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LES TROIS INVALIDES.
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9 me an nee.
N"s 899.
Mercredi 12 Aout 1874.
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Le Journal parait le Mereredi et le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la iigne. Un numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes.
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 Ir. les 100 exemplaires.
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LE CAMP DE DIED.
Les persécutions sévissant loujours, s'ai-
giissant dans leur fureur par suite des résis-
tances qu el les rencontrent, et l'Eglise catho-
lique loujours forte et continuant sans
relache, a travers tous les obslaclessa
divine mission sur les intelligences pour les
nourrir de la vérité ou les régénérer par
elle, voila un spectacle oü on aime a reposer
parfois ses regards attristés par la contem
plation des désordres que le libéralisme sus-
cile dans la société.
A la vue de ce spectacle magnifique que
nous ofi're la hiërarchie du calholicisme,
nous montrant le ponlife suprème, suivi des
évêques, a la lète des prètres, tous animés
du mème esprit, tous professant la mème
foi, tendant au mème but, détruisant toules
les erreurs, triomphant de tous les ennemis
qui s élévent conlre la vérité, on doit s'écrier
a^ec le patriarche devant l'armée céleste:
C'est la le camp de Dieu!
Et quel autre nom donner a cette subor
dination que rien n'altére, a cetle union
élernelle que rien ne peut rompre, a cette
sainte intégrité de la foi qui ne soufTre ja
mais d atteinle et s élévc loujours radieuse
au-dessus de toutes les discussions de l'espril
humain?
Ne faut-il pas voir dans cette belle ordon-
nance la sagesse d'en bant, l'ordonnateur
suprème, et I Ëglise éternelle comme la
puissance qui la fonda?
Cest ainsi, et ainsi seulcmcnt que Pon
peut expliquer eet ascendant prodigicux que
l'Eglise calholique conserve, tandis que tou-
les les grandeurs de la terre s'abaissenl el
perdent tout prestige sous Taction délélère
dn libéralisme.
El eet ascendant est tel que les incrédules
eux-mèmes qui ont quelque instruction et
ont encore quelques bons sentiments, a-
vouent sans détour que Tordre social a
besoin dc l'Eglise et de la Papauté.
II en est parrni eux qui, pas plus que les
calholiques, n'oseraient penser sans terreur
au vide effrayant que la papauté laisserait
au milieu des nations, si elle pouvail dispa-
raitre, tant est grande la place qu'elle occu-
pe, tant i'on est convaincu qu'elle est néces
saire.
Nous le savons, l'insulte a pu s'élever jus
qu'a la Papauté, comme elle s'est élevéejus-
qu'au Fils de Dieu; mais leCiel s'est déclaré
et se déclarera pour elle comme pour Lui.
Lorsque le Christ est livré a ia multitude,
c'est alors qu'on le voit puissant, el ses en
nemis mèmes confessent sa divinité.
II en est de mème des offenses faites a la
Papauté: un peil de guerre ne saurail 1'alTai-
blir. Au moment oü Thomme s'y attend le
moins, Dieu donne le signal, et les dangers
de la société, que la Papauté semble entrai-
ner avec elle, réveillent les plus indifférents,
et de toutes parts, on accourt pour la sauver
afin de sauver le monde.
Et en voyant cela, ne faut-il passede-
mander:
Qui done est nécessaire?
Abattez les trönes, envoyez les maitres du
monde mourir dans l'exil, détruisez les plus
grands empires, la terre n'eu est pas trop
trotiblée; au plus, ce n'est que le bruit pas-
sager de la lempète!
D'oü vient done que Tunivers tremble
quand la Papauté est tnenacée?
Quelle institution que celle qu'on ne peut
toucher sans remuer le ciel, sans désoler la
terre.
Oui, lorsque le calholiqtte contemplo
l'Eglise el la Papauté ainsi resplendissantcs
de la grandeur et de lu puissance de Dieu, il
peut porter un regard dedéfi el de piliéè la
Ibis sur le libéralisme qui les combat et les
poursuit dc ses vaiues menaces.
LE LIBERALISME FRAPPEER.
Nous Tavonsvu despoleet intolérant, avide
de pottvoir et peu scrupuleux sur les origi-
nes, budgétivorea Texcés; en fait de liberté
aimant la sienne, en fait d'égalilé devant la
loi, a peine celle des libéraux; hautain dans
le succes, colère dans les mauvais jours;
intriguant et dénigranl syslémaliquement
pour resaisir sa prépondérence perdue;
émcutier a ses heitreset le voila deve-
nu frappeur dans la période aigüe. Descen-
dra-t-il plus bas encore? II serail bien a
plaindre, mais enfin c'est dans Tordre des
choses possibles et des evolutions logiques.
Evidemment on ne fait appel a la force du
poignel et a la cravacbe plombée que lors
que les arguments de nature plus acceptable
fout absolument défaut. Mais cc n'est pas
une raison cependant pour que la polémique
des sauvages entre dans nos mceurs. Nous
sommes un peuple civilisé, et, de plus, nous
j n'aimons pas qu'on nous frappe, l'hisloire
en fait foi; ceux qui Tont oublié avec les
Beiges s'en sont quelquefois repentis, et ont
pit rélléchir a ces vers ircs-connus:
Le faux libéralisme a-t-il bien réfléchi au
chemin parcouru?
II se fait ccntralisateur, parfailement égoïs
te el nécessairement oppresseur; le pays
fatigué lejelte a terre tl'un coup d'épaule.
Furieux de sa déconvenue et trompé par
ses flattenrs qui lui ont dit, sur tous les
tons, comme a un enfant gaté, que le scep
tre doit lui appartenir sans parlage, et par
droit do conqüète et par droit de naissance,
noire libéralisme se rolèvo tin pen meuriri;
il se rue a Tassaut per fas el nefasavec un
tel dévergondage de vues personnelles el de
ntauvaise foi, qiTa sa grande slupéfaclion le
sentiment public qui a fait le vide aulour de
lui s'accenlue chaquejour d'avantage.
Alors Texaspéralion Ie gagne, et il s'ima-
gine que puissance et prestige petivenl se
recottquérir par le pugilat. l'auvre abusé qui
ne voit pas qu'oii se détourne avec horreur
elqu'il n'y a la que mépris a recueillir!
Mais, encore une fois, dans Terreur prq-
médilée et dans les déceptions du liberal, il
n'y a pas le tnoindre motif pour que le
scandale se prölunge impunément. Une mi-
norilé mallaisatile el tracassiére aütant qu'el
le pourrail Tèlro si la puissance souveraine
lui appartenait, quelle anomalie et quel a-
bus!
Les moyens dc sortir d'unc situation oü
le ridicule viendrait bieniol sc joindre a
Todieux ne manquenl cerlainemenl point. 11
s'agil seulement de les employer.
N'avons-nous pas, pour faire dos lois pro-
leclriccs, une legislature que le pays a faite
assez forte pour qu'elle ose être jusle?
Le [iiiiivoir exécutif n'a i il point la mis
sion (l exiger des fonciionnaircs de tout or-
dre le rigoureux el impartial accomplisse-
inetit de leur devoir?
Les tnbunaux a leur tour ne sont-ils pas
la pour apprendre anx frappeurs qu'il y a
encore des juges en Belgique?
El enfin chaque ciloyen n'a-t-il pas une
somme de droits suflisanle, dans la plupart
des cas, pour se faire respecter s'il veut user
d'énergie?
L'arrogance n'est point la force, et quand
les chevaliers du guet apens se scronl hour-
tcs quel(|ties 1'ois un vigotireuse repression,
il est trés-probable que le goüt des attentats
sera chez eux sensiblemenl amoindri.
REPOS DOMINICAL.
La Fédération des Sociétés ouvriéres ca-
tholiques Beiges s'occupe avec intelligence
et aclivité a répandre les saines idéés sur la
question du repos dominical.
Mais son role essentiel c'est évidemment
la pratique daris les assemblees générales de
Lóuvain, de Courlrai et de Lierre.
La Fédération s'est occupé de la sanclifi-
cation du Dimanche. Une commission fut
nominee et M. le vicomlc Eeg. de Kerkhove
appelé a la présider. On élabora un [irojet du
slatuls que nous nous empressuns de repro-
du ire:
II est conslilué en Belgique, une Société
pour la sanclilieation du Dimanche.
Les membres de cette Société s'engagent,
en y entrant:
1" A user de toute leur influence pour fai-
respecter autour d'eu.x le repos du Dimanche
et des fètes d'obligation;
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Roiilers. 8-28,
0,58.
c vThouroul- Ytyres, 9-00, 1 -18, 7 4-8,
(Ie bamedi a 6-20 du maiin de Langhemarek a Ypres).
Gommes-Warnètori Le Touquet-Houplines-/lr»jewtóères, 6 00, 10,13,12-00, 6-40,Armehlières-llouplines Le Touquet-War-
ncloii-Commes 7-28, 10,80, 4-10, 8-40. Comines- Warnêlon 8-40, in 9-30 s. NVariiêion-C'owme.s 8-30, 9-60,
Gourtrai/Jruges, 8-08, 11-00, 12-33, (I,. 8-15), 6-83. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-Courlrai, 8-28, 12-50, 5 13, 6-42.
ruges, Blankenberghe, Hoyst, (Etat) 6-30,7-30,9 48,11 04,1,20,2 28,2-50,5 20(exp.) (S 5-30)7-38 (exp.j8-45. (bassin)7-00,
7-30,9-hl,11-10.2-31,2-36,5-28(exp.)'(S.5-56)7-4 l(exp.)8-51.- Ileyst, Blankenberghe, Binges. 3-45,(L. 7-20) 8,30,1 1-28,1 25,
7 fó 9'm ~^0'(D. 6" 18)7-25. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-,35,ïl-55,1-45,3 05(exp.)4-30,6 00U6 35) 7,00
Ingelmun?'er'LJeynze-Gand, 5-15, 9-412-15. Ingelmunsler-Z)ej/nze, 4-30 2' cl., 7-13. Gand-Deynze-Inyelmunsler6-58,
1-20, (.-40 Deyme-Inge/munster, 7,31 9-10 2° cl, 11,54 5,19, 8-20 s.
nge munster-Awsetf/tm, 6-05, 12-10, 6-15. Anseghem-7-42, 2-20, 7-45.
wcmerveide-IJixmude-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-35, 7-55. ZWer/te-Furnes-Dixmude el Lichterveldo6-45, 11 15,
o-4o, O-05.
Dl^"d«-^W.9-^,10,35,2-2°,5,!° 8-40.(10,10 D) -Nïeup-Z)m»,(vilïe)7-40,12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,50,4,15,
dj'K', Jj 4lj
Tjourout-Oslende, 4-30, 9-18, 12,05, 1-50, 8-05. 10,18—.Oslomie-Thouroul, 7-58, lrt-IO, 12 25, 4,45. 6-15. 9,15.
Snhneie Eecloo9-05, 1-25, 8-25. Eeclon-.S'e/raete, 5-38, 10 15,4-22.
Gand-'l'erneuzn.n, (station) 8-17, 12 15. 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 45. L'erneuzen-Gand, 6 00, 10-30, 4 40.
Selzaele-LoAemi, 9 04, 1-30, 8 3(). (Ie Merer. 5 10 m.) Lokeren Selzacte, 6 00, 10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.)
C O IA. It ESrOKDAWCES.
COURT RAIBRUXELLES. BKUXELI.BS, C0URTRAI.
Courlrai de'/).
Bruxelles arr.
0.37
9,20
10,53
1,35
12,33
2,23'
3,47
6,14
6,35.
'8 ,'58.
Bruxelles dép.
Courlrai arr.
8.22
8,00
8,28
10,46
12,21
2,44
8,38
7,36
6.47.
8,44.
COURTRA!TOURNAILILLE.
Courlrai dép. 6.37 10,56 2,54 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,29 9,41.
Luie 7,37 12,08 4,00 6,32 9,33.
LILLE, TOURNAI. COURTRAI.
Lil Ie ilép. 5,20 8,25 11,03 2,18 8,20.
Tournai arr. 5,42 8,56 11,34 2,40 8,39
Courlrai i> 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33.
COURTRAI, GAND
GAND, COURTRAI.
Courlrai dép. 0,42
Gand arr. 8,01
12,31
1,31
3,44
5,04
0,40.
7,36.
Gand dép.
Courlrai arr.
5,13
6,34
9,38
10,31
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
BRUXELLES, GANI), BRUGES.
Rruges dép. 6,49 exp. 12,34 3,52 exp. 6,43 8,19 exp.
Guild arr. 7,34 1,49 4.42 7,58
Bruxelles 8,80 4,00 8,50 9,31 10,26.
Bruxelles dép. 8.14 11,53
Gaud arr. 6,00 9,4.1 I 23
Bruges 'i 7,20 10)34 2,38
3,12 5,55.
4,26 exp. 6.37 7,22.
8,11 7,22 8,38.
PAPAUTÉ.
'C TCT
Suite. Voir le N° précédent.
Le jeune soldat, que I ardeur de ses convictions
exaltait jusqu'a l'éloqiience, se tutaprès ces fortes
paroles écoutées dans un religieux silence. C'élait
l henre solennelle de lajonrnée. quand Ie solell,
pi ét it disparaiire, illumine l'immensité de ses
plus vives splendeurs, et scmble au couchant com
me le foyer d'un vaste ineendie. Le reste du eiel
brillait d'un azur saus taehe; l'air était tïède et
tout était embaonié des parfums de la forét voisi-
ne. La Seine au bas du monticule couluit calme
et limpide, rélléchissant toutes les splendeurs du
ciel; Dieu était la présent, sensible, quoiqu'invi-
sible. On Ie respirait, pour ainsi dire, par tons
les pores.
I.e veteran, dont les traits annoneaient l'attcn-
drissement, dit tout a coup avec un accent pro
fond:
II a raison. le jeune homnrie, il a raison!
Puis, après quelqtie silence, il ajouta: Quel joul
es t-ce demain?
Demain, raais c'est Samedi rëpondil le
zouave.
Eh bien! après demain, Diniancbc. Aubiii,
quand sonneront les cloches, viens me prendre,
je l accomdagnerai a l'église.
Nous t'accompagnerons, dit le zouave.
Bravo, mes amis, bravo! s'écria joveuse-
nient le jeune soldat avec les larmes dans les vcux.
Oh! tenez, en ce momentje suis bien lietii-eux!
oila le plus grand plaisir, un des plus grands
au moins, que j'aie eus dans ma vie. Mais dites
done, pour faire line première visile au bon Dieu,
si nous n attendions pas ii Dimanche; Tèglise est
ouverte encore....
En route, dit le vétéran, qui se leva avec la
vivacilé de la jeunesse.
Et lous trois, en se donnant le bras, ils se diri-
gèrent vers Tèglise; ce (jui n'ètonna pas inèdio-
crement les habitants de la place au milieu de
laquelle sélève la paroisse. Quelques ciirieux
mème ne purent rèsister a la irritation de se
glisser il leur tour dans la maison de Dieu,
pour savoir ce qu'allaient v faire les militaires. Et
ils oiivrirenl de grands yeux quand ils virenl nos
trois braves, sur les pas du plus |euue, se dii iger
vers l'autcl, devant lequel lous s'agenouillèrent.
Après quelques instants de recuéillement, le
jeune hoinme, pensant bien que ses amis se sou-
venaient moins de leurs pateuótres que de la thé
orie de l'éeole de peloton, leur dit ii voix basse:
it Si vous voulez bien, nous dirons ensemble,
avant de sortir, quelques prières.
Et de sa voix émue. oil vibrait Texpression
d line joie sainte, il récita le Tater xoster,i Ave
Maria, el leniiina par Ie Souvexez-vous Quand
il se retourna, il vil la figure du vétéran, comme
celle de TAfricain, baiguée de larmes. Ou sortit
et Ton prit Tune des rues voisines qui conduisait
a la niaison du vieux soldal, habitée aussi par le
zouave. Au moment de se séparer, les deux
anciens lui saisirent la main et la serrèrent
én< rgiquement en disant: A demain! Mais le
vétéran, avec un accent plus affectueux, ajouta:
Mon ami, nion brave enfant, tu m'as rendu
un service, va, que je n'oublierai jamais! Merci,
merci! Puis comme emporté par i'émotion: Oh!
tiens, il faut (|iie je l'embrasse.
Et, le prenaut dans ses bras, il le pressa sur
son coeur, comme un pèreeul fait de sou tils.
CHAPITRE XII.
D'uNE AUTRE PROX1ENADE QUE IIRENT LES TROIS
INVALIDES.
Or, ii quelques jours de la, sous les ombrages
de la forét tl non plus au bord de la rivièrc. nos
trois militaires se promenant faisaicnt de nouveau
I éehange de leurs souvenirs. Cetle conversation,
qui dura tie onze hemes on midi jusqu'au tou
cher du soleil, nous ne la rapporterons pas dans
ses détails. Nos invalides, eux, ne songeaient
point ii faire un livre et ils prenaient leur temps,
se permettant volontitrs la digression ft le com-
mentaire, interrompant le rt-cit d'nne anecdote
pour l-Mlumer la pipe, et parfois laissant la les
hisloires de batailles et les anecdotes de guerre
pour parler du village, et du prochain, et des
parents. Je ne dis pas médire, ce n'est point,
grace an ciel, Ie défaut des braves soldats, qui
laissent aux commères, jetines on vieilles celte
vilaine manière de sc diverlir. Joli passe-teinps!
Assassiner a coups de langue ceux qui le plus
souvent sont nos voisins et peut-êlre nos meilleurs
amis. Les paroles n'ont point d'anse pour les
relenir, a du un ancien, et il vaut ntieux choper
Cet animal est très-mëchani:
Qnand on Tattaque ii se defend.
du pied que de la languc.
Si nos soldats, t-ux, causaient de leurs voisins
et de leurs proclies, ee n'élait point pour en dire
du mal, mais au contraire pour parler de leur
bon cccur et de leurs généreuses qualités. Le
vétéran revcnait volontiers sur le chapitre de son
brave homme de beau-frère, le plus adroit pè-
cheur de la commune, qui, jetant Tépervier plus
que personne, avait un talent Micomparable pour
deviner les bivouacs de la carpe et du brochet, et,
disait Ie soldal, faire force prisoniiiers presqtie
sans qu il y ent line amorce, non pas brulée, mais
avalée.
Plus volontiers encore le vieux soldal s'étendait
sur l'éloge de son excellente sceur, un coeur dor,
la perle des ménagèrus! oh! une femme cello la,
une femme! un niervi illenx échantiilon du sexe
dunt elle avait toutes les qu.ililés, sans presque
auciin de ses petiIs défatits. C'est a repreltër vingt
fois le jour de n'étre pas m.irié et ii vous donner
envie de l èlre..., si I'on trouvait sa pareille,
disait-il, et qu'on eüt trente ans de moins. L'an
cien, dans Ie panégyrique do la familie n'oubliait
passes marmots de petits neveux, dont une nièce
(car la soeur était grand'mère), qu'il faisait si
joyeusemenl sauler sur ses genoiix et auxquels il
laissait. sans trop grosse faclierie, easscr sa pipe.
Sur ce chapitre de la familie, en un mot. Ie \é-
léran n'élait pas moins prolixe que sur celui des
victoires et cunquêles. Mais nous lui d. vous eelte
justice qu'il ne se montrait point causeur égoïste,
t-t volontiers a son tour il écoutait TAfricain parler j
routnis, gourbis, goums et razzias, conimc le
jeune solclnt s'épancber en iongues effusion sur sa
chère mere, sur sun dignc père, et faire, avec
discretion daillcurs, des rccits de la campagne
dc Criiuée.
La guerre et la familie n'ëtaient pas pour nos
trots braves le seul texte do conversation; maint
autre sujet se traitail a Toccasion, voire celui du
beau temps et de la pluie, de la moissou et des
vendanges, voire celui de la cuisine. Le grognard
ne pouvait se laire, en parcil cas, sur le talent de
sa sceur a épicer la gibelolte, ou pétrir le flati aux
abricols. Le jour donl nous parions, les causeurs
avaient uu texte de conversation moins banal, ct
Ic vieux de la vieille. comme Ie zouave, ne tarissait
pas, avec de joyeux l ires, sur la mine ébabie de
certains villageois et bourgeois, (juand Ic Diman
che, a Theure de la inesse, on'les avait vus, tous
trois, se dirigeaiil Iers la paroisse et, après l'oflice
sortir en compagnie du ciu Dans l'église aussi
leur entree aiait fait sensation, ct Ic chanlre
lui-même qui entonuait le psaume Legesi poxe
Mini, Domine, était reste bouche béante ii les
regarder au iieu de coutiuuer le verset, landis que
le serpent, les yeux non moins écarquillés ouhliait
de soullier dans sou instrumeul. Autant d'épiso-
des dont s'egayait la conversation, mais sur les-
quels nuns devons glisser, ne vuiilant emprunler
a nos braves que la fleur et la crème de leur cau
serie, savoir les hisloires militaires.
Or, vuici une hislorielte avec laquelle Pierre
Diiinoui divertitfort ce jour-la ses amis.
A con ti nu er