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LES TROIS INVALIDES.
p,GAN£-
Samedi 18 Juillet 1874. UEgg- "ik
N° 892.
annee.
Un intrépide soldat.
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"^Journal parait le Mercredi et le Samedi. - Les insertions cpütent 1.5 centimes la ligne.- Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.- Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclamés ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires.
CHEIHIIÏS E F E K.
Nous empruntons a un des derniers numé-
des Etudes religieuseshistoriques el litté-
rairespar des Pères de la Compagnie de
Jésus, Texcellent travail qui suit:
LA LECTURE DES MAUVAIS JOURNAUX
Esl-itpermis de Ure les mau v a is jo urnaux?
Nous savons bien que des hommes, d'ailleurs
honnètes, et meme chréliens, se le permet-
tent. Tel déplore les ravages de la presse
irréligieuse. qui est abonné a un journal ir-
réligieux. Tel cercle catholique ne crainl pas
d'ofïrir auxjeunes gens qui le fréquentent
une revue notoirement hostile aux ensei- t'
gnements de l'Eglise: la Revue des deux
mondes. Aussi n'est-il pas question desavoir
si Ton se permet, mais s'il est permis de li
re des journaux qui ne respectent pas la foi
ou les mceurs. La curiosilé, la mode. un
peu Ie respect humain, ponssenl de prefe
rence a ces publications empoisonnées. Ce
qu4l y a dans une fenille chrétienne, est-ce
qu'on ne le sait pas d'avance? C'est toujours
la vérité monoione, les éternels principes de
la religion et de la morale. Mais abaisser ce
qui est grand, bafoner ce qui est respectable
et saint, donner le vrai pour le faux et le faux
pour vrai, voila qui est neuf el piquant. II y
a dans Tesprit humain un élément frondeur,
une impatience de lonte supériorilé et de
toule conlrainle qui fait que, même en se
soumellanl a l'auiorilé legitime, on éprouve
line satisfaction secrete a Tentendre accuser.
Et puis, certaines gens, qui se considérent
comme la classe éclairée, ont de leurs Inmiè-
res et de la sol it! i té de leurs convictions
J'opinion la plus avantageuse. lis seflaltent
d èire des hommes robusles. capables de re-
sisier an regime de la liberie absolue; les
restrictions, les prohibitions,s'il en fant, sont
bonnes póurles populations rurales, pour les
esprils faibles et ignorants qui oni besoin
d'etre protégés contre la séduclion et Ter
reur. Celte présomption est accrue par les
idéés libérales. Si la liberlé de la presse est
un droit, s'il est permis, dans un pays libre,
de tout dire et de tout écrire, pourquoi ne
serait-il pas loisible a chacun de lout lire?
Car on ne parle qu'a des auditeurs, on n'é-
crit que pour des lecteurs, comme on met en
vente des marchandises afin qu'eiles aienl
des acheteurs. La liberlé de vendre serait
une moquerie s'il y avait défense d'acheter;
de même, dans le commerce des idéés, la li-
berté de parler el d'imprimer suppose le
droit d'écouterel de lire.
Au fait, il faut en convenir, s'il est défendu
de lire un journal ou la foi chrétienne est
combattue, il est encore plus défendu de l'é-
crire et de le publier; c'est un mal que la loi
peut tolérer, crainte de pis; ce n'est point
un droit qu'elle doive garantir. Or, le Pape
et les évéques, plus soucieux desauverles
ames que d'assurer la liberté de la presse,
ont décidé et répété souvent que la lecture
des mauvais journanx n'est point permise.
Leurs décisions anciennes ont élé rappelées
dans nos Eludes il y a quelques années; nous
citerons aujourd'hui des piéces plus récen-
les.
I.
Et d abord, qu est ce qiiun viauvais jour
nal?
II fant appeler mauvais les ouvrages
écrits ou imprirnés, sous quelque litre ou
formal qu'ils paraissent, dans lesquels on
attaque posilivement la religion catboli-
que, soit dans ses dogmes, ses preuves et
son autorité, sa hiérarchie,son chef ou
ses minislres; soil dans sa morale, sa dis-
cipline ou sa pratique.Ainsi s'exprimaient
les évéques de Relgiquedans une lelire col
lective d'une liaute importance, le 5 A out
1843.
Ces fenilles détestables sont, les ones d'u
ne impiétè et d'une immoralité révollantes,
les autres plus réservées dans la forme sans
èlre au fond moins dangereuses. Pie IX les
a cnraetérisées en qualre mots lorsqu'il a
défendu, sous peine de péché grave, la
lecture de certains journaux éminemment
dévergondés, hypocrites, mensongers et
irréligieux (Lelire au cardinal vicaire30
Juin 1871). Voici comment le cardinal
Patrizi explique la petisée du souveram-
pontife: C'est done la volonté du Samt-
Père, écrit-il aux curés de Rome, que les
paroissiens soient avertis, en public et en
particulier, de ne pas prèter Toretlle a des
maitres de mensonge qui, sous Ie faux
prélexte de politique et de progrès, cher-
chent a leur ravir le plus précieux trésor,
c'est-a-dire la foi catholique, pour y sub-
stiluer l'athéisme ou la tolérance rebgieuse
et leur promettent, comme dit Tapötre
saint Pierre, la liberté, tandis qu'enx-mè-
b mes sont esclaves de la corruption, liber-
tatem prormllenles cum ipsi servi sinl
i> corruption is Ep., II, 29). Et lesorganes
de ces liberties et de ces incrédutes sont
justement certains journaux imprirnés
spécialement a Rome, avec le but, outre la
calomnie et la médisance, de répandre le
ridicule sur ce qu'il y a de plus saint el de
nier les vérités révélées par Dieului-mème;
car on y voit d impures images parodiant
les mystères les plus augustes, et Ton y
rencontre des articles masquant sons l'hy-
pocrisie ou découvrant sans pudeur une
hoslilité continuelle a l'Eglise et a son vénè-
rable chef, comme on y cite également a
tort et a travers des lextes de la Bible pour
combatire les dogmes de la foi catholique.
(Circulaire du cardinal vicaire aux cu-
pés de Rome, 6 Juillet 1871).
La grave instruction pastorale sur Pin -
fluence de la presse dans les temps présents,
que les évéques de la Suisse adressérent tons
ensemble au clergé et aux fidèles de leurs
diocèses respect it's, au mois de décembre de
l'année dernière, renferme les mèmes ensei-
gnemeuls. ön s'abonne a un journal ïrré-
ligieux et hostile a l'Eglise, disenl ces véné-
rabies prélats; on le recoil chaque jour, oil
lui réserve dans sa maison la place d'hon-
neur, on Texpose aux yeux des enfants,
des amis, des domestiques. Et que lisez-
vous dans ces feuillcs ainsi élalées? Aujour-
d'hui ce sont de crianles calomnies dever-
sées contre des préires et des religieux;
des fails scandaleux imaginés a plaisir, in-
vités a dessein conlie leur honneur et leur
reputation; demain, c'est un mensogne his-
torique cent fois réfuté, mais toujours re-
produit avec Tefïronlcrie la plus odieuse,
I'aigreur la plus revoltante; un autre jour,
c'est une méchanle interpretation ou un
faux exposé des doctrines et des pratiques
catholiques; c'est encore le dénigrement, le
persifllage et la dérision des saints mysté-
téres; c'est enfin souvent Tassemblage bi-
zarre de toutes les impiétés jetées pèle-niè-
le aux yeux du lecteur. Quant a une réfu-
tation vraie et sincere de ces fausses idéés,
de ces récits mensongers, nous la cherche-
rions en vain dans de tels journaux; ja-
mais elle ne trouva place dans leurs colon-
nes. Et ce lont? Non; mais que trouvez-
vous dans ce feuilleton, ou bien dans celte
page amusante qui vient, s'y accoller en
forme de supplément"? Vous y trouverez
trop souvent le venm de la lubricité dont
se nourril la litlérature contemporaine.
Mgr Tarchevèque de Malines va nous
montrcr avec quel art perfide les feuilles
antichrétiennes trompen! leurs trop naïfs lec
teurs: L'abns de la presse est le grand
crime de notre lemps, dit-il. Ce crime se
renouvelle mille fois chaque jour dans les
jotifoauxde toutc nuance mis au service
de la grande apostasie moderne, du nou-
veau paganisme qui vent séparer aujour-
d'hui In civilisation de l'Eglise, la fi"e ('e
sa mère. Dans les colonnes d'en haut, ces
journaux trompenl les esprits; dans leuts
colonnes d'eu bas, iIs séduiseut et corrom-
pent les cceurs. Combien de families, aupa-
ravant chréliennes et inlimement unies, se
sont vues profondément divisées depuis
que les journaux irréligieux out fait pené-
trer la révolte contre. la vérite divine!
Cette divine vérite, iIs l'ouiragenl uoti-
seulemenl par ce qu'ils disent contre Ia lot
dc tons les siécles, contre l'Eglise de Je-
sus-Christ, contre le Sanvenr du monde
lui-mème, soit ouverlemenl, soit sous les
voiles d'un respect hypocrite et plein do
blasphéines; mais ils Toutragent encore
par lout ce qu'ils laiscnt, par leur silence
calculé sur les ceuvres innombrables de la
science et de la olm rité chctiénnes, tandis
qu'ils sont en qiièle de scandalcs dans lous
les coins du monde. II les recueillent, ces
3 scandales, avec un soin miserable, avec Ie
vif espoirdeternir Téclatdes cbosesdivines
par Tétalage des misères Itumaines, et de
cacher les immenses bienfaits du cbnstia-
nisine, le dévoueiDenl el les verlus hérui-
ques de ses phalanges de martyrs, d apó-
tres el de vierges, par les lautes ou les cri-
mes de ses enfauls infidèles. Mais ils ne se
bornent pas a rechercher ces scandales.
Quand ceux-ci leur font delaut, ils en in-
ventent. Pen leur importe d èlre bieulót
convaincus de faux. Aprés avoir vomi la
calomnie dans les deux moiules, comme
ils le faisaient hier èncore au sujet des
carmélites de Cracovie, ils se gardent bien
de confesser ensuiie la vérite reconnue,
ou ne la confessenlqe a demi, laissant ainsi
le mensonge tromper les bons, réjouir les
méchants et ameqler les Ion les aveugleset
irritées contre les institutions les plus sain-
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Poperinghe- Ypres, S-1 7-29,9-30,10-58,2-13,5-05,9-20 Ypres-Popermp/ie, 6-30,9-07,12-Q3,3-57,6 50,8-43,9-50. Po-
peringhe-Hazebrouck, 7 13, 12-25, 4-17, 7-13. - Hazebrouck Poperinghe-Vpres, 8-38, 10-00, 4 10, 8-25.
Ypres-Ruulers, 7-50, 12-25, 6-45. Roulers-ijpres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-Zfrwjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv.- Thourout, 4-23 m. Bruges-Rouiers, 8-25,
12-50, 5-13,6-42. Lichtervelde-Cowtmi, 5-25 m. Zedelghem Thourout12-00.
Ypres-CWftvu, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Cotirtrai- Ypres, 8TÜ8,11-02,2-56,5-40,8-49.
Y pres-Tliourout, 7-13, 12 06, 6-20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhemarck). Thouroul- Ypres, 9-00, 1-18, 7-45,
(Ie Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton-Le Touquet-flouplines-ArmeMfó'éres, 6 00, 11-30, 3-33, (les Merer! 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-IJoupli-
ues-Le Touquel- Warnèlori-Comines 7 -40,2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8-00 s.) Comines- Wamèton
Lundi 6 30 s.) Warnêton-Comines 5-30, 11-10, (le Lundi 6-30 s.)
"-13,6-42.
3-40, m. 9-30 s. (le
Courtrai-önzpes, 8-03, 11-00, 12-35, (L.
Bruges-Courtrai. 8-25, 12-50,
3-15), 6-53. (9-00
(Lichterv.)
(bas-<in).7 00,7-36
J - «llpVI IIIUIIO
11-20, 4-39. Deynze lnget,munster, 9-10 2° cl, 8-20 s.
•Ingelmunster-zfwsep/im, 6-05, 12-10, 6-15. Anseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-45.
:Lichtervelde-Dixmude-Funies et Dankerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-54. Dunkerke-Fames-Dhrnude et Lichte:'velde6-53, 11 15,
3-45, 5-10.
Dixmude-Nieupoit, 9-85, 2-20, 8-40. Nieuport-DixTOwde, 7-40. 10-45, 12-00, 4-23.
Thourout-O.vto/dc, 4-50, 9-15, 1-50, 8-05. Ostende-77io?zröMt, 7-55, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaete-i/ee/oo, 9-05, 1-23, 8-23. Eecloo-Selsaete, 3-38, 10-15, 4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-13, 7,23. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43.
Selzaete-Lokeren, 9-04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se^aefe, 6-00
Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4-40.
10-23, 4-43. (le Mardi, 0,30.)
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COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
6,40
9,20
10,55
1,35
12,33
2,23
COURTRAI, TOURN'Al, LII.LE.
Courtrai dép.
Totirnai arr.
Li He
7.00
7.51
8.35
10,5t>
11,47
11,55
2,84
3,48
4,00
3,45
0,06
5,34
6,29
0,32
ö,38.
9,16.
8,47.
9,41.
9,33.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép. 6,42 12,31
Gand arr. 8,01 1,52
bruges, GANnbruxelles.
3,47 6,40.
5,03 7,56.
Rrtiges dép. 6,49 exp. 12,39 3'34 exp. 6,43
Gand arr. 7,34 1,34 4,19 7,38
Bruxelles 8,50 4,05 5,26 9,31
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
Bruxelles dép.
Gand arr.
Bruges
ss.
BRUXELLES, COURTRAI.
5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
8,00 10,43 2,41 7,53 8,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,20 8,23 11,03 2,82 5,20.
5,45 8,56 11.34 2,47 3,39.
6.37 9.47 12,26 3,42 6,36.
GAND, COURTRAI.
5.38 9,39 1,28 4,24 7,21.
6,57 10,52 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GANO, BRUGES.
8,14 11,33 3,12
6,00 9,41 1 23 4,26 exp. 6,37.
7,13 10,34 2,38 3,11 7,22.
ET LES PROHIBITIONS ÉPISCOPALES.
Suite. Voir Ie N° précédent.
CH.VPITRE II.
ou l'africain cause BE L AFRIOUE.
UN ÉPISODE DE LA GUERRE DE CONSTANTINE.
Décidément, dil tout a coup le veteran,
ces consents sont de vrais soldats et ils se battent
en grognards.
Comment Pancien, interrompit vivement le
zouave, vous appelez conserits des troupiers cuils
et recuits an soleil d'Afrique, el qui, pendant dix
ou douze ans. ont guerroyé contre la bédouinail-
le fanatique de Kader.
L'Afrique! L'Afriqueune bonne ëcole sans
doule, ii défaut d'aulres. pours'enlretenir la main;
mais poiirtant ce n'est point grande giieitre.
C'ëtait une rude guerre, oft Pon avait a
comb Hire a la fois contre tin elimat dévorant et
contre des ennemis infaligabies, aussi prompts a
I'altaque que stihtils a la fuite, vous glissant sous
la mam comme des fanh'unes, ou qui, si on pou-
vait les joindre, enragés a se défendre. étaient de
ceiiv qu'il f.uit luer deux fois, selon l'énergique
expression d'un brave général. Cette guerre-la,
dins ses fastes héroïques, peut citer aussi
de beaux fails d armes. Kappellerai-je les 123
zephyrs du capitaiue Lelièvre qui, retranchés a
Mazagran, dans une bicoque, linrent en échec
pendant plusieurs heures cinq ou six mille Ara
bes. acbarnés en vain, dans cent assauts furieux,
a forcer derrière leur frêle abri celte poignée de
héros?
J'ai sousci it pour la colonne de Mazagran.
comme invulnénible. ne se lassait pas de revenir
a la charge, et toujours avec le même bonheur. Le
général Bonaparte a la fin s'en irrite. elsetournant
vers tin des guides de sou escorte d lui tend un
pistolet chargé en lui désignant du doigt le ma-
meluk.
Compris, mon général, dit le brave qui,
s'élancant hors du carré sur la trace du cavalier
ennemi, a inoitié perdu déjii dans un nuage de
poussière, Ie rejointau milieu des siens et lui bril
le ia cervelle. Queluiics minutes a peine s'étaient
éeoulées qu'il se présentait devant le général el
lui remettait son pistolet avec ce simple mot:
ii Mort. mou général
Autre trait du même soldat. A Saint-Jean d'A-
cre, je crois. le général Bonaparte s'élail placé un
peu léniérairemriil sur l'affüi d'un canon, afin
d'observer l'effet d'une batlerie eunemie qui pro-
fitait de la circonstance pour tircr sur lui a picine
volée. Notre soldat s'en apereoit: Le général
croit done que ce sont des oranges? dit il, el le
prenanl a hras-le-corps il Tenlève de ce poste péril-
leux. I n officier qui I y remplace est emporté aus-
sitót par un boulet. Exeusez, mon général, dit
alors le soldat en faisant le salut militaire, mais la
France a besoin de vous.
Lne autre fois. uue bomhe vient tomber aux
pieds du général en chef; nolre inlrépidc, présent
encore, se jelle au-devant dn général et le couvre
de sou corps jusqu'a cc ijiic Ie projectile ait éclaté,
heureusemeiit sans hb sscr ptr.souue. Voila de ci s
trails qti'on anile ii redire, paree que le soldat fran
cais s'v peint tont entier avec sa presence d'csprit
et ses instincts d'héroïque dévouement. Saus comp
ter qu'il est humain et géncreux. Celui dont je par
le, deux ou trois années auparavanl, cn Europe,
avait fait prisonnier un uapitainc francais émigi'é,
qui, se voyant ii sa merci ct ernignant qu il tTcn
abusal, s'enipresse dc tircr sa montrc pour la lui
olTrir.
Voire montrc, répond le soldat en repoiis-
sant 1c bijou de la main, merci dc Tintentian; mais
je n'ai pas besoin de cc cadeau pour apprcridi e a
respecter un ennemi désarmc. I'.utrc braves gens
on se tue, mais on ne s'assussme pas. Gante/ voire
niontre. capitaiue; loin dc vous la prendre, c'est
moi, au contraire, qui veux vous tn donner une
plus belle.
Le matin, par «venture, on avait capture sm
foiirgon chargé d hot logerte. et le soldat avait eu
pour sa pari quelques inoiitres. II forea so» pri
sonnier, avanl de Ie laisser partir, a prendre I une
et qui n'était pas la moins précieiise.
Eh! eli! moo ancien, dit lesergent, cebrave,
je crois le connaitre; si je me liompe, devenu ge
neral. il fill ee fameux la J ambe de Bois qui,
commandant a Vinceiines el sominé de se rendre,
répondait au general ennemi: Altaquez, general,
el nous anions l'agiéinenl de sauter en lair en
semble el de dégringoier (Ie compagnie. El a
une autre pareille soaiuialiuu, il fa is a it cette re-
poiise que lout Ie monde eonuait Je vous ren-
drai le for!, quaud votis ui'auiez rendu ma jam-
be.
Mon soldat, en effi t, c etait Datiménil. Tu
savais celte Iiitoiri.-
Oui mon ancien, qnelqu'un qui n'est pas
loin me l'avait raconlée d'éjïi. Mais je ue me plains
pas de Veulendre pour la seconde et même la troi-
sièmc fois.
Moi, c'ëtait la première, dit le jeune soldaty
et je ne m'eu conleulerai pas. a continues.
Eh bien vous avez fait. Vous n'avez pas ou
blié noil plus eet épisode de la retraite de Con-
staii11ne: Notre arinéé, aprés une attaque iiifruc-
tiieuse, manquant de munitions, presque de vivres,
et conlrainle a lever Ie siége, opérait péniblement
sa retraite, harpelée par un ennemi que nolre in-
sueeès avait rendu plus audaeieux. II y eut un
moment critiijue. presque un commencement de
désordre par suite de la precipitation du mouve
ment rétrogai de et des circonslanees défavorables
du terrain. On pouvait craindre un de ces sauve
qui peut irrefléchis, cause ordinaire des grands
désaslres. Quelques tirailleurs et une compagnie
réduite a 300 hommes protégaient seuls Tarrière-
garde. Les tirailleurs sont forcés et sabrés. Mais
les trois rents braves électrisés par celte béroïque
parole du commandant Lhangarnier: Ils sont
mille, ct vous êles trois cents, vous vovez bien
que la partie est égale! les trois cents braves se
forment en carré; puis le doigt sur le détente, ils
attendent les cavaliers tnaures et les saliienl a bout
porlant d un feu terrible, qui en couche bon nom-
bre sur le carreau. Les autres, rendus plus sages
par cette lecon, se tinrent dès lors ii distance.
Voila de beaux traits, je crois.
CHAPITRE III
Ou I.E VÉTÉRAN PRE1ID LA PAROLE. ÉpiSÖDE
DE LA CAMPAGNE d'ÉgYPTE. d'uN V A1L-
LANT MAMEI.UK QUI TROUVA SO.N AIAITRE
Et sergent, répoudit le vétéran, on sait ce
que valeut nos Africains el on n'enteud point leur
faire lort. Vous et ces jeuries geus, vous avez du
bon sang dans les veines. Je n'ai voulu que main-
ten r les droits des ainés. Dans ee temps-la aussi
l'on était brave, brave. A mon tour. je citerai
quelques exemples, les premiers qui me revien-
nent ii la pensée. Marmol alors el ballant la eaisse,
j'ai vu les faits que je raconte et qui, par la vivaei-
té des impressions premières, sont reslés forte-
ment dans mon souvenir.
Dans la campagne d'Egypte, a cette bataille
des Pyramides oü quarante siècles a la voix dn
héros se dressèrent pour contempler notre gloire,
on sail que Tarmée francaise, ton te composée
d'infanterie, se vit enlourée et comme cernée par
la cavalerie ennemie quatre ou cinq fois plus num.
breuse. Le génie du général en chef sut parer a
ce désavantage. II forma ses régimeiils en carrés
profonds, vivantes forteresses qui opposaient aux
attaques de Tennemi une infranchissable barrière
de fer et de dammes, et, par intervalles, s'ouvranl
comme le cralère d'un volcan, laissaient ('artille
rie vomir sa mitraille. Vainement les mameliiks se
mant par avalanches contre ces lerribles remparts,
essayèrent d'v faire brèche; leurs chevaux, venant
se piquer ii la pointe des baïonnettes, se rejetaieut
violemment en arrière, entrainanl au loin leurs ca
valiers quand ils ne rouiaient pas avec eux sur le
sable. Si, dans nos rangs, les balles ennemies fai
saient quelques vides, nos décharges, régulières
et lont autrement nourries abaltaient les hommes
par centaines, pendant que l'aitillerie emportait
des escadrons entiers. Alors, foils de désespoir,
lis mameliiks renonvelèrent furieusement leurs
attaques; quelqiies-uns pour onvrir une Irouée a
tout prix laricaienl leurs chevaux comme il Tesea-
lade lont au travers des baïonnettes; d'autres plus
habiles passaient ii loute bride devant les carrés,
le lemps seulement de lacher la détente et de tuer
un homme. Ce manége souvent répété devenait
inquiétant. Un des cavaliers surlout, qui semblait