LA CROIX D'OR.
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•credi 25 Noverob. 1874. t£^S>/ 9»» année. N" 929.
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Le Journal pa ra i l ie Mercredi el le Sametli. Les insertions coülent 15 eentimes la ligne.Les réclames, dans ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, la centimes.
Les numéros supplemental res coiumandés pour a nicies, Héclames on Annonces, coülent 20 Ir. les 100 exemplaires.
It E M I JV H 19 K E E 1«.
SIGNIFICATION DE L'ÉLECTION DE
garibaldi a rome.
Un montreur de lanlerne magique possc-
dait dans sa collection de verres peinls un
tableau 011 figurait, pour lout personnage,
tine croupe de cheval menaeée par un grand
sabredo hussard. Celle peiniure d un sym
bolisme Irop concis pour êlre com pris par
la foule, avail pour lit re: La bulaille cCAus-
terlitz.
On pourrait, ce nous semble, représenter
par line allegorie analogue mais plus saisis-
sable, les éleclions qui viennent d'avoir lieu
a Rome. Le peinlre n'aurait qu a esquisser la
croupe.... du Galant-Homme, menaeée par
la bolle éculée de Garibaldi.
II y a longtemps (Tailleurs que cette bolle
domine la situation en lialie. Le Iröne usur-
pé de Victor-Emmanuel est évidemment pré-
deslinéa une ignoble chute.
Viclor-Emmanuel, détröné, cbassé, vaincu
par Garibaldi, n'aurait pas le droit de se
plaindre; il devrait, au contraire, s'incliner
devant tous les litres sur lesquels il base sa
propre élévationl audaee, le succès, le plé-
bisciie, les fails accomplis. I.a Revolution
courormée n a aueun reprocbe a faire a la
Revolution en chemise rouge. Si Viclor-Em
manuel a po, conformément au droit nou
veau, prendre Rome a I Eglise, crocheler
les portesdu Quirinal et ernprisonner mora-
lement Pie IX au Vatican, Garibaldi peut, a
bien plus forie raison, revendiquer Rome
pour la démagogie, aller concher dans le lit
du Galant Homme et reléiruer le Vitellius de
l'unilé italienne dans quelque pavilion de
chasse, au milieu des Apenins. Ne serait-
ce pas l'application correcte, exacte, malhé-
matique de la loi du talion? Le coupable
chat ié ne pourrait pas lui-méme contesterla
jnslice du chatiment. On lui répondrait:
Patere legem quam ipse fecisli!
Le parli républicain vienl de constater sa
supériorité numérique a Rome sur le parti
monarchique libéral. Le Galant-Homme
avail prélendu ériger la Ville Sainte en capi
tate du royaume d'Italië et l'Europe
sceptique et lache avait sanctionné cette 1
usurpation. Or, lescrutin atleste aujourd'hui
que Victor Emmanuel est beauconp moins
roi dans sa prélenduz capitate que le grotes
que béqtiillard de Caprera. Encore quelque
temps et la Revolution se chargera de tra-
duireces chiffres en fails!.,.
Pendant que ces symplómes de décompo-
sition se manifesten! au sein du parti révo-
lutionnaire, funion des cathoiiques italiens
s'accentue davantage. Fidéles a la direction
de l'ie IX, ils se sonl parlout éloignésdes
urnes du scrutin. A Rome en particulier, les
abstenliohs ont élé si nombreuses qu'elles
peuvent étre évaluées dans plusieurs colléges
loraux aux quatre cinquiêrnes des élecleurs
inscrits. C'est la protestation, muetle mais
éloquente, do la fidélité contre l'usurpalion,
de l'honncteté contre le crime. Dans cette
ville de Rome Iravaillée de si longue main
par la propagaride révolulionnaire et peuplée
depuis 1870 de toute la séquelle bureancra-
tique du royaume subalpin, 1'immense ma-
jorilé des habitants se détourne des urnes
electorates avec tin profond mépris. Les
vrais Romams disent a leurs envahisseurs:
Vous étes a nos yeux un gouvernement si
abominable et si vil que nous ne pouvons
pas méme vous accorder une reconnaissance
de fait et vous faire l'houneur immérité de
voter contre vous!
La diplomatie contemporaine, peu délica
te en maliére de justice et d'honrraur, a pu
reconnailre les fails accomplis a Rome et ac-
créditer des ambassadeurs au Quirinal: les
Romains, eux, ne se monlrent ni si accom-
modants, ni si partisans de Ia morale indé-
pendante. Ceux-la mèrnes qui 1'appuientne
le respectenl point; les répnblicains le dé-
crient el les cathoiiques, e'est-a-dire la masse
conservatrice de la naiion, ne veulent avoir
rien de common avec lui. La banqueroute
morale est plus inévitable encore que la
banqueroute financiére, et l'éleciion de Gari
baldi a Rome nous apparail comme le pre
mier chapitre d'un livre d'histoire qui poor-
rail étre intitule: Le commencement de i.a fin.
Cathoiiques, soyons atlentifs aux événe-
menls, proiilons des lecons de la Providence
et regardons avec respect passer la justice
de Dien! [Bien public.)
LES CATHOLIQUES DEVANT L'AUTORITÉ
CIVILE.
On trouvera plus loin nne nouvelle lettre
de Mgr Manning. Pour comprendre les ex
pressions donl l'archevèque de Westminster
se sert cn pa riant de M. Gladstone, il faut
rappcler que Mgr Manning et M. Gladstone
ont élé tous deux compagnons d'études, el
que, depuis de longues années, ils se ren-
contraient aux reunions périodiques de UAs
sociation de Cambridge. Une amitié de plus
de quarante-cinq ans liait Mgr Manning et
M. Gladstone, et, en Angleterre, on avait
souvent atlribué a l'effet dc cette amitié la
conduite et le langagetenus par Ie chef du
parti libéral a l'égard des cathoiiques. La
nouvelle lettre de Mgr Manning est adressée
a Léditeur du New York Herald. En voici la
traduction:
Cher Monsieur,
En réponse a votre question touchant mon
exposé relanf au Coneile du Vatican, public
dans le Times d'hier, je réponds comme il
suil:
J'ai affirmé que les décrets du Vatican
n'ont changé ni une lettre, ni un mot aux
obligations ou aux conditions (Je l'obéissance
des cathoiiques envers l'aulorité civile.
Tout le pamphlet de M. Gladstone repose
sur l'asserlion contraire et tombe avec elle.
Comme preuve de ma propre assertion,
j'ajouie:
1° Que 1'infaillibilHé du Pape était une
doctrine de foi divine avant que le Coneile
du Vatican se réunit. Dans la seconde et
la 3C partie du livre intilulé: Petri prioilc-
giumj'ai donné des preuves plus qu'évi-
dentes de eet te assertion.
2° Que le Coneile d<1 Vatican a simplement
proclamé une ancienne vérilé el n'a fait au
eun dogine nouveau.
tien ont toujonrs exislé jusqu'a présent en
paisible relation avec une Eglise infaillible,
et que ces rapports ont élé souvent reconnus
et définis par l'Eglise dans ses Conciles. Le
Coneile du Vatican n'avait done rien de
nouveau a trailer quant a ce point.
5° Que le Coneile du Vatican n'a fait. abso-
lument aucun décret relatif au pouvoir civil
ou a l'allégeance civile. Le sujet ne fut méme
pas proposé.
L'obédience civile des cathoiiques repose
sur le droit naturel et sur les droits révélés
de Dieu. La société est fondée en nature, et
les sujets sont tenus d'obéir a leurs gouver-
nants el tout ce qui est legitime. La société,
alors qti'elle est chrélienne, a des^sanctions
plus hautes: les sujets sonl tenus d'obéir aux
gouvernants par acquit de conscience, et
paree que les pouvoirs existants proviennent
de Dieu. Les décrets du Vatican ne peuvent
rien avoir changé a cela, par la raison qu'ils
n'y ont pas louché.
Tout le raisonnement de ;M. Gladstone
repose sur une assertion erronée, a laquelle
il a élé conduit jc ne puis supposer autre
chose par la confiance qu'il a accordée,
bien a tori, au docteur Deeilinger et a quel-
ques-uns de ses amis.
Par des molifs publics et privés, je deplo
re profondément eet acte imprudent, et si
je n'avais pas confiance en la sincérilé de M.
Gladstone, je dirais eet acte injuste.
Je le déplore comme 1111 acte qui rompt
l'harmonie el les proportions de la vie d'un
grand homme d'Etat, et comme le premier
accident qui ait troublé une amitié de qua-
rante cinq ans.
Sa vie publique entière a jusqu'ici consoli-
3° Que, par conséquent, depuis le Coneile i dé la pai.x chrélienne et civile de ces royau
du Vatican, la position des cathoiiques a
l'égard de l'allégeance civile est précisément
ce qu'elle élail avant ce Coneile.
•4° Que les pouvoirs civils du monde chré-
mes. Cet acte, a moins que la divine Provi
dence el le bon sens des Anglais n'y meltent
obstacle, peut détrnire plus que 1'ceuvrede
la carrière publique de M. Gladstone, et, a
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Popenngliè- Vpres5-18,'t.-2ö.9-30.(0-58,2-1S,5-00,9-21) Ypres-Poperinyhe, .0-50,9-07.12-08,3-^7,6 50,8-45,9-50..— IV
peiinxlie-llazc.brouck. 7 18, 12 25, 4 17, 7-18. Ihzebiouck-Poperinghs-Vpres, 8-35, 10 00, 4-10, 8-25.
Ypres-Mouters, 7-50, 12-25. ti-45. -lloulers- Yprps, 0-23, 1-30, 7-30.
Koulers-Zyrupci', 8-45,11-34,1-13,- (L. 5 30), 7-30, (9-53. Lishlerv.) Lichterv.-Thourout, 4-25 m. Bruges-Holders, 8-23,
12-50, 3-13, 0-42. LwlUerveUU.Comelrai, 8-25 m. 9 01, 1,30, 3,43 7,21 Zedelgliem Thourout, 8-40. 1,08, 3,20, 0,58.
Ypres-Courtrui, 3-34.9-49,11 - i82-33,5-23. Coin trui - Ypres, 8-08,11-02,2-30,3-40,8- 49.
Yptes- knar out, 7-13, 12 00, 0 20, (le bamedi a 8-30 du malin jusqu'a Langhemarck). Thouroul- Ypres, 9-00, 1-18, 7-48,
(Ie Samedi a 0 20 du malin de Langliemnrck a Y pres).
Comines-Warnètou l.e 1 ouqutu-l homines-Arwenhe/'e.s, 0-00, 10,13, 12-00, 0-40,Armeniières-HuuplinesiLe Touquei-War-
neion-Comines 7 -25. 10,30, 4-10, 8-40. Co mi nes- Waruèlon 8 40, m 9-30s. War nêto n - CWines 5-30, 9-50,
Courlrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-33; (I,. 5-15), ti-33. (9-00 s.dLicluerv.)— Bruges-Courlrot, 8-25, 12-50, 8-13, 0-42.
Bruges, Blankenberghe lleyst, (Etat) 7-30.9 43,11 04,1.20,2 23,2-50,8 20(exp.) (S 5-80)7-38 (exp.)8-48. (bassin)7-00,7-36,
9 ->1 .1 I 10.2-31,2 30.3 20(exp.)(S.5-80)7 4l(exp.)8 51.lleyst, Blankenherglie, fiiugos, 5-48,(L. 7-20) 8,30,11-25,1-25,2 45,
(exp.)4-IO,s ^30,(0. 6-18)7-23. Blankenberg, Bruges, 0-10.(L. 7-42)8-85,11 53,1-45,3 05(exp.)4-30,6 00(D. 6 33) 7,007 48.
lngelmunster eynze-6and, 3-15, 9-41, 2-15. Ingelmunsier-Dey/ize. 4 30 2' cl., 7-18. GancLBeynze-./wge(/»iz»tA,<er, 0-58,
11-20, 4-40. pevnze Ingehnansler, 7,31 9-10 2° clI 1.54 S, 19, 8-20 s.
jngelmunster-dM.se^Ae»i, 6-03, 12-10, 6-15. Anse«ljpin-/»jwrf»»<»wter, 7-42, 2-20, 7-43.
Liehtervelde-Dixir.ade Fumes el IjJnkerke, 6-30, 9-08, 1-38, 7-33. Ditnte'A'e-Furnes-Dixmude el Lichtervelde, 6-45, 11- 15,
3-48, 3-05.
Dixmude-Mew/lor/,9-88,10,35,2-20.5,10 8-40. Nieup-Dm»,(ville)7-40.12-00,4-24,5,56,9,30,(bains)7,30,11,50,4,15,5,50.
Thou rout- Ostende4-50, 9-15, 12,05, 1-50, 8-03. 10,15— Ostende- Tliouroul, 7-55, 10-10, 12 25, 4,43. 6-15. 9,18.
belzaeie-.fc'eefoo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Selzaele, 5-38, 10 15, 4-22.
Gaiul Terne azen, (sialion) S -17,
S&ku.elb-Bukereii, 9 04, 1-30, 8
12 15. 7,23 (porie d'Ynvers) 8-30, 12 40. 7 48. Terneuzcn-Gand, 6 00, 10-30,4 40.
30. (le Merer. 3 10 111.) Lok$ren Selzaele, 6 00, 10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.)
COURT RAI, BHUXËI.LES.
C O El 11 ESPONDAMCE8.
BRUXEtlES,' C0URTRAI.
Courlrai dep.
Bruxelles arr.
6.37
9,20
10,53
1,38
12.33
2.23
COCRTRAI, TOURNA 1LII.LE.
Courlrai dep.
Tournai arr.
Li lie
6.37
7,28
7,37
10,86
11,47
12,08
2,84
3,48
4,00
3,47
6,14
3,34
6,29
6,32
6,33.
8,88.
8,47.
9,41.
9,35.
Bruxelles dep.
Courlrai arr.
8,22
8,00
8,28
10,46
12,21
2,44
5,33
7,56
6,47.
8,44.
L1LLE, TOURNAI. COURTllAI.
Lille
Tournai
Courlrai
dép.
arr.
5,20
8,42
6,34
8,25
8,86
9.47
1 1,03
I 1,34
12,20
COURTRU, GAND.
GAND, C0URTRA1.
Courlrai dep.
Gand arr.
0,42
8,01
12,31
t ,51
3,44
3,04
6,40.
7,50.
(5a nd dép.
Courlrai arr.
5,13
0,34
9,38
10,51
1,28
2,49
2,18
2,40
3,38
4,24
5,31
8,20.
5,39.
0,33.
7,21.
8,42.
Binges dép.
Gand arr.
Bruxelles
BRUGES, GANO, URUXEU.ES.
0.49 exp. 12,34 3,52 exp. 0,43 8,19 exp.
7.34 1,49 4,42 7,58
8,50 4,00 5,50 9,31 10,20.
Bruxelles dep.
Gand arr. 0,00
Bruges 7,20
BRUXELLES, GAND, BI
11,53
1 23
2,38
8,1 4
9,41
10,34
3,12
4,20 exp.
5,11
6,37
7,22
8,85.
7,22
8,38.
Snile. Voir Ie N° précédent.
Menu du costume de gentleman.
Chapcau a rebords très-élroils et Irès-haut de
forine, ayanl au premier coup d'oeil l'aspectd'un
telescope;
Chevelure rouge;
Cravale blanche;
Gilet de velours rouge;
Habit amaranlhe;
Culolte de peau jaune;
Bolles ii rclroussis.
S'il faut par Ier net, je crois qu'il y avail un pen
de jalousie dans le fait de l'Anglais.
Les deux rivaux se renconlrèrenl la première
fois en se lancanl réciproquemenl un regard fa
rouche.
Au second lour de promenade, le bon ril au ncz
du gentleman qui grouunela enlre ses dents un
mot dérisoire.
Au troisicme tour, comme je voyais l'horizon
sobscurcir sensibleinent. j'entrainai le lion dans
un cafe sitné sur 1111 cólé de la promenade, oil
nous primes des glacés en plein air, sous les
arbres.
L Anglais vint s'asseoir en face de nous, a quel-
que distance. II nous regarda longtemps d'un air
aitrislé, puis nous le limes parler bas a l'oreille de
son valei. Pendant ce temps, le lion me racon-
tait une histoire ennuyeuse.
Au bout d un quart d'heure, le valet nous
aborda et nous tint, de la part de sou maitre, un
discours auquel nous ne comprimés pas graod'-
ehose. sinon que le gentleman nous oiïrait une
partie de lioXe.
Esi-ce que vous allez accepter Ia proposition
de ce foil? demandai-je au lion.
Avec reconnaissance, me répondit-il.
ljuis se lournarit vers le valei.
Allez dire a sir Harris que je suis a ses or-
dres.
Quand le valei fut parli. nous nous levames, et
le lion me piia de l'accompagner.
Vous êtes Francais, je suis Francais, me dit-
il, ainsi nous ne devons pas nous séparerdans
celle circonslance, d'aulant que ceci est une
affaire nationale oü il s'agil de casser des cotes a
John Bull et d hunnlier son orgueil.
L argHment me sembla spécieux, el nous abor-
dames ensemble sir Harris, qui nous saiua avec
(lignite el nous pria de monter dans sa voilure.
II nous conduisit jusqu'a un petit jardin sitné a
l exliémité de Ia ville. Lit nous mimes pied a terre
el 110ns enlraines dans le jardin, donl le milieu
semblait disposé tout expres pour sn combat sin
gulier.
Le valet du gentleman frcdonnait gravement
l air suivonl:
God save the king, Dieu sauve le roi!
Le gentleman lira son habit d'un air mélancoli-
que, et pril bravement line pose qui dénotail un
boxeur assez exercé. Le lion en fit autant de son
cóté, et jela, avec un grand regret, un cigare
qu it aehevait de fumer.
La France et la perfide Albion une fois en pré-
sence, le combat s'engagea, et la perfide Albion
mordit la poussière, au bout dc onze minutes
vingt sept sccondfs, avec deux dents cassées.
Nuns aeeoui utiles pour aider sir Harris a se
relever: il nous serra la main cordialement en nous
faisani des excuses, el uotisdisanl (jue nous élions
d'aimablcs Francais qui avions le poignet fort.
II nous invita méme a aller prendre le the cliez ini
le lende ma in.
II nous fut impossible rle refuser son invitation,
et nous nous séparames les meilleurs amis du
monde.
En repassant sur le port, nous rencontrons M.
Juan en train de faire débarqner ses oiseatix. II
est assis sur tine borne enlre deux cages, son fati-
con Fasio perché sur son épanle;. il n'a pas
voulii que ses oiseaux restassent senls a s'ennnyer
a bord de la Maria. Bon vieillard!
Nous causons ensemble un instant; tout en can-
sanl, il ne neglige pas d'adrcsser de petites (latte
ries a son laiieon:
Fasio! 111011 bon Fasio!
L'oiseaii se rengorge, fait la roue et fixe sur
nous ses yeux vei ls, d'un air eflaré.
Four 11e |ias troubler davautage leurs épanche-
nients, nous prenops congé du vieillard.
Le lendemain nous allamas prendre Ie thé chez
sir Harris. Sa mere el sa soeur nous (irent les hon
neurs de la maison aver une grace parfaite. Nous
v trouviniès réunie la plus riche société de Fal
mouth.
Sir Harris parut dans le plus grand enchanie-
ment de nous voir. II avait invité, pour nous faire
honneur, noire capitaine et quelques-uns de nos
passagers.
La soirée était charmante; on mangea des
gateaux durs routine du marble et I'on but énor-
mément de ilié.
l.e gentleman nous comlila parliculièrement de
prevenances le lion et moi. II nuus pruposa de re-
commencer a boxer le lendemain ii amies cour-
toises, c esl-a-dire avec des ganls remboirrrés.
II vonlait méme nous donner le plaisir de courir
un superbe renard jaune qu'il aurait loué exprès
ponr la circonslance.
Nous (times la douleur dene pouvoir profiler de
ses oflres biénveillantes, paree que, le temps s'é-
tant remis au beau, notre capitaine avait annoncé
le depart pour le jour suivant.
l.ondres, 17 Juillet.
Londres! allez-rous vous écrier, Madame;
mais cc n est pas possible! II s'cst trompé 011 je lis
mal!
Eh bien non, je ne me suis pas trompé et vous
lisez juste. Je suis a Londres; j!y suis en compa
gnie du lion George.
Voici comment:
Comme nous nous promenions sur le port de
Falmouth, de très-bonne heure, le lendemain du
jour oil nous avions été regus cliez sir Harris,
nous renconlrames le capitaine Bom.
Fh hien, est-ce aujourd'hui que nous par
tons? lui demandames-nous.
Mon Dieu non, fit-il, elj'en suis fortcontra-
tié, car je prévois que ce ne sera pas avant plu
sieurs jours. Vous avez presque le temps d'aller a
Londres, ajoiita-t-il en souriant, car nous parlions
de cette cilé lorsqu'il nous avail aboedés.
N'otis nous jeiames, George et moi, un regard
d'inlelligence.
Je vous prends au mot, capitaine, lui dis-je.
Parlous-nous? ajouta George.
C'est one folie, nous dit le capitaine.
Coinbien y a-t-il d'iei ii Londres?
Falmouth est ii soixante-quinze lieues sud-
ouest de Londres.
-Vous parlez eomme une géographie, capi
taine.
C'est ainsi que nous sommes partis, Madame,
et nous voiei a Londres. Vous dire comment nous
sommes arrivés, serait pour inoi chose impossible.
Taniot nous avons élé en chemin de fer, tantót
dans ces diligences rapides et confortables qui sont
fort supérieures aux nótres, injustice nationale ii
part.
Nous avons traversé un pays délicieux, buvant
le long de la route la bri.se terrestrea pleine poi-
trine, dévorant du regard le panorama charmant
qui se développail devaut nuns.
Je suis reslé h op pen de temps a Londres pour
vous parler longuement de cetle orgueilleuse et
magnilique cité avec sa noble Tamiseet ses forêts
de mats; nous repartons ce matin.
Pour vous écrire, je me suis levé b cinq heures,
ce qui a fort scandalise Georges: c'est qu'il nevons
conn,n't pas. Pardonnez moi ce compliment un
peu fade et un pen vulgaire, et veuiilez me lire. Je
ne vous parlerai pas de ces clioses fuliles qui cap-
tivent et fascinent la plupart des voyageurs; vous
étes line femme trop sérieuse pour que j'use avec
vous de cet artifice qui consisle ii amuser d'abord
son public en s'adressant a ses sens, avant de faire
appel a la gravilé de son esprit.
A CON'TINCER.