LA CROIX D'OR. aGANr Merer edi 11 Novemb. 1874. 9me année. Nos 925. d Le Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions coülenl 1b centimes la ligne.Les réclamés, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 1b centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Reclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires. IV C II E M I Hf S DE F F II. LA LUTTE LIBERALE. Hier, mardi les Chambres ont repris letirs 1 ra va tl x et les partis se retronveront cn presence. II se fail, au sujet de la session qui souvre, un silence de bon augure, mais qui nc doil point ccpendanl nous endormir dans une fausse sécurilé. La lulle c'esl la vie, a-l-on dil bien sou- veril, et cel aphorisme s'esl prmcipalemonl trouvé dans la bouelie de ceux qui ne rèvent qu agitations el ha la i I les, paree qu'iis ne demandent que dépouille et bulin. En d'au- Ires termes, la devise est chère au parti pseudo-libéral. Snns doule, la vie n'est qu'un combat continuel; sans doute nous devons étre prèls a ionic heure pour la defense de la vérilé cl du droit et ne pas connaitre la défaillance dans l'accomplisscment de ce devoir. Mais ce n'est pas ainsi, ce n'est pas en ce sens lout cbrétien que Cenlendent nos mo- dornes libéraux. Tant qu'iis sont au pouvoir le silence universel el la soumission sont de rigueur; le mailre est salisfait, lout Ie monde doit l'être. La fortune change-t-elle, aussilot on proclame les principes: la lulle c'esl la vie! Cela signifie alors que l'exislence des partis en guerre est Petal normal d'une na- lion. Singuliére manifestation de la vie, il fa ut en convenir, que le tribmphede la dis- corde, le décliïrement préféré a la paix, l'é- lémenl de dissolution prenant la place de la scve qui oourrit. Ijs sa vent pourtanl fori bien ce qu'iis veulenl; un setil mol nous doiinc la solution de l'énigine: convoilise du pouvoir et des jouissances qu'il procure. A ce lambeau de puissance qu'on emportera peut-ètre tout est sacrifié, per fas el nefas! Quarid le F.1. Bourlard, a la grande fèle solsliciale de 1864, réclamait, comme éianl du doinaine du macon, les grandes ques- tions, tont ce qui a trait a ['organisation, a l'exislence, a la vie d'un éiat; quand il s'écriail dans son cynique emporlemenl: Nous macons, nous avons le droit el le devoir de nous occuper de la queslion religieuse des convents, de 1'attaquer de front, et il faudra bien que le nays enlier finisse par en faire justice, dut ilmème.e.in- ployer la force pour se guérir de celle lèpre, il ne faisait aulre chose que poser la théorie que les pavés de I8b7 devaient traduire en pratique: la lulle vest la vie! Et aujourd'ui encore, a vingt années de distance, ses successeurs les doclrinaires, démasqués el défails, font entendre Ie mème appel aux armes poursecouer la lorpcur du découragement, et provoqucr de nouvelles levées de boucliers. La lulle c'esl la vie! répèle le gueux alten- lif aux bruits de la persecution élrangéreet s'efforcant de tromper, par le speclacle du mal, l'irritalion de sa rage impiiissaute. Nous sommes sur la brèche pour l'indé- pendance du pouvoir civil, cxclame le des- poie an pelit pied qui viole effronlément nos cimeléres: la lulle c'esl la vie! L'enseignemenl public esl menace par les seclaleurs de I'ultramonlanisme, ainsi la- menlent les quémandeurs de subsides; de I'argenl done, beaucoup d'argent puisé a la caisse ol'fieiclle, el de l'inlolérance aussi, lant qu'on pourra: la lulle c'esl la vie! Le flot du cléricnlisme monle, nos posi tions sont envahies; vcillons a l'urne éleclo- rale, el si Ie bu liet in est revèche, il y a des moyons d'amollir les consciences. Ainsi que le feu, le scrutin purtfie lout: la lulle c'esl la vie!, Ce prélre, ce religieux se metlent en tra vers du progrès; delateurs anonytnes, trai- nt'Z-les sur la claie, jelez-les devant les tri - bunaux,. frappez-les dans ce que I'honneur a lie plus iniitne; et point de serupules; la lulle c esl la vie! Ce ministre nous est odieux; il a osé parler trop haul au sein du Psrlemetii; rep tiles de la presse, prepttrez voire venin le plus subtil; mentez el soyez absurdes, mais qu'il tombe; la lulle c'esl la vie! Ces cléricaux occupent nos places a nous libéraux, qui sommes nés pour le pouvoir; le souffrirez-vous plus longtemps, vous les fidéles du halaiLLow de l émeuie, qui mani- feslez avec lant d'ensemble sous le balcon des palais comme devant la porie des cou- vénts? Une de nos voix a dit a ces usurpa- teurs: Vous disparaitrez légalement, ou vous serez abatlus révolutionnaire- ment. Voila la raison d'etre de vos refrains, de vos gourdins el de vos pavés: la lulle c'esl la vie! Notts pourrions prolongcr la liste des applications; el le est en quelque sorte iné- puisable; maïs a quoi bon? L'hisloire con temporaine car c'esl el le qui nous atlesle tout cela cette histoirc s'esl déroulée non pas au prejudice des conservateurs settle ment, mais encore el surtout aux dépens du pays. Si l'expérience a élé dure, elle nous aura valu du moins plus d'un utile ensei- guement. Fonder n'est point I'affatre d'un jour ni d'un mouvement généretix, il y faul de sérieux el [icrsévérants efforts. Chaqne session qui se passe nous apprend un pen plus ce qu'il y a de manceuvres a déjouer encore et de coléres a braver pour avoir raison de cette longue accumulation de griefs et pout bien résoudre les questions sur le terrain de la justice. Nos amis auront a coeur de venir complement a bout dc la lacbe et le sentiment public sera avec eux. C'est a ('intelligence, a la palriotique hon- nclelé, a la vigueur dans la lulle pour le bien que I'on doit reconnaitre, c'est pour elles que I'on aimera les catholiques au pou voir. LA REPRESSION DE LA POLISSONNERIE. Le tribunal de Tournai vient de condam- ner a 8 jours de prison et a 26 francs d'a- mende Ie directeur de l'Agence libérale de publicilé de cette ville. La condatnnalion est basée stir I'exhibition et la ventc dc jeux de caries, de gravures et de livres obscénes. Nous enregistrons avec satisfaction cette decision qui alteste que certains parquets re- viennent de l'étrange el funeste systéme en vertu diiquel l'obscénilé la pins revoltante pourrait s'abriter sous la liberie conslitulion- nelle d'exprimer ses opinions en toute ma tière. La liberlé de la presse, telle qu'elle est définie par notre droit public, fournil déjii au mal trop de moyens d'étendre ses rava ges, saus qu'il faille élargir encore cette latitude en rangeant définilivement au rang des conquèles de la civilisation moderne l'impunité absolue de la polissonnerie. Pour noire part, nous souhailons fort que la jurisprudence du tribunal de Tournai se généralise et s'accredite encore aillenrs, dans nos grondes villes par exemple, off les publications el les gravures orduriéres foi- sohhent comme des champignons sur le fuinier. I,a justice n'a pas settlement le devoir ds réprimer les crimes contre rintégrilé corjio- relle des personnes ou contre la propriéte, elle doil aussi chalier les malfaileurs de I'ordre intellecluel. Nous savnns bien que, sous l'empire des idéés liberates, cette notion des devoirs de la justice s'esl, de nos jours, considórable- ment allérée et amoindrie; nrais il reste encore a nos sociétés trop de sens chrétien pour qu'elle ail compleleinent disparu. D'aprés la Declaration das droits de I'homme, elle-mème, la liberlé consiste a pouvoir faire loul ce qui ne nuit point d r> aulrui, mais la ioi a le droit de defen- dre les actions nuisibles a la sociélé. L'applicatioti dc ces principes a la matiérc qui nous occupe est facile; car il n'y a plus a constaler qu'un fait d'expérienee, un fail qu'on ne peul nier sans un prodigc d'aveu- gletnenl ou sans une mauvaise foi insigne, a savoir que les publications immorales et obscénes portent un immense prejudice non- i seulemenl aux individus mats a la société lout entière, La conséquence ressort avec toute la ri gueur d'une inflexible logique: ces publica tions nul n'a le droit dc les édiler, de les exhiber, de les répandre, et l'aulorité doit s'armer conlre ellos de loule la sévérité des lois. Un éminent publiciste francais, M. Augus- te Nicolas, fail, a ce sxijel, une réllexion qui trouvera fort bien ici sa place: Les gouvernements, dit-il, ne salisfont pas a leur lache, quand ils se bornenl au w O ca f: O co O t>S co 3 -T3 O O ie SIS i J ra ro H O m - Ti •H ra C/3 ra 53 o C/5 O ra 5e 5^ ra c/i Topennglie- Vyires, 6-15,7-23,9-30,10-58,2-15,3-03,9-20 Ypres-PópMnghe, 6-50,9-07,124)3',b-S7,6 30,8-43,9-30. peringiie-llazchrouck, 7 13, 12 -23, 4-17, 713. II,izebrouck-l'operinghe- Ypres, 8-33, 10 00, 4 10, 8-23. pres-Haulers, 7-30, 12-23, (i-4S. Roqlers- Ypres, 9-25, 1 50, 7-50. Ho uiers-/! rages, 8-43,11-34,1-13, (L. 5 50), 7-30, (9-55. Lichterv.) Licliterv.-Thoüróul, 4-2* mBruges-/(ou/ers, 8-25, 12-50, 5-I3, 0-42. LicbtOrvelde-CóUrtrai5-23 m. 9 01, 1,30, 3.45 7,21 Zedclgliem■Thaurout-, 8-40. l,o3, 5,20, 0,38. 4 pres-Courlrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-23. - Courlrai Ypres, 8-08,11-02,2-50,5-40,8 49. i pres-Ihouroul, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 3-30 Ju malin jusqu'a Langhemarck). Tliourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7 48, (Ie Samedi a 6-20 du malin de Langhemarck a Ypres). Comines-W arnèlun Le Touquci-Houplincs-.'lrmentières, 0-00, 10,15, l'2-OO, 6-40,Armentières-llouplines Le Touquel-Wur- wmw-Co mines 7-23, 10,3d, 4-10, 8-40. Comines -Warnélon 8 40, m 9-30 s. Warnêlun-Cim/mes 5-30, 9 30, Qonrirtt-IJrugts, 8 03, 11-00, 12-33, (L. 5-13), 0-53. (9 00 s. (Lichterv.)Brtiges-Courtrui. 8-25. 12-50., 3-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Ileysi, (.Etal) 7-30.9 45,11 04,1.20,2 23,2-50,3 20(e*p.) (S 5-50)7-33 (cxp.)8-46. (bassin)7-00,7-36, 9 al I I -10 2-31 2 30,3 25(exp.)(S.5 56)7 4l(exp.j8 31.— fle.vsl, Blankenberghe, Binges, 5-45,(L. 7-20) 8,30,1 1-25,1 23,2-45, (exp.)4-IO,3 30,(1). 6 15)7-24. Blankenberg, Bruges, 0-10.(L. 7-42)8-35,11-53,1-45,3-03(exp.)4-30,6 00(1). 6 35) 7,007 48 Ingelmunster Deynze Grind. 5-15, 9-41, 2-15. lngelniunsirr-/)eyzise, 4-50 2' cl., 7-13. Gand Deyme-Juyelmanster, 0-58, 11-20,4-40. Deynze-Inge/munster, 1,31 9-10 2° cl, 11 34 3,19, 8-20 s. Ingelmunsier-^ wse^/ie?», 6-05, 12-10, 0-15. Anseghem-Inyelmunslcr, 7-42, 2-20, 7-43. Lichiervelde-Dixtr,ade lurnes el Dwikerke, 6-30, 9-08, 1-34, 7-55. TJuziAerAe-Furnes-Dixmude el Liclilervelde, 6-43, 11-15, 3 43, 5-05. Dixmmlc-Meupon,!) 33,10,33,2-20,5,10 8-40. Nieup-/Xrm,(ville)7-40.12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,50,4,13,5,50. I li«!irom-a«teW<?. 4-50, 9-15. 12,05, 1-50, 8 03. 10,15- Oslende-Tliouróut, 7-35, 10-10, 12 25-, 4,43. 6-15. 9,13. belzaeie Eecloo, 9-05, 1-25, 8-23. Eecloo-6>/r«e<e, 5 36, 10 15, 4-22. C,;,„A-Térneazen, (station) 8-17, 12-14, 7,25 (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. - Terneuzen-Gfl«d, 6-00, 10-30, 4 40. Selzaeie-Lukeren, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-Se/zaele, 6 00, 10-23, 4 45. (le Mardi, 9,30.) corr: HI>0 H D A M C II M COURTRAI, BRUXEUFS. BRUXEUES, COURTRAI. Courtrai dep. 6,37 10,53 12,33 3,47 6,33. Bruxelles arr. 9,20 1,33 2,23 6,14 8,58. Bruxelles dep. Courtrai arr. 3,22 8,00 8,28 10,46 12,21 2,44 5,33 7,56 6,47. 8,44. COURTRAI, TOURNA!, LILLE. LILI.Ë, TOURNAI. COURTRAI. Courtrai dép. 6,37 10,56 2,34 3,34 8,47. Toornai arr. 7,28 11,47 3,48 6,29 9,41. Li lie 7,37 12,05 4,00 0,32 9,53. Lille dép. 5,20 8,23 11,03 2,18 5,20. Tourna! arr. 3,42 8,36 11,34 2,40 3,39. I Courlrai 6,34 9.47 12,26 3,38 6,33. COURTI1AI, GAND. r, GAND, COUHTHAl. Courlrai dép. Uand arr. 6,42 8,01 12,31 1,51 3,44 5,04 6,40. 7,36. Gand dép. Courtrai arr. 5,15 0,34 9,38 10,31 1,28 2,49 4,24 5,31 7,21. 8,42. BRUCABS, GAND, BRUXELLES. Btuges dép. Gand arr. Bruxelles 6.49 exp. 12.34 7,34 1,49 8.50 4,00 3,52 exp 4,42 5,50 6,43 8,19 exp. 7,58 9,31 10,26. BRUXELLES, GANGBRUGES. Bruxelles dép. 8,14 11,53 3.12 Gand arr. 6,00 9,41 I 23 Bruges 7,20 10,34 2,38 3, 5.55. 4.26 exp. 6.37 7,22 7,22 8,38. Suite. Voir le N° précédent. Dix heures du sou-, T.a nuit est niagnifique;i.oul le monde est réuni sur Ie ponl por divers groupes. I.'impression prodtnle par la scène préeéden'te n'est pas encore calmée. Quelqoes maielots i li.ni- tenl ii demi-voix des chansons maf iiuiies avt-e eelie psalmodie monolone qui caraetérise les niacins; daiiIres se raconlenl des hisloires mvsiérieii- ses sur Ie Voltigeur lutliandais. le Vaisseau fanló- nie, qui couienl les iners depilis mille ans. el atiires iradilions niarilimes qui servenl depuis longtcmps de lexte anx eonles de bord. Si roils o'aiinrz pas mieiix dormir; el s'il ne Voiis répugne pas de prendre encore le frais pen dant une heure, au clair de la Iiine, sur le pont de la Maria, je vous engage a écou'ler l'hisloire suivante, qui se raconte dans un gronpe compose do capitaine, du second, du lion George, de la ji'une dame espagnole et de son mari, de M. de Iloitenici re. qui n'a pas le mal de nier en ce mo- mpnt. et de Trim, personnagc avec lequel j'esjière vous faire faire connaissance plus lai d. oici l'hisloire én qiioslion: Le lu ick l'Arbalèle, monlé par des flihusliers du la Ioiine, jela 1'ancre, un malin. dans Ie port de Saint-Thoinrs, dans le double but de donnet' T'elqties jours je |-ep0S a sou équipage, el de ré- pam- les ovaries qu'il avail souffertes pendant pliisieurs mois de nier. L équipage du brick, eornme celui de lous les pirates de celle fa meuse association des Frères de la Luie. élail compose de Francais d'Anglais, d Kspagnols, d'Améiicains, renégals, prosents, Irausfiiges de loutes les nations qui, dés leur descenle a terre, s'empressèrenl de se mellre a l'anere dans les cabarets de la ville. Un noinnié Birgo s'ctanl Irouvé insullé par I'lin d'rnx. mil I I'épée a la main. Le flihuslier se délendil vigou- reusenielil el cria an serums, lies niacins dn brick solium 1 d'un cabaret voisin pour prêler main forte a leur fiére; d'un autre cölé la popu lation du port se mil de la jiarlie, el I'ou se hallil ca et la dans les rues pendant line heure. ii Le lendemain. Flamming, commandant de l'Arbalèle. nu tier lion descendit a lei re, el sc fend it chez le goinenieur el clu-z Diégó pour leur faire des excuses sur ce qui s'élait passé. II donna la plus grande parlie des lorls ii son equipage, cl.se relira en disanl qu'il avail consigne tout son monde a bord poor cooper court aux suites possibles de cette affaire. :i Pendant un mois que le brick resta encore dans la rade avant d'etre en état de tenir la mer, les flibiistiers furent, en alfet, consignés sans qu'un srnl d'eux osal se plaindre, tant ils crai- gnaient la volonté et I'energie diaboliques de Flamming. Quand les a varies furent rcpnrées, et que tout fut prêl pour le departle commandant de I'Arba- lète invito a line grande ft'-le. a xon bord, Diégo el quelqties aulres des habitants de Saint-Thomas, forlement soupgonnés d'avoir treinpé dans le com bat soutenu co n I re les j|diii>tiers. Ce fill une grande joie pour ces paisibles nëgo- cianls de voir de pré- ces forbans si redoulés sur les mers de l'Amériquc; aussi se rendirent-ils lous a finvilation du flihiKlicr complélcmrnt rassiirés sur les craintës qu'iis aiiraient pu conce- voir. par la couduUr qu'il avail leniie dans Caflaire que nous venous de rapporter. Le brick dëgtiisail, autant que possible, sa fiére mine dc forban sous une profusion de luuiières, dr guirlandes et dc llrurs arrangers ay.ee un goüt lont inateloiesipie qui égaya beaucoup les jolles créoles de Saint-Thomas, qui euibellissait'iil la fèle de leur presence. On but, on joua, on chants et I'on dansa loute la unit. Sur le matin, les hommes, a moilié gris, se laissèrenl conduire dans une assez grande cham- hre, on les fait asscoir, dans Ie fond, sur des sieges qui paraissaient avoir élé places la exprès puur ciix. Ces braves gens, pensant qu'il s'a- gisSait d'tine mascaradc ou de quelque autre come die, s y prélaicnl d'assez bonne grace. Parmi eux se ,faisail reniarquer Diégo par son ardcur a répéter avec les flihusliers le refrain d'une virille chanson de guerre qu'il élail parvenu a se loger dans la cervelle. Coiiune il fiuissait ce refrain pour la huitièine fois, il s'apergut qu'il élail seul a chanter, et, portant ses yeux autour dc lui, il vit I'équipago du .l'Arbalèle rangé en silence le long des parois de la chamlire. II chercha des yeux sa femme, et ne la trouva pas. Pour n'être pas gêné par la presence de ces dames, on les avail prices de descendre dans la cabine du capitaine. Diégo voiilut alors se lever; mais un in itelol placé derrière lui le forci d un geste a se rassoir; cliarnn des autres convives étail plaeé de méine sous ia garde dun rilde el sévère flibustier Geile vue les dégrisa coinplétement. et ce fut avec un profond sentiment de terreur qu'iis vii-enl Flamming el une sorte de lotip de iner éborgné el balal'ré prendee place sur une estrade élevée au milieu de la chambre. La séance est ouverte! s'éeria brtisquemenl Flaiiiiniug. Que lout l'équipage altrape a se laire el li écouler. Vous; Uiégo, ain-i qiie tont ce las dc merluches, qui sorit lii-bas aussi honteiix que des poules mouillées, vous êles accuses d'avoir con- spiré contre le corps des flibiistiers en general, et contre l'équipage de l'Arbalèle en particulier. Greffior, veillez ii ce qu'il soit tenu note des débats de cette affaire. Le vieux loup de mer assis sur l'eslrade ii cóté du capitaine, el que I'on appel;lit Tape-ii-l'oeil. ii cause d'nne blessure qui lui avail fait perdre l'oeil gauche, répondil a Flamming: Sauf voire respect, capitaine. nous n'avons pas de greffier; mais nous pourrons nous en passer. Puis il ajouta en se lonrnanl vers l'équipage: Celui d'cnlre vous qui perdra un mot de ce I que le capitaine et inoi allons potisser en dehors de nos babines, aura sur le dos pendant quinze jours. Voila ce que j'avais de plus nressé a vous conlier pour le quart-d'beure. mes pet its agneaux. Misérables forbans! s'éeria Diégo furieiix vons on voulez a nos têles; mais vous n'o-ciez pas les faire lomber ainsi. Je porlerai ma plantte aux pieds de Montbars... Pour ce qui est de vos lèles. ioterrompit Flamming, si elles étaient aussi solides qu'elles en ontI'air, elles ne seraient pas vennes d'elles mëmes se mellre dans la gueule du loup. Quant a Mont- liars, allez-y voir; si vous airnez m.ieux êlre pen- dus par lui que par nous, c'est voire affaire, et I'on ne pi nt dispuler des gouts. Je saisirai d'ail- leurs cette occasion pour prèvrnir les accuses qu'iis n'ont absolumcnl rien ii dire pour leur dé- fense. attendn que nous leur avons dunné poor défenseiir d'oflice nol re lieutenant Tape-a-Focil. La paroleest au défehseiir. Le vietix marsoiiiu fut un instant trouble en se voyant l'objel de l atlrnlion générale; néan- moins il ne tarda pas ii se mnettre. et prenant brusquenirn I son courage a deux mains: Tout le monde, dit-il, eonnait le crime dont se soul rendus eoiipables les accuses, c'est pour- quoi je ne m'étendrni pas beaucoup sur ce point... L'équipage les a cond unnés a êlre pendos; jc trouve que ce n'est pas asst-z. Les mnlheiireux habitants de Saint-Thomas fré- mirenl en enlendant cettc partie du plaidoyer de leur défenseiir. a costisuer.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1