m m m UNE AFFAIRE DTiOSNEUR. 0me année. N° 884. Samedi 20 Juin 1874. /l WI >- >- Le Journal parail Ie Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent IS centimes la ligne. Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.- Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 Centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 Ir. les 100 exemplaires. C If E M S S 15 E E E IS. ANNI VERSA IRE DE L'EXALTATION DE PIE IX. Cest anjourd'hui Ie vingt-huiiïcmc anni- vorsaire do l'Exalialion de Notre Saint-Pére le Pape Pie IX au iröne ponlilical. Le 1G Juin 1840, au milieu ties acclama tions d un peuple fidéle el de l'allégresse de la catholicilé (out enliére, commcncait ce long el glorieux régne que l'hisloire appel- lera Ie régne des grands acles ponlificaux, le égne des grandes douleurs el, nous l'espé- ioiis aussi, Ic régne des grands triomphes. Ah! si les Romains étaient vraiment 1 ibres, si I annexion de 1870, au lieu do les affrau- eliit, ne leur avail pas impose le plus lourd despotisme, on verrait, aujourd'hui comme aulrelois, la i 1 le él cruel le en fète célébrer par des dérriónslrutious sponianöes de sa gratitude, Pariniversaire du joyeux avéne- irienl du plus auné des Pères et du meilleur des rois. Muis le libéralisme régne a Rome: c'esl assez dire que la liberté y est bannie, tpie le droit y esi Ion Ié au.\ pieds, tpie la lidélilé est piéces, ie lémoignage évident des fails, le jugement impartial de l'histoire, le poids de ses propres aveux, le cri réprobaleur et per sistant de la conscience catholique. L'invasion des Elats ponlificaux demeure un acte de pur brigandage, un crime inter- nalional, un attentat de la force contre la faiblesse. L'annexion de Rome et des provinces pon tificates consiiltie tine violation aussi éviden te de la legislation internationale que le i serail ['annexion de la Relgique el de la Suisse. La destruction de la royaulé pontificale apparail toujours comme un acie révolution- naire, le plebiscite comme un odieux men- songe, el le prélendu affranchissement de Rome comme une conspiralion royale et di plomatique, ou ld ie contre les liberies les plus saintes au profit du despotisme le plus intolerable. Le monde catholique enfin salue toujours en Bic IX le glorieux caplif de la Revolution, rincorruplible témoin du droit, le Ponlife confesseur et martyr; il voit toujours en teveniie suspecte el que pendant que le j Victor-Emmanuel le geólier du Pape, le i P 'u'no ,elei"'t 'S'UIS avcs, la prière perséculeur de la religion, l.e royal bourreau deviem presque une sedition. Nous ne laisserons poinI passer ce glorieux anniversaire du 16 Juin saus inlerrompre, une lois de plus, par nos protestations indi- gnées, I impossible prescription sous laquel- le I usurpateur voudrait abriIer sa domina tion sacrilége. En 1874, comme en 1870, il a contre lui violé, les traités mis en le droit des gens de I'Eglise. Pie IX délróné, caplif el persócolé... E<1-il au monde unegloire comparable a la sietine? Esl-ce que sesennetnis eux-mèines peuvent lui refuser leur admiration el leur estime? Est-ce que son nom béni ne se mèle pas, dans tons les pays et sur toules les plages, aux invocations du prèlre, aux supplications des fidcles, aux priores balbutiées dc Pen- faut? Est-ce qu'il ne nous apparail pas sur les cimes de rhumanité, comme le lype hetoi- que de la magnanimilé, comme le (dus no ble et le plus fier caractère du XiXc siècle? Est-ce qu'il ti'y a pas encore dans sa person- ne et dans sa parole une puissance (('attrac tion qui appelle sur les chemins de Rome des péleritis de toule nation? Esl-ce que, hier encore, les fiers républicains de r.Amé- rique du Nord ne venaient pas s'ageoouiller devanl ce Roidépouillé el solliciter la bene diction de co caplif?... lis traverseront Rome sans mème s'arrèler devanl le Quirinal! II y a done en ce monde quelque chose de plus puissant que la force, de |>lus fascinateur que le succès, de plus grand que la fortune: e'est la justice, c'est la yérité, c'est la sam- teté! Un philosophe a dit en contemplant les ruines accuinulées par le scepticisme du XV111e siècle: C'est un al'freux moment tpie celui oü l'on ne voit plus rien qui soit deboul. II semh'e qu'on puisse ap- pliqtier celle parole amóre et découragée aux ruines soeiales ct pol i t iq nes de nolre époque. Toules les mslitulions onl révélé leur fragi- liló et leur néanl; lous les syslèmes polui- tjnes oni fait baiiqueroute, el c'esl a peine si l'Europe peut encore vivoler de leurs maigres dividendes. En vérité, rien n'est deboul, rien si ce n'est le Pape immobile sur le roe de I'Eglise, le Pape de rimmaculéé Concep tion. do Syllabus et du Concile, le Pa[>e- Roi!Paree qu'il a traversé les ages on le représente comme le fanlóme d'un passé éva noui, mais on oublie tpie I'avenir lui appar- tient comme le passé paree qu'il est ici bas le représentant du Roi imtnorlel des siécles. Si su parole est un perpétuel sujet tie contra diction comme l'Evangile lui-mème, elle est aussi une luiniére, une force, un gage d'es- pérance et de salut. Elle éclaire les intelli gences, elle remue les ccettrs; elle saura, bien aussi, a l'heure des miséricordes divi nes, refaire les nations et reconstruire nos sociétés en decadence. Ce tróne royal que la Revolution s'esl flattée de délruire se relèvera plus glorieux que jamais, et les Rois qui l'ont laissé lomber, seront irop he.ureux d'y trouver un rempart et un abri pour leurs propres trönes. A nos yeux il est toujours deboul sur le socle immuable du droit, la foi catholique a su l'orner de l'or porde la cbarité, et les anges le gardent jusqu'a ce que la chrélienlé soit Irouvée digne de le reconquérir pour I'Eglise, en poussanl ce cri d'iine nouvelle oroisade: VIVE LE PAPE- ROI! (Bien public.) PIE IX AUX PËLERINS AMERICA1NS. Nous sommes heureux de pouvoir com- muniquer a nos lecteurs le lexte du retnar- quable discours du Saint-Pére, en réponse aux adresses des péleritis américains: a Dans un moment oü I'Eglise de Jósus- Christ est assailhe de tatil de maniéres diver- ses; dans un moment oü ses ennetnis von- draienl la voir convene de lénëbros et d'ob- scurité dans tons les pays de la terre, Dieu, parson soldfle lowl-puissanl, chasse les lénó- bres et l'obscurilé, el tnoulre cetleEglisea l'univers entier comme Ic phare brillant tpii conduit les péleritis aux sanetuaires veneres el aux pieds de sou Ponlife. Tous cherchent a obscurcir cotte Eglise divine par toute sorte de moyens. II y a d'a- burd ceux qui ugissent secrèlemeul et qui ne conlenlcut pas d'atlaquer les riles et |o discipline do I'Eglise, mais lenient mème de délruire ses dogmes et s'elforcenl do s'intro- duire méme dans le snnctnaire; il y a ensuite ceux qui se servent du mépris el du ridicule, et qui vomissenl tout ce que le sarcasme peut suggérer cl blasplièment les cboses saintes qu'ils ne connaissent pas. II y a enfin ceux qui sont plus hardis et qui lévent leur main ct leur épée pour per secutor I'Eglise; mais c'est en vain, car I L- glise résislcra a tous leurs efforts el ne pèrira pas, et nous la voyous déja au milieu ties plus mielies persécuiions dcvcmie un objet d'étonncment et d'admiralion aux yeux de Dieu, des anges et des hommes; et nous en tendons ces hommes pervers qui la persécu- tent s'écrier en voyant l'union des évèques, des prélres el des fidèlcs: Nous ne croyions pas qu'il y eüt tant de foi co Israel. N'esi- ce pas vrai qu'il y a grande foi en Israël? Et vous-mèmes n'èles-vous pas une preuve éclatante de cello foi ardente qui atiime les enfanls de I'Eglise? No pourrait-on pas dire dc vous aussi: Leo a oculos luns e! uide; om nes isli ve/ic- runt libi de lont/u; ui/rum vemunl deferen- tes et nomen Domini annuntianlesé Vous n'avez craint ni les fatigues d'un long et pé- (iiblo voyage, m l'éloigneiïienl de voire pays, pour venir honorer Marie dans ses sanetuai res ct réjouir ct consoler Ic vicaire de Jésus- Christ, tic Jésns Christ l'auteur dc I'Eglise, de Jésus-Cbrist qui est nolre mailreet nolre guide et qui est pour les enfanls de I'Eglise comme ce phare lumineux qui guidait les Hébreux dans leur voyage a travers Ic désert. All! que Dieu vous bénisse, mes chcrs en fanls, et eritendez ici les senliments qui ani- nient le cceur de voire l'ére. Jc reconnais et je conlësse que I'Ainerique m'a toujours don- oe les plus grandes et los plus doucos conso lations. «'L'Amcrique aimcla foi, ct jc n'cn vcux pour preuve que les milliers deconversions UZ O C2 O c/, ca O £*3 co O O G£y a -Tl "-n zr 'JZ T5 O O rn n i i o O H m 'yi -H -3 C/3 CA rz CA •—3 rz >- C*3 Po- 1 f I - f jL I j It-1 M I I I I 1"(O 1/ (t(, I O i I 1 /il UI III Ypres-CWr/n/J? G-34,9-49, 1 1 -18>2 8:j,o-w2;jCounrai Y/;m\ 8-08, pres-7liQiUrout, 7 13, 12 00, G 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusq Poperinglie- Ypres, S-15,'7-25,9-30,10-88,2-13,8-05,9-20 Ypres-Puperinghe, 6-80,9-07, ra-0S,3-8780,8-48,9-80. peringlie-Ilazebrouck, 7 13, 12-28, 4 17, 7-13. Ihizebrnuck Poperinglie pres, 8-38, 10 OU, 4-10, 8-28. \'[>\es-Iioulers, 7-80, 12-28,0-48.-Rooiers-Ypres, 9-28, 1-80, 7-80. Heulers -Brui/es, 8-48.1 1 -34.1-13, 118 80)7-30, (0-88i '.itici v.t Hicliterv. Thnuroiit, 4-28 mBruges-ligiilers.^ 8-28 12-30,8-13,0-42.Lichtorvchlc Cow ft ra i, 5-25 m Zidelglieiu ThonrotU. 12-00.' I -02.2-81'},.8-40,8 41). jusqti'ir Langhemarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7-48, (Ie Siimedi ii 0-20 du maiin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warnèton Le Touquet-lloupliiies-ArTOeMt/éres, 0 00, 11-80, 3-38, (les Merer. 8-40 m. 0-30 s.) Armgnlières -llonpli- nes Le Touquel-Warnèion-Comiwes 7 -40, 2-00, 4-45. (Ie Merer. 10 33 ill. 8 00 s.)Comines- Warnêton 8 40, m 9-30 s. (ie Lundi 0 30 s.) Waniêlon-C'owfime.s 3-30, 1 -|0, (le Lundi 0-30 s.) Courlrai-AViz^es, 8-08, 1 1-00, 12-38, (L. 8-18), 0-83. (9-00 s. (Licliterv.)— Bruges-Courtm», 8-28. 12-80, 8-13, 0-42. Bruges, Blankenberglie, Heysl, (slation) 7-30, 1104, 2-80, 7-38. lleyst, Blankenberglie, Binges, 3-48, 8,30 1 1-23, 8-30, Blankenherghe, Bruges, 6-10 8 88, 12-00. Ingelmunsier Deynze Guild, 8-18,9-41, 2-18. Ingelmiinster-Dejoize, 4 30 2" cl., 7-18. Gand L)eyuze-Ingelmunsier0-88, 11-20,4-39. Devnze Ingelmunsier, 9-10 2'cl, 8-20 s. Ingelmunsier-^nseghêm, B-OS, 12-10, 0-18. Ansegliem-Ingelmunsier, 7-42, 2-20, 7-43. Liehlervelde-Dixir. jde Fumes el Dunkerke, 0-30, 9-10, 1-33, 7-84. DtwtAtfrAe-iTirnes-Dixmude et Lichtervelde6-33, 11 18, 3-45, 5-10. Dixmudé-Me«por<, 9-88, 2-20, 8-40. Nieuport-Dixmude, 7-40. 10-48, 12-00, 4-25. Thourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-80, 8-05. (hiende-Thouroul, 7-33, 10-10, 12 25, 0-15. Seizaete Eeclbu, 9-05, 1-25, 8-28. - Eecloo-isêlzaete, 5-38, 10-15, 4-22 Gnm\ Te me u zen, (station) 8-17, 12 15. 7,23 (porie d Anvers) 8-30, 12-40. 7-4o. Seizaete LoAere», 9 04, 1-30,8 30. (Ie Merer. 5 10 m.) -- Tornenzen-(land, 0 00, 10-30, 4 40. Lokorcn-Se/ztiete, 0 00, 10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.) COURTRAI, BRUXSLLES cohbespondawcbs. BRUXELl.ES, COURTRAI. Courtrai dép. Bruxelles arr. 6,40 9,20 10,58 1,35 12,33 2,23 COURTRAI, TOURNA ILII.I.E. Conrlrni dep Tournni arr. Li lie 7.00 7,81 8.35 10,80 2,54 11,47 3,48 11,58 4,00 COURTIS M, GAND. Courtrai dép. G.rnd arr. 6,42 8,01 12,31 1,32 3,45 0,00 3,34 0,20 0,32 3,47 5,03 0,38. 0,10. 8,47. 9,41 9,53. 6,40. 7,30. Bru xel I es dép. Courtrai arr. 8,22 8,00 8,28 10,43 12,21 2,41 3,33 7,33 6,47. 8,44. LILLË, TOURNA!COURTRAI. Lille dép. Tournni arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. 5,20 8,48 0,3/ 8,25 8,50 9.47 I 1,03 I 1,34 12,20 GANI)COURTRAI 5,38 0,57 9,39 10,52 1,28 2,49 2,82 2,47 3,42 4,24 5,31 5,20. 8,39, 0,30. 7,21 8,42. BRUGES, GANDBRU.XELLES. BRUXEL1.ES, GANO, BRUGES. Bruges dép. 6,49 exp. 12.39 3"li exp. 0,43 Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,58 Bnixelles 8,50 4,05 5,20 9,31 Bru xel les dép. 8, li 11,53 3,12 Gand arr. 0,00 9,41 1 23 4,20 exp. 0,37. Bruges 7,15 10,3i 2,38 5,11 7,22. i wun oooiii ei iildliyi, II VUIl 1UII UUIÖ UII II y a quelques aneées, dans nnti de nos Ecoles niilitaircs, ent lien un événement des plus tragiques et dont tons ceux qui en furenl témoins out gardé un bien douloureux souvenir. Parmi les élèves distingués se trouvait un jeune honime, Alfred boursier et le li Is unique <1 une pauvre daine veuve, réduile par une suite de malheurs ii une position voisine de la détresse. Epuisanl pour I education du jeune homme ses dn nières ressources, el le n 'avail reculé devaut auciin sacrifice, conliante dans FalFection de son fils, et sure qua sa sortie de FEcole tl la détlom- m a gé ra it de toules les privations quYIles'imposait mainteuant pour lui preparer un hèureux avenir. 8es espoir.s semblaicnt d'aulant micux fondés qn'Alfred, par ses succes a l'Écolc el par mille at tentions d'une tendresse délicate, s'cfforeait déja de prouver il sa mère qu'il coniprenait bien tont ce qu il lui devail, et comptait la recompense!" de sou dévouement en lui tenant lieu a Int seul de do lout ce quelle avait perdu. Alfred n élait pas settlement tin brillant élève, cétait un bon jeune homme, oher a ses camarades qui appréciaient en lui de génércuses qualités, mais lui rcprocbaient une ceriaine vivacité d hu meur, tin caractère un pen roide el une su-scep- tibilité facheuse. Un jour, pour je ne sais quelle misère, il se prit de querelle avec un cainarade. La dispute s échauffa d aulant plus que le motif en était moins sérieux. De part et d'autre on s'vntête, on s'irrite; aux paroles aigres succèdent les mots offcusants, les qualifications brulalcs, puis les gestes facheux el finaletnent, la provocation. II fut conveun qu'au premier jour de sortie 1'aiFaire se viderait sur le terrain, et pour se prou ver son bon droit, qtt'on lêcherait nut tutti lemen t de s'enferrer. Celui-Ia dans l'absurde logiquedu duel, a raison. eut-il dik fois tort, qui peut, en ponssant une tierce on une qiiarte. mellre a son adversaire deux pouces de lame dans le corps. Argument péremptoire en effel. Le jour de la sortie arrivé, les deux jennes gens, aceompagnés de leurs témoins qui portaient les armes, se dirigèrent en quittant l'Eeole vers un faubourg, et de la vers l'endroit ott d'ordinai- re se donnenl ces sinistres rendez-vons. On entre dans un fourré ott se trouvait une clajrière offrant nil terrain propice pour Ic combat. Après une tentative banale de conciliation faite par les té moins pour l'acquit de leur conscience p'ulót qu'avec la petisée qu'elle eüt chance de succès, les deux adversaires jetlent leurs habits et, la poitrine découverte, armés de deurets, se metlenten gar de. II avait été convent: entre les témoins qu'a la première piqitre un pett sérieuse on eslimerait l'lioniieur satisfait, ctrange satisfaction! et que les deux jeunes gens se douneraient la main; après quoi on irait déjeuner de compagnie selon Tusage, aux frais des combaltants. La carte a payer, comme on sail, est Ie dénoiiment oblige de ces sortes d'affaires quatid elles ne se dénouent pas d une autre fagon. Après l'écbange de quelques passes, Alfred, emporlé par l'impétuosilé naturelle de son carac tère, se langa témérairement en avant pour attein- dre sou adversaire, mais il reucontra Ic fleuret de Cflui-ri qui lui Iraversa la poitrine. Alfred tomba comini- une masse sur le gazon; sou adversaire consu me de méme que les témoins s'empressèrent pour le secourir. ön retira l'arme fatale légèreinent roiigie. Quelques gontles de sang a peine lachèrent la lame et la chemise du jeune homme, car oil sail qu'avec celle arme per fide, les lèvres de la plaie se relermant anssilöt le for retire, 1'ép.un hement se fait ii Finléricur et il'en est que plus (buigei-eux. Alfred évanoui fut (ransporté dans la voiture qui altend,lit dans une allee voisine. En route, cocher, dil un des témoins, et fourtlez cot'tte que coi'ite, pas de temps a perdre. üit allons-nous, inon officier? A FEcole, vous vovez bien notre uniforme, l'épondil brusquemenl le jeune homme. Après une course rapitle, on arrive a FEcole; le blessé, toujours sans connaissanee, est porie ii I'infirmerie, oii se trouvaienl puur des indisposi tions plus ou moins motivées, quelques élèves. Le chirurgien piévenu accourut en toute bale. Comme il enlrait^ Alfred ouvrait les yeux qu'il arrêta tont grands el tont fixes sur le docleur, pendant que celui-ci examinait sa blessure. La figure dti jeune homme trahissait l'angoisse terri ble du malhetireux dans l'attente de cetle parole suprème qui peul efre un arret de mort. C'esl Fint, n'est-ce pas, docleur? murmura- t-il quand celui ci releva la tête. Le docleur, sans répondre, décoiivran! le bras du blessé, essaya de pratiquer une saignée. mais inutilemenL Ie sang ne vint pas. II prit I'aulre bras, méme résultat. Après avoir sondé de nou veau la blessure el lente en vain de provoquer un épaneheinent a l'extérieur, il se tourna vers l'olli- cier de service el le général présent aussi, et ii voix basse il leur dit: Peine perdue, il n'y a rien a faire; buit pou ces de cette anne uiaudite ,i travers le potimon! Ce pauvre gargon n'en reviendra pas. Je m'étonne méme qu'il vive encore. Puis revenanl au blessé qui l'interrogeait tou jours du regard: Allotis, inon ami, il faut du courage. Vous êtes un homilie après lont. Les chances de guéri- son ne soul pas les plus iiombreuses, il est de moil devoir de ne pas vous le dissimuler. En pareil cas, dans la prevision d'un malheur, au moins possible, on a toujours quelques dispositions, quelques reeomniaiidations particulièrcs, des adietix peiit-êlre ii faire... II est prudent de ne pas trop altendie. - Ali! je eompiTiuis, niurmiira le jeune hom me d'une voix étouffée. Mon Dieu! mon Dieu! ajouta-l-il en se couvrant la figure de ses deux mains avec tin geste de désespoir. Puis, les lais- saiil relonriber par un geste non moins prompt, instinct de l'orgueil: Non, c'est lache ce que je fais lii, dil-il a ses camarades qui, presses autour du lit, le contemplaieiil naveés. J'ai l'air de crain- la mort! Alt! reprit il après tui silence, avec mie exclamation qui lit Iressaillir tous les assistants, pourqnoi menlir ii I'instant suprème? pourquoi de la vanilé encore, quand c'est la vanilé qui a fail lout Ie mal, le miserable amour propn: qui sen I m'a ponssé a celle folie, a re ceimt:!... otii, crime, mes amis, je Ie comprends i) présent, mais trop tard. Cette vie dont j'ai disposé en insensé. est-ce qu'elle in appartenait? U uioti Dieu! mon SO Dieu! muiiiTi el jc lalsse ma mère, ma rtière settic... sans appni, sans pain pctii-êlre... pouira- t-elle ine paidonner?... ah! jamais! jamais! Et Dieu. Dieu le grand Juge, ajoula l il d'une voix élranglce par Ie rale el qui allaitdc plus en plus s'affiiblissant. Ma mère!... uil.... un prétre.... un prétre! Quclqti'un sorlil pour aller chercher uu ecclé- siaslitpie; mais, conune si Dieu eüt voiilu que la lecon fut plus terribleinenl compléte ponr les témoins dc ce dra me lugitbre, la presence du prétre nevint pas consoler l'agonie du itialheureux. Ee premier ecclésiastique chez lequel on s'adressa était absent; il fallul coiirir chez tin autre, cl quand celui ci arriva au chevel de l'infortuné jeune liuiu- ine, lout ii rhenre encore si plein de vie, il ne trouva plus qti'un cadavre. Autour de la eoucbe funèbre eependant se pres- saienl les camarades d Alfred qui, avec tin air de consternation jirofonde, regardaient eelle tête niaiutrnant immobile sur l'oreiller, ces yeux dé- mesiircnient ouverls el d uit l élincelle de vie avait disparu, et ces lerribles palctirs que la mort met sur le visage hu main comme sa redoutable cm- preinte. Le silence élait solennel, quand tout it coup la purtc s'ouvre, sur le senil une femme véliic de noir apparail. Tous Irissonnèrent, car si quel- qties-uiis settlement la reconuaissaient, les autres la devinèrent. C'élait la mère! Voyant la futile qui se pressait autour du lit, elle s'élanga de ce cótc, avec un cri déchirant, ct sc précipitant sur Ic corps inaniiné, elle couvrit de ses baisers ct dc ses larnies, disant ii travers les sauglots ct croyant encore pariera son fils: Mon ami, Alfred, c'esl moi, la mère! ta niè-

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