ss^Mr/v> LA CROIX D'OR. frGANc Mercredi 3 Mars 1875. 10™ année. Nos 957. H g Le Journal parait lc Mercredi et le Samedi. Les insertions coütent 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires coinmandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires. CUE 191 INS DE F EK. Bruxelles dép. Courtrai arr. UN BREF PLEIN D'ENSEIGNEMENT. M. Ch. Périn, professeur a PUniversité ca- tliolique de Louvain et auteur du beau livre sur les Lois de la sociélé chrélienneque nous avons fait connailre a nos lecteurs, vient de recevoir, au sujet de la publication de eet ouvrage, ud Bref pontifical dont voici la reproduction: A Notre cher Fi/s Charles Périn, profes- seur de droit public et d économie poli- y Ih/ue u PUniversité de Louvain. PIE IX PAPE. Cher Fils, salut el bénédiclion aposloli- que, En ces temps oü la sociélé civile se per- suade que Ie progrés de la civilisation, quelle croit avoir conquis, lui commando de se constiluér, de sedirigeret de se gouverner. par elle-inême, sans aucune as- sislance de Dien ni de la religion instituée de Dien: lorsqti'clle prépare ainsi sa ruine en délruisanl les bases mèrnes de la vie sociale; vous lui rappelez, avec unetrés- grande opportunité dans votre beau tra- vail sur les Lois de la sociélé chrélienne, que la religion et la sociélé humaine pro- cedent du mème auteur, que la loi de la justice est tine et élernelle, que cette loi unique a été portee aussi bien pour les hommes réunis en sociélé que pour les hommes pris individuellement, que c'est de l'obéissance a cette loi que les nations doivent attendre l'ordre, la prospérité et lous les progrés. Cerles, l'oeuvre que vous avez entrepri- se élail difficile et elle a exigè un rnfie labeur. Mais, pour l'accomplir, vous avez Irouvé des ressources, d'abord dans les sciences spéciales que vous enseignez de- pms loriglemps avec tant de succès puis dans la force, la pénël'ration et la justesse de votre esprit, enfin, elsurlout dans vo- Ire foi religieuse, darts votre fermeté qu'au- cune difficulté n'ébranle, dans voire amour de la justice et dans votre obéissance ab- solue aux lots de l'Eglise et au magistére de cette chaire de vérilé. Aussi, bien que notjs n'ayons pu lire que peu de chose de vos deux volumes, nous avons jugé qu'il y a lieu de louer la rectitude et la franchise avec lesquelles vous condarrinez tout ce qui, dans les lois civiles, s'écarte de ces principes, el avec lesquelles vous enseignez comment, si les circonstances fexigent, on peut tolérer les deviations de la régie lorsqu'elles ont été introduiles en vue d'éviterde plus grands rnatix, sans loulefois les élever a la digni- té de droits, vu qu'il ne peut y avoir au- cun droit contre les éterrielles lois de la justice. Plül a Dieu que ces vérités fussent com- prises de ceux qui se vantent d'êlre catho- liques, tout en adhérant obstinément a la liberté de conscience, a la liberté des cul- les, a la liberté de la presse, et a d'autres libertés de la méme espèce décrélées a la fin du siècle dernier paries révolulionnai- res, et conslamment réprouvées par l'Egli- se; de ceux qui adherent a ces liberies, non-seulement en tant qu'elles peuvent ètre lolérées, mais en tant qu'il faut les eonsidérer comme des droits, qu'il faut les favoriser et les défendre comme nécessai- res a la condition présente des choseset a la marche du progrés, comme si tout ce qui est opposé a la vraie religion, loutce qui attribue a l'homme l'autonornie, et tout ce qui l'affranchïl de l'autorité divine, lout ce qui ouvre la voie large a loutes les erreurset a la corruption des mmurs, pou- vait donner aux peuples la prospérité, le progrés et la gloire. Si ces hommes n'avaient mis leur sens propre au-dessus des enseignements de l'Eglise; s'ils n'avaient, peut-ètre sans le savoir, offertune main amie a ceux qui poursuiverit de leur haine l'autorité reli- gieuse et l'autorité civile; s'ils n'avaient ainsi divisé les forces unies de la familie catholique, les audacieuses machinations des perturbaleurs auraient été contenues, et nous n'en serions pas venusa ce point que nous avons a redouter la subversion de tout ordre. Bien qu'il n'yait absolumtïnt rien a es- pérer de ces hommes qui ne veulent pas écouter l'Eglise, voire ouvrage fournira néanmoins des forces et des armes a ceux qui suivent les bonnes doctrines; il pourra éclairer ceux qui bésilent, releverel raffer- mir ceux qui cbancellent. Quant a vous qui, sans vous laisser arréter par la con- trediclion des opinions adverses et mépri- sant les seductions de la faveur, avez libre- ment éerit pour ia vérilé, vous ne pouvez manquér de recevoir de Dieu la réeompen- se que vous méritez. Nous le prions de vous combler tfe ses secuurs el de ses dons. Nous voulons que la béuédiction uposlo- lique, que Nous vous accordons. cher lils, avec une grande affection et comme té- moignage de Notre bienveillance puternel- le, soit pour vous le présage de ces faveurs divines. Donné a Rome, prés Saint-Pierre, le lr Février 187b. De notre ponlificat la vingt-neuviéme année. PIE IX, PAPE. Ce Bref est concu en termes si flatteurs pour M. Périn et, quant aux questions de doctrine, rédigé avec une précision si éner- gique qu'il est superflu d'en faire ressortir la signification a ce double point de vue. Contentons-nous de félieiier M. Périn d'a- voir su mériter un tel témoignage et effor- cons-nous de maintenir notre intelligence et noire vie pratique dans la voie dont le savant publiciste a si magistralement tracé les gran des lignes. Celte voie n'entame point pour cause d'u- tilité politique et libérale, le majestueux édi- fice de la thèse catholique; mais en méme temps elle laisse aux faits dérogatoires a cet te these la part qui leur revient, tout en mainlenant leur caraclère essenliellement relatif et contingent. Le lecteur remarquera que M. Périn est tout a la fois loué par le Saint-Siége pour la franchise et la rectitu de» avec lesquelles il a, d'une part, exposé la doctrine catholique dans son inlégrité et, d'autre part, défmi les limites d'une juste tolerance. Le libéralisme catholique, combattu avec tant de vigueur par M. Périn, recoil dans le Bref pontifical une nouvelle fletrissure. Es- pérons avec le Saint-Pére que, si eet averlis- sement ne parvienl pas a ramener des esprits déplorablement aveuglesel obstinés, il con- tribuera du moinsa prémunir les catholiques fidéles contre celte pernicieuse erreur. ËTATS DE L'EGLISE. Onécrit de Rome, 19 Février, a YUnivers: Plusieurs hommes d'Etat espagnols ont conservé, a travers les changemenls de ré gime et les crises révolutionnaires, les no bles traditions de la foi et des études ecclé- siastiques. Cela peut sembler fort élrange aux diplomalesfrancais, anglaisetallemands. Mais il en est ainsi. Ces espagnols, dont le nombre s'éclaircit, il est vrai, sont avides de révolutions politiques, mais ils ne voudraient pas qu'on touchat a l'Eglise. L'idée du calho- licisme a informé leur intelligence. Parmi eux, ii s'en trouve qui font parade de libre pensée. Au fond, ils sont dévots. Un Espagnol me citait l'exemple de M. Castelar, homme d'imagination s'il en fut, poéte, oraleur, journaliste. Un soir, M. Cas telar fit a l'Athénée un discours très-imugé contre le clergé et contre la superstition. Quand il eut fiai de par Ier, un ami (l'Espa- gnol qui me raconlail la chose) le pril a part et lui dit Comment as-tu pu te livrer a ces énor- milés? Ce malin, je t'ai vu duns telle église. Tu étais au fond d'une chapelle, agenouillé, et tu priais. Eb bien, oui. Que veux-tu? J'aime ma more.... et je suis resté enfant. Les fidéles romains, invités par la Soeiété des intéréts catholiques, avec l'assentiment de l'autorité ecclésiastique, ont visité pen dant trois jours la Scala Santa afin d'expier par leurs priores les outrages faits a lu reli gion el a ses rils augustcs pendant Is carna val. Une bande dc sectaires a parodié dans les rues de Rome la procession de la Fcte- Dieu. Les révolulionnaires ont cru que le clergé de Rome élait riche. Ils sont dótrompés a cette beure: ce qu'ils ont pris a l'Eglise, d'ailleurs, s'échappe de leurs mains et ap- pelle l'ire de Dieu sur eux. II y a peu d'ecclésiasliques aisés, méme parmi les cardinaux et les prélals: le Pape est obligé d'envoyer bOO jrancs par mois aux évéques de Ia Péuinsule et 700 aux ar- cbevêques. Quant au clergé dit inférieur, il vit avec difficulté, et dans ce clergé les plus savants, les plus pieux sont presque loujours les plus pauvres, paree qu'ils recherchent Dieu, la science, el point eux-mêmes. La fureur est grande a Berlin contre l'En- cyclique qui vient de condamner les lois de Mai el d'excomrnunier ceux qui prêtent a ces lois leur concours. Les organes officieuxdela chancellerie allemande avaient commencé a répandre le bruit que leValican allail accom- moder sa doctrine a ces lois, et la lettre pon* lificale leur apprend de nouveau que le gou vernement de l'Eglise ne repose pas sur les principes changeants dont sont conslitués les gouvemements lemporels auxquels l'em- pire allemand fait exécuter aujourd'hui les conversions qu'il lui plait. Dc la un cri de rage dans tous les rangs de la presse bismar- kienne. La Correspondance provinciale, plus prés qu'aucune autre feuille prussienne des regions gouvernemèntales, se distingue dons ce concert d'imprécations contre Ia papauté. Solon une dépêche dc Berlin, celte feuille, après avoir déclaré que l'Encyclique est un appel aux passions révolulionnaires, s'en fait une arme pour confirmcr une insigne ca- lomriie, lancêe par M. dc Bismark du haut w O CO -< CO O co CO CO 03 C£> cc *9 "v> -< w cS O O u as as O w u> as 3 Cu OJ "3 ■D a? v- 03 HI ct CÖ £X a>" TJ SO yc o ra 2: so -3 so en CO •H so ra T3 SO >- - O O co 53 O* H O O 5-. w »H ra CO ""O >- so 28 P°perln$l!?~lÏ£7h' 9-30,10-88?2-18;8-08,9-20. Ypres-Poperinjhe, 6-50,9-07,12-08,3-57,6 80,8-48,9-80. Po- Y^ Ê/J f :°h I 3' !2"25' t n' 7 13' - Hnzebrouck Poperinglie-Ypres, 8-38, 10-00, 4-10, 8-28. ttwilorS i'l'.1,2"38. e"4!i- Boniers-Fpres, 9-28, 1-80, 7-80. 12 50 5 T; ,N>' 7~30, (9-55. Lichterv.) Lichterv.-Thourout, 4-2!tm. Bruges-Holders, 8-25f Yores Courfrni M*-Courtrai, 3-25 m. 9 01, 1,30, 5,37 7,21 Zede!ghem-77M>wrot< 8-40. 1,05, 5,14, 6,58. yKS MB,#:». - Courtrai- Ypres t 8-08,11-02,2-86,8-40,8- 44. fle Sm,n,i! r'n/ij '2 06, 0 20, (le Samedi a 8-80 du malin jusqu'a Langliemarck). Thouroul- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00, Comi W' ö-2° du matm de Langhemarck a Ypres). - nêi(uin<A)»i;«LT'l-7'nii,'C <U'S-Armentiêres, 6-00, 10,18, 12-00, 6-40,Armentières-Houplines Le Touquel-War- Pniicir-, i mm' 'o0' 8 -40. Comines- Warnêton 8 40, rn 9-30 s. Wantêlon-Comines 8-30, 9-80, Br 2Wi i' ii"00' 'P' (l" 8-18).'Ö-63. (9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-Courtrai, 8-28, 12-80, 8-00, 6-42. Brnjès,5 458CM Ti ^M1"04»2"00!7"88-(bBMin) 7-31,11-10,2-56,7-4! (exp.) - Ileyst, Blankcnberglie, 8-1S, 9-41, 2-18. Ingelmunster-Deyw^e, 0-08 2" cl., 7-15. Gand-Deyme-Ingelmunster, 6-58, J *-*(,,7-21. Deynze Jngelmunsler, 7,31 1-00. L i?', ""i !!:i' n nSB^ 0-15. A u segli e in - Inge! munster, 7-42, 2-20, 7-45. 3-40 8-00 'X,r rnes el Dunkerke, 6-30, 9-08, 1-35, 7-88. DttwAerke-Furnes-Dixmude et Lichterveldc6-45, 11-10, fe™^^r<'?'Ö!,»2"a0l8-40--Nie8P-^.(viN7-*0.1l-8«,4-28. sXZTv °"IS' 1'30' 8-°8- - Ostende-Thouroul, 7-58, 10-10, 12 25, 6-15. öelzaeie Eecloo, 9-08, 1-28, 8-28. - Eecloo-iSe/züele, 8-38, 10 18,4-22. Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-18, 7,25. (porie d'Anvors) 8-30, 12-40. 7-45. Terneur.cn-Gand, 6-00, 10-30,4-40. Selzaelo-LoAewi, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 8-10 m.) Lokeren-Steteaete, 6 00,10-28, 4 48. (Ie Mardi, 9,30.) COURTRAI, BRUXELLES. C O 11 n IJ H X" O W D A flr c H BRUXELLES, COURTRAI. 0,37 10,53 12,33 3,47 0,35. 5,22 8,28 12,21 5,38 0,47 8,50 1,33 2,25 6,14 8,54. 8,02 10,46 2,44 7,30 8,44 Courtrai dép. Bruxelles arr. COURTRAI, TOURNAILII.LE. Courtrai dép. 6,37 10,86 2,54 Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 Lille 7,38 12,08 4,00 COURTRAI, GAND. 8,34 6,39 8,47. 9,41. 0,38 10,00. Courtrai dép. Gand arr. 6,42 8,01 9,49 11,05 12,31 1,51 3,44 5,04 6,40. 7,50. Lille dép. Tournai arr. Courtrai Gand dép. Courtrai arr. LII.LE, TOURNAI, COURTRAI. 5,15 8,22 11,05 2,22 4,43 5,20 8,00. 5,42 8,50 11,29 2,40 5,30 8,38. 6,42 9.40 12,31 3,44 0,40 9-33. 5,15 6,37 «AND, COURTRAI. 9,38 10,56 1,28 2,54 4,24 5,34 7,21. 8,47. BRUGES, GAND, BRUXELLES. Bruges d. 4-39 exp.6,49exp.7-04,9-39,12,34,3 43,ex.2,52,5-59exp. 6,43. Gand a. 5-31, 7,34, 9,15.10-54,1,49 4,28, 4-07,0,52 7,58. Bruxelles 0 28, 8,50, 10-35,12-39,4 00,0,14, 7-35,8,44, 9-31. BRUXELLES, GAND, BRUGES. Bruxelles dép. 7-20exp. 8,1 4exp 11,06 3,12 5, 55. exp. Gand arr. 8,29 9,41 1,12 4,21 7,17. Bruges 9,23 10,34 2,38 5 ,11 8,38. mé'* Suite. Voir le N° précédent. Du G au (2 Octobre. A bord du schooner auiéricain the Forester. An moment on je vais mettré le pied sur la barque qui doit me condone an schooner on me remet tin petit billet de mon ami Georges; j'en exlrais les lignes snivantes: Je reeois des notivelles de mon venerable uncle. Contrairement a ce qui se passe sur nos theatres dans les pieces oü il v a des oncles, il a cessé d él re in i II ion nn ire, et, au recu de ma lettrc, il m'a répondu. ce matin, qu'il eomplait sur moi pour le tirerde la prison oü ses créanciers I'ont fait iinpiloyablement jeter malgré son grand age. Voici, mon cher, ce que je compte faire. Je veux interverlir les róles, lui servir d'oncle, payer ses dcltes et ('engager a étre plus réservé a l'avenir, Georges me chargeait ensuite a voir ce co- quin d oncle a New-York dans la prison pour dettes, et de lui faire savoir quel prix ses créan ciers voulaient lui rendre la liberté. Nous sommes sur la route de New-York. Voiei unc Iravet'sée que je recotmnande vivemeiita tous ceux qui aiment les grandes scènes de la nature. Notre schooner file rapidement sur l'Océan pa- rallèlcment a la cöte. A gauche, la pleiue mer, dont les vaguès battent lés (lanes de noire navire el vont se briser a mille lieues de nous, stir le rivage de I'Europc. A droile, a line distance d line lieue a peine, la eöle d'Amériqtie qui se des- sine a nos yeux dans sa sauvage majeslé. Je n ai vu de ma vie un plus magnifique specta cle que eet amas conftis de rochers et de grands arbres, aussi vieux que le monde, qui se inirenl et se baignrnt, depuis tant de siècles, dans les mêmes dols. Au moven d une lunette d'approche, nous pouvons saisir les plus minutieux détails de ce panorama magnifique qui change a chaque in stant. lantól la cóte nue el désolée nous montre des grèves solitaires dont le silence u est trouble que par la pluinte élernelle de l'Océan; puis ties ro chers noirs enduils de mousses pendantes, au milieu de récifs et de brisants couronnés de (lot's d'éciune. Plus loin, de grandes forêls de pins, de bou- leaux, d'érables el de palmiers giganlesques. Le vent s'clève du désert et cotirbe letirs lêtes, qui s'agilent, se mèlent, se confondent dans un subli me et sattvage désordre, avec un in urmure mys- léricux dont les harmonies lointaines nous arrivent par rafales. Voici mainti nant un fiiuve immense comme Ie Meschacébé, qui arrive au lei me de sa course, et vient se reposer dans la nïer de son long voyage a travel s ces solitudes dn Nouvean-Monde. Ces hommes bizarreinent revètus de peaux et accroupis parini les algues el les plantes marines du rivage, ee sooi des ludicns noniudes qui viveut de cliasse el de pêche, et nous reg irdent passer avec une insouciance profonde. Vous pouvez voir d'ici la fumée qui s'élève en colonnes blanches au- dessus de leurs lentes dressées sur le rivage. Ces peuplades inconnues, Oü pasaient-elles hier? On peut ajouler; Oü seronl-elles demain? Je voudrais bien savoir quelle est ia prière qu'ils adressenl ii Dieu, chaque matin, iorsqu'ils s'évcil- lent aux premiers munnures du vent et des oi- seaux dans les arbres. il est probable qu'elle peut se réduire 'a ceci: Oonnez-notis, notre Père! notre soleil de chaque jour, notre mcr, nos rivières, nos forêls oü. nous vivons fibres comme des hommes, sans menlir ni flatter personne. Ajoulez a cela un calumet de lerre et un pen de tabac, et vous conviendrez que voil'a des gons fort heureux, bien qu'ils n'aicnt ni charte, ni gouver- nement constitutionnel, ni chambre des pairs, ni chambre des deputes, ui avocats, ni notaires, ui procureurs, ni perruquiers, ui dentistes, ni théa tres, ni jouruaux, ni chcmins de fer, ni Bourse, etc.etc. Comme nous longio'ns ces cóles dclicieuses, le plus élrange des pliénomèues est venu trapper noire vue et nous plonger dans l'admiration. Je veux parler dune piuie détoiles. Ges corps lumi- neux tombatent par milliards autour de nous, comme les lüsées d'un feu d'artifice. il élait alors dix lieures dn soir. Jamais plus ravissant spectable ne peut ètre offert aux obser vations d'un voyageur. Cela dura uue grande portie de la nuit'. Le capitaine du schooner nous dit que ces météores luminenx étaient appelés étoiles filantes. Elles se produisent souvent dans ces conlrées, même pendant le jour. Quelques- unes de ces étoiles, qui laissent après elles de lar- ges trainées sanglantes sur le cicl, sont bleues et roses; elles sillorinent la voute celeste en tons sens. Comment ne pas croire 'a Dieu en présence de celte imposante nature qui épouvanle l'esprit par sa variété et par son immensilé?... 12 Octobre. Voici mainlenant la ville de New-York, un des plus beaux pays du monde, avec ses navires a l'an ere et a quai dont les mats présentenl l'aspecl d'u- ne immense foiêt. Rien n est splendide comme de voir New-York, par un bean soleil. Que dis-je? II en est de méme de tonics les plages baignées paria mer el fre quences par la marine. Les quais sont encotnbres d'une foulc immense qui s'agite et bourdonnc. Ce n'esl plus ici l'Amé- rique, c'est l'Europe, c'est Londres, c'est Paris. Des canots entourent notre schooner et nous débarquent sur le port au milieu de flots de gens alïairés qui coureut de cöté et d'autre, et decu- rieux qui, assis, sur des ballots de marchandises, contemplent notre arrivée en fumant nonelialam- ment leurs pipes. En metlant le pied sur cette lerre, terme de notre voyage, je pense douloureusement a la pau- vre Thérèse, dévoiée en route par l'abime élernel, et a son cher enfant. Ces délicieux sourires, ces yeux d'oü jaillissaient los élineelles d un regard intelligent, ces cceurs qui battaient si lortement, ee langage si mélodieux, ces voix douces, - musique d'une belle ame, hélas tout cela a disparu, el n'a pas plus laissé de traces que lc uuvire sur la vague, que le vol du cormoran dans l'air. A CONTI NU ER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1