurs feront bien de lire et de relire la circulaire maconnique que voici: SUUM CUIQUE. Parmi les clichés doctrinaires, Ad \e Jour nal d'Anvers, il n'en est pas de plus usité que celui qui représente M. Rogier comme étant le père des chemins de fer beiges. II y a quelque vingl ans il a déja été fait justice de cetle assertion dans une brochure qui eul quelque retentissement. Mais depüis lors le cliché a été réédilé et a lout instant surtout a l'approche des elections on O co CO O CO O O rv- 3 s: 9 D cc ®s» •*3 'jz O CO rz >- —3 CO CO in —3 CO CO O G 50 H O G H *n CO >- o cn oz o O CO CO in -3 CO Poperinghe-Ypres, 5-15,'7-23,9-30,10-58,2-15,8-05,9-20 Ypres-Poperinghe, 6-80,9-07,12-05,3-87,6 80,8-48,9-80. Po- periiis>he-llazebrouck, 7 13, 15-25, 4-17, 7 13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-38, 10 00, 4-10, 8-23. Ypres-Haulers, 7-80, 12-25, ti-43. Itoulers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-30. Roulers-ZJnzjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 8 56), 7-36, (9-85. Licbterv.) Licluerv.- Thourout, 4-25 m. Bruges-üou/erv, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.— Lichtervelde-Cowrtrai, 5-25 m. Zedelgliem Thourout, 12-00. Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-23. Courtrai-Y/tm, 8-08,11-02,2-36,5-40',8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a 5-80 du matin jusqu'a Langbemarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7 45, (le Samedi a 6-20 du matin de Langbemarck a Ypres). Comines-Warnêlon Le Touquel-Ilouplines-Anneratöres, 6 00, 11-50, 3-33, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-lloupli- nes-Le Touquet-W,arnêton-Comities 7-40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-38 rn. 8 00 s.) Comines -Warnêlon 8-40, m 9-30 s. (le Lundi 6 30 s.) Warnêlon-Comijtes 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.) Courtrai -Bruges^ 8-08, 11-00, 12-33, (L. 3-15), 6-55. (9-00 s. (Licbterv.)Biuges-CotwVrat, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (station) 7-30, 11 04, 2-50, 7-35. Heyst, Blankenberghe, Btuges, 5-45, 8,30 11-28, 5-30, Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 58, 12-06. Ingelmunsler Deynze Gand. 5-15, 9-41, 2-15. Ingelmunster-Det/zise, 4 50 2' cl., 7-18. Gand-Deynze-Ingelmunsler, 6-58, 11-20, 4-39. Deynze Ingel/munster, 9-10 2C cl, 8-20 s. Ingclmunsler-d?tsep/im, 6-03, 12-10, 6-15. Anseghetn-Ingelmunsier, 7-42, 2-20, 7-48. Lichtervelde-Dixmade Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. Dtzwier'/ct'-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-58, 11-15, 3-45, 5-10. Dixmude-Nieuport9-85, 2-20, 8-40. Nieuport-Dixmude, 7-40. 10-48, 12-00, 4-25. Thourout-Ostende, 4-80, 9-15, 1-50, 8-03. Oslende-Thouroul, 7-35, 10-10, 12 23, 6-15. Selzaete iJec/oo, 9-05, 1-25, 8-23. Eecloo-Se/zaete, 8-38, 10 15,4-22. n Gand-Terneazen, (station) 8-17, 12-15. 7,25. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 4 - lerneuzen <7W, 6 00, 10-30, 4 40. Selzaete-LoAere/t, 9-04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 5-10 m.) LokerenSelzuète, 6 00,10-25, 4 4o. (le Mardt, J,30.) COB.«.E3I»OmJA.irCE8. COURTRAI, BRUXKLLES. BRUXELLES, COURTRAI. Courtrai dép. Bruxelles arr. 6,40 9,20 10,55 1,38 12,33 2,23 3,45 6,06 0,38. 9,16. Bruxelles dép. Courtrai arr. 8,22 8,00 8,28 10,43 12.21 2,41 5.33 7,33 6.47. Ui. COURTRAI, TOURNAI, ULLE. LILLE, T0URNAI, COURTRAI. Courtrai dép. 7.00 10,56 2,54 5,34 8,47. Tournai arr. 7,81 11,47 3,48 6.29 9,41. Lille 8.33 11,53 4,00 6,32 9,83. LiHe dép. Tournai arr. Courtrai 5,20 8.43 6,37 8,25 8,50 9.47 11,08 2,82 11,34 2,47 12,26 3,42 5,20. 5,39. 6,36. COURTRAI, GAND. Courtrai dép. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,32 3,47 8,03 6,40. 7,36. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43 Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,88 4,03 5,26 9,31 arr. 7,34 Bruxelles 8,50 GAND, COURTRAI. Gand dép. 8,38 9,39 1,28 4,24 7,21. Courtrai arr. 6,57 10,52 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruxelles dep. 8,14 11,33 3,12 Gand arr. 6,00 9,41 123 4,26 exp. 0,37. Bruges 7,13 10,34 2,38 3,11 7,22. -1 Notre Venerable Fr ére Jean Anlome-Frédéric, cvéqae d'Arélhuse, d Cologne. PIE IX, PAPE, Yénérable Frère, salul et benediction apostolique, Ce que vous Nous avez annoncé est trisle au dela de (oute expression, mais en même temps infiniment glorieux pour l'Eglise, dont les premiers siècles brillèrent avec tanl d'éclal, surlout a cause des per secutions de ses ennemis. Car pendant que les enne- mis de l'Eglise sonl transportés de fureur,la parfaite res-emblance de l'Epouse avec son divin Epoux apparail dans une plus grande lumière, la Constance des eonfesseurs rayonne plus éclatante, la noble magnaniniilé, qui ne compte pour rien les biens de la lerre quand il s'agit de défendre la foi el les droits sactés de l'Eglise, se révèle plus puissante, la foi parmi le peuple chrélien se vivifie et se dévelop- pe, les hommes droits, lors même qu'ils n'onl point les mêmes sentiments sont saisis d'admiralion, et la semence du christianismé est répandue avec plus d'abondance. Oui, Nous sommes accablé d'une douleur amère a cause de la grande injustice avec laquelle on traite l'Eglise et de la iémérité avec laquelle on a osé metlre la main sur Notre Vénérable Frère l'ar- chevêque de Cologne. Nous déplorons profondément sa situation tout en n'oubliant pas que jamais peut- êlre il n'a été placé dans une lumière plus éclatante qu'au moment oü il a été enlrainé hors de sa demeu- re pour être conduit en prison et assimilé aux nial- faiteurs a cause de son amour pour la justice. Les gémissemenis et les larmes du clergé et du peuple, les nombreuses phalanges de citoyens accourues de loules les parlies du diocese, les manifestations de dévouement qui l'accompagrièrent sur le parcours de l'archevêché a la prison, les témoignages publics et universelsde vériération et d'amour pour le Saint- Siége el pour sa personne, onl fait de son passage a travers la ville une veritable marche Iriomphale. En vérité, celui qui léfléchit a quid système lyran- nique le prisonnier et ceux qui l*bnl applaudi sont soumis, celui-la peut voir dans eet accord manifeste enlre la persévérance du pasteur el l'amour du trou- peau une force d'atne, une foi, une piété, un alta- chemenl religienx qui appellenl plutót des felicita tions que des larntes de compassion. Quoique votre lettre Nous ait rempli d'amerlume, el le Nous a néanmoins consolé d'autant plus que Nous avoris reconnu, par tout le coritenu de voire lettre, que vous ne vous éloignerez jamais des traces do noble pontife el que vous ne négligerez rien pour faire en sorte que la pene que vient d'épiouver le fidéle peuple de Cologne lui soit adoucie el ne lui porte aucun prejudice. Au milieu de toules ces. diffieul tés, Nous supplions pour vous le Ciel afin qu'il vous accorde son plus puissant el plus abundant secours, et Nous souhaitons que la bénédiclion apostolique vous en soit un gage certain. Celte bénédiclion, Nous l'accordons avec amour et du fond de Notre coeur, contme un témoignage de Notre particulière bienveillance, a l'archevêqne de Cologne, si distin gue et si digne de tout éloge, a vous, Vénérable Frère, a tout Ie clergé el a tout le peuple fidéle de l'archidiocèse de Cologne. Donné Rome, prés Saint-Pierre, le 13 Avril 1874, de Notre pontifical, la vingt-huitième année. PIE IX, PAPE. Suite. Voir le 'N° ent. Je donnai au blessé ce qu'il fallait pour cerirc, et d'une main que I'aflVrlion setile rendait trem- blanle, il Iraca les deux lettres suivantes dont j'eus plus lard copie. El le capitaiue pril dans ses pupiers les deux lettres dont il me donna lecture. Clicrè mère, Uu courage, du courage) j'en ai besoin moi- menie pour ne pas être accablé par la pensee de la douleur a la Irisle nouvelle. Je plettre en cè md- iiirnl. mais ce n est pas sur mot. crois-le bien, et je n ai pas a rougir des lannes dont lu verras la trace sur ce papier... chère mère, courage! Enfin, je tneurs de la plus belle mort qu'uri hommede cceur puisse désirer, au sein d'une vietoire a la quelle j'ai coulribué pour ma part si faible qu'elle soit. Mais ce qui vaul inieux. je meurs en joignant les mains, je meurs en rhrélien consolé par la foi dans laquelle je me confie el dans laquelle j'espère pour verser le baume sur les blessures de Ion coeur. Oh! sans elle. chère mère. saus la sainte pensée religieuse. oh! vois lu. en songeant a tout ce que j allais perdre. a tont ce qu'il me fallait quitter, a toi d-ahoid, a l.éonie. a l avenir pour moi si brillant. ce n'esl point une settle mort, mais mille morls que j aurais soufft-rles: Je serais mort malneureux et désespéré: au lieu, comme je lc (ais mainterianl, de te dire adieu souriant it tra vers mes larmes, par la certitude que eet adieu nestpoint cternel. Tu voudras bien, chère mere, être mon exé- cutenr testamentaire et veillera l'accomplissement de voloutés auxquelles ton coeur, je n'en doute pas, applaudira. Sachant que tu n'avais nul besoin de ma petite fortune, j'ai pris la liberie d'en dispo ser, sauf pourtant ion agrément que je te de- tnande. n Je lègue d'abord 50,000 francs a Léonie; e'est la dot que nous lui destinions et qui lui per- mettra de se choisir librement un époux digne d'elle. 30,000 francs it Paul D..., il a été pour moi comme un frère. Je sais de plus que sur sa paye si modeste il vient en aide a ses parents dans la gêne. (Le capitaiue, en lisant la lettre avaitsuppri. mé ce dernier paragraphe dons j'eus connaissance par une petite indiscrétion que jc confesse.) Tu donneras, disait encore le mourant, a sa mère, 10,000 francs au soldat lloèdic, en outre du prix de son remplacement; c'est aussi un bon fils nécessaire a ses vieux parents. Je lui dois beau- coup a ce brave ga iron; c'rst lui qui m'a fait sou venir que j etais chrélien, qu'il y a un Dien et une Providence, cl après les-épreuves de cetle vie tin monde meilleur oii Ion se retrouve, oit des féli- cités éternelles nous attendent, si l'on meurt avec le caïtir sinon innocent, du moins pui ifié par le repentir. Chère mère, c'est lit un service qu'on ne saurait trop payer; lu pourras, dans la.sagesse. doubler le présent que j'ai borné uniquement par la crainte d'óler a ce beave villageois le goi'tl du travail et de la moderation. ii I>e reste de ma fortune aura l'emploi suivant. Tu sais que l'église du village dont nolre ferme depend, a grand besoin d'etre restaurée, peu s'tn c? c? DECISION DE LA I.OGE SUPRÈME DE t1"' DU lcr M.*. 5856. faut qu'elle ne tombe en ruines. Avec la somme en question elle pourra être consolidée et réparée. L'autel de la sainie Vierge, en particulier, il m en souvient atlristait par son délabrement; je désire qu'il soitorrié autanl que possible el digne de celle aquiil est dédié. Puis, Marie, bonne et chère, n'est- elle pas ta patronne? C'ést la mère des afiligés, la mère de miséricorde, a ce que me dit mou soldat; je l'invoque done a la fois pour toi et pour moi. Je voudrais pouvoir t'en dire davantage, si je n'écou- lais que mon coeur, il est si plein... je n'en finirais pas. Mais la main se faligue, j'ai comme un nuage sur les yeux, il faut te dire adieu, adieu... Mais, crois-le bien, quoique absente tu es la! ion nom sera sur mes lèvres, toujours, loujours! Je t'aime- rai avec le même cceur jusqu'a la dernière heure. Je t'aimerai, je l'espère bien, par dela encore. Oh! si j'avais pu tYmbrasser une dernière fois!... que la volonté de Dien se fasse. A xijki'; Bellejiare. Voici l'aulre letlre: ic Bonne Léonie, Cetle lelire esl un adieu suprème; c'est un mourant qui vous écrit. J'avais l'épaulelte, comme vous l'aurez appris par ma dernière lelire, et, ia campagne linie, e'esl-a-dire avanl peu de semai- nes, je pensais être auprès de ma mère et de vous. Dieu en ordonne autrement et me voila sur un lil de douleur d'ou je ne me relèverai pas. ii Je vous envoie comme bon souvenir la croix d'honnetir que j'avais souhaité gagner pour la placer dans voire corbeille de noces. La main qui vous la remetlra est la main d'un frère, la derniè re que j'aurai serrée. Je n'en sais pas de plus brave et de plus loyale, de plus digne de s'unir a la voire. Grace au ciel, il n'y a point dans mon coeur en ce moment place pour la jalousie, et au contraire, celte pensée m'est douce-qiie vous pourriez reporter sur ce noble ami ['affection dont j'avais espéré tant de bonheur. il Votre affliction pourtant sera grande, immen se, je n'en doute pas, mon amie; vos larmes coti- leront en abondance niêiées it celles de ma mère, et cette pensée aussi fait couler les miennes. Ce- pendant je compte sur vous, bonne Léonie. pour adoucir ce coup a la pauvre femme et lui donner quelque consolation. N'étiez-vous pas déja comme sa fille? Soyez-la plus que jamais. >1 Vous êles une pieuse chrétienne, ce sera done pour vous, mon amie, ma sa-ur, ce sera une grande consolation de savoir que je meurs en chrélien, avec une sainte prière sur les lèvres, et un crucifix dans les mains. La religion et l'amilié, oh! qu'elles soient bénies! se sont empressées pour me sauver du désespoir oü me jetait Fhorr.eur d'une separation pour moi si pleine de déchire- ments. Grace it Dieu, maintenant que l'espérance avec la foi est rentrée dans mon cceur, je quilleraj la vie, pour moi bien belle pourtant, avec un sourire sur les lèvres. Mon amie, faites, je vous prie, a mon inten tion et a ma place, votre plus prochaine commu nion. Jc ö'ai pas en la joie de pouvoir remplir ce pieux devoir et d'emporter avec moi, pour le grand voyage, le céleste Vialique. Ici, nous n'a vons point de prélre, et c'est un brave soldat de ma compagnie qui me sert de chapelain, après avoir élé pour moi un apötre. Que la Vierge vous protégé et que Dieu vo'us recompense des prières que vous nioltiplierez, je n'en doute pas, a 1 inten. lion du pauvre défunt, qui, hélas! en a grand besoin. Elles seront exuucées. je l'espère, car elles doivent être puissantes auprès de Dieu les suppli cations qui montent vers lm sans relache et s é- chappent, comme le plus pur eneens, d'un cceur qui est tout innocence et charité. Adieu, a Dieu. André Bellemare. Ces lettres écrites et cachetées. après quelques recommandalions verbales, lecher blessé, comme épuisé, laissa retomber sa tête et parut de nouveau se recueillir pour prier, portant de temps en temps a ses lèvres tin petit crucifix qu Hoè'dic lui avait prèté. Tout a coup nous enlendimes distinctement ces paroles dernières de l'Ave Maria, prononcées par le mourant. Eta I'heure de notre mort. Ainsi soit-il. Puis il rouvrit les yeux tout grands, nous tendit les mains'al'un et a l'autre. en serrant les nótres d'une étreinte encore. Nous n'avions plus sous les yeux qu'iiu cadavre. Après les suprêmes honneurs rendus a ce pau vre aini, j'écrivis a la mère une lettre telle que pouvaient l'inspirer les circonstances, et sur la quelle avait coulé plus d'une larme; je lui envoyai les deux lettres de son fils. ajoutant qu'avanl peu j'espérais lui donner moi-même de plus complets détails et lui porter 'tons les objets qui avaient appartenu a André, douloureuse mais unique consolation. En effet, nommé sous-lieutenant b la suite de l'expédition, j'obtins, vu l'état de ma santé, d'aller passer quelques mois en France, et, je vous l'avoue, mon voyage n'avail pas pour seuls motifs ma santé et le désir de donner quelques consolations a une mère infortunée: la curiosité, et aussi je ne sais quelle mystérieuse sympathie

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1