üm ■a Nr s 10me annee Samedi U Avril 1875. N" 972. L'flSTROLOGUE ■S s Le Journal parail le Mercredi et le Samedi. Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Un numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes. Les numéros supplémentaires commandés pour articles, Réclames ou Annonces, content 20 fr. les 100 exemplaires. CHEMIIS 1» i: V E IS. LA CHASSE AUX JÉSUITES. Lemotion causée dans i'Europe enlière par l'incident prusso-beige n'est pas encore calmée et voilé que les journaux de Paris, écbos eux-mémes de la Gazelle de Stras bourg, parlenl d'une nole également adres- sée par la chancellerie de Berlin au cabinet de La Haye. Celle fois, la communicaiion de M. le prin ce de Bismark n'esl basée ni sur les mande ments des évéques, ni sur le langage de la presse néerlandaise, ni sur une affaire Du chesne quelconque. Son grief contre le gouvernement des Pays-Bas est l'hospiialité accordée aux Jé- suiles el a quelques prètres proscrits par le libéralisme prussien. Des families calholiques du Lirnbourg out mis a la disposition de ces exilés deux ou trois maisons de campagne. La haine dtl proscripteur les poursuit jusque darts ces retraites diploinaliquement dénoncées com- me des foyers de reaction. La conséquence logique des remontrances prussiennes est une demande d'expulsion contre les Jésuites réfugiés en Hollande, el déja plusieurs journaux insinuent libérale- ment que le gouvernement de La Haye ferait bien de se débarrasser au plus vile de ces holes compromettants. Nous ignorons si la Hollande obéira aux volontés du puissant minislre germanique.] En ce temps de libéralisme, l'hospiialité pro tégé plus volonliers les communards que les Jésuites el la peur suggère mêmeaux gou- vernemenls les mieux inlentionnés des con cessions que répudient le courage et l'hon- neur. Quoi qu II en soit, el alors même que le gouvernement des Pays Bas accéderail aux désirs qui lui sont nolifiés, la «queslion soulevée par M. de Bismark ne sera pas ré- solue. A moins de jeler les Jésuites a la mer, ce qui sans doule n'entre gnére dans leurs des seins, les autorités hollandaises devront se borner a les escorter jusqu'a la fronlière bei ge et la, les laisser libres. Sans doule, les fils de St Ignace rencon- treraient en Belgique autant de sympathies et un accueil aussi généreux qu'en Hollande; maiscelte hospilalité deviendrait pour l'Em- pire d'Allemagne le sujet d'un nouveau grief contre notre pays. La Belgique ne tarderait pas a recevoir l'ordre d'cxpulser les proscrits de M. de Bismark, et, dans tous les cas, no ire presse ultragerrnaine ne manquerail pas de suggérer a M. Perponcher un si beau Ihème a remontrances diplomatiques. Ma is que faire? Et comment donner satis faction a notre terrible voisin? Renvoyer les Jésuites proscrits en Hollande, ce seraiten quelque sorte se moquer de lui et il n'aime guére la plaisanterie. II faudrait done les diriger sur la France. Or, c'est alors précisémenl que la situation deviendrait plus critique que jamais. Des Jésuiles allemands accoeillis en France, c'est assez pour motiver tin casus belli! Vile le maréchal de Mac-Mahon s'empresse- rait d'enlever a l'Allemagne un prétexte aussi plausible de méconlenlement. Comment se tirer d'aiïaire? Expédier les Jésuiles en Suis se? lis y sont libéralement proscrits. En Ita lië? Le régime de l'Eglise libre dans l'Etat libre ne leur est pas plus favorable que la legislation helvétique. En Espagne? On accu- serail certainement le cabinet de Versailles de favoriser les carlistes! En vérilé, la France se trouverait dans une veritable impasse el il ne lui restera it qu'a livrer Jes Jésuiles a M. de Bismark lui mê me dans des voitures bien fermées a clef, en lui disanl: Tenez, les voila! Fajles-en ce que vous voudrez! Mais le prince chancelier lui-même, com ment sortirail-il d'embarras? sans doute, il pourrait s'entendre avec la Russie pour faire interner les Jésuites en Sibérie. Mais la Rus sie est soupconneuse, elie redoute Faction des Jésuiles contre la fragile orthodoxie du cuile imperial.... Qu'arriverail-il si les mines de la Sibérie, transformées en nou- velles calacombes, allaient devenir le ber ceau d'une chrélienlé catholique, aposlolique et romaine?... Ces Jésuites sont capables de tout! On le voil: la question soulevée par M. Ie prince de Bismark dans ses remontrances au cabinet de La Haye, n'est pas aussi simple qu'elle le parait a première vue. La lulle religieuse est arrivée en Allemagne a ce de- gré d'intensi.lé oü Fexil, les confiscations, l'emprisonnement même paraissent des moyens insuflisants et trop doux. Le libéra lisme a d'autres armes encore et peut-êlre les verrons-nous employer; mais si nos libéraux veulent relire l'hisloire, ils consiateront que ces armes-la, pas plus que les au tres, ne sont efficaces enlre leurs mains. Elles sont fatales a ceux qui les portent et foul a ceux qu'ils frappent des blessures d'ou jaillissent la fé- condité et la vie. Nous reproduisons sans commentaires l'articlc remarquable dc la Paix, que voici: II y a bien des remarques a faire sur la querelle d'Allemand faile a la Belgique sous les yeux de FEurope érnue; nous nous borne- rons a celles que la défense de notre droit rend indispensables pour no pas mnnquer a noire devoir, sans perdre de vue que la li berie de'la presse est. comrrte bien d'autres, plulót nominale que réelle chez les pelites nations qnand il plait aux grandes de la mé- connaitre. Devanl les abus de la force la prudence est permise, même respectable, ppurvu qu'elle ne rievienne pas laclielé; nous con sen Ions a bean coup reslreindie les prero gatives de la ucutralité beige, si admirables sur le papier diplomatique, pourvu qu'on n'uille pas jusqu'a neulraliser noire raison et notre cceur, jusqu'a nous condamner au role humiliant, ridicule et insupportable de personnages muets datis les .comedies sou- vent tragiques dont Ie monde civilisé est le theatre. Notre plume passera done légèrement sur la politique intérieure de la Prusse, sur les actes de persecution syslématique qui s'y accornplissent contre l'Eglise el les fidéles. Les exposer c'est les juger, c'est les mon- trer absolument contraires aux immorlels principes dont les admiraleurs criards n'en expriment pas moins leur satisfaction lantót secrèle tantót publique. Voi la done les ca lholiques mis carrément hors la loi; eux seuls ne jouiront pas des bénéficcs constitu- tionnels solennellement garantis nagtière a tous les cultes et dont les protestants, les Is raelites et même les aposlats présents et fu- turs continueronl a profiler. Des centaines de prêlres sont déja emprisonnés ou exilés, en attendant les aulres selon Ie vceu ey- nique d'un de nos reptiles les plus remuants. Au nom de la liberie de conscience (le césa- risme d'il y a 17 siécles était moins hypo crite) on viole la conscience des croyants, et l'on e.xige des Papistes qu'ils renient le Pape, qu'ils ne suivent ni n'écoulent ses conseils et qu'ils recoivent les sacrements de minis- tres religieux qui n'ont plus le pouvoir de les administrer. Les amendes, les expropria tions, les confiscations, la suppression des traitements ecclésiastiques payés en vertu d'un Concordat, ne sont que des bagatelles trés accessoires a cölé de ce froissemenl des ames gouvernées par l'Etat et non plus par l'Eglise. Tout cola forme un friste spectacle a cette époque de tolérance verbeuse el ^nenteuse; mais un plus pénible encore nous est offert en Belgique par la plupart des organes d'un parli qui s'appelle encore liberal par anti- phrase. La politique prussienne est syrnpa- Ibiquement approuvée comme tin modèle a suivre parloul ou Ie calbolicisme règnc en core sur une grande part iede la population.» Cette designation cynique de notre pays ne prêle a auctine controverse. Ecoutons les fanatiques élourdis qui diri gent la gauche. Ce n'est pas la Prusse qui s'ingére dans la legislation beige, c'est la Belgique qui prétend dieter les lois alleman- des, chose intolerable qu'une puissance qui se respecte ne peut tolérer. Si les calho liques beiges n'avaient soufflé mot, s'ils avaient gardé le silence en face des éloges prodigués par nos libéraux aux maitres de Berlin, nous n'aurions pas essuyé les désa- gréments actuels et a venir. Oui, le pays se trouve enlrainó dans des complica tions regrettables et qui pourraienl devenir dangereuses, par les actes d'une faction qu'il désavoue. Après tont, c'est la faute aux cléricaux de ce pays s'il est menacé dans sou honneur, dans ses intéréts, dans ses li- bertés essentielles. Les sympathies que leur inspire Févèque de Paderborn doivent-elles dominer l'intérèt général des Beiges, et psuven t elles servir d'excuse a une immixtion tout a fait injusti- fiable dans les affaires d'une nation qui ne s'occupe en rien de nos affaires Notez ce point! La Prusse ne s'occupe en rien de nos affaires, elle se contentente na- lurellement comme c'étail a prévoir de nous demander polimenl mais fcrmemenl la réforme de notre législation fondamentale. [fibre aux Anglais, qui babitent des ilcs in- abordables et qui onl une flolle bien coiras- sée de gloser sur la politique ultra-libérale dont leclergé prussien est victime, mais les Beiges doivent se laire, a cause de Finsufli- sance de leur armée. Peu leur importe quo Mgr de Paderborn soit puni. La devo tion a des inforlunes e.xoliques que ne justitie pas l'abandon de l'intérèt national.D'ailleurs les immorlels principesne soul pas fails pour les chréliens, pas plus que pour les faibles. lis n'ont clé irtvenlés que pour les forts, a condition encore qu'ils soient libres- penseurs et qu'ils einpéchent les gens adver- ses de penser librcment. Peut-ètre, malgrc la fatale présence au pouvoir des représenlants de la volonlé na tionale, les complications» aclueilesseront aplanies, mais il ne faut pas se dissimuler qu'il s'en prod u i ra de nou velles la nt que nous n'aurons pas pour défendre nos droits el plaider notre cause unpoiivoirabsolument libre dc toute attache avec les influences exlra-légales qui engagenl la responsabilité du pays. Rien de plus clair, reprenons M. Frére et ses frères, ou la Prusse nous cherchera d'au tres chicanes qui pourraient bien avoir des suites tout-a-fait sérieuses. w SS 25 O ca -c &3 z O tn O t, <5 CC Q «li -e 3 -3 O O CC cfi w E> os \s .^<rr^-vl\nvi!ffl vu\ivni'"^^ -o £13 *-S 03 Hl CD -5 Wö ■si O H3 P>- co ■H s; C/2 H CO KJ •T3 O G 99 H O G H *d >- c« <4 K3 CO O c/2 CJC O O cn ca ëS cn C/2 nj co Poperinghe- Ypres, 8-18,7-28,9-30,10-88*8-18,#-08,9-20. Y pres-Poperinghe, 6-80,9-07,12-08,3-87,6-80,8-48,9-BO. Po- peringlie-llazebrouck, 7 13, 12-23, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinglie-Vpres, 8-33, 10-00, 4-10, 8-23. Ypres-Iiuulers, 7-50, 12-23, 0-43. lioulers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30. Keuters-Bruges, 8-43,11-34,1-13, (L. 3 36), 7-30, (9-33. Licliierv.) Lichterv.-Thnarout, 4-23 m, Bruges-RoM/ers, 8-23, 12-30, 3-00, 0-42. Lichiervelde-Coartro», 3-23 m. 9 01, 1,30, 3,37 7,21 Zedelgliem Thourout, 8-40. 1,03, 3,14, 6,38. Ypres-Cour trad, 3-34,9-49,11-18,2-33, S:23. Courtrai- Ypres, 8-08,11 -02,2-86,8-40,8-44. xpres-1 ntiurout, 7-13, (2 06, 0 20, (le Samedi a 3-30 du maiin jusqu'a Langhemarck). Thouroul- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00, (Ie Samedi a 0-20 du matin de Langhemarck a Ypres). Comines-Warneten-Le Touquet-tlouplines-Armewlïères, 0-00, 10,13, 12-00, 0-40,Armentières-Houplines-Le Touquet-War- neton-C-amines 7-23, 10,30, 4-10, 8-40. Comines- Wamêton 8-40, m. 9-30 s. Warneten-Cotnines 3-30, 9-30, Courtrai Bruges, 8-03, 11-00, 12-33, (L. 3-13), 6-33. (9-00 s. (Liehterv.)Bruges-Courlrai, 8-23, 12-30, 3-00, 6-42. Bruges, Blankenberglie, Meyst, (Etat) 7-23,11 04,2-30,7-33. (bassin) 7-31,11-10,2-36,7-41 (exp.) Ileyst, Blankenberglie, Bruges, 3-43, 8,33 11-23, 3-30. Ingelmunster Deynze Gand, 3-13, 9-41, 2-13. ïngelmunster-7)ey?(cre, 6 08 2' cl., 7-13. Gand-Geyme-Ingelmunster, 6-58, 11-20,4-46,7-21. Deynze Ingelmunster, 7,31 1-00. ingelmunster-^nseghem, 6-0.3, 12-10, 6-13. Anseglïem-Ingelmunster, 7-42, 2-20, 7-45. Licliiervekie-Dixmade-Furnes et Dankerke, 6-30, 9-08, 1-33, 7-53. Zbwt/ier/ce-Furnes-Dixmude et Lichtervelde6-45, 11-10, Gnmuda-Nieupoii, 9-35,2-20,8-40. Nieup-/)m»,,(ville)7-40,11-33,4-25. Ihouranl-(Mende. 4-30, 9-15, 1-30, 8-03. (humde-Tliouroul, 7-35, 10-10, 12 25, 6-13. öelzaete-Eecloo, 9-05, 1-23, 8-25. Eecloo-Seteaete, 3-35, 10-18, 4-22. Gand-Temeu zen, (station) 8-17, 12-13, 7,23. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Temeuten-Gand, 6-00, 10-30, 4 40'. Sdizeie-Lokeren, 9-04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5-10 m.) Lokeren-6e(^tte1e, 6-00, 10-25, 4 45. (le Mat'di, 9,30.) COaRBSJPOWDAWCE COURTRAI, BRUXELLES. BRUXELLES, COURTRAI. Courtrai dép. 0,37 10,33 12,33 3,47 0,35. Bruxelles arr. 8,39 1,33 2,25 0,14 8,54. COURTRAI, TOURNAI, LILLE. Courtrai dép. 6,37 10,36 2,54 5,34 8,47. Tournai arr. 7,2a 11,47 3,48 6,39 9,41. Lille ii 7,38 12,08 4,00 6,33 10,00. COURTRAI, OAND. Courtrai dép. 6,42 9,49 12,31 3,44 6,40. Gand arr. 8,01 11,05 1,31 5,04 7,36. Bruxolles dép. Cuurtrai arr. 3,22 8,02 8,28 10,46 12,21 2,44 5,33 7,56 6,47. 8,44. Lille dép. Tournai arr. Courlrai Gand dép. Courlrai arr. LILLE, TOURNAI, COURTRAI. 3,13 8,22 11,03 2,22 4,43 3,20 8,00. '3,42 8,56 11,29 2,40 3,30 8,38. 6,42 9.49 12,31 3,44 6,40 9-33. GAND, COURTRAI. 3,13 6,37 9,38 10,36 1,28 2,34 4,24 3,34 7,21. 8,47. BRU0KS, OANDBRÜXELLES. BRÜXELLES, OAND, BRUGES. Bruges d. 4 39 exp.6,49exp.7-04,9-39,12,34,3 43,ex.2,32,3-30exp. 6,43.|Bruxelles dép. 720exp. 8,lioxp 11,00 3,12 3, 33. exp. Gand «.8-31, 7,34, 9,13.10-84,1,49 4,28, 4-07,6,32 7,58. Gand arr. 8,29 9,41 1,12 4,2.1 7,17. Bruxelles 6-28, 8,30, 10-33,12-39,4 00,6,14, 7-33,8,44, 9-31Bruges 9,23 10,34 2,38 3,11 8,38. JtsusïJg'E'é Suite. Voir Ie N» précédent. Cependanl il avnit confié la garde de la citadelle a son chanssrlirr, un crrlain Baudouin. qui babilait un assez joli pavilion, silué au bout du ponl-levis, lequrl élait alors toti|ours abaissë. lont Ie monde allait el venait a volante dans la citadelle. Au haul de la maison de Baudouin, le long d une terrasse, on lisail BAÜDÖUÏN SAVETIEU DUTRÈS-llAUT, TltÈS-PUlSSAIXT SEIGNEUR Roeand, coatte de Doueeens. Je ne vous réponds pas de i'orlhographe, car pendant le ix' el le xu siècle on ne parlait en 1'lance que la larigue rouiane, sorte de patois mêfé de franc et de mauvais latin, qui, a force de per- fectionneinenls et d'améliorations, devinl la belle langue francaise de Bossuet. Lenseigne de Baudouin était surmonlée des prétendues amies du préiendu comle de Doulens. La profession de savelier* (ch'aiissetiér, cordon nier) était alors l'une des professions en lioniieiii', qui formait corporation. Parnii ces métiers privi légiés, on reuiarqiiait encore: les balieurs d'ar- olial, botirrclicrs et ganliers, tapissiers. teinturiers de draps, imagirrs, peinlres, tailleurs de crucifix, garni,ssenrs de gardes d'épée, chapiiiseurs de sellcs et d argons, fondcurs et formaliri s de laiton,. lampistes, lantei nicrs,chandeliers de suil', huiliers, loiineliers, cervoisiers, serrtiriers, orlèvres, hau- hergers, patenöiricrs d or, de jais, d'ambre, de corn iltailleurs de pierre, crislallicrs, chapeliers de (leurs, de fetilre, dc paon, péclieursa vergue, foiirliissetirs, faiseurs d'arcs et d'arbalètcs, inor- leliiers, eic. Rieu dc plus ciirieiix, pour celui qui s'occupe d bisloire,que la physioiiomic de ces corporations. Le savelier Baudouin était un pelil liomuic, frais, dispos, a l'oeil vif, a l'allitudc inoffensive, insoucianle et gaie. II avait les lèvres épaisses, épanouies, rieuses, los pommeltes des joties roses, Ie teint blanc, les ebevcux d un blond jaune. Son allure était folalre, entrainante. pleinede bonhomie, un pen grotesque: il inspirail le i ire et riait loiijours lui-niême. II élait d'un caraclère aussi doux que jovial. II se laissait coinplaisam- inent appeler le Bonhomme ou n lepere Bau douin. anpom^masses Du reste, c'étuit mi homilie hiboriciix et bonne, le, dont loute I'ambition sc lioniait ii couler ties jours tranquilles et indusli icux dans son échoppc, a I'ombrc dc la protection du farouche Boland, bien que, s'il cul cu a choisir, il en et'tl préféré tine autre. II priuit quotidiciiucmciit Ic Cicl dc lie jamais Ie laisser tomber dans la disgrace du bri gand. Mais Baudouin avail Ie malheur, et e'en élait un grand, d'avoir pour épouse une fem me qui élait loin de se contentcr dc cclte bumble condition. Silt ara était son nom. Kile élait physique in ent belle; sa plivsionomie était fine, sa tournure gracjcnse, ses gestes plus dislingués qu'on ne IVi'il pu penser. Comment une femme aussi ambilieiise avait-cllc pu épouser un homme aussi simple, et, disons-le, aussi pen élégant que Baudoin? c'est ce que la cbronique ne dit pas. Un observaleur ent deviné eliez cette femme de sourdes passions, difficilement contenues, quoiqne dissimulées avec art. En rffet, a la consi'dércr a t ten t i veine n tses lèvres minces traliissaicnt 1 égoïsme, la cruaulé même dans I'amour du moi; tandis que les deux rides, il est vrai chez elle a peine visibles, que les physiognomouistes profonds disenl être creusées par I ambition, se dessinaient sur son bran front, comme pour indiqticr I'ar- deur de ses folies espéranccs. Sitlara roulait sans crsse dans son esprit des projels de ricbesse et de grandeur; quoique Bau douin ne lent jamais encouragée dans ses idéés (éméraires, elle n'en coiilinuait pas moins b sc persuader a elle même qu'elle élait certainement destinée ii une grande fortune. Un matin quelle était dans cette disposition d esprit, elle alia a Duullcns, oü clIc vil une dame vêtue magniliqucmenl d'une robe de velours, les épaules convrrles de diamanls, et suivie d'un assez grand nombie de pages. En s'inforiiTant de ce qu'élait cette dame, elle appril que c'étail la femme du chef des aslrologues de ltoland. Dès qu'elle sul cela, elle relourna précipitam- inent a la citadelle. Son mari, qui, la voyant sur Ie pont-lrvis, s'é- tait empressé d'aller aii-devaiil d'elle, fut recu avec Ii ii men iel ses bonnes paroles fiircol repous- sées pendant plusieurs heitres. Enfin comme il la suppliait de lui expliqupr la cause d'une telle conduite, rile lui dit: Cessez de me parler jusqu'a ce que vous soyez viainient disposé a me.donner uncpreuve de voire affection pour moi. Quelle preuve, s'écria le pauvre Batidtioin; votilez-votis que je vous donne? Eli bien! i'épondit-elle, quiilez votre sot métier de savelier, et failes-vous aslrologue; votre fortune sera bientöt faile, et je serai heureuse enfin! Aslrologue! s'écria aussitót le savelier aiec les marques du plus profond étonnement. Et il répéta plusieurs fois Aslrologue! aslrologue! Eb bien! oui dit Sillara; il ne faut pas être sorrier pour cela! Mais c'est prceisément le contraire! Avez- vous done oublié qui je suis pour me conseiller d'enibiasser une profession qui exige tant de science? Je n'ai point oublié qui vous êtes; mais si vous rcfuscz de vous faire aslrologue, je votis quitlerai dès aujourd'hui. La riclicsse de la femme de l'astrologue de Roland élait toujours deva'nt les yeux de Sittara, el I'ambition la plus démésurée était venue pren dre possession de son esprit. Ne pnisanl pas des forces dans la religion, elle ne pouvaii que suc- eomber. Elle refusa a son mari la moindre explication, et se prépara a quitter la maison. A CONTINUER.

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Journal d’Ypres (1874-1913) | 1875 | | pagina 1