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LA CROIX D OR.
n G A IV
Samedi 21 Novemb. 1874.
9me année. Nos 928.
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Le Journal parait Ie Mercredi et Ie Saraedi. Les insertions content lb centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, pris au Bureau, lb centimes
Les numéros supplèmentaires commandés pour articles, Réclamés ou Annonces, content 20 fr'. les 100 exomplaires.
CHEmiUS DE FE IC.
SPLENDEURS DE L ITALIE NOUVELLE.
(Exlrail de Vindépendance.)
Je vons pariais loul a l'henre de la lour-
detir de l'irnpót: celui qui exisle ici, sur le
revenu, les gains et salaires, esl de 13 1/2
p. c. C'est Irop. eu égard an nombre de
gensqn'il atteint; et puis il fa ut se souvenir
que sous le gouvernement du Pape a Rome
et sous celui des Bourbons a Naples l'irnpót
était léger; le Pape el sa cour avaient les re-
venus des biens du clergé, et les Bourbons
faisaient payer leur lisle civile a l'étranger
par des taxes de commerce. Maintenant
voyez vous un pauvre employé gagnant 80
francs par mois, a qui Ton retient 13 1/2 p.
c. Beaucoup ici, ne pouvanl pas payer, es-
quivent la loi et sont aides par des amis, par
leurs pairons, etc. En Sicile, on ne paie pas
puremenl et simplemenl; le fisc fait alors
saisir le mobilier; mais a quoi bon? II ne se
présente pas d'acquéreur! Dernièremenl,
i'auiorité a fait acie d energie coritre cetle
Irane-maconnerie organisée en faveur du
refus de l'impól. Elle a fait transporter a
Naples le mobilier d'un coniribuable récal-
eiuant. II pa ruil (Tailleurs que ce contribua-
lile, clioisi pour servir d'exemple, élait un
Francais. Mais, mais, mais, quand on est
obligé de faire de Iels exemples, c'est que les
rentrees ne s'opèrent pas facilement.
El puis, le brigandage n'esl pas exiirpé.
Ces jours derniers. un prélat, Mgr Theoodo-
li, etait mis a rise allo el devail payer bO
mille francs pour reeowvrer sa liberié. A Na
ples mèuie, les camorras sont encore louies
ptiissaiiles et le gouvernement a besom de
iotile son énergie, de lotiie sa bonne volonié,
pour sévir conlre ces associations de malfai-
teursqm s'en vonl répandrela terreur, pro-
fitani des pauiques et levant, a leur profit,
un impöl arbitraire.
Elle est jolie, n'est-ce pas, cetle civilisa
tion qui frappe le travailleur dans ses
moyens d'existence, qui lui enlève Ia sixié-
me partie de son salaire, saisit ses meubles
el les transporie dans line ville voisine pour
pouvoir les vendre! Et a cölé de ce irisle
tableau l'aveu accablant que sous le gou
vernement du Pape d Rome el sous celui
des Bourbons d NaplesPimpót élail léger!»
C'est ainsi que le mensonge se dévoile et se
détruit lui-mème!
Ce qu'il importe de remarquer, c'est que
le correspondanl de Vindépendance confir-
me, en ce qui coucerne les exactions du fisc
ilalien, ce que disait Mgr Dupanloup dans
son admirable lettre a M. Minghelti.
ESPAGNE.
II y a des incendiaires et des pèlroleurs
en Espagrie, mais ces brigands-la ne sont
pas les Carlisles; ce sont les républicains.
Une dépêche de Bayorme a mentionné le
fait de l'inceïidie de tous les environs d'Irun
par les Iroupes lépublicaines. L'Agence IIu-
vas esl ensuite venue confirmer le fait eu
ces termes: Les troupes iibórales, dans
leur marche a la poursuile des carlistes, onl
bralé toutes les inaisons (trois cenls environ)
qui se trouvaient sur leur passage. D'au-
tres renseignements a ce sujet sont parvenus
depuis, renseignemenls desquels il Pésulte
que la colonne républicaine sortie d'Irun
élail précédée de femmes qui out enduil de
pétrole toutes les maisons apparlenanl aux
carlisles, et les out incendiées ensuiie; la
campagne, lout en feu offrait le spectacle le
plus horrible et le plus allrisiaul.
Les communards parisiens, sout distances,
oui. horriblement distances, par les répu
blicains espagnols. L'incendie de trois cents
maisons autour d'Irun est plus sauvage,
beaucoup plus cruninel que l'mcendie des
Tuileries, l'Hölel - de-Vil le, etc.
Les bataillons fédérés étaienl des troupes
irrégnlières. Leurs hommes, une fois les
Versaillais au Trocadéro, n'avaient plus de
retraite possible; l'heure de l'expiaiion était
imminente: le frisson de la mort leur donna
a la fois la rage et le vet tige.
Les bataillons de Serrano sont des troupes
réguliéres. Leurs hommes, a Irun, ne pou-
vaient avoir ni rage, ni vertige, mais l'ivres-
se des vainqueurs, cetle ivresse qui reléve
l'ennemi blessé sur le champ de bataille.
Leurs incendies, que l'Europe doit voir
avec horreur, sont done plus criminels, plus
sauvages, que ceux des communards pari-
stens.
Que de vieillards inoffensifs sans pain et
saus asile! que d'enfauls innocents sans
avenir!
Hélas les incendies d'Irun ne sont pas les
seuls que la civilisation condamneénergique-
ment chez les républicains espagnols.
En avancant vers Puycerda, ils brülèrent
aussi plusieurs cenlaines de fermes, jetant
dans la misère plusieurs milliers de Catalans.
La vei lie de la mort de Concha, ils brülèrent
encore trois villages, dont un deyenu célè-
bre par la victoire Carlisle: Abarzuza.
Les menaces de ce maréebal aux ma ires
de Lodosa el de Sesma (Navarre) sont brula-
lement exécutées. Rappelons-les:
Je brulerai vos récoltes, prendrai voire
bélail, raserai vos villes, fusillerai vos com-
battantset enverrai aux Philippines vos vieil
lards, vos femmes el, vos enfants. Je vous
ferai une guerre a mort, elle sera courte, el
bientót voire generation pérjra avec vos
fuur os
Plus de doule!
Tous ces incendies obéissenl a un terrible
mot d'ordre.
Un certain nombre de généraux se réunis-
saierii dernièremenl a Madrid pour se con-
certer sur la plan de campagne a suivre, afin
d'arrèler les rapides progrès des armées
carlistes.
II faut les bloqner dans leurs provinces,
disait l'un d'eux, puis resserrer jour par jour
notre cercle de fer en brülanl jour par jour
le terrain conquis.
Le conseil a porlé. Toutes les fois que les
républicains avanceut, ils pillent, ils brülent,
ils dévasient.
La France a eu: la terreur de la guillotine.
L'Espagne subil: la terreur des incendies.
ENCORE LES ATROC1TÉS RÉPUBLICAINES.
On lit dans une correspondance espagno-
le de la Pairie
Hier malin, deux bataillons de chas
seurs soul sorlir d'Irun, précédés par une
compagnie de miquelets, et ont occupé la
route d'Endarlaza et les hauteurs de San-
Marlial, que le génie est déja en train de
fortifier et qu'on va garnir de grosse artil
lerie.
Enivrés par un succès inespéré, les sol -
dats de Lome et de Blanco ont fêté leur vic
toire de la fncon la plus blamable. Entre
Oyarzun. le Passage et Irun, ils ont tout de-
truit sur leur route. Toutes les magnifiques
ferines qui étaienl situées sur le versant de
Garincbüiquieta el du Jaïzquibel ont. été in
cendiées par eux. Les défenseurs d'Irun ont
encore renchéri sur la sauvagerie de leurs
libérateurs. Aussilól. les carlistes disparus de
Ia Cadena el de la Guadalupe, ils se sont
rués, la lorche d'une main et la bouleille de
pétrole de l'autre, dans les environs de la
place, et ont mis en feu plus de cinquanle
caserios. Les belles maisons qui entouraient
la gare, brülées; la vieille église de la Gua
dalupe et le convent, brülés. Dans Irun mè
me, sur le chemiri de Béhobie, des habita
tions de carlisles onl élé saccagées, les meu
bles onl été brisés, et le pétrole a ensuite
fait le resle.
La ligne des incendies s'élendait sur
une longueur deplus de deux kilometres,
entre San-Martial et la Gadalupe. C'était tui
spectacle horrible et grandiose a la fois, mais
donnant la mesure exacte de l'esprit de ven
geance et de destruction qui animel'armée
espagnole.
On lit dans le Cuarlel Real
11 ne snffil pas aux autorités républieai-
nes d'arrèler les parents des volontaires car
lisles, elles s'en prennent maintenant aux
sceurs et aux fiancees de ces braves soldats.
Le gouverneur de Burgos a fait en ferme1,
plus de quatre cent tnalheureuses femmes
dans les prisons de Ia ville.
Ces barbares procédés onl indigné les
volontaires et le pays lout entier, ets'ils ne
cessent complétement nous serons obliges
d'adopter des mesures énergiques deslinées a
y mettre un terme.
LA PERSECUTION EN ALLEMAGNE.
On écrit de Reriin, 12 Novembre, a VU-
nion
En attendant que les projeis du chance-
lier s'exéculent a l'exlérieur.vous savez avec
quelle violence il poursuit la réalisalion de
ses idéés a i'intèricur. Le fail qui vient de se
passer dans l'église de Notre-Damé de Tre
ves, el qui émeul si douloureusement les
calboliques d'Allemagne, montre a quel de-
gre eslarrivée la persecution.
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Poperinghe-Ypres5-13,17-28,9-30,10-88,2-15,3-05,9-20 Ypres-Poperinghe, 6-80,9-07,12-08,3-87,6 80,8-48,9-80.
peringhe-Hazebroijck, 7 13, 12-28, 4-17, 7-13. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-35, 10 00, 4-10, 8-23.
Ypres-Roulers, 7-30, 12-28, 6-48. Kouiers- Ypres, 9-28, 1-50, 7-30.
Roulers-Jrtzjes, 8-45,11-34,1-13, (L. 3 50), 7-36, (9-35. Lichterv.) Lichterv.-Thaturout, 4-23 m. Bruges-Haulers, 8-23,
12-30, 3-13,0-42. Liditervelde-Cottrtrai, 8-23 m. 9 01, 1,30, 8,43 7,21 Zedelghem ThotiroiU8-40. 1,03,3,26, 6,38.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,5-23. Courtrai-Ypres, 8-08,11-02,2-36,5-40,8-49.
Ypres-Tliourout, 7-13, 12 00, 6 20, (le Samedi a 5-50 du matin jusqu'a Langhemarck). Thourout- Ypres, 9-00, 1-18, 7-48,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langltemarck a Ypres).
Comities-NVarnêton Le Touquet-ilouplines-Awzentières, 6-00, 10,15,12-00, 6-40,Armentières-Houplines-Le Touquet-War-
nêlon-Conines 7 -23, 10,50, 4-10, 8 -40. Comines- Warnêton 8-40, tn 9-30 s. Warnêton-CowMies 3-30, 9-50,
Courtrai Bruges, 8-08, l 1-00, 12-33, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Lichterv,)— Bruges-Courtrai, 8-25, 12-50, 3-13, 6-42.
Bruges, Blanketiherghe, Heyst, (Fint) 7-30,9 45,11 04,1,20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S. 5-50)7-35 (exp.)&-43. (bassin) 7-00,7-3?,
9-51,11 10,2-31,2 56,3-28(exp.)(S.5-36)7-4l(exp.)8 31.- Heyst, Blankenberghe, Biuges, 5-45,(L. 7-20.) 8,30,11-25*1 25,2 48,
(exp.)4-10,s jj30,(D. 6 15)7-28. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-55,11-35,1-45,3 05(exp.)4-30,6 00(D 6 35) 7,007 48
lngelmunster eynze Gand. 5-15, 9-412-15. Ingelmunsier-Det/wze, 4-50 2' cl., 7-15. Gand-Dcy nze-/Mt/e/wiitttster, 6-58,
11-20,4-46. Deynze lngelmunster, 7,31 9-10 2C cl, I 1.34 5,19, 8-20 s.
Ingelmunslev-Anseghem6-05, 12-10, 6-15. Anseghem-lngelmunster, 7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmade Furnes et Üunkerke, 6-30, 9-08, 1-33, 7-55. DtmierAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde6-45, 11-15,
3-45, 5-05.
Dixmude-iVtewporLO 55,10,35,2 20.3,10 8-40. Nieiip-Dmw,(ville)7-40,12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,50,4,13,5,50.
Thnurout-Oslerade, 4-30, 9-13, 12,03, 1-30, 8-03. 10,15— Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 4,43. 6-15. 9,15.
Selzaete-^ec/oo, 9-05, 1-23, 8-23. Eecloo-Seteoete, 3-35, 10 15, 4-22.
Gand- Terneuzeri, (station) 8-17, 12-13, 7,23 (porie d'Anvers) 8-30 12-40. 7--4S - Terne..zon-G««rf, 6-00, 10-30, 4-40.
Selzaeta-Lokeren, 9-04, 1-30, 8-30. (Ie Merer. 5-10 m.) Lokeren Sdzaete, b 00, 10-25, 4-45. (Ie Matdi, 9,30.)
COURTRAI, BRUXELLES.
Courtrai dép. 6,37 10,53 12.33
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,23
COURTRAI, TOURNAtLILLE.
c O R IA ES^OWD Atv CES.
URUXELLRS, COURTRAI.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
6.37
7,28
7,37
10,56
11,47
12,05
2,34
3,48
4,00
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép. 6,42 12,31
Gand arr. 8,01 1,31
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
3,47
6,14
3,34
6,29
6,32
3,44
3,04
6,33.
8,88.
8,47.
9,41.
9,55.
6,40.
7,56.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22
8,00
8,28
10,46
12,21
2,44
5,35
7,56
6,47.
8,44.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
Gand dép.
Courtrai arr.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
8,25 11,05 2,18
8,56 11,34 2,40
9.47 12,26 3,38
5,20
5,42
6,34
GAND, COURTRAI.
6, t3
6,34
9,38
10,51
1,28
2,49
4,24
3,81
5,20.
5,39.
6,33.
7,21.
8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bruges
Gand
Bruxelles
dép.
arr.
6,49 exp. 12,34 3,32 exp. 6,43 8,19 exp.
7,34 1,49 4,42 7,38
8,30 4,00 3,30 9,3! 10,26.
Bruxelles dep. 8,14
Gand arr. 6,00 9,41
Bruges 7,20 10,34
11,33 3,12
I 23 4,26 exp.
2,38 3,11
5,53.
6,37 7,22.
7,22 8,38.
Suilt'. Voir le N° précédent.
10 Jnillet.
Nous nous réveillons au milieu d'un fracas époti -
vanlable.
Pendant la nnit. le cicl s'est couvert de nuages
et le vent s est élevé avec force. Pious sommes
inondés a la fois par la pluie qui lombe a tor
rents, et par la mer qui rouie continuellement ses
vagues sur le pont.
Le vent déeliire nos voiles, la manoeuvre devient
presque impossible; le taquet et le grand foc sont
brisés; des montagnes d'eau nous couvrent a cha-
rpie instant.
Noti e pauvre navire n'esl pas reconnaissable, et
ce ne doit pas êlre tin médiocre chagrin pour lui
de ne pouvoir plus conserver son niaintien sérieux
de président. II a l'air bonteux et humilié
comitie un grave docteur qui se serait laissé
enlrainer a danser un menuet. Le vent le bal-
lotte comme' un floeon d'écume; il s'abal sans
cesse au milieu des eaux; mie vague le jette a
tribord, one autre le renvoie a babord avec une
fureili' inexpi imable.
Nous sommes sur le point de couler. A part le
capitaine et les matelots, tont le monde perd un
pru la lêle. Les femmes prient la sainte Vierge,
celte lendre mère de l'bumanité. Beaucoup ira-
vailiunl prianl. Le trarail et la prière sont
agTénb.es a L)ieu. Celui qui lutie conlre les flots
impélui-iix el rugissants pour sauver ses fréres,
celui qui partage avec ses semblables sou morceati
de pain et soa verre d'eau, celui-la, croyez moi a
fait aussi une bonne prière, surtout si, en mème
temps, d n'oublie pas de prier Dien.
Quelques-uns font lont ee qu'ils peuvent pour
aider a la manoeuvre, mais chaque coup de rouiis
les reuverse sur It1 pout. Nous sommes tons pales
et défails, el uous n'avons pas motus peur que
lorsque nous avons acbelé des cigares aux pirates.
Le capitaine parle de relaeher queique part,
mais nous n'osons pas Irop approcher des eótes,
de peur de nous briser sur les roehers.
Les personnes qui n'ont jamais navigtié pour-
raient s'imaginer qu on court beaucoup uioius de
danger a bord d'un navire man-hand que sur un
navire de l'Etat, vaissèau, corvrtic ou autre.
Si vous voyez de ces prrsonnes-la. je vous sup-
plie, Madame, de les dissuader. Le contraire est
précisément la vérité. Les na'vires de guerre étani
beaucoup plus gros, beaucoup plus forts, beau
coup plus solides et ayant beaucoup plus de ma
telols que les navires marchands, onl beaucoup
moins de chances de périrTel gros temps dont se
rit une orgueillense corvette, brisera un pauvre
trois-mats soi-li du Havre ou de Nantes. Plus
i'arène est pelile, plus le combat est terribie;
moins on est de soldals, plus on a de peine a
vaincre.
11 Jnillet.
La tempête continue toute la journée.
II est ti ès-vi ai de dire que I on s'habitue a tout,
car, depuis. vingt-quatre heures que la mer fait
semblant de nous engloutir. nous commcncons a
trouver qti'elle y met bien des l'acons, et qu'elle
n'est pas, au fond, aussi méebante qu'elle vent
bien en avoir l'air.
II est même probable qu'aii bout de huit jours
de mauvais temps, on Qnirait par prendre la mer
en furetir pour un décor d'opéra, illusions qui
durerait jusqu'a ce que l'on se irouvat vérilable-
mnit euglouti et submerge' le neuvième jour.
Connne l'erreur oü uous sommes actuelleinent,
toiiehaut les bonnes intentions de la mer, ponrrail
bieu avoir une conclusion semblahle, c'est avec un
vif sentiment de plaisir que nous yoyons arriver
sur uous un bateau-pilote de l'almouih,
Moyennant une somme d'argenl exorbitante,
qu'un pilote francais n'eüt eertainement pas exigé
d'un navire anglais, le patron du bateau consent a
monter 'a bord el nous conduit saus encombre sur
la radede Falmouth, oil nous jetons l'ancre, entre
deux vaisseaux et un brick de guerre qui nous
saluent de quelques coups de canon.
La Maria répondrait a cetle politesse comme il
convienl, si elle avail des canons, mais elle n en
a point, el un homme de l'équipage lire un coup
de pistolet.
Be mauvais plaisants prétendent que ces coups
de canon ne sont pas a notre intention, attend»
que les navires de guerre ne pratiquent pas crtle
courtoisie envers les navires de commerce. Cela
pourrait bien être.
12 Jnillet.
Relachc a Falmouth.
Le monsieur qu'on appelle le consul frangais de
Falmouth, n'est autre qu'un Anglais, ce qui
ne nous a pas médiocremenl surpris.
Pourtant, il nous euvoie sou secrétaire pour
nous compumenier el nous assurer de sa bien-
veillan'c'e.
Falmouth est un joli port situéa lextrémiléde
la cöte slid de l'Angleterre; la double neiniure Ie
montagnes qui l'entoure lui donne un aspect des
plus pilloiesqtie.
La plupart des passagers descendent a terre.
Nous nous laissons glisser dans des canots mon
ies par nos braves matelots qui décbirenl vigou-
reusement les flots avec leurs avirons, par des
niouvements égaux. semblables a celui pi-oduil
par le balancier d'une immense horloge. Nous
nous inslallons dans la meilleure auberge du pays
en attendant que le temps nous permetle de re-
prendre la mer.
Enfin, nous voila a lerre! c'est bien vérilable-
ment de l'herbe (jue nous foulons sous nos p els!
ce sol oü nous marchons ne menace pas a tliaque
instant de uous engloutir; la mer est loin, elle
mugit derrière nous comme pour se plaindre
d'avoir laissé éehapper sa proie!
Nous sommes sauvés pour celte fois, et nous at-
tendrons tranquillenienl il lerre que eette immense
colère soit calinée.
Falmouth ne nianque pas d'agrémenl; Ie port
esl occupé par une population active et bruyarile
de marins; le reste de la ville est plus calme; on y
retrouve Ie comfort anglais.
En somme. tout nous promet un séjour assez
agréable, si ce n'est qu'eu raison de notre qualilé
de Francais, on se moque nn pen de nos ltabiis
de nos manières el de nos personnes.
Je ne sais plus quel journal de modes s'est avisé
de dire le premier que la France a toiijours donné
|e ton a l'Europe. Get aphorisme pris a la lettre
peut enlrainer aux conséqueuees les plus fachen-
ses, comme cela a failli arriver ii propos du bon
George, que vous eontiaissez déja.
Le jour mème de notre arrivée, le lion secoua
sa crinière huiuide encore de l'air de la mer; i'
endossa son costume de membre du Jockey-Club,
et se moritra sur la plus belle promenade de Fal
mouth dans toute sa féroeilé.
II était vraiment beau a voir. Cependant il ent
le malheur de déplaire ii un genlleman.
Ce gentleman etil tort, a mon ajis, de manifes
ter son opinion, paree que. s'il se fi'u lenu dans les
hornes que lui prescrivaienl les lois de l'hospilali-
té, nous n'aurions peut-èire pas songé a les violer
a son égard, en le irouvant lui-mème plus ridicule
que noire compatrio.te.
Si done nous sommes forré de révéler son cos
tume a l'Europe, noire excuse se trouve dans la
faute de I'Anglais, qui le premier viola le droit des
gens a legard de notre anu le lion.
A CONTINUED.