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0NÉS1ME DÖUILLET.
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ysi',.-
ü/jsS) Mercredi 8 Juillet 1874.
année. N° 889.
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Le Journal parait le Mercredi el le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans Ie corps du journal, se pasent 30 centimes la
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames on Annonces, coütent 20 h. es exenip aires
Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
CHEIHIIÏS I> JE FB It.
MANIFESTE DE HENRI V.
VUnion a recu communication .du docu
ment suivant:
Francais,
Vons avez demandé Ie'salul de nólre
pa trie a des solutions lemporaires, ét vous
semblez a la veiiIc de vous jelcr dans de
nouveaux hasards.
Chacune des Révolulions snrvenues de-
puis quatre- vingts ans a été une demonstra
tion éclatante du tempérament rrionarchique 1 S0'IK
En affirmant que jc ne rétractais rien
des déclarations sans cesse renouvelées, de-
puis trente ans, dans les documents officiels
el privés qui sont dans toules les mains;
Jc comptais sur ('intelligence prover-
biale de noire race et sur la clarlé de notre
langue;
On a feint do comprendre que je placais
le pouvoir royal au-dessusdes lois el queje
rêvais je ne sa is quelles combinaisons gou-
vernementales basées sur l'arbilraire et Tab-
du pays.
La France a besoin de la Royauté. Ma
naissanceuna fail voire Hoi.
Je manquerais an plus sacré de mes de
voirs, si, a ce moment solennel, je ne tentais
un suprème effort pour renverser la brrriére
de préjugés qui me sépare encore de veus.
Je connais toutes les accusations portées
contre ma politique, contre mon altitude,
mes paroles et mes acles.
II n'est pas jusqn'a mon silence qui ne
serve de prétexle a d'incessanles récrimina-
tions. Si je l'ai gardé depuis de longs mois,
e'est queje ne vonlais pas rendrc plus diffici
le la mission de Tillustre soldat dont Pépée
vous prolége.
Mais, aujourd'hui, en présence de fant
d'erreurs accumulées, de tantde mensonges
répandus, de tanl (i'honnêtes gens trompés,
le silence n'est plus permis. L'honneur m'im-
pose une énérgique protestation.
En déclarant, an mois d'Octobre der
nier, que j'élais prèt a renouer avec vous la
chaine de nos destinées, a relcver l'édifiee
cbranléde noire grandeur nationale, avec le
concours de tons les dévouements sincères,
sans distinction de rang, d'origine ou de
parti;
Non.la Monarchic, chrétienne el francaise
est dans son essence mème une monarchie
tempérée, qui n'a rien a emprunler a ces
gouvernemenls d'avenlure qui prometlent
I'age d'or et conduisent aux abimes.
Cette Monarchie tempérée comporte
Texistencede deux Chambres. dont Tune est
nommée par le Sonverain, dans des catégo-
ries déterminées, et Taulre par la Nation, se-
lon lemodede suffrage réglé par la loi.
On trouver ici la place de Tarbitraire?
Le jour ou, vous et moi, nous ponrrons
face a face trailer ensemble des intéréts de
la France, vous apprendrez comment Tunion
du Peuple et du Roi a permis a la Monarchie
francaise de déjouer, pendant tanl de siècles,
les calculs de ceux qui ne lullent conlre le
Roi que pour dominer le Peuple.
II n'est pas vrai de dire que ma politi
que soit en désaccord avec les aspirations du
pays.
Je veux un pouvoir réparateur et fort;
la France ne le veut pas moms que moi. Son
iDlérct I'y porte, son instinct Ie réclame.
On recherche des alliances sérieuses et
dnrables; lout Ie monde comprend que la
Monarchie traditiodnelie peutseule nous les
donner.
Je veux irouver dans les représentants
de la Nation des auxiliaires vigilants, pour
Texamen des queslious soumises a leur con-
Iróle; mais je ne veux pas de ces luttes sté-
riles de Parlement, d'ou le Souverain sort,
trop souvent, impuissanl et affaibli; et si je
repousse la formule d'importalion étrangère,
que réptidient toutes nos traditions Ratio
nales, avec son Roi qui régne et qui ne gou-
verne pas, la encore je me sens en commu-
nauté pai faite avec les désirs de Timmense
majorité, qui ne comprend rien a ces fictions,
qui est l'aliguée de ces mensonges.
Francais,
Je suis prèt aujourd'hui, commejel'é-
tais bier.
La Maison de France est sincèrement,
'oyalement réconciliée. Ralliez-vous, con-
fiants, derrière elle.
Trève a nos divisions, pour ne songer
qu'attx maux de la Patrie! N'a-t-elle pas
assez souffert? N'est-il pas temps de lui ren-
dre, avec sa Royauté séculaire, la prospérité,
la sécurité, la dignilé, la grandeur, et tont
ce cortége de liberlés fécondes que vous
n'obtiendrez jamais sans elle?
L'ceuvre est laborieuse, mais, Dieu ai
dant, nous pouvons Taccomplir.
Que cbacttn, dans sa conscience, pése
les responsa bi I i tés du présent et songeaux
sévérités de Thistoire.
HENRI.
2 Juillet 1874.
LA QUESTION ROMAINE.
Nous lisons dans VEspérartce de Nancy:
Après les scènes qui se sont passées a
Rome, le 21 Juin dernier, on ne viendaa plus
dire sans doulc que le Pape est libre.
II est si peu libre qu'il ne peut pas se mon-
trer a Tune des fenèlres do Vatican sans
attirer sur son peuple de rudes cbatiments!
11 est si peu libre qu'il ne pourrait pas
sortir dans les rues sans ètre exposé a se
vo ir arrété comme perlurbateur du repos
public.
On sait ce qui s'est passé Ic 21 Juin. Par
un mouvement spontané, éleclrique, vingt
mille Romains ont acclemé le Pape sur la
place Saint-Piepre, et aussilöt les bersagliers
sont venus, la baïonnette au bout du fusil,
frapper el chasser brutalement cette foule
agenouillée qui, après, lout, usait d'un droit
que la loi elle mème lui reconnait. Ott est
Tarticle qui defend de. saluer Pie IX? oii est
l'article qui interdit de le nommer Hoipuis-
que ses ennemis le prétendent trailer eux-
mêmes en Souverain?
N'imporle! les vingt mille voix qui se
sont élevées vers le Vatican, sont sédilieuses;
et des condamnalions a deux ans et a six
mois de prison ont alteint quelques-uns des
coupables. La fidélilé coüte cher dans un
pays oü les trailres sont si généreusement
récompensés.
Peut-èlre le dernier mot n'cst-il pas dit.
Pie IX a encore ou reposer sa tèle, Qui sait
si ce suprème asile ne lui sera pas ravi? qui
sait s'il n'est pas desliné a vivreexilé, ou a
mourir martyr? Nous espérons qu'il sera a
l'honneur, au Iriotnphe, après avoir été si
longtempsa la peine; mais ia voie est rude,
sanglante, qui méne, par le Calvaire, a la
monlagne de l'Asbettsion. L'avenir, dans
tous les cas, est sombre el menacanl. Que la
démagogie trioinphe a Rome, et qui pourrait
assurer qu'clle n'y iriomphera pas bientöt,
les maitres actuels de la Villeont tanl d'ini-
quités a payer! et le monde veria des
choses épouvanlables.
Et pourtant notre confiance reslc inébran-
lable. Depuis quatre ans, Pie IX est prison-
nier au Vatican. Qu'est-ce que cela, auprés
des récils de Thistoire? Est-ce que d autres
Papes n'ont pas eu les mêmes destinées, ou
des destinées pires encore? Est-ce que Ie
domaine de saint Pierre n'a pas été pris
vingt fois a ses legitimes possesscurs? Esl-cc
que, vingt fois, les arncs peureuses ou va-
cillantes n'ont pas dü se dire que la cotiron-
ne des Sonverains Pontifcs était irt'évocable-
menl perdue el brisée?
Ce que Dieu garde est bien gardé; et cc
que Dieu soutient ne périt jamais.11 lui plail,
dans des vues dont la sagesse nous échappe,
il lui plait de laisser entrer parfois t'en-
nemi dans Théritage de son serviteur. Mais
e'est pour peu de temps. Quand ses desseins
sont remplis, quand les saints sont purifies
dans le creusetel les mécbanls punis do
leurs méfails, tout rentre dans l'ordre et Ia
justice.
II en sera cette fois comme toujours. L'é-
preuve pourra èlre longue; a coup sur elle
sera rude. La victoire n'est pas douleuse. Au
jour fixé, devanl le regard du Seigneur, ses
adversaires seronl dissipés comme la pous-
sière on la paillc; el ceux qui auront semé
dans les larmes, reviendront moissonner dans
la joie.
Les porlcs dc l'cnfer ne prévaudront
pas!
LA SITUATION RELIGIEUSE EN
ALSACE LORRAINE.
M. de Bismark disait naguèrc en plein
Parlement: Nous n'avons pas annexé les
AIsaciens-Lorrains pour les rendre heureux.»
Les fails ont justifié cette parole. Depuis
l'annexion de TAIsace-Lorrainea l'Allemagne,
le Gouvernement a pris une série de mesures
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Poperinghe-Ypres, 5-13,7-25,9-30,10-88,2-10,5-05,9-20. Ypres,-Poperinghe, 6-80,9-07,12-05,3-87,6 50,8-45,9-50.
peringhe-Hazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghc-Ypres, 8-38, 10 00, 4 10, 8-25.
Ypres-flowters, 7-50, 12-28, 6-45. Roulers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-Zfnzyes, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Tliourout, 4-25 m. Bruges-floaters, 8-25,
12-50, 5-13,0-42. Liohtervolde-Courtrai, 5-23 m. ZedelghemTliourout, 12 00.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Comirai- Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40,8-49.
Ypres-Tliourout, 7-13, 12 0G, 0 20, (le Samedi a 5 50 du matin jusqu'u Langbemarck). Tliourout-ypres9-00, 1-18, 7-45,
(le Samedi a 0-20 du inaiin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warneten Le Touquei-Itouplines-zlmewlterrs, 0 00, 11-80, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 0-30 s.) Armentières-lloupli-
nes-Le Touquet-Wnrnêlon-Comines 7-40, 2-00, 4-45. (Ie Merer. 10-35 m. 8-00 s.) Comines- Waniêfön 8 40, m 9-30 s. (le
Lundi 0-30 s.) Warnëlon-CW/Mpes 5-30, 11-10, (le Lundi 0-80 s.)
Courtrai-Bruges8-05, 11-00, 12-35, (1,. 5-15), 0-55. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-CWtrru, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (station) 7-30, 11 04, 2-50, 7-35. lleyst, Blankenberghe, Biuges, 5-45, 8,30 11-25, 5-30,
Blankenberghe, Bruges, 6-10 8 55, 12-06.
Ingelmunster Deynze Gand5-15,9-41, 2-15. Ingelmunster-Zteynze, 4-50 2" cl., 7-15. Gand-Deyiize-Dt0ete»w?w(er, 0-58,
11-20, 4-39. Deynze Ingel,munster, 9-10 2cel, 8-20 s.
Ingel munster-^ nsegltem6-05, 12-10, 6-15. Anseghom-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmade Furnes el Dunkerke0-30, 9-10, 1-35, 7-54. DitwAer^e-Furnes-Dixmudc et LivlUerveldc, 6-55, 11 15,
3-45, 5-10.
Dixmude-Nieuport, 9-55, 2-20, 8-40. Nieuport-Dixmude, 7-40. 10-45, 12-00, 4-25.
Tliourout-Ostende, 4-80, 9-15, 1-50, 8-05. Ostcnde-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaete Jïecteo, 9-05, 1-25, 8-25. - Eecloo-&/.j<iete, 5-38, 1Q.15, 4-22. ln
Gand- Ter neuzen, (station) 8-17, 12 16, 7,25 (porte d'Anvers) 8-30 12-40 7-4o.- rcrneuzen-M, 0 00, 0-30, 4 40.
Selzuete-Lo/cere», 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5 10 in.) Lokeren SeJzaete, 0 00,10-25, 4 4a. (le Mardi, 3,30.)
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
COURTRAI, BRUXELLES.
6,40 10,58 12,33
9/20 1,35 2/25
COKHESPOWDaWons.
BRUXELLES, COURTRAI v
0,38. I Bruxelles dep. 5/22 8,28 12/21
9,16, I Courtrai arr. 8,00 10,43 2,41
3.45
0,00
5,35
7,53
6,47.
8,44.
COURTRAI, T0URNA1LILLE.
LILLE, TOURNAICOURTRAI.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
7,00
7,5 1
8.35
10,86
11,47
11,55
2,84
3,48
4,00
C0UnTR.il, GAND.
Courtrai dép. 0,42 12,31
Gand arr. 8,01 1,52
BRUXELLES.
5,34
0,29
6,32
3,47
5,03
8,47.
9,41.
9,55.
6,40.
7,56.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gii ml dép.
Courtrai arr.
5/20
5,45
6,37
8/25
8,56
9.47
I 1,05
1 1,34
12/26
GAND, COURTRAI.
5,38
6,57
9,39
10,52
1,28
2,49
2,82
2,47
3,42
4/24
5,31
5,20.
5,39.
0,30.
7,21.
8,42.
BRUGES, GAND
Bruges dép. 6,49 exp. 12,39 3"li exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,54 4,19 7,58
Bruxelles 8,50 4,05 5,26 0,31
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dep. 8yl 4 11,53 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 I 23 4,20 exp.
Bruges 7,15 10,34 *2,38 3,11
6,37.
7,22.
Suite. -Voir Ic N" precedent.
Onésime qui scniblail un pen confus, secoua
pourtant In lète avec un certain air de satisfaction
vaniletise.
I.es con«eils viennent h op lard. Voilh; je me
dontais bien qu'ici ca ne vous p airait guère: ainsi
la eliose est faite el pins moyen de s'en dédire; j'ai
signé mon engagement.
Vaurieii! dil Ie pêre.
Méchaut! ingnii! murmiira la mere dont
les larini's jaillirenl soudain. Faul-il que je sois
mallieuretise?
Elle rul beau gromlrr et se dcsolcr, Tétourdi
ne mcrilait pas ri i! fa Hut bien qu on en pril son
parti. Quclqties jours après, cmbrassé rudcinent
par son pcre, longuement par la pauvre mère et
tout inondé de ses larmes, Onésime montait en
diligence pour rejoindre son régiment qui tenait
garnison a Lille.
Les parents n'avaient pas tort el Penlhousiasme
du volontaire fin prompt a sc refroidir.
Apiès son entree a la caserne, il eut a faire
eonnaissance.avec les aulorilés et les eaniaradcs.
On Ie ménagea le premier jour; niais pourtanl la
rétepliou lui semblait déja bien froide, le lit assez
dm el la soupe éirangemeiK compacte. La cuisine
fnl pcu du son gout.
Le londein; in, II aehevail d.e s'hahiller a peine,
que le cap oral d ordinaire untra dans la chainbre,
el loisant d'un coup d'ucil narqiiois Ie fringant jeu
ne homme, il dil a un soldat:
Conduisez monsieur, au niagasin, sa toilette
n'est pas d'unifor'me.
An niagasin, bégaya Onésime surpris.
Oui, jeune liornme, croyez-vous qu'ici lc
tailleur ait le loisir de vous prendre mesure, a
inoins que cc ne soit d'après la guérite, cornme
(lisent les farceurs. Mais soyez Iranquille, vous
pourrez choisir un négligé galant. Dame, pa ne
vous pincera pas tout ii fait la taille a la facon
d'une demoiselle; mais du moins vous ne serez
pas gêné dans les enloiirnures, et les escarpins ne
vous feront pas mal aux pieds, si vous avez des
durillons. Allez.
Onésime n'osa répliquer, mais il Irouva son
chef singulièremenl familier et scs plaisanteries de
très-mauvais gout.
Le caporal n'exagérait pas cepcndant, el le cons-
erit, qui n'eut pas hop le loisir de dclibrer, en-
dossait bienlót veste et pantalon dans lescjuels il se
trouvaii plus qu'ü l'aise; les escarpins, selon l'ex-
pression pittoresque du facélieux eaporal, élaieut
a l'avenant. II n'y avail pas la par bonlieur de gla
ce pour se regarder; mais Onésime, qui s'estimait
ridicule, n'eu sorlit pas moins du magasin aussi
penaud que le reuard sorti du piége dans lequel il
avail laissé son plus bel ornément.
11 se rendit ensuitc sur le terrain, après ètre au
préuiable armé d'uri fusil de calibre qui pesail un
pen duvantage que le lasoir ou la plume dans ses
mains délicales. Et pour lui cooinieiica Ie rude
apprentissage du métier, c'esta duefexi rciee qui
dura bien deux heitres, deux siècles. Il falluit
tourner a droile, lourner ii gauche, en avant, en
arrière, marcher, s'arrêter, remuer son arme ou
la laisser tomber au repos, tout cela comme par
enchanlement et aussi vile que la parole. I.e pan
vre diable avail beau faire, il n'arriva jamais a
temps, sans compter qu'il se pincait souvent les
doigts dans la batterie on laissait choir la crosse
sur ses orleils au lieu de flapper sur le sol.Le ca
poral, blasé sur les élourderies du conscrit, après
quelques velléilés de polilesse, ménageait de moins
en moins ses expression (je ne Fexcuse pas cerles);
les gros mots, voltigeant sur scs lèvres els'y succt-
dant en feu de file, sonnaient désagréablement aux
oreilles du conscrit effaré. Deplorable habitude du
blaspheme trop commune au régiment! Paifois
mème, joignant le geste a la parole, rinstnicteiir
vous prenaitle maladroit et faisait manoeuvrerener-
giquement ii la force du puignel.
Grêce a cette méthode vigoiireuse. Onésime
appril en peu de jours le nianiineiit de sou arme,
et bien tol il fut en état, comme les autres, de faire
sou service, ce dool il n eut pas trop l'air de se
féliciterII Iron va it surtout médiocremcnt at-
l ra y a ij te une faction de deux heures, par une belle
gelee d'hiver, quand le thermomètre marquait
douze ou quinze degrés au-dessous de zéro. Lom-
bien il soupirait alors en regrettent son bon lit
d'auteefois que lui bassinait sa mère, son lit de
plume el son édrednn. Ah! les édredons! mais a la
caserne on ne les conoait guère. l'uis, on le sait,
Onésime n'clait point un héros, et sans cesse i'
tournait, iuquiet. les yeux autour de lui s'imagi-
nant voir apparaitre quelque revenant, loup-ga-
ron, voleur, ou pensant qu'un quadrupède qu'el-
conque rödail derrière lui pour euianier ses uiol-
lets. II n'enttndait pas voter une chauvesouris,
ou l'onibre d'un matou ne se dessinait pas aux
clartés de la lune saus qu'il criat: Au large! au lar
ge! lout piel a réveiller le poste qui, plus d'une
fois, pril les armes paree qu'un clial du voisinagc,
dans ses éli,its,en se chainaillant avee un rival pour
les beaux yeux d'une Du'cinée angora.etait elni de
la goutiièrc sur Ie dos d'Onésime elTarouelié. Bref,
celui ei rentrail le plus souvent au corps de garde,
treniblollant et transi, les mains ruides, Ic bout
du nez rouge et tout ii fait mélancolique.
Parlerai-je de mairit autre dèsagréinent! des
plaisanteries quolidienues et des gurges-chaiides
de la ehanibréea l'endroit de sou noui, tropen
harmonie avec sou tempérament! Dirai-je les iu-
nonibrables corvees liors de tour que va Int a
Onésime sa nonchalance a jouer de la brosse, a
faire rclnii e ses cliaussures cl les boulons de son
uniforme dans lesquelson ne semirail pas du loot,
non plus que dans le canon de sun fusil, guère
plus brillanl d'habitudc que les deux plats a bai be
guspendus a la porie de sou ci devaut patron.
Onésime sut bientöt le maniement du balai mieux
que la menagère la plus habile, et il avail coniplé,
recompté, suicomplé tons les pavés caneaiix et
grilles de la salie de police, déehiflfeé tons ses
hicroglyphcs et eontemplé ses moindres arabes
ques avant ipie le semeslre lïil éeoulé.
Mais d'autres contrariétés devaient éprouver sa
patience.
C'élait alors le h mps des émeules. Les Pari-
siens, peuple de gcnonilles, ne trouvaient pas ipie
le Gouvernement gouvernat a leur guise, et lis
s'ingéniaient quolidiennemenl de louies les facon
pour le lui faire savoir. Chaque jour des bandes
de gamins, ctudiants, commis en nouveaulés,
tailleurs, bohémiens ct nut res amateurs cl faraéttx
poliliques, sans compter messieurs les filous, des-
cendaient sur la place piihlique et s'ëgosillaient a
chanter quelque pont-ncuf pour faire niche a
Tautoritc; oil bien on cnait: A bascelui-ci! a bas
celui-la! vive ceci! vive cela! Tout juste le contrai
re de ce qu'ils braiilaienl ii lue-iête un muis au-
paravanl. lis poussaieiit mème (juelquefois le pa-
triotisme jusqu'a jelcr par dessus les quais et les
ponts le sergeul de ville désariné, événtrer les
chevaux des ordonnanees, dépaver les rues et
ianccr sur la tètc des cavaliers emportés par le
galop dc leurs chevaux certains projectiles moins
légers que des pomines cinles.
A COJiTINUER.