juste et équilable envers les ultramon-
tains.
Telles sont les maximes affirmées et prati-
quées a Berne et a Genéve; mais ces mêmes
maximes trouvenl partoul el, notammenl en
Belgique, des apologistes qui n'attendent que
Toccasion propice d'imiler l'exemple des
tyranneaux helvéliques.
Nohs assistons a une evolution nouvelle du
libéralisme.
Après s'ètre longtemps proclamè leparli-
san de la tolerance et de la liberie en tont el
pour tous, il dépouille ce masque, d'ailleurs
Irouó depuis longtemps, el se monlre par-
tout Ie fauteur, Ie complice ou radmiraleur
de l'oppression la plusiniqueet la plusca-
ractérisée.
II y a quelques semaines, Y In dépendance
beige, s'occupant des aiïaires rcligieuses a
Genéve, prévoyait Tissue a laquelle el los
viennenl d'aboutir. Sans biaiser, la fcuille
anlichrétienne reconnaissait Ie droit des ca-
tholiques a la possession d'un sanctuaire con-
jstruit de leurs deniers, on pourrait presque
dire de leurs mains; mais cel aveu ne l'em-
pèchait pas d'applaudir d'avance a l'écrase-
ment de la justice el au Iriomphe de la force.
Parlout les libéraux en sont arrivés ace
point.
Le prestige de la force, la seduction du
succes, Tapre voluplé des triomphes obtenus
sur la faiblesse de TEglise leuront fail per-
dre toule rctenue. IIs ne croienl plus ni au
droit ni a la liberie; ils iToni (Tbommages
que pour la brutalité viclorieuse et de sar-
casmesque pour la justice vainene. Un ora-
leur de Iréteaux qui voudrail bien se hausser
jusqu'a la tribune, demnndait, il y a deux
jours, a VAssociation libérale, c Bruxellésr
Ou le libéralisme est-il persécuteur
Nous demanderons nousOu ne Tcsl-il
pas?
Le vol de Téglise calholique dé Genéve,
si criant qu'il soit, n'esl qu'un épisode de la
grande bataille livrée au calholicisme. C'esl
l'applicalion locale de ce principe qui inspi
re et qui domine toute la politique libérale:
il fuut metlre CEglise hors la loi, hors la
justicehors la liberie. Or, ce principe pré-
vaut, fonclionne, mulliplie les attentats et
les ruines parlout oü le libéralisme occupc le
pouvoir; son application serail aussi la con-
séquence immediate et logique du Iriomphe
du libéralisme dans les pays oü il n'a pas
encore réussi a conquérir le gouvernement.
Dans cette situation, le premier devoir
descatholiques est d'affirmer eldedéfendre
le patrimoine de justice dont ils sont anjour-
d'hui dans le monde les seuls gardiens. Les
triomphes renouvelés de la force brutale
rendent plus nécessaire que jamais le culte
austere de la force morale. II faut que nous
répétions a satiélé celle vieille maxime de la
théologie calholique: le pouvoir cle tont fai
re nan donna pas lé droitil faut que nous
ne laissions s'accomplir aticune injusiice sans
apportcr a ceux qui la subisseiil Ie concours
de nos protestations el de rios sympathies.
Sur tous les senders de la politique, gi-
sent, blessées el meurlries, des viclimes du
libéralisme. Ne faisons point comrne les ri
ches et les pharisiens de Tespril moderne; ne
passons point noire chemin sans imiter le
Samaritain de l'Evangile, sans lendrea nos
fréres opprimes une main amie, sans soula
ger leur détressc, sans répandrc sur leurs
blessures le baume de la compassion el de
la eharité!
En suivant ces inspirations naturelles de
noire cceur, nons n'accomplirons pas seule-
ment un devoir fraternel; nous Iravaillorons
efiicaccment a la défense de nos propres
droits. La justice est indivisible: il suflil
qu'clle soit atteinle a Genéve pour que le
coup retenlisse parlout et vienne douloureu-
sement frapper toules les ames catholiques.
A eet attentat done doit répondre une pro
testation universelle, un de ces cris d'indi-
gnation el de donleur qui devanccnt les
arrets de Thisloire et appeilent les repara
tions de la justice divine.
Que deviendraienl nos sociélés malades
el ampoisonnées de scepticismesi, devunt
les exces du césartsme et du libéralisme
coaltsés, ne se drassaianl les protestations
da la conscience chrélianna? Ces protesta
tions constituent la seule barrière préserva-
trice qui sépare encore ('anarchie morale de
Tanarchie sociale.
Voyez, par cxemple, ce qui vient de se
passer a Genéve! Ce n'esl pas sen lemen l Ie
droit des catholiques qui a élé vinlé, c'esl le
droit dans son acceplion la plus générale et
la plus compléte. Or, a l'heure oü nous
sommes, de Iels précédents peuvent èlre
exploités d'un jour a J'aulre par d'inexora-
bles logicierts. Que demain une insurrection
éclateaux bords du Léman, qu'on y'procltr-
mo la Républiquc sociale, avec son cortége
oblige de confiscations et de proscriptions,
que répondront a la démagoie viclorieuse
ceux qui ont livré le sanctuaire de Notre-
Dame de Genéve et jeté Mgr Mermiliod a la
frontiére?... Si le droit se confond avec la
force, il peul changer de mains; s'il n'y a
plus de droit, pourquoi Ie socialisme nese
dpnnerait-il point les mêmes licences que le
libéralisme? Enfin si le suceès juslifie tout,
pourquoi d'aulres que M. Carteret ne detnan-
deraienl-ils pas au succés de leur faire une
légitimilé?...
II n'y a rien a répondre a cette argumen
tation que les libéraux peuvent bien trouver
impertinente, mais qu'en ame el conscience,
ils ne peuvent s'empécher aussi de trouver
vraie. C'cst ainsi qu'en crochelant les porles
de Téglise Notre--Dame, ils ont crocheté celie
du Palais oü ils siégent et celles de leurs
propres maisons. Seuls les catholiques vain-
cus, humiliés, écrasés conservenl encore le
dépot dc la justice; ils 1'ont revendiqué dans
leurs prolestations et les proscrits 1'ont em-
porté, comme un trésor, dans les plis de leur
manleau.... Seuls ils pourront un jour pro
tester efficacemcnt contre d'aulres violences
el d'aulres iniquités, paree qu'ils anront été
fidèles au droit, paree qu'en defendant TE
glise, ils auront defendu la société, paree
qu'en se monlrant chrétiens inlrépides, ils se
seronl aussi monlrés d'iutelligents conscrva-
leurs.
C'est un aspect de la question religieuse
qui échappe trop peut-ètre a la perspicacité
das politiques. L'hisloire contemporaine est
cependant assez fóconde en involutions et le
sol n'esl pas assez raffermi sous nos pas pour
qu'il ne soit pas inutile de songera la logi
que des principes et des événements. El
nunc inlelligite qui judicatis terrain!
LES SAUVAGES DE LA CIVILISATION.
Les tribunaux se montrent sévères a l'é-
gard des misérables qui ont troublé les pro
cessions de Bruxelles ou qui onl maltraité
les pèlerins allant a Oostacker: la Cour d'ap-
pel de Bruxelles a augmenté les peines pro-
noncées en première instance quant atix
premiers, el Samedi le tribunal correction-
nel de Gand, après avoir acquitté un des
prévenus, le nommé Constant Lavant, lubri
cant, quai du Blanchisseur, a condamné le
nommé Francois Verhuist, peintre en bali-
ments, 1° du chef d'avoir maltraité el frappé
21 pèlerins, a vingt-el-un emprisonnements
de IS jours chaque; 2° du chef de sévices
sur Tagenl de police De Priester, a un mois
de prison et SO fr. d'amende; 3° du chef
d'injures envers des pèlerins, a 2S amendes
de 10 francs chaque, soit en tout 40 semai
nes de prison el 3S0 fr. d'amende.
Le nommé Henri Delin, fabricant a Gand,
a élé condamné a 8 jours dc prison et aux
fra is.
La culpabililé de ces iadividus a été éla-
blie a toule evidence, cl leurs défenseurs
eux-mêmes ne se sont pas avisés de les dis-
culper: ils ont plaidé les circonslances atté-
nuantes.
M. Van Werveke, substitut du procureur
du Roi, a éloquemment flétri les désordres
qui ont eu lieu ainsi que leurs auteurs. II a
fait remarquer que devant le tribunal au
moins on n'a va i L pas osc produire Cignqble
excuse corrsislant a dire que les pèlerins
avaient provoqué.
Nous lisons dans !c Court ier de Bruxel
les:
La cinquièmc chambre dn tribunal cor-
rectionnel de Bruxelles, présidée par M.
Best, a ju'gé aujourd'hui trois individus
appartenanï au moins en apparence a une
classe relativement élevée de la société, les
sieurs Delbove, Degrez el Lacroix, prévenus
d'avoir outrage le culte calholique et ses
minisires le 9 Mai, dans la procession dc la
paroissede Saint-Boniface, a Ixellcs.
M. Janssens, substitut du procureur de
roi, a fait Texposé dos l'aits (els que nous les
avons raconlcs. On sail qu'un jeune calholi
que, étudianl en sciences naturelles a l'Efni-
versifé libre de Bruxelles. ayatil pris pari a
la procession de Saint-Boniface, aéléodieu-
sement persecute par les jeunes antiproces-
sionnistes de ladilc Univcrsilé.
Après des débats assez longs, les sieurs
Degrez et Lacroix out été eoridamnés cbacun
a 15 jours de prison et 2(1 francs d'amende
pour outrage au culte et a ses minisires
dans une cérémonie pnblique du culte. Le
sieur Delbove a été acquitté.
Clironiiiaae iftcalc.
LE 10 JUIN 1875.
Les catholiques du monde en tier célébrent
pieusement dans leurs temples un double
anniversaire.
Nos lectcurs se rappellent avec quel éclat,
avec quelle magnificence la grande journée
du 16 Juin 1871 fut célébrée dans notre
pays et tout particuliérement dans notre
ville. Nolre bien-aimé Pie IX qui, seul a eu
le privilege de dépasser les années de Pierre,
avait atteinl la 25e année de son glorieux
pontifical.
Depuis lors, Dieu n'a cessé d'élendre sa
main protect rice sur le chef de son Eglise.
Qualre ans se sont écoulés, etmalgréses
épreuves, malgré son grand age, Tauguste
vieillard du Vatican jouil d'une santé parfai-
le. Sa noble intelligence resle a la même
hauteur. Captif, il commande au monde;
seul il est el restera le veritable souverain de
nos ames.
Un autre souvenir plus grand et bien plus
précieux encore fait de la date du 10 Juin
1875 une date gloricuse pour la calholicilé.
II y a deux siécles que Notre-Seigneur dé-
couvril a Ia bienbeureüse Marguerile-Marie
dc la Visitation les trósors de son divin Coeur.
II lui ordonna de faire connaitre anx hom
mes combien il lui serail agréable de les
voir honorer ce Cceur qui les avait tant
aimés. Depuis lors le temps a marché et la
dévotion au Sacré-Cceur s'esl répandue par
tout Tunivers.
Coincidence qui fortifie nos espérances!
Le Pape de Tlmmaculée-Conception est aussi
Ie Pape du Sacré-Cceur. Le Pontile qui a atta
ché le plus beau flettron a la couronne virgi-
nale de la Mère est le Pontile qui, par son
décret du 25 Avril 1856, a glorifié le Cceur
du FiIs.
Ici encore apparait la pensee qui domine
tout le règne de Pie IX.
Par lc vent de scepticisme qui souffle, le
Sainl-Pére nous invite a cbercher dans le
Sacré-Cceur un refuge contre l'orage. Nous
y trouverons un abri sur, un reméde con-
tre les périls qui menacenl les ames, la
patience au milieu des épreuves qui as-
saillenl aujourd'hui TEglise du Christ, en-
fin dans toutes les angoisses uneconfian-
ceabsolue et la consolation.
Comme le disait si bien, il y a quelques
jours, M. Louis Veuillol, le Sacré-Cceur est
le ravivement de la Redemption. Or,
depuis la venue du Messie, quel siècle a,
plus que le nólre, méconnu sciemmenl les
bienfaits que nous procura Timmolation de
THomtne Dieu? L'apostasie des sociêtés est
générale, la liberté du blasphème fait parlie
des droits de l'homme,.» les commande-
ments de Dieu sont fonlés aux pieds, Tindif-
férence règne en souveraine et l'inlégrité de
la doctrine Calholique est battue en brèche
par des atlénuations calculées et de perfides
réticences.
Humilions Torgneil de notre raison devant
ce Coeur ouvert par la lance! Demandons-lui
que par la verlu du sang qui jaillit au Gol
gotha, les esprits retrouvent la voie qu'ils
onl perdue, que les individns et les peuplés
rentrenl sous Ie jougsi doux de Jésus-Christ
el que Pie IX, cnlouré des respects du mon
de, règne encore, pendant delongues années
de gloire sur son tróne restaurc!
Surtoul, récilanl, du cmur comme des
lèvres, I'acte de consecration npprouvée par
la Sacrée-Congregalion des Hilcs, prenons
Tengagemenl de travailler chacun dans la
mesure de ses forcos, a hater le jour dn la
délivrance. Praliquons tant dans notrc vie
pubiique que privée, la doctrine calholique
telle que TEglise nous Tenseigne. Qu'clle soit
en bonneur dans nos families. Seuls, nous
nc pouvons rien, mais si chacun apportesa
pierre, Tédifice dc la société chrétienne se
relévera peu a peu. Des moeurs l'idée chré
tienne pénélrera dans l'organisalion sociale.
C'esl de la que nous doit venir le salut.
Les jotirnaux libéraux, annoncant lecboix
des candidal,s pour la place de président du
tribunal de Furnes, fait par le conscil pro-
vineial de la Flandre occidentale, ajoulcnt en
larmoyant que les candidats de la cour
d'appel ont été écartés. Qui, ils ont été
écarlés et en bonne justice ils devaient Téiro;
en effet, la cour d'appel a re-poussë un ma
gistral honorable a ton's égards, trés inslruit,
siégea'nt au tribunal de' Furnes depuis un
quart de siècle, et cl It; lui a prél'éré des can
didats qui étaient encore a Céeole moyenne
lorsqtie M. Valoke si'égeail déja comme ma
gistral. Pourquoi la presse libérale ne dil-ello
pas pourquoi le consoil provincial a écarté les
candidats de la cour?
Eiste des jurês de la 2' série de la 3<- session
de 1875, de la cour d'assises de la Elan-
dre occidentale.
Ch. Jooris, propriétaire, Meulebeke.
I. Veys, brasseur, Vlamertingbe.
L. Granshof, entrepreneur, Vlamertin
gbe.
J. Deleyn-Van Iloutte, culliv., Lap-
schetire.
R. Merlin, négociant, Bruges.
J. Van Steenkisle, rentier, Breedene.
P. Moenlack, directeur, Bruges.
A. Lagae, nolaire, Heule.
A. Veys, conseiller comm., Harelbekc*
L de Thihad11 de Boesinghe, proprié
taire, Bruges.
B. Hostyn, échevin, Wervicq.
D. Schotter-Valcke, brasseur, Menin.
Van der Meersche-Roussel, négociant,
Menin.
R. 1 ermote, nolaire, Bruges.
Rodenbacb-Mergaerl, brasseur, Rou-
lers.
C. Valcke, négociant, Poperinghe.
Deny-Bauwens, fabricant, Menin.
Ablay-Maruse, propriétaire, Bruges.
J. Aunoot, brass., et échev., Oude-
Ca pel le.
J. Bovyn-Carre, marchand de lin, Me
nin.
Van Bamme, propriétaire, Bruges.
P. Balloye, cultivateur, Loo.
L. Masureel, cullivaleur, St Genois.
F. Cardon, secrétaire comm., Waere-
ghem.
L. Dufatixéchevin, Waereghem.
1. Van der Gracht d Eeghcm, bour£r-
mestre, Eeghetn.
J.Van derHeyde-Cornet, propr., Osten-
de.
MM. J. Valckenaere, propriétaire, Bruges.
J. Van der Hofstadt, nolaire, id.
S. VanTroostenberghe, négociant, id.
D. Van Caillie, tanneur, jd.
)LI
y>
M° VAN WEIIVEKE, substitut du Procureur du
Uoi. Messieurs, le miuisière public cstime qu'il est
de son devoir, au dóbul de ces poursuiles, de vous
présenter quelques considerations sur les scènes
déplorables qui ont signalé le pèlerinage d'Oosl-
acker.
Le second jour de la Ponlecöte, dos milliers do
personnnes appartcnant a 118 communes de notrc
Ftandre, arrivèront a Gand pour se rendre en pèle
rinage a Oostacker.
A leur arrivée en ville, a la station même, elles
ont été accueiliies par des cris, des buóes et des
injures.
Cependant les pèlerins purent se rendre an lien
de leur reunion, au faubourg d'Anvers, et le cortége
se mit en route.
II se produisit alors un commencement de trou
bles, peu graves encore, mais toujours regrettable»
et qui conlrastenl avec les habitudes généralement
paisibles de nos populations.
Mais le retour des pèlerins dcvinl le signal d'excès
d'une gravitó bien autrement grande.
Pendant Tqprès midi, une foule énorme de cu-
ricux s'était massée au faubourg. II y avail la sans
doutc beaucoup do curieux inoffensifs; mais on re-
marquait aussi beaucoup d'individus animés de
mauvaises intentions, armés non pas-de Cannes or-
dinaires, mais de gourdins, do Cannes plombées,
deslinées a devenir les instruments d'une agression
évidemmenl préméditée.
Les pèlerins revcnaient par groupes sépares.
On les accueillit par des huées bien autrement
violentes que le matin. Des cris on a passé bienlót
aux voies dc fait. Les agresseurs se jettent sur les
pèlerins et les frappent, de droite, de gauche, avec
un acharnement sauvage. On n'eut pas maltraité dc
la sorte des bclcs de somme.
Le soir memo de cette journée nefaste, j'ai enlen-
du comparer fort juslement cette scène indescripti-
ble au chef d'oeuvre de Vcrboeckhoven: les moulons
surpris par l'orage! Les pèlerins étaient la étroite-
menl serrés, fuyanl inoffensifs sous l'orage quiécla-
lail sur cux avec la violence que vous savez! lis
étaient obliges dc défi ér entte une Jjaio de deux
metres au plus de largeur et, de chaque cóté, les
coups plcuvnieiit sur eux.
El celle scène honteuse s'esl prolongéo pendant
une beure cl dc.mie! Oui, une heuie et detriie de
brutalitélLes HssaiHants, rangés des deux cótê's
de la cliaussée, faisaient assaut de violence; mais,
il faut bien ie dire, les plus laches n'éiaienl pas
ceux qui frappaienl. Aux fen'étres du café la Fra-
ternit'é se trouvaient les excilateurs de ces ignobles
excés et ceux la étaient plus laches encote.
Et voulez-vous savoir jusqu'a quel point cos ex
citations ont porté des fruits
II y a quelques jours, une femme est venue se
plaindre au parquet de la destruction de son mo-
bilier.
Voici ce qui était arrivée:
Le jour du pèlerinage, cette femme avait accueilli
chezelle un ecclésiastique, roué de coups el le vi
sage ensanglamé.
Une bande de fanatiques pénétra bienlót dans la
maison, s'acliarnant sur sa vietimebrisant tout, si
bien que, pour éehapper a ces furieux, le malheu-
teux prèlïo dut se rèfugier, par le toit, dans le
g-renicr de la maison voisine.
Je parlc moi-mêmo de ces scènes comme téinoin
oculaire et si j'inlerroge mes souvenirs, je rctrouve
encore vivant le sentiment d'amer découragement
et d'une profoiule tristesse qui m'envabissait a la
vue de ce spectacle. Magistral, j'avais ie devoir de
faire punir ces fails si graves el je pressentais que
la plupart des coupables auraient joui de l'impunité.
La justice est impuissante a assuror une pieine el
rflicace repression!
Et voulez vous avoir une idee nette du caraclère
de gravité du ces désordres? Voici qui pourra vous
édifior a cct égard. Ee parquet a fait dresser un
relevé des blesses dans les différentes communes
qui out pris part au pèlerinage du 17 Mai. Ce re
levé est encore incomplel; mais enfin nous avons
un minimum et dès aujourd'hui cette sanglante sla-
tistique accuse un cbilïre de 533 blessés. Ce résul-
(at fait venir les larmes aux yeux. Des communes
ont payé leur detle d'une manière terrible, si delte
il y avait! St-Gilles-Waes seul a eu 30 pèlerins
blessés. En presence do leis foitsn'ai-je point le
droit de flét.rir énergiquement les coupables? Ce
sont les sauvages de la civilisation, des citoycns
indignes qui ont compromis Tétranger Tbonneur
du non! beige.
Et quel était le motif de ces violences' Pourquoi
muitrailer ainsi des pèlerins inoffensifs? On a eu le
tact, el j'en félicile mon contradicteur, de ne pas
reproduire ici le mot de provocation dont on a si
étrangement abusé depuis quelque temps.
La vérité est que les pèlerins avaient nsé d'un
droit sacré, inviolable: le droit de la prière. Et ce
droit devrail olre respecté entre tous, car il touche
aux sentiments les plus clevés de l'ame humaine,
les sentiments rcligieux!
Mais, alors même que les pèlerins auraient eu un
autre mobile, l'agression dont ils ont été viclimes
demeure coinplélement injustifiable. Ea Constitution
leur donne le droit de s'associer, de se réuuir pai-
siblement. Ceux qui ne savenl pas respecter ce droit
cbez autrui, sont indignes de la liberté.
VoilaMessieurs, Taspect general des fails dont
vous aurez successivement a connaitre.
Quels en sont les auteurs?
Nous ne pouvons malbeureusément les atteindre
tous.
II y a d'abord les provocateurs dont la responsa-
bilité morale est terrible, mais qui échappent a Tac
tion de la justice.
II y a des meneurs qui se cachent, mais il en est
d'autres, comme Verhust, que Ton peut atteindre et
j'espère que, dans ces poursuiles, nous obtiendrons
au moins un succes relatif.
Vorbust s'est déplorablcment distingué dans la
journée du 17 Juin. On peut le suivre pas a pas,
pour ainsi dire.
A II 1/2 b. du matin, on le tronve, prés de la
station du Pnys-deWaes, excitant des gamins, pour-
suivant los pèlerins et surtoul les ecelésiastiques
d'injures et de propos ignobles.
L'après-midi, il revient armé, vous savez de
quelle anno el vous connaissez ses actus. Les té-
moins l'ont vu; les agents de la police l'atlestenl et
I'un d'uux a même élé frappé par lui. Le soir enfin
il couronne dignement sa journée au Café de Com
merce oil il entre coiffé d'un tricorne.
Les témoins décharge sont puremont négntifs:
ils n'ont pas vu Vorbust frapper; mais iis ne peu
vent étublir qu'il n'ait pas frappé.
II me reste, en lerminant, a remplir un devoir et
a accomplir Tordredemes supérieurs: je requiors
une application-sévère dc la loi.
Vous tiendrez compte de Ia gravité des circon-
stances et de la gravité des faits.
Si les actes que vous avez a jugcr n'étaicnt pas
a lieints par une repression sévère, nous aboulirions
bienlót a la guerre civile.
Lorsqu'i! y a buit jours, parut ia circulaire de M.
le ministre do ia justice, toutes les opinions, tous
les organes do la presse applaudirent ce Inngage.
Le tribunal s'en souviendra lui aussi. Je requiors
contre le prévenu ^application des articles 398,
281 et 339 J 1 du Code pénal.
JUIiÉS titulaires.
MM. V. Serweytens, négociant, Bruges.
Schaeverbrke-Coppens, propr., Bruges.
Somerlynck-Van Iluele, négociant, Bru-
ges.
JURKS SUPPI.ÉM E.NTA I RES
CAISSE GÉNÉRALE D'ÉPARGNE ET DE RETRAITE,
sous la garantie, de l'Etat.
28 Fiiv. 187i.
ACTIF.
31 Janv. 1875 28Fév. 1875.
7,84 1,384
22,607,991
17,8-18,034
47,968,009
43,015,014
3,105,015
564,442
1,283,538
47,968,009
3,343,774
2,086,277
-1,257,497
1,853,554
Ene. ii la Banq. Nat1".
Placement8 provisoir08
ld. définitifs.
PASSIF.
Ddposants.
Fonds communal.
Mand. cn circulation.
Prod, des placements.
Fonds de réserve.
Mouvement du mois.
Versomcnts.
Romboursements.
Solde,
id. depuis lc 1 Janv.
4,509,848
30,222,767
17,956,716
52,089,331
48,210,823
1,394,649
784,150
480,856
-1,818,853
52,689,331
5,561,768
2,459,355
3,102,413
7,321,693
29,889,896
17,579,809
54,791,398
49,17-1,917
3,201,285
599,343
1,318,853
54,791.398
3,947,459
2,986,305
961,094
4.063,507
Deux Sceurs. Un journal de Paris fait con
naitre un bien curieux détail au sujet de la maison-
mère des Sceuts de Sainl-Vineent-de Paul. Get
établissement est immense. II no contient pas moins
de 1,500 religiouses. C est de la que parlont pour
tous les points du globe ces admiralties filles de
eharité que leur dévouement, leur vertu onl si
jus-tement rendues populaires et signalées a la haine
des impies.
Or, a la potte de la maison, remplissant 1'oflice
de soeur tourière, se tient une religieuse a la phy-
sionomie modeste et bienveillnnte, mais légèrement
voilée de mélancolie, comme si quelque tristesse
intime projelait son ombre sur ce visage aimable et
doux.
C'est la sceur de M. Bculé, l'ancien ministre de
['intérieur, un liberal letlré.
Plus loin, dans un corps de baiimenl, a droile,
sont installées les novices, sous la direction particu
liere d'une soeur intelligente ot grave. Ceite reli-
gieuse-la aussi semble avoir sur le front comme lo
vaguo rollet d'un souci intérieur.
Elle a dans ie monde un frere qui a été ministro
de I instruction pnblique, qui est immatriculé sous
le numéro 600 dans los rc.gistres de Tlnternalionale,
et qui s appelle Jules Simon autre liberal.
Et quand on pense quo les fières ot amis»
voudi'aient détruire les couvenls ou des ames ten
dies et blessées peuvent au moins prier eu paix
pour ceux qu'elles aiment et appcler sur eux la
miséricordc de Dieu