W m M£7y> ONÉSIME DOUILLET. 0? Mercrecli 1 J nil let 1874. 9'ne année. N° 887. a z O 'k mmmm r° s >- 3 Le Journal parail le Mercredi et Ie Samedi. Les insertions content IS centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient SO centimes la Un numéro du journal, pris au Bureau, IS centimes. Les numéros supplémenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 Ir. les 100 excmplaires. CHEMI9T§ UJE V EK. UN DISCOURS MÉMORABLE. Voici le discours adressé par Sa Saintelè aux membres du Sacré Collége qui étaient venus lui préscnler leurs hommages a l'oc- casion de I'anniversaire de son exaltation au tróne pontifical. Nous appelons toute l'atlen- tion des calholiques sur les graves paroles du Souverain Pontife. Plus les afflictions augmenlent, plus les contradictions grandissent, plus la rage infernale contre l'Eglise de Jésus-Christ et contre ce Saint-Siége s'aecroit, plus on voit aussi grandir dans le Sacré Collége la fermelé et la Constance a soulenir les droits de I Epouse de Jésus Christ et du Siége de son Vicaire. Les paroles prononcées tout a l'heure par le cardinal-doyen montrent qu'a rnesureque les maux s'étendent, vos efforts et vos travaux pour les combaltre se multiplient. II doit d'ailleurs en être ainsi, puisque vous devez coopérer avec moi a l'administration et au gouvernement de l'Eglise universelle. Nous voyons par les faits qu'au milieu des contradictions et des persécutions présenles de l'Eglise, il arrive a Rome des demandes de plus en plus nornhreuses pour des conseils et des décisions. Les congrégations deviennent de plus en plus fréquentes, il semhle que le monde catholique lourne plus que ja- mais ses regards vers ce centre d'unité et vers cetle chairede vérilé pour en avoir lumiére et conseil dans les terrihles vicissi- tudes qui houleversenl le monde. Puisqu'il a plu a Dieu de me faire com- meneer la vingt-neuviéme année de Ponli- ficat, celte occasion me semble favorable pour répéler cerlains actes qui ne peuvent étre longtemps négligés, afin de ne pas induire en erreur les hommes de bonne foi, el de ne pas fournir a nos ennemis de prétextc pour se prévaloir de la longue habitude comme d une prescription. Eh bien! en présencede cette Assemblée sacrée qui m'environue, je répéle les plus solennelles protestations contre I'usurpa- tion du pouvoir temporel du Saint-Siége, contre la spoliation sacrilege des églises, contre l'abolition des Ordres religieux, et enfin contre tous les acles sacriléges con sommes par les ennemis de l'Eglise de Jésus-Christ. Une autre circonstance extraordinaire me fournit aussi ['occasion de renouveler ces protestations. Depuis quelque temps il m'est parvenu cerlains désirs, exprirnés lantót de vive voix, lanlót par écrit, qui tendent a nous rapprocher des nouveaux venus. La derniére letlre, quej'ai encore sur mort bureau, est écrite avec beaucoup de calme etun grand respect. On me dit dans cette letlre, qu'étanl le Vicaire du Dieu de paix, je veuille pardonner a tous les ennemis de l'Eglise, et lever toutes les excommunications, dont nous avons char gé leurs consciences. Je ferai remarquer ici que les révolu- tionnaires sont de deux sortes: les uns out imagine et conduit a terme la revolution, les autres y ont fait adhésion, en révant la félicité, le progrës, et je ne sais quel para dis terrestre, sans avoir su prévoir qu'ils n'auraient au contraire recueilli que des tribulations, desépines el !a misère. Les premiers, au cceur obstiné, sont les pharaons de nolre époque, durs comme l'enclume, et aucun acte de suprème bon té ne parviendrait it les attendrir. Mais les aulres (et e'est a eux qu'apparliennent ceux qui me parlenl a voix basse et m'é- crivent avec des sentiments de moderation) voyant que le paradis terreslre s'est éloi- gné, voyant que ces biens, cetle richesse, cette prusperité qu'ils avaient rèvés, sont remplacés par un veritable déluge de maux aceompagnés d'impöts et de char- ges énormes, sentent ieur conscience trou blée et dans l'angoisse pour avoir donnó leur coopération a la révolution, ils m'ap- pellent a des sentiments de paix. Mais quelle paix puis-je faire avec eux? Ils ressentenl des angoisses!... A quoi cela leur sert-il? Saül en ressentait aussi quand, frappé a mort, en désiranl un terme a ses souffrances, il priait le soldat Amaléeitede l'achever: Sta super me et interfice me, quoniam tenent me anguslice. Et le soldat eut la coupable faiblesse d'obéir et de lui óter le peu de vie qui lui restail; mais ensuile sa faulefut puniepar D.tvid, qui le fit mettre a mort. Que pré- lend on done? que je devienne pour eux un soldat amalècite? Ou que le Pape imite l'infortuné Saül? Oh! conseils insensés! Mais si l'Amalécite n'a pu éehapper a la terrible punition a laquelle David I'a con- damné, le Vicaire de l'Evèque éternel de nos ames, pourrait-il éehapper aux chati- ments que Dieu lui infligerail? On demande la paix, on demande une tréve, on cherche, pour dire le mot, un modus vivendi! tout cela pourrait-il nous conduire a bien avec un adversaire qui lient continuellement en main le modus nocendi, le modus auferendi, le modus destruendile modus occidendiEst-il possible que le calme fasse alliance avec la tempête pendant que celle ci mugil et fré- mit, renversant, déracinant, délruisant tont ce qu'elle trouve devant elle? Que ferons-nous done, mes Vénéra- bles Fréres, Nous auxqttels il est dit: Statis in domo Dei el in alriis domus Dei nos- tri? Nous resterons «nis avec l'Episcopat qui en Allemagne, au Rrèsil et dans toute l'Eglise eaiholique donne des preuves éela- tantes de constance et de fermelé. Nous nous unirons avec ceux-la et avec toutes les ames chéres au Seigneur pour continuer dans la prière, en implorant de Dieu le pardon des aveugles et en deman- dant pour nous la patience et la fermelé, non pour combaltre les ennemis l'épée a la main; mais puisque Jésus Christ a combat- tu avee la Croix, Nous nous servirons de la méme arme, saus jamais nous couformer a leurs principes et en condamnanl les fai- bles qui répétenl dans leur indolence: Qu1avons-nous d faire?... Que pouvons- nous faire? Demande insensée digne des vermisseaux et non des hommes. Prenez courage done, la Très-Sainlc Marie lionorée aujourd'hui sous le litre de Auxitium C/trislianorumnous y invite. Le 24 Mai qui est destine a cette féle a élé consacré celle année a l'Epoux de Marie, le Saint-Esprit. Que cette circonstance augmente nolre confiance. Comme Marie a protégé un l'ie pour briser l'orgueil des Turcs, comme elle a protégé un autre Pre pour abaltre l'arroganee d'un grand empereur, qu'elle protégé aujourd'hui le plus bumble Pre et son Siége, assailii par des ennemis nom^ breux cl variés. De méme qu'elle vainquit apud Eehinadus insulasde même qu'elle vainquit upud Savunam, qu'elle fasse en- core luire le jour oü elle vainera aussi upud sanctum Pelrum. Que Dieu me bénisse, moi son indigne vicaire,et qu'II vous bénisse aus:-i vous,mes coopérateurs dans 'l'administration de l'E- glise; el que par cette benediction il re- trempe nos ceeurs dans le feu de son. amour. Que la méme bénédiction descen» de sur l'épiscopat, sur les ordres religieux, spécialemenl sur les pauvres religieuses si tourmentées et si opprimées; qu'elle des- cende sur les families, sur les péres, sur les mères, sur lous, et qu'elle soit Ie gage de la benediuon élernelle que Dieu nous dönnera li la lin de noire vie.. Benedictio Dei, etc. LES LECONS DU SCRUTIN. La lutte électorale est lerminée et ses écbos sont éteinls ou a peu prés. C'est le moment de se recueillir el de faire profil des enseignemenls que nous ofl'rent les faits. Avant, pendant et aprés, le faux libéralis me s'est révélé celle fois lout entier, de plus ou inoins bonne grace bien entendu. Ne voyant plus de salut que dans l'alliance de toutes ses fractions, le parli de l'utile s'est prestemenl défait du bagage encombrant des scrupules et sauf quelqties difiicultés bienlót a|>lanics sur des questions de forme telles que, par exemple, le mandal impéra- tif de Verviers, on a vu généralenienl le ti mide lendre la main au révolutionnaire, et le doctrinaire au radical, si bien que les pré- tendus principes sur lesquels tous sont d'ac- cord; ou döivent Pet-re a peine d'inconsé- qucncc, se sont nettemenl dégagés. L'apho- risme énoncé par le Journal de Gand brille de tout: son éclal: Le libéralisme est la libre-pensée ou.ilin'est riet). Désormais il est avéré qu'un liberal est de droit partisan de 1'omnipoJence de l'Etat et:dé l'asservissemenl de l'Eglise, qu'il doit vouloir leur separation ou plulót leur hosti- lilé, la suppression du budget des eulles, la mise en suspicion du clergé et la surveillan ce des couvenls, l'immi.xtion du pon voir- ci vil dans les choses religieuses el.la persécu- tion qpi suit de la nécessairemenl, que l'éco- le neutre, laïque, sécularisée et obligatoire sera son ideal, et le cimetiére sans croix lc dér nier terme do sa doctrine sans espérance, Ie dernier mot de sa tyrannic; que le liberal de bonne souche croit au double dogme de sa propre suprémalie par droit de naissan- ce et de l'ilotisme non muins originel du catholique; enfin que, si la Constitution ne se prète point a la mise en pratique absolue tc Z Z O ca -c 0*5 CO O k k CO k eO eo 3 "*3 yc o en zd •H is: m C/3 so ra o C3 53 O <yi oe o M CO TJ >- CO IV Poperinghe- Ypres, 5-tti,7-20,9-30,10-58,2-13,5-05,9-20. Ypres-Popcringhe, 0-50,9-07,12-08,3-07,0 50,8-45,0-50. peringlie-Hazebrouck7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-35, 10 00, 4 10, 8-25. Ypres-Routers, 7-50, 12-28, 0-45. Roulers- Ypres,.8-25, 1-50, 7-50. Koulers-ünq/e»', 8-45,11-34,1-13, (L. 5 50), 7-30, (9-55. Lichterv.) - Lichter v.- Thourout, 4-28 m. Bruges-/loit/ers, 8-25, 12-50, 5-13,0-42.Lichtervelde-Courtrai5-25 m. Zedelghem Thourout, 12-00. Ypres-Courtrai, 5-34,9-40,11-18,2-35,5-28. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-50,5-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 0 20, (le Samedi a 8-80 du malin jusqu'a Langheraarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7-45, (Ie Samedi a 0-20 du malin de Langhemarck a Ypres). Comines-NVarnêton Le Touquet-Houplines-Tme?«ièt'es, 6 00, 11-50, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Iloupli- nes-Le Touquel-Warnêton-Com«we« 7-40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8-00 s.) Comines -Waméton 8-40, m 9-30 s. (Ie Lundi 0 30 s.) WartSon-Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 0-50 s.) Courtrai- Bruges, 8-05, 1 1-00, 12-35, (L. 5-15), 0-55. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-50, 8-13, 0-42. Bruges, Blankenberglie, Heyst, (station) 7-30,1 1 04,2-50,7-35. Ileyst, Blankenberghe, Biuges, 5-45, 8,30 11-25, 8-30, Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 55, 12-00. Ingelmunsler Deynze-Grand, 5-15,9-41, 2-15. Ingelmunster-jDeynV, 4-50 2* cl., 7-15. Gand-Deynze-Zw^etoitrnsler, 6-58, 11-20, 4-39. Deynze Ingelmunsler, 9-10 2cel, 8-20 s. Ingelmunster-dnseghe m0-05, 12-10, 6-15. Ansegbem-Ingelmunsler, 7-42, 2-20, 7-45. Liclitervelde-Dixmade Furnes el Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-35, 7-54. DiWiAerAe-Furnes-Dixmude et Liclilervelde6-55, 11-15, 3-45,5-10. Dixmude-Nieuport, 9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-Dtomwde, 7-40, 10-45, 12-00, 4-25. 'ihourout-Ostende, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15. Selzaete Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25. - V-e.Aoo-Selzaete, 5-38, 10 15,4-22. Gand-Terneazen, (station) 8-17, 12-15, 7,25 (porie d Anvers) 8-30,,12-40. 7--*o. Selzaete-jhoAerat, 9-04, 1-30, 8 30-. (Ie Merer. 5-10 in.) Lokeren-Sefsaete, 0 00, 10-2j, t 4o. (Ic Maidi, J,30.) Terneuzen-Gand, 0 00, 10-130, 4-40. COaRESPOWDANCBa COURTRAIBRUXELLES. Courtrai dép. Bruxelles arr. 6,40 9,20 10,55 1,38 12,33 2,25 COURTRAI,. TOURNAILILLE. Courtrai dep. 7,00 10,80 2,54 -Tournai arr. 7,51 11,47 3,48 Lille 8.35 11,55 4,00 11,55 COURTRAI, «AND. 3,45 6,38. 6,06 9,16. 5,34 8,47. 6,29 9,41. 6,32 9,55. Bruxelles dép. Courtrai arr. BRUXELLES, COURTRAI. 5,22 8,28 12,21 5,35 6,47. 7,53 8,44. Courtrai dep. Gand arr. 6,42 8,01 12,31 1,52 3,47 5,03 6,40. 7,50. BRUXELLES. BRUGES, GAND, Bruges dép. 6,49 exp. 12,30 3"34 exp. 6,43 Gand arr. 7,34 1,54 4,10 7,58 Bruxelles 8,50 4,03 5,20 9,31 8,00 10,43 2,41 LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,20 8,25 11,05 2,82 5,20. 5,45 8,5(5 11,34 2,47 5,39. 0,37 9.47 12,20 3,42 0,30. UANO, COURTRAI. Gand dép. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21. Courtrai arr. 6,57 10,52 2,49 5,31 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Lille dép. Tournai arr. Gouitrai Bruxelles dep. 8,14 11,83 Gunt arr. 0,00 9,41 1 23 Bruges 7,15 10,34 2,38 3,12 4,26 exp. 6,37. 5,11 7,22. Onésime élail né paresseux, affaire de tempéra ment, et paresseux il resta rnalgré l'exemple de son père, en son vivant tailleur rue de Bossuet, a Meaux,et que chaquc jour (y compris les fêtes et dimanches, le botdioinme ëtait philosophe) on voyait, I liiver a la chandelle, l'été souvent avant le lever dn soleil, installé sur son établi et tiranl I aiguille avec tine célérilé devenue proverbiale. ünésinie, s il ténioignait de dispositions précoces pour la philosophic, se montrait recalcitrant a I endroit du travail. II désolait le tailleur par son aversion pour I aiguille, dont il se servaii avec une maladresse surprenanle, même pour raccommo- der son polichinelle ou les poupées de ses petites voisines. Du reste, comme Onésime élait fils unique, cest-a-dire enfant gate, on le laissait volonliers vivre a son caprice, dormir la grasse matinee, s ébattre ensuite sur Ie gazon au soleil ou prés du poêle dans la saison mauvaise avec le chatdu logis, et le reste du jour, dans le foil mil du bou- langer, d'oii souvent il revenait, enfariné comme uil pierrot, de la ehasse aux cricris. L'enfant prit de Page, et quand il eut alleint ses buit ou ueuf ans, il fallut bien se decider a le mettre dans unu école (pas cliez les bons Frères, le tailleur déleslait ces ignoranties, ces étei gnoirs, cesinutile d'aehever la litanie). On envoya le bambin d'aboid a la inuluelle, puis ehez le sieur Boniface, bachelier quelconque que le tailleur s'honorait d'habiller. II est vrai que depuis quinze ou vingt ans qu'it travaillait pour cette maigre prali(|ue, il n'avait pas souvenance d'un vêteinent radicalement neuf confectionné a son intention. C'élait toujours le même vieux pantalon, plus coiislellé de pieces que le navire des Argonautes, la mêine vieille houppelande tournée, retournée d'abord a l'envers, de l'cnvers remise a l'endroit. puis ii l'aide de paremenis, rajeunie de rechef; c'élait le même gilet patriar chal; le tout composant a l'instiluteur un ensemble de costume original et primilif. Le Pédagogue, au reste, ne se piquait pas d elégance; car, disail- il, un habillement cavalier ne convenait point a la gravité et au décorum de sa profession. SI. Boniface était savant d'ailleurs, savant com me le rat de la fable; il affirmait avoir appris par cceur, d'un bout a l'autre, le dictionnaire de feu SI. Boiste et celui de Slalte-Brun. II enseignait a sesélèves la lecture, toutes les espèces d'éerilure, cursive, bêlarde et ronde, par principes, depuis le simple baton jusqu'aux fioritures compliquées du paraphe; puis le calcul, la tenue des livres en partie double, la gratnmaire de Lhomond d'abord el ullérietiremenl celle de C. C. Letellier ou Noël el Cliapsal; il enseignait non iiioius |ierlineminent la geographic, la mythologie (eette source féeonde et immortelle, disait-il avec grace, oil vont puiser les Muses), l'hisloire, I'histoire de France, en particulier, qu'il avail étudiée profondémenl dans M. Le Ragois et autres Hérodotes. II n'oubliait pas la logique et la morale, sans négliger davantage de former ses écoliers aux belles manières et a la polilesse francaise, formu- lée compendieuscment en axioines dans le livre fameux de la Civilité lionnéte et puérile que le sot progrès semble vouloir bannir de nos écoles. M. Boniface done apprenait ii ses élèves coninie quoi il est convenable de se laver la figure et les mains a son réveil, ou, quand celles-ci sont ta- chées, avant de se mettre a table; comme quoi les gens bien éduqués neseservent pas, pour inan- ger le polage, de leur fourchette et de leur cuil- ler, mais de la derniére senlement, et surlout s'abstiennent de porter leur assiette a la botiche pour huiner les restes du bouillon; comme quoi l'on doit rompre son pain ou le couper délicate- ment avec sou couleaii s'il résisle, et non mordre a belles dents la croüte et la mie, comme ferait un orang-outang; comme quoi encore il est malséant de manger trop vile et de parler la bouclie pleine; comme quoi enfin la politesse veut qu'on s'incline quand nu supérieur éternue, au lieu de dire inévéreneieusement comme a son égal: Uien vous bénisse! Et bieti d'autres inslruelions analogues d'une exquise ui l anilé dunl personne, si ce n'est quelque inalolru, ne s'avisera ce eontester la cou- venancc. Onésime sc trouvait it bonne école, comme on voit, et ce n'est pas la faule du professeur s'il en profila médiocremenl, leulement surlout. II lui fallut deux années pleines pour connaitre l'alpha- bet, tout autant pour épeler et lire couramment, au grand ennui du sieur Boniface, qui pourtant n'usait qu'avec sobriété de la férule, crainle des parents chatouilleux a 1'endroit de leur Benjamin. S'il avaneait dans le ehetnin de la science it la facon de l'escargot (comparaison de 'instituleur), par exemple, le jeune Uouillet s'instruisait merveilleu sement vite et bien dans tons les jeux qui sont les déliecs de l'écolier et font qu'il n'est jamais gêné pour l'emp oi du temps.Nul plus qu'Onésime n'ex- cellait li construire, avec la feuille blanche de son cahier, d'élégantes embarcaltons, it fabriquer, comme l'un des hommes les plus illustres de l'an- cien parlement, de charmantes coeotes qui s'éche- lonnaient ensuile militairement, d'après leur taille, sur le pnpitre. Personne autant que lui ne parais- sait habile pour allraper au vol certains parasites qu'il relachait ensuile emportant, suspencbi l'arrière-train, un appendice quelconque eu pa pier. Pas un camarade qui le surpassat ou l'égalüt même dans l'art de coslttmer les ban net ons en géuéraux, colonels ou soldals ciloyens, giace aux morceaux tie drap et rognures de broderie qu'il ramassait dans la boutique de son père. Onésime calait admirablement, c'est-k-dire qu'il I mcait la bile auec une adresse rare; il primait dans le carambolage et ne maniail pas la tonpic avec un bras moins ferme et une moindre süretc de coup d'oeil. II se montrait expert encore it déui- cher les nids de merles et de friquets. ii Le premier au jeu, le derniar a Ia classe i» c'élait le refrain du mailre, qui pourtant lui ren- dait justice a l'endroit d'un art pour lequel Onési me montrait des dispositions remarquables, l'art un pen sot, il est vrai, de la calligraphic. Le jenne Uouillet, qui baillait sur tous ses livres, une fois qu'il prenait la plume, semb'ait oublicr sa paresse; il traduit hardiment des pleins et des déliés et fai- sait correctement sa page d'éerilure tout entière, si bien qti'en quelques années il avail, comme ou dit, la plus belle main de la classe, et peignait de superbes cahiers devant lesquels s'extasiait M. Bo niface lui-même, tout eu déplorant les faules d'or- thographequi les émaillaient a chaque ltgiie. Mais le boidiomme en fut pour ses remontrances et l'é colier qnitta les bancs saus être corrigé de sa ca cographie. A CONTINUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1