I ssWv^ LA CR0IX D'OR. ®V m-Ji Samcdi S Décemb. 1874. annee. Nos 932. o ca ^i^sF i si y s 3 a 2 Le Journal parail Ie Mercredi el Ie Samcdi. Les insertions content lb centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la lignc.Un numéro du journal, pris au Bureau, lb centimes. Les numéros supplérncntaires comtnandés pour articles, Reclames on Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires. C II K 111 I s K F i: BS. Yp UN PROGRAMME. Les joumaux nous ont apporté ces jours derniers la circulaire de convocation d'un congres que les sociétés rationulistes de Belgique se proposenl de lenir dans la capi- tale au mois de Decern lire prochain. Ce document est de nature a faire nailre de poignanles reflexions Dans I'ordre du jour de ce congrés de la subver sion nous lisons, entre autres, la question suivante, dont l'énoncé sen I est un blasphe me: L'idée de Dieu est elle une idéé mo rale? Ei puis encore: Y a.-t-il lieu d'élaborer nn code moral a I'usagedes libres-penseurs? Ne peut-on garanlir la moralité de I'en- se gnement public sous Ie régime d'une lilierié de conscience absolue? Inutile de dire la solution que ces ques tions doivent recevoir sous les auspices de ceux qui les posenl. G.es rationalistps, com- me ils s'appellenl fièremenl, vont proclamer Ie monde sans Dieu, ('organisation de la morale indépendante et l'école complèleinent atliée. Le ridicule de la demonstration n'en empèchera pas le scandale; mais plus d'un liberal, a part soi, voudra se meltre l'esprit en repos en déclinant loufe connexion, mème èloignée, avec les promoleurs de ces non- velles assises. Nous n'avons riendecom- mun avec ces gens-la! Rien de cornimin, c'est parfait, et ce sen timent vous honore. Mais êtes-vous bien stir de pouvoir vous laver les mains de leurs coupables extravagances? Quand le libre-penseur déclarera qu'on peul garanlir la moralité de l'enseignement public sous le régime d'une liberie de con science absolue, il ne fcra ni plus ni moins que Ie doctrinaire poussnnl a l'école ncutre et defendant de mèler mème l'idée de Dieu a l'enseignement, pour ne point ofl'usquer la liberie de conscience du nourrisson. L'en- fanl élevé dans ce milieu est de droit acquis a la libre-pensée. Ce Dieu qu'on aura écarté de lui avec tant de soin. il fera plus que s'en isoler; il le niera pour ne pas avoir trop a le redouler. Et quand il se sera eonslitué lui- même mailre et sonverain arbilre de ses acles, il se conslruira sa morale, qu'il aura soin de débarrasser des plus gros impedi ments: la piopriété, la familie, l'autorité, et un jour le petit logicien de tantót entrera drapeau déployédans les rangs de l'lnlerna- tionale ou des sociétés rationulistessi l'on aime mieux eet euphémisme. Et alors il n'y aura qu'un cri d'horreur et de protestation. C'est pourlant la qu'on nous méne. Tou- jours la mème contradiction: semer l'athéis- mc et répudier le bouleversemenl; arracher la base et vouloir que l'édifice nc s'écroule pas; mettre la Revolution dans le cceur du peujile, et prélendre qu'elle s'arrète juste a la limile ou elle pourrait troubler, avec l'ordre, la propriété du ricbe et la jouissancc du satisfail! Non, ce n'est pas le congrés, si Iriste qu'il soit mème a l'étal de simple annonce, qui constilue le sympióme le plus désolanl. Les hommes de l'lnternalionale savenl bien que l'école sceptique leur fournira des légions d'adeptes, et ils n'èprouvenl aucune hesita tion a faire comprendre sur ce point leurs espérances el le bul de leurs efforts. Aurons- nous moins de prudence qu'eux el moins de vigilance? L'intensilé de la cause principale est deve- nue extréme et dans un avenir peu éloigné les ravages dépasseront évidemmenl de bien loin les eflcls acluels. C'est done sur la pro- pagande qui se fait en faveur de l'enseigne- ment secularise que l'altention doit se porter avant tout. El il ne suflil pas de voir, il faut combatlre, combattre par l'éducation cltré- tienne, par la salulaire influence de la mora le religieuse. Rien ne serl de se plaindre, de se faire illusion, de repousser lout soupcon decomplicité indirecte, d'invoqner de pré- Iendnes idéés liberates. Le meilleur moyen d'ètre sans reproche et sans crainle devant l'esprit de désordre, ce n'est point de se reposer sur la force qui peul, a un moment donné, devenir une protection insuffisante, c'est de faire son devoir, en aidant a couper le mal par la racine, a l'école ou il a son point de depart. UNE DANGEREUSE EXPERIENCE. On sail aujourd'hui a n'en pouvoir douter, que c'est Yécole suns Dieumaxime chére a nos libéraux, qui a puissamment corttribué a précipiter la France dans les voics peri I lenses oil elle se débat pénible ment sous nos yeux. Une victime de ce fatal régime nous décrit les trisles eflets que produisait dans le cceur des jeunes gens Pabsence de toute vie religieuse au sein des colléges de France, au commencement de ce siècle. De mème, dit Alfred de Mussel, que ce soldat a qui I'on demanda jadis: a qui crois-lu? el qui répondit: a rien. Les cceitrs se flélrirent comme les flours brisées. Hcureux ceux qui passérent sur les abimes en regardant le ciel! La Revolution de 1848 ouvril un instan- les yeux aux hommes d'Etat de l'Assemblée constituante. MM. Thiers, Reugnot, de Mont talembcrl, dc Falloux signaleren! la plaieet Ic remèdc. Cetlc unanimilé de vues de va n I Ic peril valul a la France la loi réparatrice de 1850 sur l'enseignement. Les horreurs de la Commune, mieux enco re que les snnglantes journées de Juin. sont venues nous apprendre que la cause du malaise social n'a pas change. La guerre a l'ordre se faisait dans ces jours si nisi res au cri de l'école sans Dieu! el pour mieux affirmer ses aspirations et sa vicloire, la Révolulton remplacait la Croix qui couronne le Panthéon par le hideux drapeau rouge! Soyons francs; sans qu'on se propose compiétemenl les tnèmés fins, n'est-ce pas ce méme cri de guerre, sous une forme adoucie Ie prêtre hors de l'ecole! qui méne au combat l'opposition libérale en Belgique? Le libéralisme, a part quelques exceptions bien- tót impuissanles, ne veut plus de la loi bien- faisante et chrélienne de 1842. Dans la presse, grande el petite, comme a la tribune parlementaire, la lutte s'est surlout établie sur le terrain brülant de l'enseignement. Le but unique, avoué chez les uns, plus ou moins inconscient cbez les autres, c'est d'exi- ler l'infliieuce religieusede toutes les spheres de I'acliviié humainc. Qued'hommes qui se disent clirétiens et se croient conservateurs ne craignent pas de se jeter dans cette voie qui méne falalement. a des abimes! Les partis se dessinent, les principes se simplifient chaque jour, il n'y a jilusguère que deux drapeanx en présence: celui de 89, avec ses immoriets principes, qui vent elias- ser de parloul Dieu el son Christ; et celui de I Eglise, avec ses Encycliques el sott Sylla bus qui veut dormer comme base a l'ordre social les fortes assises de la vérilé catholi- que. Le choix est enlre ces deux exlrèmes; il ne faut pas se le dissimuler: qui n'est pas avec Ic Christ est conlre lui. Des sophistes de toute taille vont répétanl chaque jour el sur lous les tons: la religion dans Ie temple, et, comme corollairc princi- pal ct immédial, Dieu hors de l'école. Et par peur du clerical, les prétendus chrétiens conservateurs applaudissent! Et quand di s jennes gens professertt dans des congres publics, comme a Liége, des doctrines d'a- théisme et qu'on s'émeut autour de nous, ces sages, aux nuances modératrices, disent qu'on fait trop de bruit! II y a a peine quelques jours, le prime de Btsmark conslalait au sein du Parlement, |es progrés de la demoralisation dans l'em- ptre victorieux. Un orateur du centre, Ie chef de l'opposition caiholtque, Reichenper- gcr en signalait au chancelier les véritables causes: la guerre a l'enseignement religieux confessionnel qui avail fail jusqu'ici la gloire et la grandeur de la Prusse, el d'autre part l'hostililé onvers I'Eglise, sous prélexte de désobéissance a I'Elat, qui veut ètre omni potent. Qu'on y prenne garde; notre foi est un des éléments de la grandeur et de la prospé- rilé du pays, et toute alteinte a nos croyan- ces religieuses cl a nos mceurs traditionnel- les marquera chez nous, comme chez nos voisins, rheure fatale des malheurs et de la décadence. Les lois du monde moral sont générales, olies n'ont pas slipttlé en notre faveur une neulralilé ni une exception. Ne fermons done pas les yeux aux rudes lccons de l'expérience. Si, la première fois qu'on vit des laves hriilantes au sommet du VÓMive, on s'était alarmé davanlage, ni Her- culanum ni Pompei' n'auraient disparu dans une mer de feu, et le voyageurqui visite avec émotion le theatre de ces élranges ca tastrophes ne lirail pas sur les ruines ces auslères paroles: Cuvelc, posteri, vestra res ut/Uur. {Dt/le.) fd Z -tl cc 1*3 O CO O O CD ctf s -— UJ cs LJ u: 3 t; r° yc o rn ro so H3 SO CO CO •H SO CO so a CC c-. H O O O -* M a K s- ra -s c« 2! Poperinghe- Ypres, 3-13,7-25,9-30,10-88,2-15,5-05,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-80,9-07,«2-08,3-87,0 S< pennghe-ilazebrouck, 7 13, 12-28, 4-17, 7-13. Hazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-38, to 00, 4-10, 8-28. :>res-fioulers, 7-80, 12-28, 6-43. lloulers-Ypres, 9-25, 1-80, 7-80. 80,8-48,9-80. IV I (bind-Terneazen, (station) 8-17, 12-18. 7,28 (porto d'An vers) 8-30, 12-40. 7 48. Terneuzen- Gund, 6-00 Sclziicte-Lo/,ere«, 9 04, I-30, 8-30. (In Merer. 8-10 in.) Lokeren Selzaele, 0 00, 10-28, 4 48. (le Mardi, 9, Roulers-Urates, 8-48,11-34,1-13, (L. 8 80), 7-30, (9-88. Lichlerv.) -Lichter v. - Thourout, 4-23 in. Bruges-Haulers, 8-28, 12-80, 8-13,0-42. Liclitervelde-CWlrni, 8-28 m. 9 01, 1,30, 8.43 7,21 Zodelgliem Tltoarottl, 8-40. 1,08, 8,26, 0,38. pres-GWlrai, 8-34,9-49,11-18,2-33,3-28. Courtrai-Ypres, 8-08,1 1-02,2-80,3-4u,8 49. Ypres-Thourout, 7-13, 12 06, 6-20, (le Samedi a 8-30 tlu matin jusqn'a Langbetnarck). Tliourotii- Ypres, 9-00, 1-18, 7 48, (le Satnedi a 6-20 du matin de Langhemarek a Ypres). Comines-War/iêlon Le Touquet-Houplines-Amezttóères, 6-00, 10,13, 12-00, 6-40, Armenlières-lloiiplines Le Totiquel-War- nêlon-Comines 7 -28, 10,80, 4-10, 8-40. Comines- Warnêlon 8-40, m 9-30 s. W'arnêlon-Comines 8-30, 9 50, Courtrai Bruges, 8-08, 11-00, 12-35, (L. 5-15), 6-53. (9-00 s. (Lichterv.)Bruges-CWma, 8-28. 12-80, 8-13, 6-42. Bruges, Blankenberghe, Heysl, (Etat) 7-30,9-45,11 04,1,20,2 25,2-80,3 20(exp.) (S 5 30)7-38 (rx|i.)8 48. (bassin)7-00,7 36, 9-81,11-10,2-31,2-56,S-26(exp.)(S.5-56)7-41(exp.)8-31.— Ileyst, Blankenberghe, Binges, 5-45,(L. 7-20) 8.30,1 1-28,1-28,2 48, (exp.)4-10,8-30,(D. 6-15)7-28. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-88,11-88,1-48,3 0S(cxp.)4 30,6 00(1). 6 35) 7,007 48 Ingelmunster-Deynze-Gandy 5-15, 9-41, 2-15. IngelmunstfM'-jDé^ftÉji,- 4 50 2' cl., 7-15. Gdiui-UvyivM-higefonufiiiter, 0-55, 11-20, 4-40. Deynzengelmunsler7,31 9-10 2C cl, 1 1.54 5,19, 8-20 s. Ingelinunsler-Anseghem, 6-08, 12-10, 6-15. Ansegbem-Ingelmunsler, 7-42, 2-20, 7-45. Licliiervelde-Dixmade Furnes el Dunkerke, 0-30, 9-08, 1-35, 7-58. DitnA-erAe-Furnes-Dixmude et Lichtervel.de6-43, 11-18, 3-45, 5-05. Dixmude-A'ïeMpor<,9-S8,10,35,2-20,8,10 8-40. Nieup-£h'a;m,(ville)7-40,12-00,4-24,5,50,9,30,(bnins)7,30,1 1,80,4,13,5,50, ThouroiiI - Ostendc, 4-80, 9-18, 12,03, 1-50, 8-05. 10,15— Ostende-Thourout, 7-55, 10-10, 12 25, 4,48. 6-18. 9,18. Selzaele Eeefoo, 9-05, 1-28, 8-28. Eecloo-Selzaele, 3-38, 10 15, 4-22. 10-30,4 40. 30.) c o it it h i* jm X) iv c; i-: H COURTRAI, BRUXELLES. BRUXLLLBS, COURTRAI. Courtrai dep. Bruxelles arr. 6,37 9,20 10,53 1,38 12,33 2,28 COURTRAI, T0URNAI, LILLE. Courtrai dep. Tournui arr. Lilie 6,37 7,28 7,37 10,36 2,84 11,47 3,48 12,05 4,00 COURTRAI, GAND. Courtrai dep. 6,42 12,3t Gand arr. 8,01 1,81 RRUGES, GAND, RRUXELLES. 3,47 6,14 3,34 0,29 6,32 3,44 5,04 6,38. 8,83. 8,47. 9.41 9,53. 6,40. 7,56. Bruxelles dep Courtrai arr. 5,22 8,00 8,28 10,46 12,21 2,44 5,38 7,86 6,47. 8,44. LILLE, TOURMAI. COURTRAI. Lille dep. Tournui arr. Courirai Gand dep. Courtrai arr. 8,20 5,42 0,34 8,23 8,86 9.47 I 1,08 11,34 12,26 GAND, COURTRAI. 5,15 6,34 9,38 10,51 1,28 2,49 2,18 2,40 3,38 4,24 3,31 3,20. 8,39. 6,33. 7,21 8,42. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruges dép. Gaud arr. Bruxelles 6.49 exp. 12,34 3,52 exp. 6,43 8,19 exp. 7.34 1,49 4,42 7,58 8.50 4,00 8,50 9,31 10,26. Bruxelles dép. Guild arr. 6,00 Bruges 7,20 8,14 9,41 10,34 11,83 3,12 1.23 4,26 exp. 2,38 5,11 6,37 7,22 3,33. 7,22. 8,38. Suite. Voir le N° précédent. Confessions el priores des passagers enfermés dans l'enlre pont; Mon Dien, pardoiuicz-moi. car c'esl la faute de mon voisin qui a bu trop de porter ii l'al- monlh! Mon Dien, je jure de ne plus ni'embarquci Mon Dieu, si quclqu'un est eonpable ici, ce n'est pas mod Mon Dien, c'esl ce gros ivrogne de Keiman qui nous attire toute voire colère! Mon Dien, je lie jouerni plus anx carles de ma vie, el je promcls de les jelcr a ia nier a la première occasion! -Mon Dien! Mun Dieu! Mon Dieu, je crois que Ie navire va chavi- rer! Mon Dieu, si nous nous brisons sur des ro ckers, permeiiez que je ine sanve dans mie iie habilée! Mon Dieu, je balirai une chapelle a la sainle Vierge sur le terrain que me donnera le gouverne. ment des Élals-Unis!.... Mon Dieu, si quelqu un doil périr ici, faites que cc lie soil pas moi! Mon Dieu. vous savez fort bien que! Mon Dieu, vous n'ignorez pas que! Mou Dieu, je fais voeu d aller en pèlerinage, pii ds mis ct en chemise, a la première églisc que nous troiiverons! Mon Dieu, c'est noire capilaine qui a eu tori de jurer, l'autie jour, en commandant la ma noeuvre! Anjourd'htii 22, nous voyons enfin le soleil. Les linages qui semblaient se trainer péniblement sur la mer se dissipenl peu ii peu; ils s'enfuitrit a I horizon conirne des fantöiiies noirs, ou s'éiêvent dans les airs foueltés et cardés par la brisc. Lr vent tombe en calmissant. I.es alcyons reparaissent pour annoncer le retour du beau temps comme its out annoncé la tempète. L'alcyon n'cst pas plus gros qu'nne liirondelle; il lui ressrmble beaucoup par ses formes gracieu- scs et la vivacilé de son vol. Sa tête est d'un noir ve Ion Ié et surmontée de plusieuis flocons de plu mes jannes qui se dressenl en forme de crète. Le reste He son corps est d'un noir donx il l'oeil, au reflet blniatrc. parsemé de peliles laches d or enipourpi'é. Tel est ce charmant oiseati, que je vous signale comme mie des plus gracieuses fantaisies de la creation. Ou bs voit dc temps en temps arriver par ban- des el voltiger aulour des navirts, en pleiue mer, et quelquefois a plus de cinq cents lieues de toute terre; puis ils disparaissent subilemenl suis qu'on puisse savoir d'oü ils vienuenl ui vers quelle con- Irée mvstérieiise ils se sont envolés. Les marins, persuades que leur arrivée annonce l'approche du mauvais temps, disent qiielquefois: Voici les alcyons qui ticenl une bordée sur nous. Cela signifie qu'un coup de vent les menace. Lorsque le calme se rétablit, ils discnl: Voilii les nlryons qui virent de bord. Ils attachent une idéé siiperslilieuse a l'existen- ce de ces oiseaux, el les onl flétris, pour cette raison, des noms de sataniques el coureurs de mer. 23 .JiiiHet En brick américain laisse arriver jiisqu'a nons et nous soiihailc bonne route, après nous avoir de- mandé notrc latitude. Le vent nous est Ion jours contraire, mais la mer s'est tont ii fait calmée. Les passagers soul rassurés el se chauffent au soleil sur le pont. 24 Juillct. Je ne sais s'il vous souvient d'un enfant gracienx et délicat que je vous ai présenté au commence ment de ces notes. La dei liière fois que je vous en ai parlé, il avait le mal de mer. Depuis lors son état n'a fait qii'enipirer, et notre dernière bourrasque a achevé de bouleverser sa frêle existence. On vient de le monter sur le pont, oü Ie soleq l'a un peu ranimé. Sa nière est auprès tie lui, e' nons fait rt'mai quer comliien il a repris tie vigucur et de g» ilé. Nous n'osons pas lui dire qu'il est devenu bien pale el bien faible, que ses joties sont déeolorées, et que l'on voit lejour ii travers sa main blanche et diaphant'. Trim est aussi étendu a ses pieds el lui tient compagnie. A propos dc Trim, il est bon de vous faire con- naitre un trait de dévouement très-reniarquable qui vient de lui concilier l'estime el l'admiralion de I'équipage. II y a ii peine une hen re qu'un matelot, perclié dans la liune de misaine, a été décoiiïé par le vent, qui a jeté son chapeni dans la nier. Trim s'est levé aiissilöl el a manifesté l'intenl ion de l'.Trrficher a la fureur des vagues; on a eu beaucoup de peine a lui persuader qu'il ne devait point exposer sa vie pour sauver un chapeau déja fort avarié. 215 Juillct. Nous renconl.ions unc frégate de l'Etat qui renlre en France; elle passé si prés de nous, a conlrc-bord, que nous entendons les sifllels des conl re-mail res et les voix des matelots. Celle frégate n'étanl point anglaise ne nons somme pas de nous laisser visiter. Tout le monde profile du beau temps. M. Juan tiionle ses cages sur le pont. Je craius toujours, nous dil-il, que le roulis el le manque il'air ue fassenl inourir mes pauvres oiseaux. Ce serail vraiment clommage, car ils sont presque lous tl une esjtèee qui manque eu Ainéri- que, et que je pretends importer le premier dans le district d'Albany. Voici. enlre antres, le lagopède, on perdrix blanehe des Pyrénées; La perdrix rouge (tetrao rufa); La caille d'Enrope (coturnix tetrao), La perdrix grecque (perdix grava), Et le triquet ou moineau franc, que lesParisiens appellent vulgairement pierrot, et que les natura- listes out nommé passer. Ma parole d'honneur, me dit Georges, re vieillard est digne d'etre empaillé avec ses oiseaux. Voulez-vous nil cigare achelé au capitaine noir? -J'acrepie voire cigare de pirate. Savez- vous bien Georges.qu'il se passé cliez vous quelque chose d'extraordinaire? vous avez changé trois fois de gilet depuis ce matin. Quatre fois, s'il vous plait. C'est une mnsure qu'un galant homme doit toujours prendre. Nous limes un tour de promenade sur le pont, puis Georges me dit en tirant sa montre: Yoiei l'heure du diner qui s'avance; il faut qne j'aille mettre tin gilet blanc pour paraitre a taille. Comme il parlait, j'entendis le violon du capi taine. Chacun a sa manie et parfois mème ses ma nies. A COjmiVUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1