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LES TROIS INVALIDES.
Mercredi 22 Juillet 1874.
annee. N° 893.
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Le Journal pa rait le Mercredi et le Samedi. Les insertions content la centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. In numéro du journal, piis au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplémentaire's commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
C 11 E tl I V S 1>G F G H.
LA LECTURE DES MAUVAIS J0URNAUX
Suite.
II.
Voici maintenantla grande question: Peut-
on lire en süreté de conscience un mauvais
journal?
Non: c'est un pêché grave. Car un mauvais
journal est un mauvais livre, et la lecture en
est defend tie: 1° par la loi naturelle, qui
nous prescrit d'éviter tout ce qui est un
obstacle au sa 1 nt de noire ame, tout ce
qui nuil en quelque maniére que ce soit a
noire bien spiriluel; 2" par le droit divin
posilif, promulgué par saint Paul, qui fit
bruler a Ephése les Iivres d tin art super-
slitieux; 3° par le droit ecc.le.siusliqne
c est-a dire par les décrets des anciens con-
ciles de l'Eglise, renouvelés parordredu
concile de Trenle dans les Regies de fin-
dex. Celle décision est des évèques de
Bruges et de Liége (Inslruclio practica pro
con/essariis circa obligationem et rnodum
extirpandi leclionem pravorum librorum et
diariorurn.)
Ces feuilles impies, dit le cardinal vicai-
y> re do Rome, sont lues des fidëles par curio-
silé; el les s'introduiserit dans les families
chrétiennes sans qu'on réfléebisse au trés-
grave danger qui en résulle surtout pour
les ames et les cceurs des jeunes gens, qui
>i boivenl ainsi Ie poison de l'incrédulilé
avanl d avoir goülé peul-èlre le lait de la
religion. II fa ut done que les RR. curés
prennent soin de declarer que le droit na-
turel lui mème défend au.x calboliqnes la
lecture de pareils journaux, a cause du
danger Irés-prochain oü eux calholiques
se trouvent de perdre la foi; et que, com-
me il s'agit d'un préceple en matiére gra-
ve, 1'infraction rend les transgresseurs
coupables non d'une faute legére, mais
d'un péché grave Circulaire aux curés
de Rome).
Lire un mauvais journal est done une
faute grave, s'y abonner est un péché plus
grave encore. II faul entendre icUes sévéres
avertissemenls des évèques de Suisse: Com-
ment un père chrétien pourrail il souffrir
un semblable journal dans sa maison?Cet-
te feuille n'apporterait-elle le scandale dans
sa familie qu'une fois par semaine, com-
ment oserait-i 1 encore la conserver? Non!
non! nons-écrions-nous avec Saint. Jean:
Ne Cadmetlez pas dans voire maison. Si
un impie ou un séducleur s'introduisait
chez vous, esl-ce que vous n'auriez pas
soin de prémunir contre lui toule voire
familie? Comment, dés-lors. laissez-vous ce
corrupleur silencieux enlrer chez vous?
Ne poursuil-il pas ses mauvais desseins
avec plus d'assiduilé, plus de secret et plus
de perseverance? Le scandale est le scan-
dale, et la responsabilité en relombe sur
quiconque s'en rend coupable. Fermez
done a tout mauvais journal l'entrée de
voire demeure, autrement sur vous aussi
retombera dans tonte sa rigueur l'arrèl
redouialile deja prononcé par l'apólre: Si
quelqu'un n'a pas soin des siens, etsur-
tout de ceux de sa maison. il a renié la
foi, et il est pi re qu'un infidéle (1 Tim.,
v, 8). Mais ce n'est pas seulernent de vos
enfanls et de vos inférieurs que saint Jean
exige que vous eloigniez quiconque ne
professe pas la docirine de Jésus-Christ. Le
préceple qu'il impose est d'une acceplion
universelIe: Si quelqu'un vierita vous qui
ne vous apporte point celte doctrine, gar-
dez-vous de le recevoir dans votre mai-
son, et ne lui diles pas mème salut, car
celui qui le salue communique a ses oeu-
vres mauvaises. Done, quiconque recoil
un journal hostile a l'Eglise participe par
cela mème aux oeuvres mauvaises de ce
journal. Oui, l'argent de votre abonne-
ment est un soutien que vous fouruissez,
une contribution de guerre que vous sol-
dez aux enuetnis de la religiou el de 1'EgJj-
se. Et dans quel but? C'est afin que ce jour-
nal poursuive son oeuvre avec plus de
succès. Par la, vous l'aidez indireclement
a combatlre l'Eglise, notre mére; tandis
que la bonne presse, qui se devotie a la
defense de celle mème Eglise, vous l'a-
bandonnez a son dénuement; vous allez
mème jusqu'a lui refuser une mesquine
auinóne, el souvent, au lieu de voire obole,
vous ne rougissez pas de lui jeler l'insulte
du dédain.
Toutefois, cette cooperation matérielle
ne rend pas, n'épuise pas toute la pensée
de l'apólre. Ne dit il pas en termes for-
mels: «Celui qui le salue participe a ses
oeuvres mauvaises?» Sans aucun douleet
avec raison vous metlriez a la porte un
élrangcr qui viendrait chaquejour dans
votre maison insulier votre vieille mére.
Or, voila un journal qui se présente chez
vous, et qui, chaque semaine, pour ne pas
dire chaque jour, outrage et diffame votre
sairite el vénérable mére, l'Eglise catholi-
t|ue. Non seulernent vous lui prètez l'oreil-
le, mais, ce qui est pis encore, vous osez
lui payer son effronlerie argent comptant.
Agir de la sorie, u'est-cc done pas vous
rendre complices de ses oeuvres mauvaises?
N'est-ce pas une conduite déplorable?
ill.
A ces décisions magistrales on oppose
qnelques objections dont il fant examiner la
valeur.
i° L'Eglise, dit-on, a condamné des li vres,
mais les journaux ne sont pas des livres.
Distinction futile, répondent les évèques
de Bruges et de Liége. Ce que l'Eglise pré-
tend, c'est de préserver les ames d'un dom-
mage que les journaux aujourd'hui leur
causent encore plus que les livres. Qu'im-
porte que le poison soit offert dans une cou
pe d'airain ou de verre, s'il donne la mort
(Inslruclio practica, etc.)? D'ailleurs, on a
vu plus haul que les lectures qui meitent en
péril la foi ou les mceurs sont inlerdiles par
la loi naturelle.
2" L'Eglise ne peul pas juger d'avance et
condamner les journaux avant qu'ils aient
parit. Vaine sublilité, répondent encore
mérnes évèques. Les journaux sont eonnus a
l'avance par le but que se proposent les ré
dacteurs, par leur programme, par les arti
cles precedents, par les vues el lesespéran-
ces de ceux qui les propagent. Ou prévoit
avec .certitude ce que les feuilles contien-
dront dans leurs colonnes; ni ami, ni enne
mi, personne ne s'y Iroinpe. Et l'Eglise n'au-
rait pas le droit de prévenir par une prohi-
bilion un mal que lout le monde voil venir!
3° Mais, reprend-on, il n'est question dans
ces journaux que de politique, et l'Eglse n'a
pas a s'en mèler. C'est une erreur. L'E
glise est juge des doctrines qui loucheut a sa
constitution et a ses droits, qui conlribuenl
au progrés on a la corruption des mceurs,
qui défendent ou s'efforcent de renverser la
loi de Dieu. Or, de nos jours, attaquer l'E
glise, calomnier le clergé, couvrir do mépris
ou ébranler les institutions religieuses, ra-
baisser les calholiques, vanter les ennemis
de la foi, lacher la bride aux vices, repous-
ser les bonnes oeuvres, encourager le mal,
enlraver le bien, c'est toute la politique de
bon nombre de journalistes. Celte politique-
la regarde la religion, puisqu'elle Fattaque
en face; done l'Eglise a Ie droil de la juger et
de la condamner. En 1832, qnelques faux
politiques de Suisse soumireni au Sainl-Siége
ces trots questions: 1° les journaux sonl-ils
soumis a la censure de l'Ordinaire, mème en
ce qui regarde les opinions politiques? 2°
Cetle censure peut-elle atleindre les articles
oü sont. raconiès des événements histori-
ques? 3° s'étend-elle a toute espèce d'écrits,
qu'elle qu'en soit la forme et la teneur? La
réponseii ces trois questions fut affirmative.
Et, en effet, les pasteers ne pourraient pas
juger des palurages qu'ils doivent offrir ou
interdirea leur troupeau. si leur autorité ne
s'étendait pas sur tons les écrits qui s atla-
quenl a la foi el aux mceurs. (Méme docu
ment).
4° On dil encore: II faut bien savoir ce que
disent el objectent nos adversaires. lei,
répondent les évèques de Suisse, nous dé-
elarons que ceux-la seuls qui. par elal ou
par devoir, sont appélés a défendre la vé-
rité et la justice, com re le mensonge et
Terreur, out besom de savoir ce que nos
adversaires disent el objeclenl. A cela prés,
celle proposition est faus<e en lout point.
Ou bien faiidra-l il admetire qu'Eve, a qui
le coiiirnandement de Dieu élait connu,
avail raison d'inlerroger le serpent pour
savoir ce qu'il pensail?... Jésus-Chrisl ne
vous a-l-il pas appris it répéter dans vos
prioresNe nous induisez pas en tenta-
tion (Math, vi, 13)? Ne soyez done pas
téméraires au point de vous exposer vous-
mérites a la tentalion.
Mais je connais ma religion et je sais a
quoi rn'en lenir sur les questions débaUties
dans les journaux. Eli bien! c'est deja
un trisle intlice lorsqu'on ose sexprimer
avec une lelie confianee dans ses propres
forces; ce n'est pas le langage (Tune ame
pure et craignant Dien. Trop souvent une
triste expérience vient le démentir. Vous
aurez beau dire, un journal impie est tou-
jours un tentaleur et un séducleur. Et ce-
lui qui chaque jour le recoil chez lui et
s'entretient avec lui, expose ainsi sa foi et
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Poperinghe- Ypres, S-1!>,7-23, 9-30, t0-58,2-13,8-05, 9-20. Y pres-Papering he, (5-50,9-07,12-03,3-57,6 50,8-45,9-50. IV
peringhe-Ilazebrouck, 7 t3, 1*2-"25, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghe Ypres, 8-35, 10 00, 4 10, 8-'25.
Ypres-Roiilers, 7-50, 1*2-25, 0-45. Kouters- Ypres, 9-25, 1-50, 7-50.
Roulers-tfrwjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-55. Lichterv.) Lichterv. Thourout, 4-25 m. Bruges-Routers, 8-25,
12-50, 5-13,6-42. Lichter velde-Courtrai, 5-25 m. Zedelgliem-Thourout, 12-00.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Coiirtrai- Ypres, 8-08,11-02,2-56,5-40,8-49.
Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (le Samedi a b-50 du malin jusqu'è Langhemarck). Thourout-Ypres, 9-00, 1-18, 7-45,
(le Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêtoii I.e Touquei-llouplincs-Amewtières, 6 00, 11-80, 3-35, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armentières-Houpli-
nes-Le Touquei-Warnêion-Comiwes 7 -40, 2-00, 4-45. (le Merer. 10-35 m. 8-00 s.) Comines- Warnêton 8-40, m 9-30 s. (le
Luridi 6 30 s.) Warnêlon-CWimes 5-30, 11-10, (le Lundi 6-50 s.)
Courtrai /trages, 8-05, 1 1-00, 12-35, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CowO*ai, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Elal) 6-50,7-30,9-45,11 04,2 23,2-50,5 20(exp.) (S 5-50)7-38 (exp.)8-43. (bassin) 7 00.7-36,
9-51,11-10 2-31,2 36,5 26(exp.)(S 3-36)7-41 (exp.) 8 31.Heyst, Blankenberghe, Bruges, 5-43,(L. 7-20) 8,30,11-23.1 23,2-43
(exp.)4-10.5- 30,(D. 6 13)7-28. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-35,11-55,1-45,3 05(exp.)4-30,6 00(1). 6 35)7 48,9-00.
lngelmunster Deynze Gand3-15, 9-41, 2-18. Ingelmunster-flei/rrse, 4-30 2' cl., 7-18. Gand-Deynze-/»</elmims(er, 6-58,
11-20, 4-39. Deynze Inge/munster, 9-10 2ccl, 8-20 s.
Ingelmunster-.1ws«//te»i, 6-03, 12-10, 6-15. Anseghem-lngelmunster7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmade-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-10, 1-33, 7-54. ZViAerAe-Furnes-Dixmude et Lichlervelde, 6-58, 11 13,
3-45, 5-10.
Dixmude-iWewporl, 9-58, 2-20, 8-40. Nieuport-Dfrwmcfe, 7-40. 10-48, 12-00, 4-23.
Thourout-Ostordc, 4-50, 9-15, 1-50, 8-03. Osteiide-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 23, 6-15.
p dzaete-iiec/oü, 9-08, 1-^5, 8-28. Eecloo-Selzaete, 5-38, 10-15,4-22.
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-18, 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 1*2-40. 7-43. Terneuzen-Gawf, 6-00, 10-30, 4-40.
Selzaele-Lofterew, 9 04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 3 10 m.) LokerenSelzaete, 6-00,10-25, 4-45. (le Mardi, 9,30.)
C O I
COURTRAI,. BRUXELLES.
Courtrai dep. 6,40 10,55 12,33
firuxelles arr. 9,20 1,35 2,25
COURTRAI, TOURNAlI.ILLE.
Courtrai dép. 7.00 10,86 '2,84
Tournai arr. 7,51 11,47 3,48
Lille 8.33 11,55 4,00
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép. 6,42 12,31
Gand arr. 8,01 1,32
aasPonrriAirciis.
BRUXELLES, COURTRAI.
3,45
0,06
6.38.
9,16.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22
8,00
8,28
10,43
12,21
2,41
5,33
7,53
6,47.
8,44.
LILLE, TOURNAl, COURTRAI.
5,34 8.47.
6,29 9,41.
0,32 9,83.
3,47
5,03
6,40.
7,36.
Lille dép. 5,20 8,28 11,03 2,82 5,20.
Tournai arr. 5,48 8,56 11,34 2,47 8,39.
Courtrai 6,37 9.47 12,26 3,4*2 6,36.
GAND, COUllTRAl.
Gand dép. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 6,87 10,52 2,49 3,31 8,42.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép.
Gand arr.
Bruxelles
0.49 exj)12,39
7,34 1,84
8,30 4,03
3'34 exp. 6.43
4.19 7,38
3,*26 9,31
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dép. -7- 8,14 11,53 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 I 23 4,26 exp.
Bruges 7,18 10,34 2,38 3,11
6,37.
7,22.
ET LES PROHIBITIONS ÉPISCOPALES.
Suite. Voir le N° précédent.
CH A PIT RE IV.
Ou LE VETERAN CONTINUE SON REGIT. ÉpiSO-
SODF.S DU SlF.e.E DE DaNTZICK. L.V COMl'A-
CN1E INFERNALE ET SES AUDACES. l) N E
KOUVELI,E AIAN1ÈRE DE POSTE AUX LETTRES.
Ecoutez un atiIre récit, jeunes gens, ce
sera le deruier.
A une époque plus rapprochée, je me trouvais
a Danlzick, pendant le fameux siége de 1813. J'v
fus iénioin des ineroyables fails d'armes accom"-
plis par celle Compagnie Franehe que les rnne-
mis. dool elle étail la terreur, avaienl baplisér:
Compagnie Infernale. l)rs diables en effet, que
ces braves, mats de bons diables, pour leurs amis
s entend. Les exploits de celle poignée de héros
semhlenl labulrux el rempliraieni des volumes:
je ne veux eiler qu'un on deux fails cependanl.
Ala faveur dun incendie considérable qui se
déclara dans la ville. I ennemi s'empara de la
ledoute Frioul, poinl d'une grande importance.
Le commandant de la compagnie Tranche, M.
de Chambure, l'ame de ces vaillants, en est avci li
et il sélance a la têle de ses braves pour recon-
ipiérir la position. Mais Ie comte Rapp. gouver
neur de la ville qui le rencontre, infornié de son
dessein, l'arrête.
II est li-op lard, dit le général, les Itiisscs
ont pu s étabhr dans la redoute; il fautlrail sacri-
fier beaucoup de monde pour la reprendie avec la
certitude, malheureusement, de ne pouvoirs'y
main tenii'.
Mon général, si vous le permettez, mes
braves aiirout cel honneiir apres avoir vengé
leurs camarades.
Ooi, secricnl a l'ruvi les soldals, a la baïon-
nelte! rn avanl! sans hnijer mie eartouche!
Mais, mes enfanls, reprend Rapp, ils sont
qua!re eorilre un
Tanl iiiieux. général!
Et retranchés!
Bon moven pour qu'ils n'éehappenl pas, on
les prendra la coirime dans une sonricière.
Rapp n insist,i plus el laissa ces inlrépides fibres
de risquer 1'aveiilure; mais il lil quelqiies disposi
tions pour couvrir au besoin leur relraite.
Allons. camarades, dit AI. de Chambure,
maintenant il ne faul pas en avoir le démenti. Au
pas de course d'aliord. et puis, en approchant de
la bicoque. Iont le monde sur le ventre el qu'on
fasse la cotilcuvre jiisqn'au pied de la palissade.
Alarehe!
On sélance. La nnit obscure d'nn eöté. en
mème temps que la reverberation des Dammes de
l'autre, protégeaient les assaillants qui bientót
arrivenl en rampant jusqu'aux palissades. Les
escalader et enfoneer les portes est pour eux l'affai-
re d'un instant. Les Russes, surpris par l'aiidace
de celle attaque imprévue, après avoir eu quatre-
vingts hommes tnés, (rente laits prisonniers, s'é-
ponvanlent el prennent la fuite, entrainant avec
eux les quatre cents Iravailleurs oecupés a la Iran-
chée. La compagnie franehe n'avait a regreller
que six tnés et sepl blessés.
La redoute est a nous, fail dire Al. de Cham
bure au comte Rapp; la compagnie réclame de
nouveau Ihonneur de la garder. On ne songea
pas a le lui refuser.
Le lendemain,'Rapp vint rendre visite a ces
braves, et devanl eux deinanda a leur chef de lui
designer ceux qui méritaient plus parliculière-
ment une compense. Alais tons d'un élan unaoiine
de s'écrier: Pour toute recompense, nous de-
mandoiis i|ue la compagnie franehe porie le nom
de son capitaine. Qu'admirer le plus de ce
sublime désinléresscment, on de eet indomptable
courage?
Je penche pour le désintéressement, mur.
mura le jeune soldat.
Aloi, moi, je ne sais pas trop, dit naïvement
le zouave. Alais comme on aurait done voulu être
lii pour taper avec eux sur messieurs les cosaques!
-- Voici, reprit Ie véléran, qui semble plus
étonnant encore. Les Russes, au nombre de deux
mille, occupaient en face de Danlizck, le village
de Bonsac, d'oii Al. de Chambure résolut de les
débiisquer. A miniiit. la compagnie franehe s'em-
barque sur des hatelrts et trarersanl la Vislule,
aborde ii pen de disl.inee du village. Les Russes
dormaient conlianls dans leurs seiitineiles; mais
celles-ei surprises tornbent sous la baïonnette.
Aos braves alors, se precipitant dans le village,
égorgent les ennemis qui l'un après l'autre sortenl
eirarés des maisons el veutent en vain arrëter ce
torrent. Les magasins sont la proie des Dammes
qui dévorent les affi'its des canons encloués, puis
nos inlrépides, ehargés de butin. regagnent le
rivage. 0 malheur! les barques, mal amarrées
lors de la descenle. Ooltenl au loin emportées par
le courant, et les Russes, de plusieurs éólés ii la
fois. arrivenl en criant: Vengeance! Alais quel
peril peut élonner nos braves? Formés en colonne,
ils s'élancent a travers les balaillons ennemis,
écra'sent tout ce qm leur fait obstacle en laissant
derrière eux une longue trainee de sang et de
cadavres, puis gravissant les cótes escarpées et
passant ii la nage lac, rivière ou fleuve, ils rentrent
le lendemain matin inoniphanls dans la ville ou la
garnison, qui les rroyait perdus, salue leur retour
des plus chaleureuses acclamations.
IJne hisloire encore sur ees vaillants. Celle-la,
vous la connaissez peul-èlre, car elle a inspire les
faisenrs d'images; mais n'importe. c'est trop beau
pour s'en laire (|uand on par Ie du siége.
Une nuit, Al. de Chambure dormait par hasard
car il n'en faisait guèrc une habilude. II dormait
tout habillé quand une bombe vient tomber au
milieu de sa chambre oil elle éclate. Imaginez le
tapage, et si les porcelaioes, pendules el meubles
se trouvèrenl bien des éciaboussures. Le fracas de
l'explosion réveille en sul-sant le capilaine; on
s'éveillerait a moms. II saute en bas du lit non
sans quelque humeur: C'est VVnrlemberg qui
m'envoie ce bouquet; a la bonne heiire! mais il ne
fallail pas détériorer ie mobilier el Iroubler mon
somme. Excellence, on vous rendra la politesse...
et la bombe.
Alors ramassant une plume lombée avec la
table, il écrit sur un chiffon de papier ce billet
dont Al. de YViirlemberg eul la sotlise de ren-
voyer l'original au lieu de le faire encadrer pour
le suspendre dans son salon comme son plus bel
ornement. Jugez-en:
e Prince, vos bombesont trouble mon sommeil;
j'ai résolu de faire une sortie avec mes braves pour
cnclouer les mortiers qui les ont lancées. L'ex-
périence vous prouvera. Monseigneur, qu'il ne
faut jamais réveillt-r le lion qui dort.
•i Danlzick. 13 Novembre 1813, un quart
d'heurc avant ma sortie.
C'est crane! exclama le zouave.
Fameux style, en effet' D'autant que ce
n'était point une fanfaronnade. AIde Chambure
descend de sa chambre; les bonimes, endonnis
encoic en dcpil tic l'explosion par ('habitude de
celle musique, s'éveillent au roulement du tam.
bour. Rienlót tons sont sur pied. Al. dc Chambure
leur lit sa letlre, en ajoutant:
Ales amis, il s'agil maintcnant de porter le
billet ii sou adresse. Vous savez, comme moi,
d'oii nous toinbent avanl le chant du coq ees
réveillc-matin: ertte maudile redoute, si gênante
ponr les aiilres comme pour nous, il ne tient qu a
vous d'cn débarrasser les camarades. Voulez-vous
me suivrc? je réponds du succès.
Alarebez, capitaine, avec vous n'irait-on pas
au bont de monde! Ce fut le err unanime.
En avanl done pour la France, et vive l'Em-
pereur!
Vive TEmpereur! répondent les braves.
Par les ordres du capilaine. on se niunil d é-
ebelles, puis on sortit de la ville en se dirigeant
vers la redoute. En un clin d'oeil le rempart est
escalade. Les Russes éperdus courent a leurs piè-
ces, mais nos Francais les devancent el s'en em-
parent avant eux. Les ennemis culbntés, tués ou
forces de prendre la fuite, ont encloué les canons
et obusiers; el dans l'un decesderniersSl.de
Chambure depose le billet en question, que Al. de
YViirlemberg reent a son premier déjeuner!
Un plat aiiquel il ne s'attendait pas. dit le
zouave, et qu'il a du troiiver de digestion difficile.
Alais, Tancien, permettez qu'a mon tour je dise
qnelques mots encore de ces eonscrits d'Afrique,
comme vous les appelez (j'ai le mot sur le coeur).
Voici par exemple un petit episode qui a bien son
mérite, racunisè devanl moi par un dc nos ofiiciers
les plus distingués.
A CONTINUER.