III
^a.ANe
L'ASTROLOGUE
Nos 975.
10me annee.
Mercredi 5 Mai 187b.
O
Le Journal parail le Mercredi et le Samedi.
Les insertions content lb centimes la ligne.Les réclames, dans Ie corps du journal, se paient 30 centimes la ligne. Un numéro du journal, pris au Bureau, lb centimes.
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83 K Iff I A S
18 82 JF K 18. lr Mai.
APPLAUDISSEMENTS LIBÉRAUX.
P R O V O C A TIO N S C A TIIO L1Q U E S
Les mesures décrélées contre le catboli-
cisme, dans n'imporle quel pays du monde,
renconlreni dans la pressc libérale one appro
bation systématique, aveugle et sans limites.
Fait digne d'éire relcvé! Lorsqn'il s'agit
de catholiques, il n'est plus question ni do
lois, ni de garanties, ni de constitutions, lis
sont déclarés hors de toules les lois, dónués
dctoutes les garanties, mis au ban de toules
les Constitutions. On peut les bannirsans
jugement: cela se voit dans la libre Helve
tic. On peut les emprisonner pour avoir
fait leur devoir: cela se fait.... ailleurs. On
peut les exproprier sans' indemnité: cela
se fait en Italië et un pen partout. On peut
même les exécuter comme olages: ce fut, en
1871, Ie dernier mot des immortels prin
cipes de 89.
Aprés cela, les catholiques ont évidcmment
mauvaise grace de seplaindre, et s'ils refu-
senl d admirer et d'enccnser la civilisation
moderne» qui leur vaut un tel régime, on
les traite de provocaleiirs dont le fana
tisme engendre de legitimes représailles.
C est la rijournelle obligée du libéralisme.
Nous venons de l'entendre en Belgique a
propos des scandales de Liége; mais on la
Ia chante partout, dans les deux mondes,
sous toules les latitudes et au sujet d'événe-
ments plus graves encore.
Provocateursles paysans polonais qui
préfèrent le «jong du Pape a la palèrnelle
autorité du Czar: qu'on leur donne la baston
nade, et s'ils s'obstinent, qu'on les fusille!
Provocateursles Jésuiles de Buenos-Ay-
res: qu'on les pétrolise!
nialgiT lui.
ProvocateursMgr Mermillod a Genève et
Mgr Lachal a Bale: a la frontiére!
Provocateursles catholiques suisses fidd
les a leurs pasleurs: qu'on leur prenne leurs
églises et qu'on donne la ehasse a leurs prè-
tres!
ProvocateursMgr Ledochowski a Posen,
Mgr Martin a Paderborn; provocateurs l'ar-
chevêque de Cologne, I'évèque de Treves,
l'évèque de Munster, l'évèque de Breslau,
l'évèque de Mayence; provocateurs tous les
évèques d'Allemagne qui nc s'inclinent pas
devant la souveraineté absolnede l'Etat-Dieu
dont M. le prince de Bismark est L'infaillible
prophéte!
Mais Ie grand provocateurl'auteur de
tout le mal, l'ennemi de la paix du monde,
est a Rome. C'est ce vieillard obstiné que
garde Ie Vatican, c'est ce roi sans tróneet
sans armée, c'est ce Pontife inflexible qui
oppose le non possnmus a toules les tenta-
tions du libéralisme contemporain, et flétrit
du non licet toules les immoralités publiques
des Etals modernes, tous leurs crimes contre
la justice, contre la vérité, contre les peu-
ples et contre Dieu!...
(Bien public.)
MÉCHANCETE ET IDIOTISME.
Doptiis de longttes années quo nous som
mes, par profession, condamnós a lire des
aneries et des méchancetés, nous avouons
n'en avoir gnère lu d'aussi forte que la
suivante. Elle est extraite de la Flandre
libérale et dirigée contre S. E. le cardinal
Dechamps:
II est certain, dit l'énergumène de la
feuilie ultra libérale ganloise, que Ie prin
cipal établissement des cardinaux est a
Rome, c'est la qu'esl lesiégede leurs fonc-
tions, c'est la qu'ils sont lenus de résider.
Ils n'habitent autre part qu'a litre forluit,
essentielieineut précaire, serions-nous tenté
de dire, et comme l'offieicr qui est momen-
lanément en garnisou dans telle ou telle
ville.
Dés lors, M. Dechamps a évidemment
perdu son domicile a Ma mes il l'a trans-
féré a Rome, ce qui lui enlève tout d'abord
le droit d'èlre électeur en Belgique.
Mais il y a plus. Son Eminence, a en
effet transfére son domicile a l'étranger,sans
esprit de retour. II n'a certainement accepié
les fonctions de cardinal, que pour rester
cardinal sa vie durant, sinon pour devenir
Pape. Or, cela est sutïisaiH pour lui enlever
la qualiié de Beige. Desortnais M. Dechamps
est étranger en Belgique.
Nous signalons tout spécialement ce
point au gouvernement, qui y trouvera un
tnoyen trés-facile, au moins en ce qui cou-
cerne Ie nouveau cardinal, de sortir des
embarras que celui-ci pourrait lui créer du
cöté de l'Allemagne.
II suffit, en etfet, d'un arrèté ministériel
pour faire eonduire un étranger it la fron
tiére.
Son Eminence fera bien d'etre prudente
el mesurée dans son langage.
Et cela s'impritne en Belgique sous I'égide
de la liberie de la presse et dans une feuille
qui compte parmi ses collaborateurs des in-
dividus qui mangent au ratelier de l'Etat!
Comme la signature des articles serail une
bonne chose a exiger! Je gage en effet, que
le truand de plume qui a écrit ces lignes
aussi grossiéres qu'idiotes n'oserait pas met-
tresa figure au bas de sa vilcnie.
HYPOCRISIE ET JONGLERIE.
Tandis que le pays a besoin d'apaisement
et de calme, la presse doctrinaire continue a
soullier la discorde et a dénoneer les catho
liques aux vengeances exlérieures. Et cepen
dant cette presse parlea tout bout de champ
de son patriotisme et de l'atnour qu'elle porte
a nos institutions. C'est la comédie de '1856
qui se renotivelle. Ce n'était pas de Test que
venait alors le danger: un puissant ernpereur,
Napoléon lil, alors au cotnble de la puissan
ce et de la force, en voulait a noire naliona-
lité. Vaineinent le gouvernement lil appel a
la sagesse de la presse libérale, eelle-ci eon-
tinua, tnalgró ('imminence du danger, a faire
feu des quatre pieds el a pousser l'attaque
jusqu'a l'mjure contre le monarque qui ró-
gentait alors la France el l'Europe, peul-on
dire.
Aujourd'hui mèmo attitude: seulement,
an lieu d'attaquer. c'est dénoneer et dénon
eer lachoment, injustement cl saus motif
que fait la presse libérale. II n'est, en effet,
pas de jour que l'un de ses organes, grand
ou petit, ne cherche a attirer des difflcuités
au cabinet en signaiant au minislère de Ber
lin, les lignes qui, mises en rapport avec le
contcxte, sont parfaitemenl legitimes, mais
qui, prises isolément, sont de nature a pro-
voquer des incriminations sur les bords de
la Sprée.
Avons-nons tort en presence d'une con
duite aussi scandaleuse d'affirmer que le pa
triotisme de la plupart des libéraux ressem-
ble énormément a leur respect pour la reli
gion de nos pères
II n'est en réalité qu'une hypocrisie el
qu'une écoeurante jonglerie. (Palrie.)
BELGES, ËDIF1EZ-VOUS.
La Flandre libérale eontient les lignes sui-
vantes.
El les peuvent se passer de cpmmenlaires
et confirment ce que nous avons dit de l'atli-
lude de la presse libérale en face des preten
tions prussiennes:
VA llemagne a droit a, une reparation
que nous sommes tenus de la lui fournir. Mul-
heureuseincnt Ie gouvernement beige est
hors d'état de la satisfaire; eh bien, it incom-
be au parti liberal qui représenle la rnoitié
au moins du pays, de prendre une attitude
telle gu'en sa faveur PAIiemagne puisse p.ar-
donner a nos compalrioles égarés par les
préjugés el le fanatisme.
Nous Ie disions récemmenl, les mande-
mcnis de nos évèques n'ortl de gzavité réella
que paree que nos prélals représentent la
majorité légale, paree qu'ils disposenl du
gouvernement, paree qu'ils sont soutenus
par une moitié dn corps élecloral. Ce que les
libéraux sont done tenus de faire, c'est de
proclamer otiverlemenl qu'ils ne néglige-
ront aticun effort pour liriser la puissance
cléricale el pour anéanlir l'mtl lence des
évèques. Le parli libéral, d ins les graves
conjouctures ou Ia Belgique se irouve enga-
gée, a un devoir patriolique it remplir: ce
lui de formuler ncliement son programme et
d'y inscrirc résokiment les réformes propres
a garanlir l'indépendancc relig-ieuse des ci-
loyens. Ces réformes, nous les avons assez
souvent énumérées, pour que nos lecleurs
les connaissent: il faut onvrir par l'instruc-
lion obligatoire 1'intelligence du peuple aux
demonstrations de la science el a l'amourde
Ia vénté dómonlrée; il faut enlever au prétre
la surveillance qu'il exerce dans les écoles;
il faut soustraire les cimetiéres aux querelles
confessionnelles; il faut enfin ct surloul re-
mellre radministralion du lemporel descul-
tes enlrc les mains de laïques él as au scrutin
secret par leurs coreligionnaires.
La Flandre, revenant sur les mêmes idéés
apropos de l'Adresse des évèques d'Angle-
terre aux évèques d'Allemagne, dit encore:
On comprendrait encore que l'Angle-
Cs3
"fel
CO
Co
C5
CO
C)
1 1 —mi—i M mi-iii-
Poperinghe-Ypres, 8-115,*-0Q,0-30,lD-58,2-15,8-08,9-20
Ypres-Poperinghe6-40,9-07,12-08,3-87,6- 80,8-48,9-80.
Y" rr. 75 - I I XJ V Uil AIO I L.V JU V,l UU
jpres-Ihouroul, 7-18, (2 00, 6 20, (le Samedi a 8-80 du malin jusqu'è Langheniarck)
(Ie bamedi a 0-20 du malin de Langheniarck a Ypres).
Comines-Warnèton -Le Touquei-llouplines-Amewtóm, 6 00, 10,18, 12-00, 6-23,
ncton-Comines 7-28, 10,80,4-10, 8-40.Comines -Warneten 8-48, m 9-30 s
Po-
out-Lichter
30,8,377,21
,8-40,8 49.
Tliourout- Ypres, 8-40, 1-10, 7-00,
Armentières-Houplines Le Touquet-War-
Warnêton-CWiMtes' 8-30, 9-80,
x-, i j «v, tv/. i u i iir.3- vr ii/i tbvburt, o-f-), ui »-ou 3iv m uciuirvowwo «z «-»" i
Ooutliai Z/runes, 8-08, 11-00, 12-88,4-08, 6-88. 9-00 s. (Licluerv.)Bruges-Cuttrtrat; 8-28, 12-80, 8-00, 6-42.
Blj?8e?. blankcnberghe, Heysl, (Slation) 7-23,11 04,2-80,7-38. (bassin)7-31,11-10,2-86,7-41 lloysl, Blankenbcrghe,Bruges,
8-48, 8,23 I 1-28, 3 3.0.
Ingelmunsler Deyrize Gaud. 8-00, 0-412-18. Ingelmunstcr-Det/nse, 6-08 2" cl., 7-18. GanA-Y)cjme-lngclmunsler, 0-38,
11-20,4 41. Deyrize In.gehnunster, 1-00. 2C ci. 8 20.
jngelmunsler-AnseffAem6-08, 12-83, 6-13. A nieghem-ïngelmunstsr7-42, 2-20, 7-43.
Li'clitervelde-Dixrr.ade Fumes et Dunkerke, 0-30, 9:08, 1-38, 8-00. Dun&erAe-Furnes-Dixmude et Lichtervelde, 6-38, 11-10,
3-40, 3-00.
Dixmiule-Aieupoit,i) 80,2-20,8-48. Nieup-/)i:m,(bains)7-20.1 1-30.4-10.
1 hou rout-4-90, 9-18. 1-80, 8-08. - (hlonde-Thouroul, 7-53, 10-
Selzaete-Eecloo, 9-03, 1-28, 8-23. Eecloo-Ó'eteaefe, 8-35, 10 15,4-22.
(ville) 7-30,12 00,4-20.
10, 12 25, 6-13.
ft
Suile. Voir noire avant-drmie'r N°.
Si hien fjuen enleni'lenl la confession de cettc
cpoirse non moins imprtidruie que coupable, il pril
un air de grande solenniié. el lui dit, avec loul le
sang-froid que coniporiail la cireonstance
Femme, il est hetireux ponr tui que In sois
venue toi-mème demander merci prés de moi. Tu
seras sauv'ée. et les enfants n'auront pas ii rotigir
au souvenir de leur mère...
Ah! je suis un bieïi grand miserable! pensait
Baudotiin en parlant ainsi.
Et il ajoula:
Femme, n'attente pas aux jours de ton mari;
tu vois que le Ciel vrille sur lui. Je stiis,d'aiIleurs
spécialemenl chargé de le protéger....
.Ie Ie vois bien!
II faudrait êtrc aveugle pour ne le point
voir, rép'iqua Baudouin avec tine impudence dont
il rougis.sait iruérienremetit.
Qu ordonnez- vous, seigneur?
t'réseritemenlretourne a la maison, mets
Ie ridtis sous le clievet du lit de ton ëpöux, el ton
honueur restera pur; seulement, line autre fois,
pense a Dien et a tes enfants avant d'agir, ainsi
que doit le faire loute femme honnéle.
II dit el lui monlra la porte par un geste super
be.
Une heure après, il entrait dans la maison du
joaillier. II sc présenta hardiment devant lui et
lui ordonna brusquement d'aller visiter sous le
chevet de sa couche pour trouver son rubis.
Comme je manque de formes, pour un ex-
savelier, se disail Baudouin a lui-méme.
Cependant le joaillier u'ajoutail pas foi aux pa
roles de Baudotiin.
Songe, lui dit-il, que si tu es un imposteur...
Dröle 1 interrompit Baudotiin d un air nia-
jestueiix, je crois que tu raisonnes Sache que la
Providence ne t'épargne aujourd'huipar mon
ministère, qu'a la condition que tu rendras ta
femme plus heureuse... sans cependant céder a
tous ses caprices.... Sans cela de nombreux mal-
heu rs ne larderonl pas a te frapper, ct jc ne serai
plus la pour les réparcr.... Marche
Le savelier prononca ce dernier mot d'une voix
et avec un geste dignes de M. Viennet parlant a
son cher fils Arbogaste. II y cut cetle diffe
rence que lc joaillier marcha et ne tomba pas,
tandis que Finfortuné Arbogaste fit une chute,
dont il ne s'est pas relevc.
Le joaillier, ayant done obci a Baudotiin, dont
l'ordre était sans ré.plique, se dirigea vers son lit,
sous le chcvct duqiiel il trouva cffeclivement le
rubis, ainsi que le lui avail dit ('astrologue.
Le joaillier, heureux comme un homme qui
cesse d'appréhender pour ses jours sauta au
cou de Baudouin l'embrassa avec effusion, l'ap-
pela son sanveur, el crut ne pas devoir lui cacher
qu'il le regardait comme le plus grand astrologue
i de sou siècle; ensuite de quoi il lui oompla les
Gand-Terneuzen, (station) 8-17, 12-13, 7,25. (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7-43. Terneuzen-Gand, 6-00, 10-30, 4 40.
SehMe-Lokeren, 9 04, 1-30, 8 30. (le Merer. 3-10 m.) Lokeren-SeAsaete, 0 00, 10-28,, 4 48. (le Mardi, 9,30.)
COHRBI
IS'OIWDAPVCBJIS.
COURTRAI, BRUXELLES.
ÜIIUXEI.I.BS, COUBTRAI.
Courtrai dép.
Bruxelles arr.
6,37
9,20
10,53
1,35
12,33
2,25
3,47
6,14
6,35.
8,54.
Bruxelles dép.
Courtrai arr.
5,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
5,33
7,36
6,47.
8,44.
COURTRAI, TOURNA1', LII.LE.
Courtrai dép.
Tournai arr.
Lille
0,37
7,28
7,38
10,86
11,47
12,08
2,34
3,48
4,00
8,34 8,47.
6,39 9,41.
6,33 10,00.
Lille dép.
Tournai
Courtrai arr.
Lll.l.li, TOURNAI, COURTRAI.
8,13 8,22 11,08 2,22 8,20
5,42 8,36 11,29 2,40 8,39
6,34 9.47 12,26 3,38 6,33
COURTRAI, GAND
«AND, COURTRAI.
Courtrai dép.
GrikI arr.
6,42
8,01
12,31
1,81
3,44
5,04
0,40.
7,36.
Gand dép.
Courtrai arr.
8,13
6,34
9,38
10,81
1,28
2,49
4,24
5,31
7,21.
8,42.
BRUGES, OANO, BRUXELLES.
Bruges d. 6,49exp.12,34, 2,52, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4,28, 7,58.
Bruxelles 8,80, 4 00, 6,02, 9-31.
Bruxelles dép.
Gand arr. 6,00
Bruges 7,18
BRUXELLES, GAND, BRUGES.
8,14 11,33 3,12 exp. 4,59 oxp.
9,41 1,13 3,23 4,26 6,3.7
10,34 2,38 4,37 5,1 1 7,22
5,83,
7,23.
8; 38.
deux cents pièces d'or.
Le pauvre savelier retourna chez lui le coeur
toujours trisleprévoyant que sa prétendue
science, et disons-le, sa jonglerie finirait par lui
devenir funeste. II avail perdu cetle gal té qui se
lisait autrefois sur sou visage, et ce sourire qui
semblait stereotype sur ses lèvrcs.
La belle Siltara, qui rentrait a la citadelle lui
donna la main et lui demands! en le voyant
Eh bien rnou cher astrologue, quel succes?
Deux cents pièees dor, dit Baudouin très-
gravement.
Ah! mon ami, vous êtes devenu séricux
comme il convient a un savant, s'écria-t-elle joycu-
sement; vous me plaisez infiniment mieux comme
qa... Votre gros rire béte commencait a m'in-
commoder singulièrement... Deux cents pièees
d'or! c'est un beau début, mon cher petit homme.
J'espèreque vous serez satisfaile maintenant,
dit Baudouin, lorsqu'ils furent rentrés chez eux
et que vous ne me demanderez plus a l'avenir de
risqner ainsi ma vie.
Sitlara cependant n'enlendait rien qne le son
des pièees d'or, dont elle s'était emparée, et qui
pouvaient lui donner des parures aussi riches que
celles de la femme du veritable astrologue.
Quel les soul ces idees? dit-elle il Baudouin.
Vraimeot, je crois que le suceès vous fait peur!...
Courage, mon cher ami! ceci est seulement le
coup d'essai de voire noble profession conhniiez
et dans pen nous sci ons riches et hetireux.
Toules les observations du brave Baudouin
furent inuliles. Elle l'aecusa de ne point l'aimer.
Elle feignit même de se trouver mal.
Quand elle lit semblant de reprcndre ses sens,
elle rccommenga sa menace ordinaire de quitter
la maison, si Baudouin ne consentait a continue!'
de se faire passer pour mi astrologue distingué.
Le coeur de Baudouin él uit horribleinent tor
ture. Cependant la crainte de voir Siltara le quitter
lui fit prendre la resolution de coiiliimer k en
imposer a la foule, au risque d'etre démasqué
coinrae fourlie et puui comme lel.
En consequence de cello conjugale faiblesse, il
reeornmenca, le lendeuiaiii malin, a aller sur la
place publique, coinuie il avail lait lejour précé
dent. II pensait en lui-incme qu'il devait paraitre
bien ridicule ii tout cc pcupie qui le connaissait
comme savelier; mais il se trompait fort ear la
voix de la Renommee avail fait au malheureiix
savetier la reputation du plus fameux astrologue
du monde entier.
Tont le monde glosait sur cettc prétendue nou
velle habileté; ce ne furent plus des surcasmes
qui accueillirent Baudouin sur la placeee furent
lc respect ct le silence.
Dcptiis la veillc, chacun amplifiait sur le rao-
'destiedu bonbomme, qui n'avail jamais dit aupa-
ravant a personne qu'il élutliAt secrèlcnieut les
astres,
Cependant une dame voilée el enveloppée d'une
mantille noire venait de perdre une bague ornée.
de bi illautset elie la cherebail li lorre avec une
grande inquietude, lorsque levant les yeux, elle
vil Baudoum. cl lui dit
Céièbre astrologue, troiivez ma bague, et je
vous donne vingt pièees d'or.
Au même instant, par un de ces grands bon-
heurs comme il en arrive qtielquefois et dont les
ccrivains sont assez prodiguesBaudouin apcrcut
a terre, prés de lui, la bague de l'inconnue.
II se baissa, la rainassa adroitement, lestement,
sans être vu; puis, pour justifier son geste, il
feignit de tracer sur le sable, avec le bout de sa
bagnette des signes d'une geometrie plus ou
moins de fantaisie.
Cela fait, il parut sc recueillir un moment., puis
s'adressant a l'étrangère
Madame, lui dit-il, votre anneau va venir
entre mes mains dans quelqtics minutes.
Et comme la dame paraissail impatientc
Madame, ajouta-t-il en souriant pour la
première fois depuis qu'il était astrologue, ii faut
lui donner le temps d'arrtver.
II lot son almanack, récita une espèce de con
juration que personne necomprit, ni lui non plus
probablement, débita une soi te de grimoire, et
tirant enfin de sa pocbe la bagne de l'étrangèreil
tui dit d'un air qui voulait être modeste, mais qui
était qtielque peu triompbant
N'cst-ce pas la l'anneau que vous avez perdu?
üui, ouidit la dame loute joyeuse. Prenez
eetle bourse en récompense de votre habileté.
Baudouin fut alors i'objet de ('admiration
générale; c'était a qui lui offrirail de l'argent pour
savoir son sort, car il avait annoncé, il vous
en souvient, qu'il tirait la boxne aventube, com
me on dit vulgairement de nos jours.
Baudouin trouva cetfe besogne plus facile, et il