LES TROIS INVALIDES.
Mcrcredi 29 Juillet 1874
SDw£/
^^/QUEp^l \IP0^9~ année. N° 898.
c bi k ja i x F e ic.
A l'ambueance! Des aiorts sublimes!
iA
>-
33
>-
Le Journal paraiI !c Mcrcredi cl !o Samitli. Les insertions content lu centimes la ligne
Les numéros supplémentaires commandos pour
3.— Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la lignc.- Un numéro du journal, pris an Bureau, 15 centimes.
articles, Réclames ou Annonces, coülent 20 Ir. les 100 exemplaircs
Gaud
LA PRESSE INFAME.
Tont Ie monde sail l'ignoble conspiration
onrdie paria presse du trottoir contrc tout
ce qui de prés ou de loin louche aux hom
mes et aux choses de Dieu et de l'Ëglise.
Dans la Belgjque enlièro pour ne point
parler de ce qui se pratique ailieurs il y
a des malfaileurs de plume, d'audacieux el
insaisissahles brigands, qui se cachent a
lous les coins de rue, derrière un coupablc
papier, et donnenl leurs coups de sly let
avec une basse méchanceté, provoquant cy-
niquement les baines avcugles et les stupides
vengeances de la foule, contre ceux qu'ils
signalent a ses féroces instincts.
II est aussi nécessaire qu'inulilc de pro
tester contre ces vileiiies cqlporlées de porie
en porie et dont, mallioureusement, comme
le promellait Ie chef de ces bandits, il reste
toujours quelque cbose.
Quand done les bonnètes gens compren-
dront-ils la gravilé el I'tjtcndiie de ce mal
social, de cette presse exercant partout ses
épouvantables ravages? Quand done de pi-
loyables consérvaleurs croirout-ils enfin,
que si Pon ne conserve Dieu et Ie respect
dos choses divines, on ne conservera finale-
ment rien du tout? Quand sauronl-ils, ceux
qui soutiennent par leurs abonnements, par
leurs annonces, par des sympathies quelcon-
ques, quand sauront-ils que ces insultes fian
cees chaque matin a la figure de nos prètres,
que ccs calpmnies enlassées avec un infernal
plaisir, doivent inévitablemenl provoquerde
siuistres explosions, dont les ravages porte-
ronl sur d'autres encore que sur ces cléri-
caux, objels de lahnincdu genre humain,
comme on disail jadis, comme on le répéte
aujourd'hui?
Obligés par ctal dc flairer qnejqnefois ces
ordures, nous nous demandons avec efl'roi
ce que doivent éprouver au fond de leurs en-
trailies ceux qui les dévorenl et s'en repais-
senl chaque jour avec une insatiable volup-
té. Evidcmmonl, voyant traveslis de la sorte
et voucs a lous les mépris nos prètres, nos
évèques, nos eroyances et nos ceuvres, les
lecleurs assidus, cl souvent pen éclairés, do
semblables pamphlets, doivent méditer d'ef-
frayants projets, concevoir des plans atro-
ces et se sentir gros de choses horribles, qui
sortiront a leur heure et se révéleronl en
ceuvres de ruine et de mort.
Quand, a Paris, les communards accom-
plirent les forfaits qui firent frissonner le
monde, ils ne furent que des instruments, ils
ne furent que des exéculeurs d'arrèts qui
avaient été écrits et prononcés par d'autres.
Ces aulres, ces premiers et vrais coupables,
c'élail cette bande d'écrivassiers cl'frontés
qui depuis longtemps avaient désigné les
viclimes et braqué sur la poitrinedes ólages
les fusils d'une populace égarée et ftirietise.
Et l'on sail que cc ne furent.point des sou
tanes settlement qui furent criblées de ces
balles. La robe du magistral servit aussi de
cible, tout comme quelques années plus lót,
une mème insurrection, en un mème jour,
avail massacré des génératix el fait lomber
un évèque sur la barricade. L'auraient-ils
cru ces officiers, ces magistrals, si quelque
prophéte leur eüt annoncé le sort qui les
allendait, leur eüt monlré l'endroil ou ils
allaienl tomber, mèlant leur sang avec celui
des prètres assassinés avec eux, cl piétinés
tous ensmble par la tnèine horde sauvage,
sous les mèmes cris de malédiction?
All! la presse! Quelle hideuse machine,
quel deplorable instrument, plus malfaisanl
que la guillotine, plus coupabie infinimeut
que ces inalheureux dont el le arme les bras
et exalte les eolères! II est impossible que le
tempérament le plus robuste, que la sagesse
la plus éprouvée d'un peuple, travaillée dc
la sortc el avec une telle persislance, résisle
a eel enlassement de fureurs, böurrées I'une
sur l'autre, el éclatant,par une petite et fatale
étincelle, en terribles explosions.
Nous le verrons, cela doit venir, cela est
inevitable. Les provocations se mulliplienl
de toutes parts, nos prètres, coupables d'a-
voir rem pi i leur devoir, soul ouvcrtement
désignés aux gourdins dc la canaille, I'exem-
plc déja.nous allions dire le cominandement,
part dehaulet se repèle de rang en rang,
comme un mot d'ordre qui passe jusqu'a
l'exlrémilé de la troupe.
Qu'avons-nous vu, en elïct, il y a quel
ques jours, que voyons nous, qu'entendons-
nous a nos cólés bier el aujourd'hui? Un
prètre paisible, avancé en age, respeclé par
toulc une population, accomplit avec fit plus
correcte moderation un devoir que son évè
que lui impose, que sa conscience lui pres
ent; il protestc dans des termes mesmes et
convenablcs contre une profanation publi-
qnemenl accomplie, il ne prononce aucun
noni propre, ne dit pus une syllabe qui
puisse lourner a la pcrsonnalilé; il invoque
un droit que les lois divines et liumaincs ga-
ranlissent a la fois el quo des passions ina-
vouables onl incconnu el foulé aux pieds,
et que lui arrive-t-il Muit jours a-
prés, a la porie de son église, au milieu de
son peuple slupéfailil est cravaché comme
le dernier des misérablos, devant des voyous
qui applaudissent, |>ar un brace qui, aptés
avoir accompli co vil exjiloit, monle surun
char dc Irioniphe et lanee ses coursiers pres-
quesur le corps de sa vieiiine.
Une plus vilaine action ne fut jamais com-
mise, ni en de plus odieuses circonstanees.
II faul cliercher derrière les verrous, des
gens eapablesd un pared liéroïsuie. Eb bien!
cello infamie so Irouve iradiiito en belle et
bonne action, Ie ladle agresseur est porto
sur le pavois, et toule la presse libérale est
accioupie devant cetle miserable idole. C'est
une feuille des égotits de Rruxolles qui a
poussé la première acclamation el toutes les
aulres ont rèpélé son cri, depuis les plus
puantes jusqu'aux plus parfumées; et ce cri
est arrivé d echo en echo, dans les bouges
infects el dans les salons dores, et l'on y a
lu a Peilvi le récil de eelle airocilé portanl
pour lit re: Recompense tnérilée.
Encore un ou deux feits (tarcils et nous
voila en plein pays de sauvages. ct nuiis
voyons venir le moment ou le revolver se
lei a grand justicier.
Pour les bêsoins de la cause, poursauver
quelque pen les ajtparences, ou croit néces
saire encore de prèler a la victime de ce
guet-a-pens tics provocations dont il serait
impossible d'indiquer la moindre I race. C'cst
un reste de pudeur; mais an loud cc que Ton
applaudil, ce que l'on admire, ee que Foil
entend reeoinmandsr a limitation de la sec-
tc, c'est Ie coup de cravache donné a un
prètre, c'est Ie casse-tète de ces nouveaux
cannibales se brandissanl an dessus des ton
sures, avec menace, contrc quiconque osera
toucher aux fetiches du libéralisme seclaire,
dereeevoir Ie tnèmê cbatimenl.
Recompense tnérilée! cbatimcnt exemplai-
re! votla ce qui se répéte ei s'imprime en
gros caraetères. La protestation si modérée
envoyée par l'évèque de Liége el lue par le
doyeu de Limbourg sans cotnincRlaire au-
chii, se Irouve èlre une attaque d'une
violence impitoyable on y ajoute, pour
assurer l'effel, u» bout de drame avec émo-
Iion et inise-en scène; il y a des sanglols et
une syncope, coniraslant avec des paroles
violeuies et pa-ssionnées que l'on se garde
de produirc, tjuoique le lexle se puisse trou-
ver sous la main, el b piece ainsi jouée, on
arrrivc a la morale que cel te lecon laïque
apporlera quelque tempérament a la fouguc
de celle sacréo eloquence.
Uiest nauséaboiul! El pour comble d'infa-
mie on ose parler du respect des morts ct
invo<pier ropmion pubfique el la monlrer
se décbrant terriblement le mot est jus-
tecontpfr celle guerre aux cadavres; et
puis le clergé catliolique est stigmatise com
me lo rebut de Fbumamté, se inettant en de-
hors du concert des peoples, et l'on ose
invoquer la conscience publiipie, pour
qu'elle prolostc contre la lui et ouvreje ne
Cx2
O
-<
*3
co
CO
O
r-»
CO
Kfi
w
ad
O
O
r -
ca
raw»i!
tsS
Tl
33
Vl
X
*"3
O
"O
O
r*
cn
Z3
Q9
—3
73
-J
O
O'
O
CD~
cZ
-J
O
Ctl
"3
cn
D-
Qj"
QJ
3
O
CO
33
m
73
m
TJ
VJ
i
3C
CT3
>5
IV
Poperingh'e- Ypres, S-I:I,''-2U,9-30,lO-tifi,2-13,3-06,9-20 Ypres-Poperinghe, 0-30,9-07,12-03,3-1)7,0 50,8-48,9-80.
peringhë-1 lazebruuck7 13, 12 23, 4- 17, 7 13. Hazcbrouck Poperinghe-Ypres, 8-3.3, 10 00, 4 10, 8-2a.
Ypres-Haulers, 7-80, 12-28, ti-45.Kouters- iprfs, 0-28, 1-30, 7-80.
Kouters-Hruges, 8-45,11-34,1 13, (L. 5 30), 7-30, (0-33. Liclueiv.) Licliterv.-Thourout, 4-23 m. Bruges-ZfotMent, 8-23,
12-30, 3-13,0-42. LielUeivelde-Courlrai, 3-25 in. Zedelgliem Thourout, 12-00.
Ypres-Courlrai,, 3-3S-,0-40,1 1-18,2 33,3-23. (Jouitrai-Y'p/'es, 8-08,1 1-02,2-30,3-40,8 40.
Ypres-Thourout, 7 13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 3 30 du inaiin jusqu'a Langhemarck). - iliourout- ipres, 9-00, 1-18, 7 43,
(le Samedi a 6-20 du matin t|è Lntfijhemarck a Yprék).
Cornines-Warnêton Le Touquet-lloupliiios-/b'»ie»1ières, 6 00, 11-30, 3-33, (les Merer. 8-40 m. 6-30 s.) Armeiilieres-lloupli-
nes Le 'i'ouquel-Warnêion-'Comines 7 -40,2-00, 4-43r.(Ie Merer. 10-33 in. 8-00 s.)Cornines- Warnêton 8-40, m 9-30 s. (le
Lundi 6-30 s.) Warneten - Cotttlwes 3-3011-10, (le Lundi 6-30 s.)
Courtrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-33, (L. 3-13), 0-33. (9-00 s. (LichtervBruges-CoMrtmt, 8-23, 12-30, 3-13, 6-42.
Bruges, Blankenberglie, Heysl, (Ëiat) 0-30,7-30,9 43,11 0.4,2 23,2-30,3 20(exp.) (S 3-30)7-33 (esp )8 43. (bassin) 7 00,7-36,
31.llevst, Blankenberglie, Bulges. 3-43,(L. 7-20) 8,30,1 1-23,1 23,2 43
9-31,11 10.2-31,2 30,3-26(exp.)(S.3-30)7-4l(exp.)8
(exp.)4-10,3 30,(D. 0 13)7-2-5. Blankenberg, Bruges, 0-10,(L.' 7-42)8-33,11-33,1-43,3 0S(exp.i4-30,6 00(D. 0 33)7 48 9-00.
Ingelmunstcr Deynze Gand3-13,9-41, 2-13. Ingelmunster-Dei/Hse, 4-30 2'cl., 7-13. (jand-ueyme-lngelmunster, 0-38,
11-20, 4 39. Deynze Inge/munster, 9-10 2ccl, 8-20 s.
Ingelinunsler-dMseg/ie?», 0-03, 12-10, 6-13. \nses,Uam-Ingelmiinster, 7-42, 2-20, 7-43.
Liehiervelde-Dixir.ade Furnes et Dunkerke6-30, 9-10, 1-33, 7-54. /)izw4er/»«-Furnes-Dixinude el Lichlervelde, 6-33, 11 13,
3-43, 3-10.
Dixmude-iYieMpo/Z, 9-33, 2-20, 8-40. Nieuport-Dmrcizde, 7-40. 10-45, 12-00, 4-23.
Thóuroul-Ostende, 4-30, 9-15, 1-50, 8-05. Oslende-Thourout, 7-53, 10-10, 12 25, 0-15.
Selzaèie Eecloo, 9 03, 1-23, 8-23. - ^-.Uw-SdzaeLe, 3 35, 10 15, 4-22.
Gand-Ternettzen, (station) 8-17, 12-13. 7.23 (porie d'Invers) 8-30 12 40 7-4o - Ierneuzen-0;0» 0-30, 4 40.
Selzaetu-Lokeren, 9 04, 1 30, 8 30. (Ie Merer. 3 10 in.) LokerenSeliaeie, 0 00, 10-23, 4 4o. (le Mardi, 9,30.)
OH.iiiisi'oifDivivcias
COURTRAI, BRUXKLLIiS.
BRUXELLES, COURTRAI.
Courlrai drp.
Bruxelles (irr.
0.40
9,20
10,35
1,35
12,33
2 23
3,45
0,00
0.38.
9,10.
Bruxelles drp.
Courlrai a rr.
5,22
8,00
8,28
10,43
12,21
2,41
3,33
7,53
6,47.
8,44.
COURTRAI, TOURNAILil.I.E.
Courlrai drp. 7.00 10,50 2.5)4 5,34 8.47.
Tournai urr. 7,51 11,47 3,48 0,29 9,41.
Liile 8.33 11,53 4,00 0,32 9,35.
COURTRVI, GAND.
Courtrai drp. 6,42
rion.t arr_
l.i He drp.
Tournai arr.
Couilrai
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
5,20 8,23 11,03 2,82 5,20.
5.43 8,50 11,34 2,47 5,39.
0,37 9.47 12,20 3,42 0,30.
GAND, COURTRAI.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
12,31
1,52
3,47
3,03
6,-40.
7,30.
Bruges drp.
Gand arr.
Bruxelles
bAAU, DltUAtblXJ.
0,49 exp. 12,39 3 34 exp. 0.43
7,34 1,34 4,19 7,58
8,50 4,03 3,20 9,31
Gand dep. 5,38 9,39 1,28 4,24 7,21.
Courlrai akr. 0,37 10,52 2,49 3,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dep. 8,14 11,53 3,12
Gand arr. 6,00 9,41 123 4,20 exp. 6,37.
a 7,13 10,34 2,38 3,11 7,22.
Bruges
Suite. Voir le N° précédent.
CAAPITRE VI.
Ou I.E BLESSÉ n'txKERMANN PRF.NI) LA PAROLE.
QUEEQUES ANECDOTES. Au DRAPEAU, MES
eneants! Rafle compléte! V'la de la
VA1SSELLE
Tout cela est beau, très-bcau, dit avec emo
tion le jeune Aubin, et il faudrait ne rien avoir
dans les veines pour écouler de sang froid ces
admiralties récits. Pendant que vous parliez, mon
ancien, comme vous aussi, sergent, il me semblait
respirer I odeur de la poudrc; j'avais la fièvre.
Aussi ce n'est pas moi qui jamais so li ge ra i ra-
baisser ITtoniieur des anciens; certes, ils nous ont
légué d'illuslres excinplrs les vainqiicurs des
Pvrainides, de Marengo et d'Austerlitz, et les
v,uncus non moiiis gloricnx de Waterloo. Mais,
sans presumption, j'osc croire que les cadets ne
sont pas indignes des ainés et que la patrie, au-
jotird'liui encore, peut èlre fiére de ses cnfanls.
Assurément, mon garcon.
Ccrtcs, camarade, cl dc ben cocur jc repèle
avec. les Tares, quand ils parlcnt dc vous aulres:
Bono! bono! Vousavcz fait bravemenl vos preu-
vcs. Toi aussi tu peux nous raconter des choses
héroïques.
Inutile, mes amis, je ne voudrais pas vous
répéter ce que vous savez par coeur, grace aux
journaiix, ce que vous avez lu et relu, ou bien
entendu lire el relire.
Ne te géne pas, Aubin, uc le gêne pas.
Vois-tu, l'écrivfiin peul nous tourncr la cliosc |>lus
savamment et (lans un meilleur style, mais ca
n'aura jamais l'acccnl de celui ni a vu do ses
yeux, entendu de ses oreilles, qui peul dire:
J'étais la!
Bien oblige, sergent, je n'abuserai pas
cepcndant de la permission. Oh, n'était-ce pas un
vaillant soldat, par exemple, le lieutenant Poile-
vin, qui, !'un des premiers, escaladant les hau
teurs de l'Alma, s'en va planter fièrement sou
drapeau au nez des Rtisses, que dis-jr, ii la barbe
de leurs canons? Vous riez, zouave, et c'est vrai
que l'expression est risquée: des canons qui out de
la barbe, cela ne se voit guère; mais Ir mot était
|aché,
Va toujours, mon gargon, et dis les choses
comme ellcs te viennent.
Ils n'élaicut pas inoins admirables ces sol-
dals dTnkermnnn qui, voyant tout a coup le dra
peau tomber et disparaitre dans la mêlee, et en -
tendanl Ic cri de leur colonel: Au drapeau! mes
enfants. au drapeau! se préeipitaient sur les pas
de leurs officiers, tcte baissée, a travers les baïon-
nctlcs russes, pour ressaisir leur aigle, glorieuse-
ment reconquise en effet. Mais le brave colonel et
quatre ou cinq ofiiciers y restèrent.
Dirai-je toutes ces mcrvêilles d'intrépidité que
l'on voyait journellement dans la Irancbée, et
qu'on linissait par ne plus admirer, tant a force
dc se répéter, cela semblait naturel et facile? Une
bombe avce sa mèclic enSaminée tombe au milieu
de soldats occupés a foniller la terre. Plusieurs a
la fois s'élancent pour empêcher l'explosion en
arrachant la mèche ou rejettant le projectile par
dessus le retrauchemeut; et celui-li» est envié qui,
au peril de sa vie, a exéetilé l'aele héroïipte.
lies soldats se tiouvant de loisir par hasard,
car c'élail rare, jouaient au pii|iit:t. Uu botilet arri
ve <pii, saus blesser parsonne, fail a deux ou trois
virer de bord el ratte le jeu.
Kst-ce vcxant, s'écrie le premier qui se relè.
ve en sceouanl la terre dont il élail couvert, c'é-
tait la première fois que j'avais de Uu lont! J'ai pas
do chance; uil si beau jeu
lit les cartes tlambées, reprend un autre,
des cartes a buit sous, prix dc faclure, cl qui
avaient fait leur tour de France. Mcngiskoll est nu
OslrogolT
lit dc l ire.
Des soldats, tin autre jour, faisaicnl les prepa-
ralifsde leur déjeuner; mais ils sfiapercoivriil, au
moment de meltre la tableterre, que les
assirlles manquent.
Allendez, mes agueaux, voici de la vaiselle
qu: nous arrive, s'écrie l'«ni deux en voyant une
bombe sillier dans l'air el lomber ii quelques pas.
Le projectile éelutc, heurcusement saus touclicr
personne. Aussilót nos troupjers de coinar et de
ramasser les debris fumants, dans lesquels, pue
d'instanls après, on servait te potage.
CHAPITRK VU.
Suite du précédent. Humaxite et c.énéro-
sité. Respect aux blessé,! L'adopiion!
Je n'en linirais pas si je voulajs raconter maiul
autre trait qui téinoigne de l'inirépidilé de nos
soldats, faissant assaut de coq-a-l'ane sous les feux
d'artifice de Malakoff. Quant a leur bon coeur et ii
leurs sentiments humains pour les amis et mème
pour les ennemis, on ne peul trop les louer it eet
égard. J.'en ai vu, sous le leu Ie plus mèurlrier,
r isquer leur vie pour aller ramasser uu camarade
blessé cl souvent s'y faire tucr eux-mèmes. J'eu ai
vu sur le champ dc b.ilaille, cl dans cetle terrible
fièvre du combat, dunner a bon e li uu blessé russc:
hclns! souvent c'élail Ic coup ile l'clncr ct puur Ic
grand voyage. J en ai vu d'autres encouragcr
l'inforluné par dc bonnes paroles dont l'acccnl,
siiioii toujours Ic sens, élail compris grace au
commeiilairc d une Iralernellu poignée dc main.
Que dc lots, apiès une sanglante afi'aire, n'ai-je
pas rencontré des cainarades portanl sur ics bran
cards uu soiileuanl d'un bras ami, et avec les airs
lts pms cuinpatissanls, celui avec lequel ils avaient
croi-é la baïounelte! Moi-mêmc, 'a t'occasion, je fus
lievireux dc me dévoiter ;i cc généreux service des
ainbiilanccs. Combien d'autres trails encore ii
i'liuiiiicur des camaradcs cl qui nous révèlent
cltcz ses braves line bonté, une tciulresse dc ceeur,
iiiic délicatesse de sentiments vraiment admira
bles Vous conuaissez tons deux I anecdote du sol.
dal faisant la collecte au profil d'un pauvrc aveu-
gle. ct collo plus touclianlc cncorc dc l'eufanl lar-
lare adoptc par une compagnie.
Ouimon garcon, mais n importe! la demiè-
re histoire surlout ma fort attendri (jirind je l'en.
lend is pour la première fois, ct si le journal se
Irouve sous ta main, tu peux nous la relire.
Aubin ramassa un Co.nstitutio.nnel presque
oil lambcaux et Int:
e Les chances dc la guerre viennent dc doler
nos balailions d'un Ills adopiif auquei nous dosti -
nons pour heritage noire part de bulin Ic sac do
Sébastopol. C'est tout une hisloire, chore mere, a
lo raconter.
Dernièrement, eiitrés par hasard dans une
chaumièrt' lailarua laquelie des cosaques venaient
de inelire telen, nous reULaines- d'unc chauihre
remplie de lumée uil berceau oii pleurait uu en
fant. Nous eumes pitié de la pauvee creatine
qm fut portee au "camp. Eu attendant que I oil
puisse retronver sa familie, siellc ex.istc encore,
nos grenadiers out adopté I'cnfant. Cost un cu-
rieux spectacle dc voir ces soJdals aux grosses
moustaches prendre le poupou eulve leus bras et
le faire danser sur les genoiix.
Un caporal écloppé par un obus lui apprrnd ii
marcher; un arlilleur, maiichot depuis I alïuire de
l'Alma, mais servant encore sou pays a la cuisine
le fait manger. Des soeurs de charité le lèveu.t et le
couehenl. Pendant la unit, on porie sw» bercéaii
dans une teute; p!eure-l-il, nous le ber^ons; dort-
il, nons reposons plus (rauquïlles quand uous
savons qu'il soimueille. J'ai vu des hommes aux-
quels le silllemeiil des balles a leurs oreilles n'avail
pas plus fait froneer le soured qn'a des slalues,
s'allendrir aux cris de eet enfant et voter aupiès
de lui pour lui pi odiguer es plus tendres soms.
<i Cela, chère mere, nous a porté bonheur, Au
cun soldat de la compagnie, malgré quelques lar-
ges blessures, n'a élé atteint morlellemenl, et ce
pcndant, inoi par exemple, j'étais bien pres d'une
poudrière quand elIo éelalta. Je l'écris pour te
rassurer 11 le dire que je me porie a inerveille. Si
au retour de la eampagne je poiivais t'embrasser
soiis-lieulcnanl!
A C0NT1NUER.