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I
LA CROIX D'OR.
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ÊTRENNES AU ST-PÉRE.
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Samedi w27 Février 1875.
10me année. Nos 950.
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Le Journal parait le Mercredi et le Samedi.
Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
CHEMIIS DE F ER.
VcHvIcnie Eiste.
nIeUWJaergesChenk Der CiirIsteLIJke
faMILIen Van WatoU Voor hUn.nen
paUs-konIng pIUs IX, 308—80
Tola! fr. 13,114-85
Eettre Fitcyciique
DE NOTRE TRÈS - SAINT - PÉRE PIE IX
A nos vènêrables frères les archevê(/ues et
évêques de Prusse,
PIE IX, PAPE.
Vénérables fréressalut et bénédiction
apostolique,
Ce que Nous n'atirions jamais cru possi
ble, en Nous souvenant des stipulations con-
clues enlre ce Siége apostolique et le gou
vernement prussien dans la vingl-et-uniéme
année de ce siècle, pour le bien el le salut de
la cause calholique, s'est acluellement réalisé
de la manière la plus lamentable dans vos
conlrées, mes vénérables frères. Au repos et
a la paix dont jouissait l'Eglisede Dieu chez
vous a succédé une lempêtc grave et inatten-
due.
Aux lois récemment édiclécs contrc les
droits de l'Eglise, lois qui ont déja frappé
lant de lidéles et consciencieux serviteurs,
non-seulemenl parrni Ie clergé, mais aussi
parmi le peuple, ont été ajoulées d'autres
lois qui ren versent complétement la divine
constitution de l'Eglise el anéantissent les
droits sacrés des évêques.
Car ces lois attribuenl a des juges laïques
le pouvoir de dépouiller les évéques et aulres
chefs ecclésiastiques de leur dignité et de
leur j ur id iet ion épiscopales.
Ces mèmes lois ont suscité de nombreux
el de grands obstacles a ceux qui sont appe-
lés a exercer la juridiction légitime pendant
l'absence des pasteurs, chefs des ouailles. Ces
lois permctlent aux chapitres des églises
métropolitaines d'élirc, contrairement aux
canons, des vicaires capitulaires alors que le
siége épiscopal n'est pas encore vacant. Sans
parler des points autres,ces lois n'autorisent-
elles pas les préfets eux-mèmes a nommer a
Ia place desévèques des hommes qui ne sont
pas catholiques, en leur conférant la gestion
des biens écclésiatiques destinés a l'entretien
du clergé et des églises? Vous connaissez,
malheureusement trop, vénérables fréres,
le prejudice, les vexations el les mauvais
traitemenls qu'ont occasionnés ces lois et
leur exécution. Nous Nous taisons sur ce
sujet pour ne pas augmenter Ia douleur gé
nérale en rappelant ces Irisles événements.
Mais Nous ne pouvons pas Nous taire sur
les malheurs dont sont affligés les diocèscs
de Posen Gnesen cl Paderborn. Après avoir
été jetés en prison el mis en jugemenl, nos
vénérables frères Micislas, arehevèque de
Posen et Gnesen, et Conrad, évêques dc Pa
derborn, ont encore été, avec la plus grande
injustice, déclarés déchus de leur siége épis-
copal et privés de leur juridiction; aussi leurs
dïocéses sont-ils restés privés de la direction
bénie de leurs excellents pasteurs et sont-ils
piongés dans un abime de misère el de cala-
mités. II est vrai que, Nous rappelant les
paroles du Seigneur, Nous devons plulót
louer que plaindre ces vénérables frères que
Nous venons de nommerBicnlieureux
serez-vous, quand les hommes vous haïront,
qu'ils vous rejetleront, vous diront des inju
res el repousseront voire nom comme mau
vais a cause du Fils de I'homme. (S. Luc.
VI, 22.)
Ces vénérables Frères n'ont pas eu peur
du danger imminent ni des peines dont ces
lois les menacaient; non-seulement ils ont
défendu les droits de l'Eglise et fait respecter
ses prescriptions, mais ils ont aussi lenu a
honneur, comme les autres pasteurs de votre
pays, d'accepler un jugemenl inique et de se
laisser frapper de peines réservées seulemenl
aux coupables. Ils ont donné par la le plus
brillant exemple de vertu et sont un sujet
d'édificalion pour l'Eglise tout enlière.
Quoiquc nous leur devious plutót d'éela-
lantcs löuanges que des larmes de compas
sion, cependant l'abaissement de la dignité
épiscopale, l'alteinte portee a la liberté et
aux droits dc l'Eglise, les perséculions dont
sont victimes en Prusse les évéques dénom-
més et tous leurs fréres, exigent que Nous,
en vertu de Notre pouvoir apostolique, don
né par Dieu, Nous élevions une voix accusa-
trice contre ces lois et contre les mauvaises
actions qu'elles ont fait el qu'elles feront
commetlre et que Nous défendions contre la
force impie, avec loule l'énergie et l'autorité
divine, la liberté de l'Eglise foulée aux
pieds.
Pour rcmplir los devoirs de ce Siége
apostolique, Nous déclarons publiquement
par la présente encycliquea tous ceux
auxquels il appartient, ainsi qti'au motuie
calholique tout entier, que ces lois sont
nulles, paree qu'elles sont entiérement con-
traires a la divine constitution de l'Eglise.
Car ce n'est pas aux puissanls de la terre que
le Seigneur a soumis les évéques de soa
Eglise, en co qui concerne son service sacré,
mais a Pierre, a qui il a confié ses agneaux
el ses brebis. (S. Jean, XXI, 16, 17.) C'est
pour cette raisonqu'aucun pouvoir tempore!,
aussi haul qu'il soil, n'a le droit de dépouil
ler do leur dignité épiscopale ceux qui ont
élé nommés par Ic Saint-Esprit pour admi
nister l'Eglise. (Apótres, XX, 28.)
A cette trislc situation il faut encore ajouter
le fait suivant, indigne d'une noble nation,
et qui sera, nous pouvons le croire, jugé
sévcrement même par les hommes qui ne
sont pas catholiques, mais seulemenl impar-
tiaux.
Ces lois sont cxcessivemcnt scvères et me-
naeent des peines les plus graves ceux qui
n'y obéisscnl pas; elles ont la force armée,
et mettent dc paisibles et inoll'ensifs citoyens
dans la malhcureuse et pitoyable situation
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Popcringhe-Yjpra, 8-15,7-2!),9-30,10-58,2-15,8-05,9-20. Ypm-Poperinghe, 6-30,9-07,12-05,3-87,6 30,8-45,9-80.
ÏS, 4-17, 7-13. Hnzebrouck-Poperinghe-Ypres, 8-33, 10 00, 4-10, 8-28.
lii'tll lot'C_ YV>*as>0 O 4 «A 1*7
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peringhe-Hazebrouck, 7 13', 12-28, ..««uru
Ypres-Holders, 7-80, 12-28, 0-45. Hou Iers- Ypres, 9-28, 1-80, 7-50.
°"e>s-/y™r' 1-13, (L. 5 50), 7-36, (9-53. Liclilerv.) Lichterv.-Thouroul, 4-23 m. Bruges-Haulers, 8-25,
1^-oü, o-00, 0-42. Lichlervelde-Courtrai, 5-25 m. 9 01, 1,30, 8,37 7,21 Zcdelgl.em-77io»roM<, 8-40. 1,05, 5,14,6,38.
Ypres-Courtrai, 5-34,9-49,11-18,2-35,8-25. - Cou.trai-Fpm, 8-08,11-02,2-50,5-40,8-44.
Vpres- JIwurout, 7-13, 12 00, 0 20, (le Samedi a 5-50 du matin iusqu'a Langbemarck), Thouroul-Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
(Ie Samedi a 0-20 du nriaiin de Langliemarck a Ypres).
ornines-Warnêton Le louquet-Houplines-dHraezztöï'cs, 0-00, 10,15, 12-00, 0-40,Armentières-Ilouplines-Le Touquet-War-
ne ori-6ommes 7-28, 10,50, 4-10, 8 -40. Comines- Warnélon 8-40, ra. 9-30 s. Warnêlon-Comines 8-30, 9-50,
Courtrai-/,rwes 8-08, 11-00, 12-33, (L. 5-15), 6-55. (9-00 s. (Licluerv,)— Bruges-CWlrtu, 8-23, 12-50, 5-00, 0-42.
rsruges, Blankenherglie, Ileyst, (Etat) 7-23,11 04,2-50,7-35. - (bassin) 7-31,11-10,2-50,7-41 (exp.) - Ileyst, Blankenberghe,
Bruges, 5-45,8,35 11-28, 3-30. P
'n8°'™"nster J^eynze-GYmd, 5-15, 9-41, 2-18. Ingelmiinster-fieyHzre, 0-08 2" cl., 7-18. Gand-Dcynze-FwetoiHrester, 6-58,
11-20, 4-40,7-21Deyme-lngel,munster, 7,31 1-00. J
ngelmunster-dnseghem, 6-05, 12-10, 6-15. Ansegliem-Ingel,munster, 7-42, 2-20, 7-45
Cichterve de-üixmade-Furnes et üankerke, 0-30, 9-08, 1-33, 7-83. ZJtiw/ierAe-Funies-Dixmude et Lichtervclde6-45, 11-10,
3-40, 5-00.
Dixmude-Mewpor/,9-35,2-20,8-40. Nieup-Z)ï'a;m,(ville)7-40,11-83,4-25.
c.!'?Ur.0Ut^ blende, i-HQ, 9-13 1-80, 8-03. Ostende-Thouroul, 7-55, 10-10, 12 28, 0-15.
r u 1-ok), o-ud. vAsienue- nuuroui, /-dd, i
oelzaete-Aeetoo, 9-05, 1-23, 8-25. Eecloo-Seteae/e, 8-35, 10 15,4-22.
(land-Terneiizen, (station) 8-17, 12-15, 7,25. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-48. Terheuzen-Gawd, 0-00, 10-30,4-40.
Selzaete-LoAerezz, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer, 5-10 m.) Lokercn-Seteaete, 6-00, 10-25, 4-45. (le Mardi, 9,30.)
CORBBSX'OWDAWCB
COURTRAI, BRUXELLES.
BRUXELLES, COUnTRAI.
Courtrai dop. 6,37 10,83 12,33 3,47 6,35.
Bruxelles arr. 8,50 1,38 2,25 0,14 8,84.
COURTRAI, TOURiNAlLIIXE.
0,37 10,56 2,54 5,34 8,47.
7,28 11,47 3,48 6,39 9,41.
Bruxclles dép.
Courtrai arr.
5,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
5,35
7,50
0,47.
8,44.
Courtrai dép. 0
Tour
Li lie
Tournai arr. 7'28 11,47 3^48 0^9 »,*i.
7,38 12,08 4,00 0,38 10,00.
COURTRAI, GAND.
Courtrai dep. 6,42 9,49 12,31 3,44 6,40.
Gand arr. 8,01 11,05 1,51 5,04 7,50.
BRUGES, GANDBRÖXELLES.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Li lie dép. 5,1» 8,22 11,05 2,22 4,45 5,20 8,00.
Tournai arr. 5,42 8,50 11,29 2,40 5,30 8,38.
Courtrai 0,42 9.49 12,31 3,-44 0,40 9-33.
GAND, COURTRAI.
Gand dép.
Courtrai arr.
5,15
0,37
9,38
10,50
1,28
2,54
4,24
5,34
7,21.
8,47.
BRUXEI.LES, GAND, BRUGES
Bruges d. 4-39 exp.6,49exp.7-04,9-39,12,34,3 43,ex.2,82,5-59exp. 6,43.
Gand a. 5-31, 7,34, 9,15.10-54,1,49 4,28, 4-07,0,52 7,58.
Bruxelles 6-28, 8,50, 10-35,12-39,4 00,6,14, 7-35,8,44, 9-31.
Bruxelles dép. 7-20exp. 8,l4exp 11,06 3,12 8,55. exp.
Gand arr. 8,29 9,41 1,12 4,21 7,17.
Bruges 9,23 10,34 2,38 5,11 8,38.
Montant des listes précédenlos, fr. 11,578—85
00
00
00
rAUOISSE DE ST-MARTIN (YPRES).
E. L. D.
Decaesemaeker vraegt de zegen van
zyne Heiligheid voor zyn huisgezin,
Eene vrouw vraegt den zegen van Zijne
Heiligheid voor haar en voor haar
huisgezin,
PAR01SSE DE ST-JACQUES (YPRES).
UneAnonyme, 2—00
Une servante, 2—00
E. B. 0_ö0
Une servante, 3-00
P0PERINGI1E. I'AROISSE DE ST.-JEAN.
Anonyme, 2 _ao
Une congréganisle, 2 —00
POPERINGIIE, PAROISSE DE ST-BERTIN.
M"'e wed. Ch" Plaetevoet,
Mr Ch' Plaetevoet,
Joufvr. Sylvie Plaetevoet,
ROESING 1IE.
Anonyme,
Une servante,
M""C Peene,
BRIEI.EN.
Une familie dévouée au St-Père,
Une jeune fille,
Un outrier,
Un artisan,
Un particulier,
10-00
5—00
5-00
10—00
5—00
1—00
4-00
3-00
1—00
1 -00
0—50
1-00
Suite. Voir le N° précédent.
4 Oetobre.
Aujourd'liui, je me suis mis a la recherche de
mes compagnons de voyage J'ai appris one le
vieux Juan AlvarèS, setil et désolé, était parti par
terre pour Aoston, dans (intention de serendre
de lil dans l'Aibanie.
Quant ii Georges, il ne me fut pas difficile d'en
avoir des nouvelles; il remplissait Halifax dn bruit
de ses folies;son nom était dans toutes les bonches;
Ie Eraneais-naufeagé faisail le sujet de routes les
conversations. On parlait d une aventure mys-
térieuse dont il avait été le héros; et d'une vieille
dame anglaise, immensément riehe, qui s'appelait
mislriss Windham. Je erois même qu'il était ques
tion de mariagc.
Comme. heureux de me promener libremenl au
soleil et de sentir la brise inonder ma poitrine'et
soulever mes cheveux, heureux dc vivre, heureux
de fouler la terre, coinmeje passais en songeaut ii
tout cela, sur le trottoir de London-street, je
m entendis appeler; je tournai la lêle et vis Geor
ges arrêlé au milieu de la rue, dans un magnifi-
qwe tilbury: derrière était un nègre revêlu d'une
belle livrée dorée sur toutes les coulures.
Georges dcscendil et vint a moi. II me serra
cordialemenl la main avec sa vivactté ordinaire.
Ah! que je suis aise de vous rencontrer! me dit-il;
jc craignais que vous nc fussiez oblige de parlir
pour New-York sans m'avoir trouvé.
Quant a ce qui est de ne pouvoir vous trou-
ver, Georges, rassurez-vous: quiconque voudra
WAT0U.
BECELAEBE,
Le clergé el quelqttes paroissiens, 157—00
AUX ARCIIEVÈQUES ET ÉVÊQUES DE PRUSSE.
vous découvrir aura pen de peine; on nc parle
que de vous dans Halifax!
VYaimenl! (it Georges émerveillé; et que dit-
on de moi?
Ou dit que vous ètes Frangais, que vous avcz
fait naufrage, que vous éles foil, que vous courez
la ville en voiture avec un laquyis doré; qti'au
theatre, le spectacle était dans votre loge et non
sur la seène, que vous avez une vingtaine d'élour-
dis sous vos ordres. Que ne dit-on point encore?
On parle aussi, je cruis, d'une anglaise, mislriss
Windham....
C'est vrai, c'est vrai, dit Georges, je m'oceu-
pe dt' dégourdir un pen la jeunesse do pays, qui
en a, ceiJes, bien besoin.
Tont en causant, nous arri vilmes dans un grand
hólel situé dans la même rue: un laquais nous in-
troduisit dans une salie ii manger élégammenl dé-
corée. oü l'on nons servit un magnifiqnc déjeuner.
Vraiment, dis-je a Georges, a la vue du luxe
qui lions entourait, il faut qu'il y ait du nou
veau. Que vous est-it done arrivé? Serait ce, par
hasard, que voire oncle....
Moil Dieu! non. dit George; il n'y a ici ni
oncle ni neven; mon oncle se porte commc un
charme; j'ai même envie d'envoyer la dessus une
note au journal d'Halifax qui t'offrira a ses
ahonnés eomme un exemple de longévité. A vous
dire vrai, je nc serais pas éloigné de supposer que
le cher horame eonvoite la succession de son neveu
mais si je meurs avant lui.comme c'est probable, je
me propose bien de le déshériter. Je dois cepen-
dantavouer qu'il m'arrive, en effet, quelque chose
d'extraordinaire, un accident auquel je ne me se
rais pas attendu.
Puis il ajouta a demi-voix, en baissant la lètc
Je me marie.
Jc lui répondis sur le même Ion
Soyez heureux.
Merci, me dit-il, vous éles beaucoup trop
bon. Je ne savais comment vous le dire; mais
voilii le grand mot lAché. Parlous un peu si vous
le voulez de ma future cpouse.
Elle se nomme Arabella, conime c'est l'usage
dansles romans de madame Col I invoilii pour Ie
prénom, lenom du coeur, le nom harmonieux et
bien-aimé du téte-a-têle. Quant au reste, on
l'appelle mislriss Windham; c'est une venve de
quarante ans qui en a un pen plus de cinquanle.
Son premier mari élait un nabab qui lui a laissé
une fortune assez grande pour, que mislriss Ara
bella puisse aclieler la ville d'Halifax, si l'envie lui
en prend jamais.
C'étail le lendemain dc mon arrivée, dans une
soiree oil j'avais élé invité par Ie capitaine Richard
Üarbv, fils de notre excellent sauveur de l'ile de
Sable. Je ne sais pas quelle maladresse j'avais per-
du une petite caisse qui conlenait une partie de
mon tinge, et parliculièrement mes faux-cols, de
sorle que j'avais élé réduit a 111e faire un faux-col
en papier: c'étail une honte. Je me lenais roide el
guindé; mon faux-col me conpait le menton.
Mislriss Windham élait de la fête; elle était paree
comme une reine. Je la voyais me regarder beau
coup, puis se pencher vers la maitresse de la mai-
son, el lui parlcra l'oreille.
Vers la (in de la soiree, madame Richard Darby
me (it signe d'approcher,je supposaique ma supcr-
cherie était découverle, et je m'altendais a mie
avanie.
Mislriss Windham, me dit-elle, a entendu
parler de voire naufrage, et vous l'obligeriez
beaucoup de lui en raconter vous-mênie les détails
Je m'empressai de satisfaire a ce désir dc la
meilleure grace que jé pus, sans toutefois faire
trop de mouvements de lêle il cause de mon pré-
lendu faux-col.
Mistriss Arabella parut vivement touchée de ce
récil; elle s'écriait a demi-voix:
Pauvres enfants! pauvres enfants!
Puis elle chuchola longlemps a l'oreille de la
dame du lieu, et j'allendis Ie mol house (siaison)
plusieiirs fois répété.
Alors la première des deux dames me pril a
part et me dit: Mistriss Windham, qui est
fort riehe et d'une grande noblesse, vons prie in-
stamment d'accepler un appartement cliez elle,
jusqu'a votre depart pour New-York.
J'hésitai quelque temps: mistriss Arabella vint
nous joindre el me renouvela ses offres, avec tant
d i n sis la nee, en ni'assuranl que je ne dérogerais
pas du lout it ma dignité que je me décidai il
accepter, après m'élre fait prior coiivenablement.
Je lui donnai la main pour monter dans sa
voifure, oii je m'assis ii coté d olle et nous par-
limes.
A eel endroit du récit de Georges, un domes-
liquevinl.de la pari de mislriss Windham, de-
mandcra Georges s'il pouvait la recevoir.
Georges se leva et courut au-devant d'etle.
Bonjour, mon ami, dit mistriss Arabella;
je ne vous ai point encore vu ce malin. Comment
vous portez-vous aujourd'liui?
Jc lui fus présenté eomme nn des naufragés de
LA MARIA.
Ces pauvres enfants! dit-ellc; avoir vu la
mort de si prés! je n'y puis songer sans frémir.
Je vous laisse ensemble, Messieurs. II me soffit
de savoir, mon ami Georges, que vous n'ètes point
maladc, et que vous nc vous ennuyez pas trop a
Halifax.
Elle fit une fausse sortie, puis revint sur ses
pas pour nous dire de nc nous laisser manquer de
rien.et que lout cliez elle était a notre disposition.
Georges lui baisa la main, et mistriss Arabella
se I'e lira.
Jc n'ai pas Ix'soin de vous raconter fa suite
demon roman, me dit Georges quand nous fümes
scuis; dans quelques jours nous en serons au der-
nier ehapitre, qui est celui oil le héros el l'héroïne
soul heureux et bénis, el s'en vont a l'église cn
jelant des dragees aux petils enfants rassemblés
sur leur passage.
Je regrettc bien dene pouvoir vons assister
en cetle occasion et vous servir de garcon de no
tes; mais je pars après-demain.
Que les vents vous épargnent! Si vous voyez
mon oncle, dites-lui ii quelle extrémité il ma ré
duit; mais que je ne luien venx pas.
Adieu done: qnand vous sercz en France,
n'oubliez pas de firmer un eigare sur Ie boule
vard Ilalien, en mémoirc de moi.
J'espère cependant que nous nons reverrons
dans notre clièrc patrio, car je n'ai point envie de
rester ici pour devenir un sauvage, un Huron, un
piiritain, un quaker, un l'siléfanès. Je profiterai
des douceurs dc la linie dc miel pour tendre des
piéges a mistriss Arabelle, afin de la décider a ve-
nif 'babiter la France. Ainsi, en nous séparant, je
crois pouvoir vous donuer rendez-vous a Paris,
pour l'hiver prochain.
Ainsi soil-il! Kt que mislriss Arabella vous
entende!
La-dessus, jc pi is congé de Georges.
A CONTINUER.