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I
RICHELIEU
GASTON DE FRANCE.
frCxANc
Mercredi 16 Juin 1875.
N03 987.
10me annee.
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Le Journal parait le Mercredi el le Satnedi.
Les insertions content 15 centimes la ligne.Les réclames, dans le corps du journal, se paient 30 centimes la ligne.Uti numéro du journal, pris au Bureau, 15 centimes.
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c at t; n i s i<: i i: k. i- Mai.
PROPAGANDE SCOLAIRE.
II nous revient de divers cótésquedes
intrigues nombreuses et puissantes travail-
lent par tout le pays, pour entrainer les in-
stituteurs de la campagne' dans une espèce
de croisade dont le bul, eonriu par les me-
neurs, est soigneusement caché pour les
dupes que Ton cherche a faire et aux yeux
desquels on fail miroiter tout autre chose.
Rien ne se préle mieux a ces astuces que
les questions d'enseignement et les hommes
qui sont voués a ce pénible labeur. II est si
beau de poser comtne propagateur de l'in-
struction populaire, si beau de prendre en
mains la cause des nobles travailleurs de
l'école! Vous enlendez d'ici les discours pa-
thétiques qu'inspirent ces hommes et ces
choses.
On est stir en mème temps de remporter
un facile succes. Ce n'esl pas mqjiquerau
respect dont le corps magistral doit èlre
justement entouré, que de penser et de dire
que ces messieurs ne sont pas précisément
les plus humbles des mortels, et qu'iin petit
grain de vanité pousse habituellement dans
leur docte cerveau.
Or il se répéte sur tons les tons qti'il faut
relever l'école et l'instiluteur; que celui-ci
doit avoir une position indépendante et ai-
sée; qu'il doit èlre enlouré de touteespéce
de considération que Pargent prodigué
pour la propagation de Instruction est la
dépense la plus productive que puissent
voter les pouvoirs publics; que tout l'avenir
du pays est dans la main de l'instituteur.
Les hommes d'école savourent avec déli-
ces ces flalleuses maximes et en escomptent
joyeusement les honneurs et les profits.
Voici le mauvais coté de la chose. Tout
cela, c'est de Ia glu au moyen de laquelleon
veut coller les inslituteurs a des choses qu'ils
sont loin de convoiter ou de vouloir.
II s'est déja formé, sous l'influence de la
Ligue de Censeignemenlune phalange assez
compacte de mailres indépendants el pro-
gressistes, libres-penseurs trés-affichés, qui
tiennent les éeoles de quelques grandes vil
les el de quelques communes plus civilisées.
Ceux la font l'état-major. Leur plan de balatl-
le est tout fait et si ou les laisse aller,ils iront
horriblement vile.
Ilsont la fiévre des congres d'instituteurs
et de réunions scolaires de lout nom et de
loute nuance. Déja, depuis des années, ils
n'ont que trop bien réussi a enlacer dans
leurs filets bien des braves gens qui se trou-
veront un jour étonnés d'y èlre. Les choses
en sont venus au point qu'il est urgent d'en
prémunir les honnétes inslituteurs, qui sont,
nous le savons, en trés-grande majorité, et
de leur faire comprendre ce qu'on veut leur
endosser.
II noussemble trés opportun de reprodui-
re ici un avertissemenl que nous avons trou-
vé, ces jours-ci, dans le Courrier de Bru
xelleset qui signale les manoeuvres au.x-
quelles nous faisons allusion plus haul. Voici
l'articulet qu'écrivait notre excellent con
frère:
Les inslituteurs primaires sont en bulte
depuis quelque temps a de véritables tentati-
ves de subornation de la part des faiseurs de
la Ltgue de l'enseignemenl et du Denier des
Ecoles. Sous prélexte de congres, ces faux
amis des inslituteurs les attirent a Bruxelles
pour les exciter sans d >ute contre le gouver
nement; atnsi, on les invite a lui exposer
leurs réclamations et lours griefscomme
s'ils étaient des employés de l'Etat, tandis
qu'ils soul de par la loi el de par le bon sens
des fonclionnaires communaux.
Le comité d'organisation de ce congrès
est formé de membres appartenant aux écoles
communales de Bruxelles et des faubourgs
généralement nommés par M. Anspach et les
aulres bourgmestres libéraux hostiles en tout
au gouvernement. II comple, entre aulres
membres, des libres-penseurs, enncmis dé-
clarés de la religion et de la morale calholi
que, les Allard, les Delecosse, cotiseillers
communards, et tin certain L""\ qui s'est
distingué dans l'organisatioii du Denier des
Ecoles sans Dieu.
II n'est pas de chatteries que ces faux
bons hommes n'emploienl pour attircr les
honnétes inslituteurs a Bruxelles au mois de
Septembre prochain. lis annoncent qu'une
réception solennelle les attend a l'Hótel-de
Ville, qu'un banquet leur sera offert el qu'en-
liti une représenlalion extraordinaire sera
donnée en leur honneur au theatre de la
Monnaie.
Conduire les inslituteurs primaires au
theatre! Comme cette idéé est bien digne du
libéralisme et des praliquants de morale
indépendante!
Nous croyons que ces renseignements
édifieronl complélemeul les inslituteurs pri
maires sur le hut et les tendances du congrès
auquel on les convie.
Ce but et ces tendances ne sont un mystère
pour personne. II y a longtemps qu'on a pu
s'en assurer. La nouvelle convocation, que
roil veut faire enlrer dans le plan général,
est poursuivi avec une impiloyable lèuaciié
par ceux qui tiennent la queue de la poéle.
Ce que Ton veut, ce que l'on poursuit avec
acharnement, c'est creuser une fosse de sépa-
ration, aussi profonde que possible, enlre
1 école et l'Eglise, entre le curé et l'institu
teur. Ou a Irouvé ce moyen de tourner la
loi de 1842, et de séculariser l'enseignement
primaire sans qu'il y paraisse.
Au fait, qu'importe une pauvre lecon de
religion, inscrite au programme de l'école, si
l'école elle-mème, si l'instituteur, si la ten
dance générale et I'cspril des classes soul
vides de tout sentiment religieu.x? Qu'impor-
le que l'image da Christ restc suspendue aux
mars de l'école, quand elle a'csl plas dans le
cceur du maitre, dans le cceur des élèves?
Avec ce trompc-l'ceil, on est plus sur de
réussir. El réussir est tout.
Voila oü nous allons plus rapidement et
plus sürement que beaucoup de gens ne
voudraient le croire. Un siècle nous sépare
déja des tdées et des pratiques qui firentet
appliquèrent la loi de 1842. Le texle de la
loi est resté, son esprit se meurt; et si nous
laissons faire les faiseurs, bientöl les inslitu
teurs cbréliens, les seuls dignes de former
la jeunesse, seront dans notre religieuse
Belgiquea l'élal d'e.xception.
Dans la récente discussion soulevée en
France a propos de la loi sur l'enseignement
supérieur, on citait, aux applaudissements
de l'Assemblée Nationale, cette belle parole
de Guizol: C'est une heureuse idéé, que
celle de resserrer par un lien aussi étroit
que possible, l'intérêt de la religion etce-
lui de I'inslruclion publique. En Belgi-
que cette vérité de sens comtnun, si elle était
proclamée par quelque dépulé assez auda-
cieu.x, soulèverait des tempétes el elle est
1'antitbèse absolue de lout ce qui se prépare
par ies prétendusapótresdu progrés scolaire,
trop souvent, hélas! avec la coopéralion
ouverte ott dissimulée de personnages ofii-
ciels, couvés par la Ligue, et de bureaux
ministériels et aulres, qui ne sont que des
succursalcs déguisées de la propagande ma-
connique que nous dénoncons.
Pauvre Belgique! Elle descendra bien bas,
etsefera bien mallieureuse, si une puissante
reaction ne vient combattre les efforts gigan-
lesques de lant desauveurs qui la poussent
aux abimes.
LE LIBÉRALISME GENEVOIS ET LE
LIBÉRALISME BELGE.
Ce qui se passé aux bords du Léman est
de nature a faire rétléchir to us les hommes
sensés et a leséclairer sur la nature intithe
et sur le veritable but du libéralisme.
II y a a Genéve, sur les remparts de la
cité, une église dédiée a la Trés-Sainte Vier-
ge et notoirement conslruite, au su et au vu
de l'Europc enlière, par les calholiques ge-
nevois, avec les aumönes et le concours des
calholiques de France, d'ltalie, de Belgique
et de Hollande.
Dcvant la clarté de cette situation el de-
vant l'évidence de ces fails, il n'est pas un
homme de bonne foi qui puisse contester que
l'égiise de Notre-Dame de Genéve ait élé,
dans Ia pensée de ses fondalcurs et de ses
constructeurs, irrévocablemeut consacrée au
culte calholique, aposlulique et romain.
Cependant les spolialeurs genevois ne se
sont pas urrètés devant la monsiruosité d'un
vol sacrilege, accompli dans de telles condi
tions.
Après un semblant de procédure, après
un séquestre dérisoire par lesquels on a vai-
nemenl essuyé d'obscurcir l'évidence du
droit, sans mème atlendre Tissue de cette
comédie judiciaire, les shires de M. Carteret
se sont emparés, la semaine derniére, de
l'égiise de Notre Dame et l'ont livrée au
schisme.
C'est l'arbilraire le plusabsolu qui règne a
Genéve.
II imporle de le notec, ces odieuses vio
lences, ces negations brutales de la liberie
religieuse et du droit de propriêté trouvent
dans la presse libérale de tons les pays et en
particulier du nölre, des partisans ct des
délonseurs.
Nous ferons ce que nous voudrons.
C'est une duperie que de se monlrcr
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Poperinghe- Ypres, 5-18,7-00,9-30,10-53,2-15,5-03,9-20. Ypres-Poperinghe, 6-40,9-07,12-03,3-07,6 30,8-43,9-30. Po-
pennghe-Hazebrouck, 7 03, 12-23, 4-17, 7-13. Hazebrouck Poperinghe-Ypres, 8-33, 9 50, 4-10, 8-23.
Ypres-Roulers, 7-30, 12-23; 6-43. Kouiers- Ypres, 9-23, 1-30, 7-30.
Kou Iers-/irwjes, 3,44,8-43,11-34,1-13,4 80,7-36, (9-33. Lichterv ,)-Lichterv. - Tliourout, 4-23 m.versOstende.-Tliouront-Lic/tter-
velde t2-02venant d'Ostende.—Bra%es-Roulers,7 23,8-23,12-30,3-00,6-42,8 45.— Licluerv.-CW<™i,5-28m.9 01,1,30,3,377,21
Ypres-CWrOYM'3-34,9-49,11-18,2-33,5-23,715 (mixte l'el 2«cl.).-Courtrai- Ypres,7,00(mixiel'ei2"cl.)8-08,11-02,2-56,5-40,8 49.
Ypres - rhourout, 7-18, 12 06, 6 20, (le Samedi a 3-50 du matin jusqu'a Langberoarck). Tbourout- Ypres, 8 40, 1-10, 7-00,
(Ie Samedi 6-20 du matin de Langliemarck a Ypres).
Comines-Warnêlon-Le Touquet-Houplines-Amenfières, 6-00, 10,15,12-00, 6-23,Armentières-IIouplines Le Touquet-War-
nêtori-CemMies 7 -25, 10,30, 4-10, 8 -40. Comines- Warnêton 8 43, m 9-30 s. Warnêton- Cowines 3-30, 9-30,
Courtrai-Zinnes, 8-05, 11-00, 12-35,4-05, 6-53. 9-00 s. (Lichterv.)— Bruges-CWtra», 8-25, 12-30, 5-00, 6-42.
Bruges, Blankenberglie, Heyst, (Station) 7-23,11 04,2-50,7-33. (bassin) 7-31,11-10,2-56,7-41 lleyst, Blankenbcrghe, Biuges,
5-43, 8,25 11-25, 3 30.
ingelmunster Deynze Gand, 5-00, 9-41, 2-13. Ingelmunster-Dq/raze, 6-05 2" cl., 7-13. GanA-Deyme-Ingeimunster, 6-88,
11-20, 4-41. Deynze Ingelmunster, 1-00. 2" cl. 8-20.
Ingelmunster-^wsep/iew, 6-03, 12-33, 6-13. knse°\w.m-Ingelmunster7-42, 2-20, 7-45.
Lichtervelde-Dixmade-Furnes et üankerke, 6-30, 9-08, 1-38, 8-00. Dankerke-Furnes-Di xmude et Liclitervelde, 6-33, 11-10,
3-40, 3-00.
Dixmude-TVieitporl,9-30,2-20,8-43.—Nieup-Z)fa:OT,(bauis)7-20,11-50,4-10. (ville) 7-30,12 00,4-20.
2'liouroul-Cjgtende, 4-80, 9-13, 1-50, 8-05. Oslende-Thouroul, 7-33, 10-10, 12 25, 6-15.
Selzaeie-üecfoo, 9-05, 1-28, 8-25. Eecloo-Selzaele, 5-35, 10 15, 4-22.
GanA-Terneuzen, (station) 8-17, 1213. 7,23 (porte d'Anvers) 8-30, 12-40. 7 43. Terneuzen-GW, 0-00, 10-30, 4 40.
Selzaete-Loto-e», 9 04, 1-30, 8-30. (le Merer. 5 10 m.) Lokeren-SVraete, 6 00, 10-28, 4 43. (Ie Mardi, 9,30.)
co ii n uai^oWDArfCBS,
COURTRAI, BnüXKLLES.
Courlrai dep. 0,37 10,83 12,33 3,47 6,38.
Bruxelles arr. 9,20 1,35 2,25 6,14 8,54.
COUBTRAI, TOUIINAILiLLE.
Courtrai dép. 6,37 10,56 2,84 8,34 8,47.
Tournai arr. 7,28 11,47 3,48 0,39 9,41.
Lille 7,38 12,08 4,00 0,33 10,00.
BRUXELLES, COURTRAI.
Bruxelles dép.
Guurtrai arr.
5,22
8,02
8,28
10,46
12,21
2,44
3,33
7,86
6,47.
8,44.
LILLE, TOURNAI, COURTRAI.
Lille dép. 5,13 8,22 11,03 2,22 5,20
Tournai 5,42 8,86 11,29 2,40 5,39
Courtrai arr. 6,34 9.47 12,26 3,38 0,33
COURTRAI, UAND.
Courtrai dép.
Gand arr.
6,42
8,01
12,31
1,31
3,44
3,0 4
6,40.
7,36.
Gand dép.
Courtrai arr.
GAND, COURTRAI.
3,13
0,34
9,38
10,31
1,28
2,49
4,24
3,31
7,21.
8,42.
BRUGES, GARD, BRUXELLES.
BRUXELLES, (JAND, BRUGES.
Binges d. 6,49exp.l2.34, 2,32, 3 43,ex. 6,43.
Gand a. 7,34, 1,49 4-07, 4.28, 7,38.
Bruxelles 8,50, 4 00, 6,02, 9 31.
Bruxelles dép.
Gand arr. 6,00
Bruges 7,13
8,14
9,41
10,34
11,33
1,13 3,23
2,38 4.37
3,12
4,26
3,11
exp
4,59 exp. 8,35.
6.37 7,23.
7,22 8,38.
AVIS AUX INSTITCTEORS.
ET
Suite. Voir notre N° précédent.
II.
COMMENCED!ENT DE I.A LETTE.
Le lendemain matin, vers midi, le maréchal
d'Ornatio fut arrélé par des mousqiietaires, en
pluine rue, comine il se rendait chez son clèvc,
Gaslon de France.
II fut conduit a la Bastille. Cette forteresse eé-
lèbre était siluée a Paris, a l'entrée de la rue Saint-
Antoine, et du faubourg du mêine norn. Elle fut
commencée par tlugucs Aubriot prévöl des mar-
chands (1369) et terminée en 1383. Elle servaila
la fois de forteresse et de prison d'Elal. C'est en
celte qualilé qu'elle servit de demeure a Aubriot
(1382), qui en avail fourni le plan, au cardinal La
Balue, premier minislre de Louis XI, a Anne Dn-
bourg, conseiller au Parlement de Paris, au maré-
chal de Biron, au maréchal d'Ornano, el depuis ce
dernier, a l'Homme au masque de fer, a la Bour-
donnaye, au grand Condé, a Dumouriez, Voltaire,
Mannoutel, prince du Rohan, Cagliostro, Latude,
Crcbillon, Pélisson, Diderot, Mini beau, etc.Le
lieutenant général de police seul. prescrivalt le ré
gime auquel chaque prisonnier devait êlr.e soumis,
i> L'accès de la chapelle élail une faveur ra-
rement accordée aux prisonniers dans ce pays
calholique!
Les sacrements n'étaient atlininistrés aux
prisonniers mourauls qu'avec les plus minutieuses
precautions pour éviter loute communication avcc
ledehors, et seulement rn verin d'iin permis du
lieutenant général de police, dont l'aulorisalion
était encore rigoiireiisement indispensable pour
l'inhumalion d'nn détenu mort; ce magistral in-
diquait Ic nom sous leque le curé de Saint-Paul
devait inscrire le défunl, ear tons les prisonniers
n'étaient pas coniuis sous leur veritable nom. Les
enterreinents n'avaienl lieu qu'a la nu itrarement
ilsavaient d'autres témoins que deux porte clefs
de la Bastille.
La Bastille fut détruite par la populace les 14
et 1 Juillct 1789.
La fameuse prise de la Bastille par d'héroïques
palriotes est tont simplemcnt une mystification;
c'est une invention forger plus lard par la commu
ne de Paris et les Jacobins, pour faire marcher la
revolution et inenlir an pen pie. On n'a pas pris la
Bastille; on n'a pas Uilté pour prendre la Bastille;
une bande de fureénés, parmi lesquels il y avail
quelques déserteurs, s'introduisit par subterfuge
dans cette vieille forteresse, et massacra lacheinenl
les quelques Invalides qui la gardaient. Voila la
vérilé. fuut Ic reste est uue inise en scène théatrale,
fausse en tons points.
dependant, le maréchal d'Ornano avait voulu se
défendre, mais il avait bientöl élé désanné. Plu-
sieurs bourgeois avaientoffieieuseinent quitté leurs
boutiques pour venir préier main-foi te aux mous
qiietaires, dans l'espoir égoïste d'une réeompense;
mais il n'en fut rien. Bien plus, la voitui-e qui em-
menait le maréchal étanl parlie au grand galop,dés
qu'il y ent été hissé, plusieurs de ces eomplaisanls
bourgeois faillirent êlre écrasés.
A une heure, Richelieu était dans son cabinet,
au Palais-Cardinal, lorsqu'un grand bruit se lil en.
tendre dans les antichambres.
Qu est eela? deinanda le minislre a un officier
qu'il (it appeler.
Monseigneur, c'est Son Altesse Royale Mon
seigneur le due d'Anjou qui veut forcer la con
signe. On lui a dit, selon les ordres de Voire Ex
cellence, qu'il n'y avail personne au palais, mais
le prince persisle li pénélrer dans les apparte-
ments.
Richelieu pAlit, puis se remit, et couiine s'il ve-
nait de prendre subilement une resolution forte:
Laissez entrer, dit-il.
Je n'ai pas besoin de voire permission,s'écria
d'une voix insolenle et haute Gaston de Fraiice, en
s'élangant dans le cabinet du minislre.
L'officier, sur un signe du maitre, s'inclina et
SOI'lit.
Richelieu était préparé a forage; il n'atlendit
pas longteinps.
Vuur vous êles permis de faire arréter Ic ma
réchal d'Ornano, s'écria le prince avec emporte-
ment,
Jc l'ai fait arréter, Monseigneur, répondit le
cerdinal d'une voix calme qui contraslail avec la
fureur du jeune homme.
Prcnez garde! je suis un ennemi implacable
et vindicatif.
Je nc crois pas avoir mérité la haine de Voire
Altesse Royale.
Voire vie est en danger, Monsieur, je vous
en préviens.
Richelieu, se parlanl a lui-même:
Homme, dit- il, chaque jour ton sépulcre s'a-
vance sur toi: cceur ehrélien, ne crains pas d'étre
engloutil...
Vous êtis un hypocrite, un miserable, et je
vous chatierai comme fun de mes chiens! s'écria
Gaston, au comble de la fureur.
Si Votre Altesse Royale élail plus calme...
Pourquoi, insolent valet, as-tu fait arrólcr
d'Ornano?
C'est le roi qui m'a donné eet ordre, Monsei
gneur.
Mon frère! que ne le disiez-vous de suite?
Voire Altesse Royale no m'en a pas donné
le temps.
Cependant, commc je sais que vous donnez
les plus mauvais conseils k mon frère, je vous dé-
clare que je vous reuverserai, moi, si vous ne don
nez votre demission aujourd'hni méiiie....
N'est-ce ipie cela?... Je vais 1'ojjrir sur-le-
champ, Monseigneur, croyez-en ma parole; puis-
qn'il ne plait point a Voti e Altesse Royale que je
continue a faire partie du couseil de Sa Majesté.
- Et vous ferez bieu, Monsieur, dit Gaston, se
croyunt vainqueur, vous agirez prudemment. J'y
compte.... El la liberlé du niaicchal?
Ceci rcgaide Sa Majesté; je n'ai élé que son
bumble seriiteur; eile m'a donné un ordre, je l'ai
fail exéculer.
A ree joie!
Je n'avais auciin motif de haine conlre M.
d'Ornano; c'est un fort nimable homme.
Ainsi, Monsieur, vous donnez votre demis
sion?
J'y vais, dit Richelieu en souriant.
Gaslon de France quilta Ie minislre un peu plus
poliment qu'il ne l'avait abordé persuadé que Ri-
chelieu élail aballu, Le rusé minislre avait feint la
resignation: il s'était fait petit expres, se promet-
lant bien de prendre une revanche éclatante.
A CONTIKEER.