r1
1
1
LA CROIX D'OR.
k
oG.AN£
Mereredi C Janvici
N s 941.
t/r
g
5
MMM
p
si
ï>-
Le Journal parait Ic Mereredi et le Samedi
Les insertions coiilent 15 centimes la ligne.Les reclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.ön numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplémenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coülent 2U IV. les 100 exemplaires.
C II K iH I A 8 E E E 15.
•J-limXÉI MIVERSEIi.
LETTRE ENCYCLIQUE
NOTRE TRÉS- SAINT TERE PIE IX,
PIE IX, PAPE.
Vénérables Frères et chers Fils.
Saint et bénédiction apostolique.
Nous inspirant des grands maux de l'Egli-
se et de ce temps et de la nécessité d'implo-
rer le seconrs divin, Nous n'avons jamais
omis dans le cours de Noire pontifical d'ex-
citi-T le pen pie ch réi ion a apaiser la majeslé
de Dieu et a mériter la clémence du Ciel par
de sainles mceurs, par les oenvres de péni-
tence ct les pieux offices des supplications.
Dans ce but, Nous avons plusieurs foi's ou-
vert, avec nne libéralilé apostolique, les Iré-
'sors spirilucls des indulgences anx fidéles du
Christ, afin qu'animés a une vraie pénilence
et purifies par le sacrement de réconcil i et ion
des Inches du péehé, ils approchassént avec
plus de confiance du tróne de la grace et se
rendissent dignes de faire agréer favorable-
j ment-de Dien leurs prières. Enlre autres cir-
conslances, Nous avons voulu snrtont, a
foccasion du très-saint Concile cecuménique
du Vatican, que cetle grave affaire entrepri-
se pour l'utilité de i'Eglise ^inivcrselle fut
aussi aidée auprès de Dieu par les prières de
toule I'Eglise, et quoique la célébration de
ce Concile ait élé suspendue par le malheur
des lemps. Nous avons cependant décréiéet
órdonné pour le bien du people fidéle que
rindulgence proirmlguée a cette occasion en
forme de Jobilé durerait, comme el le dure,
dans sa force, stabilité et vigtieur.
Muis le cours de ces temps malbeureux
s'avancant, voici déja l'année 1875, année
qui marque le lerme de la période sainte,
que la pieuse coutume de nos ancètres et les
déerets des Pontiles romains, Nos prédéces-
seurs, ont consacrée a la célébration des
solennités du Jnbilé universe). Avec quel
respect et quelle religion l'année du Jubilé a
élé observée dans les temps tranquilles de
I'Eglise qui en ont permis la célébration
réguliere, les monuments ancienset récents
de l'histoire nous le disent. Elle fut, en effet
loujours regardée comme uneannée salutaire
d'expiation pour lout le peuple chrélien,
comme une année de redemption et de gra
ce, de pardon et d'indulgence, durant laquel-
le on accourait du monde entier a Notre ville
mére ct au siége de Pierre, et ou les plus
abondants bienfaits de réconciliation et de
grace étaient offerts, pour le salut des ames
a lous les fidéles ainsi coriviés aux devoirs de
pièté.
Cetle pieuse ct sainle solennité, notre siè
cle lui mème l-a vtie, lorsqu'après l'annonce
du Jubi lé de 1825 par Léon XII, Notre pré-
décesseur d'heureuse mémoire, ce bienfait
fut recti avec une si grande ardeur par le
peuple chrélienque ce mème Pon life put
se réjouir d'un concours incessant dc pèlerins
dans cette ville pendant toule l'année, el de
l'admirable splendeur de religion, de piété,
de foi, et de toutes les vertus qui y brillérenl
Plül a Dieu qu'aujourd'hui Notre condition
et l'état des affaires civiles et religieuses
Nous pormissent de célébrer heureusement,
cette fois au moins, selon le rile antique et
l'nsage de nos ancètres, cette solennité du
grand J u bi lé échu l'an 1850 de notre siècle,
que Nous avons déja dü omellre a cause de
la misère des lemps! Ma is Dieu a permis que,
loin d'avoir disparu, ces grandes difïicultés
qui Nous ont empèché alors de promulguer
Ie Jubilé se soient accrues de jour en jour.
Néanmoins, en considérant tons les maux
qui afiligent I'Eglise, tons les efforts de ses
ennemis pourarracher la foi des ames, pour
corrompre la saine doctrine et répandre le
poison de l'impiété, lant de scandales causés
en tous lieux aux croyants de Jésus-Christ,
la corruption générale des moeurs, le triste
renversement des droits humains el divins,
si éteudu et si fécond en ruines, qui va a
délruire dans l'esprit des hommes le sens du
droit lui-mème; et en réfléehissant que dans
celle grande accumulation de maux il est
encore plus de Notre devoir apostolique d'a
voir soin que la foi, la religion et la piété se
fortifient et prospèrent, que l'esprit de priè-
re se répande el s'aceroisse. afin que les
défaillants soient exciiés a la penitence du
cceur el a la réformedes mceurs, el que les
péchés qui out attiré la colère de Dion soient
rachelés par de sainles ceuvres, cc qui est
prmcipalcmcnt I e fruit de la célébration du
grand Jubilé, Nous avons pensc ne pas pou
voir souffrir qu'au moins en la forme pcrmi-
se par la condition des temps, le peuple
chrélien lïit privé dans celle circonslance
d'un si salutaire bienfait, grace auquel, ré-
conforlé d'esprit, il marchera ensuiteavec
un zéle de plus en plus grand dans les voics
de la justice, et, purifié de ses faules. méri-
tcra micux et plus profilablement la propitia
tion divine avec le pardon.
Que toute I'Eglise militante tie Jésus-Christ
aceueille done les paroles par lesquelles, cn
vue de son exaltation, de la sanctificalion
du peuple chrélien el de la gloire de Dicu,
Nous décrélons, annoncons el promulguons
le grand Jubilé general pour toute l'année
prochaine 1875; et en raison de ce Jubilé,
suspendant a noire gré et a celui du Saint-
Siége et declarant suspendue I'indulgence
rappelée plus haul qui a été accordée en for
me de jubilé a i'occasion du concile du Vati
can, Nous ouvrons tout au large lc célesle
trésor formé des mérites, des souffrances et
des vertus de Jésus-Christ Notre-Seigneur, dc
la Vierge sa Mére, et de lous les saints, que
l'Autcur du salut des hommes a confié a No
tre administration.
C'est pourquoi, confiant en la miséricorde
de Dieu et en l'aulorité de scs apötres, les
bienheurenx Pierre et Paul, en vertu du pou
voir suprème de lier et de délier que Dieu
Nous a confié malgré Notre indignité, Nous
concédons et accordons miséricordieuse-
ment dans le Seigneur la faculté de gagner
une fois dans l'année susdile I'indulgence
pléniére de l'annce jubilaire, avec la remis
sion et Ie pardon de tons leurs péchés, a tous
les fidéles de Jésus-Christ et a chacun d'eux,
tant a ceux qui habilent Notre ville mére ou
qui y viennent qu'a ceux qui résident hors
du cette ville, en quelque partie du monde
que ce soit, et qui vivent dans la grace et
l'obédience du Saint-Siége, pourvu que
vraiment pénitents ils se soient confessés ct
fortifiés par la sainte communion, et it la
condition que les premiers visiteront dévole-
ment, au moins une fois par jour, pendant
cjuinze jours de suite ou a intervalle, jours
naturels ou mème ecclésiastiques, u parlir
des premières vépres de l'un dc ces jours
jiisq u'a u crépuscule du jour suivanl, les ba -
siliques de Saint-Pierre, dc Sainl-Paul, de
St-Jcan de Latran ctdc Sainle-Msrie-iMajeure,
cl les autres, dememe pendant quinze jours
consécutifsou discontinus, comme ci-dcssus,
i'église ca l béd ra le ou majeure et trois autres
églises dc la mème ville ou lieu ou dc ses
faubourgs, qui seront designees par les Or-
dïnaires de ces lieux ou par leurs vicaircs ou
leurs aulres représentants, dés que Nos
lettres seront parvenuesa leur connaissance,
et que la ils se répandront pieusementen
prières pour la prospérité et l'exaltation dc
I'Eglise catholique et de ce siége apostolique,
pour l'extirpation des hérésies et la conver
sion de lous les pécheurs, pour la paix el l'u-
nilé de tout le peuple chrélien ct selon Nos
intentions. Nous permettons aussi que cette
indulgence soit appliqüée par manière de
suffrage aux ames qui, unies a Dieu dans la
charitè, sont sorties dc celle vie el qu'elle
soit valable pour elles.
Mais lorsque, remplissant le devoir de
Notre charge apostolique et nous inspirant
de cette sollicitude dont nous devons enlou-
rer lout le peuple du Christ, Nous proposoris
cetle occasion salutaire d'obtenir une grande
grace de rémission, Nous ne pouvons nous
dispenser de faire appel a tons les palriar-
ches, 'prima-is,' archevèques, évêques et aux
autres ordinaires des lieux, aux prélals ou a
ceux qui, a défaut des évêques ct des prélals,
exercent légilimement la juridiclion locale
ordinaire el sont en grace et communion
avcc Ie siége apostolique, pour les prier
ai'dcrnincnl au nom do Notre-Soigneur Jésus-
Christ, prince des Apótres, et pour les sup
plier d'annoncer un aussi grand bien aux
peoples co'nfiés a leurs soins cl de veiller
avec Ic plus grand zcle a ce que lous les
fidéles réconciliés avec Dicu par la pénilence,
fassent tournerccttc grace du Jubilé au profit
et a l'utilité de leurs ames.
C'est pourquoi, Vénérables Frères, vous
vcillerez avanl loutes choscs a ce que, la
clémence divine étant invoquée par des
prières publiques pour qu'Elle répande sa
lumiére et sa grace dans lous les esprits et
lous les cceurs, le peuple cbréticn soit amené
par des instructions et des avis opportuns a
tü
K
O
ca
-<
O
co
CO
O
CO
co
CO
cC
cC
L5
~n
l?c
O
rn
H
^3
rn
CO
j
P3
ro
o
C}
H
"3
-<J
P3
O
CO
o<
O
O
C*3
t*3
CO
^3
>-
P3
Po-
Poperinghc- Ypres8-15,7-25,9-30,10-58,2-15,5-051,9-20 Yprés-Poperinghe, 6^80,9-07,12-05,3-57,6 60,8-43,9-60.
peri nghe-1 Jazobrouck7 13, 12 26, 4 17, 7-13, HazebrouckPoperinghe-Ypres, 8-35, 10-00, 4-10, 8-25.
Ypres-flowférs, 7-60, 12-25, 6-45. Kou Iers- Ypres, 9-25, 1-50, 7-60.
Hou Iers-/>Vui/es, 8-48,11-34,1-43, (L. 8 86), 7-36, (9-55. Lichierv.) Lichterv.-Thouroul, 4-28 m. Bruges.Roalers, 8-25,
12-50, 5-13, 0-42. Lir.liiurVelde- Courtrai, 8-25 m. 9 01, 1,30, 5,45 7,21 ZedelgliemThouroul, 8-40. 1,05, 5,20, 6,58.
Y pres-Courlrai, 8-34,9-49,11-18,2 38,8-25. Com tra i- Ypres, 8-08,11 -02,2-56,5-40,8-49.
Ypres-Thouroul, 7-13, 12 00, 0 20, (le Sa mud i a 5-80 du matin jusqu'a Langhemarck). Thouroul-Ypres, 9-00, 1-18, 7 48,
(le Samedi a 6-20 du matin de Langhemarck a Ypres).
Comines-Warnêton Le Tpuqueullouplines-4»'wë«tö/'e«, 6-00, 10,15, 12-00, 0-40, Armentières-Hquplines Le Touqnet-War-
wAon-Comines 7-25, 10,80, 4-10, 8 -40. Comines- Wamêlon 8-40, m 9-30 s. Wafrnêlón-Comines 5-30, 9-50,
Courtrai Bruges, 8-05, 11-00, 12-35, (L: 5-15), 0-53. (9-00 s. (Lichierv.)Bvages-Coarlrai, 8-25, 12-80, 8-13,,6-42.
Bruges, Blankenberghe, Heyst, (Eiat) 7-30,9 45,11 04,1,20,2 25,2-50,5 20(exp.) (S 5-50)7-38 (exp.)8-45. (bassin)7-00,7-36,
9-81,11-10,2-31,2-56,5 28(exp(S.b-56)7-41 (exp.)8 51.— Ileyst, Blankenberghe, Binges, 5-45,(L. 7-20) 8,30,11-25,1 -28,2 45,
(exp.)4-10,5-30,(D. 0 15)7-2-i. Blankenberg, Bruges, 0-10,(L. 7-42)8-55,11-55,1-45,3 0b(exp.)4-30,C-00(D. 6 35) 7,007 48.
Ingelmunster-Deynze Gand, 5-15, 9-41, 2-15. Ingeimunster-4 50 2" cl., 7-18. Gand-Deynie-Ingelmunster, 0-58,
11-20,4-46. De'ynze Inge/munster,'7,31 9-10 2C cl, 11,54 5,19, 8-20 s.
Ingelmunster-Anseghem, 6-05, 12-10, 6-15. Ansegliem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmude Fumes el üunkerke, 0-30, 9-08, 1-38, 7-58. DizM/ierAe-Furnes-Dixmude el Liclitervelde0-45, 11-15,
3-45, 5-05.
Dixmude-JVÜeMpor*,9-88,10,38,2-20,8,10'ft-40. Nieup-Z)i:m,(ville)7-40,12-00,4-24,5,50,9,30,(bains)7,30,11,50,4,15,6,50.
Tliourout-Ostewdo, 4-50, 9-15, 12,05, 1-80, 8-08. 10,15Oslemin-Thouroul, 7-85, 10-10, 12 28, 4,4a. 0-15. 9,18.
Selzaele -Eecloo, 9-05, 1-25, 8-25. Eecloo-Selzaele, 6-38, 10-18, 4-22.
Gand-7'ernetizen, (station) 8-17, 12 18, 7,25 (porie d'Anvers). 8-30, 12-40. 7 45. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30,4 40.
Selznete-Loto'eM, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5 10 m.) Lokéren-SeJztfcMj 6 00, 10-25, 4 45. (Ie Mardi, 9,30.)
CORH.ESPOWXJAWCES.
COURTRAI, BRUXBLLIiS.
Courtrai dép.
Bruxellcs arr.
0,37
9,20
10,53
1,35
12,33
2,25
3,47
0,14
0,35.
8,58.
COURTRAI, TOURNAlLILLE.
Courtrai dép. 6,37 10,86 2,84 5,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 6,29 9,41.
Lille 7,37 12,05 4,00 6,32 9,55.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,51
3,44
5,04
0,40.
7,50.
BRUGES, GAND BRUXEI.LES.
Bruges dép.
Gand arr.
Bruxelles
6.49 exp. 12,34
7,34 1,49
8.50 4,00
3,82 exp. 6,43
4,42 7,58
5,50 9,31
8,19 exp.
10,26.
Bruxellcs dép.
Courtrai arr.
Lille dép.
Tournai arr.
Courlrai
Gand dép.
Courlrai arr
Bruxelles dép
Gand arr.
Bruges
BRUXELLES, COURTRAI.
5,22 8,28 12,21 5,35 6,47.
8,00 10,40 2,44 7,50 8,44.
LILLE, TOURNAl, COURTRAI.
5,20 8,25 11,05 2,18 5,20.
5,42 8,80 11,34 2,40 8,39.
0,34 9.47 12,20 3,38 0,33.
GAND, COURTRAI.
5,15 9,38 1,28 4,24 7,21.
6,34 10,51 2,49 5,31 8,42.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,53 3,12
0,00 9,41 1.23 4,20 exp. 6,37
7,20 10,34 2,38 5,11 7,22
8,85.
7,22.
8,38.
DE
PAVE PAR LA DIVINE PROVIDENCE,
A TOL'S LES PATRIARCHES, PRIMATS, ARCI1EVÈQDES,
ÉVÈQUES
ET AUX AUTRES 0RD1NAIRES DE TOL'S L1EUX
EN GRACE ET COMMUNION AVEC LE SIÉGE APOSTOLIQUE
ET A TOL'S LES FIDÉLES DE JÉSUS-CHRIST.
Suite. Voir le N° précédent.
Six henres.
C'est décidément jour de pêche heureuse; ei je
suis porlé a revenir du préjugé que j'avair coulre
l'adresse du second.
Coinmc j'étais auprès dn second, celni-ci vient
de harponner fort heureüsenisiit deux superbes
marsouins, nourriture bien preferable a celle
qu'offre le requin.
Itien.de pins eurieux a voir que la manière dorq
nagent les marsouins.
Ils se livrcnt ii des sauis folalres sur les vagues
dont ils agilent l'écume avec bruit.
Nous, venous de lircr, saiis pouvoir les alteindrc,
sur plusieurs pétrels, c'est douitnege, car c'est
un mets délicat. Ces oiseaux de mer, qui viven'
généralement très-loin des eölcs, courent sur I eau
de la facon la plus fantast ique. tl est très-curieux
dc voir leurs pieds palmés courir dans le sillon des
vagues, comme les perdrix dans les champs.
On les appelle aussi oiseaux de tempête; la science,
qui a des noms prétentieux et bar ba res pour tout
ce qui est de soil ressort, les nomine procellaria
pelagiea.
Uuisque la venue de ces oiseaux annonce I ora-
ge, cspéi'oiis que nous aurons enfin du vent!....
31 AoOt.
Quand Ic ciel se couvre de images; quand Ic
vent, soudlant furieux et désordonné, enfle les
voiles an point dc les crever; quand le tonnerre
gronde avec un fracas épouvantable; quand la mer
moutonné ct saute ét s'élève et mugit, écumaiite
et fiirieuse, les matelots disent:
Voila un grain!
Ce matin, un petit grain s'est declare; qiielques
images d1 iin beau gris pommelé se sont montrés
au sud; quelqnes rides ont coiirn sur la mer; nos
voiles ont légèrement frissonné; le navire s'est un
pen incline, puis les images ont disparu, et le
vent qui seinblait vouloir s'élever, a élé se perdre
a riiorizofi, ajtrès avoir fólalré quelqnes minutes
sur l'Océan.
Tont le monde est dans la consternation. Juan
lie parle plus de ses oiseaux; le capitaine nc joue
presque plus du violon, el le lion Georges neglige
de changer de gilet. Ce dernier symplömc esl
peul-être le plus alannanl; il trahit sur notre ami
la plus profoude perturbation morale.
Nous avons harponné deux grands dauphins an
milieu d'uiic bande de ces délieieux cétucés, qui
passait ii cöté de nous a fleur d'eaii.
Le caline conliiiue; le ciel est d'un bleu terne
et grisatre; I'horizon est enflammé; ledisquedu
soleil est d'un rouge de sang.
La plupart des passagers gardent un silence,
uii sileuee effrayant, ils semblent se défier les uns
A
des autres.
Le capitaine m'a dit ce matin que si ce temps
dure encore qninze joHrs, nous mourrons de
faim.
II a ccssé de jouer du violon.
2 Seplembrc.
Toujours, ton jou rs le calme. Dans une tem
pête, au moins. voos voos débatten contre la
inort, vous lullez avec elle, vous failes des efforts
pour vous opposer ii la fureur des vents, au dé
chailiement des elements, et dans eet élat de vio
lence et d'aclivilé, voire cceur bat haul el fori,
voire courage se foriifie et votre tête secoue (ière-
inent les lames qui la couvrent; votre ame se sen I
grandir dans |e peril, et I'espoir ne votis abandon-
lie pas de saiivrr vos frères; inais, en temps dc
calme. il n'y a «i«-nlien!... II ii'i a plus qua sc
coucher sur le pont, ii fermer les yeux el a atten-
dre la mort. Mourir en combattant, c'est pen;
mourir en lullant pour one sainte cause, c'est un
bonheur pour ceiix que les intéréts inatérielset la
passion exclusive dc I'argent n'oiil point corrom-
pus, Mais mourir dans la paresse, tout doucement,
c'est affreux.
Et puis, coininent fniirons-nous si ce temps
continue?.Les pauvres savent ce- que c'est que
la faim, ils vous dironl combien affreuse est telle
torture.... En pleine nier, elle pousse les homilies
a se dévorer entre eux, horreur! Dans huil jours,
si cc n'est demain, ccs eufants dc Dicu qui sont la,
II II 'llll III III Mil iiwpf
rendus frères par cett grande lectin religieuze, qni
nivelle les positions et qu'on appelle le malheur,
ces infoiTuués se tordrout dans les angoisses de la
faiin; puis, expiranls, ils lireronl au sort, et une
victiine huniaine sera égorgée... Et iei malbeu
reux, pour prolonger leur Irisle vie de quelqnes
jours, ces secondes de l'éternité, mangeront la
chair et boiront Ic sang de leurs semblables!
Nous ne pouvons penser ii eela saus frétnir.
Bali! me disait tout a fheure un matelot,
élre mangé par des homines ou par des poissons,
qit'imporle, s'il faut que nous soyons mangés'!
Ainsi ces hommes, si magnanimes dans le dan
ger, conserven! leur inlrépidité dans eet élal de
Iranqnillilé fatale qu'on appelle caline plat, souvent
précurscur d'une mort .inevitable.
Trois heu res.
Une voile s'est dessinée quelque temps et s'esl
presque aussilöt effaeée vers le nord, entrainée
saus doute par quelque courant invisible: nous
l'axons suivie des yeux avec la plus grande anxié-
lé. Nous avons mis pavilion en berne; nous avons
fait des signaux d'alarme qui n'ont pas été apercus.
Le capitaine a fait niellre le canota la nier,
lorsquele navire a disparu dans le lointain.
Encore un espoir qui nous échappe!
Neuf heures.
II est nuit.
La lune, cetle lampe du ciel, monlre sa face
méluiicolique et pule a travers les haubans.
Je suis sur le pont avec Georges, Juan tl Thé-
rèsc. Depuis la mort de son enfant, celle-ci est bien
triste ii voir et blanche comme un lineeiit. Elle
regarde avec indifference tout ce qui se passe au-
louf d'elle; elle voit la hideuse famine s'approcher
de nous sans palir; son Jmc intrépide et chréticn-
ne méprise la mort. Les lerreurs du trépas ne
peuvent effrayer eet esprit courageux. Et puis,
qu'a-t-elle a regretter en ce monde?
Thérèse est complélement dégagée des supersti
tious du philosophisme et de tous ces autres
moyens d'opposilion qu'on appelle les philoso
phies huinaines, elle eroit a Dieu et en son Egliie,
elle eroit ii rimmorlalité de l'ame, aussi espère-t-
elle revoir aillcurs ceux que vivants elle a tant
aimés... Heureux ceux qui ont conserve ces pures
croyances! Malhrurenx ceux qui doutent!...
3 Septembre.
L'au-rore boreale apparait ii l'horizon.
De folies brisrs s'élèvent de temps en temps et
retombent bientot. De grands oiseaux voltigent
autour des vergues cl s'aballent sur la mer.
Les nuits sont élouffantes coinine les journées:
les parssagers ne peuvent lenii dans l'entre-pont,
a cause de la chaleur; ils se couchent sur ie pont,
chacun de cöté.
La lune et les étoilcs répandent une immense
clarté sur l'Océan el dans le eiel, qui est d'une
blanchcur male.
a coxnxuLR.