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LA CROIX D'OR.
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Mcrcredi 30 Décemb. 1874.
9me annee
N,s 939.
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Le Journal parait 1c Mercredi cl It; Samedi. Les insertions coütent 16 centimes la ligne.Los réclamés, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la
Les numéros supplémentaires commandos pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires
igne.
Un numéro du journal, pris au Bureau, lb centimes.
fla s< m i x bs> e e e n.
ALLOCUTION DE PIE IX
Vénérables frères,
t) En voyant a quel degréde durelé ct dc
malheur sont montées les tribulations de
l'Eglise deDieii, Notre douleur est si proton -
dc que Nous devrions Nous sorvir plulót do
larmes que de paroles pour déplorer une si
grande allaque contre la vérilé el la juslice,
les ealamilés de la société humaineel I'aveu-
glemcnl des méchants. En el'fet Pimpiété,
animée d'un fol esprit de liberie et unie
élroiiement a des alliés, étend au loin sa
domination: associant a ses desseins les
sehismaiiqnes, les héréliques et les infidèles,
appelant a l'appui de sa malice le pouvoir.
In violence el la rnse, se rendanl favorahles
les esprits des hommes par l'espérance el la
crainle. elle lend a renverser, si c'étail pos
sible. la religion eniltoliqne el a élablir son
propre royaume, c'esl a-cbre le royaume de
la corruption païenne a laquelle Nol re Sei
gneur Jésus Christ a arrarhé Ie trenrehumain
pour le Iransporler dans la lumiére et le
royaume de Dien.
L'Ecrlise oatholiqne gémil sous le poids
loul a-fait acenblant de cello conspiration
des ennemis de Dien; et il n'est pas nécessaire
que Nous vous rappekmns. la douloureuse
silualion qui lui esl faire dans l'empire ger-
manique, en Suisse et dans los contrées dc
l'Amériqne centrale el méridionale, pidsnne
vous connaissez tani de malheurs qui Paflli-
gent el que vous partagez aussi Notre don- i
leur. Mais devanl Nons occupor avec vous
aujonrd'hni de la confirmation du palriarche
d'Antioche des Syriens. Nous ne pouvons
Nous empècher, vénérab'es Frères, de déplo-
rcr avec le plus profond seniiment de Iris-
tesse la cruelle perséculion qui aceable les
Arméniens catholiquos dans i'Empire lurc.
La, en effet, Pautorilé publique, après avoir
indignement expulsé le légitime palriarche
des Arméniens de Cilicie, prélertd considérer
comme calholiques ceux d'enlre les ecclé-
siasliques et les laïqnes qui, se montrant
rebelles a Noire autorité et refusant au susdit
palriarche Eobéissance qui lui est due. onl
abandonné Ie bercail du Christ et se sont
misérablemenl séparés de l'onité catholiqoc.
C'esl a ceux-ci que la protection publi
que a été accordée; les vrais chrétiens, au
contraire, qui supportent avecgratid courage
foute sorte de tribulations pour conserver la
religion de leursaïeox, sont livrésa la liaiue
et a la furenr de néo-schismaliqnes, et ont
vu la force armee sous la conduite el a l'in-
stigalion des néo-schismaliqnes, s'emparer
violemment et en bcaucoup d'endroils de
leurs biens el de ceux de l'Eglise, tandis
qu'ils en sonl eux-niènies réduits a se réunir
dans des maisons privées pour y assisler aux
saints offices el anx saints ntystères. Et il ne
sert a rien d'invoquer ces principes favoris
de ce siècle, en vertu desquels, puisque la
liberté de conscience a élè proclatnée, il
devrait leur ét re permis d'avoir leurs églises,
de professer leur foi et d'etre attachés a leurs
pasleurs; il ne leur sert a rien non plus
d'invoquer les conventions solennelles con-
clues enlre des princes puissants par les-
quelles, entreaulres dispositions, on garan-
tissait pleinement la liberté, la sécurilé et
les possessions des calholiques de I'Empire
olloman. Qu'est devenue mainlenant la sain-
teté de la foi donnée et recue? El ceux-la qui
pourraient el devraient clever la voix, quels
soins se donnenl-ils pour faire observer la
foi jurée et pour secourir les oppritnés?
En passant en revue tous ces maux,
Nous ne pouvons qu'èire lourmeiilé de la
plus vive douleur, vénérables Frères, en
voyant d'un cóté quelle grande guerre les
impies ct les infidèles, lont en dissimulant
avec ruse leur impiété, ont soulevé contre
Dien et contre sou divin ouvrage, l'Eglise,
qu'tl a lui tnciue fotidée sur la lorre, qu'il
dirige par son esprit el protégé par ses pro
messes, el en voyant d'autre part que non-
sctiletneril on ti'oppose ancun obstacle a cetle
si criminclle conjuration, mais que nième on
lui fouinil dessecourseidesencouragcmenls,
sans penser tpie la cause el les droits de l'E
glise étanl oppritnés, les unties droits htt-
mains le sont également et la tranquillilé de
la societc civib- ne peul tester intacte.
Mais au milieu des flots cFune si grande
lempeie, que tbtile notie confiance, vénéra
bles Frères, detneuro fermement élablie en
Dieu. En elTel, la cause que nous défendons
est la cause de Dien. et n'ouMions pas que le
mème divin Maitre qui nous a annoncé d'a-
vance des Iribulations daiis ce monde, n'a-
bandorine pas ceux qui e.q'óronl en lui et a
promis qu'il serail avec nous jusqu'a la con-
sotnmalion des siècles. El n'est ce pas la
vertu dc sa grace divine qui. ati milieu d'un
si grand combat, a souteim jusqu'a ce jour et
nos vénérables Frères les évèques, et le
clergé, et les lidèles de l'Allémaghe et de la
Suisse, des pays de l'Orienl et des plages de
l'Amérique, a tel point qu'ils om donné par
louta la grande gloire de la religion, d'ud-
mirables exemples de consianee, de zèle, de
foi, de penitence et de courage invincible?
C'est pourquoi rendons graces a Dieu
Irés clément qui sottlienl sou Eglise et veille
sur elle au milieu de lanl de tribulations;
invoqtions Ie cnsnile, sou par une simple
priére, soit par une sainle discipline de vie,
alin qu'il continue aNoussoutenir nous mème
el tout son.people dans le combat, afin qu'il
éclaire par sa lumiére les esprits des égares
et qu'il tléchisse leurs ccours, el afin que,
par la vertu de la patience et de la justice,
Notts vainquions les puissances ad versos de
mème que Notre trés saint Bedempteur a
vaincii le fort armé après lm avoir livré
combat, non armé (ie sa toute-puissance,
mais revètu de notre infirmiié et de notre
bassesse. Si nous l'mvoquons ainsi. Nous ne
pouvons douter qu'il tie soit aussilöt apaisé
el qu'il ne Nous réponde dans sa bénignité:
Je suis Ion salut {salus luu ego sum.)
Mainlenant, voulanl pottrvoir aux néces-
sités de l'Eglise catholique des Orienlaux par
la confirmation apostolique du nouveau pa
lriarche des Syriens, Nous vous apprenons,
vénérables Fréres, que le venèrable Frére
lgnace-Philippe Harcus, que huil ans aupara-
vant, après sou election faite suivant les
régies ordinaires par les évèques de Syrië,
nous avions confirméel inslitué Palriarche,
étanl mort, les evéques du rite syriaque, les
uns par eux-mèmes, les autres par leur pro
cureur, se sont rénnis en synode dans l'égli-
se Sainle Marie Lihéralrice dans Ie Liban, et
que ce synode étanl présidé en Notre nom
par le vénérable fi ére Denys Seelhot, arche-
vèquc d'Alep des Syriens, aprés la recitation
des prières ordinaires, tons ont unnnimement
élit par leurs suffrages secrets le susdit véné
rable frére Denys Seelhot pour palriarche
d'Antioche des Syriens; et enfin tant l'élu
que les élecleurs, après Nous avoir informé
par leurs lettres de ce rósnltal, Nous ont
immblement supplié de confirmer cette élec-
tion par Noire autorité aposlolique, et de
vouloir décorer le nouvel élu de l'honneur
du sacré pallium.
Toutes ces choses onl élé pesées avec un
diligent et soigneux examen par Noire Con
gregation de la Propagande, et Nous accep
tant liés-volonliers ie conscil de cette mème
Gongrcgalion, Nous avons pottsé dc procla-
mer le susdii vénérable fiére Denys Seelhof,
palriarche d'Aniiocbe des Syriens. el de lui
accorder le pallium pris du corps de saint
Pierre, persuade avec tine ferme espérance
qu'avec l'aide de Dieu il sera d'un solide
appui et seeours pour l'Eglise catholique des
Syriens dans ces temps si cruels, par son
zcle de la religion et du salut des ames et par
le saint aceomplissemenl de tous les devoirs
de sa charge pastorale.
Que vous en semble?
Par l'autorité de Dieu tout-puissant ct
des saint apölres Pierre et Paul el par la
Nótre, Nons confirmons et Nons approuvons
I'élection, c'est-a-dire la poslulation faite par
les vénérables Frères les évèques du rite sy
riaque dans la personne du vénérable Frére
Denys Seelhot, patriarche, que Nousdélions
du lien qui l'altache a l'Eglise tl'Alep et que
nous Iransférons a EEglise pairiarcale d'An
tioche des Syriens, et nous l'élablissons com
me patriarche et pasteur de cetle mèine
Eglise, comme il sera déclaré dans le décret
el la leltro consistoriale, nonobstanl toutes
autres choses conlraires.
Au nom du Père, el du Fils, el du Sainl-
Esprit.
Ainsi soil-il.
TRAVAILLÉ POUR LE R0I DE PRUSSE.
Ces jours-ci la presse officieuse de Berlin
a fait grand bruit de la découverte d'un af-
freux complol, tramé paries ultramon-
tains, ca va sans dire contre la vie de M.
de Bismark. Le principal coupable était un
Beige, habitant Seraing, et nommé Duches
ne.
C'était au rnois de Seplembre 1873, a
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Poperinghe- Yprrs, 5-18,7-25,9-80.10-58,2-18,8-05,9-20 Ypres-Póperinghe, 0-80,9-07,12-08,3-87,(5 80,8-48,9-80.
paringhe-Hazebrouck, 7 t;i, 12-28. 4-17, 713. llazcbroiick Poperinghe-Vpres, 8-33, 10 00, 4 10, 8-28.
Ypres-Ftow/ers, 7-80, 12-28, 0-45. Ruulers- Yprès, 9-28, 1-80, 7-80.
holders-Bruges, 8-40,1134,1-13, (L. 8 SO), 7 30, (9-88. Liclilerv.) Liehterv.-Thoaroul, 4-28 in. Bniyes-hoir/ers, 8-
12-80, 8-13,6-42. Lichtervelfli' Courtrai, 8-28 m. 9 ul, 1,30, 5,4» 7,21 Zedelghem TliouroiU8-40. 1,03, 5,20, 6,58.
Ymes-Courtrai, 5-34,9-49,1 1-18,2-38,5-28. Courtrai- Ypres, 8r08,l 1-02,2-50,5-40,8 49.
Ypres-yViouTOut, 7-13, 12 00, 0 20, (lo Samedi ii 5-50 du matin jusqu'a Langhemarek). Thou rout- Ypres, 9 00, 1-18, 7
(If Samedi a 6-20 du matin de Langhemarek a Y pres).
Comines-Warnêlon Le Touqur-t-llouplim:s-A/'»te?»ttère.s, 0 00, 10,15, 12-00, 0-40,Armenlières-llouplines Le Totiqucl-YV
nèioii-Comities 7 -28, 10,50, 4-10, 8 -40. Comines- Warnèlon 8 40, m 9-30 s. Warnêion-Cowiwe* 8-30, 9-80,
Courtrai Bruges, 8 08, 11-00, 12-35, (L. 8-15), 0-55. (9-00 s. (Liclilerv.)-— Bruges-Courlrai, 8-25, 12-50, 5-13, 6-42.
Bruges, Blankenherghe, llevst. (Etat) 7-30.9 45,11 04,1.20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S 8 50)7-35 (exi> )8-45. (Imssin) 7-00,7
9-81,11 -10.2-31,2-86,8-28(exp.)(S.8-86)7-41(exp.)8-81.— Ileyst, Blankenherghe, Hinges. 8-48.(1,. 7 20) 8,30,11-28.1 25,2
(exp.)4-10,5-30,(D. 0 15)7-23. Blankenberg, Bruges, 0-10.(1,. 7-42)8-55,11 55,1 45,3 0b(exp.|4-30,0 00(L). 0 35) 7,007
Ingelinunster-Deyrze Grand, 5-15, 9-41, 2-15. lngelminisier-/>ei/Mse, 4 50 2' cl., 7-15. Gaud Dgyn/.e-higelmuiister, 0-
11-20,4-40. Devnze Ingelmansler, 7,31 9-10 2" cl, 11.54 5,19, 8-20 s.
Ingelmunster-dnseghem, 0-05, 12-lu, 6-15. Ansegliem-Ingehriunsler7-42, 2-20, 7-45.
Lichterveldc-Dixir,jde-Furnes et Duitkerke, 0 30, 9-08, 1-35, 7-55. DtwA'crAe-Furues-Dixmude el Lichlervelde6 48, 11
3-45, 5-05.
I)ixnunle-iY«ewpor<,9-S8,10,38,2-20,8,10 8-40. Nieup-/toM,(ville)7-40.12-00,4-24,5,50,9,30,(!>nin<)7,30,11,50,4,15,5,50.
'I'linuroul-O.stemZe, 4-80, 9-13. 12,05, 1-80, 8-08. 10,15Oslende-Thouroul, 7-58, 10-1012 25, 4,45. 0-15. 9,15.
Sehaele Eecloo, 9-05, 1-23, 8-25. Eecloo-Selzaele, 5-38, 10 15,4-22.
Po-
25,
48,
ar-
30,
48,
48.
88,
15,
Gaud-Tentenzen, (station) 8-17, 12-15, 7,25 (pone d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 45. Terneuzen-Gaud, 0 00, 10-30, 4 40.
Selzi.etv-Lokeren, 9 04, 1-3,0, 8 30. (le Merer. 5 10 in.) Lokeren Selsaete, 0 00, 10-25, 4 45. (le Mardi, 9,30.)
C O V r X X ESPO ND /v W CES.
COURTRAI, BRUX6LI.ES.
Courtrai dép. 0,37 10,53 12.33 3,47 6,35.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2.25 0,14 8,58.
COURTRAI, T0URNA1, LII.LE.
Courtrai dép. 6,37 10,80 2,54 5.34 8.47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3.48 0.29 9,41.
Lille 7,37 12,05 4,00 0,32 9,35.
BRUXEI.I.ES, COURTRAI.
Bruxelles dep.
Courtrai arr.
5,22
8,00
8,28
10,40
12,21
2,44
5 33 0.47.
7,50 8,44.
COURTRAI, GANI).
Courtrai dép. 0,42 12,31
Grind arr. 8,01 1,81
RRUGES, GANI), BRUXELLES.
3,44 6,40.
5,04 7,50.
Bulges dép. 0,49 exp. 12,34 3,82 exp. 0,43
Gaud arr. 7.34 1,49 4,42 7,58
Bruxelles 8,50 4,00 5,50 9,31
8,19 exp.
10,20.
I.ILLE, TOURNAI. COURTRAI.
Lille dép. 5,20 8,25 11,03 2,18 5,20.
Tournai arr. 5,42 8,80 11,34 2.40 5.39.
Courlrai 0,34 9.47 12,20 3,38 0,33.
GAND, COURTRAI.
Gand dep. 5,18 9,38 1.28 4.24 7,21.
Courlrai arr. 0,34 10,51 2,49 5,31 8,42.
DRUXELLES, GANI), BRUGES.
Bruxelles dep. 8,14 11,53 3,12 8.85,
G.md arr. 0,00 9,41 1.23 4,20 exp. 0.37 7.22
Bruges 7,20 10,34 2,38 5,1 I 7,22 8,38'
ADRESSÉE AUX CAltDINAUX DE LA SAINTE-EGLISE
.R0MA1NE,
LE 21 DÉCEMBRE.
Suite. Voir le N° précédent.
20 A«91.
Nons venons d'apercevoir. avec oos longues-
vues, nu na a ire (levant nousii ipielqnes mille'.
Bans In crainle que ee ne soil no naviee de
guerre anglais el qu'il ne nous onlrage, en veeln
du droit de visile, le capilaiue s'empeesse de faire
virer de hord. La chose est nssez homilianle; mais
que voulez-vous? Avec la legislation qui regit les
mers, il est interdil a la F ranee (le prendre line
autre attitude devanl I'oiitreciiidauce et Ie despo
tisme du leopard hrilannique.
Nous avons dépassé depnis deux jours le banc
de Terre-Neuve; nous nous ti onvons uiainlenant
par !5.'i" 19' de longitude et 37° 50 de latitude!
J espère. Madame, que je vais parailrr très-.-avanl-
Je suis tont honteiix de mon éniditfon.
Nons devrions élre arrivés déja a New-Yorck.
•nais les vents conlraires nons oril beaucoiip re
lardés; personne u'avail prévu nn teinpssemblable.
aussi les vivres commencent a nous nianquer.
Lc vent vient de sauter au snd. Légere brise;
La marehe du navire. commence ii se ralenlir. II
ne manquerait plus vraiment qu'il sarrèiat louta
fait.
27 Aortt.
Le vent calmi de pltis en plus. La clialeur est
étouffanle.
Minuit.
Calme; la brisc tombe. Le navire ne inarche
pt'esque plus.
2<8 Auut tlix licnrcs do matin.
Calme plat. Les voiles relingucnt el tombeot
le long des mats; le timonier tpiiltc la barre; le
navire est immobile.
On dresse des lentes pour se garantie de la
chaleur.
La mer, celle tombe toujours bénnle. est en re
moment unie comme nu miroir; le soleil la colore
dc reflets i onges.
Nons regenloos antonr de nons'avee effroi; pas
one ride snr Ia mer; l'Oeéan sVndorl dans nil repos
absoln.an milieu d'nn silence elfrayanl.
29 Aoiït.
Toujours le calme. La nature ressemble a
une morle.
Je pi ie Dien, Madame, voire croix sur les lè
vres.
Ou diminue les rations. Nous nous occupons
activeinent de pêelier; mais nous ne sommes pas
beureux; e'est a |)eine si nous avoos pu prendre
quelqucs dorades.
Midi.
Toujours le calme. Vraiment. la mer bou-
leuse el déchainée. lourbillonnarite et terrible, est
inoins affreuse que cette mer, immobile et moeite
comme un désert, comme une prison, comme une
tombe.
L'Oeéan semble dorntir d'un élcrnel sommeil;
la nature parait morte, et notie navire. au milieu
de ee grand lac qu'aiictiue brise ne ritle. ressemble
a l'uii de ees rochcrs gigaiitesqiies quij parfois, se
drcssenl, comme one menace, ati-dcssiis des va-
gues frémissantes.
Lette immense inimobilitca la majeslé désolanle
de la mort. File énerve, elle désespère, elle abat,
elle óle lont courage. La mort est préférahle, au
milieu des agitations de la lutte, 'a la mort lente,
san* action, s.iio (téfwiAC, ii crlte mort ipn s'avance
sur lc navire pris par un calme plat.
(.ar, les vivres (liiiiiuiiant ct Ie navire n'avangant
pas, il est a craindrr que, cetle affreuse situation
(liiiant longteuips encore, la famine ne vienne sai-
sir les malbeurcux passagers au milieu de ee slérile
repos, emiemi irréconciliable. contre leqtiel lont
combat esl impossible.
A cliaque instant les matelots croient sentir
quehpie léger veilt sur leurs visages el leurs poi.
trines; ils bondissent alors, l'oiil ardemineiit lixé
sur l'liorizenMais ce n'éiail ipi'une illusion;
les voiles reslenl immobiles; immobile la nappe
d'eau salée, immobile le pauvre navire.
Tout ceia est solennel et poignant. Les malelots
Irouvenl encore le moyen de frire des plaisanle-
ries:
Un lel sera meillenr ii manger qu'iin tel!
M. de lloiienterre sera moins dur que l'es-
pagiiol Juan AI va rés
Ce beau M. Georges, qui a tant de gilets,
offi irail d excellents bcefsteacks!
Si le sort tombait sur le eoq. je n'en voudrais
pas; manger du blanc, a la bonne heure; mais du
noir, jamais!
Tu es bien dégouté!
Etc.... etc.... etc.. etc....
Voila bien le people francais! brave dens Fad-
versilé justpTa la railler ic; spirit nel jusijii'a son
dernier soupir!
Uien de plus etirieux. de plus grotesque, que
d'enlendre les saillies de res boiuiues de ler, au-
quels jamais la lêlc ne tourne eoninie jamais le
cocur ne manque; bonnes natures a mes (endres,
excellents coeurs sous de robustes enveloppes.
Les menaces et les propos pitloresques qu'ils
adressenl aux vents el a la mer sont charmants de
naïveté. Ft puis its pi ient Dieu et la sainle
Vierge de la faeon la plus louelianle.
Ituit betires du soir.
Nous venons d'assister au plus maguifiqiie pano
rama, avec Juan, Thérèse, Georges. leeapitai-
ne et l'éqnipage inoeeiipés. Kien, rien de plus
imposant que dc voir, en plciiie nier, par nu beau
soir d'élé, le eoueher du soleil. Dans un horizon
dn plus beau rouge, compose de images de feu
dont les formes fantastiqiies sillonnent le eiel eom-
me les laves brulanles d'un enfer. I'aslre bienfai-
sanl, qui fait mürir les fruits dc lerre, disparail
lenlemenl, avec une imposante inajeslé.
II est impossible de ne pas étre pris d'line sensa
tion religieiise. de ne pas penser a Dieu devanl ce
spectacle sublime qui se renotiveile chaque soir,
sans jamais lasser l'ceil du voyagriir.
Devant eelft nature admirable, madame Juan
trouva de nobles accents. File cut la sainle elo
quence du poëte chretien. Sou geste étail pieuse-
nieul passionné, son regard brillait conime une
étoile au front des eieux.
30 Aoill. onze hen its dn matin.
Nous venons dc harponner un reqilin (|in rod,ail
depnis qoebiues jours aiilooi du navire. On a
en de grandes diflleullés pour Ie bisser a bord; i'
a six pieds de longueur el pent peser deux cent
ciiK|!iante livres; le sang ruisselle de ses niaehoires,
et il se délial avec line fureur qui cmpêché les plus
hardis d approrber.
I.es coups de queue qu'il donne sur Ie pont font
(renjnlcr le navire jiisqnc dans ses hnubans.
Nous Irouvons sur ses nageoires deux petils pois-
soiis, appclés pilules par les marins, paree qu'ils
précédent toujours le requin, (joi vit avec cnx en
bonne intelligence.
Cette pêche a un pen augincnlé nos provisions.
Qii.vUt heures.
Un requin, probablement Ie parent du dé-
fiint, de celui que nous avons pris et mangé ce
ntatin, suivail noire navire depuis plusieurs
heiirrts, sans doule ponr dévorer la nioindre eliose
tombée de la Maria, ne filt ce qu'tin homme.
Un matelot fut chargé d'altacher un morceau de
viantle salée ii un éntérillon, et dejeler celui-ei a
la traine.
Un pilote itidique au requin celle prole facile et
perfide; celui ei se rclourne sur le dos, selon sou
habitude, et se jette sur le fer, qui lui traverse la
machoire.
Le matelot pousse un cri de joie; tons les hom
mes qui se Irouvenl sur le pont eourenta son aide,
et nons hissons le vorace animal it bord.
Gomme son parent, il débtile par des sauls for-
midables et par des coups de queue contre nos
bordages.
Chose lotichante! le petit poisson, son pilote, n'a
pas vouln l'abandonner dans sa mauvaise fortune;
il s'est cramponné après lui. Pour récompenser
eet acle de dévoiiemrnl. le capitaine declare qu'il
sera mangé a la table du gaillard d'arrière. Get
exécrable bonneur lui est réservé, malgré les in
stances de Thérèse qui a demandésa grace, mais
trop tard; il élait mort.
Le deuxième requin que nous venons de pren
dre est pins long que nelui de ce matin; il a dix
pieds. Découpé par le eoq et les matelots, il palpite
encore; ses debris muliléss'agilent convulsivement.
Son eneur surlont bondil comme dans le paroxys-
me de la souffrance. Cela fait mal a voir. Je com-
prentls que l'on préfère vivre de légumes plutót
que de (tier soi-même les animaux qu'on sacrifie a
notre gastronomie.
K COIATIXUElt.