1 LA CROIX DOR. Samedi 12 Décemb. 1874. 9mo année. N"s 934. I yit#plil'l >- 33 -n n en as Le Journal paraitle Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la iigne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la lignc.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires. «J II ElOS D E F E II. AVIS. Les personnes qui prendront un ABONNEMENT DUN AN pour 1875 recevront notre journal gratis jusqu'au premier Janvier prochain. LE 8 DÉCEMBRE. A quinze ans d'intervalle, ce jour marque, dans le régne de Pie IX, deux fails considé- rables enlre loos el dont un seul suffirait pour iinmorlaliser son nom. Le 8 Décembre 18M, le Saint Ponlife donne a la plus belle des perles qui ornent le diadéme de la Mére de Dien un éclat plus brillant et, du front virginal de Marie, la gloire en rejaillit sur la tiare du Vicaire de son Fils. Le 8 Décembre I860, le Pnpeouvreso- Icnncllcment les grandes assises de la chré- tiente; le malheur des temps disperse l'au- guslo asscmblée; mais si eourte que soit sa première session et en attendant qu'un avc- nir plus Iranqtiille ét prochain lui rouvre les portos de Saint Pierre, el le s'est déja, par Pimporlance de ses Iravaux, créé nnc place a cóté des principaux Concilcs cccuméni- q ties. Marie Immaculéc ne saurait abandonner le Pape qui enrichit sa couronne du plus précieux joyau. Déja ne peut-on pas allribucr a une protection spéciale de la Sainlc Vierge et cecalme de Pie IX au milieu dc l'oragc, cl cclte vigourcuse vieillesse et cc long pon- tifical? Si la Mére de Dieu sombic avoir éten- du son manteau royal au-dessus de celui qui l'a exallée, c'est qu'clle attend i'licure dc la justice pour le glorilier a son lour. Lorsque le Concilc s'est ouvert, Victor Emmanuel épiait l'occasion d'arracher les derniers lambeaux de la proie qu'il convoi- lait; d'autres forbans s'apprèlnient a ravager le champ dc la Vérité. Sur Ic dernier coin de terre qui lui restait, le Souverain Ponlife, entouré de l'épiscopat, fixait divers points de la Foi catholiqne: aux intelligences bal- lolées sur l'océan des doctrines, il monlrait dans rinfaillibilité Pontificale, un pharc el une boussole. Les forbans se sont rttés sur l'héritage des enfants de Dieu; mais Pie IX reste invincible dans sa faiblesse et Ie monde catholique obéit a Pie IX! LES PRIÈRES PUBLIQUES EtN FRANCE. L'Assemblée nationale, legitime interprèle des sentiments de la société franchise, a com- pris que la religion settle peut consoler nos malheurs, et qtt'an milieu des rudes épreu- ves que nous traversons, nous devons jeter les ycux vers le Ciel el implorer l'assistance divine; In die tribulutionis ma ui Dcum ex- quisivi (Ps. i.x.xvt). C'est pourquoi cllo a voté des priéres publiques. Et aujourd'hui la France catholique tout enticro élait pros- ternée aux pieds des autels. Déja, depuis neuf jours, les fidélcs du diocese de Versail les, réunis chaque soir dans Icurs églises, avaient fait la neuvaine dc priéres et de penitence prescrite par leur vénérable évc- qtte, a la suile d'unc magnifiqne lotlre pas torale ou le digne prélat s'était inspire des paroles de Pic IX: Agere el pati. Ces cxerci- ces out élé suivis dans tonics les paroisscs, mais surlout a Versailles, avec un saint zéle de l'ambassade des Brestois a un roi de France, donl oil ne dit pas le nom. et iin rcligietix empressement. II appartennit a l'Assemblée nalionalc de donner a la ville et a la France enliére le bel exemple dont nous avons élé témoins airjourd'hni, en ve- nant, elleaussi, dans le temple du Seigneur, joindre ses supplications a celles du pays. Quel beau et consolant spectacle présen- tait la chnpellcdu palais de Versailles! Ses abords étaient environnés de troupes d'hon- neur. L'aulorilé militaire avait voulu que tous les regiments présents a Versailles fus- seul représenlcs par un detachement de cin- quanle hommes. A 1'intéricur, elle étail parée de ses plus riches ornemenls. Une brillante illumination décorail l'atitel et le sanctuaire. Longlemps avant midi, hetire fixée pour la cérémonie, les tribunes réservées aux fidcles étaient remplies. A cette hetire, les tambours battaicnl aux champs et annoncaient l'arri- vée de M. le président tie l'Assemblée natio nale, et peti après cello de M. le président dc la Républiqne. M. Buffet était nccompagné des vice-prèsidents de la Chambre, des se crétaires et des quesleurs. Le Maréchal avait a sa suile les ministres et les officiers de sa maison. Plus de quatre cents dépntés occu- paient le cótc droit de la grande nef. MM. les quesleurs avaient demandé a la Compa gnie de l'Oucst un train express spécial par- tant de Paris a onze heures cinq minutes. Le cóié gatichc était rempli par les conseillers d'Elat, des sous-secrétaires d'Elat, des secré taires générattx et plusieurs chefs rlo division des ministères, des généraux et des officiers supérieurs, Ie préfel de Seine-et Oiso, le secrétaire général et les conseillers de la prefecture, le président du tribunal, les juges et les membres du parquet en robes et en fin par tousles chefs des administrations civiles et militaires de la ville. On remarqnait autour de l'Evèque, outrc- les dignitaires de l'Eglise qui l'accompa- gnaient, le supérieur et les profcsscurs de son séminairc, une parlie du clcrgé de la capitaleet des paroisses de la ville. Au milieu d'une si belle couronne de pré- tres et en presence d'tine si noble assemblee, le vénéré prélat, loujours fidéle aux ensei- gnements du Concilc de Trentc, qui déclare que la prédicalion est la principale fonction des évèqties (Sess. 5, c. 2), et se souvenant, sans dome, des paroles de saint Paul: que Jèsus- Christ ne Cavail pas cnvoyc pour bupliser mais pour prêcher (i Cor. c. 1, v. 1), se tourna vers son auditoire et lui adressa un admirable discours. La science ecclésiastique de l'illustre pré lat est non moins connne que son autorité comme évêque, et cn l'entendanl parler on ne pouvait s'empèchcr de lui appliquer cette parole pe nos Saints Livres: Ille oral lucerna ardens et Ineens. II semblait que des traits de flamme sortaient de sa bouche el allaicnt pénélrer dans le fond de lous les cceurs. L'aulorilé de sa parole et l'acccnt de convic tion qui l'animail étaient commc une chaleur vivifiante qui pénétrait jusqu'au.x enlrailles pour en lirerdes fruits merveiiletix. Après cc discours, Sa Grandeur onlonna au pied de l'atilel le Veni Creator. A l'élcva- Iionle son des clairons et le roulemenldes tambours annoncaient la presence sur 1'aulef du Dieu de I'Eucharistie. Tonles les lètcs se courbércnt cl lous les genoux fiéebirent, et aussilöl un cri d'adoralion se faisait entendre cl des voics chanlaient I Woe varumaccom- pagné sur Ic violoncelle et la harpc. Après la benediction pontificale et Ic der- nier évangile, Mgr TEvèque donna Ic saIut du Tiès-Saint-Sacrement. Un Sub tuutn exécuté par quatre voix d'hommes d'une rcmarqnable amjilcur el avec une harmonie parfaitc, impressionna vivcmenl l'assistance. Les priéres sc tcrminèrent par le chant d'un Tantum ergooü plus dc cent voix se firent entendre et scmblaicnt exprimer avec une heuretisc mélodie la foi qui régnait dans les cceurs de tant de fidéles prostcrnès en la presence de Jésus-Christ, leur Dieu. Le Pon- tife prit alors entre ses mains l'hostie sainlc et bén it ce pettplc rectieilli. Pendant que ses représenlants, recucillis dans la chapcllc du palais de Versailles, fai- saicnl monter leurs priores vers le tröne des miséricordes, les supplications des fidéles retcntissaienl de toutes parts dans nos tem ples. De telles priéres puissent-elles suspen- dre sur nos léles les fléaux de la justice de Dieu! Puissent elles faire luire pour nous des jours sereins et tranquilles, réconcilier les hommes et les peuples, et ramener la paix du Ciel sur la terre! {Monde.) ITALIË. Nous lisons dans le Journal de Florence sous la date du 2 Décembre: Sa Saintcté a recti aujourd'hui en au dience parliculière Mgr Victor-Augusle-Isi- dore Dechamps, archevèque dc Malines, de la congregation du T. S. Rédemptcur, et s'est entretenue longucment avec ce prélat dont le nom, les oeuvres et la vie episcopale sont une des gloires de la Bclgiqtic catholique. Sa Saintcté a invité l'archcvcque de Mali- nes a l'accompagner a la promenade dans les jardins du Vatican, oü l'on jouissait au jourd'hui do la plus donee temperature d'au- -tomnc, grace au vont d'Afrique. w ÉS ÉS O CQ CA Z O co co O co <3 cc Q zo zO w es CS w 3 ~3 03 35 vc O rn T~* 33 PI C/2 —3 33 e*3 o a -i o a H M .t) 33 >- 5! O c« «S O ;H bS cn C/3 •3J tf- SO Foperinglic-Ypres, 8-13,7-23,9-30,10-38,2-13,fï-OÖ,9-20. Ypres-Poperinghe, 0-30,9-07,12-03,3-57,6 50,8-45,9-50. Po- peringhe-IIazebrouck, 7 13, 12-23, 4-17, 7-13. Ilazebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-33, 10 00, 4-10, 8-23. Ypres-Zlow/ers, 7-50, 12-25, 6-45. Kou Iers- Ypres, 9-28, 1-50, 7-50. Roulers-Zfnzges, 8-48,11-34,1-13, (L. 8 86), 7-30, (9-83. Lichterv.) LichtervTliourotU, 4-23 m. Briiges-/i|ot{Zers, 8-25, 12-80, 8-13, 0-42. Lichtcrvelde-CWrfmi, 8-23 m. 9 01, 1,30, 5,48 7,21 /cdelgliem Thouriktl, 8-40. 1,08, 5,26, 0,38. Ypres-Courtrai, 8-34,9-49,11-18,2-35,5-25. Courtrai-Yjpm, 8-08,11-02,2-50,3-40,8-49. Ypres-TliourotU, 7-13, 12 06, 0 20, (le Samedi a 5-80 du matin jusqti'a Langhemarck). Thou rout- Ypres, 9-00, 1-18, 7-48, (le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warnèton-Le Touquet-IIouplines-Amö?t(ièm, 6-00, 10,18, 12-00, 6-40, Armentières-IIouplines Le Totiqtiel-War- nèton-Comines 7 -28, 10,50, 4-10, 8-40. Comines- Warnêton 8 40, m. 9-30 s. Wttrnêtori-Comines 3-30, 9-80, CourtraiBruges, 8-05, 11-00, 12-38, (L. 5-18), 6-53. (9-00 s'. (Lichterv.)Bvages-Coiirirai, 8-23, 12-80, 5-13, 0-42. Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Etat) 7-30,9-45,11 04,1,20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S 6-80)7-33 (exi>.)8-43. (bassin)7-00,7-30, 9-81,11-10,2-31,2-36,5-26^sxp.)(S.8-86)7-4l(exp.)8-51.Heyst, Blankenberghe, Binges, 3-48,(L. 7-20) 8,30,11-25,1 25,2-48, (exp.)4-10,8-30,(D. 6-15)7-28. Blankenberg, Bruges, 6-10,(L. 7-42)8-58,11 88,1-45,3 05(oxp.)4-3ü,6 00(1). 6 33) 7,007 48. Ingelmunster-Deynze-GVzrf, 8-15, 9-41, 2-15. Ingelmunster-Dei/Mze, 4-50 2' cl., 7-18. Cnxnd-üeytae-lngelmunnter, 6-58, 11-20, 4-46. Deyme-Ingelmunster, 7,31 9-10 2C cl, 11,34 3,19, 8-20 s. Ingel munster-A nseghem, 0-05, 12-10, 6-18. Anseghcm-Ingelmunsler7-42, 2-20, 7-48. Lichtervelde-Dixmude-Furnes et Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-38, 7-53. Duwterfce-Eurnes-Dixmude et Lieklervelde, 6-45, 11 15, 3-43, 5-08. Dixmude-Metzpoz<,9-85,10,33,2-20,5,10 8-40. Nicup-Dm»,(villc)7-40,12-00,4-24,5,50,9,-30,(bains)7,30,11,30,4,15,5,50. Thourout-Osfercrfc, 4-50, 9-13, 12,03, 1-50, 8-03. 10,15— Oslende-Thouroul, 7-35, 10-10, 12 25, 4,45. 6-15. 9,18. Sclzaele-Ziec/oo, 9-08, 1-28, 8-28. Eecloo-Sefzaete, 8-38, 10 15, 4-22. Gimd-Terneuzen, (station) 8-17, 12-15, 7,23. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Ternciizeu-Gwtd, 6 00, 10-30, 4-40. Selzaete-LoAerew, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 5 10 m.) Lokeren-Se/zaeie, 6 00, 10-25, 4 48. (le Mardi, 9,30.) C O T l M HSPOUrXJAlfOES. COURTRAIBRUXKIJ.ES. Courtrai dép. 0,37 10,53 12,33 3,47 6,38. Bruxelles arr. 9,20 1,38 2,23 6,14 8,58. COURTRAI, TOURNA!L1LLE. Courtrai dep. Tournai arr. Lil Ic 6,37 7,28 7,37 10,86 I 1,47 12,08 2,54 3,48 4,0(1 5,34 6,29 6,32 COUIITRU, GANII. Courtrai dép. 6,42 12,31 3,44 Gand arr. 8,01 1,51 5,04 BRUGES, GAJil), RRUXELI.ES. 8.47. 9,41 9,ao. 0,40. 7,30. Bruges dép. 6,49 exp. 12,34 3,32 exp. 6,43 8,19 exp. Gand arr. 7.34 1,49 4,42 7,5S Bruxelles 8,80 4,00 8,30 9,31 10,26. BRUXELt.ESCOURTRAI. Bruxelles dép. 3,22 8,28 Courtrai arr. 8,00 10,46 12,21 5,33 6,47. 2,44 7,56 8,44. Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 5,20 8,25 11,03 2,18 8,20. 3.42 8,50 11,34 2,40 5,39. 6,34 9.47 12,26 3,38 0,33. GAND, COURTRAI. 5,18 0,34 9,38 10,51 1,28 2,49 4,24 7,21. 5,31 8,42. BRUXELLES, GANOBRUGES. Bruxelles dép. 8,14 Gand arr. 0,00 9,41 Bruges 7,20 10,34 11,83 3,12 1.23 4,26 exp. 6,37 2,38 3,11 7,22 3,35. 7,22. 8,38. Suile. Voir le N° précédent. 10 Aoiit. C'est aujourd'hui la fêle de saint Laurent, pa tron du capilaine. Dès Ie matin, on a his.sé des pavilions de t ou les coulcurs et les matelots se soul réunis pour haranguer leur commandant. Une distribution extraordinaire d'eau-de-vie a eu lieu parmi l'équipage; ensuile on s'est livré a des jeux et a des chants nationaux. Deux Bas-Bretons se soul dispute le prix dc la dansc; ce prix consislail en une bouteille de i lium, donné par le capilaine, et que le vainqueur a gé- nérensemenl parlagé avec le vaincii. Ce soir, sur la fin de notre diner, un grand bruit s'est fait entendre stir le pont. C'était une serenade que trois des passagers emigrants don- naient au capilaine: l'un jon a i t de l'orguc de Bar baric, l'aiiire de la grosse caisse, el le Iroisiènte de la flute. Aloi s Ie capilaine s'est levé subitemenl, a pris son violon et a élé se joindre aux exéciilarits; de cette manière, la serenade a dégénéré en qnalnor. Puis on a joué une tyrolicnne. Le lion Geor ges n'a pu résister au desir de se mettre de la par ite; il s'est cache derrière le mat d'artimont, et a fait éebo avec son cor de chasse. Le soir, uu bal s'est organisé; puis lout le monde s'est réuni sur le pont, et le maitre d'équi- Page a demandé la parole pour raconter I bistoire Pour rintelligence dc ce qui va suivre, il ne fun t pas oublicr qu'il règne ent re les mai ius des dilférents ports une cerlaine rival.ié qiti donne pen a des hisloires boufifonnes dans le genre de celle-ci, inventée par les marins du Havre sur le comple de leurs confrères de Brest. I.e maitre s'assit gravcment sur le banc de quart el commenca ainsi: Ambassade des Brestois au roi de France pour du maqiiercau. e Qui qui n'a pas connti la fametix Dur-a- Cuir, un louvoyeur de Brest?... Ah! mais c'est que c'était un mnlcieux! Quand y vous travail le silla- ge d'une barque, il élait louché, da! L'autre jour que la marée élail haute, il re- gardait In lune et faisait le hossoir tout seul. satis doutc pour ne pas en perdre I hahitude. Ce qu'il se causail a lui-même, j'cn sais pas Irop, mais je crois qu'il ne se disuil t ien. Peul être, après t»ut, qu'y n'aurait pas encore lini son quart, a l'heure qu'il est, si Neptune n'avail pas eu l'osoir d'lui cracher une vague sur son pont. a Dur-a-Cuir vit tout de suile que ca n'en fini- rait pas, et il louvoyn sur le rivage pour regagnrr ses souliers, qu'il avail laissés sur le sable; bon! ii Vla qu'ca moutonnait, ca moutonnait... ii Mais le grain se passa hienlót. Quand vint la marée basse, le Hot qui avail pas mal fourragé, laissa sur la plage un rassemblement de maque- reattx; beanx poissons, c'csl sur! Que tout ga s'était donné le genre de venir se promener, la cannea la main, sur le sable. Dtir-a Cnir qu'élait un malin, comme on vons l'a tléja hélé de l'avant; se baissa pour en ramas- ser, vu qu'il n'v avail que ga a faire. i II appela lés autres pour qu'iis en ramassent aussi, el les autres vinrenl louten se bourlinguant, vent arrière. Le lendemain, Dur-a-Cuir crut devoir dire: Le roi cn aura sa part! Qa va. Le roi mangera de notre maque- reau, mais nous verronssa Majesté. Dur-a-Cuil' vit bien qu'il ne pourrait pas por ter tout seul avec Ponton le poisson qu'il avait trié pour le roi, et il dit aux autres en douceur: Je vas vous embaucher onze, pour que nous soyons doiize avec moi. et nous allons filer vent arrière, le cap stir le roi. Les v'la partis. C'élaient tons les lotivoyeiirs de la cote, les fameux, s'enlend! L'hisloire les nomine: L'Envergué. qu'avait les jambes en man ches de veste; Palan, né nalif des cöles d'Oues- sant; Pilolin-Névé, qui ne s'était jamais baigné qii'une seule fois dans sa vie, Ie jour oil il avait pris la cale monillée par accident; le Dématé, qu'avait éprotivé des avaries dans ses oeuvres mol les en recevant la cale sèche; Ponton, qu'élait naïf; Ie Gargousfier, qu avail jamais dormi au bossoir, je l'aflirmc! Mousaillon. qu'avait reen le jour un Vendredi, le treizième de sa familie; le Requinet. qui allait toujour,s de l'avant; Pavilion, qu'avait naTigué sur Ic Chasse-Fichlre; Cabestan, pas man- chot et délical; la Chaloupe, bon gargon, all oui! mais qu'avait t'U l'oeil de tribord avarié en grand, ce qu'iivuil fail un déficit scandaleiix it I'illtislricilé de sa jiliy.'ionoinic. i' loot ga naviguait dans les eaux de Dtir-a- Cuir, |>as fcignant, cl un pen bien grcéii la lame, commc j ai eu celui dc vous en lenir la conversa tion au sujet de sa malice. -Qui qu'en doute?... a Maintenant, attention, v'la que ga va déferlcr! a Si ce eommeneemetit, que je viensde vous ponsser en dehors de mi s hahines, a en celui de vous atlendrir en quoi que ce soit. je vas orienter sous tonles voiles, après avoir observe ma latitude, avec voire permission. a II est adjugéit tnon éloquent auditoire, dont j'ai l'honnciir de l'entrelenir, un quart-d'hcurc pour sc nioticher. Le maitre d'éqttipage avala un planturcux verre d'eau-de-vie, et conlinua gravcment: ii Bon! v'la mes Brestois qu'appareillent par la porie du Nord, sur Ic grand chi min dc la route dc Paris. Voici l'cndroit d'avoiier. pour leur ren- tlrc justice, que Ic maquereau avail étc générale- ment oublié ii la maison; mais ils filaient tont dc méme cinq nocud> it l'heure sans cn avoir la per suasion; c'était leur caractère! a V'ia z'aussi qu'iis commcnecrcnt ii avoir vent debotil, ce qui les forea de lirer des embordées tout le long, tout le long dc la route, si bien qu'iis se cognaienl ajirès les arbres. ii La milt se faisait. Gargoussicr, le celui qui veillail a ba bo id, héla tout a roup: ii Terre! relevé des feux a babord! ii Alois mes Brestois se maiiocuvrent et laissent arrivec en douceur pour éviler les brisants. l'allait voir ca!... Ah! c'est que c'étaient des hommes dc precaution! aussi je puis vous donner commc certain qu'iis relachèrent sans avaries ma jeures dans l'auberge de la mère la Tortue, qu'élait le feu signalé par Gargoussicr, oü ils mirent cn panne pour se lestcr la cale. C'est alors que Dur-a-Cuir, qu'élait un astu- cieux, leur souflla par son porte-voix, qu'il fallait se compter pour voir si Ic vent contraire n'en avait pas disperse quelques uns. i> I.e v'la qui comple! le v'la qui eompfe.' L'Envergué, un; Pilolin-Ncyé, deux; Palan, trois; le Dématé, quatre; Ponton, einq; Gargoussier, six; Moussnillon sept; le Be- quinet, luiit; PavTllon, neuf; Cabestan, dix; la Chaloupe, onzeTiens! nons sommes qu'onze! II y a un hemmc dispersé; il y a quel- qu'un qti'esl tombé a la mert ii Alors Tonton le naïf. qu'élait susceptible el fi- natid, ernt devoir lui dire: it Bon! c'esl par malice que til l'cs pas comp le, fahi-chien! l'es un rosé, va! it Nom d'nn kakatoës! je ne on'ai pas comple, largua Dur-a-Cuir. Je ne suis qu'unc morue! Oh! v'la que ga va recommenrrr. Ecoulez, les autres: Ponion et moi, ca fait un; l'Envergué, deux; Piloliri-Néyé, trois; le Dématé. quatre; Pa lan, einq; Gargoussier, six; Moussaillon, seplle llequinet, buit, Pavilion, neuf; Cabestan, dix; la Chaloupe, onze. A CONTINUE.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1874 | | pagina 1