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EN CRIMËE.
Samedi 19 Septemb. 1874-
9me année. Nos 910.
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Le Journal parait le Mercuedi el le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, pris au Bureau, la centimes.
Les numèros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 Ir. les 400 exemplaires.
C II E U I V H E F E 11.
ONE LECON.
Paris, dont les folies et les crimes ont
épouvanté le monde, ne laisse pas que de
nous envoyer quelquefois de bons et salutai-
res examples, d'honnètes et chrétiennes pa
roles. Ecoutez ce discours prononcé dans
«ne distribution des prix par un des maires
de la grande ville; écoutez-le surtout, vous,
parents, a qui l'administration communale
demande vos enfants pour en faire de pelits
libres penseurs et des femmes facon Gatti.
II nesudit pas, pour Ie père et la rnére,
d'envoyer leurs enfants a l'école, pour se
croire quittes envers eux; la partie la plus
importante du röle que leur a confié la Pro
vidence a pour theatre la familie. C'est la,
e'est au foyer domestique, pendant les repas,
pendant les longnes veilles de Fhiver, au
milieu des promenades du Dimanche, qu'un
pére et une mére dignes de ce nom inspirent
a leurs enfants, par leurs conseils et surtout
par leurs exemples, Ie goütdu travail et t'a-
mour du bien. C'est la, et la seulemenl, que
]a mére peut former le cceur de son enfant,
orner sa jeune ame de ces précieuses et inef-
fables croyances qui lui seront d'un si grand
secours dans Ie cours de sa vie, et qu'il n'ou-
bliera jamais. C'est la que Ie père doit jeter
dans ce jeune esprit, qui s'ouvre a la lumiè-
re et a la vie, les premières semences des
notions qui feront plus lard de lui un liomme
probe et un vertueux citoyen.
On se plaint du relachement des liens de
familie, on crie a l'ingratitude des enfants, a
Anecdotes et episodes.
leur indifference les tins pour les aulres:
comment pourraii-il en êlre autrement?...
Si voire foyer ne leur rappelle rien de ces
mille projels du jeune age, si le temps qu'ils
ont passé avec vous n'est marqué dans leur
esprit que par des souvenirs indifférents,
quelquefois mème pénibles, comment vou-
lez-vous qu'ils désirent s'en rapprocher?
Si, pendant que nos maitres s'efforcent,
dans les courles heures de classc, d'inculquer
a ces intelligences naïyes le respect de soi-
mème et d'anlrui, vous vous appliquez au
dehors a souffler dans leurs jeunes ames le
vent de l'incrédulité; si, quand nous leur di
sons d'honorer et de craindre Dieu,vous rail-
lez et niez Dieu; si, quand nous leur disons
d'aimer leur prochain, vous leur faites croi
re que ce prochain est un ennemi qu'il faut
envier et hair; s'il en est ainsi, comment
s'étonner que, Retries dans leurs racines ces
jeunes tiges aienl pu produire autre chose
que de mauvais fruits?... II faut le dire bien
haut, ce malaise que lout le monde signale
et qui mine sourdement notre société; ce
trouble profond qui depuis plus de cinquante
ansagite notre pays ct le proméne de révo-
lulions en révolutions, ne laissant sur sa
route que des ruines, lout cela découle d'une
cause, une seule, l'absence de foi reli-
gieuse!
La religion était la, comme une senti-
nelle vigilante, barrant le cbemin a cbacune
de nos mauvaises passions: on a essayé de la
ruiner dans l'esprit du peuple, et pour cela
on a déversé la calomnie et les injures sur
chucun de ses minisires.
La religion nous apprenait a nous con-
lenterde noire sort, a supporter réciproque-
ment nos défauts, a nous entr'aider, a nous
secourir, a nous aimer; elle nous apprenait
a considérer la vie présente comme une cour-
le étape sur le chemin du ciel, noire der-
nière el commune patrie; elle nous donnait
la force de supporter courageusement les
épreuves et les misères de l'exislence, et voi-
la que de prétendus sages sont venus nous
dire: Tout meurt avec l'homme, el il n'y a
rien au-dela du tombeau.
Au'malheureux courbé lout le jour sous
le fardeau du travail; a Fhumble artisan qui
se consolait de sa misère présente en jelanl
un regard d'espoir sur un coin du ciel bleu
entrevu parl'étroite fenêtredesa mansarde
ou de son atelier; au malade sans reméde, a
l'orphelin sans familie, au proscrit sans asile,
a Ia mére en deail de son enfant, on est ve-
nu crier: Désespére et meurs, il n'y a de
vrai que le néanl!
Et Fon s'étonne après cela, messieurs,
que des idéés de haine aient germé dans les
masses, que le pauvre jalouse le ricbe,
comme si la richesse élait autre chose que
le travail économisé! On fait du travail
une sorle de servage bont'eux, que l'homme
doit s'appliquer a rejeter loin de lui.
Le travail est la première obligation que
Dieu a fail a l'homme en le créant; nul ne
peul se souslraire a cede loi universelle que
le Christ lui-mèine a sanclifiée. Si au travail
ainsi compris, ainsi aimé, vous ajoutez l'or-
dre, I économie, l'amour de vos parents, la
pratique du bien en un mol, vous pourrez
porler le front haul, car vous serez de bons
citoyens!
Le bonheur est le but de la vie; mais le
meillcur chemin pour l'atteindrc, c'esl la
pratique de toutes les vertus chrétiennes,
c'est la mise en action de celte magnifique
parole: Aimez-vous les uns les aulres!...
L'Echo du Parlementd'accord cette fois
avec la presse radicale, approuve sans ré
serve la persècutiou dirigée par le bourg-
mestre de Blankeuberghe conlre les Pciitcs
Sceurs des pauvres. La loi diciait lu conduite
que ce fonclionnaire a tenue, done les calho-
liques sont des anarchistes quand ils se plai-
gnenl du trailement dont ces religieuses ont
été l'objel! Ainsi argumenle la fcuillc doctri
naire, et elle a doublement lort, car elle rai-
sonne de travers sur une conlre-vérité.
Loin d'obliger le bourgmestre a traquer
les Petites Soeurs comme des bètes fauves, la
loi lui permetlait d'auloriser leur quéte, a
plus forte raison de la tolérer, comme il
arrive presque partout ailleurs, et Fon peut
aflirmer qu'il est le seul auteur du seanda-
le de Blankenbergiie. La, ainsi que dans
deux mille de nos communes, les lois et les
réglements contre la mendicilé n'ont jamais
élè rigoureusement observés; on mendie en
plein Bruxelles sous les yeux de la police,
sinon avec la permission écrile de M, le
maire, du moins avec son consentemeni ver
bal. Nous avons souvent vu, en d'aulres
communes, des centaines de pauvres la plu
part valides, faire leur tournee liebdomadai-
re et se présentera toutes les porles, celle
du bourgmestre non exceplée.
Celle tolérance, que nous ne blamons
certes pas, est imposée a la fois par des sen-
limenls d'hiimanilé el par la force des ciio-
ses. La Belgique renferme 750,000 pauvres
dont 200,000 mendiants. La philanthropic
officielle cn laisserait mourir de faim les Irois
quarts si la charité libre ne lui renait en
aide, et si l'aumóne de la rue ne complétait
ses efforts.
Puisqu'on laisse mendier 200,000 indivi-
dus, parmi lesquels se trouvont tant de vi-
cieux el de paresseux, jxiurquoi se monlrcr
si cruellemenl scvère a f'égard des Petites
Sceurs qui se devouent humblement a une
oeuvre admirable et salutaire? Hélas, la ré-
ponse est aiséc: ce sonl des religieuses. On
laisserait bien tranquilles des pétroleuscs
qui tendraient la main pour des commu
nards.
La scène de Blankenberghe n'est qu'un
episode trés-secondaire du drame que le
libéralisme ewropeen, transformé en^despo-
tisme, joue au détriment des influences reli
gieuses en un temps et au sein d'une civili
sation troublée oü el les furent plus nécessai
res que jamais, mème au point de vue
politique. Mais Fincident a sa gravité aux
yeux des hommes prudents et honnêtes qui
se séparent chaque jour davanlage d'un
parti intolérant el rapace, pratiquantla ty
rannic sous le masque de la liberlé.
Le Bien Public s'occupe avec raison des
réformes a inlroduire dans la bureaucratie
ofiïcielle. II faudrail selon lui coinmencer par
le sommet de la hiërarchie. Tous nos dépar-
temenls ininistériels, el le département des
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Poperinghe- Ypres, 5-15,7-23,9-30,19,-08,2-18,«-03,9-20. Vpres-Poperinghe, 0-30,9-07,12-03,3-37,6 «0,8-45,9-30. IV
peringlie-Hazebrouck,-7 13, 12 23, 4-17, 7 13. UazeHrouck Poperinghe-Yf.res, S 35, 10 00, 4-10, 8-23.
Y pres-Hu uiers, 7-50, 12-23, 6-43. ltoulers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-50.
Roulers-ZMtfles, 8-43,11-34,1-13, (L. 5 50), 7 30, (9-53. Lichterv.) Lichterv.-Thomrmt, 4-23 m. Bni°ts-Houlers, 8-25,
12-30, 3-13, 0-42. Lichtervelde-Cowr/rói, 3-23 m. 9 01, 1,30, 3,45 7,21 Zedelgli§in Thouroul, 8-40. 1,05, 5,20, 0,58.
Ypres-Toar Ir ai3-34,9-49,11-18,2-33,5-25. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-50,3-40,8 49.
Ypres-Thouroul, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 5-50 du maiin jusqu'a Langbemarck). Thouroul- Ypres, 9-00, 1-18, 7-48,
(leSimedi a 0-20 du matin de Langhemirck a Ypres).
Comines-Warnêton Le Ti»iqiict-Houplines-Ame?»<teres, 0 00, 10,13, 12-00, 0-40,— Armentières-Houplines Le Touquel-War-
nêtüii-Comities 7 -23, 10,50, 4-10, 8 -40. Cornines- Warnélon 8 40, m 9-30 s. Warnèton-(famines 5-30, 9-50,
Courtrai-firtMes, 8 05, 11-00, 12-33, (L. 3-15), 0-53. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-CW/Vrat, 8-25, 12-50, 3-13, 6-42.
Bruges, Blankenlierghe, tlevst, (Elat) 7-30,9 45,11 04,1,20,2 25,2-30,8 20(exp.) (S 5-50)7-35 (exp.)8-43. (bassin)7-00,7-36,
9-81,11 -10,2-31,2 50,5-2*6(exp.)(S.5 «0)7-41 (exp.)8 31.lleyst, Blankenberghe, Binges, 5-45,(L. 7-20) 8,30,11-23,1 25,2-48,
(exp.)4-10,5-30, (D. 0 15)7-23. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-55,11 «5,1-43,3 05(exp.)4 30,0 00(D. 0 35) 7,007 48
Ingel munster-Deynze Gand, 5-18, 9-41, 2-15. Ingelmunsier DeyMze. 4-80 2' cl., 7-18. Ganij-L)eynie-ltigelmunsler0-38,
11-20, 4-40. DeynzeIngelmunsler7,31 9-10 2C cl, 11,54 5,19, 8-20 s.
ingelmun$\ev-Anseghem0-05, 12-10, 6-13. Ansegliem-Ingelniunsler, 7-42, 2-20, 7-48.
Lichiervelde-Dixmade Furnes et Dankerke, 0-30, 9-08, 1-35, 7-53. DiaiA'er/re-Kurnes-Dixmude et Lichtervelde, 0-43, 11-15,
3 48, 3-05.
Dixmtide-A-tetzpoz/,9-85,10,35,2-20,5,10 8-40. Nieup-ZKrw,(viile)7-40,12-00,4-24,5,50,9,30,(bnins)7,30,11,80,4,15,5,50.
Thouroul-Galende, 4-50, 9-15, 12,05, 1-50, 8-03. 10,13- Ostcnde-'/'/wwowf, 7-53, 10-10, 12 25, 4,45. 6-15. 9,18.
Selzaeie JSecloo, 9-05, 1-23, 8-23. Eecloo-Selzaeie, 3-33, 10 13, 4-22.
Gand"Terneuze?i, (station) 8-17, 12-15, 7,23 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. lerneuzen Gand, 0 00, 10-30, 4 40.
Selzaete-LoAerett, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 3-10 m.) Lokeren Selzaeie, 0 00, 10-25, 4 45. (Ie Mardi, 9,30.)
COB.B.E8I?ONr)JX.WCB8.
COURTRAIBRUXELLES.
'BRUXELLES, COURTRAI.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
0,37 10,53
9,20 1,35
12,33 3,47 0,38.
2,28 0,14 8,58.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22
8,00
8,28
10,40
12,21
2,44
5,35
7,50
6,47.
8,44.
COURTRAI, T0URNA1L1LLE.
Courtrai dép. 0,37 10,30 2,84 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 0,29. 9,41.
Lille 7,37 12,05 4,00 0,32 9,38.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Courtrai dep. 0,42
Gand arr. 8,01
COURTRtl, GAND.
12,31 3,44 0,40.
1,51 8,04 7,50.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges dép. 6,49 exp. 12,34 3,32 exp. 0,43 8,19 exp.
Gand arr. 7,34 1,49 4,42 7,88
Bruxelles 8,50 4,00 5,30 9,31 10,20.
Lille dép. 5,20 8,23 11,05 2,18 5,20.
Tournai arr. 5,42 8,50 11,34 2,40 5,39.
Couitrai 0,34 9.47 12,20 3,38 0,33.
GAND, COURTRAI.
Gand dép. 3,13 9,38 1,28 4,24 7,21.
Courtrai arr. 0,34 10,51 2,49 3,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruxelles dep. 8,14 11,83 3,12
Gand prr. 6,00 9,41 1.23 4,20 exp. 6,37
Bruges 7,20 10,34 2,38 5,W 7,22
5,53.
7,22.
8,38.
Comment! c'est vous qui m'appelez, s'écriait un
prêlre qu on venail de conduire prés du lil d'un
malade; vous, l'esprit toil du régiment, le docleur
eu impiélé!
Oui, monsieur Faumonier, c'est moi. Je
veux me confessor; car, voyez vous, t'iinpiété, les
airs dc prolestaul el de paten, e'est bon pour vi-
vre, maisc'esl le diable pour mourir!
Et le brave soldat, son devoir accompli, ne
rougit pas d'avouer a ses camarades qu'il avail
cherchc ii leur en imposer en aflicliant des prin
cipes qui n'élaient pas dans son cocur.
Parmi ces braves enlre les braves, pour me
servir de I expression du general Pélissier, décorés
après I affaire du "1 Mai, se (rouvait tin jeune
-sous-licutéiiaiit <jui s'elail iionoré qiielques niois
auparavant par nu rare exeinple de désintéressc-
metit.
bans Ie courant de l'année 1852, ce jeune hom-
mc 'F'üte St-(,yr avec l'épaulette de sous-lieule-
ant dans un régiment d infanterie de ligne. Un
e ses meilleurs camarades avail été nonimé au
meme grade dans un autre régiment. Les deux
amis se separèrent, mais saus s'oublier.
'O's ®nnees s'écoulent, et M. de apprend,
avec quelle satisfaction, on ,e devine, qu'il es,
porie surlal.sted'avancement pour la prémière
promotion. Tr.nquille p0Ur lui m^,ne s'iliforme
de son camarade, plus ancien dans le service, et
qu'il ne jugeail pas moins méritant que l«i-mênie.
Aussi éprouve-t-il une douloureuse surprise de ne
pas le savoir sur la lisle en question; il s'indigne
de ce qii il appelle une injustice, tout au moins tin
facheux oubli, et se promet d'ouvrir les yeux de
ses chefs.... L'excellent jeune hom me, exalté par
on noble motif, met taut d ardenr dans ses démar
ches, sollicite avec une si généreusc obstinalion,
qteil oblient que sur la lisle de proposition le nom
de son ami soil subslitué ausieii.... L'anii passe
done lieutenant, tandis que M. de reste avec
son unique epaulette. Mais sa satisfaction person-
nelle eiit-elle vain la joiesi pure qu'il a ressentie
du bonheur de son ami, a liquetbien entendu, it
n'a rien laissé soiipconnrr dc son sacrifice? L'étoile
des braves pouvail-elle brillcr sur une plus noble
poitrine?
Le jeune soldal Corbie, tombe blessé griève-
nienl; on Ie reléve pour le porler il l'anibiilaiice,
mais chemin faisaut, ii se sentait mouiir. Alors il
fait signe aux hommes qui le portaient de le poser
a terre, puis il leur dit:
Meltez moi li genoux.
Dans celte humble posture, les mains joinles, il
miirmura une courte pricre.
Maintenant, je puis mourir, dit-il a ses ca
marades qui le replacèrent sur le brancard.
En arrivanl a l'ambulance, Corbic rendait le
dernier soupir.
Un soldat fut vivemenl reprimandé par son
commandant. Une sortie eut lieu la nuit suivante.
Après le combat, le soldat s'approcbe de son chef
et lui dit:
J'espère, mon commandant, que vous me
pardonnerez j ai deux balles dans le corps.
Dans la nuit du 2 Mai 18aü, un lieutenant dH
génie, M. Lullé-Diijardin, voit hósiler ses travail-
leurs assaillis par line grèle de balles et d'obus, qui
boiileversent la gabionnade en blessant et luant
plusieurs hommes.
Allons t-nfants, s'écrie le lieutenant, ce n'est
rien; il n'y a pas de danger; voyez, plutót!
Fff, saillant de l'aulre cólé des gabions, il y
reste. pleincnieut exposé aux coups de l'ennemi;
il eut le bonheur de n'être pas touché. Exallés par
eet exemple, les soldats se remirent au travail. Le
rempart ful élevé.
M. Lullé-Dnjnrdin, nialhcureiisemenl, fut lué
quélques jours après.
Le 18 Juin, ii l'attaque de Malakoff, le colonel
Picard, du Dl" de ligne, voit tomber son drapeau
sous une volée de mitraille. On le relève: la liampe
du glorieiix trophée est brisée line seconde fois
dans les mains de l'oflicier qui le porte; la mitraille
le uéchire; oil sonne la retraite. Le colonel Picard
a rccu trois blessures, un hiscaien au-dessus de la
hanche droile, un éclat d'obus au ventre el un
coup de pierreiila poitrine. Affaibli par le sang
qu'il perd, il se traine diflicileinent, appuyé sur
un sapeur; ponrlanl, le colonel ne vent point quit
ter la tranchée avant d'avoir vu son drapeau; on
le lui apporte, il le touche de ses mains et se
laisse alors conduire cliez lui précédé du drapeau.
Le lieutenant Poussin avail remplaeé Poidcvin
comme porte-drapeau, au 39" de ligne. II était
digne de eet héritage.
Après l'attaque infructueiise du Bastion Cen
tral, un capilaine du régiment se irouvait parmi
les blcssés restés en avant des tranchées et pres
que au pied du Bastion. Poussin demande des
hommes de bonne volonté pour enlcver eet officier.
Qualre soldats répondeut a son appel. Plusieurs
des amis tie Poussin l'engageaicnt it différer de
quelques instants, mais tout retard augmentait le
péril de celui qu'il voulait sauver; il franchit le
parapet, arrive auprès du blessé el le fait enlcver.
Mais a quelques pas de la il est lué-lui-même,
pendant quel les hommes el le capitaine blessé
rentraient sans accident dans la tranchée.
Quelle admirable mort encore que celle du ge
neral de Lourmel. qui eut en tombnut la gloire de
toucher les murs de Sébaslopol. Je ine tronipe, il
ne tomba pas... Atleint d'une balie dans la poitri
ne, par un effort suprème de volonté il resta a
cheval pour donnet' des ordres, jusqu'a ce qu'il
rut vu ses soldats en sürelé. Alors seulement il se
laissa conduire cliez lui, oh le chirurgien appelé
constata l'extrèine gravité de la blessure. La balie
avail traversé le pounion; cependant tont espoir
n'étail point perdu. On mil les appareils; mais le
general, en garde contre les illusions, s'empressa
de faire deniander un prêlre.
II faut être prévoyant dit-il, et cela ne fait
pas mourir.
L'aumónier de la division accouriit en tonle
hate, regul la confession du général qui, le lende-
main, expira tranquillfment. Ainsi mourail
Bavatd. Cetait dans l'armée lesurnom du brave
de Lourmel.
Le géntT.il Canroberl (le maréchal), dans la rude
campagne d'hiver, a mérité la plus belle louange
dont puisse s'honorer un chef d'armée. II est le
père des soldats, disent ii l'envi ceux-ci qui ne par-
lont qu'avec effusion de sa sollicitude pour eux.
Présent parlout, de jour comme de nuit, c'est par
son dévoueirienl iufaligable qu'il a triomphé de
eet auxiliaire fametix, sur lequel surtout les Bus
ses avaient compté, le général Hirer. Pendant de
longs mois, le général loiijours au poste du péril
et de la fatigue; encourageait et exaltait les soldats
par son exemple. II n'en rencontrait jamais un,
nous dit-on, sur sou chemin, sans lui adresser
quelque bonne parole. Souvent mème il arrêtait
au passage l'obscur fusilier pour later ses habits et
s'assurcr par lui-rnême qu'il était assez couvert et
n'avait point a souffrir du froid. II n'y a qu'un
grand coenr qui sache noblemcnt descendre a ces
petits détails.
Citons quelques traits qui prouvent que les Rus
ses, eux aussi, ne sont point étrangers aux senti
ments d'lionneur chevaleresque et de délicate
générosité. C'est la gloire de ce temps que sur le
champ de bataille mème, et malgré les (erribles
nécessités de la guerre, la sainte humanité garde
ses droits.
M. le capitaine du Val de Dampierre, officier
d'ordonnance du général Bosquet, tombé au pou-
voir de l'ennemi, fut conduit, sur sa demande,
auprès d'un officier général russe. II pria celui-ci
de vouloir bien faire dire aux avant-postes francais
qu'il était prisonnier, mais sans blessures, afin de