1 m LA CROIX D'OR. r Samecli 27 Mars 1875. 10me année. Nos 964. w z O z o 5> 5 pisBrtS DE 3 3 m t- 5! M -3 >- Le Journal parail le Mercredi et le Samcdi. Les insertions content 15 centimes la lig-ne.— Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la Les numeros supplemenlaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires. ün numéro du journal, pris au Bureau, la centimes. CHEM I (V S B» E F E M. ÜSS^SlS^i'ffiff0^ E°!i.- -^rtourJ, f-HZ-IO, 12 28, 6-18. j^cuoo, y uo, l-Jo, 8-28. tecloo-Selzaete, 8-38, 1018, 4-22. LE DROIT AU SCANDALE. L'émotion causée dans le pays par l'or- gie carnavalesque qui a déshonoré les rues de la capitate n'est pas encore calmée. On se demande avec slupeur s'il existe done en Belgique quelque pouvoir inommé qui ail la faculté ile suspendre la Constitution et les lois ou de dispenser de leur exéculion. Une humble fille de la campagne a voilé sa jcunesse a la pratique des plus sublimes vertus, ass id ue au travail et a la prière, soi- gnanl les malades et ensevelissant les morts. Et parce que il se passe en elle des fails ex- traordinaires de stigmatisation, que la scien ce, au sein même de l'Académie royale de Belgique, a déclarés exempts de supercherie, une bande de Iibres-pensenrs se croira le droit de la livrer a la risee publique, de lui infliger en elïigie les ignominies de la poten- ce et de la chaudière! Ma is ce sera trop peu pour les personnages de cette ignoble exhi bition; il leur faudra poursuivre de leurs outrages les minislres de la religion et les Fréres de la Doctrine chrétienne, ces admirables instimteurs de l'enfant du peu- ple, devront être l'objet des plus répugnan- tes démonstrations! II ne sagit pas d'une de ces mascarades qui se garent de la police et hasardent timi- dement leurs allusions plus ou moins trans- parentes. Oh non ces insulteurs publics occupent fièrement Ie pavéde la grande vil- le, et pendant quatre longues heures ils étalent leur crapuleux spectacle, sous la protection de la police, qui pousse Tattcntion jusqu'a suspendre la circulation des voitu- res, afinlque ees'aimables masques puissent plus a I aise se livrer a leurs cbals. Pour justifier de pareils exploits Taulorité de quelques casquettes universitaires, du fa- mcux Denier des écoles et de la Ligue ma- connique dirigée contre renseignementchré- lien, n est vraiment pas d'un poids suffisant. Encore une fois y a-t-il ici une puissance occulte, plus forte que la loi, plus forte que la Constitution L'opinion indignée n'entend point qu'il en soit ainsi. Elle sail qu'il ex isle en Belgique des pouvoirs administratifs el judiciaires chargés de protégerl'honneur des ciloyens, de mainlenir les droits de tous et d exiger I accoinplissement des devoirs, d é- carter le scandale et d empêcher le déchaine- menl des baines. C'est a eux qu'il apparlient de rassurer les honnêfes gens contre le re tour possible de ces exces, qui sont une veritable bonte pour la sociéló. Lécolc libre-penseuse a pu cette fois con- lempler le fruit de ses négations, el elle a dü en rougir si la passion seclaire ne l'a pas complétemenl aveuglée. Plus de notions de justice ni de droit ni de liberlé dans les ac teurs de ces trisles salurnales, plus de res pect, plus dc pudeur, plus mème un peu de tenue. Voila done ce que peuvent faire de l'homme la propagande matérialiste et l'en- seignement sans Dieu. Pour les patrons de l oeuvre, c'est une terrible lecon; mais de- mandez done au libéralisme maconnique de sinstruire au moins aux avertissements des fails et do l'expérienceII montera plutól Ia garde, une garde protectrice, autour des di gues nourrissons qui s'essaient a la pratique de seslbéories. Et il rit peut-étre beaucoup de ces bonnes farces. Qui sail? Mais gare a la debacle! [Dyle). Un journal aux allures louches et insi- dionises, qui souffle le chaud avec les pro- gressislcs elle froid avec les doctrinaires, annonce les sermons du carèmo cl snit clan- destinement ie corbillard S. P. Q. B., fait des réclames a la Ligue de l'enseignemerH atbée et poursuit de ses protestations d'ami- tié les catholiques-libéraux, \Eioile beitje pour l'appeler par son nom, glissail il y a peu de jours parmi ses fails divers Appel suivant: Appel aux libéraux. Les Académiciens deboul viennent de fonder a Bruxelles une succursale de VOIHuore de lapresse libérale cest-a-dire de constituer un comité réglanl 1envoi gratuit des journaux libéraux aux eleeteurs des arrondissemenls d'Arlon, de Baslogne, de Marclie, de Neufcbaieau, de Virion el de Ni velles. Ge comité sadresse avec confiance a tous ses coreligionnaires poliliques pour oblenir leur concours et leur appui dans le travail de propagande qu'il a entrepris. II espére être bientöl en mesure de fournir de jour naux tous ces arrondissemenls et mème quelques villages voisins. Mais pour atteiiidre ce bul, il lui faul l'ajipui de tous les partisans de la cause libérale, et il les prie inslamment de lui adresser au plus lót, boulevard du llainaut, 41, a Bruxelles, la lisle des jour naux qu'ils peuvent meljre a sa disposition et y joindre leur adresse exacte. La 1 oix du Luxembourg s'esl chargée de répondre a ce boniinent, répété en choeur par toules les Chronüjues et les Gazettes de la libéralerie bruxelloise. Cetle réponse est faile de inein de mailre; la voici: Cel appel aux libéraux n'est, a noire avis, qu'un certiiical d'impuissanee délivre a i'Ec/to d'Arlon, a i'Ardennais, a la Senli- nelle et au Lour vier des Ardennes. Ces di gues journaux s'éverluent a mal faire; mais ils ne parviennent qu a dire mal, et tons lours efforts sont depeuses en pure perle. Le libéralisme, loin de se relever et de rcconquénrdu terrain dans noire province, continue, au contraire, de reculer chaque jour: toutcs ses tenia lives écliouenl el ses plans les mieux combines avonont. Les organos de la pressc qu'il subsidie sont tombes dans un etat de discredit sans précédent: les gens qui croienl en Dien et qui pratiquent la religion les ont bautement i'cpoussés et, parrni les libéraux eux-memes, ceux qui se piquent d'avoir quelque intelli gence ct quelque gotil affectent de neplns les lire. Ils les proelarnenl maladroits, sols, extravagants et disent a qui veut les enten dre que ces journaux causenl plus de mal qu'ifs ne font de bien au par li des lumiéres el du progiés luxeinbourgeois. Les fameuses associations qui devaient étend re leurs ramifications dans toute la pro vince, rie sont parvenues a s'implanter que dans quatre cantons ou elles sont condain- nees a végéter. Ailleurs, on n'en parle pas plus que si elles n'existaienl pas. Nous cornprenons que, dans d'aussi trisles eirconstances, les hommes qui rèvcnt dc guérir le libéralisme tnaladc, recourent a des remédes qu'ils croienl plus efficaees. En somme, les panacèes qui lui ont élé adminis- trées jusqu'a ce jour n'ont produit d'autre effel que de montrcr au public la gravilédu mal. Est ce que le rémêde désespéré auquel les hommes du progrès luxembouxgeois vont recou rir, prod ui ra de meilleurs effets? Sin- cèrement nuus en doulons. La masse de la population dc notre pro vince, si honnête et si religieuse, possède un haul el fin bon sens contre lequel viendront échotier les tentalives des organ es de la presse du dehors. II faul autre chose que des lazzi, des caler'nbours, des impiélés, des blasphemes et des obscénités, pour ébranlcr leurs convictions: tout cela coulera sous Ie pont dc leur mépris sans que les acres sen- teurs qui s'en dégagent engendrent la moin- dre contagion. La Chronique, la Gazette ct d'aulres chiffons de Bruxelles peuvent vivre grassemenl au milieu des iniasmes de la so- ciélé pour laqiieüe ils sont fails; mais qu'ils y rostent: l'air purdc nos campagnes no leur convient pas el ne peut que leur être fatal. Q'ioi en soit, nous signalons cette tentative désespérée a l'altenfion de nos amis. Nous snvons que le clcrgé, fidéle a sa mission, redoublera dc vigilance pour met- tre le troupeau, corifié a sa garde, a l'abri de cette lêpre; mais, pour que son action soit effica.ce, il faut que les calholiques aient le bon esprit de se garder eux-meines. C'est aux pères de familie surlout que nous nous nous adressons. S'ils veulent que la religion, e'est-a-dire la paix, I'ordre et I'honneur, continue de s'asseoir au foyer do leur famil ie, ils doivent sévèremenl en écarter toules ces feuilles qui, commodes vipéres, ne cher- chent qu'a mordre les esprits et les cceurs et a les luer sous l'action de leur mortel poi son. UNE BANDE D'ASSASSINS. Ün journal gneux, l'un des organes altitrés de l'association doctrinaire anversoise signa- lc aujourd'lnii l'existence d'une bande d'as- sassins organisée en Belgique. Mgr Dechamps ct les membres dc l'association de Saint- Francois-Xa vier seraienl en cetle circonstance, les vrais coupablos. On peut regarder,dil la fe tille en ques tion, les sus/eens (membres de l'association Xavériennejcomme une vérilable bande d'as- sassins; une bande d'ussassins dom Mgr Dechamps, archevéque de Malines est père et parruin. Est-ce pent-étre pour cela que Mgr De champs aurait recti lechapeau de cardinal, qui coulera au pays soixanle mille francs! La dónonciatiou est claire et formelle et il nous pa ra it impossible, dit Ic Journal dWn- vers, que le parquet n'ouvrc pas immódiate- ment mie instruction contre Torganisateur et les membres de cette sinistre association. Les articles 322 et suivants du code pénal rela- lifs aux crimes et dól its contre la sécurilé publique doivent être pris au sérieux et 1 hém is, si naolle qu'elle soit, ne peut fermer lesyeux en cetle circonstance. La moralité publique exige qu'elle agisse immédiate- ment. Quel dominago que M. Bara ne soit plus ministro! A l'heure qu'il est, un bon ré- CO fi So to to O Ü3 C5 OS Oq O O L3 -H Cd LJ cd CL QJ TJ D3 us O rn 3 xi U3 H SO ra C/2 •H SO ra «-T3 SO ^2 ■O O G 50 C7C ■B Pr v. pi CO T5 >- S3 2! loo nnmoroe o 11 r\ w I A I I I w J|'C*IV^1I0 cj\j nouuiiiua lei ligne.Ull ^per'inlht'lïSoïck''7 ll'^I^S0^1^"^ro"00'9^20 JP^-Ppperimhe, 6-80,9-07,12-08,3-87,» 80.8-4t5.9-80. - To- °12-80 3-ofö ^'"lUluörv'l u'r8 ™6' (°'88'' L'chlerv.) - Lichterv.-Thourout, 4-28 in. Bn^cs-lioulers. 8-28, YpresïCoïrtÜf8-347-491/"S!! v°'' U30' 8,37 7'21 Zedclgl.em Thourout, 8-40. 1,08. 8,14, 6,88. Ypres -Tliourout 7 13 u'nn 8-08,11-02,2-80.8-40,8.44. (le Sainedi a 6-20 du matin de uJghÏmfrT?'Ypreï) ma,'n JU8q" Langheraarck). Thourout- Ypres, 8-40, M0, 7-00, neWCoiJS *<MS. 12-00, 0-40, - Armentièros-Houplines-Le Touquet-AVar- Courtrai-Bruaes u i 'r 4 ~Z 8 40' m 9"30s' Warnêton-Com7es 8-30, 9-80,1 Bruges Blankenberg [1,/|j f,' 1 oK I S- (L'clilerv.)— Bruges-CWlroi, 8-28, 12-80, 8-00, 6-42. Bulges, 8-48, 8,38 11-2^8-30 04,2-80,7-38. - (bassin) 7-81,11-10,2-80,7-41 (exp.>— Ileyst, Blankenberghe, 11 -20^So J-2T.C-Dey'nïê^ngêLlunsS',TZ/nf?j)™ns,er-IV»*'' 6'08 2"cL> 7-18. - Gand-Deynze-/»^m«»ster, 6-88, LichtTrvpM^»-"nivnf^e'p'' 6"08' 12:j°> Anseghem-Tngelmunsler, 7-42, 2-20, 7-48. 3-40, 8-oo. 'Xn'U 6 U'neS Bl er^ce> 0-30, 9-08, 1-35, 7-88. DiwiAerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde0-48, 11-10, Dmnude-A^^ort,9-88,2-2(),8-40. -Nieup-D*w»,(ville)7-40 11-88 4-28 Sel»J\^T,frM2reW'nSnill0.noA"1£>7«12'!ö,»f,2S" (porle TAnvers) 8"30, 12-40. 7-43. Ternenzcn-Grind, 0-00, 10-30', 4 40. oeUaele-Lokeren, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 8-10 m.) -* Lokeren-Solzaele, 0 00, 10-28, 4 48. (le Mardi, 9,30.) corhesponhahtcei COURTRAI, BRUXELLES. BRUXELLES, COURTRAI. Courlrai dép. Br uxelles arr. 0,37 8,80 10,83 1,38 12,33 2,28 3,47 0,14 0,38. 8,84. Bruxelles dép. Courlrai arr. 8,22 8,02 8,28 10,46 12,21 2,44 8,33 7,80 0,47. 8,44. C0ÜRTRA1, T0URNAI, LILLE. Courtrai dép. Tóurnai arr. Lille 6.37 7,28 7.38 10,86 2,34 11,47 3,48 12,08 4,00 8,34 0,39 0,33 COURTUM, «AND. Courlrai dép. Gaud arr. 0,42 8,01 9,49 11,08 12,31 1,31 3,44 8,04 8,47. 9,41. 10,00. 0,40. 7,30. Lille dép. Tournai arr. Courlrai Gand dep. Courlrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 3,15 8,22 11,03 2,22 4,43 8,20 8,00 5,42 8,56 I 1,29 2,40 8,30 0,42 9.49 12,31 3,44 0,40 ,38. 9-33. GAND, COURTRAI. 3,15 0,37 9,38 10,30 1,28 2,54 4,24 3.34 7,21. 8,47. BRUGES, GANDBRUXELLES. Bruges d. 4- 39 exp.6,49axp.7-04,9 39,12,34,3 43,ex.2 Gand a. 3-31, 7,34, 9,13.10-34,1,49 4 28' 4 Bruxetles 6 28, 8,30, 10-33,12-39,4-00,0,14, 7 BRUXELLES, GAND, BRUGES. ,3-59exp. 0,43.1 Bruxelles dép. 7-20exp. S.ttexp 11,06 3,12 5, 38. exp. L0 32 7,58. (rind arr. 8,29 9,41 1,12 4,21 7,17. ,8,44, 9-31.1 Bruges 9,23 10,34 2,38 3,11 8,38. Suite. Voir Ie N° précédent. .1 un étais reslé. ce me semble, a l'endroit ofi mon pöre mourant me fit venir a son clievet. Voici, me dit il, en me présenlant une boile de fur, „0 coffrc qui renferme voire exis tence. II ouvrii la boile el me montra une pelolede soie verte, lnisanle el d'une exquise finesse, Mon fils, me dil-il. ce peloton est l'imajje de vos années.... Ces! un qrand bonheur pour l'homme de pouvoir abréger sa vie de quelques instants dc dotileur; or, chaque fois que vous voudrez vieillir, vous n'aurez qu'a dévider quel ques tours du ce peloton, et vous serez de la sorte plus agé de quelques heures, quelques jours, quel ques années même, selon ce que vous aurez oté de soie dc dessus cette pelole. Q„and vous aurez des heures de peines, d'ennui, de découragement, vous les fcrez évanouir ii l'instant même, l'avenir vous appartiendra aussitót. Mais prenez garde! ce présent, utile quelquefois pent deVenir fatal et miisible a celui qui en abusera; et n'allez pas vous repentir d avoir trop vitement dissipé vos années, car vous ne recouyrerez jamais voire jeunesse; il vous sera impossible de rupeloter la soie, c'cst-a-dire sur le temps que vous aurez volonlairement perdu. C'est pourquoi, en vous faisant 1'hommage de cetle inestimable puissance qui m a coüté lant dc veilles et de calculs, el la vie même, je vous recommande forte,ment de ne pas vous presser d'user de la vie. Voire bonheur me parail désormais si'tr puisqu'il est enlre vos mainsvous étes riche de jeunesse et d'avenir. Les peines de la vie, vous les senlirez a peineel vous vous en débarrasserez aussitót. Rappelez-vous aussi que les nut res vieilliront avec vous, et que, eu dévidanl a I instant votre peloton tout entier, vous pourrez mourir, dc mème que, en économisanl cc tVésor, vous vivrcz longlcmps et beureux; oui, longtemps j'ai calculé nolrc nalivité, Souvenez- vous que Dien vous a mis sur la tcr.ie pour aimer vos semblables et les sécourir comme des frères, dans la mesure de vos foi ces et dc vos moyens soyez l'a mi du travailleur, Ie proteeteur de l'op- primé, l'ennemi de l'oppresseur; aimez l'Église, la liberlé, la justice, exécrez la tyrannie. Faites aux hommes loot Ie bien possible et soyez en defiance contre les embi'iches de la vauitê. AHez, mon fils je vous bénis et vous recom mande de ne point abuser dc ce terrible pouvoir, el de ne pas fiélrir aVant le temps lus fleurs de voire lime. Après avoir ainsi parlé, mon père me serra dans ses bras, puis il me remit la cassette quirenfermait Ie peloton de soie verte, elm'ordonna de le laisser mourir en paix et recueilli. Je le quiltai le coeur navré de douleur, et cepcn- dant plein d'espoir et d impatience. Jeiais très- cui ieux de faire l'essai de mon peloton; et pouriant je croyais que c'élait uq caprice et une folie de mon père; mais je lus lort étonné, en déroulant un quart de lour environ de soie, de ine Iron ver plus vieux de quinze jours. Mon pauvre père dormait sous la lei re et jc restais seui avec mon précepteur, qui élait aussi mon luleur. J'avais vingt ans ii peine. Mon carac- tère élait loujours le même, mon ame passionnée, impatient et prompt mon esprit. La puissance que j'avais de passer rnpidement sur Ie teinps me donna une oulricuidance dont mon précepteur se hasarda a me répi imander. Je l'envoyai proinener; il y fnl; je n'ai jamais revu le brave homine. Dans un moment d'impatiente colère, j'avais failli j o ter mon peloton par la fcnélre, afin qu'il se dé- roulat jusqu'a ceque mon pauvre luleur fut mort. Pint a Dien quej'eusse accompli alors ce projet!.... C'est vers cc temps-la que je fus présenté cliez le comte de Maenamaraliomme fort distingué, qui avail jadis con nu mon père. II me regut avec bienveillancé, m'assnra dc sou amitié et m'engagea a venir souvent Ic visiier. Je n'y manquai pas; ct quelque lemps après, je lui demandai la main de sa fille Angela. Ma requêle fut agréée par l'iin cl. par l'autre. Jc me mis alors a dévider mon peloton, car ina jeunesse ctait un obstacle, selon le comte, A notre hymen. Quand je retournai cliez luiplus vieux de deux ans en quelques minutes, grace a mon peloton, Angela se mourait de la poilrine, mul afi'raix qui nu pardonne pas Après, sa morl, lorsque je touchai a mon pelo ton un petit carré de papier loniha ii mes pieds; je le ramassai, il contenait les lignes suivantes C'est ton impatience qui est la cause de Ion infortune. Je n'en dévidai pas moins mon peloton jusqu'a trente ans. J avais a peine vécu deux mois depuis la mort dc mon père, et j'élais vieilli déja de dix années!.... Cependant plus ma puissance m'ern- barrassail et plus j'en abusais. Riche de tont mon avenir, et poiivant d'un seul coup Ie parcourir, j'étais a eb,aque instant tenté d'en finir, dégoiité de cetle vie que j'employais si mal. J'avais inces- samment soil'de l'avenir, et quand je saisissais I heme lanldésirce, je désirais l'heure suivantc, lont en règreltanl l'heure écoulée. Voila bien la l'h o mmeAinsi, par la saliélé, le riche regoit Ie chatiment de son avarice et dc son orgueil. Celui qui est sage cherclie dans la charite et la pratique des au tres vertus chféliennes Ic seul bonheur pos sible en ce trisle monde d'épreuvesLa clia- riléce Int la Ie seul plaisir vrai qu'il me fut possible de .goulei' depuis la morl de mon père. Jeune homilie, rcleocz buui cuci Lamoor de nolrc prochain voila ce qui rend le plus heureux ici-bas. Tous les hommes sont nos frères, et le devoir de celui qui a est de soulager ceux qui n ont pasMon père m'avait dit ces vérilés en mourant, et la pratique de la charité a sen le pu nic consoler dans mes heures d'amerluine. Jc me mis ii étudier les hommes el plus parti- culièrement ceux qui dominent et liennent en servitude les fotiles. Tout ce qu'ils font me parut si laid et si curieux que je m habituai ii regarder le monde comme un vasie lliéatre, oil nous som mes appelés a jouer un certain nombre de pieces, lesqnelles doiveut s'abimér et se perdrc, avec Ie temps, pour être remplaeées par de nouvelles pieces el de nouveaux acteurs, comme line vaslc arène oil lii verin et la faiblesse sont souvent exploilées et dévorées par la vice uni ii la force. Mon père avail bien raison de me recommander d aimer les hommes comme des frères, de faire de ma fortune le plus noble usage, c'est-a.dire dc I employer a soulager les misères des pauvres et ii donner ii ceux qui sont obliges de travailler pour vivrc, jioiir manger, des occupalions assez bien rélribuées pour qu'ils puissent nourrir leurs families. ii Aimez les hommes, lendez la main a l'infor- tiiue, nu, soyez pas fier, culiivez la justice, el Dieu vous bénira comme je vous bénis a mon lil de inort; sachuz qu'il vous demandera compte de vos richesses, et que si vous n'en avez pas fait le sacri fice en faveur du bien public, soj$jugement sera terrible. Telles fiirent ses paroles, médilez-les, mon jeune ami, et failes-en voire profil pour votre salut dans ce monde el dans l'autre. A CONTINUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1