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SÉME71
0me année. N° 880.
Sainedi 6 Juin 1874.
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Lc Journal pa rait Ic Mercredi et le Samedi. Les insertions content IS centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paienl 30 centimes la lignc. Un numéro du journal, pi is au liuieau, 15 con limes.
Les numéros supplémentaires commandéS pour articles, Réclames ou Annonces, coütenl 20 fr. les 100 exemplaiies.
LA VÉRITÉ SUB LA QUESTION MILITAIRE.
(extrait ou discours de M. Cornes'se
Mais si je suis partisan d'une armee sulli-
sarite, appropriée a noire situation géogra-
phiqne et politique, d'une armee conforme
aux mceurs, au caractére de la nation, j'ai
toujours été et je suis encore adversaire des
cxagéralions, des alius, des dépcnses inutiles.
(A ppla udissemenls
Jo crois qu'a certains momenis donnés,
en temps de paix, d est sage dene pas exa-
gérer la soumie des sacrifices qn'on deman-
deau pays pour noire établissement militai
re, (et céla dans l'intérêl' même de l'armée),
a l'cffel de résorver touies les forces vivos de
la nation pour les moments de crise.
Tels sont mes sentiments aujourd'hui, Iels
ils etaient, messieurs, le 2 Jiiiri 1870, lors-
que, dans ccltc même enceinte, designé com
me candidal a la Cbarribre, je vous faisais
connaitre mes aspirations et mes vues.
Je vous disais alors, messieurs, que le mo
ment scmblail favorable pour essayer de
reduire, si possible, les charges mililaires;
ba paix pnraissait alors assurée pour long-
temps; aucune menace extérieure neplanait
sur notro tête. Nul ne prévoyail l'accés dé
folic qui aILut puusscr la France dans uue
cnlrepri.se désastreuse!
L'emporeur Napoléon n'était Mtillemeril
prol a faire la guerre qui a éclaté au rnois de
J iiiIlet comme un coup de foudre.
Vous vous rappelez, Messieurs, les événe-
ments qui suivirenl immédiatemetit notre
avénement au pouvoir, ce terrible conllit
entre les deux premières puissances mililai-
res du monde, nos voisines immédiates,
la sommation qui nous fut adressée de faire
nous-mêmes la police de nos frontiéres,
la néccssité de mettre notre arinéesurle
pied de guerre.
La situation était modifiée de fond en
comble. II s'agissail bien, au milieu de ces
circonstances graves, de redactions ct de
diminutions, dorit il n'avail jamais pn étre
question que pour une période de caline, de
paix et de quietude absolue.
A la suite dc la guerre et du développe-
menl énorme des armemenls francais et
prussiens, beaucoup de Beiges pcnchaienl
pour le service personnel et obligatoire. La
presse militairiste gagnail de procbe cn
proche et l'arinée était émue, töul semblait
a refai re!
II a fsillu résisler a eet enlrainemerit, a ce
ce qu'on a appelé la grève des généraux.
C'esl ce que Ie gouvernement aeluel a eu le
courage de faire!
Tenant comple du sentiment actuel dc la
nation, il iTa pas voulu lui imposer conlre
son gré et inalgic el le Ie service personnel et
obligatoire. Comme el le est souveruine, il
elail d un gouvernement sage dc ne pas lui
itl)poser une mesure antipatbiqué.
Mais il fallait coniblur les lacunes, corriger
les défauls que Ia mobilisation uvaieul ré-
vélés.
C'cst une Iriste experience, Messieurs, qui
a été faile en 1870, cl les doctrinaires n'orit
certes pas le droit d'etre fiers de l'éiat ott ils
avuient laissé 1'armée. Tons les seiviccs
élaient dans un etat piloyable.
II a fallu remédicr a cola.
Oh père.
C'est ce qu'on a fait par une nouvelle loi
d'organisation el par la loi de m i I ice.
Quant ii la loi de rnilice, il fallait corriger
les vices de notre système de recrutement.
Il fullml corriger saus agyraver.
Le gouvernement avail d'abord introduit
certaines aggravations. Mais la majorité a
résislé énergi'qtiemeni et le gouvernement a
cédé, ce qui n'arrivail jamais sous le régime
doctrinaire; et la loi qui est sortie des deli
berations de la Chambre a donné satisfaction
a I'armée sans aggraver les charges.
Ou a supprimé le service de reserve, voila
('aggravation. Mais on a supprimé les rap
pelsc'esl l'amélioralioi) et une amelioration
notable.
D'aprésTancien système,
une classe de milice four-
nissait 355,118 mois de service.
El le en donue
aujourd'hui356,043
Dune 025 mois de plus, difference micros-
copique qui, répartie sur tout le contingent,'
ne fait f/u'e deux jours de plas de service en
moyenne par hommel
Mais dans Ie svstème ancien, il y avail
30,036 mois de rappel, coinpris dans les
clnf'fres ci dessus.
Dans le sysi'cme nouveau, il n'y a plus
que 7,674 mois de rappel, au beu de
30,036.
Done Ic nómbrë de mois de rappels est
dimirnié de 22,362.
Li comme les rappels élaient la charge la
plus lourde, la plus pcmbie, la plus gênante,
la plus ouéreuse, on peut aftinner que les
comhiuaisons de la nouvelle lot out en réu-
lilé dimtnuó el éduil les charges mililaires!
Mais le remplacement, dil-on, vous l'avez
aggravé. Voyez le prix qu'on en a payé.
Encore une fois, Messieurs, calornnie el
'mens ongel
Le remplacement s'esl ejf'eclué l'année
derniére sous l'empire de la loi de 1870,
oeuvre des doctrinaires.
La loi nouvelle ne sera en vigueur que
cette année. Or, les remplacants fournis par
TEtaifet ily a tout lieu d'espérer qu'il les lour-
nira lous), necoüleront que 1600 fr.
C'est la loi de 1870, oeuvre doctrinaire,
qui a aggravé le remplacement et Pa rendu
plus citer, en rendanl les conditions plus
dures el surloulen abolissant radicalement
la substitution!
Mais, dil-on encore, la somme dc 200 fr.
versée avanl le lirage! C'cst une mauvaise
innovation!
Non. Messieurs, c'est, au contraire, une
mes tire sainemeni démocralique, une mesu
re de solidarité bien eniendue. En effet, qui
en profile? Ceux qui lombeut au sort. Ces
versemcnls rendenl pour eux ia charge du
remplacement moins onóreuse. Gene sont
done pas ceux qui sont obliges tie se faire
remplatier qui oui a se plairalre de ce verse-
meni, et ceux qui sont favorisés par le sort
n'onl pas trop a géniir de n'avoir a payer que
200 IV. destines a aitéuuer la charge de ceux
que le sort ti'a pas favorisés!
Je ne comprends pas que les doctrinaires
osent s'apiloyer sur Ic sort des rempfacés,
eux qui out declare que, s'ils élaient reslés
au pouvoir, ils lour auraient impose, par
surcroit, Pobjigation de servirdaris la secon
de armee de 30,000 hommes. S'ils y reve-
naient, ils réservent cette douceur aux
remplacés des villes el des campagnes.
Voila, messieurs, ce que je lenais a vous
dire sur la question militaire pour faire jus-
lice des calumnies de nos adversaires.
Avcc les cottservaleurs le statu quo' Avee los
doctrinaires dos aggravations inevitables!
Nous avons réconcilié Anvers avee le pays
el la dynastie, en résolvanl la question des
servitudes mililaires el des citadclles, et en
préparaut a notre grande cité coinmercialo
le plus splendide avemr.
Nous avons donné salisfaclion aux griefs
légitimes des l'i nidrcs en organisant l'em-
ploi de la langtie Hamande dans la procédure
criminclle.
Nous avons garanli les droits de la liberie
individuelle par Ia loi sur la detention pre
ventive.
Nous avons résolu la question de la con-
traintc par corps!
Nous avons fait ndc loi prolectrice pour
les' aliénés.
Nous avons émancipé les communes de
5,000 ames et au dessous, de la lu l cl Ic des
comtnissaires d'ari-otidi.ss'chteiil, excellente
thesure de decentralisation.
Telles sont (jucbjucs-unes des oeuvres dc la
majorité acluelle.
II y a sur le métier un projcl remettant
aux conseils commuriaux la noniuiation des
éclievins, uil projet sur la presse rendanl
eelle-ci a la juridiciion du jury, un projet dc
lui sur le notarial, un projet sur la reinunéra-
tion des miliciens qui assure aux families un
soulagement réel el iinmédial.
Voila, Messieurs, quelqucs-tins des aclcs
realises ou sur le point de l'ctrc par fopinion
conservatrice.
Et l'on ose parterdu gouvernement de la
baiKjueroute et de l'impuissarice.
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Poperinglie- Ypres, 8-Hi,1'-28,9-30,10-08,2-18,3-05,9-20 Ypvas-Poperinylie, 0-80,9-07,12-08,3-87,6 80,8-48,9-80.
periugho-llazébrouck7 13, 12-28, 4 17, 7 13. Ihizebrotick Popcringlio -Y pres, 8-33, 10 00, 4 10, 8-28.
Y[>i^s-Jtoa/i'rs7-80, 12-28. 0-48. Routers- Ypres, 9-28, 1-80, 7-80.
Kou Iers- liruyes8-43,11-34.1 13, (L. 8 SO)7-30, (9-88Lhlileiv.) Lielifcrv.- TkourotU, '4-28 m. Bruges -Holders, 8-23,
12-80, 8-13, 0-42. Liehierveldc-CWrtrtM, 8-28 m. ZoHelgliem Thp.uro.al, .12 00.
Ypres-Ctiurlrai, 8-34,9-49,1 I-18.2 3.8,8-28. Courtrai- >>m\8-08,1 1-02,2-80,5-40,8 49.
V'pres Tlaneróat, 7 13, 12 00, (i 20, (ie Samedi a 0-80 du matin jusqii'a Langbemarck). Tbouroup Ypres j 9-00, 1-18, 7 43,
(lo Samedi ii 0-20 du matin de Langbetiiarck a Ypres).
Comines- Wantèion -Le ToiK|uei-lloupliiies-Am«M<«dras, (i 00, 11-80, 3-33, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières- lloupli-
nes Le Toiiquct-\Varnnton- Comines 7 -40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10 35 m. 8 00 s.) Comines- YVarneloii 8 40, m 9-30 s. (le
Luiwti 0 30 s.j Wa melon -Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 0-30 s.)
Courtrai liniges, 8-08, 1 I 00, 12-38,' (L. 8-18),.6-88. (9-00 s; (Licliterv.)— Bruges-CWlnu, 8-28, 12-50, 3-I3, 0-42.
Bruges, Blankcnberghe, Ueyst, (station) 7-30, I l 04, 2-50, 7-35. Uoyst, Blankenberghe, Biuges, 5-43, 8,30 tl-25, 5-30,
Blankenlierghe, Bruges, 6-10 8-58. 12-06.
In'geltnunstcr Deynze Gand, 8-18, 9-41, 2-13. Ingelmunster-A-i/ziae, 4 50 2* el., 7-13. Gand-Deymei-Ingelmunstér, 6-58,
1-20, 4 -39. Deynze Jnge/munsler, 9-10 2cel, 8-20 s.
Ingelmunslei' Anseghem, 6-08, 12-10, 0-18. Anseghem-Ingelmunsler7-42, 2-20, 7-43.
Lichtervelde-Dixir.ade Fumes ct Uunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-34. DwrtAerAa-Furnes-Dixmude el LiclUervcldc,Aj-'ó'j,
3 45, 8-10.
Dixmude-AYeupoj t, 9-35, 2-20, 8-40. Nieuport-Ztomwde, 7-40. 10-48, 12-00, 4-28.
Tbourout-Ostende, 4-80, 9-15, 1-50, 8-08. Ostende-Thourdul, 7-88, 10-10, 12 25, 6-13.
11 15,
Selzaete-jEec/oo, 9-03, 1-25, 8-23. - Eecloo-Se/cmete, 5-38, 10 15, 4-22
Gaud Temeuzen, (station) 8-17, 12 15 7,25 (pone d Anyers) 8-30, 12-40. 7—v.».
Selzaole-LbMeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer, 8-10 m.) - Lokerén-Se^ócte, 0-00
CORBESPOIfDAKTC
Courtrai dép.
Briixelles arr.
COURTRAI, BRUXELLES.
6,40 10,8.8 12,33 3,45 0,38.
9,20 1,38 2,23 6,06 9,10.
Biuxelles dép
Courtrai
COURTRAI, TOURNA!LILLE.
Courtrai dép. 7.00 10,56 2,54 5,34 8.47.
Tournai arr. 7,81 l'l,.47 3,48 6,29 9,41.
Lille 8.33 11,88 4,00 6,32 9,53.
COURTU \lGAND.
Courtrai dép. 6,42 12,31
Gand arr. 8,01 1,32
3,47
8,03
6,40.
7,36.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,58
Bruxelles 8,50 4,03 3,26 9,31
arr.
Lille dep.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
Bruxelles dép
Gand arr.
Bruges
Terneiizmi Gand. 6 00, 10-30, 4 40.
10-23, 4 43. (le Mardi, 9,30.)
il: s
BRUXELLES, COURTRAI.
8,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
8,00 10,43 '2,41 7,53 8,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,20 8,25 11,08 2,82 5,20.
5.'45 8.,56 11.34 2,47 3,39.
6.37 9.47 12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAI.
5.38 .9,39 1,28 4,2-4 7,21.
6,57 10,32 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,53 3,1-2
0 00 9.41 1 23 4,26 exp. 6,37.
7,13 10,34 2,38 3,11 7,22.
PRONONCÉ A VERVIERS.j
Ju n ai jamais élé un ad versa ire do Tar-
mee, je l'ai proclamé ici, avanl le 14'Juin
1870, I' u tie (It; nos tneillenres institutions. Je
la considére comme un élément indispensa
ble du maintien da Lord re a Einlérieur et
comme une obligation tpie nous imposenl
I os traités garants dc oolrc neut ra I i ló, lesou-
ci de notre pro pre dignité et la conservation
do notre indépendance nationale.
Un pctil ciiliivatcur d'une commune des envi
rons de Cambrai avail deux (ils aussi différents de
caractèrc el de mceurs qu'Esaii et Jacobou
micux(pie l'Enfanl l'i odigue et son frèrc. TandiS
que le pliisjeiuie, ardent au travail, actif et sobr'e,
sccondait sou pèredans ses rudes labeurs, tour a
tour, sii i va ut la uéeessilé du moment, chamber,
labouretir, faueiir, moissonneur, batteur en
grange, l'ainé ne songeait qu'au divertissement et
a la paiesse, perdant les jours au cabaret, au
billard, etc. Son plus bonnêle passe-lemps celait
de conrir la plaiue. le fusil sous le bras, guer-
royanl lièvres el perdrix comme un genlilhomme,
pendant que son père ou son frère tragait pénible-
inenl un si11oiiAimable gargon d'ailleurs, d'liu-
mcur facile et jpyeuse, pourvu qu'on ne gênat
pas ses plaisirs, el, a jeun. la léle refroidie, con
venant voiontiers de ses torls, mais olistinc h ne
point s'en corriger, malgrë les reniontrances in-
cessantes et affoctueuses de ses bons parents que
désolait son inconduile. En vain lui reprochnit on
de vagabonder en faineant des journées enlières,
pendant qoe les aulres membres de ia familie s'ex-
ténuaient au travail en vain avait-il sous les
yeux 1 excmple couragniix de son frère, rien sin-
lui ne faisait impression: les reprochcs frappaient
ses oreillcs sans auriver jusqu'a son ccuur. J.I n'a
vail pas du moins Ic lort dc s'irrilcr en Caïn ties
éioges donnés a son cadtl, et voloiilicrs même
alors il faisait chorus.
Eu 18o-'i-, Viclor, ainsi, s'appelait l'ainé des
deux fils, attcignil ses viugl ans et il fut appelé
pour le lirage au sort; mais, par un bouheur peu
mérité, il pril 1'un des numéros les plus élevés,
exempt ainsi de la conscription, probableinrnl
au grand regret de ses parents ipi'il continua d'af-
fliger par ses désordres. Aux observations el aux
reprochcs il répondail mainlenanl:
Eb bien qnoi jeune liomine, faut-il pas
qu'on s'amuse D'ailleurs-je mange el bois le prix
de mon remplacement.
Mais, uialheureux, dis-ait Ie père ne vois-ln
pas que lu drviens line cause de mine pour la fa
milie, dont tu fais le désespoir? Nous ne sommes
pas riches, et tes deties qu'it faut payer devorent
plus que nos economies. N'as-tu pas de bonte d e-
tre pour nous une charge quand lu devrais être
un un auxiliaire et un soutien? Jusqu'a quand
fa u d ra -1 i 1 le nourrir ainsi a ne rien faire pendant
que ton frère et moi nous nous luons a la peine.
Anssi mauvais fils, que mauvais frère...
Tu n'as pas de coeur.
Père, c'est une fièvre, vovez-vous ga passe
ra, il y a une fin ii (out.
Uui, quelque jour un te tiouveia iiuyé dims
la mare oil le vin t inna fait tiébucher. El ciois-lu
qu on aura grand sujet de prendre le deuil?
Je ne dis pas, père! Je ne suis qu'un van
nen, c'esl conmije ne demanderais pas mieux
que d étre autremeiit, mais le (liable me tenlc;
l'occaslon s'oflre loiijours! enfin enfin! ce u'est
pas ma fauté.
C'est la mienne, sans doule. A de mauvaises
actions du moins- ne donnc pas de pil e's excuses.
1 ii feras mourir la mère de chagrin.
Père, voila'une parole dure, u-op dure.
Non certes; car, en ce moment même oh
l'on le voit si peu i-aisonnable, lu n ignores pas
nos inquiéludes. Voila bientöt pour ton frère l'é-
poque du lirage, et qui sail s'il n'aura pas la main
midheui-euse D'ailleurs avee le contingent que la
guerre réclame les chances sont bien diminuées.
Bab Louis fera comme moi. C'esl un li-op
brave gargon pour qu'il n'ait pas ce bonbeui-. II
vous est d'ailleurs si nécessaire.
-Le fail est que sans lui je ne sais pas com
ment la ferme inarcherait. Dien ven il IcPuis.
s'il fallait le voir partir, pour la pauvre mère ce
serait le coup de la mort.
II ne parlira pas, un je ne ue sais quoi me
le dit.
Or, a quelqiies jours de la, Ie nouveau lirage
avail lieu, et Louis, a son tour, plongeail sa main
dans l'urne l'alabi, uli bien fatale! car loin d'a-
mener comme sou fiére un bon numéro, il pril
iiTi des chilTies les plus bas, qui Ic faisait solda[
d'cmhlét*. On juge de la desolation de la familie,
de la mère sm lont quand Louis, en renlrant ii la
ferme, lui préseuta le inaibeureux billet. Klle ne
pulque joindrc les mains en niurmurant: Sei
gneur! mou Dieu el l'ondil en larmes.
Et Viclor, demaiida t elle, la première émo-
lion calmée, el ton lière, pourquoi n'est-il pas
revenu avee vous
Je ne sais; a ussitól a pros le lirage, il nous a
quittés, li taut lui rendre eetle justice qu'en me
serraut la mailt en bon frère, il avail fair fort
chagriné.
Bah! dit le père, des semblanls que cela
Victor csl un saus conn et s'il a eu pour un in-
slant la larme i) l'oeil, bien siir qu'il n'aura pas
tardea se consoler par les moyens orMinaircs. Jc
paric qu'ii cette heure, attaklé dans quelque caba
ret avee des gars de son espèce, il oublie vis-a-vis
d'une bouteille son chagrin et Ie nótre. II renlr#-
ra, comme d'habilude, a la nuit close...., s'il
rentre.
Ee père cette fois se trompait, car quelque
temps après, avant même l'beuredu diner, Victor
(chose presque inonïe pour lui), Victor renlra, et,
a juger sur les apparences, il ne sortait pas du ca
baret. La démarche assurée, la parole IranquiWe,
il avail fair tout ii fait calroe et même uo pen al-
lègre. Uu observateur atlenlif cüt deviné clicz lui,
sous les dehors de la tristcsse, une satisfaction, uu
contentcment qui par bonheur échappa a ses pa
rents lout enlrei's ii leur affliction.. Lc jeune hom-
iiic s'approeba de sa mère et avec I'acccnt de faf-
fcclion, il lui dit r
Allons du courage, mere, lout ri'est pas
perdu.
llélas
II ne faut pas ainsi désespércr. Cela s'a r ran-
gera. Louis n'esl pas parti encore.
- Mais il parlira.
Peui-èli e moi j'ai dans l'idée que non.
Oni, dit brusquemcnt Ic père, tu avais dans
l'idée aussi que ton frère prendrait un bon numéro,
et Lu.vois ce qu'il en est. Le voilii bcl et bien sol-
dat. II ne faut pas se leurrei' par des espéranees
viiines el qui ne pourraient qu'ajouter au chagrin
par la deception. Le pauvre Louis parti.-a paree
que nous n'avons pas Ie moven dc lui donncr uu
rt-mplagant, au prix on ils sont surtout.
llélasdit la mère.
Ce sacrifice en ce moment, ma pauvre fem
me, tu le sais bien, est impossible, impossible....
31.lis silence ct qu'on s'essuie les yeux; voila, je
crois, une visite.
A CONTINUED.