1 m LA CROIX D'OR. Mercreui 4 Novemb. 1874. 9me année. Nos 923. u z z c z e X '.- P DE km a •o Le Journal parait le Mercredi et le Samedi. Les insertions coülent 15 centimes la ligne.— Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.— ün numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coülent *20 fr. les 100 exemplairës. V JK CM 15 M I W S F Brbxelies arr. BREF DE PIE IX AUX CERCLES CATHOLIQÜES BELGES. Ee bureau de la Federation des Cercles catholiques vienl de recevoir de Rome Ie bref suivant, que Sa Sainlelé Pie IX lui a fait parvenir en réponse a l'adresse votée lors de la derniére session des délégués des Cercles, tenue en Avril dernier a Gand: PIE IX, PAPE. Chers Ftlssalul el bénêdiclion aposlolique. L'adresse que vous Nous .avez envoyée au commencement de voire session tenue a Gand, et qui respire, (out entiére, les senti ments de voire piélé filiale, Nous fournit uue admirable preuve de voire aliachemenl. Non-seulemenl vous avez eu a coeurde Nous faire connailre la profonde veneration cl le devouement qui vous unissenl au suprème Pasteur de 1 Eglise, mais vous Nous dohnez aussi I assurance de votre inébranlablc fidé- lilé el de voire parfaile soumission aux en- seignements et au magisière infaillible du Siége Aposlolique. En Nous donnanl ces té- moignages de la générosiléde votre foi et dn vos resolutions, vous avez voulu Nous consoler au milieu do nos épreuves, toujours croissanles. Vous ne pouvez douler, chers Fils, de la vive reconnaissance avec latpiclle Nous avqns reen vos hommages, el Nous ne cessons de rendre aussi graces au Seigneur de ce qu'il daigne fortifier le courage de ses enfanis el leur dormer des forces proportion- tiées a la lulte des temps présents. Nous ne pouvons non plus Nous abstenir, chers Kils, de vous décerner de grands oges pour la sainle ardeur avec laquelle vous vous soule- iicz les uris les autres, soit par vos conseils, ■soil par vos examples ou par vos encourage ments, dans le but de faire prospérer les oeuvres que vous avez eritreprises pour la defense de la vérité et de la religion, pour 1 litilité du prochain et pour le bien de la sociélé elle-mème. Courage done, chers Fils, persóvérez dans cette voie de zéle ei de dévouemeni! Enlretenez avec soin eet le ex cellent union des ames! Conlinuez, dans tons vos travaox, a montrcr a l'égard de vos premiers Pasteurs la deference ot l'obéissance qui leur soul dues, car si vous voulez ac- complir les devoirs de vrais enfantsde l'E- glise el obtenir le succes de vos oeuvres, il est nécessaire que vous vous soumetticz avec docilité a Pa u tori té légilime de ceux qui, par institution divine, sont élablis Pasteurs et guides eu Israël. Animés de eet esprit, agis- sez courageusement et virilement, el Ie Pére des lumiéres, le Dien de loule consolation, sera avec vous; il récompensera aboudam- ment vos Iravaux et vos efforts. C'est ce que Nous-mème Nous demandons de tout coeura la Bonté divine, la suppliant d'exauccr ainsi nos vceux les plus chers. Comme gage de noire affection loule spéciale el de louie vraie fclicité, Nous vous accordons, avec amour dans le Seigneur, a vous tous et a chacun de vous en particulier, nolre béné- diclion aposlolique. Donné a Rome prés de St Pierre, le 23 Seplembre 1874. De nolre Pontifical l'an XXIX. PIUS IX P.P. Le Bref que le Saint Pére vienl d'adresser a la Federation des Cercles catholiques bei ges a, celle année encore, une signification et une importance qui n'auronl point échap- pé a nos lecteurs. En 1873, Pie IX prémunissaitdes catholi ques heiges, associés pour lemaintiende leurs droils, conlre les seductions de l'illu- sion libérale; aujourd'hui. il appelle spécia- Icment leur at ten I ion sur les conditions pra tiques de l'efficacilé des efforts fails en commtin pour la defense de 1'Eglise; Con- linuez, dit Pie IX, dans lous vos Iravaux, a montrer li vos premiers pasteurs la défé- rence et l'obéissance qui leur sont dues, car si vous voulez accompllr 'es devoirs de vrais enfants de l'Eglise et oblenir le snccès de vos oeuvres, il est nécessaire que vous vous soumettiez avec docilité a l'autorité b legitime de ceux qui, par institution divi- ne, sont élablis Pasteurs et guides en Israël. Ce n'est pas la première fois que Pie IX, dont la palernelle sollicitude embrasse l'E glise universale, insisle sur la néeessilé d une étroite union des fidéles avec leurs premiers pasteurs. Le Pape sail bien, eneffet, que c'est sur la rupture ou le relachemenl de ce lien sacré que les ennemis de l'Eglise compient pous assurer le succès de leurs manoeuvres. Après le Concile du Vatican, on a tenté l'allaque du cóté des évéqnes: en dépit des plus perfides intrigues, elle a heureusement écboué, grace a la vigilance et a la fermeté aposlolique de l'Episcopat fidéle a son chef. II ne manque pas non plus d'efforls pour detacher les fidéles de l'obéissance filiale due a ceux qui par institution divine sont pasteurs et guides en Israël. Le thèrne favori de noire presse libérale ne consiste-l- il pas a représenler les catholiques comme des serfs et des instruments de l'é- piseopal?... C'est que le libéralisme n'ignore pas que nolre union a nos pasteurs fait nolre force comme bunion de nos pasteurs eux- memes dans une soumission exemplaire au Siége de Pierre, conslilue leur premier litre a nolre obéissance. Ne nous laissons done pas émouvoir par de vaines déclamations, par ces grands mols qui, selon l'expression du R. P. Félix, ont peur d'un sens; mais préoccupons-nous de suivre les conseils du Sainl-Siége, d'y eon- former la conduite de notre vie de les ap- pliquer anx dontes et aux anxiétés qui sur- gissent, hélas! Irop souvent au milieu de nos temps trou blés. Suivre ceux que Pie IX nous assigne pour pasteurs et pour guides n'est- ee pas en définitive suivre Pie IX lui-mé- me?... Sur ce chemin, les consciences Irou- vent la sécurité, les cceurs s'ouvrenl a la confiance, les volumes apercoivcnt eebut bien défini qui est Ie gage des succés dura bles. En revanche, si nous nous écartions des cadres de la hiërarchie sacrée, pour eom- ballre en tirailleurs isolés, pour suivre les inspirations du sens privé, pour juger ceux qui sont nos juges, pour conlrecarrcr, par nos diversions, leur direction et leurs con seils, qu'arriverait-il? C'est que nous ris- querions, a la grande joie de I'enncmi, de liter sur nos propres troupes, de les désagréger, d'en discrédiler les chefs, d'aller au devanl de defailes certaines ou de dissen sions pires encore que desdéfaites. Tout en nous flallant de servir la cause de l'Eglise, nous la compromellrions el, sous prétexle de mieux nous dévouerau Chef suprème, nous lui désobéirions en réalité, car c'est mal servir le Pape que de le servir autrement qu'il veul èlre scrvi. Mais, en dehors de l'autorité incomparable qui s'attache a la parole du Pape et d'un Pape comme Pie IX, les événemenls de Suis- se et d'Allemagne, ne sont-ils pas la, que di- rons-nous, l'histoire dedix-huit siécles n esl- elle pas la pour démonlrer que la force de résislancede l'Eglise, altaquéepar la persecu tion, par l'hérésie, par Ie libéralisme, est en raisondirectede l'union deslaïcsetduclergé anx évcques fidéles et, par les évèques, au Pasteur des Pasteurs?... (Bienpublic). LES CERCLES CATHOLIQUES D'OUVRIERS. Depuis la guerre franco-allemande, bcau- coup de Cercles catholiques d'ouvriers ont été fondés en France el notammenta Paris. Pourquoi la bourgeoisie calholique ne s'u- nit-elle pas en France? Les questions de gou vernement et de dynastie la divisent. Mais pourquoi, laissant sur ces questions a chacun sa liberté, ne se réunirait-elle pas sous le drapeau calholique? Pourquoi ne se concer- terail-elle pas pour son bien a elle, pour ce lui de la sociélé? Quelques cercles bourgeois existent: les localités qui en sont dolès, en ressenlent les bienfaits, el il n'y a qu'a vou- loir pour que ces bienfaits se généralisent. La France plus que tout autre pays a be soin de moyens de moralisalion; ces jours- ci, 8. S. Pie IX, parlant a Mgr 1'évèqtie de Verdun, insistait sur la néeessilé pour les catholiques francais de réunir loutes leurs forces, afin de prévenir les dangers qui les menacent et de combatlre efficacement les ennemis de l'Eglise et dc la société. Voici, a ce sujet, un article du Francais: Qui ne connait la (riste situation de l'ou- vrier célibataire lorsqu'il vienl de sa provin ce a Parisou dans loulégrande ville, cher- cber l'instruction professionnelle etle travail. II n'a d'autre chez-lui qu'un garni étroit et •fel CS; Tf O t. co c= co k: O F? O O v/ .--r''.'vvuvu. rr^». Tl 23 VC O n *"2 3C —3 P3 m C/3 •—3 o C 73 H O G H ïn T5 35 P" 52 O C/2 Ut O O rt ;H S m c/2 35 52 Poperinghe- Ypres, 5-15,'5-25,9-30,10-58,2-15,3-05,9-20 Ypres-Poperinghe, 6-30,9-07,12-08,3-37,6 80,8-48,9-80. IV peringhe-Hazebrouck, 7 13, 12-28, 4-17, 7-13. Huzebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-38, 10 00, 4-10, 8-23. Y pres-ftoulers, 7-80, 12-28, 6-48. Roulers-Yjom, 9-28, 1-80, 7-80. Uoulei's-Zfnzg'es, 8-48,11-34,1-13, (L. 5 56), 7-36, (9-58. Licliterv.) - Lióliterv.-Thourout, 4-28 m. Bruges Houl.ers, 8-28, 12-80, 8-13, 6-42. Liclitervelde-Courtrai, 3-28 m. 9 01, 1,30, 8,48 7,21 Zedelgliem-7'hour out, 8-40. 1,06, 6,26 6 88. Ypres-CourIrai8-34,9-49,11-18,2-33,8-23. Courtrai- Yjores, 8-08,11-02,2-30,3-40,8-49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6 20, (Ie Samedi a 3-80 du malin jusqu'a Langhemarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7 48, (Ie Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Comines Warnèlon Le louquct-Houplines-4r»ie»töres, 6 00, 10,18,12-00, 6-40,Armentières-Houplines Le Touquel-War- nelon-Camines 7-23, 10,80, 4-10, 8 -40. Comines- Wnrnêlon 8 40, m 9-30 s. Warnêlon-CoMMtes 8-30, 9-30, Courtrai Bruges, 8-08, 11-00, 12-38, (L. 8-18), 6-88. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-Courtrai, 8-28,12-30, 8-13, ti-42. Bruges Blankenberghe, Beyst, (Eiat) 7-30,9 43,11 04,1,20,2 23,2-80,8 20(exp.) (S 8-80)7-38 (exp.)8-45. (bassin)7-00,7-36» 9-81,11 -10,2-31,2-86,b-26(exp.)(S.S 86)7 41 (exp.)8 81Ileyst, .Blankenberghe, Bruges, 8-43,(L. 7-20) 8,30,11-28,1-28,2-48, (exp.)4-10.8 30,(D. 6 13)7-28. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-38,11-38,1-48,3 0S(exp.)4-30,6 00(D. 6 38) 7,007 48. Ingelmunster Deynze Gand8-13, 9-41, 2-13. lngelmunsier-Z%nze, 4-80 2" cl., 7-18. Gund-Dey ine-Jngelmuuster, 6-88, 11-20, 4-46. Deynze-Inge/manster, 7,31 9-10 2'cl, 11 84 8,19, 8-20 s. Ingelmunjier-dnseghem, 6-03, 12-10, 6-18. Ahseghem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-48. Liclitervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 7-88. 3-43, 8-03. Thourout-O.stoirfe, 4-30, 9-13, 12,0 Selzaete Eecloo, 9-08, 1-28, 8-28. DaaAerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde6-48, 11 13, i7-40 Th our Eodoo-Selzaete, 8-36, 10-13,4-22. Di xmude-Nieuport,Q-5S133,2-20,810 S-40. Nieup-Oz>w,(vil!e)7-40.12-00,4-24,S,86,9,30,(bains)7,30,1l,b0.4,lb,8,80. '3, 1-80, 8-03. 10,13— Osrende-Thourout, 7-38, 10-10, 12 28, 4.43. 6-18. 9,13. C?„#k- o A rx A» cv* Gand- Ter neuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. 'Ierneuzcn -Gand, 0 00, 10-30, 4 40. SelzaQie-Lokerm, 9 04, 1-30, 8 30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren-,Selzaete, 6 00,10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.) C O R R. E8PO ND A Pff C E S COURTRAI, BRUXELLES. BRUXELLES, COURTRAI. 6,37 10,53 12,33 3,47 6,35. Bruxelles dép. 5,22 9,20 1,35 2,25 6,14 8,58. Courtrai arr. 8,00 COURTRAI, TOURNAILILLE. i» Courtrai dép. 6,37 10,36 2,84 Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 Lille 7,37 12,03 4,00 COURTRAt, GAND. 12,31 1,81 8,28 10,46 12,21 2,44 8,38 7,86 6,47. 8,44. 3,34 6,20 6,32 8,47. 9,41 9,83. Courtrai dép. 6,42 Gand arr. 8,01 3,44 6,40. 8,04 7,36. LILLIJ, TOIJRNAÏ, COURTRAI.' Lille dép. 8,20 8,23 11,08 2,18 8,20. Tournai arr. 8,42 8,86 11,34 2,40 8,39. Courtrai 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33. GAND, COURTRAI. Gand dép. 8,13 9,38 1,28 4,24 7,21. Courtrai arr: 6,34 10,51 2,49 5,31 8,42. BRUGES, GANG, BRUXELLES. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruges dép. 6,49 exp. 12,34 3,82 exp. 6,43 8,19 exp. Gand arr. 7,34 1,49 4,42 7,38 Bruxelles 8,50 4,00 5,50 9,31 10,26. Brnxelles dép. Gand arr. 6,00 Bru zes 7,20 8,14 9,41 10,34 11,83 1.23 2,38 3,12 4,26 exp. 6,37 3,11 7,22 3,35. 7,22. 8,38. Suite. Voir le N° précédent. Dix heines du malin. Elounement, agitation, tiimulle On vienl de s'apereevotr (pi'im bnuimc étail caelié li hord. On sempresse anlonr de lui. chacun 1'interpelle. D uil èles vuns? Que voulez-vous? Que faites- vons? Pourquni vous liouvez-vons iei? L homme ne connait personue et personne ne Ie èonnait; il s'iuquicte pen de findtgualion géné rale et fume tianqui lemenl sa pipe. On lui de- mande oil il s'est tenu cache, il répond: Dans Ie eanol. Qu'a i-i| mangé dans son trou? lin inoiceaii de pain et une moilié de hareng saur. L equipage, exaspéré, ne pouvant le jeter a lean, se contente de le nominee, a l'unanimité; iiianiiilon du nayiie. Ce Irailement honleux n'liu- niihe pas noti e homme, qui consent volonticrs a laver la vaisselle li bord, pourvu qu'il fasse gralui- lement la traveisée de New-York. Malhem eiisement pour lui, nous rencontrons tin cliasse inarée. Le capitaine prend son porle-voix. Ohé de la barque! Ohé! Oii allcz-vous, s'il vous plail? En France, a Tréport. Voulez-vous nous prendre un homme? Volont-iers, capitaine. La Maria el le chasse-marée mettent en panne. ^otre homme est trouble, et ce n'est pas Irop de quatre matelots pour le déeider a revenir dans sa patrie a bord du bateau pêeheur. L'équipage l'accable dt liuées en le prianl de s'eii alter. Ün matelot perehé dans les haiibans lui crie: Bien des choses, de tna part, a votre aimable t familie! Midi. La terre de France disparait entièrement ii i'ho- rizon. Ouvrez votre fenêtre, Madame, et recevez mes adieux que je r.onfic au vent de l'ouest. 8 Juillct. I'leine nier. Les vagues déferlent le long du navii e. L'Océan se join: dans son lit immense, comme un cheval indomplé. C'est iei qu'il cou- vient de lire cette strophe: La nier! partoiit la mer! des flots. des dols encor; L'oiscau fatigue en vain sou illegal essor. Iei des flots, la- bas des ondes; Toujours des flots saus liu par des flots repoussés; L oei I ne volt que des flots dans l'abiuie entassés, Kouier sous des vagues profoudes. Notre équipage se compose du capitaine Born, homme instruii, d un commerce agréable et de bonne .compagnie. D'un second, D'un pilotin, De deux novices, El de quatre matelots. Ce qui fail a pen prés la moilié de l'équipage né cessaire,a tin Irois-infits. Que vonlez-vous! les teinps sont durs, et les armateurs éprouvenl le besoin de faire de pelites économies. Avant de parler de ptissagers, il est nécessaire d'ajouler un mol sur une industrie a l'usage de qut lques annuleiirs. Ces messieurs persuadent de teinps en temps aux ouvi iers rt anx cilltivalenrs des cótes que les réptibliques américaines livrent graluilement arix étrangers autant de terrain vierge qu'iis en peuvent désirer. II ne s'agit done plus, pour faire fortune, que de traverser la mer. Le prix du passage n'est pas très-élevé pour de panvres geus comme eux. (Is donnenl ee qu'iis peu vent, cinquante, soixante ou quatre-vingts francs, selon leurs moyensce qu'en font les armateurs c'est seulement pour les obliger. Ou appelle éinigrants les panvres diables qui se laissent ainsi séduire. Arrivés en Atnérique, on leur doune de la terre li discrélion. La première année, il fa ut délricher et ne pas compter sur une grande ré- colle. Les années suivanles arnèhenl insensible- inenl de meilleurs résultals. Au bout de einq ans, ce terrain défriché par les éniigrants Se ti ouvant en plein rapport, le gouvernement américain quj est republican) el protestant, le leur retire, et consent a le leur vendrca tant l'apent, a peu prés selon le prix de la terre en Europe. II va sans dire que les éinigrants n'ont pas le premier sou a donner; mais il leur resle la ressource de mourir de faim ou de nostalgie, et demigrer de nou veaupour l'aulre monde. Sic vos nox vobis. Itt-ndons cette justice a la bonne foi puritaiiie des Eials-Unis, qu'iis secondent puissamment les efforts des armateurs en lancant de temps en temps, en Europe, des prospectus deslinésa leur amener des blancs pour défricher leurs terres. Ils se servaient autrefois de noirs pour eet usage, m mais comme ces derniers coütaient davanlage, at tend il qu'il fallait les acbeler et les noiinii-, ils se contentful mainienant de faire la Iraite des blanes, qui leur rendent Ie même service, et ne content absoluinenl rien. D'aiileurs'la philanthro pic réclainait depuis longtemps I'abolition de la traite des noirs, et les américains des répnbliques unies sont. avant tout, philanthropes! Pour avoir une idéé de ce paradis, il faut lire les prospectus américains. Ce que ven lent ces bons spéculaleiirs. c'est rendre service li l'htiinanilé; allez ou n'allez pas aux Etats-Unis, pen leur im- poile. C'est inouï, incroyable, merveilleux. On do une la lerre pour rien, la-bas; on donne des bestiaux, de l'argenl, des instruments de travail; e'est la philanthropic exercée sur la plus vaste échelle. Et quelle terre bénic de Dien que celle de ces forêls plus on rnoins vierges! Comme lout y pousse en abondance, lout ee qui n'a pas l'habi- tude d'y pousser: 1e blé produit du pain tont ciiit; le gibier se prend, se plume et s'embroehe lui- même; les léguines poussent épluchés; les poissous n'ont pas d'arétes. Les lions, les tigres ont des dents de diamants qu'iis se laissent arracher ponr avoir Ie plaisir deles voir loutes monlées sur la personne des colons. C'est l'Eden de la Bible, plus la jouissance de l'arbre de la science, moins le serpent. Coimnent ne pas croire a de lelies pro messes itnprimées sur des prospectus? O Guttem- berg!.... Ainsi (rompées, des families émigrent. pleines de l'espérance la plus robiiste, vers ces fortunés ri- vagesïïélas! hélas! quelle deception les attend! II n'y avait de rée! en tout cela que les prospec- lus.. J'invite fortemerit les pauvres gens a ne plus croire aux prospectus (les bourgeois américains. Nous avoris a bord un grand uombrc d'émi- granls allemands el francais, puis quelques passa- gers qui se rendent a New-York pour affaires, el, parini eux, une familie américaine cómposée du père, de la mère, el d'un joli enfant blond, qui pleiire el se désole depuis notre départ. C'est un enfant gracieux. mignon et frêle, coin, me on n'en voit qti'au jardin des Tuileries par un beau soleil. II a les chcvenx vaporeux et transpa- rents; ses veiix sont bleus et noyés. La vue de la mer lui a causé uil désespoir profond; lont le monde le flatle et le carcsse, mais personne ne peut venir a bout de le consoler. Sa mère le tient sur ses genoux; elle est plus troublée que lui, et craint qu'il ue meure, d'aulant plus que le pauvre petit a Ie mal de mer. Celle familie a longtemps habilé la France et s'en retourne dans l'Aibnny. Le mari se nomme Jnan AJvarès; il est d'origi- ne espagtiole. C'esl un petit vieillard qui a la pas sion des oiseaux, et emporte avec lui une douzaine de cages renfermant des volatiles de diverses espè- ces ineonnues en Ainéi iqne, et entre autres un faisan apprivoisé qui se pose sur sonépauleet qu'il appelle Fasio. Quant a sa femme, elle est fort belle et semble très-bonne mère. Nous avons encore h bord George, jeune lion élevé sur le boulevard de Gand, a Paris, ou il a dé- voré une grande fortune, complant, pour la rem- j placer, sur la succession d'un onele de New-York,

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1