negations du libéralisme.
LA CROIX
Merer cd i 31 Mars 1875.
10me année. Nos 965.
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u J°'"'Ml 'C Mercredi 61 'e Samedi' te Trli0"S C0(Uml 1 j.OTHimes NS"e- Y» réd»m«' dans le corps du journal) se palen! 30 centimes la ligne- U„ numéro du journal, pris au Bureau, 13 centimes.
Les niimeios supplementaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, coütent 20 fr. les 100 exemplaires.
C ïfi BI M I A I® e e1 BI 15.
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BichtrvXDixm2r-F;,C;;e«' !2;i°'M5-T^Bhem-Zn^wfer, 7-42, 2-20, 7-48.
Le libéralisme moderne ne fait plus qu'op-
poser au caiholicisme, c'est-a-dire au Christ
cl a sa doctrine, une immense négation.
II y a de nos jours des catholiques qui s'ef-
fraientdu brult des negations contemporai
ns, jusqu'a laisser entamer leur courage
dans la lutte.
Eaut-il lanl s'en ómonvoir
Voyons avec tin puissant cl courageux
orateur:
Un hommc, dit-il, se rencontre qui a
cru ce que je crois, et ce que croit l'humani
té. Un jour, eet liomme fait Ie vide dans son
ame; il tue sa foi, et il éprouve le besoin de
faire arriver jusqu'a moileorido son ame
vide. II dit qu'il ne croit plus. Soit; voila un
bomme qui, du fond de son cabinet, me cric
qu il apostasie sa foi et répudie son symboic.
Qu'est ce que ceia prouve conlre le témoi-
gnage de la grande affirmation catholique?
Certes, si la négation, par Ie seul fait qu'elie
existo, avail la puissance de renverser l'affir-
mation, quelle vérité, je vous prie, serail de-
bout au lond de l ame bumairie? Dans (out
ordre de choses, en dehors peut-êlrc de
Tabstraction pure, partout devant l'affirma-
lion la négation se pose. Et encore, si les
hommes de ce temps avaient un inlérêt de
passion a nier une vérité trés-évidente de
I oidre malbémalique, par exemple, le carré
de I hypoténuse; si la consequence de ce
théorêine célèbre était, qu'il faut clre chaste
el se confessor; jc ne serais pas bien sur que
nousne vissions pas bientót parmi nous les
incrédulesdn carré de Phypothénuse. Tout
est aiïirmé par 1'liumanité el (out est nié au
moms par une humanité. Pourquoi, malgré
loules les negations révolulionnaires, l'hu-
manité derneure-l-elie deboul dans Ie vrai,
a[>puyée sur ses affirmations conservatrices
ou catholiques? Paree que la négation ne
vaut pas l'affirmation. Paree que ce qui affir-
me, c'esl l'humanité en masse, l'humanilé
caime, l'humanilé vertueuse; et cc qui nie,
eest I humanité fractionnaire, l'humanité
avetigle et passionnée, cssayant d'ébranler
par des violences qui passent ies principes
qui demeurent. Ei ainsi la grande armée de
I affirmation poursuit sa route, laissant expi-
rer loin d elle, dans le désert oü el les s'ex-
communient ies negations impuissantes et
fragiles.
Eb bien! je le demande, devant la paro
le qui affirme Ie caiholicisme, qu'esl-ce que
la parole qui le me
Un point dans l'immensilé, une gouttc
d'eau devant l'Océan, un atome devant l'ar-
mée des cieux.
Vous niez le calliolicismc el sa vérité et sa
force.
Qui eles-vous? Comment vous nommez-
vous? Combien êtes-vous?
La petite légion do la negation se fait a
elle-même sur son importance tine étrange
illusion; ct Ie monde Icllré Itii-méme s'y
trornpe tpielquefois; il juge sa valeer par le
bruit qu'elie fait. Mais ne l'oublions pas:
di.\ hommes qui parient font plus de bruit
que mille hommes qui se taisent. Le
bruit, je pourrais dire le fracas, est le fait or
dinaire des negations insolentes. Elles se po
sent dans les hauls lieux pour se faire eu-
lendrc lie loin. A entendre le bruit qu'elles
font, vous croiricz qu'elles sont la voix de
riiumanilé. Détrompez-vous; les negations
résolument anti-catholiques ne sont qu'une
coterie. Qu'est ce que ceia devant la grande
voix qui proclaine a tous les points de l'es-
pace la durée et la valeur divine du caiho
licisme
FIERTÉ LIBÉRALE.
Si l'on veul reehercher des raisons pour
lesquelles certains libéraux se iriontreut les
ennemis déclarés du culte catholit|ue et ainsi
apparliennenl, sinon par leurs paroles, au
moins par lour pratique, a la légion de la
negation, on n'aura pas trop de peine a les
découvrir.
En voici quelques-unes:
Les ceuvres et les cxercices du culte catho
lique humilient I'honamo ot ffii font sentir
qu il n'est qu'une créature faible, une crea
ture qui ne pent rien par elle-méme, et qui
est redevable de tout ce qu'elle a et de lout
ce qu elle est a Dieu seul. Or cet aveu cottle
trop a I'orgtieil de I'homme; il n'aime pas a
le faire, surtout publiqnement; ceia ne s'ac-
corde nuliement avec la fierté libérale.
Ces exercices, ces ceuvres, ces devoirs sont
péuibles, assujeltissants, et exposent a la
censure! On aune inieux vivre a sa liberie,
on neveut passe gèner, on crainl les lan-
gues des liberlins; et c'est ainsi que la fierté
libérale se change en faiblesse et en lacheté.
Plusieurs de ces exercices, et surtout ceux
qui sont commandés, exigent nécessaire-
ment une réforme dans la conduite, el un
changement dans le cceur. Or, ce change
ment et cette réforme coüleraient lrop, on
ne veut pas en (aire les frais; on en est mème
fort éloigné. Voila encore la lierlé libérale
qui étouffe les plus sages avertissements de
la raison et de la religion.
On n'est point instruit suffisammcnt et on
ne veut plus s'inslruire des vérités essentiel-
les de la religion. Dans une fiére et méprisa-
ble ignorance, on croit avoir répondu a tout,
en lachant ces beaux lermes do superstitions,
d'absurdités, de préjugés populaires, etc.
Dans ce qui précéde, nous n'avons évi-
demment pas voulu parler de ces fanaliques
animés do I'esprit de Satan, qui, non con
tents de ne point pratiquer le culte que Dieu
impose a I'homme, le conspuent, le blas-
pliément et le calomnient dans ceux qui I'ob-
servent; chez ceux-la, c'est la fierté de I'en-
fer, qui, pour en faire ses digues suppöts,
versa dans leur cceur sa haine pour Dieu,
pour toute vérité, pour tout bieti, pour loute
vertu.
ÉCHANTILLON DE LA BOUTIQUE LIBÉRALE.
S'il est vrai de dire, comine l'a écrit M.
Guizot, que lc caiholicisme est une grande
école de resjiect, il n'est pas moins vrai
d'ajouter que la libre-pensée est une sentine
de polissonnerie et de erapule. On en jugera
paries lignessuivantes que public une feuil-
le de trottoir, une de celles qui font chorus
avec I'Echo du Parlement conlre le clerical:
J'ai souvent out raconter, dit ie stereo-
raire en question, par des voyageurs qui
s'élaienl payé le piaisir, etrpassanl par Ro
me, d'aller voir le pape...
(Jo dïs payé le piaisir paree qu'il eu
coüte toujours quelques pieces blanches de
pénélrer au Vatican, la valelaille élaut encore
plus ra pace que le niaitre.)
J'ai souvent entendu raconter, disais-jc,
que ie saint père aimaitase moquor douce-
ment de sou monde.
Ce qui lend a me foi re oroire que I'on
ne m'a pas menti, c'esl que Sa Sairnelé, en
donmnt le chapeau a M. dc Malines, a voné
ce cardinal baltant neuf a.... Sainte Agnés.
Une Agnès, 'cliacun sail ce que ceia veut
dire.
Le Pape aura sans doule voulu biaguer
Mgr De.champs, a propos du fameux dis
cours prononcé par S. E. au mariage de Ia
princesse Louise.
Saluez, messieurs de la ioge! vous êtes
servis a sonhait et votre organe a profité de
vos lecons. Mais qu'un journaljste catholique
se permette do donner des chiquenaudes aux
grimauds du libéralisme et dire qu'ils coco-
tent avec les casques dorés et les épées flam-
boyanles de Berlin, vite dame Thémis est
appelée a la rescousse pour punir l'audacieux
écrivain.
Conclusion: Nos adversaires sont sacro-
saints et inviolables. Ce sont de petils poten-
lats placés au dessus des atteintes du public
ordinaire.
Les catholiques sont, au contraire, gens
insuItables et calornniables a merci.
Au besoin dame Thémis est la pour le
prouver.
PEINE DE MORT.
Le 8 Octobre 1874, a la maison de force
de Gand, Polspoeliineespècc de héle féro-
ce, assénail 14 coups de inarteau sur la téte
de Men ret, ct portait des coups de tranchet
a Duquesiioy et a Dosvitle qui succomba a
scs blessures et, ainsi, mourul viclime de
I abolition (de fail) de la peine tie mort, com
me je vais le pronver.
Polspoel pouvail hardirperit se donner Ie
piaisir de satisfairc ses instincts sanguinaires;
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12-80, ]oL'r!i 8/'' •7"3.6U9"88, ,jichterv') - LichlervTkourout, 4-28 m. Bni'gts-Roulers8-28,
Ypres-Courtrai, 834 9-49 Tg i IbÏTb v S'37 7'21 ZodelgUem-T/wurout, 8-40. 1,08, 8,14, 6,88.
Ypres- Thourout 7 i'q ran c In -.C.ourt,,a'-Yprea-, 8-08,H-02,2-86,8-40,8-44.
Com".!?"6111 P"20 duJ»»lin de LanghemarTi'Ypra)°. d" JUSq"'è Lan«beraarck)- - Thourout-Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
nóton-Co»i»»es 7-28 LVo^O^-ir^T'"/»8"~A,y'u''llleres> r> 0010,18, 12-00, 6-40, Armentières-Bouplines Le Toóquet-War-
Courtra \Uruqes 8-05 /too 19 V- ~V - ^^^'Warnelon 8-40, m 9-30 s. Warnêton-Commes 5-30, 9-50,
Bruges, Planken bergheHe y s t ItaO 7 2»°i d> 9 (7°t° ^-Courlrai, 8-28, 12-80, 8-00, 6-42.
Biuges, 5-45,8,35 11-25^5-30 0*-,2-50,7 3o. (bassin) 7-31,11-10,2-56,7-41 (exp.) IJeyst, Blankenberghe,
ij V20' 0 08 2" CL' 7'1S- - Gand-Deynie-Ingelmunsler, 6-88,
3-40,8-00 un-erke, 0-30, 0-08, 1-33, 7-bö.DtrwAerAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-4S, 11-10
Et.., ,Jt 1 50,8-08.Ostende-Thowout, 7-bS, 10-10, 12-28, 6-18.
Gaud- Terneuzen, (station) 8-17, 12-15. 7,2b. (porie d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 4b. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4 40.
selzaeta-Lokeren, 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer, 8-10 m.) Lokeren-Solzaete, 0-00, 10-28, 4 48. (le Mardi, 9,30.)
coHnEsPOurrjAWCES.
C0URTRAI, BRUXELLES.
BRUXELLES, C0URTRAI.
O "«e-rtuc, t-mi, w-15, 1-bO, 8-08. Ostende
SejZaete.^ec/00i 9,08, 1-25, 8-23. - Eecloo-Selzaele,
8-38, 10 18, 4-22.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
0,37
8,80
10,83
1,33
12,33
2,23
3,47
0,14
6,38.
8,84.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
8,22
8,02
8,28
10,40
12,21
2,44
8,38
7,86
0,47.
8,44.
COURTRAI, TOURNA ILILLE.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Li lie
0,37
7,28
7,38
10,80
11,47
12,08
2,34
3,48
4,00
8,34 8,47.
0,39 9,41.
0,33 10,00.
Lille dép.
Tournai arr.
Courtrai
LILLE, TOURNA!, COURTRAI.
3,18 8,22 11,03 2,22 4,48 8,20 8,00.
8,42 8,86 11,29 2,40 8,30 8,38.
6,42 9.49 12,31 3,44 0,40 9-33.
COURTRAI, GAND.
GAND, COURTRAI.
Courtrai dép. 6,42 9,49
Gaud arr. 8,01 11,08
12,31
1,81
3,44
8,04
b,40.
7,30.
Gand dép.
Courtrai arr.
8,18
0,37
9,38
10,86
1,28
2,84
4,24
8,34
7,21.
8,47.
BRUGES, GAND, BRUXELLES.
Bruges d.
Gand a.
Bruxelles
4 39 exp.6,49exp.7-04,9-39,12,34,3 43,ex.2,82,S-39exp. 0,43.
8-31, 7,3 i-, 9,13.10-84,1,49 4,28, 4-07,0 82 7,88.
0 28, 8,3D, 10-38,12-39,4 00,0,14, 7-38,8,44, 9-31.
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
Bnixellrts dép. 7 20oxp. 8,t4exp 11,06 3,12 8, 58. exp.
Guild arr. 8,29 9,41 1,12 4,21 7,17.
Bruges 9,23 10,34 2,38 8,11 8,38.
Suite. Voir |e N» précédent.
Je voyageat, je parcoiirus le Canada, puis l'An-
gleterre, la France, l'Allemagne et l'Italie; je
porlai partout mon spleen, mes regrets e) .non
air sombre, et je ne trouvai qu'nne bien 'légere
distraction a changer tic lieu.
Pendant ce temps, plus impatient que jamais,
je dévtdais loujours mon peloton; jc dissipais ie
présent, j'antiripais sur t'avenir; e'est ainsi que
jatteiguis en quelques mois quarante et jiuis
einquante ans.
Jc commenQais a regrelter, et poui tant je con-
tinoais a vivre sur mon av.enir. J« ne vons
parte pas des mille instants, des minutes, des
jours, des mois que je dissipai par caprice, par
ennui, par lassitude. J'effagais promptement la
moindie conlrariélé que j'éprouvais; ct e'est ainsi
qnej'ai misérablement vécu. II n'esl pas un piaisir
dont je n aie abuse, pas uue emotion queje n'aie
nienée a fin, et maintenanl, vieux jeune bomme,
jc^suis Irtssé et blasé; je u ai plus ni désirs, ni joies,
je u at que des regrets. J'ai tout ressenti, lout
épuisé. J'ai été chercher le bonheur la mème
oü les hommes ne trouvent que dotileur el dégout;
aussi j'ai asscz vccu. Plus j'ai demandé ii l'ave-
nir, plus il m'a échappé, tout en m'apparlenant,
et moins j ai trouvé le repos. Un jour que je
menuuyais, je dérouiai dix ans dc ma vie, et
j'eus soixante ans! Je me repentis bientót,
cornme rhoiume se repent, trop tard! Ma con
science me reprochait eet abus de pouvoir; mais
c'élait iriutilement que je regroltais mes années
jetées el perdues. J'avais été sans patience, ce plus
sur des courages. Je m'étais éuervé; j'avais éloufle
par uue débaticlie d impalienee les élans sublimes
de inou eoeur.
Uue nuil, je vis mon père, en songe, non
plus tel qu'il était, mais les yeux caves et éleints,
les paupières humides, les cheveux en désordre,
pale, abattu et ensanglanté.
O mon li Is! medil-ii avec douletir, qu'avez-
vous fait? Vous vous. ètes a jamais viciili et perdu!
Je voulus m'élancer vers l'ombre de mon père,
mais elle se perdit dans les ténèbres. Je regar-
dai ccei comine un averlissemenl du Ciel; je réso-
lus de me tenir en garde conlre moi-meme; je
regardai ceci comine un avertissement du Ciel; je
rcsolus de me tenir en garde conlre moi-même;
je cacliai la fatale boite de fer; mais tout fut inuti
le; il était trop lard!... Beaucoup d homines se
fussent contentes de ma destmée et eussent eu le
courage dc ne point toucher au fatal peloton.
Mais mes serments ressemhlaienl it ceux de l'ivro-
gne el a ceux du joueur. En vain ai je essayéde
tons les piaisii's du monde et de toute les emotions.
Aussi la vie est pour moi sans attraits; jc suis in
sensible a tout; je suis devenu un automate.
Je suis d'autant plus désespéré d'avoir ains'
dépensé mon temps que mon coeur a conservé
toute sa vigueur, c'est mon corps qui fait défaut.
Ceci est mon chaliment.
Que Dieu a été sage de ne pas faire I lioinmc
i ui ui o i tel! Lheuie lie ma destruction appioche,
et je incurs sans elfioi com me sans regrets. Ma
vie se resume loute en quelques années agitées, et
j'ar rive presque en riant a son lerme, el mon der
nier bonheur, - pale et décoloré eomuie tons mes
bonheurs, est de jeter un dernier regard sur
inou passé, et d'y retrouver le souvenir sacré de
ma mère et de mon père, des premières et sen les
véritables jotes de inou existence, üui, inou eher
Monsieur, je moiirrai hetireux enfin, car j espère
eu la misérieorde de ce Dieu qui pour nous ra-
cheler s'est fait hoinme. Priez le, ju vous en con
jure, afin qu'il uio pardoune une vie si folleineut
dissipce. Vous connaissaz cette vie miserable,
dont je ne puis renuuer le lil, et qui s'éleint com
ine une lain pc privée d'litiile, victime du |ilus
aveugle enlraiuement. Voila, Monsieur, comment
je meieins, tout jeune, de la plus nusérable
fa con. Voilii eoiTinient je meurs, plein de vie et
de sève: voila eonnneiit ni'onl perdu el la manière
dont j'ai usé du présent de mon père et la passion
que j'ai cue pour ce qui u'cst pas éternel!
Sir William Duringhlon pril sur son bureau la
boite en acier, l'ouvrit, et montra le peloton de
soie a Alberlus. Celui-ei l'examina avec le plus vif
inlérêt. C'élait de la soie jaunie et décolorée com
ine les années du pauvre chAtelain. II n'en reslait
plus qu'un quart de mèlre environ, qui faisait
deux fois seulement le tour d'un papier qui avail
regu jadis la soie lout entière...
Alberlus demanda a sir Duringhlon s'il n'était
pas possible de voir ce que renfermait le papier,
inais mon hóle lui répoiidil qu'il n'y avail pas
d'autre inoyen quede dévider le resle de la soie;
ee qu il (it lui-mêine avcie le plus grand sang
froid, avant qu Albcrtus ait eu le temps de s'op-
poser a cet acte désespéré.
Cependant sir William Duringhton ne tomba
pas roide mort comme on aniait pn le suppose!-
et comme I avail craint Alberlus; if déplia le pa
pier, qui était soigiieusement fermé, et voici ce
qu'il lut:
II faut que lu aies bien abuse de la vie
pour que lu sois arrivé a la fin de ce peloton,
a I anvie insensé, .quas-tu fail de tes jours?...
AbandoQpé a toi-mèrne, lu n'as pas su teguider;
tu as follement dépensé les belles années. Meurs
done il cette heme solennelle, puisque tu I'as
voulu! Dieu va lejuger! n
A peine sir Duringhton eul-il achevé de pro-
ncmcer les derniers mots écrils sur le papier mys-
térieux, que la lampe séleignit, et Alberlus se
trouva dans t'obseurilé la plus compléte. Plein
d'efl'roi, il se leva et appela inutileinent les gens du
chéteau.
On ne sail comment il se fit qu'il parvint a re-
gagner la chambre qu'il oeeupait depuis deux
jo'urs au chateau.
Le lendemain mapn, I'esprit encore rempli des
événcments de la unit précédenle, il descendil au
salon. II vit avec qiielque ctonncment loutes les
porles on vertes; il pénétra jiisque dans le cabinet
desir Duringhton qu'il avail quitté la veille, dans
I obscurilé. lout était en ordre et a sa place. Le
fauteuil du chéteiain n'était point dérangé, mais
UXE COXSEQUEXGE PORCÈE DE SON ABOLITION.
APPEL AU SIMPLE BON SENS.
sir Duringhton avail disparu.
Alberlus ne relrouva pas non plus le papier de
la pelote de soie.
Stupéfait de cette solitude, et se eroyant le jouet
d'nne épouvantable hallucination, ii parcourut
toute la maison; elle était déserte.
II se décida enfin a sortir, el il vit, avec un rc-
doublement d'élonnement, Djila, sa jument, qui
l'attendait au bout de l'avemie, toute scellée et
prête a partir.
II quilta Ilaly-IIotise sans ét re très-rassuré.
II ne revit plus auciin des habitants de eelle de-
menre enehanlée, si ce n'est le chien Christan qui,
pendant plus d'un mille, cournt aux cótés de'
Djila,qui, le considérant cette fois comme une an-
ciennè connaissance ne pressa pas davantage sa
course. Cel honnêtc mammifêre disparut bientót
lui-même au milieu d une remise de genéts très-
louffus qui dominait une colline.
Alberlus s'embarqua ii New-York; quelques
temps après, il mil le pied sur le sol de France, et
un soir. par une belle niiit d'hiver, il raconta a
ses parents et ii ses amis réunis au coin du feu,
l'hisloire de la pelote de soie et du très-inforluné
chètelain de II a I y - House.
Cette histoire repassa les iners et forme la lé
gende de Ilaly House, légende incroyable comme
ccs Miu.es et une Nuits si parfiimées, si vapo-
reuscs, si élhérées, si invraisemblables, et si déli-
cieuses a lire, l'élé, au clair de ia Itir.e.
A C0NT1NUER.